Dusk Lumiris

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Let it hurt, until it can't hurt anymore - Ft. Ezekiel
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Let it hurt

until it can't hurt anymore


"But how am I supposed to love you, When I don't love who I am? And how can I give you all of me, When I'm only half a man?"

half a man - dean lewis
- Feat Ezekiel & Achille


Les jours passent et se ressemblent (presque) tous.

Tes journées à toi ne sont fait que d’ombre et de ténèbres. Tu te confines dans cette pièce, que tu as décidé volontairement de plonger dans le noir. Les rideaux sont constamment tirés, parce que tu désires littéralement empêcher le moindre rayon de soleil pénétrer dans ta chambre, dans ta vie. A quoi bon, puisque tu es détruit ? Impossible de recoller les morceaux. Impossible de te remettre sur pieds. Tu es fini, et ton état actuel le montre bien. Tu as une sale gueule. Mais tu as moins d’alcool dans le sang. Tu t’es calmé, après ta longue nuit, il y a trois semaines de cela. Tu sais, celle où tu as vu Ezekiel, une deuxième fois dans ce supermarché alors que tu allais faire quelques réserves. Tu te rappelles ensuite, quand tu es rentré chez toi, après qu’il t’ait ramené, tu as descendu ta bouteille de vodka, tu n’as pas dormi de la nuit, et tu as fumé un paquet de clopes. Ah, le matin du n’étais vraiment pas beau à voir. Tu as été sacrément malade aussi. Mais, ça t’a servi de leçon. Parce que tu as fini par te calmer, et réduire ta consommation d’alcool – il faut dire que tu as drôlement amoché ton foie –. Ce n’est pas pour autant que tu es plus heureux.

Malgré tout, tu as essayé d’écrire. De continuer ce que tu as commencé à Feranium. Tu as réussi à écrire quelques lignes en plus – il n’y a pas de quoi être fier –. Tu as envie de finir ce bouquin au plus vite, de l’envoyer à ta maison d’édition. Parce que seulement, et seulement après publication, tu pourras t’en aller en paix – parce qu’il n’y a plus rien qui te retient sur cette planète –. Mais c’est dur, tu as du mal à avancer. A chaque fois que tu essaies, tu la revoies, avec son sourire magnifique, sa voix si douce, cet éclat pétillant qui résidait dans ses yeux, et qui ne la quittait pas. Tu as cette douce image qui te revient dans ton esprit, et qui te bloque, totalement. Tu es soudainement pris d’un sentiment d’angoisse, d’impuissance qui ne te lâche pas des heures durant. Tu as beau te taper la tête dans le mur, rien ne disparaît.

En réalité, tu as peur d’écrire parfois. Parce que les mots que tu déposes sur le papier reflètent tes pensées, et ça te fait peur, ça te consume, ça te tues. Bien qu’ils t’aient sauvé une première fois, ils ne suffisent plus à faire taire cette douleur nichée dans ton cœur. A l’heure actuelle, tu n’as plus aucun moyen de t’échapper, d’oublier ne serait-ce qu’un bref instant toutes ces pensées noires qui agitent ton esprit. Tu n’as personne à qui en parler – mais, désires-tu réellement lâcher ce que tu as sur la conscience en présence de quelqu’un ? –. Tu n’as que trop bien vu le résultat, il y a trois semaines : se confier est dangereux. C’est ouvrir la porte sur l’une de ses faiblesses, au risque que la personne s’en serve contre soi. Oui, tu regrettes vraiment de ne pas avoir su te retenir de parler de tes problèmes – mais, comme il avait fait de même, tu t’es dit que tu n’avais rien à craindre ; quelle grossière erreur –. Il va falloir que tu te mettes à réfléchir un peu plus, Achille, plutôt que de continuer à te bercer de tes propres illusions, car c’est un petit jeu funeste auquel tu es en train de jouer.

Pour ton plus grand malheur, tu commences cruellement à étouffer, dans ton appartement – si sale, si répugnant –. Il y a bien longtemps que tu n’as pas passé un petit coup de ménage, et ta santé en pâtis – la poussière se mêle à la fumée dans tes poumons, et tu manques d’air par moment –. Et puis, tu vois bien que cette situation peine Kyrielle, et que le confort – qui au final n’en ai pas un – que tu essaies de lui offrir n’est pas le bon. Alors, tu décides de t’activer, de te bouger – parce que là, ce n’est plus possible –.  Tu t’armes de tous les produits ménagers, et tu fais ce que tu as à faire. Tu te motives en te disant que quand tu auras fini, tu pourras t’offrir un petit verre de whisky par exemple – l’idée te donne l’énergie de réaliser cette tâche si fastidieuse que tu n’as pas envie de faire ; mais tu n’as pas vraiment le choix en vérité –. Ton logement est plutôt grand, tu passes la majeure partie de l’après-midi à tout nettoyer. Et puis, lorsque le soleil arrive presque au terme de sa course à travers le ciel, l’idée d’aller faire un petit tour te prend.

Tu as toujours préféré sortir la nuit. Au moins, à ce moment de la journée, tu es sûr – ou presque – de ne pas croiser beaucoup de monde, que ce soit dans les rues comme dans les petits parcs. Parce que tu détestes croiser du monde – quand tu te balades, c’est pour être seul, pas pour voir toutes ces têtes inconnues qui te fixent sans une once de décence –. Et puis, parce que tu n’aimes pas trop non plus quand on t’arrête dans la rue, afin de te demander des dédicaces ou de te poser milles et unes questions concernant ta vie. Les autres sont beaucoup trop intrusifs, beaucoup trop curieux – mais, ne fais-tu pas pareil en réalité ? –. En plus, tu aimes marcher, sous la lumière artificielle des lampadaires – elle est douce et apaisante, beaucoup plus que la lumière naturelle –. Tu es un être de l’ombre, tu l’as laissé t’adopter, tu as sombré dans ses bras si attirants, et pour rien au monde tu ne les quitterais désormais.

