C’est aujourd’hui, ton premier jour à l’académie. Plus question d’être l’incapable que tu as été, place à la nouvelle Vulki, celle que l’histoire retiendra dans les livres ! Remontée à bloc, tu t’avances prestement dans les longs couloirs, résolue à te présenter à ta nouvelle classe comme il se doit. Quelle salle t’avait-on indiquée, déjà... deux-cent... quatre ? Mais toutes les salles dans ce couloir commencent par cent...

- ... Me suis trompée d’étage, awh !

Il est déjà l’heure, vite, les escaliers... paniquée, tu commences à suer à grosses gouttes et te mets à courir dans les couloirs déjà vides, cherchant les marches que tu grimpes par quatre pour arriver au bon étage. Heureusement, trouver la salle n’est pas très compliqué une fois au bon endroit, et la porte est encore ouverte. Un peu essoufflée – malgré toutes tes efforts pour le dissimuler – tu passes la tête dans l’embrasure avec un petit « pardon pour le retard... », attendant que le professeur t’invite à rentrer.

- Oh, tu es la nouvelle ? Entre, viens te présenter.

Tu t’exécutes, l’échine légèrement courbée en repentance pour cet acte impardonnable que d’arriver en retard son premier jour. Il faut se présenter, maintenant ? Timidement, tu relèves la tête, dévisageant le petit groupe d’étudiants.

- V... Vulki Foèn. J’arrive aujourd’hui... merci de m’accueillir dans votre groupe.
- Bien, va-t-installer. Oh, et on ne joue pas avec ses pokémons en cours, range-moi ça.
- Hein ?

Tu avais presque oublié ta petite partenaire cramponnée sur ton épaule. Elle adore cette veste au polaire, impossible de l’en déloger. Mais si le professeur insiste, il va bien falloir qu’elle rentre dans sa balle... Tu t’excuses et fouille ton sac pour rappeler la petite bête, puis va trouver une place au second rang. Il y en a plusieurs de libres, mais aucune isolée, obligée de se mêler à la foule. Cette fille blonde fait moins peur que les autres, ça devrait aller. Le cours se déroule sans accrocs, le professeur va vite, mais tu parviens à noter l’essentiel. C’est très théorique, ça porte sur les méthodes d’entrainement. Tant mieux d’un côté, sans pratique, pas de risque de se donner en spectacle. De temps à autre, tu laisses trainer un regard du côté de ta voisine, qui elle ne semble pas se prendre la tête à noter des choses. Peut-être qu’elle est tellement intelligente que ce cours est déjà trop facile pour elle ? Peut-être que tu pourrais demander conseil... mais avant, tu dois d’abord prouver que tu peux y arriver par toi-même !

Une fois le cours terminé, tu décides donc d’aller à la bibliothèque chercher de quoi te potasser un peu. Tu ne sais pas encore sur quel sujet, mais peu importe, le savoir n’est jamais perdu, jamais inutile ! Il faut juste... savoir comment l’utiliser... c’est sur ça qu’il te faudrait de l’aide, en fait. Heureusement, tu te souviens où est la bibliothèque, tu l’avais aperçue à ta première venue. Statitik profite du trajet pour ressortir de sa cachette et reprendre sa place sur ton bras, on dirait presque une mascotte mignonne comme on en trouve tout plein dans les magasins en ville.

- C’est vrai, il va falloir t’entrainer si on veut progresser et se faire de nouveau amis.
- ... owo ?

Elle n’a pas l’air de saisir le concept, ça te fait sourire. Tu ne devrais pas, ça va compliquer la tâche... enfin, peu importe. Faire les choses sérieusement d’abord, étudier jusqu’à en perdre connaissance !... ça aussi on va éviter, finalement.


Arpentant les rayons, tu cherches sur les étagères une rubrique qui pourrait t’intéresser. Celle-ci parle des combats et de l’utilisation des capacités. Il y a aussi plein de livres sur la coordination, c’est les gens qui font des spectacles à la télé non ? Peut-être que ça pourrait être intéressant, juste pour voir...

Curieusement, tu tentes d’attraper le livre, mais le problème quand on fait un mètre quarante-sept (et demi), c’est que l’étagère du haut, même sur la pointe des pieds, c’est un peu comme décrocher une étoile. On croit très fort qu’on va y arriver, mais au final on brasse du vent. Heureusement qu’il n’y a personne pour te voir sautiller comme ça devant le rayon... n’est-ce pas ?

Malgré quelques sautillements, effleurer la reliure des ouvrages était le mieux que tu parvenais à faire. Il doit bien y avoir une échelle, ou un tabouret quelque part, mais il n’y a pas l’air d’en avoir dans cette rangée. Remuer toute la bibliothèque pour ça, c’est pas non plus l’idée la plus géniale qui soit... Alors que tu désespérais et maudissait la génétique, une personne approcha et vint décrocher le livre que tu essayais d’attraper.

Flute, elle le voulait aussi ? Etonnée, tu tournes tes yeux sur la nouvelle venue, une grande femme avec des cheveux roses. Elle te tend le livre à ta hauteur, un sourire amical aux lèvres. C’est marqué sur ta tête, que tu es nouvelle apparemment... ou peut-être juste qu’elle travaille ici et qu’elle a une très bonne mémoire, c’est vrai qu’elle a l’air plus âgée. Comme une vraie femme... si seulement tu pouvais ressembler à ça plus tard.

- Oui, c’est celui-là... j’ai vraiment tant l’air d’une nouvelle que ça ?

Awaah ! Fallait le garder pour toi ça ! Heureusement, la jeune femme n’a pas l’air de le prendre mal, ce n’était pas bien méchant. N’empêche que, ta réputation, elle va pas tenir longtemps si tu te grilles avec des maladresses dès ton premier jour. C’était déjà pas fin de se tromper de salle...

Oh, tant qu’elle était-là, il y avait autre chose que tu voulais lui demander. Les autres livres, ils sont un peu hauts aussi, autant les prendre maintenant puisqu’elle est là. Ce n’est pas bien d’abuser de la gentillesse des autres, mais c’est un peu leur faute de ne pas adapter les bibliothèques aux personnes comme toi dans un sens, alors ça passe...

- En fait, j’aurais voulu... un autre livre ou deux, ils sont juste à côté...

Et c’est à ce moment que Titik entre en scène ! Elle voyait bien que tu avais du mal, la petite, alors toute contente de pouvoir se rendre utile, elle tira un fil de sécrétion vers l’ouvrage que tu avais repéré un peu plus tôt. Résultat, après un petit coup sec et un peu de résistance, le gros bouquin de cinq-cents pages bascula de son logement et s’étala sur ta petite tête rose - Aieuh ! - avant de finir sa course aux pieds de l’autre fille.

- Il pleut des livres...

C’est donc la colère du dieu de la bibliothèque qui te punis ? Massant ton crâne endoloris d’une main, l’autre tenant le premier livre contre toi, tu réalises que c’est bien un de ceux que tu voulais décrocher. Encore heureux, manquerait plus que ce soit pas le bon, il faudrait en plus le remettre là-haut ! Tu ramasses prestement ce qui était tombé, puis indique à la demoiselle le dernier qui avait attiré ton attention. Celui-là, au bout de l’étagère derrière. Ils ne parlaient pas tous du même sujet, mais c’était un peu par curiosité personnelle aussi, et puis, tu aurais du temps pour les feuilleter plus tard, ça peut toujours servir. Et surtout, ça éviterait d’avoir à revenir et galérer à atteindre ces fichues étagères trop hautes.