histoire

Mauville… une ville bien paisible située en plein milieu de la région de Johto. Ce nom ne vous dit rien ? Peut-être que le nom « Tour Chétiflor » vous évoque quelque chose ? Toujours pas ? Tant pis. Quoiqu’il en soit, moi, Fujiko Osuka, je suis née là-bas et y ai vécue toute ma vie ; jusqu’à aujourd’hui. C’est le grand départ pour moi. Une nouvelle vie commence : je m’apprête à partir pour la région de Lumiris ! Je ne vous cache pas que ça me fait un peu peur. Je n’ai que très rarement quitté Mauville. Alors Johto… Heureusement que Munch, mon Goinfrex, fait le voyage avec moi. Je sais que je peux compter sur lui ! Pourquoi est-ce que je décide de partir ? Et bien…

Je suis née d’une mère botaniste et d’un père chercheur. Tous deux étaient fortement appréciés et respectés par l’ensemble des habitants de Mauville. Mon père a à maintes reprises participé à la confection de vaccins pour les humains, et ma mère passait le plus clair de son temps, soit à la Tour Chétiflor, soit au Centre Pokémon, afin d’apporter des remèdes à base de plantes aux Pokémon malades.

Le nom « Osuka » était connu jusqu’aux villes de Rosalia, où ma mère allait souvent cueillir des fleurs, et Doublonville, où mon père allait afin d’y donner des conférences. Je menais la vie d’une gamine ordinaire : j’allais à l’école, j’avais des amis, je riais, je pleurais et parfois je participais aux sessions de cueillette de ma mère… Elle m’a énormément appris sur la nature des plantes et des herbes ainsi que sur leurs vertus thérapeutiques. Mon amour de la nature et des Pokémon vient de là, de cette passion que ma mère m’a transmise. Je n’oublierai jamais le jour où ma mère m’a demandé de lui préparer un remède afin de soigner ce Chétiflor. Aujourd’hui il est devenu un magnifique Empiflor. Il a la fâcheuse tendance de me gober le bras en guise de remerciement. C’était il y a 7 ans, j’en avais 10 à l’époque.

J’ai donc à priori été élevée dans une famille aimante, sans réel souci autour de moi : juste de l’amour et des encouragements. Et c’est effectivement le cas. Du moins, avant que ce cadre de vie idyllique ne soit complètement réduit à néant l’année de mes 14 ans…

Mon père était à l’époque accusé d’avoir effectué des expériences illégales sur des Pokémon abandonnés. Expériences qui, bien évidemment, avaient entraîné la souffrance et parfois même la mort de certains d’entre eux. La famille Osuka, jusqu’alors appréciée et respectée, a été du jour au lendemain détestée par bon nombre de personnes, de Mauville et d’ailleurs. Ma mère et moi en avons aussi payé les frais : apparemment ils appellent ça des « dommages collatéraux ».

L’année de mes 14 ans a été un véritable enfer. Beaucoup de mes amis ne voulaient plus me parler. Les gens à Mauville ne pouvaient s’empêcher de nous regarder, ma mère et moi, avec dédain et dégoût… Je ne comprenais pas à l’époque comment ma mère faisait pour garder le sourire malgré tout. Je veux dire… son mari avait été envoyé en prison pour avoir commis un crime horrible et en découlèrent des événements tout aussi noirs. Je me suis donc efforcée de mener la vie que j’avais avant en ne gardant pour souvenir de cet événement que la haine que j’éprouve pour mon père.

Ce qu’il y a de bien avec les plantes et les Pokémon, c’est qu’ils ne te jugent que pour ce que tu au fond de toi. J’ai su retrouver goût à la vie ainsi à travers la botanique et le soin de Pokémon sauvages. « Tu sais, Fujiko… peu importe ce que peuvent penser les gens suite à la bêtise de ton père. Tant que tu mets ton cœur et ton talent au service d’une cause qui te semble juste, tu seras heureuse et en paix avec toi-même ». Et c’est sur ces mots que j’ai décidé de laisser cet incident derrière moi ; pour de bon.

Quelques mois passèrent, je fis la rencontre d’un Pokémon pour le moins peu commun pour la région : un Goinfrex. J’étais tranquillement en train de cueillir des herbes dans la forêt et il était là, adossé à un rocher, à me fixer d’un air interrogateur. Je me suis assise par terre et ai sorti un pique-nique de mon sac. Inutile de vous dire que le regard de ce Goinfrex s’est illuminé tout à coup ! Mais je sentais qu’il n’osait cependant pas m’approcher. « Peut-être un Goinfrex craintif » me suis-je dit. Que nenni. Ce bougre s’est mis à ramasser tout un tas de mauvaises herbes et me les a apportées. « Je vois. Tu veux échanger toutes ces herbes contre un peu de nourriture, c’est ça ? ». Et le Goinfrex acquiesça frénétiquement de la tête. Ces herbes ne m’étaient d’aucune utilité. Mais le geste de ce Goinfrex sauvage m’avait énormément touchée. « Tiens ! ». Je lui ai donc donné la moitié de mon pique-nique qu’il s’est empressé d’engloutir. Je suis donc rentrée chez moi avec un bouquet de mauvaises herbes et d’autres plantes pour ma mère. « J’espère le revoir un de ces jours… ».

Et le lendemain, exactement au même endroit, le Goinfrex de la veille était en train de cueillir des herbes et de les empiler près du rocher. Il vint vers moi et me tira de toutes ses forces pour me trainer vers ses trouvailles. Je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire et lui ai donné le pique-nique que je m’étais préparée. Ce soir-là, le Goinfrex sauvage me suivit jusqu’à chez moi. Et nous ne nous sommes plus jamais séparés depuis. Cette rencontre avec Munch, le Goinfrex sauvage, a littéralement bouleversé ma vie. Tout redevenait petit à petit comme avant : je riais à nouveau, me suis liée d’amitié avec des adolescents de mon âge.

Aujourd’hui, j’ai 17 ans. Et pour Munch et moi, c’est le grand départ ! Nous partons pour Lumiris. J’ai dû batailler ferme pour pouvoir voyager avec lui : Munch n’a jamais été dans une Pokéball et je ne compte pas l’y enfermer de sitôt.

C’est ainsi que sur le pont du bateau que nous empruntions pour aller vers Lumiris, Munch et moi faisions de grands signes à ma mère restée sur le quai. J’étais à la fois triste et déterminée. Munch, quant à lui, avait son sourire béat de d’habitude. Je me suis tournée vers lui : « T’es prêt pour l’aventure ? » « Munch ! ».