Mon séjour à Lumiris ne s’était pas passé comme prévu. D’abord, je m’étais malencontreusement perdu dès mon arrivé et j’ai atterri à Sunyra plutôt qu’à Mirawen. Le contact de mon père m’avait contacté et il avait un sale caractère. Comme il se faisait tard et que j’en aurais pour plusieurs heures avant de retourner à Mirawen, je lui ai indiqué que je rentrerai le lendemain et que pour cette nuit, j’allais prendre une chambre d’Hôtel.

Même si je paraissais confiante au téléphone, j’avoue que je me sentais nerveuse : seule à 16 ans dans une immense ville inconnue… J’ai contacté mon père pour lui dire que j’étais bien arrivé, mais ce dernier était déjà au courant de la situation et lui aussi me gronda, mais j’entendis dans sa voix sévère qu’il était inquiet pour moi. Pour lui prouver que j’allais bien, je lui envoyais un selfie.

Je cherchais ensuite sur mon téléphone un Hôtel où passer la nuit. Malheureusement, il ne prenait que les cartes de crédit et à mon âge, je n’ai pas le droit et mon père n’a pas voulu que j’en ai une! Même si j’expliquais le tout à la réceptionniste, celle-ci ne pu me permettre de louer une chambre. Je fis d’autre recherche jusqu’à tomber sur une auberge de jeunesse non loin. Je n’avais jamais dormi à ce genre d’endroit… Je m’imaginais devoir dormir dans un grand gymnase entouré d’inconnus, mais heureusement, je pouvais louer une chambre fermée pour une nuit. Ce n’était pas très grand : un lit simple dans un coin, une toilette ainsi qu’un évier. Ça allait être suffisant pour une nuit et ils acceptaient les paiements par débit.

Après avoir rassuré mon père en lui envoyant un message texte plus une photo, je sortie pour visiter la ville. Plusieurs petits stands de nourriture étaient à disposition des visiteurs. Mon ventre m’indiqua qu’il était temps de le remplir. Je m’arrêtais devant l’un des kiosques et acheta des Yakitori. J’allai m’asseoir sur un banc où une fontaine faisait office de décoration. Tandis que je dévorais mon repas, j’entendis un groupe de jeunes hommes discuter entre eux.

- Tu devrais participer au concours! Ils n’auront aucune chance contre toi, tu es le meilleur de la classe.

- Je ne sais pas… Je manque encore de pratique et…

- Arrête de faire ton modeste, ils vont succomber à ton curry.

- Ce n’est que du curry, ça n’impressionnera personne!

Je compris qu’ils parlaient de nourriture et plus j’écoutais leur conversation, je fini par apprendre qu’il y avait un concours culinaire qui allait avoir lieu dans les prochains jours et que le gagnant pouvait partir avec une bourse de 300 p$! Ce n’est pas rien et j’avais vraiment besoin d’argents! Le groupe se dispersa, mais l’un d’eux avait échappé l’affiche du concours que j’allais récupérer. Je pris le temps de lire les informations du concours :

- Préparer une entrée au choix du participant
- Préparer un repas principal typique de la région
- Préparer un dessert selon les ingrédients qui vous serons fournis.

Il n’y avait pas plus de détails, mais sans doute c’était pour éviter que les participants puissent s’entrainer avant le grand jour. Il fallait s’inscrire sur le site Internet du concours. Je m’empressai de le faire, puis je retournais à ma chambre réservée.

Le lendemain, jour du concours, j’envoyais un message à mon père ainsi qu’à son ami qui devait m’héberger pour les aviser que j’allais rentrer en soirée. Je reçu aussitôt un appel de mon père qui n’était pas d’accord que je me promène ainsi en ville comme une « ado normale ». Il ajouta que je n’étais pas là en vacance, mais bien pour devenir une meilleure cuisinière. Ce qu’il pouvait être relou! Heureusement, il n’était pas aussi rabaissant que ma tante.

- Je dois te laisser, le concours va bientôt commencer et j’aimerai voir mes futurs adversaires.

- Elsa attend je…

Je raccrochais avant qu’il ne dise autre chose et me dirigea vers la salle qui fut réservée pour l’événement. J’étais excité à l’idée de pouvoir mettre mes compétences à profit et d’affronter d’autres cuisiniers. J’aperçu au loin le jeune homme d’hier, il semblerait qu’il s’est décoincé ou ses amis l’ont inscrit à sa place. On me remit un tablier et on m’expliqua où se trouvait ma table. Les regards se posèrent sur moi : qu’est-ce qu’une adolescente pouvait bien faire là? Elle devait sans doute s’être trompée d’endroit. J’étais habituée à ce genre de regard, mais je les ignorais. J’allais leur montrer ce qu’une adolescente de 16 ans pouvait faire!

