Il va faire tout froid.

Je ne sais pas pourquoi je me suis lancé dans cette histoire. Je ne suis pas prêt pour ça. Je sens que je me suis engagé dans la plus grosse galère de ma vie. Et je ne suis même pas certain de m’en sortir. Après tout, la dernière fois, il y a eu des morts. Kyoko et Mikhail m’en ont légèrement parlé lors de nos rencontres respectives. Je n’ai pas eu beaucoup de détails. Ce fut surtout des éléments basiques grappillé lors des réponses à des questions portant sur la région. Il faut dire que j’ai rencontré la première au niveau des ruines de Windoria. Nous avons par ailleurs visité une partie de ce qu’il reste de la ville, ce jour-là. Alors forcément, j’ai eu le temps d’exprimer une bonne partie des interrogations qui traversaient mes esprits. Bon… pas toutes. Il faut l’avouer. Je n’ai pas eu l’occasion d’assouvir ma curiosité et mon besoin de connaissances. Je n’ai donc eu vent que des plus gros passages de l’histoire de cette région en ce qui concerne les mauvaises actions de la team Mistral. À moins que l’on ne parle de ravages ? Je ne sais pas vraiment. J’ai surtout retenu le fait qu’ils ont durablement marqué cette partie du monde en causant des dégâts irrémédiables.

Pourtant, lorsque le Doyen a lancé un appel pour trouver des volontaires, j’ai répondu. Par le passé, je me serais caché au fond de mon lit. Sous plusieurs couches de couvertures qui auraient constitué mon fort de protection. Mais pas aujourd’hui. Serais-je déjà en train d’évoluer ? Je ne sais pas. J’ai surtout repensé à cette ville en ruine, et à tout ce que j’ai pu voir de désastreux au cours de cette journée. Et puis la réaction de Mikhail lorsque le sujet de Windoria fut évoqué. Je ne sais pas. Je n’ai pas réfléchi, je crois. Je me suis juste dit qu’il fallait absolument que j’agisse pour que d’autres lieux ne connaissent pas ce désespoir. Et puis ce volcan, je le connais. C’est là-bas que j’ai rencontré Amaryllis qui était en plein entraînement. Et toute l’action se passe dans cette zone-là. Je me demande si cela n’a pas aidé à ma décision. Je crois que je n’ai pas supporté de voir qu’un lieu de souvenir était à ce point attaqué. Un volcan glacé. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi ils font ça... Ce volcan, c’était un lieu de vie pour toutes les créatures de type feu. C’est ignoble. Je crois que c’est une accumulation de petites choses qui m’a poussé à participer à cette intervention citoyenne.

En arrivant sur place, je me suis senti totalement perdu, et pas à ma place. Des gens. Beaucoup de personnes. Partout. Bien trop à mon goût. Peut-être pas suffisamment pour les besoins de la mission du Doyen Cirrus. Mais dans tous les cas, ils vont devoir faire avec. Et j’ai bien peur que moi aussi. Je vais devoir supporter la présence de cette foule. Je ne peux pas me contenter de faire demi-tour et de fuir. Je ne peux pas continuer à marcher dans les traces de cette mauvaise habitude. Il me semble avoir reconnu quelques personnes. Mais sans grandes certitudes. Avec ce monde, il est facile de confondre les morphologies. Et pour être honnête, je ne suis pas très doué pour conserver dans mon esprit l’association des identités et des visages. Résultat : lorsque je croise une personne, je me dis parfois que le visage me dit quelque chose, par contre je suis totalement incapable de me souvenir de son prénom. Alors je ne dis rien. J’attends que la personne vienne vers moi, si elle le souhaite. Ça évite les erreurs. Je suis toutefois presque certain d’avoir reconnu la chevelure argentée de Mikhail et la crinière rousse d’Hellenna, mon amie. Cette dernière semble être aux côtés de certains de ses amis. Ou au moins de connaissances. Je ne sais pas trop à quel moment les gens passent d’une catégorie à une autre. Alors je ne la dérange pas.

Emmitouflé dans mon épaisse couche de vêtements chauds, la capuche de mon manteau rabattue sur ma tête, la plus grosse partie de mon visage masqué par une épaisse écharpe en laine, je marche silencieusement en regardant mes pieds. Je me demande si je n’ai pas fait une connerie. Quand je songe aux dégâts de la dernière attaque des membres de la team Mistral, je me dis que je ne fais pas le poids. Je ne suis pas forcément très bon en combat. Mon petit Wattoo a bien grandi depuis que nous sommes dans cette nouvelle région. C’est d’ailleurs sur ce volcan qu’il a évolué pour la toute première fois et qu’il est devenu un Lainergie. Quelque temps plus tard, lors d’un entraînement au combat face à des créatures sauvages, il est devenu un puissant Pharamp. C’est génial, bien entendu. Mais l’on ne s’est jamais confronté à un autre dresseur depuis ses évolutions. Alors je ne sais pas vraiment ce que l’on vaut en combat, mais je suppose que ce n’est pas grand-chose. Je ne pense pas être très doué. En même temps, j’ai encore cette expérience ratée à la centrale électrique de Voltapolis dans la tête. Heureusement que je n’étais pas seul ce jour-là. Je me rends compte qu’une fois encore, je suis incapable de rester focalisé sur le discours d’une personne dès lors qu’il dure plus de quelques instants. Mais ce n’est pas bien grave. Je continue d’avancer et j’aviserais par la suite.

Soudain, d’un seul homme, tout le monde s’immobilise. Les regards se focalisent sur l’homme qui fait face au groupe. Niveau carrure, il est impressionnant. Il se tient droit. Il est impressionnant. Et ses paroles le sont encore plus. Il veut glacer le monde ? De ses propres mains ? Il veut sérieusement faire ce genre de chose ? Mais du coup, il ne pense pas aux créatures qui ne supportent pas les températures trop basses. C’est horrible. Alors que je suis encore en train de réfléchir aux conséquences d’un monde plongé dans une nouvelle ère glaciaire, je frissonne. L’air se rafraîchit considérablement. La neige commence à tomber. C’est une véritable tempête de neige qui s’élève du volcan. Je ne comprends pas trop ce qui se passe. Ce n’est pas normal. Je me demande comment ce type a pu s’y prendre pour réduire la lave en ébullition à un état glaciaire. Cela me dépasse totalement. Mais je ne peux pas nier que tout cela est réel. Le sol tremble. Le vent est plus froid que jamais et parvient à traverser mes vêtements pour me glacer le sang. Autour de moi, tout devient blanc. C’est une catastrophe. Le volcan est totalement transformé. Je me demande si cette situation peut être inversée. Mais avant même que je n’aie le temps de réfléchir à la situation, le sol se met à trembler davantage. Tout est en train de s’effondrer.

Alors que je commence à tomber, une main s’agrippe à la mienne. Elle serre. Fort. Elle semble tout faire pour ne pas lâcher sa prise. Ça me fait mal. J’aimerais qu’elle me lâche, cette main. Ce n’est pas agréable. Je n’aime pas ce contact. Je n’ai pas donné mon accord. En me portant volontaire pour aider le Doyen, je n’ai pas signé pour cela. Je ne sais pas à qui appartient ce membre qui me sert beaucoup trop fort à mon goût. Mais j’ai bien peur qu’il ne s’agisse pas là de mon problème le plus grave. On s’effondre. On tombe. Je ne vois plus rien d’autre que du blanc. De la neige ? Possible. Je suis donc pris dans une avalanche ? Ce n’est pas bon. C’est violent. Je vais mourir. Je ne veux pas. Je suis trop jeune pour cela. Mon corps et celui relié à la main qui s’agrippent à la mienne s’entrechoquent. Je vais avoir des bleus, c’est certain. Pour le moment, j’ai juste le ressenti de la douleur à chacun des coups que je reçois. Je me cogne également contre d’autres choses, plus dures. Des rochers, probablement. Ça fait mal. Encore plus. Et soudainement, tout autant qu’au commencement, je ne bouge plus. Le calme est revenu. J’ai mal sans trop savoir à quels endroits. J’ai l’impression de ne plus avoir conscience de mon corps. Je ne comprends rien. Je suis perdu. Je me demande si c’est ainsi que ça se passe, la mort. Je ne le sais pas. Je suis incapable de répondre à mes propres questions. C’est idiot. Moi qui espérais que le flux d’interrogations finirait par se tarir au moment de ma mort, j’ai la sensation que c’est tout le contraire. Puis plus rien.

Une voix. Un timbre qui me rappelle quelque chose. Je connais. Je sais à qui appartient cette tonalité. Je ne peux pas me tromper. Difficilement, j’ouvre un œil. Puis le second. Je ne suis pas mort. Alors que je m’attendais à souffrir de la luminosité apportée par la neige, je suis surpris d’être dans le noir. Enfin non. Pas tout à fait. Alors que les secondes passent, je commence à mieux discerner mon environnement. Ce n’est pas le jour complet, mais ce n’est pas non plus aussi noir que de l’encre. C’est seulement sombre.

« ▬ Lenna... ? Ce… euh… C’est… euh… vraiment… toi ? »

J’ai du mal à parler. J’ai du mal à assembler les morceaux de souvenirs pour reconstituer un tout. Je galère à rassembler mes idées. Mon esprit est embrumé. Je crois que j’ai perdu connaissance. Enfin non. C’est une certitude plutôt. Sinon je n’aurais pas eu à ouvrir les yeux et je me souviendrais de tout ce qu’il s’est passé au cours des dernières minutes qui se sont écoulées. Hellenna me parle. Je ne suis pas certain d’avoir bien compris. Je ne sais pas. Si. Mon cerveau a enregistré. Je suis juste très lent à comprendre. Elle me demande si je peux marcher. Son temps est pressant. Elle ajoute qu’il ne faut surtout pas rester ici.

« ▬ Je… je crois. Ou… oui.»

Mettant mes paroles à exécution, je commence par me relever. Ce n’est pas facile. J’ai mal partout. Je ne semble pas souffrir de grosses blessures. Mais j’ai des égratignures un peu partout. Je le sens. J’ai senti mes vêtements se décoller de ma peau par endroit. Ce qui signifie que j’ai saigné. Ce n’est pas possible autrement. J’ai également l’impression que je me suis légèrement ouvert le crâne au passage. Tout en cherchant à faire quelques pas maladroits pour vérifier que je suis en mesure de marcher, je retire un de mes gants pour examiner ma tête. Je ne vois rien, logique, mais je sens un liquide chaud et poisseux sous mes doigts. Et merde. J’essuie rapidement ça sur mon jean gelé, en faisant une grimace de dégoût, avant de remettre ma main au chaud dans son gant.

« ▬ Quelqu’un ? Genre… euh… sous la neige ? »

Lorsque je me retourne pour voir, Lenna est en train de gratter le sol avec ses mains. La neige et les débris en tout genre volent dans ma direction. Je ne prends même pas le temps de la réflexion, je me précipite vers elle pour lui venir en aide. Si la personne est encore en vie, ce n’est sans doute pas pour bien longtemps. Je me demande si je dois imiter mon amie. Je ne sais pas. J’ai assez de couches de vêtements pour cela. Je ne sais pas. Je vais peut-être attendre de voir. Ou demander ? Ouais. C’est mieux de demander. Et puis… Au moins, il pourra l’enfiler en supplément tout en profitant un peu de la chaleur que je dégage.

« ▬ Je garde mon manteau pour qu’il l’enfile à son réveil ? Le sien doit être tout humide. Eh ! Regarde ça ! Il bouge ses doigts ! Il est encore vivant ! »

Maintenant, il faut espérer qu’il n’est pas trop cassé et qu’il est encore en capacité de marché. Hellenna a raison. Il ne faut pas que l’on traîne ici. Ça ne semble pas très stable tout cela. Et j’ai bien peur que l’on ne puisse pas se relever d’un second éboulement. Pour le moment, on a eu de la chance. Quelques blessures, mais rien de bien grave. J’ai peur qu’en cas de répétition de cette partie de l’histoire, je sois dans l’obligation de supporter un peu plus qu’un filet de sang coulant depuis le sommet de mon crâne. En plus, j’exagère. Avec le froid, ça n’a même pas eu le temps de couler. Le sang a coagulé presque directement.

« ▬ Oh mec, tu n’es pas mort ? T’es capable de bouger ? »

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J’suis trop jeune pour mourir.

Un sourire. Elle me fait un sourire. Je me demande si c’est parce qu’elle a une idée dans la tête, le genre qui risque de ne pas beaucoup me plaire. À moins qu’elle soit tout simplement heureuse de voir que tout le monde est vivant. Avec elle, je ne sais jamais à quoi m’attendre. En tout cas, je suis content qu’elle ait remarqué la main de ce mec. Elle en a oublié de me serrer dans ses bras. Parce que juste avant, elle a broyé ma main. Et ça ne fait pas du bien. Même mes gants ne sont pas parvenus à amortir un peu sa force. Alors bon, je suis vraiment content qu’elle ait trouvé ce mec. Au moins, cela a permis à mon corps d’éviter de finir dans le même état que ma main. Toutefois, j’espère qu’il n’y a pas un autre corps sous toute cette neige. Si le jeune a survécu, il a surtout eu de la chance. Je ne suis pas certain qu’un autre individu puisse en avoir autant.

Et puis... Lenna a raison. Si l’on ne sort pas rapidement d’ici, nous risquons de mourir. Et ça, je ne veux pas. Il est hors de question que mon existence s’achève ici alors qu’elle vient seulement de débuter. Par contre, je ne sais pas si sa question s’adresse à notre compagnon d’infortune ou à moi-même. Je n’en sais rien. Je pense plutôt que c’est pour lui. Je ne vois pas pourquoi elle se serait adressée à moi avec ce genre d’interrogation, alors qu’elle sait très bien que je n’oublie pas grand-chose. En dehors de tout ce que j’estime être trop peu importante pour rester dans ma mémoire.

« ▬  Quelqu’un a compris comment il a fait pour glacer le volcan à ce point et aussi rapidement ? La neige est tombée si rapidement que l’on a été emporté par une avalanche, ce n’est pas normal. »

Je fais quelques pas dans le maigre espace dont nous disposons. Il est indispensable que je vérifie ma capacité à me déplacer avant que l’on tente de partir d’ici. Ce n’est pas fabuleux. Ce n’est pas très stable. Je vacille un peu. OK. Ce n’est vraiment pas bon pour nous. Il faut que l’on sorte d’ici le plus rapidement possible, et on se retrouve en difficultés dès qu’il faut faire plus de quelques pas. Bon. Peut-être que ça va s’améliorer. Je suppose que c’est un contrecoup de la chute que l’on vient de faire. Et puis le froid, qui a tendance à engourdir nos membres, ça ne doit pas aider.

« ▬  Moi, c’est Demyan. Et je suppose que l’on est quelque part dans un tunnel creusé dans le volcan ? Je ne vois pas trop où l’on aurait pu atterrir autrement. J’ai l’impression que la team de vilains a construit une base en ces lieux. Par contre, je ne sais pas comment on est arrivé là... »

Une fois les pokémons de mon amie libérées de leurs pokéballs, notre groupe c’est mis en marche, plus ou moins rapidement. L’un en avant pour ouvrir le chemin, l’autre en arrière pour aider l’adolescent a avancé sans l’obliger à trop puiser dans ses réserves. Tout en mettant un pied devant l’autre, je me suis posé la question de libérer Wattoo. J’ai hésité avant de renoncer. Depuis sa dernière évolution, il est devenu un peu plus imposant. Et je n’ai pas la moindre idée de ce que la structure peut supporter. Déjà avec le Florizarre, on prend des risques. Je n’ai pas envie d’en prendre davantage. Alors pour le moment, je pense qu’il est bien mieux à l’abri du froid. Enfin j’espère qu’il l’est. Je me demande comment ça se passe dans une pokéball.

« ▬  Tu peux ouvrir la porte, de toute façon on n’a pas d’autres chemins possible. »

Je me demande ce qu'il y a derrière la porte. Ce qui serait gênant, ce serait de se trouver en face à face avec un mur de neige ou de glace... Je n'ai pas envie de me geler les doigts en creusant de nouveau.

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Élémentaire, mon cher Watson.

J’ai l’impression que nous sommes tous plus ou moins d’accords sur une chose : on est tombé quelque part sous le volcan. Je ne sais pas vraiment pourquoi, je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là, mais ça ne change strictement rien au résultat. Et visiblement, je ne suis pas le seul à ne pas avoir de réponses à apporter à mes interrogations. Personne ne semble savoir ce que l’on fait là. On était sur le volcan, et l’instant d’après on se retrouve à l’intérieur de ce dernier. Je me demande si l’on a activé un passage secret, d’une manière ou d’une autre. Si c’est le cas, c’est un peu bizarre comme truc. Ce n’est pas logique de créer un tel truc et de ne pas s’assurer que le premier clampin venu ne va pas le déclencher accidentellement. À moins que cela ne soit une ruse de cette team Mistral ? Mais dans quel but ? Ce ne serait qu’un piège géant ? Avec quel objectif ? Nous retenir prisonniers ici afin que l’on ne puisse pas poursuivre la mission nous ayant été confiée ? C’est un peu étrange comme procédé. Surtout que l’on ne doit pas être les plus puissants du groupe. À moins que l’on n’ait pas été les cibles de cette ruse-là ? C’est une autre possibilité. En bref, je n’en sais rien.

La porte. J’ai dit à Lenna qu’elle pouvait l’ouvrir. Je n’ai pas l’impression qu’il existe une autre sortie dans cette étrange pièce un peu sombre. D’ailleurs, je me demande bien à quoi elle peut servir en temps normal. Je n’ai pas l’impression qu’elle est meublée. C’est un peu bizarre. Mais le pire, c’est cette porte. Mon amie a eu beau chercher une poignée, elle n’en a pas trouvé.

« ▬,  Mais... C’est quoi ce délire ? »

Finalement, en regardant de plus près, c’est l’adolescent qui a trouvé un truc intéressant. Une sorte de clavier placé sur le côté de la porte. Après quelques pas difficiles, sans l’aide du pokémon plante, Malo est parvenu à s’approcher de ce mécanisme étrange. Je me demande si c’est ce machin-là qui contrôle l’ouverture de la porte. C’est particulier comme fonctionnement. Pourquoi est-ce qu’ils ont installé un mécanisme aussi complexe pour verrouiller la sortie d’une pièce qui semble vide ? Je ne trouve pas de réponse. S’il s’agissait d’une cellule pour retenir des prisonniers, ce machin là ne se trouverait pas à l’intérieur de la prison. Donc cette pièce n’est visiblement pas destinée à nous retenir ici. La logique voudrait que ce soit l’accès à ce qu’il se passe de l’autre côté de la porte qui soit sécurisé. Mais dans ce cas-là, je me demande de quoi il s’agit. Au-dessus du clavier, l’adolescent a remarqué une inscription qu’il a lue à haute voix, afin que l’on puisse tous y réfléchir.

« ▬  Vieillard... Donc une personne d’un certain âge. Visiblement peu apprécier au regard du côté péjoratif de ce mot. Par contre... Honni... Je vous fais confiance. Je n’ai jamais rencontré ce mot par le passé. Mais si c’est bien la bonne définition, je suppose que tu as raison en parlant du doyen. »

Je ne connais pas très bien l’histoire de la région. J’en ai lu des bribes en me renseignant sur internet, avant de me décider. J’ai entendu quelques détails lors de conversations. Mais en dehors de cela, je suis relativement loin d’être au point. Je ne connais pas les détails. Je ne suis pas particulièrement informé des différents personnages influents de cette région. Alors forcément, Cirrus, ça me semble être le seul vieux des environs. C’est le seul dont j’ai entendu parler. Alors pourquoi pas.

« ▬  Cirrus, c’est la seule évidence pour moi. Je n’ai pas d’autres idées. Alors autant tenter. Je suppose que l’on ne risque pas grand-chose en essayant avec ça ? »

Hellana s’est avancée pour taper le mot de passe. Il ne reste plus qu’à espérer que cela fonctionne. Et que l’on parvienne à trouver rapidement une sortie. Je n’aime pas les endroits clos. Si je reste enfermé ici, je vais finir par paniquer. Il ne faut pas. Ce ne serait pas bon.

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Je crois que je n'ose pas y croire. Pourtant, j'ai distinctement entendu le petit bip annonçant la validation du mot de passe. Toutefois, lorsque la porte s'est ouverte sur notre petit groupe, il m'a fallut quelques instants pour comprendre. Quelque part, je pense que je n'avais pas la moindre confiance en la possibilité que notre tentative puisse être exact. Je ne sais pas vraiment pourquoi d'ailleurs. Surtout que de mon côté, je n'aurais pas eu d'autres idées. Mais en même temps, je trouve ça un peu simple comme procédé. Soit cette porte ne sert pas a grand chose, soit ils ne s'inquiétaient pas vraiment de la possibilité que quelqu'un s'introduise en ces lieux. Je n'en sais rien. Pour le moment, la seule certitude, c'est que le passage est ouvert pour nous. Je me demande bien ce qui nous attends de l'autre côté de cette salle. J'espère bien que l'on va pouvoir trouver un échappatoire. Je dois avouer que j'ai plutôt hâte de retrouver la surface. Je ne me sens clairement pas à l'aise ici. J'ai l'impression d'être enterré vivant. Et clairement, ce n'est pas pour moi. Je veux revoir le ciel.

Sur le coup, avec la lumière qui provient de cette nouvelle ouverture, je ne vois plus grand chose. L'espace d'un instant, j'ai l'espoir que cela provienne de l'extérieur. Je ne suis pas certain, mais j'ai la sensation que l'intensité de la lumière est plus ou moins la même que la luminosité produite par le soleil.  Il m'a fallu quelques instants pour que mes yeux s'habituent a ce nouvel éclairage. Et forcément, lorsque j'ai découvert le couloir, j'ai rapidement déchanté. Les murs, le sol, le plafond. Tout est blanc. Parfois gris. C'est donc mort pour mon espoir de revoir l'extérieur. Cette ambiance, c'est pire qu'un hôpital. Ça craint vraiment. En avançant un peu, je remarque une première porte, qui semble demander un autre code pour s'ouvrir. Ou peut être deux ? Je n'en sais rien. Je sais seulement qu'il y a deux écrans. Je suis encore un peu trop loin pour lire. Et puis, ça ne me tente pas plus que ça pour le moment. Surtout que je viens de remarquer deux autres portes qui semblent moins complexes a ouvrir. Lenna propose d'ailleurs que l'on commence par l'une de ces portes. Appuyer sur un bouton, ce n'est pas très compliqué.

« ▬  Autant commencer par la première, non ? Au moins, on sera fixé. »

Personnellement, que ce soit l'une ou l'autre, je ne vois pas vraiment de différences. Je ne remarque pas le moindre signe distinctif. J'ai la sensation qu'elles sont en tout point semblables. Mais surtout, je veux aller vite. Je commence sérieusement a angoisser ici. Je ne supporte pas l'enfermement. C'est une torture pour moi. J'ai l'impression qu'une grosse masse est en train d'écraser ma cage thoracique. Je commence a ressentir quelques difficultés lorsque je respire. Ce n'est pas un bon signe. Alors que je regarde mon amie qui apprête a appuyer sur le bouton, je remarque un mouvement en bordure de mon champs de vision. Je tourne rapidement la tête. Dans le même timing, sa Feunard d'Alola est en train d'appuyer sur le bouton de la seconde porte.

« ▬  Eh ! Elle fait quoi là ? »

Trop tard. Les deux boutons ont été enclenchés.

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Mon exclamation fut trop tardive. Le temps que je réagisse à ce que mes yeux étaient en train de voir, il était déjà trop impossible de remédier à la situation. Le pokémon blanc se trouvait face à la seconde porte, bien trop loin de ma position. Même en mobilisant toute mon énergie et toutes mes capacités physiques, j’aurais été bien incapable de parcourir la distance me séparant de la créature Alolienne. Je suis loin d’être suffisamment sportif pour cela. Et je manque certainement d’un peu de réactivité a ce niveau-là. Après tout, ce n’est pas du tout dans mes habitudes d’agir. En même temps, lorsque l’on est enfermé à longueur de temps dans une chambre ou une maison, l’environnement n’est pas spécialement idéal pour développer ce genre de capacités. Mais toutes mes pensées concernant l’ouverture de la seconde porte ont rapidement été balayées par la découverte de ce qui se trouve de l’autre côté de celle ouverte grâce à l’action de mon amie.

Une nouvelle salle. Sans un premier temps, je ne remarque rien de bien particulier. J’ai l’impression qu’il s’agit d’une pièce banale. Tout comme le couloir, elle est totalement nue. Je ne remarque pas le moindre meuble, et pas davantage d’éléments de décoration. La salle qui se trouve devant nos yeux est totalement vide. Non. Je me trompe. Alors que mes yeux tentent de scanner l’ensemble de ce qui se trouve dans la pièce, mon regard s’attarde sur le sol. Ce n’est que maintenant que je remarque une sorte de fine démarcation sur le sol. Avec la distance, je ne sais pas trop de quoi il s’agit. De la peinture ? Une bande provenant d’un ruban d’adhésif ? Autre chose ? Je n’en ai pas la moindre idée. Par contre, dans mon esprit, cela se bouscule fortement. Je me questionne, je m’interroge, je délibère intérieurement, je tente d’examiner les différents éléments qui se trouvent à ma portée afin de trouver des réponses. Pour autant, je n’aboutis pas à grand-chose pour le moment. Je ne comprends pas. Je ne parviens pas a déterminer une utilisation plausible par rapport à la configuration de la pièce. Je ne trouve pas. Pour moi, ce n’est pas une simple bande sur le sol qui va empêcher un quelconque passage. Et sinon, je ne vois pas pourquoi il serait nécessaire d’utiliser un tel moyen pour séparer une pièce en deux parties. Pour moi, c’est inutile. Et quelque peu étrange, également.

Ce n’est qu’en voyant Malo se précipiter vers le fond de la pièce que j’ai remarqué qu’elle n’est pas totalement vide. Un pokémon dans un bien triste état se trouve là. Tout au fond. Il semble nous ignorer totalement. Je ne suis pas un grand spécialiste, mais il me semble qu’il s’agit d’un Vortente. Je crois que j’en ai déjà vu en image, lors d’une recherche sur Internet. Toutefois, il n’a pas l’air très en forme. Bien au contraire, même. Le jeune homme s’est agenouillé auprès de la créature. Je ne sais pas ce qu’il fait. En quelques bons, la Feunard s’est précipitée aux côtés de l’adolescent, visiblement bien décidée à faire quelque chose. À la demande de mon amie, j’ai hoché la tête. J’ai alors libéré mon propre pokémon, Wattoo le Pharamp, en espérant qu’il pourrait m’aider au besoin. Autant qu’il soit à mes côtés. Au moins, en cas de problème, il sera déjà présent pour aider.

« — Je m’en occupe. Fais attention de ton côté. »

Je ne sais pas si elle m’a réellement entendue. Déjà quand j’ai hoché la tête, elle avait tourné les talons pour se diriger vers la seconde porte. Je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’il se passe dans l’autre pièce, et de me questionner sur ce à quoi elle ressemble. Après un haussement d’épaules, j’ai rejoint Malo. Sans précipitation, afin de ne pas effrayer la créature. Le spectacle est encore plus dur lorsque l’on s’approche. Le pauvre pokémon est en bien plus mauvais état que je ne l’avais estimé au départ.

« — C’est un Vortente ? Il se passe quoi ? »

C’est alors que je remarque que l’adolescent est en train de tenter d’ouvrir une sorte de capsule opaque, plus ou moins de la même taille qu’un ballon de handball. Je me demande bien ce qui peut se trouver à l’intérieur. Est-ce que l’objet était précédemment entre les pattes du pokémon ? C’est probable. C’est donc cela qu’il tente de faire depuis que je l’ai entendu dire qu’il allait lui venir en aide ? Possible. Mais visiblement, la capsule est bien scellée.

« — Attends, tu veux de l’aide ? Tire d’un côté, je vais prendre l’autre. »

Je n’ai pas beaucoup de muscles, mais avec un peu de chance nous allons pouvoir réussir en unissant nos forces. Et au pire, si je ne parviens à rien, je sais que je peux compter sur la force de mon Pharamp. Il est bien plus fort que moi. Il n’y a pas le moindre doute à avoir là dessus. Mettant mes mots à exécution, j’ai attrapé un des côtés de la capsule, et j’ai commencé a tirer pendant que l’adolescent en faisait de même de son côté.

« — Grmmbllb... Mais c’est dingue ! Comment ils l’ont fermé ce truc pour que ce soit aussi difficile ? »

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Aie.

Je ne suis pas vraiment serein dans cette histoire. Déjà qu’en temps normal il est rare que je le sois, et bien là c’est encore pire. Toutefois, je fais un effort. Parce que je n’ai pas trop le choix. Je ne peux pas demander à mon amie Lenna ou à Malo, cet adolescent que je viens tout juste de rencontrer, d’être suffisamment courageux pour compenser ma couardise naturelle. Non. Je dois serrer les dents et donner l’impression que je n’ai pas envie de prendre mes jambes a mon cou pour me barrer d’ici ou que je ne rêve pas de me mettre en boule pour laisser couler toutes les larmes de mon corps. C’est donc pour cette raison que je me suis avancé à la suite pour veiller sur Malo et les pokémons, à la demande de mon amie. Lorsqu’il a tenté d’ouvrir une sorte de capsule, sans grand succès, je me suis approché davantage encore afin de lui proposer mon aide. Bien que je ne sois pas très musclé, je pense qu’en unissant nos forces nous avons tout de même un peu plus de chances de réussir. Mais j’avais à peine commencer à tirer, que le Vortente s’est mis à nous charger. Merde. Je l’avais totalement oublié ce dernier. Sous le coup de la surprise plutôt que sous la violence du coup, j’ai perdu l’équilibre. J’ai eu beau battre des bras comme un Poussifeu tentant de décoller, je me suis tout de même écrasé contre le sol, réveillant et créant de nouvelles douleurs dans mon corps.

« — Aie ! »

Ce léger cri, je n’ai pas pu le retenir. Et juste après, tout s’est enchaîné. Beaucoup trop rapidement pour que je ne puisse suivre avec précision le déroulé des évènements. La Feunard de Lenna s’est interposée entre la créature agressive et nous-mêmes, afin de nous protéger de la suite des assauts. La capsule était tombée plus ou moins à mi-chemin du Vortente et de notre petit groupe. Derrière, la porte par laquelle nous sommes entrés dans cette pièce s’est fermée brusquement. Je n’aime pas ça. Cela me fait directement penser aux moments critiques dans les films d’horreur, lorsque tout se referme sur les pauvres victimes qui ne savent pas encore comment elles vont mourir. Je ne sais pas si elle est verrouillée, mais je suis presque certain que ça doit être le cas. Je ne vois pas pourquoi elle se serait refermée aussi brusquement sinon. Et encore plus soudainement, juste devant nous, sous les pattes de la Feunard et jusqu’à la ligne de démarcation que j’avais trouvé étrange en arrivant, le sol s’est mis à changer. On aurait dit que de l’électricité le traversait désormais. Et au regard de la réaction de la créature de glace, ce n’est pas seulement une impression. Réactif, l’adolescent a demandé à son pokémon de recouvrir le sol avec de la boue afin de nous permettre de rejoindre la partenaire de Lenna. Ne pouvant pas se débrouiller tout seul en raison du poids de la créature, et surtout de son envergure, il m’a demandé de l’aide. Ce n’est pas trop rassurant comme truc. Je me demande si la boue peut vraiment tenir. Tout en me relevant avec une grimace, j’ai appelé Wattoo, mon Pharamp, qui était resté un peu en retrait de tout cela.

« — Watt’, aide-nous a ramener Feunard de ce côté de la salle. »

Heureux de pouvoir aider, le Pharamp s’est précipité sur le sol électrifié. Aucun danger pour lui, plus le voltage est haut, plus il s’éclate. Il nous a alors aidés à sortir le pokémon glace. Mais ça n’arrange pas le reste de nos affaires. Il reste encore le problème du Vortente et de sa capsule. D’ailleurs, je remarque en même temps que l’adolescent m’en fait part que cette dernière a légèrement commencé à s’ouvrir. C’est dingue. Avec toute l’énergie que l’on a déployée pour tenter de l’ouvrir, il a suffi d’une simple chute pour obtenir davantage de résultats que nous...

« — C’est abusé... Mais oui, il va falloir la récupérer. On ne peut pas la laisser la au milieu. Et puis ce pokémon, il a l’air d’y tenir. Lui aussi il tentait de l’ouvrir quand on est arrivé, non ? »

Le seul truc qui m’inquiète, c’est que le pokémon est agressif. Il ne nous quitte pas des yeux. Il est sur ses gardes. J’ai remarqué qu’il est enchaîné, mais cela ne l’a pas empêché pour autant de nous charger. Je me demande de quelle amplitude il dispose pour agir. Je ne tiens pas vraiment à ce que l’on fasse foncer dessus une nouvelle fois. Et pour autant, on ne peut pas non plus se contenter de faire demi-tour et de fermer les yeux pour tenter d’oublier tout ça. Ce pokémon, il est prisonnier de la team Mistral, et je refuse de les laisser faire du mal a une pauvre créature qui n’a rien demandé.

« — Je ne sais pas si tu as un moyen de nous protéger pendant que l’on s’approche ? Parce que de mon côté je risque de faire plus de mal qu’autre chose a ce pauvre Vortente. Mais on ne peut pas y aller sans protection, il a l’ai beaucoup trop apeuré, il risque de réagir violemment sans chercher a comprendre nos intentions. »

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