Salut Dominique.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH.

Voilà mon état d’esprit actuel.

En gros, j’ai une UE dans mon cursus qui répond au doux nom de « Vie associative ». C’est-à-dire que j’ai une note qui va m’être attribuée en fonction de ma participation à la vie communautaire de l’Académie.

Putain de bordel de merde.

Tu sais ce que ça veut dire ? Que je vais devoir effectuer des heures sup’ pour faire la promotion de ce lieu sacré dédié au savoir et à la transmission de connaissances.

Euh wait. Pourquoi ça sonne bien quand je le dis alors que c’est juste archi barbant et surtout très chronophage ?

M’enfin bref, je me suis engagé dans la première activité qui était dans mon domaine de compétence, soit la chimie. Ce que j’avais pas vu, c’est que ça allait être en face d’une classe de mômes en école primaire et qu’il allait falloir capter leur attention pendant au moins 30 minutes.

C’est bon, tu comprends ma panique maintenant ?

A cet âge, un gamin, ça fait quoi ? Ça tire les couettes de la petite Anna et ça se décrotte le nez en face de tout le monde, nan ? Du coup, comment tu veux que j’arrive à les intéresser ? Une expérience de chimie, certes c’est rigolo, mais j’ai déjà demandé à l’administration, et « non, les explosions sont prohibées par question de sécurité ». Zut de zut, impossible de travailler correctement dans ce pays tout pourri.

Fort heureusement, je serai pas seul pour cette épreuve du feu. Un autre quidam susnommé « Dylan Frein bidule » est apparemment expert Pokémon, ou un truc du genre. (J’ai lu en diagonale parce que je frôle la crise de panique là.)

Bon, ce qui est cool, c’est qu’on nous a laissé carte blanche sur les produits chimiques qu’on pouvait utiliser – hormis bien sûr, les explosifs, les corrosifs, les trucs mortels quand tu les respires et tutti quanti. En gros, il nous reste que de l’eau quoi.

Je compte sur Pastèque pour appâter tous les gosses par sa mignonitude invétérée et tous les paralyser quand ils s’en douteront le moins. Puis je prétexterai un « Les enfants lui ont tiré les bajoues, c’est de leur faute, c’est con un enfant après tout ». Niéhéhéhé.

Équipé d’une blouse moche, je me suis donc dirigé vers la salle de classe avec un chariot rempli de pots et bocaux non identifiés, puis je suis tombé nez-à-nez avec un type à l’accoutrement non identifié lui non plus.

Euh, c’est quoi ces habits ? Il s’est cru au cirque ou quoi ?

Rooooh, mais je plaisante Dominique.

Mais faut quand même avouer que tu vois pas ça tous les jours. En tout cas, ça doit être lui, mon compagnon d’infortune.

OH MAIS JE SAIS. Il fait ça pour impressionner des gamins rien qu’en entrant dans la salle ! Bordel, mais quel génie ce Dylan. Il a déjà deux longueurs d’avance sur moi. La prochaine fois, je ramène mon cosplay Pikachu. Je ne m’avouerai pas vaincu pour si peu, foi de Melon !

D’ailleurs, sa capillarité était tout aussi incroyable.

Harry Potter et la Coupe de Cheveux.

Bon, ok, je me moque un peu trop, mais j’essaie de me décontracter au maximum avant de franchir le pas de la porte. J’ai pas envie de foirer mon UE juste parce que des enfants mal disciplinés ont pas trouvé ça amusant, non de non.

Je soupire un peu, non sans essayer de cacher un minimum de stress quant à la situation. Puis, je me ressaisis et décoche un sourire légèrement crispé à Dylan le magnifique :

« Salut, tu dois être Dylan ? Je m’appelle Milo. T’es prêt pour casser la baraque ? »

Convaincu/1000.

« Il aurait peut-être mieux valu se rencontrer pour s'assurer d'être sur la même longueur d'ondes, mais oui. »

Oui, bon, alors, c’était sûrement la chose la plus adaptée à faire pour pas se retrouver sur le cul une fois devant la horde de petits prêts à nous agresser, mais euh j’étais malade / j’avais des partiels à réviser / Pastèque a mangé mes devoirs M’sieur.

Bon, ok, j’ai grave eu la flemme. Je plaide coupable. En plus y avait Desperate Housewives à la télé, je pouvais pas manquer ça.