J’observais mes adversaires : ma tante disait toujours que pour surpasser ses adversaires, il fallait d’abord les analyser. Je n’ai jamais été doué dans l’analyse, mais je pouvais au moins constater une chose : c’était tous des hommes avec de l’expérience derrière la cravate. C’était dommage que le milieu ne soit pas suffisamment reconnu par des femmes alors qu’autrefois, c’était pourtant elles qui restaient dans la cuisine à préparer des bons petits plats pour leurs familles non? Je sentais un peu la nervosité : je n’étais pas inquiète de mes capacités, mais l’attente était stressante, vivement que l’on nous donne le go pour enfin commencer à cuisiner.

L’animateur expliqua la première épreuve : préparer une entrée au choix.  J’avais déjà une idée, j’espérais seulement qu’ils y aient les ingrédients nécessaires. Le signal de départ fut enfin lancé. Avant de me lancer dans la préparation, je pris les mesures d’hygiène nécessaire : un bon lavage de main + avant-bras! Ensuite, je vérifiais les ingrédients :

- Riz : Ok
- Huile d’Olive : Ok
- Sel & poivre : Ok
- Herbe mitsuba : Non, mais il y a du persil alors ça va.
- Maquereau : Non…

Quoi?! Il n’y a pas de maquereau?! Je vais faire quoi alors que cela fait partie de ma recette?! Attend… Je vois qu’il y a du thon blanc. Je pourrais me servir de ça pour remplacer le maquereau. Bon voyons pour les autres ingrédients.

-Shio Kombu : Non, je m’en doutais bien vu qu’il n’y a pas de maquereau, mais il y a autre chose qui peut le remplacer sûrement… Bon sang, ils n’ont pas fait l’effort de donner suffisamment d’ingrédients!

-Kombucha : Non, mais je peux sans doute mélangé du thé noir avec du sucre et ajouter une touche d’alcool, mais ça ne sera pas aussi bon.

Fini de faire le tri des ingrédients! Je dois me mettre au travail, les autres ont déjà de l’avance! Sans attendre, je remplis une casserole d’eau que j’amène à ébullition avant d’y verser le riz. Par la suite, je crée ce qui va remplacer le Kombucha, soit un thé noir mélanger avec une petite quantité de sucre ainsi qu’une touche d’alcool. Je suis habituée d’en faire, mais je n’ai pas le temps de le faire fermenter. Une fois le liquide prêt, je le mets dans une bouilloire sur un rond ouvert au plus bas pour garder le « Kombucha » au chaud.

Ensuite, je m’occupe des pavés de thon blanc. Je remplis une poêle d’huile d’olive avant d’y déposer mon poisson. Durant la cuisson, je m’assure de toujours déposer de l’huile pour m’assurer que la cuisson soit uniforme. Habituellement, j’aurais terminé la cuisson au four, mais j’ai perdu beaucoup de temps, alors je retourne le poisson sur la chair pour terminer la cuisson. J’adore entendre le frétillement des viandes / poissons dans une poêle. Sans m’en rendre compte, un petit sourire apparait au coin de mon visage.

Il reste encore quelques minutes pour la cuisson du riz. Pendant ce temps, je coupe en lamelle le thon blanc. Une fois le riz cuit et égoutté, j’en dépose dans une main une petite quantité, puis j’ajoute le thon blanc, puis j’ajoute une nouvelle couche de riz pour en former un Onigiri. De cette façon, je crée trois Onigiri que je dépose dans des bols creux. J’y verse ensuite le Kombucha. Je coupe finement un peu de persil que je dépose en décoration sur les onigiris. J’ai tout juste le temps d’ajouter de petits morceaux de thon blanc à ma préparation que j’entends l’animateur :

- C’est terminer! Arrêtez tout!

Cette première épreuve ne fut pas facile. Les autres concurrents semblent confiants. Je le suis un peu. Cette recette est vraiment appréciée dans le restaurant de mon père, mais je n’ai pas pu la refaire exactement à cause du manque d’ingrédients principaux. J’espère seulement que cela plaira aux juges.

- Commençons d’abord pour notre jeune candidate. D’abord, présente toi et explique ensuite ton plat à nos juges.

Par réflexe, je me penche légèrement vers l’avant, puis me redresse. J’apporte les plats aux trois juges.

