Description de Damned Town:

Voilà une histoire bien étrange qui commence, un homme que je ne connais pas m’a abordé dans la rue en me demandant si j’étais bien Maximilien Blake. Évidemment que c’est moi, comment pourrait-il en être autrement ? J’ai interrogé le malotru sur ce qu’il me voulait, et il me répondit qu’un concert s’organisait dans un immeuble non loin. Ce qui était étrange car je ne me rappelais pas une telle construction en ville, mais dans ma stupeur, il me communiqua l’adresse et pris la poudre d’escampette.

C’était bien discourtois de s’enfuir ainsi, mais la curiosité me piqua comme le dard ardent d’une guêpe courroucée. Je me mis en route, et effectivement, à l’endroit indiqué s’élevait un bâtiment que je n’avais encore jamais vu jusqu’alors. Un grand immeuble tout d’acier et de verre me faisait face de toute son immensité et, dans le ciel cramoisi du crépuscule, il me semblait même distinguer à son sommet, perçant l’obscurité encore naissante, des rais de lumières fuser de tous les côtés. Aucun doute possible, j’étais au bon endroit. Comment avais-je pu le rater depuis mon arrivée en ville ? Le temps des questions viendrait plus tard. J’avais un concert à mener, donc un sommet à atteindre. Je poussais donc les portes de l’immeuble, déterminée à arriver rapidement en haut.

La tache s’annonçait plus ardue que je ne l’estimais. En effet les longs couloirs s’enchevêtraient telle la pelote de laine la plus emmêlée de la création. Je commence alors à déambuler, cherchant à aller toujours plus haut pour atteindre la cime. Je suis alors tombé sur une autre personne qui est devenu le temps d’une soirée : un compagnon de fortune.

Immédiatement, Tony fit volte-face pour retourner dans l’ascenseur. Peut-être que dans la précipitation, il s’était trompé d’étage ? En tout cas, c’était ce qu’il avait en tête jusqu’à ce qu’à sa grande stupeur, le mur devant lui avait changé, ne laissant aucune trace des portes qu’il avait passées quelques instants auparavant. Il réprima un juron, n’aimant pas du tout la farce qui se tramait en ce moment. C’était quoi cette fois-ci ? Un Pokémon Spectre dans l’immeuble qui avait envie de lui jouer des tours ? Ou pire encore, et si c’était…

Il n’eut pas le temps de davantage réfléchir, se faisant héler par quelqu’un qui passait dans le couloir. Un grand blond aux cheveux attachés et à la dégaine quelque peu distinguée. Autant dire que c’était un parfait contraste avec la rockstar. Tout comme son phrasé, d’ailleurs. Apparemment, lui aussi cherchait à atteindre le concert. Un véritable soulagement pour le musicien.

« Ouais, je veux bien, je suis attendu sur scène. » avoua Tony.

Il consulta son téléphone. Il restait moins d’une heure avant de commencer à l’heure prévue. Autant dire que pour régler les balances avec l’ingé son, ça allait être compliqué. Il ouvrit donc la marche à un pas vif, tandis que son vis-à-vis se présenta. Maximilien Blake, musicien et chanteur. Inconnu au bataillon pour Tony, ou en tout cas, il n’était pas du tout dans le même registre que la rockstar. D’où le fait qu’il ne fut pas étonné quand Maximilien lui demanda qui il était.

« Tony Schwärtzwind, mon groupe est à l’affiche pour ce soir. » répondit-il, peut-être un peu trop sèchement. « Pardon, mais ça vous dérange pas si on trace un peu, là ? »

Il accéléra encore le rythme, mais le temps, lui, ne l’attendait pas pour autant. Sans plus tarder, il s’empara d’une Poké Ball et en sortit le contenu. Il s’agissait de Mjöllnir, son Voltali.

« Salut mon grand, on est un peu paumé. » lui expliqua-t-il. « Tu veux bien faire un tour des lieux, qu’on puisse se repérer ? »

Description de Damned Town:

Le grand homme aux cheveux argent se présentait donc à moi. Le susnommé Tony était donc membre d’un groupe censé jouer ce soir. Intéressant, je pouvais peut-être en profiter pour m’immiscer comme à mon habitude sur scène. Me connaissant, je devrais peut-être ressentir du remords pour voler la vedette ainsi. Cependant je le connaissais à peine et son sort m’importait peu, s'il méritait vraiment sa place sur scène, alors ma présence ne devrait pas lui faire de l’ombre. Dans le showbiz, c’est la loi du plus fort, et par conséquent du plus talentueux. Et nul ne l’est plus que moi.

Trèves d’élucubration cependant, le concert ne va pas nous attendre après tout. Ainsi, comme demandé, nous pressâmes le pas. Notre odyssée se poursuivit donc dans les méandres du labyrinthe qui nous entourait, sans en voir le bout cependant. C’est alors que dans un grognement de frustration, mon temporaire compère sorti une petit boule blanche et rouge de laquelle il fit sortir une créature encore plus étrange encore. Un peu choqué et déboussolé. J’observais cette créature qui ressemblait à un petit renard recouvert d’une fourrure jaune qui luisait d’un étrange éclat. Tout son pelage semblait parcouru d’une sorte de courant électrique. J’étais aussi émerveillé qu’effrayé.

Je ne savais pas ce qu’était cette chose, mais cela semblait tout naturel pour Tony. D’ailleurs je remarquais qu’il possédait 3 autres sphères similaires à la première à sa ceinture. Un peu rassuré, je me penche alors pour l’étudier d’un peu plus près. Ne semblant pas farouche, j’ose même présenter ma main dans l’espoir d’en effleurer le pelage. Je fus vite découragée par une châtaigne qui foudroya le bout de mes doigts d’une déplaisante sensation. Écoutant ensuite les ordres, le quadrupède non-identifié s’éloignait dans les couloirs qui s’étendait plus loin.

Description de Damned Town::

Description de Maximilien:

Volta-quoi ? Poké-quoi ? Je ne comprenais pas un traitre mot de ce que cet énergumène prononçait. Mais depuis mon arrivée à Damned Town, je me montrais plus ouvert aux diverses bizarreries qui sont devenues une amusante habitude au quotidien. Je n’avais pas tout compris mais j’avais plus ou moins compris ce que sont les Pokémons, des espèces d’animaux dotés de capacités extraordinaires en lien avec leur environnement. Visiblement elles pouvaient être domestiquées vu la relation que les deux compagnons entretiennent. Ce voltali semblait être en totale confiance, et complètement épanoui. Quelle chance de vivre dans un univers aussi palpitant. La perspective de centaines d’espèces de créature similaires aux capacités aussi diverses que le nombre d’étoiles dans le ciel, s’en était étourdissant de fantasmes en tout genres.

Mais il était temps de changer de sujet et ce qui intéressait à présent Tony, c’était mon sujet préféré. C’est-à-dire moi, moi et encore moi.


Une légère pointe de regret vint empoisonner mes dernières paroles. Cependant je fus interrompue avant pouvoir poursuivre par le Pokémon qui était de retour. Ses glapissements indiquaient clairement qu’il avait trouvé une sortie. Nous nous élançâmes à sa suite, revigorés d’un entrain certain à la perspective d’enfin quitter ce dédale.

Description de Damned Town:

Description de Maximilien:

A la poursuite du petit renard foudroyant, nous finiment par enfin arriver sur le toit de l’immeuble. Ce qui était encore plus intéressant, c’est que l’estrade semblait devoir se partager entre les domaines respectifs de mon camarade chanteur et moi-même. Surprenant, mais pas déplaisant, on échangea un bref regard entre nous et d’un acquiescement de tête, nous nous précipitâmes sur scène. Lui allait s’occuper d’accorder sa guitare et vérifier la balance de son micro. Quant à moi je m’emparais avidement du piano tel un enfant sur un paquet de bonbons. Le son était bon et l’instrument accordé. C’était la moindre des choses, certes, mais je préférais toujours m’en assurer. L’oreillette dans l’oreille gauche, opposée au dresseur, je testais le volume de mes retours avec la régie tout en vérifiant que je pouvais tendre l’autre pour avoir le son de l’autre musicien qui allait m’accompagner.

Je prenais ensuite quelques secondes pour juger de mon guitariste fraichement débauché pour le concert. Il s’occupait des réglages de son matériel de manière très correcte en s’accordant parfaitement avec le son de mon clavier et de ma voix qui allaient évidemment s’harmoniser. Finalement, nous arrivâmes au bout des ajustements et nous pouvions commencer. Cependant il nous restait un petit détail à régler. Qu’allions-nous donc jouer ? Nos répertoires semblaient assez différents et je n’avais pas de synthétiseur mais bien un piano à queue tout ce qu’il y a de plus classique, donc assez restrictif pour du pop-rock.

Et soudain ce fut l’éclair de génie, la révélation, je venais de trouver la musique idéale. Illuminé par la joie de ma trouvaille, je me levais plein d’enthousiasme de mon tabouret et allai solliciter rapidement le rockerboy qui jouait un peu plus loin à ma droite. Si nous nous y prenions bien, nous allions mettre le feu dans la salle ce soir.

Description de Damned Town:

Description de Maximilien:

Sur ce signal nous nous mirent à jouer comme si les flammes de l’enfer menaçaient de nous engloutir. Mes doigts dansaient sur mon clavier tel des danseuses étoiles sur une représentation du Sacre du printemps. La fièvre du spectacle s’emparait de nous et habités par le démon de la scène, nous étions en train de livrer une infernale représentation qui resterait gravée dans les mémoires du public qui était venu nous admirer ce soir. La voix du rockerboy et de la mienne se répondaient parfaitement se déchainant dans un tango torride ou nous mêlions ferveur, performance et ardeur. Cette spectaculaire damnation nous entrainait nous et le public toujours plus profondément au sein des cercles abyssaux d’une transe artistique qui nous possédait.

Nous suions sang et larmes dans cette effervescence de performance que nous accomplissions. Et lorsque vint la dernière ligne droite, nous nous jetons à corps perdus dans cet abime régalien afin de créer un ultime pandémonium spectaculaire où ne règne plus que le péché et les plus singulière des Dyonisies. Et dans l’ultime segment de cette symphonie démoniaque nous n’étions plus qu’avatars de fiévreuses incarnations des divinités les plus féeriques. Et soudain l’arrêt, la fin…Cette salvatrice seconde de silence avant la retentissante gloire…

La récompense que toute personne étant un jour monté sur une scène connait, cette paradisiaque euphorie d’être noyé sous un tonnerre d’applaudissement. L’ascension à la suprême forme de divinité, celle d’être gravée dans les mémoires des Humains à tout jamais et de rayonner dans les esprits pour l’éternité tels des incarnations angéliques. Je me levais alors pour rejoindre mon partenaire. Et nous nous douchâmes sous les acclamations, les ovations, les applaudissements les glorifications, c’était une véritable canonisation pour lui et moi alors que nous nous noyons sous tant d’allégresse. Face à cette orgasmique jubilation qui nous faisait face, nous ne pouvions que répondre par les plus belles performances que nous aurions pu produire. Le public était satisfait, les artistes était acclamés, le spectacle sera à jamais une éternelle apothéose.