J’ai juste un peu fait la moue, sans savoir quoi lui répondre, mais il poursuit en se passant bien la main dans les veuch’ comme dans les pubs L’Oréal tu sais.

« Je vais laisser ma Wattouat sortir et expliquer le concept de la présentation pendant que tu vas mélanger les ingrédients. Nous allons ensuite appliquer la teinture temporaire ensembles en faisant attention de ne pas s'électriser, puis tu vas pouvoir te servir de la petite lumière UV pour montrer le résultat final et terminer la présentation. »

Attends, il est vraiment sponso par une entreprise de cosmétique en fait ? Ça explique plein de choses tout d’un coup.

Son plan est bien ficelé en tout cas, j’ai juste peur que ça soit pas suffisant pour tenir une demie-heure. M’enfin, on verra une fois que ce sera fait, déjà. Ça se trouve, en plus d’être représentant L’Oréal, il est également porte-paroles d’Ikea avec une capacité colossale pour meubler.


Énorme blague.

« Tu es prêt? »

Euh, quoi ? On entre direct, là, maintenant ? Y a pas un moyen de retarder l’échéance ? Un cri de guerre peut-être ?

Faut se faire une raison Dominique. C’est complètement cursed, de toute façon. J’ai jamais su comment m’occuper de mômes. La preuve, la dernière fois que Tatie Jeannette m’a confié son chérubin, il a failli s’étouffer tellement il avait pleuré. Il aurait dû, tiens. Mais quelle engeance démoniaque quoi.

Je sais, j’essaie de stall encore une fois.

Bon, quand faut y aller, faut y aller.

« Allez, c’est parti mon kiki. Pastèque, je compte aussi sur toi. »

J’agrippe vigoureusement la poignée de porte avant de me figer deux secondes dans un moment gênant. Puis je finis par me ressaisir avant d’ouvrir en grand comme les princesses Disney.

« Bonjour les enfants ! »

Mon entrée fanfaronne est immédiatement accompagnée d’un "BOUM !", comme si j’avais percuté quelque chose.

Je me penche légèrement pour toiser la source du bruit, craignant le pire. Et en effet, le pire est arrivé.

Il y avait un putain de gamin derrière la porte, et il se l’est mangée de plein fouet.

Je me retourne vers Dylan d’un air désemparé, explicitant un certain "Sors-moi de là, par pitié." et je décompte jusqu’à trois dans ma tête avant que la bombe à retardement des pleurs ne se mette à exploser.

Un, deux, trois.

« Ouiiiiiihinhiiiiiiin bobooooooooo ! »

Je finis à contrecœur par m’accroupir vers la progéniture chaotique qui saignait à présent du nez. En puisant dans mes maigres ressources d’énergie mentale, je prends une voix plus aigüe que la normale et j’arbore un air, mais vraiment très concerné par la situation.

Je pense ne convaincre personne de plus de 10 ans avec une aussi piètre performance théâtrale.

« Oh, mince alors, ça va ? Je suis vraiment désolé, je savais pas que tu étais derrière la porte ! Tiens, un mouchoir. Pince fort si tu veux que ça arrête de saigner ! »

A mon plus grand soulagement, le p’tit Billy était suffisamment graisseux pour que l’impact de la porte ait été au maximum amorti. Les lois de la transmission des ondes mécaniques, toussa toussa.

Disclaimer : j’ai aucune haine envers les gens bien en chair, bien sûr. Mais le p’tit Billy c’est quand même un cas qui mérite au moins que je casse du sucre sur son dos. Ou que je casse une porte sur son nez.

« Tu veux bien aller te rasseoir à ta place, s’il te plaît ? Tiens, tu peux aller jouer avec Pastèque si tu veux. »

Merci pour ton service, soldat Pastèque. Ton sacrifice n’aura pas été vain.
Mais j’ai déjà claqué mon joker Pokémon trognon du coup, mince alors.

« Ok les enfants, aujourd’hui, on va s’amuser de ouf gueu-din tous ensemble. Vous pouvez m’appeler Milo, et le gars un peu BG que vous voyez là, c’est Dylan ! Wouhou ! »

Je fais un sourire vachement forcé et je regarde mon compère du coin de l’œil en mode "A ton tour gros, j’en peux déjà plus de meubler aaaaah."