- Je m’appelle Elsa Vakarian et ce que vous avez devant vous c’est une spécialité du restaurant de mon père le Maquereau Onigiri Chazuke réinventé. Je devrais plutôt l’appelé le Thon Onigiri Chazuke, car il n’y avait pas de maquereau. J’espère que vous apprécierez mon plat. Dis-je en me penchant comme le font les japonais. Encore des habitudes lorsque j’étais serveuse. J’avoue être nerveuse, car tout ne s’est pas passé comme prévu. J’attends avec impatience leurs résultats.

Maquereau Onigiri Chazuke:

Mon cœur bat de plus en plus fort dans ma poitrine. C’est toujours comme ça lors de concours culinaire, heureusement j’ai appris à le cacher. Il n’y a pas eu que du mauvais à avoir une tante stricte et over perfectionniste. Les juges font quelques commentaires sur la présentation avant d’enfin goûter à mon plat réinventé à cause du manque d’ingrédients. Les deux premiers juges émettent des commentaires quant aux ingrédients bien différents de la recette originale. Je souris pour cacher cette irritation qui monte en moi. Peuvent-ils parler des saveurs et des textures plutôt que de parler des ingrédients? Heureusement, le troisième émet quelques commentaires sur le goût ce qui me soulage : c’est mangeable tant mieux!

Je retourne à ma place et les autres cuisiniers viennent chacun leur tour montrer leur création. Ils sont tous doués, sauf un qui semble avoir eu plus de difficulté que les autres et qui s’est royalement planter dans sa recette. En espérant qu’aucun juge ne tombe malade. Contre toute attente, j’ai la note la plus élevée ce qui me surprend beaucoup! Alors que les juges semblaient critiquer ma recette, ils l’avaient apprécié! Par contre, je ne dois pas me laisser déconcentrer, il y a encore deux autres recettes à faire, alors je dois rester focus. D’ailleurs, l’animateur mentionne que nous aurons à faire un pain de viande. Un pain de viande… PAIN-DE-VIANDE… C’est quoi ce truc?! Je ne me souviens pas avoir vu ce genre de recette durant mes études!! Les autres ont déjà commencé!

Il doit bien y avoir un livre de recette quelque part… Je déteste ce sentiment où je ne contrôle pas la situation. Ah! Voilà un livre de recette! Bon, maintenant pain de viande… Voilà une recette! Un pain de viande aux légumes. J’espère qu’ils ont prévu tous les ingrédients cette fois!

Après un bon nettoyage de mains, je me mets aussitôt au travail après avoir sortit tous les ingrédients ainsi que matériels qui me seront utiles pour la recette. J’allume le four pour qu’il soit à 205°C. Il demande d’ajouter des tomates en dé, je devrais les préparer moi-même avec des tomates fraiches. De plus, le goût en sera que meilleur. Je dépose les tomates en dé dans un bol, m’essuie les mains avant de couper en cube la miche de pain, les oignons et le persil. Je m’attelle ensuite à la préparation de la viande.

Dans un bol, je mélange le bœuf haché avec les morceaux de pain, les tomates en dé, les oignons et j’ajoute un œuf. Une fois le tout bien mélangé, je poivre et sel le mélange et ajoute un peu de persil. Je mélange à nouveau avant de déposer la viande dans un plat carré allant au four. Entre temps, j’avais pris la peine de couper des tranches de tomates et de courgettes et j’étale sur la préparation en alternant les tomates et les courges. Je mets le tout au four pour 45 minutes.

Les autres ont presque terminé et je dois encore préparer l’à côté! Je me nettoie les mains de nouveau avant de préparer une salade Mesclun et Mozzarina. Je mélange dans un saladier de l’huile d’olive, du jus de citron ainsi que du basilic frais. Dans de petits bols, j’y dépose la sale mesclun, des morceaux de Mozzarina ainsi que quelques pousses. J’ajouterai la vinaigrette à la toute fin pour éviter que la salade devienne molle.

- Il ne vous reste que 20 minutes!

Les autres ont terminé et je dois encore monter mes assiettes! Je sors le pain de viande du four, vérifie la cuisson : parfaite! Je coupe le pain de viande en tranche que je dépose dans les assiettes et j’ajoute la salade que je nappe de vinaigrette.

- C’est terminé!! Déposez tout!

J’ai tout juste le temps de terminer la décoration, mais malheureusement, j’ai un peu bâclé la fin et je ne suis pas satisfaite du résultat. J’espère que le goût sera au rendez-vous. L’animateur garde le même ordre de présentation et il me demande d’avancer, ce que je fais. Je dépose les assiettes devant les jurys.

- Cette fois-ci, je vous ai préparé un pain de viande aux légumes accompagné d’une salade Mesclun et Mozzarina. J’espère que vous apprécierez le résultat. Dis-je encore plus nerveuse. J’espère au moins que ma voix n’a pas trop trahis ma nervosité… Un chef doit être capable de contenir ses émotions!