Une légère brume s’est emparée de la ville, comme bien souvent à Fort-des-Songes. Il fait frais, et on pourrait même croire que le temps est ville s’est arrêtée tant il n’y a aucune activité, aucun mouvement. Les pokémons semblent, eux-aussi, s’être volatilisé. Il n’y a littéralement personne – et ça te convient tout à fait –. Tu erres, tu déambules dans les rues, avant d’emprunter quelques ruelles sombres. C’est ton petit passage, afin d’atteindre ce parc que tu apprécies tant. Ton sac sur le dos, avec, en son for intérieur, une bouteille de Gin, ton carnet et une trousse – tu t’es dit que tu pourrais peut-être trouver un peu d’inspiration –, tu passes le petit portail d’entrée. Un grincement s’échappe, brisant le silence qu’a instauré le brouillard. Les allées sont vides, tandis que tu t’avances. N’importe qui aurait peur de se retrouver seul dans cet endroit bien qu’éclairé. Les zones d’ombres feraient trembler même le plus terrible des adultes. Pourtant, toi, tu te sens bien.

Tu vagabondes, tel une âme en peine. Ta petite fiole à la main, tu arpentes les allées, Kyrielle à tes côtés – tu l’as prise avec toi, parce que la pauvre doit bien prendre un peu l’air aussi. Tu as les yeux dans le vague, tu trébuches de temps en temps, manquant de t’écrouler de tout ton long. Oh, tu n’es pas bourré, pas comme la dernière fois, tu es juste épuisé psychologiquement – tu as très largement dépassé tes limites –. Semblable à un mort-vivant, tu fixes le sol. Tu ne regardes pas devant toi – mais de toute façon, à quoi cela te servirait-il ? Il n’y a personne –. Ta petite Zorua, elle, sautille partout, visiblement très heureuse que tu ais pris le temps de la sortir – quel horrible dresseur fais-tu, tu n’aurais jamais dû accepter de la prendre avec toi, tu ne la mérites pas, elle est beaucoup trop douce, beaucoup trop adorable alors que tu n’es pas capable de lui offrir le strict minimum –.

Une nouvelle gorgée d’alcool qui réchauffe ton être tout entier, un petit rire t’échappe. Tu penses à ce que tu es devenu, à ce que tu aurais pu être si la vie en avait décidé autrement, et ça, c’est drôlement ironique tu trouves. C’est fou comme un simple évènement peu bouleverser des existences, chambouler des âmes qui n’avaient rien demandé. Qu’est-ce que la vie peut être injuste. Mais, tandis que tu es plongé dans tes réflexions nocturnes, ton crâne vient percuter quelque chose qui se trouve devant toi – tu n’étais donc pas seul –. « Putain… » ça t’échappe, naturellement – il faut dire que lorsque tu n’es pas en séance de dédicaces, tu jures à tout bout de champ –. Tu te frottes le visage d’un air las, puis tu relèves la tête – qui donc peut bien se trouver dans un parc à cette heure-ci ? D’habitude, il n’y a que toi –.

La personne est de dos, pourtant tu ne mets qu’un centième de seconde à le reconnaitre ; c’est lui. Tu te recules rapidement d’un pas, un sourire carnassier sur le visage. Il fallait que tu tombes sur lui, encore une fois. Tu commences à croire que c’est une mauvaise machination de ce destin. Pourquoi donc a-t-il décidé de faire croiser vos chemins, une nouvelle fois ? C’est à la fois cocasse, et très dérangeant. Tu soupires un coup, avant de regarder dans sa direction. Dois-tu continuer ta route ? Ce serait probablement la meilleure chose à faire. Mais il y a quelque chose qui t’en empêche, au plus profond de toi. Si ça ne tenait qu’à toi, tu serais parti depuis déjà belle lurette, plutôt que de rester planter là. Et pourtant, tu ne bouges pas.

« Est-ce qu’un jour nos chemins arrêterons de se croiser ? Merde, parce que là, ça commence à faire de trop. » Tu lances ça avec ta voix éraillée et une pointe d’ironie – tu sais que tu risques de finir la tête dans la caillasse, mais actuellement plus rien ne t’atteint, plus rien ne te fait peur –. Tu ferais mieux de partir. Et pourtant, tu ne bouges pas. Tu as juste ce sourire machiavélique sur le visage. Tu le fixes – ça t’amuses visiblement –. « Qu’est-ce que tu fous ici, t’as pas une gosse dont tu dois t’occuper ? » Tu le cherches aussi – tu connais les conséquences possibles, mais tu t’en moques –.

Tu es sarcastique, parce qu’au fond, ce qu’il t’a dit la dernière fois, ça t’a profondément affecté.
Tu es narquois, parce que tu as peut-être envie de lui faire payer ?
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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LET IT HURT, UNTIL IT CAN'T HURT ANYMORE
Theme Song
Feat. Achille Trinisky
I don't want to be a fucking tragedy
S’il y avait un sens à tout cela, tu ne voulais pas le voir.
Tu te fermais les yeux, te réfugiais dans la peur grandissante dans le creux de ton ventre. Tel un enfant désemparé, tu subissais en fermant ta gueule parce que rien de plus n’avait sens. C’était une malédiction, la preuve que tu ne pourrais jamais accéder à un peu de tranquillité. Tu ne demandais pas grand chose pourtant… Le bonheur, tu n’en imaginais même plus la couleur ; tu ne voyais aucune lumière au bout de ton tunnel, de ta nuit infinie. Ton deuil de sa douceur candide était fait depuis longtemps. Seuls les gens bons étaient heureux après tout… Les monstres comme toi ne possédaient pas le moindre espoir d’accéder à un tel degré d’acceptation sur terre. Vous étiez les rebus de cette planète, les parias de l’humanité. Prostituer ton âme et ta conscience ne suffirait à te faire frôler le bonheur du bout des doigts… Tes péchés étaient irrévocables, aucun dieu n’accepterait un jour de pardonner la souillure qui noyait ton corps : l’homosexualité, le mépris, l’enfant illégitime d’une prostituée, l’abandon de ta propre famille. La liste de toutes tes erreurs, de toutes les variables qui t’avaient mené à une telle profondeur abyssale ne connaissait ni fin, ni bienveillance.