Oups, j’aurais peut-être dû dire au p’tit Billy que Pastèque peut le paralyser s’il fait n’importe quoi.

Boarf, on verra plus tard. Y a 29 autres mômes qui méritent nettement plus notre attention.

Si Dylan tentait de garder son calme, l'entrée du duo lui fit rapidement perdre la face. L'un des enfants de leur public s'était prit la porte en plein visage. Son nez saignait et ses pleurs étaient aussi forts qu'une alarme incendie. Heureusement, Milo se chargea du problème, laissant son Émolga entre les mains innocentes de l'enfant.

S'assurant que le petit retournait bien à sa place et séchait ses pleurs, l'étudiant se reprit. L'introduction de son partenaire lui arracha un sourire et il dut se faire violence pour ne pas se mettre à rire à la fois de la performance et de l'appellation BG. C'était bon à savoir.

Voyant bien que son partenaire n'était pas à l'aise, Dylan entreprit de reprendre les reines de leur petit spectacle. Il se voulait rassurant pour son pauvre camarade et voulait le protéger de son propre stress.

- Comme vous avez plusieurs classes dans votre école, l'Académie de Nemerya offre aussi plusieurs programmes. Pour vous montrer un peu de ce qu'on fait dans nos classes, nous allons vous présenter une petite expérience sans danger.


Le jeune homme prit une petite pause, s'assurant que personne ne semblait trop perdu. Ne voyant pas trop de mines confuses, mais plutôt une pléthora de regards curieux, l'étudiant poursuivit, offrant un sourire à son public.

- Je fais partie d'une classe de soins pokémon et mon partenaire fait partie d'une classe de chimie. Ensembles, nous allons créer une teinture temporaire qui changera la couleur de Ganyu, ma Wattouat chromatique.


À ces mots, le jeune dresseur laissa sortir le mouton coloré de sa pokéball. En apparaissant à travers le rayon d'énergie rouge, le pokémon électrique secoua doucement sa tête, faisant tinter la petite clochette accrochée à son cou.

- Comme vous pouvez le voir, les couleurs de mon pokémon sont très différentes de celles d'un Wattouat normal. C'est là ce que l'on appelle un pokémon chromatique. Maintenant, j'ai une question pour vous.


Arrêtant son discours, Dylan posa son regard doré sur l'ensembles des mômes qui remplissaient la pièce. Il captait leur attention par sa gestuelle, mais aussi par les couleurs vives de sa personne et de son pokémon. Ganyu, quant à elle, bêla doucement, frottant ses cornes contre la jambe de son dresseur.

Aussitôt, les cheveux du jeune homme se dressèrent sur son crâne, hérissés par le statique qui accompagnait la Wattouat chromatique. Voyant cette mimique, certains des enfants se mirent à rire, détendant l'atmosphère. Le dresseur les rejoignit quelques secondes, puis se reprit.

- Haha, oui, elle cause pas mal de statique. Ce n'est que de l'affection. Pour ce qui est de la question, la voici: De quelle couleur voulez-vous devienne sa toison?  


Maintenant, ne restait plus qu'à obtenir la réponse et laisser Milo leur expliquer comment ils allaient créer la couleur. Ce n'était rien de trop compliqué, ce n'était que la théorie des couleurs après tout.

Le point positif dans toute cette histoire, c’est que mon collègue semble s’en sortir à merveille dans son petit exposé. Aaah, c’est si rassurant de voir que quelqu’un maîtrise ce qu’il fait dans cette salle.
Pas comme moi quoi.

En plus, il dit pas n’importe quoi : il parle bien des programmes de l’Académie, de ce que nous deux on faisait de notre vie, bref, Dylan coche toutes les bonnes cases.

ÇA c’est mon bro. Grâce à toi je vais facilement décrocher une super note dans cette matière, ça va suffire à compenser ma note tout juste passable que j’ai eue pour mon stage omegalul.

« Ensembles, nous allons créer une teinture temporaire qui changera la couleur de Ganyu, ma Wattouat chromatique. »

J’ai levé un sourcil quand j’ai entendu le nom de son p’tit mouton électrique.
J’ai plus qu’une envie maintenant, c’est lui attribuer le titre de Commando. Parce que si Soldat Pastèque, alors Commando Ganyu.

Huehuehuehue, mais je suis inarrêtable aujourd’hui ! J’ai mangé un Mr. Mime ou quoi ?

En tout cas, quand il a sorti sa Wattouat de sa pokéball, ça a étonné plus d’un môme dans la pièce. Super fabuleux son animal.

Comme quoi, tel dresseur, tel Pokémon.

C’est marrant, mais je me suis jamais posé la question d’à quoi ressemblerait un Pastèque chromatique. Enfin, un Emolga je veux dire. Ça se trouve, il est horriblement laid, genre vert caca d’oie. Comme quoi, les Pokémons shineys sont pas forcément super convoités. Prends l’exemple d’Axoloto. Le truc un peu chelou à l’état "normal". Mais en chromatique, il prend une couleur rose pâle mais vraiment sale.

T’entends Axoloto chromatique ? T’es moche.

Oui c’est gratuit.

Les rires d’enfants me coupent dans ma réflexion (parce que comme tu as pu le constater Dominique, j’ai tendance à papillonner assez souvent, n’est-il pas) lorsque les cheveux de Dylan se soulèvent comme par magie dans un spectacle sons et lumières. Je me mets à ricaner un peu bêtement face à la scène sans le vouloir. Comme quoi, je suis encore un gros enfant au fond.

« Pour ce qui est de la question, la voici: De quelle couleur voulez-vous devienne sa toison? »

A ces mots, la horde de garnements vide ses poumons en criant toutes les couleurs possibles et imaginables.

« Bleu !
- Rouge !
- Rose ! »

C’est comme quand tu lis le menu pour commander des pizzas : ça, c’est les classiques.

« Vert kaki !
- Jaune pipi ! »

On se retrouve avec les originales.

« Écarlate !
- Lapis lazuli ! »

Euh, une seconde les nabots, d’où vous connaissez ces couleurs ? C’est votre génitrice qui est décoratrice d’intérieur ou ça se passe comment ?

« Cuisse de nymphe émue ! » hurle le p’tit Billy.

… WHAT.

Je tape ça vite fait dans la barre de recherche, et oui : ça existe vraiment. (Voilà le lien pour les gens flemmards de mon acabit.)


Devant tant d’effervescence, je grimpe sur le bureau tel le leader de la révolution et je crie :

« ARC-EN-CIEL POUR TOUT LE MOOOOONDE ! »

Et bien sûr, ça marche et la cohue de rejetons pousse un cri de joie. Parce que tous les pygmées aiment les arcs-en-ciel, c’est bien connu. On va faire de ce Wattouat la fière égérie du mouvement LGBT BBQ. Ou un truc du genre.

Galvanisé par les encouragements des gamins, je leur fais étalage de tout ce qui me passe par la main en fouillant dans le carton des pigments.

« Pour transformer notre mignonne petite Ganyu en arc-en-ciel, on va utiliser ce qu’on appelle des pigments : une poudre méga colorée qu’on va mélanger avec d’autres liquides qui puent pour faire une pâte et qu’on va déposer sur la grosse boule de laine. »

J’aurais bien voulu aller plus en détails sur les composés chimiques et la différence avec la teinture permanente qui est une chimie un chouïa plus poussée (et éventuellement un débat sur l’utilisation d’amines qui pourraient être cancérigènes d’après les études de certains scientifiques de Kalos), mais vu que la somme totale du QI de mon auditoire dépasse pas cinquante, je me suis arrêté là et je me suis juste appliqué à faire ma tambouille pour pas faire nawak avec les dosages.

C’est de la science, quand même. Faisons ça dignement. Lol.

« Toi, là, avec le t-shirt rouge. Tu viens bien m’aider à mélanger ça ? Tiens, celle avec les lunettes roses, mélange ça. Toute la première rangée en fait, y a mass couleurs donc on se fait plaisir. »

Je me sens comme le chef qui délègue toutes les tâches à ses commis de cuisine. Trop bien. En plus, le seul risque, ce serait qu’ils se foutent de la couleur sur leurs habits, y a donc pas de problème. Quoique.

« Euh, je précise au cas où, mais ça se bouffe pas hein. Donc on touille mais on goûte pas. En plus ça doit avoir un goût horrible. Faites-voir, ça donne quoi ? »

Punaise, t’as l’impression que c’est la première fois qu’on fait confiance à ces mômes tellement ils ont bien mélangé leur race. Je me sens presque mal d’être aussi peu impliqué dans cette activité contrairement à eux. Presque.

« Woaaaah, c’est encore mieux que ce que j’aurais pu faire ! Montrez ça à Dylan, je suis sûr qu’il sera très content ! »

Niéhéhéhé, prépare-toi, jouvenceau. L’ARMÉE DES PETITS CHENAPANS VA DÉFERLER SUR TOI ! EN AVANT, MES FIDÈLES ACOLYTES !

Malgré le début chaotique de leur présentation, les choses semblaient se remettre en ordre. Les mômes paricipaient sans faire de dégâts et vu leur enthousiasme, c'était bel et bien un miracle...au même titre que leur connaissance des noms spéciaux de certaines couleurs.

Le jeune étudiant n'eut toutefois pas l'occasion de célébrer sa petite pause que déjà, Milo lui renvoyait la balle. Cette fois, Dylan se retrouva encerclé par les enfants bruyants, leurs petites mains lui présentant leur travail acharné en le poussant un peu trop près de son pokémon.

Paniquant légèrement face à toutes ces personnes, la pauvre Wattouat envoya un choc à son dresseur qui dut retenir un cri de douleur. À la place, il entreprit de féliciter les apprentis scientifique.

- Haha, vous avez fait du bon travail, c'est parfait. Maintenant, si vous voulez bien vous rasseoir, nous allons transformer cette adorable Wattouat pour votre bon plaisir.


Parvint-il à suggérer, s'inclinant légèrement devant sa foule en caressant doucement son pokémon pour la calmer. Il allait certainement devoir passer à l'infirmerie une fois leur petit spectacle terminé. Il sentait encore la brûlure du choc électrique l'élancer et il y aurait probablement une marque.

Voir Dylan se faire littéralement assiéger par une horde de chenapans est si comique. J’ai l’impression de voir à travers un miroir tellement il galère avec les mômes – enfin, avec les cheveux incroyables en moins. Il a même la performance théâtrale qu’il faut en plus :

« Haha, vous avez fait du bon travail, c'est parfait. »

Bwahahahaha, mec, le petit rire au début de ta phrase il était impeccable. La conviction sur 20.

« Maintenant, si vous voulez bien vous rasseoir, nous allons transformer cette adorable Wattouat pour votre bon plaisir. »

Parce que oui, place à la démonstration à présent, tout à fait mon cher Dylan. Espérons que Commando Ganyu décide d’obéir sagement et bien comme il faut pendant qu’on teint sa protection moelleuse dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Avec la coopération de mon comparse, on réussit à placer la Wattouat sur le bureau.

« Voilà comment on fait, les enfants ! On a des gigas pinceaux pour appliquer la teinture. En fait, c’est comme de la peinture. Oh, ça rime, haha ! »

Intérieurement, je me facepalm devant cette tentative d’humour désastreuse face au public mineur. Aïe aïe aïe, carton rouge pour Milo aujourd’hui.

Voyant la légère réticence du Pokémon pendant l’expérience qu’on lui fait subir telle une bête de cirque, je doute un tantinet quant à ma sécurité et à celle de mon partenaire. Je me rapproche de lui et je lui glisse discrètement :

« Psst, elle a pas l’air super à l’aise là. Tu penses que ça va être bon ? »

A mon plus grand désarroi, le p’tit Billy décide d’encourager l’animal tout en laine en répétant son nom, puis il est rapidement suivi par la foule de galopins qui s’est dit que c’est une super idée d’essayer de relaxer un Pokémon en le stimulant et en créant une petite pression dans la salle :

« Ga-nyu ! Ga-nyu ! Ga-nyu ! »

Comment on s’y prend pour faire taire un troupeau famélique de sales gosses, Dominique ? Attends, j’ai une meilleure question : comment on fait pour buter le p’tit Billy, agitateur de son statut, sans qu’on sache que ce soit moi ?

Alors que je suis absorbé par mes pensées négatives, je me prends une décharge de la part du Pokémon, pas trop méchante mais suffisamment brutale pour me prendre au dépourvu et pour que mes jambes me lâchent.

« Wargl ! »

Et je m’écrase par terre comme un vulgaire sac à patates, sonné par le combat visage versus plancher que ce dernier avait manifestement gagné haut la main.