Pain de viande aux légumes:

Après avoir expliqué en quoi consistait mon plat, les juges se mettent d’abord à juger la présentation. Bien que simple, elle est colorée grâce aux tranches de tomates et de courges. Ils n’ont pas trop de mauvais commentaires à faire, mais le moment fatidique approche : goûter! C’était la première fois que je préparais un pain de viande. D’ailleurs, les critiques tombèrent : il manquait de goût! Je n’avais pas mis assez d’épices dans la recette. Je me mordis la lèvre inférieure lorsqu’ils se mirent à parler d’expérience culinaire, de laisser sa chance pour finalement être rappeler à l’ordre. Je ne voulais pas être prise en pitié à cause de mon âge! Comme l’un des juges l’avaient mentionné, c’était une compétition culinaire! Les notes furent ensuite attribuées. Seul l’homme barbu aux cheveux rouges m’avait donné une bonne note contrairement aux deux autres.

Les autres cuisiniers montrèrent leur plat. L’un d’eux me dépassa de 10 points et d’autres m’avaient rattrapé dans le pointage! Je tombais automatiquement deuxième place. Étais-je condamné à devoir toujours finir deuxième comme mon père? Non! Je ne dois pas me laisser démoraliser! Il reste encore une recette à faire et c’est le dessert.

Le dessert… J’étais encore moins habituée. Contrairement à une entrée ou un repas principal, un dessert devait être fait avec minutie. Il fallait utiliser les bonnes quantités d’ingrédients sinon on pouvait littéralement rater la recette! Le restaurant de mon père était du style traditionnel et on n’avait pas de carte à dessert. J’en avais appris un peu durant mes cours à Doublonville, mais sans plus.

De plus, la plupart des cuisiniers avaient pris les meilleurs ingrédients me laissant avec les ingrédients de base : œuf, cassonade, de la crème et du sucre. Tiens, il y a aussi une bouteille d’Amarula caché dans le fond. Je sais ce que je vais faire! Une recette traditionnellement italienne! Par contre, il fallait faire attention, car si je ne mettais pas les bonnes quantités ou ne mélangeait pas correctement, je risquerais de tout faire foirer.

D’abord, je préchauffais le four à 150 °C. Je fis chauffer la crème 35 %, puis sépara le jaune du blanc d’œuf. Dans un bol, je mélangeai les jaunes d’œuf (5) avec la cassonade (1/3 tasse). Par la suite, je versais graduellement la crème que j’avais chauffé préalablement tout en fouettant. J’ajoutais ensuite l’Amarula (1/4 tasse) et continua de bien mélanger le tout.

Je répartis ensuite le mélange dans des ramequins. Je déposais ces derniers dans un plat de cuisson que je remplis d’eau chaude à mi-hauteur des ramequins. Je déposais le tout au four. J’en avais pour 45 minutes à attendre que le flanc devienne légèrement ferme. C’était la complexité de cette recette. Si on ne faisait pas cuir suffisamment, le flanc restait liquide et s’il était trop cuit il devenait granuleux.

Pendant ce temps, j’observais les autres cuisiniers. Ceux-ci étaient aussi en train d’attendre que leur pâte ou autre termine de cuir. Lorsque mon four sonna, je retirais le bain-marie que je laissa tiédir sur le comptoir. Après quelques minutes, je recouvrais le tout d’une pellicule de plastique et réfrigéra mon dessert. J’en avais pour 4 heures à attendre! J’allais être encore une fois limite dans le temps pour la décoration. Pendant ce temps, je nettoyai ma table de travail et prépara les fruits que j’allais utiliser pour garnir ma préparation.

Les heures s’écoulèrent lentement. C’est le désavantage des desserts, il faut souvent attendre… Au bout de quatre heures, je peux enfin retirer le bain-marie. La texture semble bonne en surface, mais je n’ai aucune idée de l’intérieur.

- Il ne vous reste que 30 minutes!

Je ne suis pas la seule qui doit terminer la présentation. Tout le monde est un peu à la course pour terminer à temps. Je saupoudre le dessus de sucre que je caramélise en utilisant un chalumeau de cuisine. Je dépose des baies pour décorer et ajoute une petite feuille de menthe! Terminer!

- Déposez-tout le temps est écoulé! Maintenant Mme Vakarian. Venez nous présentez votre dessert.

Je m’avance et dépose les trois desserts devant les juges.

- J’ai fait une crème brûlée à l’Amarula.

Crème brûlée Amarula: