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Deux séries de pas courent dans le couloir moderne. Les échos de la course résonnent sur les parois métalliques. Un halètement accompagne une expression inquiète. Puis c’est l’arrêt soudain. Il manque de tomber en voulant éviter deux personnes qui ne devraient pas se trouver ici à cette heure-là.

« Qu’est-ce que vous faites là, les jeunes ? Oh et puis merde, je m’en fous. Il faut se tirer d’ici ! VITE ! »

Leonard continue à pousser le fauteuil roulant d’Iris. Ils sont entrés dans l’entreprise et sont maintenant à la recherche du métalosse. Iris l’appelle de toutes ses forces mais aucune réponse, aucun grincement ne vient attirer l’attention.

Quand soudain quelqu’un court vers eux. Leonard s’arrête. Il jette un œil à Herbert qui est resté à côté de lui. Le gamblast se tient déjà en position, sa grosse pince prête à tirer un Pistolet à O d’une précision de sniper.

« On ne peut pas partir d’ici, monsieur. On est à la recherche d’un métalosse qui a été kidnappé. »

« Un métalosse ? Il est à vous ce métalosse ? Oh merde… »

Herbert fait face à un étrange ossatueur à tête d’acier. Sa grosse pince est pointée dans sa direction mais il ne tire pas. Ça ne semble pas être un adversaire.

« Monsieur ! Dites-nous où se trouve le métalosse. S’il vous plaît ! »

« Il est plus loin, derrière mais… Mais vous ne pouvez pas y aller ! Il y a une sorte de galeking militarisé qui le protège et… »

Le galeking militarisé avance vers Manfred et Minette. Comment agir ? Combattre ou fuir ? Abandonner temporairement la mistigrix dans l’optique de combattre pour le métalosse ? Abandonner peut-être pour toujours le métalosse dans l’objectif de mettre la mistigris à l’abri ?

Manfred ne sait pas. Alors il pousse un grand cri ! De frustration d’abord. Puis un second bien plus martial.

« C’était Manfred ! Et je reconnais ce cri. Le deuxième en tout cas. Il se prépare mentalement et physiquement via la technique Danse-Lames. Il faut qu’on y aille ! »

Leonard regarde l’employé avec l’ossatueur à tête d’acier. Est-ce qu’il veut venir avec eux ?

Puis Leonard regarde Iris. Est-ce qu’elle est prête à aller combattre et mettre sa vie en danger pour récupérer le métalosse ?

« Tu es lent, galeking. Ton esprit te ralentit. C’est pour ça que tu es une expérience ratée. Des choses dans ta tête entravent mes ordres. C’est dommage pour toi. Tu vas devoir souffrir davantage parce que je vais forcer les mouvements de ton corps via mon panneau de commande. »

Un doigt appuie sur un bouton et déclenche une douleur chez le galeking militarisé.

« Alors ? Tu obéis ou je te fais obéir dans la douleur ? »

***

« Arrêtez ça ! Vous ne voyez pas que vous allez provoquer l’effondrement du bâtiment sur nos têtes à tous ! »

Iris et sa famille de pokemons parvenaient à encaisser les techniques offensives du méga-galeking militarisé. Leonard en profite donc pour tenter de ramener à la raison cette personne qui a capturé le métalosse et réveillé ce pauvre pokémon…

« Arrêtez, je vous dis ! Votre pokémon souffre. Vous ne l’entendez pas souffrir dans cette lourde armure ? »

Manfred est soulagé de ne plus avoir besoin de veiller sur Minette. Sa famille l’a récupéré et l’a mis en sureté. Ce qui signifie qu’il va pouvoir se concentrer pleinement sur le combat. Il enchaîne plusieurs fois de suite des danses martiales : des techniques Danse-Lames.

« Je vous préviens. Si vous n’arrêtez pas de vous-même, je vous forcerais à le faire. »

Seul un rictus répond à Leonard. Qu’il en soit ainsi…

« Manfred, tu te fais plaisir et tu vas au corps-à-corps. Montre-lui ta puissance avec tes plus belles combinaisons de Close-Combat. »

Le mangriff était exalté de ses danses martiales. Il fonça immédiatement après avoir reçu l’ordre de l’humain. Lui qui était un guerrier dans l’âme avait parfois des difficultés à rester auprès de Leonard et son esprit de pacifiste. Mais il savait aussi que le grand rêveur d’humain se mettait dans des situations pas possibles. Des situations uniques qui lui permettaient de participer à ce genre de bataille ! Bataille qu’il n’aurait jamais eu la chance de participer s’il était resté seul à l’état sauvage.

« Herbert ! Tu te poses en soutien pour Manfred. Tu commences avec plusieurs tirs de Laser Glace. Je te fais confiance. Tu vises les points faibles de ce titan. Même avec une armure militarisée, une armure possède des points faibles. Vérifie chaque endroit où un membre se plie : bras, jambes, queue, etc. Tu tires encore et encore pour le ralentir dans ses mouvements. Quand tu sentiras que le moment est arrivé, tu ne retiens pas et tu tires ton Ultralaser le plus précis ! J’ai confiance en toi pour ne pas détruire le bâtiment. Tu es un véritable sniper, Herbert. Pense à Arnold. »

Lui qui était un gros fan du tortank de Leonard, qui l’avait pris pour exemple quand il était encore un flingouste : ce genre de phrase fonctionnait toujours sur lui. Même s’il avait évolué, même s’il traçait dorénavant son propre chemin : l’immense tortank restait son modèle.

La famille de pokémons d’Iris gérait la défense. Manfred était au corps-à-corps avec le méga-galéking militarisé et Herbert à distance. Le plan de bataille paraissait optimal.

De derrière, une voix demande alors :

« Je peux faire quelque chose pour aider ? »

L’employé accompagné de son ossatueur à tête d’acier. Etre resté seul dans le couloir moderne l’avait fait réfléchir. Impossible de fuir maintenant. Impossible de fuir alors que deux gamins s’occupaient d’un monstre transpokémonisé et qu’il avait trouvé la force de se rebeller. Force qui s’était reflété par l’évolution de son osselait à tête d’acier.

« Vous savez comment l’arrêter ? »

« J’ai une idée, oui. Quand on commence à travailler ici, on est assommé par un gars qui nous rabache les oreilles de mesures de sécurité. Je crois que je peux faire quelque chose. Un mécanisme en rapport avec des ondes d’arrêt d’urgence. Mais… ça va aller ? Vous voulez que je vous laisse mon ossatueur en soutien ? »

Leonard regarde Manfred au corps-à-corps avec le méga-galéking militarisé.

« Ca va aller. Il vaut mieux que mon mangriff reste seul proche de son adversaire. Dans l’état dans lequel il se trouve, il serait capable de blesser ton ossatueur. »

« Très bien. Alors je vous souhaite bon courage. Tenez bon. Je fais au plus vite ! »

« Pourquoi crier ? C’est si inutile. Vous savez que je vous entends parfaitement ? »

Le chef de cet endroit semble véritablement ennuyé de ce qu’il juge comme de l’hystérie chez Iris. Il baisse la tête et laisse échapper un sourire. Puis il la regarde à nouveau. Son visage exprime une certaine sérénité.

« Le métalosse est en salle d’examens. Il est scanné à 360°. Pour une modélisation externe. Mais également interne. Je dois le connaître dans ses moindres détails avant de passer à la phase suivante de transpokémanisme. »

Un nouveau rictus déforme son visage. Un début de rire est vite coupé dans son élan. Le chef de cet endroit préfère expliquer sa pensée plutôt que rire et provoquer une nouvelle incompréhension chez les deux jeunes qui ont déboulé dans son laboratoire.

« C’est intéressant. Vous criez et votre cri semble témoigner d’un grand attachement au pokémon. Pourtant, je suis sur que je le connais bien mieux que vous grâce à tous mes examens précédents l’opération. Intéressant, n’est-ce pas ? »

Les mains croisées dans le dos, le chef de cet endroit commence à se rapprocher de quelques pas d’Iris.

« Vous savez, je travaille quasi exclusivement sur les pokémons car ils sont source d’un potentiel formidable. Mais je pourrais travailleur sur vous également. Vous déversez des liquides en tout genre, tout à l’heure du sang et maintenant des larmes. Vous êtes également prisonnière de cet engin ridicule. Je pourrais vous aider à être plus forte, plus mobile. Plus intéressante. »

Des idées « pionnières » en tête, ce qu’on pourrait rapproche de la folie : le chef de cet endroit n’est tout de même pas fou au point d’être proche au point d’être capturé par l’un des deux humains. Ou un de leurs pokémons qui lutte avec beaucoup de difficultés contre le méga-galeking militarisé.

Le chef doit confesser : se retrouver plaquer contre le mur n’avait pas été un mouvement qu’il avait anticipé. Mais ce n’est rien. Rien qu’une gêne supplémentaire. Une péripétie sans grand intérêt qui serait résolu en quelques instants. Quelques minutes tout au plus. Car loin d’être effrayé par cette non-menace de mort, il sourit.

« Il y a un potentiel évident. Je le vois. Et je tremble d’excitation à l’idée de l’éveiller. Je bous de colère à l’idée que vous repartiez dans le même état que vous êtes venue. Laissez-moi vous modifier. Vous améliorer. Vous marcherez. Vous réfléchirez plus rapidement et plus efficacement. Je peux même vous confier des capacités que l’on croit uniquement détenus par les pokémons. Alors ? Acceptez-vous mon offre ou allez-vous refuser pour la seconde fois ? »

Les yeux se ferment. De légers tremblements commencent à agiter ses mains revêtues de gants noirs. Puis une lumière bleutée s’allume au niveau du poignet. Sur chacun des deux.

En réaction, Goupelin commence à s’inquiéter. Il y a une force qui commence à contrer sa force psychique. Quelque chose qui s’interpose et commence à reprendre le dessus. Tel un match de bras de fer, Goupelin qui pensait presque avoir gagné perd de plus en plus de terrain. La situation est déjà revenue à un entre-deux parfait. Mais la contre-puissance continue d’augmenter au fur et à mesure que les secondes s’égrènent.

Il y a soudainement comme un bruit sourd qui claque dans l’air.

Les pieds du chef touchent à nouveau le sol. Il n’est plus inquiété du sort de lévitation du Goupelin.

Sa main remonte la manche opposée. Il fait pareil des deux côtés et révèle des bras recouverts de plaques d’un bleu très sombre parcourus ça et là de petits lumières implémentées au-dedans. Des clignotements bleutés.

Le chef retire ensuite ses gants. Ses mains. Ses doigts. Tout est recouvert de ce métal bleu sombre. Et tout continue de vibrer.

Son sourire est éloquent : ce sont ses propres membres qui ont mis en défaite Goupelin. Et il n’a pas besoin d’ajouter quelque chose. Car il attend toujours la réponse à sa question.