Et il avait fallût que tu entraînes quelqu’un dans ton sillage cancérigène.

Trois semaines déjà. Trois semaines que ta conscience de tourmentait, que les souvenirs de vos dernières rencontres jouaient en boucle dans ta tête… Il était lourd, n’est-ce pas, le poids de tes remords ? Tu rendais noir et impur tout ce que tes mains touchaient, tout ce que tes yeux regardaient… Mais même en sachant cela, ça ne t’avait pas suffi. Tu avais récidivé, tu avais enfoncé le clou jusqu’à ne plus en voir la tête. Quelqu’un de fragile était passé entre tes mains meurtrières et tu n’avais pas pu te contenir… Pas une seule fois tu n’avais cherché à fuir le champ de bataille, à minimiser l’impact de ta haine gratuite sur sa personne. Achille était comme toi… Et tu y avais vu une opportunité. L’opportunité de lui faire goûter ta médecine, de lui faire comprendre ce que c’était d’être complètement détruit par la vie. Perdre des gens était une chose, mais se faire violenter et mépriser par ceux qui restaient en était une autre… Et au final, seule la solitude méritait d’être appréciée à sa juste valeur. Elle ne trahissait personne et même si elle finissait par te dévorer à petit feu, sa consumation restait moins douloureuse que des poings te ruant de coups ou qu’un abandon prématuré…

Alors pourquoi étais-tu ici ? Tu te savais à proximité de son appartement. Même si tu ne t’étais pas fait distinctement la réflexion, tu avais laissé tes pas te guider d’eux-mêmes dans le secteur et tu n’avais pas cherché à faire demi-tour. Parce que ça faisait mal. Être le méchant de l’histoire, être le trou de cul de l’anecdote… C’était un sentiment que tu connaissais bien, mais qui ne te laissait plus aussi indifférent qu’à l’époque. Tu avais trop joué, Ezy. Ta jalousie avait laissé les mots dépasser ta pensée. Tu t’étais réfugié derrière ta haine et ta peur parce que tu ne pouvais pas concevoir que cette malédiction puisse en réalité être une deuxième chance… Et même à ce jour, plus d’un mois plus tard, tu ne pouvais imaginer une telle absurdité. C’était de l’acharnement, ni plus ni moins. Alors, putain Ezy, que faisais-tu ici ?

Ta rencontre avec Elyas, une semaine auparavant, avait laissé des marques sur ton visage et dans ton cœur. Même en oubliant l’ecchymose qui ornait magnifiquement ton œil -heureusement, il avait désenflé depuis-, c’était surtout la blessure saignante qui t’empêchait de dormir qui te poussait à te remettre en question. Vous n’aviez pas réussi. Aucun d’entre vous n’était devenu quelqu’un de bien. Elyas, toi et Achille n’étiez qu’une fraction d’un tout beaucoup plus grand et pitoyable encore… Et ça ne te plaisait pas. Votre histoire était une tragédie, un véritable drame dont personne ne sortirait vivant. Même sans avoir revu Carmin, Gladys ou Lucian, tu savais désormais que six étaient esclaves de leur passé. Une part de vous était morte avec Kattie, elle avait entraîné tout votre monde sans sa chute…

Et ça, vous le deviez à la maladresse d’un seul enfoiré, de son unique meurtrier… Bien que Kattie, vous l’ayez tous tué.

Prenant une grande inspiration, tu lèves ton regard vers le ciel quelques secondes. Pourquoi le parc plutôt que sa rue ? Par crainte indécente de réellement le croiser. Une part de toi l’espérait alors qu’une autre craignait cruellement que le pire arrive. Tu ne voulais revoir Achille autant que tu ne le voulais pas. Incohérent, n’est-ce pas ? Le combat qui faisait rage entre tes deux oreilles ne trouvait de logique nulle part dans l’univers. C’était un dilemme honteux, un dilemme qui n’aurait pas dû exister : apprends à le laisser tranquille, c’est tout ce qu’il mérite. À l’inverse, tu n’avais pas besoin de recroiser quelqu’un capable de te faire sombrer à nouveau dans les pires travers de ton esprit et de ton corps… Vous étiez plus heureux l’un sans l’autre. Mais pouvait-on seulement parler de bonheur ? Non. Certainement pas. Disons seulement que vous étiez moins toxiques en l’absence de l’autre.

Arrivant à proximité d’un lac, tu prends une grande inspiration. Tes yeux se perdent dans l’immensité des eaux, un sourire nostalgique s’étire sur tes lèvres gercées. Attirant la pokéball d’Alchemy dans ta main, tu fixes un instant la sphère bicolore avant d’appeler le déshonorant poisson à déshonorante personne. Doucement quiétude volée à l’agitation de la nuit, instant de calme illégitime : tu avais toujours aimé l’eau. C’était ton élément, la seule chose qui mettait tes soucis entre parenthèses. C’était satisfaisant d’admirer le reflet de la lune sur son miroir trouble, d’admirer sa faune tracer sa ligne comme si elle ne connaissait aucune limite. Si tu avais pu renaître, tu aurais aimé être un pokémon eau simplement pour pouvoir disparaître dans les profondeurs abyssales sans craindre la lumière aveuglante du jour. L’infini qui se creusait sous tes pieds lorsque tu nageais ne te faisait pas peur. Elle t’appelait, te réclamait : un jour viendrait où tu retournerais à ta source… Mais pas aujourd’hui, parce que le souvenir de cette putain de promesse ne quittait jamais ton esprit.

