Fatigué de sa longue journée, le soleil disparaissait sous l’horizon en laissant son empreinte dorée dans le ciel du soir. C’est joli un crépuscule... on doit en voir souvent quand on voyage, pas vrai ? Ton regard rêveur s’égare, se noie dans cette palette de couleurs froides chaleureuses à la fois, alors qu’une brise fraiche venue la mer te caresse la joue et fait bruisser les feuilles des arbres bordant le chemin. C’est agréable, mais tes jambes ont du mal à te porter après cette escapade dans le sud de la région, tu as hâte de prendre le bus pour rentrer chez toi. L’arrêt est juste un peu plus haut, au sommet de cette bute. C’est pénible de grimper jusque-là, même avec tout le courage qu’il te reste, c’est comme si on t’enchainait des poids de vingt kilos à chaque jambe. Bon, c’est surement exagéré, avec un handicap pareil tu ne bougerais surement même plus...
Tout en te trainant péniblement jusqu’en haut de la rue, tu vois un bus passer et s’arrêter là-bas, avant de repartir. Tant pis... tu attraperas le prochain. Courir maintenant, c’est au-dessus de tes forces après tout... vingt-minutes à attendre, tant qu’il y a un banc, c’est pas la mer à boire. Heureusement, la pente s’adoucit un peu et tu arrives enfin à l’abri, te laissant tomber mollement sur la plaque en ferraille en gémissant. Il n’y plus personne à attendre, ça donne envie de juste t’affaler en attendant que le temps passe. Faut pas, mais il a fait tellement chaud toute la journée, alors après avoir autant marché... la seule chose qui te faisait envie c’était un bon bain chaud et t’étendre sur ton lit pour ne plus bouger.
- Il est quand le prochain... ... eh ?
Ton cœur rate presque un battement en lisant le panneau. La fatigue te joue des tours, tu as cru voir qu’il n’y avait plus de bus ce soir... ahaha. Sauf que, même en te frottant les yeux et en regardant l’affichage bien en face, il ne changeait pas d’une lettre.
- Me dis pas que... j’ai raté le dernier ? Je vais devoir rentrer à pied... ?
Tu tournes la tête en panique de l’autre côté, juste à temps pour voir le véhicule tourner à un carrefour et disparaitre derrière les bâtiments. C’est bizarre, sous l’effet de la fatigue tu mets un peu de temps à réaliser ce qui se passe, ça te fait positiver. Statitik est calmement cramponnée sur ton bras, échangeant un regard circonspect avec toi. Il doit surement y avoir une autre ligne encore en service, et on n’est pas si tard que ça... enfin, bientôt vingt-heures quand même. Tu lâches un soupir en te relevant. Ton aventure avait si bien commencé, et maintenant... tu allais devoir dormir dans la rue ? Tu trembles un peu, sans trop savoir quoi faire. C’est vraiment... vraiment pas cool, comme nouvelle. Mais si tu cours assez vite, tu peux peut-être arriver à le rattraper, ou au moins une autre correspondance ? L’idée est stupide, mais l’adrénaline éclate et tu t’accroches à ce petit espoir pour te lancer de toutes tes forces dans la course.
Le problème avec l’adrénaline, c’est que ça s’épuise très vite, et après quelques secondes à peine, tes poumons te brûlent et tes jambes perdent leurs sensations, comme si tu ne sentais plus le sol sous tes pieds. Et c’est pile à ce moment qu’une silhouette que tu n’avais pas vu venir apparait dans ton champ de vision, et incapable de l’éviter, tu t’étales violement sur elle en la renversant.
- Atten... tion...
Mais ça, fallait le dire avant. C’était tellement brusque tu n’avais pas eu le temps, et ton souffle trop court sur le moment ne t’aurait pas permis beaucoup mieux de toute façon. Si ta chute a été amortie par le corps de la demoiselle que tu as percutée, cette dernière n’avait pas eu ta chance. Et là, c’était autrement plus grave que rater un bus, si elle était blessée par ta faute !
- Je... vous n’avez rien ? Je peux appeler une ambulance si ça va pas...
Te voilà toute penaude, alors qu’elle reprend ses esprits. Pourvu que ça ne soit rien, vraiment. Pas envie d’avoir un accident sur la conscience. Nerveuse, tu ne sais pas où mettre tes mains, alors tu cramponnes ton t-shirt, te demandant si tu ne devrais pas mettre en pratique ces gestes de premiers secours qu’on t’avait appris mais dont la fonction pratique t’avait complètement échappée sur le moment. Elle n’a pas l’air d’être inconsciente, mais on sait jamais. Là, on est à deux doigts de la crise de panique.
Après avoir fait le tour du monde, tout ce qu'on veut c'est être à la maison
Il est plutôt tard. Le soleil, à l’horizon, descend déjà, pour aller se coucher tranquillement de l’autre côté de la Terre. Les ombres s’allongent, les nuages se colorent d’un joli rouge-orangé, agrémenté de quelques touches de rose, par endroit. Le ciel est beau, au crépuscule. Farfalla trottine à côté de moi, à mon rythme. Je marche d’un bon pas, non que je sois pressée, mais j’ai toujours eu un pas plutôt rapide. Quelquefois, lorsque je me perds trop dans mes pensées, le regard dans le vite, Farfalla vient doucement se frotter contre ma jambe pour me rappeler sa présence. Mais nous sommes bientôt arrivées. L’appartement n’est plus très loin.
La librairie a fermé tard, aujourd’hui. Normal, c’est samedi, et on ferme toujours un peu plus tard le samedi. Alors, le temps d’aller chercher à manger, pour ne pas devoir faire la cuisine en rentrant, je suis toujours dehors à cette heure-ci. Il fait encore très bon, d’ailleurs, les journées se réchauffent petit à petit. Ça ne me réjouit pas vraiment, mais là maintenant, j’apprécie la douceur de l’air. Ça ne donne pas tant envie de rentrer, mais Ellende doit m’attendre. Et puis, elle doit avoir faim. Si ça se trouve, elle est plus pressée que je ramène à manger, que de me voir moi. Non, j’en sais rien, en vrai. Je ne suis pas dans sa tête.
Soudain, quelqu’un me fonce brutalement dedans. L’instant d’après, je sens la dureté du trottoir sous mon dos, la brûlure du bitume qui m’a éraflé sur la main droite. J’ai essayé de me retenir pour ne pas me faire trop mal, et ça a l’air d’aller. Je crois. Au moins, je n’ai pas perdu connaissance. J’ai mal au dos, tout de même, mais ça devrait aller. En levant le regard, je vois alors celle qui m’a percutée, un regard inquiet, et même plutôt affolé, au fond des prunelles.
« Je... vous n’avez rien ? Je peux appeler une ambulance si ça va pas... »
Je me redresse, pour m’asseoir sur le bitume, d’un geste prudent. Je crois qu’à part ma main éraflée, je n’ai pas de blessures, et je secoue la tête pour répondre à l’adolescente qui se tient devant moi.
« Ça va, ne t’inquiète pas. Je suis désolée, je ne t’avais pas vue… »
J’aurais dû faire plus attention, au lieu d’avoir encore la tête dans les nuages. Je ne fais jamais attention, je suis trop distraite et surtout maladroite. Je me cogne partout, d’ailleurs. Cette fois, c’est à une fille que je me suis cognée, et à cause de moi, on est tombées toutes les deux. C’est malin. Je me relève pour de bon, aperçoit mon sac de nourriture qui gît sur le sol juste à côté, et Farfalla qui ne sait plus si elle doit le renifler et le fouiller ou s’enquérir de mon état. Je m’approche d’elle, la caresse pour la rassurer, et récupère le sac. Je ne sais pas dans quel état est la nourriture, mais tant pis. Je n’aurais pas dû être si distraite.
Je sens le regard de l’adolescente, me redresse à nouveau pour me retourner vers elle. Je suis confuse et gênée, je m’en veux de l’avoir bousculée.
« Tu ne t’es pas fait mal non plus, au moins ? »
Mes mains sont moites, et les ongles de celle qui tient le sac se serrent contre ma peau. Ce contact me rassure, ou plutôt, me déconcentre de ma gêne. Mon regard est mobile, n’ose pas se fixer sur elle, et finit par se poser à nouveau sur Farfalla, qui s’approche d’un petit être jaune, curieuse. Intéressée moi aussi, je détaille un peu plus le pokémon, probablement celui de cette dresseuse. Je crois que c’est un Statitik, Ellende a déjà dû m’en parler. C’est un pokémon insecte en tout cas, j’en suis certaine, et c’est dommage qu’Ellende ne soit pas là pour le voir. En tout cas, il est vraiment mignon. Mais je rattrape Farfalla et la prend dans mes bras, on ne sait jamais qu’elle ait une soudaine envie de jouer et de chasser ce pauvre petit insecte.
Le miroir brisé, la malédiction rose bonbon... pourquoi à chaque fois que tu essayes de faire quelque chose tu finis par te prendre les deux pieds dedans et entrainer les autres avec toi ? Ce voyage se passait juste trop bien pour le moment, fallait bien que ça arrive. Tu oses à peine regarder la fille en face, priant juste pour qu’elle n’ait rien de grave en serrant les poings fort. Si fort qu’ils te font presque mal.
- Ça va, ne t’inquiète pas. Je suis désolée, je ne t’avais pas vue…
Elle n’est pas blessée, pour de vrai ? Timidement, tu hoches la tête pour dire que tu as compris, même si tu es toujours un peu inquiète, elle dit peut-être ça juste pour éviter que tu paniques encore plus. Et si c’est ça, bah ça ne marche pas vraiment... Tu as un peu peur qu’elle t’en veuille vraiment et te crie dessus d’un coup, mais... non, elle n’a pas l’air d’être ce genre de personne. C’est rassurant un peu, parce que tu ne saurais pas du tout comment gérer ça si c’était le cas.
Après coup, elle se relève et tu l’imites sans te faire prier, bien contente de quitter ce trottoir inconfortable. Tu titubes un peu, tes jambes sont un peu raides, et puis tu remarques le petit sac de courses qui traine par terre. Il a dû se renverser dans la bousculade... awh. Tu aimerais bien l’aider pour réparer ta bêtise, mais tout bien réfléchi, c’est mieux de ne rien faire pour ne pas provoquer une autre catastrophe.
- Tu ne t’es pas fait mal non plus, au moins ? - Non non, je vais bien, c’est gentil de t’inquiéter pour moi...
Son attention te touche sincèrement et te fais sourire, mais il n’y a vraiment rien de mal pour toi. Eprise par la gêne, tes doigts cherchent un endroit où s’accrocher, et ton regard dérive inconsciemment jusqu’à tomber sur une petite boule de fourrure rose aux pieds de l’adolescente. C’est un skitty ça, il est à elle ? En tout cas, quelque chose semble l’intéresser fortement... et ce quelque chose est une toute petite bête jaune que tu connais bien. Statitik ? On dirait qu’elle veut le provoquer, à sautiller frénétiquement devant le félin en poussant ses petits cris aigus – mais toujours aussi adorables. Heureusement, la dresseuse de skitty la récupère dans ses bras avant qu’il ne se passe quelque chose.
- Allez arrête-ça s’il te plait, tu embêtes les gens...
Le petit insecte a l’air contrarié, mais elle revient s’accrocher sur toi quand tu te penches pour la ramasser. Skitty ne lui plait pas ? Pourtant, toi tu le trouves mimi, puis c’est un pokémon d’Hoenn alors ça te rappelle la maison. Ça en fait beaucoup que tu rencontres dernièrement, ça fait drôle, toi qui pensais être perdue et ne plus rien reconnaitre, tu t’étais bien trompée. Finalement, les chamailleries de ces deux-là t’avaient distraite un peu de ta gêne et détendu un peu l’atmosphère, c’était une bonne chose. Et puis, en remontant vers le skitty, ton regard s’arrêta sur les mains de l’adolescente en face de toi... on dirait que c’est écorché, il y a même un peu de sang.
- Je... je peux voir tes mains ? Tu t’es fait mal en tombant ? Je dois avoir ma trousse de secours quelque part, attends...
Tu commences à remuer dans ton sac, cherchant dans les poches du fond et les différents compartiments. Tu ne l’as pas vidé depuis ton arrivée, alors elle doit toujours y être quelque part. Faut croire que ça t’arrive aussi d’être prévoyante de temps en temps. Bref, tu finis par mettre la main sur cette fiche trousse, non sans avoir manqué de renverser la moitié de tes affaires sur le trottoir au passage. Elle allait surement dire que ce n’est rien du tout, mais c’est important d’au moins désinfecter quand on se blesse. Et puis, c’est une question de principe là, c’est de ta faute si c’est arrivé.
Après avoir fait le tour du monde, tout ce qu'on veut c'est être à la maison
L’adolescente m’assure qu’elle va bien, elle aussi. Tant mieux. Je me sens déjà mal de l’avoir fait tomber, ça suffit. Ça me rassure. Je m’en veux déjà suffisamment… Je suis vraiment idiote. Je serre un peu Farfalla dans mes bras, tandis que l’autre fille récupère son Statitik, qui grimpe à son tour dans ses bras.
« Je... je peux voir tes mains ? Tu t’es fait mal en tombant ? Je dois avoir ma trousse de secours quelque part, attends... »
Et elle se presse aussitôt pour fouiller dans son sac, alors que je lui redis que ce n’est rien. C’est vrai, après tout, je me suis à peine éraflée, c’est pas grand chose. J’ai connu bien pire. Je tire ma manche gauche, par habitude. Réflexe pour cacher les traces qui strient mon bras, dessous, même s’il n’en reste pas grand chose, juste de légères lignes claires. J’ai toujours cette sourde angoisse que quelqu’un les voie, et surtout, sache ce que c’est. Qu’il me juge. Alors que j’ai changé, je...
Elle se relève, une bouteille d’antiseptique à la main. Les doigts de ma main gauche pianotent nerveusement sur ma manche, pardessus les lanières du sac, tandis qu’elle me lance un regard insistant. Finalement, je déplace le poids de la Skitty du côté gauche, pour tendre à moitié ma main droite.
« Merci, mais c’est rien, je t’assure… C’est moi, je suis désolée, j’aurais dû regarder où j’allais… »
Dans un sens, on tourne en rond, un peu. On s’excuse, toutes les deux, alors que, c’est peut-être la faute de personne. Enfin, non, c’est ma faute. C’est toujours ma faute. Farfalla miaule et saute hors de mes bras, pour se rapprocher à nouveau du Statitik. Elle le renifle avec attention, sans vraiment trop s’approcher. Comme si le toucher l’empoisennerait, ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas un pokémon de type poison, pourtant, mais elle fait ça avec tout ce qu’elle ne connaît pas. Après avoir passé le stade de se cacher, bien sûr. Pire que moi, parfois.
« Farfalla, s’il te plaît, laisse-le tranquille. »
L’adolescente finit de désinfecter ma main, et je me dégage doucement. Je me rapproche de ma Skitty et lui caresse la tête.
« Oui, elle est mignonne, mais elle ne veut pas jouer avec toi, je crois. »
Ce n’est rien, tu sais ? Pourtant, tu le fais quand même, comme si le geste comptait plus que l’acte en lui-même. Tu es têtue, parfois avec des choses qui n’ont pas vraiment de sens, parce que ça te tient à cœur. La jeune fille semble mal à l’aise, elle tire sur la manche longue de son haut, hésite à se laisser faire avec son pokémon toujours dans les bras. Ne sois pas timide, ehe~ Ce n’est que de l’eau oxygénée, ça ne fait pas mal.
Quand elle finit enfin par amorcer un geste vers toi, tu prends sa main et commence à nettoyer ses éraflures avec le spray et un bout de coton. Elle n’a rien de grave, mais elle saigne un peu sur le côté, sûrement là où elle avait amorti sa chute sur le bitume. Même les plus petites blessures méritent d’être soignées. On ne sait jamais quand cette égratignure qu’on croyait insignifiante pourrait te rendre gravement malade un jour. Petite, tu te blessais souvent en jouant avec les pokémons... avec Nine aussi, il t’avait fait tomber plus d’une fois. Tu avais vu ta mère faire ces gestes tant de fois, les reproduire n’était plus un problème aujourd’hui. On ne croirait pas, en te voyant... parfois, on n’imagine pas quelles cicatrices se cachent là où on ne peut pas les voir, pas vrai ? Peut-être que c’est la même chose pour cette fille.
- C’est moi qui n’ai pas fait attention parce que je courrais pour rattraper le bus... donc tu n’as pas à t’excuser, vraiment. Je suis contente que tu ne sois pas en colère contre moi.
Tout en parlant, tu lui souris sincèrement, encore gênée de ta maladresse. Pendant que tu termines de t’occuper d’elle, ajoutant un petit pansement sur sa blessure, la skitty saute des bras de sa propriétaire pour retourner voir ta statitik. Décidément, c’est une obsession... Revoilà qu’elle siffle et se fait renifler comme un objet de curiosité. Pour s’extraire, elle saute sur ta jambe sans avertissement, ce qui te colle un frisson et te fait presque tomber par terre.
- Wah ! Tu chatouilles, arrête !
Elle a l’air contente d’elle, en plus... tu soupires. L’adolescente récupère une fois de plus sa partenaire, la gratifiant d’une caresse pour l’apaiser.
- Oui, elle est mignonne, mais elle ne veut pas jouer avec toi, je crois.
La concernée approuve en sifflant ostensiblement sur le félin. C’est plutôt une pichenette qu’elle mériterait, la tienne.
- Idiote, t’as qu’à te faire manger par la Farfallala !
Sifflement d’horreur. Elle n’allait pas vraiment la manger, hein ? C’est bizarre, pourtant elle s’entendait bien avec le dynavolt de Lili, pourquoi la Farfa...lalla de cette fille ne lui plaisait pas ? Même en sachant cela, elle continuait de revenir l’embêter. Elles sont bizarres, ce soir. Tu t’accroupis à ton tour pour voir si tu peux caresser le skitty, tout doucement, en la laissant d’abord renifler ta main pour ne pas l’effrayer.
- T’es toute mimi aussi toi... Statitik est la plus mignonne, mais puisqu’elle fait sa tête de mule ce soir.
Et comme elle n’est jamais loin, elle se faufile sur ton bras pour voir le Farfalahla de plus prêt. Comme si être sur ta main lui donnait plus d’importance, elle toise le chaton avec plus de calme que tout à l’heure. C’est plus confortable d’être en haut, hein ? Au moins, elles n’ont pas l’air de se chamailler, tu te sens rassurée.
Mais en fin de compte, peut-être que tu ne devrais pas. Pourquoi ? Tu ne sais pas, un mauvais pressentiment. Peut-être parce qu’elle vient de sauter sur la tête du félin sans crier gare...
Après avoir fait le tour du monde, tout ce qu'on veut c'est être à la maison
« C’est moi qui n’ai pas fait attention parce que je courrais pour rattraper le bus... donc tu n’as pas à t’excuser, vraiment. Je suis contente que tu ne sois pas en colère contre moi. »
Cette situation me perturbe. D’habitude, les gens acceptent mes excuses, parce qu’ils sont égoïstes et bien contents de rejeter la faute sur les autres, que ce soit vrai ou non. Mais là, c’est comme si on voulait s’excuser plus l’une que l’autre, comme un combat d’excuses. Ça en devient ridicule, et un peu embarrassant. Heureusement qu’on a deux pokémons pour détourner l’attention…
La Statitik siffle sur Farfalla, et se fait aussitôt gronder par sa dresseuse.
« Idiote, t’as qu’à te faire manger par la Farfallala ! »
Alors la Statitik recule, effrayée, tandis que la jeune fille boude quelque peu son pokémon. Elle tend la main tout doucement pour essayer de caresser Farfalla, qui se tient précautionneusement à une distance de sécurité. La dresseuse n'a pas l'air méchante, mais c'est une inconnue, et elle n'ose pas accepter la main si facilement.
« T’es toute mimi aussi toi... Statitik est la plus mignonne, mais puisqu’elle fait sa tête de mule ce soir. »
Farfalla se contente de renifler, toujours méfiante. Je suis là, tout près d'elle au cas où, mais je la laisse se débrouiller seule. Je ne pense pas qu'il y ait de danger. Par contre, ce que je n'avais pas prévu, c'est que la Statitik grimpe sur le bras de sa dresseuse pour ensuite, soudainement, sauter sur la tête de Farfalla qui, bien sûr, se met à pousser quelques cris affolés. Ma Skitty fait des tours sur elle-même en agitant la queue, essayant de déloger l'insecte, mais ce dernier est tenace. J'essaie de rester calme, pour ne pas affoler Farfalla plus encore, et je m'accroupis près d'elle en essayant de la calmer. Je ne fais de nouveau plus attention au sac de nourriture déjà bien amoché par nos mésaventures.
Dès que l'occasion se présente, j'essaie d'attraper la Statitik, pour la décrocher de ma pauvre Skitty. Mais ce n'est pas simple, vu comment elle se débat. Elle crie, et mon petit coeur de dresseuse se serre de ne pas arriver à l'aider. Finalement, elle rue comme un Ponyta et l'insecte est éjecté un peu plus loin, tandis que Farfalla, toute tremblante, vient se réfugier contre moi. Je la caresse doucement pour la calmer, mais je fixe droit devant moi, inquiète aussi pour l'autre pokémon.
« Ça va, votre Statitik n'a rien ? »
Farfalla est toujours apeurée, méfiante et tendue, mais elle n'est pas blessée, elle s'en remettra. Alors que le pauvre insecte, lui, s'est quand même retrouvé à faire un vol plané...
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