Immobile, les mains dans les poches de tes pantalons, tu fixes le barpau avec détachement et envie. L’horrible poisson s’avance d’abord vers toi pour de regarder de son regard vide avant de disparaître sous la surface de l’eau. Tu sais alors que des heures pourront passer que tu ne le reverras pas avant de prendre l’initiative de le rappeler. C’est fascinant n’est-ce pas ? Cette capacité propre aux poissons de pouvoir se soustraire à volonté au regard des terriens…

Te balançant sur tes pieds, tu t’apprêtes à faire le tour du point d’eau afin d’y voir plus clair lorsque quelque chose te rendre dedans. Surpris, tu paralyses alors que tu sors tes mains de tes poches. « Putain… » Ha Ha. Cette voix. Cette fatigue perceptible dans le timbre de cette fichue voix. Te mordant la lèvre inférieure, tu maudis tous les dieux existants pour la réalisation de ton désir inavoué. Si tu avais espéré être riche ou heureux, personne ne t’aurait écouté… Mais lorsqu’il était question de croiser Achille Trinisky, c’était différent. Sacrée délicatesse de la part du destin, tu adorais.

Sentant tes épaules s’affaisser, tu jettes un œil par-dessus ton épaule droite afin d’admirer son visage à moitié caché par l’obscurité. As-tu vraiment envie de cela ? Non. Tu n’as pas envie de te battre avec un riche et dégoûtant homosexuel dont l’existence te rappelle que même au plus haut de ta gloire, tu n’étais rien. Tout comme lui.

Ce que tu détestes le plus au travers Achille, c’est toi-même.
Parce que cet enfoiré n’est pas foutu d’être mieux que toi, d’avoir réussi pour de vrai.

« Est-ce qu’un jour nos chemins arrêterons de se croiser ? Merde, parce que là, ça commence à faire de trop. » Tu ne réponds pas à son sourire carnassier. Te retournant, tu inspires profondément avant de pencher légèrement la tête sur le côté. Ton regard est vide, tes yeux se contentent d’admirer ce cadavre décadent comme s’ils voyaient au travers. Reprends-toi, Ezekiel. Tu ne vas pas le laisser te traiter de cette façon sans réagir, n’est-ce pas ? En vérité, tu es fatigué de tout ça. Trois fois à l’échelle une vie, c’est déjà trop. « Il faut croire qu’il aime bien se foutre de notre gueule… » Tu peux faire mieux. Pourtant, c’est la vérité ; tu ne vois pas d’autres explications. Si vous êtes là, à l’heure actuelle, dans un nouveau face à face cancérigène, c’est parce que la vie se fout complètement de vous ou de vos sentiments. Point. « Qu’est-ce que tu fous ici, t’as pas une gosse dont tu dois t’occuper ? » Tu te sentirais déjà un peu plus confiant si Eden était là pour tempérer cette rencontre. Malheureusement, non. Tel le chien sale que tu incarnes, tu l’as laissé à sa nounou et tu as croisé les doigts pour la retrouver au soir venu.

Glorieux, n’est-ce pas ?
Mais mieux vaut un père absent qu’un père violent.

« Ta sale tronche me manquait donc je me suis dit que je pourrais passer dans le coin histoire de tenter le diable. » C’est comme si tu venais de sortir d’un long, très très long, sommeil. Reprenant contenance, tu réponds à son amusement par un sourire dont l’arrogance jure avec tes yeux vides. Avec l’œil au beurre noir en prime, tu parais plus pitoyable qu’autre chose. « À ce que je vois, tu n’as pas beaucoup évolué en trois semaines. » Ezy. « Enfin, c’est faux. Maintenant en plus d’être complètement minable tu te dois d’être arrogant. T’as vraiment plus rien pour toi visiblement… » Tu passes à l’offensive parce que c’est ce que ta rencontre avec Elyas t’as appris. C’est le plus efficace, la seule façon de ne pas te faire marcher dessus.

Et puis, quand tu as mal physiquement, tu n’as plus mal mentalement.
Et ça, c’est une pause dont tu as désespérément besoin.
(c) TakeItEzy & Ellumya
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Est-ce que tu avais espéré le revoir durant ces trois semaines ?

Ta conscience n’avait cessé de te crier qu’il était tout simplement toxique pour toi – comme tu l’étais pour lui –. Tu t’étais alors borné, obstiné dans cette idée qu’il ne fallait que plus jamais tu viennes à croiser sa route. Et puis, après tout, après ce qu’il t’avait dit, tu avais désormais le droit de le détester, n’est-ce pas ? Tu étais en droit de lui en vouloir, de le haïr au plus haut point – il t’en avait fait voir de toutes les couleurs de par ses paroles tranchantes, et cruelles –. Alors, durant ces putains de trois semaines, tu as essayé de l’oublier, de chasser son image de ta tête, de réduire à néant les mots qu’il t’avait prononcé. Tu étais donc totalement en droit de le provoquer, d’être arrogant – il l’avait bien été lui après tout – ?

Malgré tous les efforts que tu as fournis afin de l’oublier, de l’exécrer, il y a quelque chose au fond de toi qui t’empêche actuellement de bouger. Serait-ce toute cette haine que tu as cultivé vingt-et-un jour durant ? Serait-ce parce que tu as envie de lui renvoyer l’appareil ? Mais ça te ressemble si peu, Achille. On dit que les évènements importants, tragiques, malheureux viennent à changer les hommes ; qu’ils n’en ressortent pas indemnes. Tu n’as visiblement pas échappé à la règle. Pourtant, tout ça, ce comportement, ce sourire carnassier que tu continues d’afficher sur ton visage, ce ton arrogant que tu t’amuses à employer, tout ça et bien ce n’est pas toi. Tu n’as jamais été ainsi – tu as toujours été tout le contraire –. L’alcool et la nicotine ont abîmé le peu de bonnes choses que tu avais encore jusque-là – c’est ce dont tu es persuadé –. Mais, au plus profond de ton âme réside quelque chose de plus fort – quelque chose de bon, quelque chose dont tu ignores l’existence même –. Peut-être un jour arriveras-tu à le découvrir, à l’accepter ?

A l’heure actuelle, tout ce que tu sais, c’est que tu te détestes au plus haut point. C’est quand même triste d’en arriver là, de se haïr soi-même, de se dégoûter, de se répugner. C’est triste de se dire que tu n’envisages plus aucune solution, plus aucune possibilité pour ton avenir tant ton existence même est écœurante à tes yeux. C’est triste de tomber encore plus bas que Terre, sans avoir aucune porte de sortie, personne pour te tendre la main. Et pourtant, c’est bien ton état d’esprit actuel. Heureusement que, actuellement, tu ne tiens pas entre tes mains un révolver, sinon tu te serais flingué bien rapidement d’une balle dans la tempe. Tu es un personnage bien attristant, Achille Trinisky. Désirer du plus profond de son cœur écrire le dernier chapitre de son histoire, personne ne devrait avoir à l’envisager. Pourtant, c’est bien ton cas. Tu voudrais pouvoir écrire le mot « Fin » en bas de la dernière page, et refermer ce livre tragique pour l’éternité.

La lune est éclatante, son reflet dans l’eau s’agitant doucement. Le bruit des feuillages s’agitant lorsque la légère brise de l’automne mourant se fraye un chemin entre les branches. Les étoiles qui scintillent au plus haut dans le ciel. Aucun nuage à l’horizon. Tout est calme. Tout est beau. Et vous, vous êtes comme deux mauvaises tâches qui viennent briser cette harmonie. Vous êtes pitoyables, une nouvelle fois. Vous êtes comme deux impuretés au milieu de ce paysage idyllique. Affligeante vision qui en ferait pleurer les anges. Mais, vous n’y pouvez rien après tout, c’est votre destin, n’est-ce pas ? « Il faut croire qu’il aime bien se foutre de notre gueule… » Oh que oui, qu’il se fout de votre gueule. Il prend un malin plaisir à vous faire vous rencontrer, vous mettre dans l’embarras. Il jouit de ce spectacle calamiteux – quel sadique, ce destin ! –. Il se délecte de votre malheur.

Ton regard se pose sur le fruit de tous tes tourments. Tu es mitigé entre l’envie de lui sauter à la gorge tel un chien enragé, le noyer encore plus profondément sous des paroles tranchantes et désobligeantes, ou l’ignorer, tout simplement, et effacer ce souvenir douloureux que tu as désormais de lui et qui trône dans ton esprit. Tu ne sais pas si tu as envie de le frapper physiquement, ou de le poignarder psychologiquement. Tu ne comprends même pas ce que tu ressens, tant les émotions se bousculent. Es-tu en colère ? Attristé ? As-tu peur ? Est-ce de la haine que tu éprouves actuellement ? C’est un méli-mélo de sentiments qui nouent ta gorge, ton ventre. Un véritable casse-tête chinois dont la résolution semble impossible à trouver – ou plutôt, elle n’existe peut-être même pas –. Et malgré tout ça, malgré tout ce brouhaha intérieur, tu ne fais rien. Tu ne bouges pas, tu ne montre quasiment aucune expression, si ce n’est ce sourire machiavélique.

« Ta sale tronche me manquait donc je me suis dit que je pourrais passer dans le coin histoire de tenter le diable. »  Tu penches la tête légèrement en arrière, et tu ricanes, bêtement. Un rire à glacer le sang – comme s’il venait de lâcher en une petite seconde l’entièreté de toutes ces émotions sombres qui habitent ton être –. Et tandis que ton attention se porte de nouveau sur Ezekiel, son petit sourire qui pue l’arrogance à des kilomètres à la ronde fait apparaitre un rictus mauvais à la commissure de tes lèvres. C’est également à ce moment-là que tu remarques l’étrange couleur à son œil. Tu plisses légèrement les yeux afin de mieux voir, de mieux comprendre. Tiens, tu t’inquiètes encore pour lui ? Mais tu sursautes légèrement lorsque sa voix transperce une seconde fois le silence. « À ce que je vois, tu n’as pas beaucoup évolué en trois semaines.  Enfin, c’est faux. Maintenant en plus d’être complètement minable tu te dois d’être arrogant. T’as vraiment plus rien pour toi visiblement… » Oh que si, tu as changé, en trois semaines. Tu as réussi à te conforter encore plus dans cette idée que tu devais quitter cette planète au plus vite, et tu as appris à le déteste – c’est ce que tu crois –. Puisque comme il vient de si bien le dire, tu n’as plus rien pour toi.

Tu portes ta gourde à ta bouche, avalant une longue gorgée, avant de t’essuyer rapidement avec ton gilet. Une bonne dose de courage, avant de continuer les hostilités – et vous y revoilà, une troisième fois, à jouer à celui qui lancera le plus de piques, et surtout la phrase qui fera déborder le vase –. Une bataille que tu détestes, et que tu t’amuses pourtant à continuer – ton égo te crie de ne pas te laisser marcher dessus –. Mais si vous saviez ô combien vous êtes ridicules – on pourrait presque croire que c’est un mauvais sketch qui va être diffusé prochainement sur le Réseau Dusk –. Si des gens viennent à passer, ils rigoleraient sûrement. Tout ce que vous faites, c’est une exhibition de votre stupidité, un étalage de votre connerie – mais, visiblement, vous n’en êtes pas réellement conscient –. Plutôt que d’agir en adultes responsables, vous vous comportez tels des gamins. Grandir ne vous a pas été bénéfique – mais après tout, vous êtes morts le jour du décès de Kattie, vous ne pouviez pas vous développer normalement après un tel traumatisme –. Finalement, tu as raison. Pour ta part, tu es perdu, et plus rien ne pourra te remettre sur le droit chemin – alors au fond, tu espères que ce sera différent pour Ezekiel –.

« Ohhhh, tu continues de penser à moi, comme c’est adorable ! Je pensais avoir complètement disparu de ton esprit, mais me voilà touché ! C’est une chance inouïe donc, j’imagine ? » Tu es mauvais. Tu es sarcastique. Tes paroles empestent le mépris. « Je vois que toi non plus tu n’as pas vraiment changé, toujours aussi charmant et agréable, que c’est plaisant de te revoir, Ezekiel ! » Tu le fixes, d’un regard encore plus noir que le plumage d’un Cornèbre. « En tout cas, tu as sacrément bonne mine ! » Cette méchanceté gratuite, vraiment, ça ne te ressemble pas. Et pourtant, tout ça s’échappe d’entre tes lèvres comme si tout est normal. Est-ce donc là ta véritable nature ? Es-tu réellement une mauvaise personne au fond ?

Cependant, ton regard, lui, ne quitte pas cette vilaine marque à l’œil d’Ezekiel. Serais-tu en train de ressentir de l’empathie ? Tu secoues doucement la tête. Non, tu ne dois pas. Tu dois rester fort, ne pas faire comme les fois précédentes. Tu avais été trop naïf, trop gentil, trop doux, et tu t’en étais pris plein la gueule. Il est donc temps que tu t’endurcisses, que tu ne laisses plus tes propres émotions prendre le dessus – surtout qu’il ne le mérite pas, n’est-ce pas ? Il ne mérite pas une once de ta sympathie, hein, Achille ? –. Tu serres les dents ; les poings aussi. Tu luttes contre cette vague de compassion qui menace de te submerger. Tu ne dois pas. Surtout pas. Tu détournes alors le regard tout en frottant ton menton avec ta main. « Fait chier. » Tu inspires profondément, avant de planter une nouvelle fois tes yeux dans les siens. « Qu’est-ce que t’as foutu ? Comment tu t’es fait ça, à l’œil ? Tu fais encore plus pitié qu’avant. » Tu passes ta main dans tes cheveux, tu te crispes. Pourquoi n’acceptes-tu pas tout simplement de garder cette bonne facette de toi ? Pourquoi n’acceptes-tu pas tout simplement d’être toi ? Parce que ça te fait trop mal ? Égoïste.

Tu ne penses vraiment qu’à toi.
Et pourtant, y a cette petite lueur de sollicitude qui a réussi à briser ta carapace robuste.  
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I don't want to be a fucking tragedy
Tu sais que vous ne ressortirez pas indemnes de cette altercation.
Que vos mots tranchants comme des rasoirs ne seront pas votre arme unique, que vous risquez de franchir des limites dont vous n’aviez même pas connaissance. La douleur de l’un fait écho à celle de l’autre et c’est ce qui vous rend aussi mal intentionné l’un envers l’autre… C’est absurde. Vous vous donnez en spectacle comme de vrais bouffons et vous aimez ça. Ça vous rend vivants, n’est-ce pas ? Ça vous donne un sentiment de légitimité, une raison d’exister. Vous taper dessus comme des gosses, ça rend tout plus simple. Toi, tu détestais te remettre en question… C’était un sacrifice auquel tu t’étais abandonné beaucoup trop longtemps ; maintenant, tu n’en avais plus rien à faire. Tu voulais que le monde voit ta laideur et qu’il s’en imprègne, que les gens n’attendent rien de toi parce que tu n’avais rien à leur donner. Tu voulais briser l’illusion, cracher sur ton souvenir gravé dans l’esprit des plus naïfs. Tu ne voulais plus que l’on te compare à lui et qu’on se raccroche à sa mémoire…

Et visiblement, c’était quelque chose que tu avais parfaitement réussi à briser auprès d’Achille. Quelle grande réussite, n’est-ce pas ? Quelqu’un avait osé croire en toi et, en retour, tu t’étais empressé de détruire le lien qui vous unissait comme s’il n’était rien. C’était toi tout craché ça. Te reposer sur l’épaule des gens et leur confier une part de toi, ça te faisait peur. Ça faisait naître une crainte considérable dans le creux de ton ventre, ça te rendait malade juste d’y penser. Tu préférais être craint qu’être aimé, c’était beaucoup plus facile à gérer ainsi. La haine des gens était facile à prévoir, facile à cerner… alors que leur affection était beaucoup plus imprévisible et venimeuse. On ne se méfiait pas assez des gens qui nous aimaient… C’était une réalité que tu avais apprise à tes dépends lorsque tes propres parents t’avaient jeté comme un moins que rien. C’était la raison pour laquelle tu ne voulais plus rien savoir de ce genre d’attache dangereuse.

Les couteaux volaient bas et les blessures saignaient beaucoup plus en amour.

Tu te devais de répondre à Achille de la même manière qu’il t’avait abordé. Tu ne pouvais pas le laisser te prendre de haut, te mépriser sans lui faire goûter à sa propre médecine. Tu le détestais d’être aussi minable. Ça te rendait malade de dégoût, ça te rappelait pourquoi tu ne voulais plus suivre des pas comme ceux qu’il avait emprunté. Pourquoi devait-il être comme ça ? Pourquoi devait-il être aussi vide que toi ou ce bon à rien d’Elyas ? Au souvenir du blanc, ta mâchoire se crispe d’instinct. Pourquoi ? Pourquoi lui n’avait pas pu accéder au bonheur, pourquoi avait-il choisi un chemin aussi semblable au vôtre !? « Ohhhh, tu continues de penser à moi, comme c’est adorable ! Je pensais avoir complètement disparu de ton esprit, mais me voilà touché ! C’est une chance inouïe donc, j’imagine ? » Doucement, tu rigoles. Tu aimerais voir son sens de l’humour, sa répartie acide. Mais tu n’as pas le cœur à parler. Ni à lui, ni à quoi que ce soit. Tu voudrais l’attraper par le chandail et lui coller ton poing au visage. Ça avait été satisfaisant, non, lorsque qu’Elyas s’y était donné à cœur joie ? Pendant l’espace d’un instant, tu t’étais abandonné à tout ce qu’il y avait de plus animal en toi et tu en avais oublié le mal qui te grugeait depuis trois interminables années. Tu avais oublié les doigts de la dépression qui n’entendaient qu’à t’étrangler et tu t’étais contenté de laisser l’instinct parler pour toi.

Tu aimerais remettre le couvert n’est-ce pas ? Avec Achille, ce serait bien aussi. Il fermerait sa gueule, ce serait satisfaisant de ne plus l’entendre te provoquer. C’est sans doute ce qu’il désire, lui avec…
Pourtant, tu ne fais rien.

« Je vois que toi non plus tu n’as pas vraiment changé, toujours aussi charmant et agréable, que c’est plaisant de te revoir, Ezekiel ! » Vos regards sont aussi noirs l’un que l’autre. Tu soutiens le sien sans broncher, tu n’as pas peur d’Achille Trinisky et de la haine que tu as semé sur ton passage. Cette colère, c’est une douce amie ; ta seule amie. « En tout cas, tu as sacrément bonne mine ! » Tu souris. Que veux-tu faire d’autres ? Te plier, c’est admettre ton désavantage face à lui. « Tu veux la même ? Je t’arrange ça gratuitement si tu veux puisque tu sembles y tenir. » Parce que c’est ainsi que les choses risquent de se terminer s’il continue à te provoquer. Tu ne comptes pas rester indifférent, tu ne comptes pas faire comme si de rien n’était. Ce n’est pas toi ça. Ce n’est pas ainsi que l’on se fait une réputation dégoutante comme la tienne ; le silence n’a jamais été une option.

Dans une autre vie, tu aurais aimé que les choses se passent autrement. Tu aurais aimé que toi et Achille soyez en mesure de discuter sans vous cracher à la gueule de cette manière… Tu aurais aimé être capable de saisir la main qu’il te tendait sans te renfrogner comme un animal blessé. Dans une autre vie, dans d’autres conditions, les choses auraient pu être beaucoup plus belles… Tu aurais sans doute été heureux de revoir un ami d’enfance, de reprendre les choses là où vous les aviez laissées dix années plus tôt. Mais dans cette vie-ci, dans ce plan d’existence, il n’y avait aucune chance pour que cela arrive. Vous aviez tout gâché avant même d’avoir commencé. Pitoyable, n’est-ce pas ?

« Fait chier. » Tu fronces légèrement les sourcils, supporte le poids de son regard dans broncher. « Qu’est-ce que t’as foutu ? Comment tu t’es fait ça, à l’œil ? Tu fais encore plus pitié qu’avant. » Non. Non. Non. Tout sauf ça. Tu ne voulais pas de sa pitié aléatoire, tu ne voulais pas essuyer ses insultes pour ensuite te prendre par la gueule son empathie. Tu en avais marre de son comportement changeant, de cette brise de compassion qui soufflait sur vous entre deux explosions. Ce n’était pas juste : se jouer de toi de cette manière était un acte plus horrible que de te détester de but en blanc. Tu ne pouvais pas le supporter. Pas maintenant, pas alors que tu étais aussi instable, aussi fragile. « Ferme-là ! » Les mots sortent de ta bouche avec plus d’émotions que tu n’en as jamais eu. Tu le détestes d’être comme ça, d’être aussi instable, de ne pas être capable de te détester totalement. Tu ne veux pas qu’il s’intéresse à tes blessures physiques, mais qu’il s’en réjouisse parce que quelqu’un avait osé faire ce dont il rêvait secrètement !

Sans t’en rendre compte, tu tends les bras vers lui pour le repousser. Tu ne veux plus voir sa sale tronche, tu ne veux plus de son instabilité dans ta vie, de son incapacité à te haïr. Pourquoi ? Pourquoi devait-il te faire cela !? La conversation commençait bien pourtant ! Tout était parfait, il n’y avait aucune ombre au tableau : ce minable d’Achille Trinisky te détestait et c’était tout ce que tu méritais. Alors… Pourquoi ressentait-il le besoin de tout gâcher… ? « Arrête de te foutre de ma gueule comme ça ! Fais comme tous les autres et déteste-moi franchement, ce sera beaucoup plus simple pour nous tous ! » La haine te faisait sentir en sécurité. C’était stable, c’était beau, c’était connu. C’était mieux que quelqu’un qui disait un jour vous aimer puis qui vous plantait un couteau dans le dos le lendemain… « Fais comme cet abruti d’Elyas et frappe-moi ! Je sais que tu en meures d’envie alors vas-y. Sois normal putain... » Les mots se bloquent dans ta gorge alors que des larmes de colère naissent au coin de tes yeux. Ouvrant grands les bras, tu fixes le jeune homme avec toute la colère et la douleur qui tiraillent ton âme depuis toutes ces années. « Pourquoi t’es aussi faible… ? » Couines-tu en déglutissant maladroitement.

Ça fait mal, n’est-ce pas ? Tu ne pouvais pas expliquer ta réaction ni les sentiments qui te travaillaient. Tout ce que tu voulais, c’était une réaction égale de leur part à tous. Tu ne voulais plus détester quelqu’un qui te détestait moins que tu ne le haïssais … Tu voulais que les gens te voient tel que tu étais réellement et qu’ils ne s’inquiètent pas de toi. Achille était instable… Et ça te faisait peur. Peu importe combien il montrait les dents, peu importe combien il cherchait à t’insulter et à t’enfoncer ; la part d’humanité qui le gardait en vie finissait toujours par reprendre le dessus et c’était incroyablement effrayant pour quelqu’un comme toi. C’était quelque chose que tu avais remarqué lors de votre dernière rencontre et tu n’avais pas pu l’accepter.

Achille était un type bien qui se cachait derrière l’image falsifiée d’un minable et il était le seul à ne pas le voir…
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- Feat Ezekiel & Achille


Pourquoi tout est compliqué ?
Pourquoi les choses ne peuvent-elles pas se dérouler plus simplement ?

Pourquoi continuez-vous de vous attaquer ainsi, aussi gratuitement ? Pourquoi vos trois rencontres suivent-elles le même schéma, le même plan ? C’est à croire que vous ne savez pas faire autre chose que vous cracher à la gueule toutes ces paroles emplies de mépris, de venin, de saloperies. Ah ça, vous êtes les maitres en l’art de la rixe. Vous vous attaquez sans vergogne, vous vous battez oralement, et, visiblement, aucun de vous deux ne vas se décider à s’avouer vaincu – allez-vous continuer ce petit manège encore longtemps – ? Jamais donc vous ne pourrez trouver un consensus ? Même signer un traité de paix ne servirait à rien au point où vous en êtes. Mais c’est tout de même affligeant, de voir deux personnes si proches durant leur enfance, et qui, désormais, sont devenues hostiles, et même néfastes l’une à l’autre. Pourquoi vous détestez-vous au juste ? Pour ce qui est de ton cas, Achille, tu ne connais même pas réellement la source de ce conflit qui semble être irrépressible. Vous n’arrêterez pas tant que l’un d’entre vous ne sera pas tombé à terre.

Pourtant, à bien y réfléchir, tout est de ta faute, Achille. Si tu n’avais pas cherché à reprendre contact, si tu n’avais pas cherché à renouer des liens brisés depuis des années, vous n’en seriez peut-être pas là. Vous continueriez de vivre vos vies, chacun de votre côté, et vous ne seriez pas dans cet état pitoyable. Toi, tu aurais toujours cette petite lueur d’espoir qui te permettait encore d’avancer jusque-là – parfois, des rêves et des désirs qui ne se réalisent pas nous permettent de progresser tandis que la réalité nous fait régresser ; morne paradoxe –. Si tu ne l’avais pas interpellé ce jour-là, si tu l’avais laissé travailler, vous seriez encore comme de parfaits inconnus à l’heure actuelle. Ton existence se résume à faire de mauvais, de très mauvais choix, encore et toujours. Encore un exemple exquis de tes conneries ; tu foires vraiment tout ce que tu entreprends de ce qui est des relations humaines.

Ton problème, c’est que, même si tu ne veux pas l’entendre dire, tu es un idéaliste. Tu te persuades que les choses vont et peuvent toujours s’améliorer. Tu gardes ce regard enfantin sur le monde – malheureusement pour toi, ça te porte cruellement à défaut –. Tu préfères voir le bon dans les gens – tu penses que tout le monde peut l’être, et surtout, l’est, au fond –. Tu n’arrives pas à détester réellement les autres, tu ne vois pas à quoi ça peut bien t’avancer d’éprouver de la haine à l’encontre de quelqu’un. Ezekiel a beau te détester, toi, tu n’arrives pas à t’y résoudre – bien que tu agisses tout comme –. Oui il t’a blessé, oui ses paroles ont été telles des centaines de lames qui te tranchaient la peau toutes en même temps, oui il t’a fait du mal. Et pourtant, tu n’arrives toujours pas à le haïr – c’est plus fort que toi, il y a quelque chose qui t’en empêche ; quoi, tu ne sais absolument pas –. Tout ce que tu sais, c’est que tu es impuissant, et surtout, incapable de l’exécrer.

Tu as donc ce dilemme intérieur. Tu ne sais pas ce qui est juste ou pas de faire, comment tu dois te comporter – comment peux-tu encore hésiter après tout ce qu’il t’a dit ? Tu es beaucoup trop innocent, Achille –. « Tu veux la même ? Je t’arrange ça gratuitement si tu veux puisque tu sembles y tenir. » Tu n’as pas relevé cette remarque ; tu n’as fait que l’a mérité, tu l’as bien cherché – retour de flammes –. Même toi, finalement, tu es usé de cette situation. Jouer ce petit jeu, tu n’as plus envie. Tu continues de croire que tout pourrait s’améliorer – mais vous êtes si mal partis, Achille, les nouveaux fondements de votre relation sont beaucoup trop instables –. En fait, tu te fatigues tout seul. Tu as le cul entre deux chaises, tu ne sais pas quoi penser, pas où te placer, et cette mauvaise posture ne fait qu’alimenter exténuement. Tu es l’auteur de ta propre perte.

« Ferme-là ! » Tu as un petit sursaut, tu retiens ta respiration, tu te figes. Tu as l’impression de t’être pris toute une vague d’émotion. Elle t’a submergé, elle t’a noyé. Et là, tu te rends compte de ton erreur. Celle de ne pas savoir choisir ton camp, celle de ne pas savoir te positionner, prendre part à un parti. Tu joues avec le jeu, tu danses sur un pied, puis sur l’autre. Tu mènes un ballet tout en faisant tourner dans un sens puis dans l’autres ceux qui t’accompagnent. C’est involontaire, tu ne le fais pas exprès – tu es comme ça, c’est tout –. Mais, c’est très désagréable pour ceux qui sont en face de toi, pour ceux avec qui tu parlent. Ces deux mots pourtant simples mais bourré de tout un tas d’émotions te font bien vite redescendre sur Terre.

Ta gorge se noue. Ton ventre se tort.

Lorsqu’Ezekiel vient te repousser, tu manques de tomber à la renverse, te stabilisant à la dernière seconde, évitant la catastrophe. Le geste ne t’étonne même pas ; tu l’as bien cherché puisque tu es en train de faire n’importe quoi, de le rendre fou. Tu mériterais de recevoir son poing en plein dans ton visage. Tu mériterais qu’il te mette la dérouillée de ta vie. « Arrête de te foutre de ma gueule comme ça ! Fais comme tous les autres et déteste-moi franchement, ce sera beaucoup plus simple pour nous tous ! » Tu as envie de lui hurler que tu ne te fous pas de sa gueule – mais ton comportement dit tout le contraire –. Tu as aussi envie de clamer que tu n’as pas envie de le détester malgré tout. Mais tu ne dis rien – es-tu seulement en droit de dire quelque chose ? –. « Fais comme cet abruti d’Elyas et frappe-moi ! Je sais que tu en meures d’envie alors vas-y. Sois normal putain... » Tu déglutis. Alors c’est Elyas qui lui as fait ça ? Vraiment, aucunes des retrouvailles ne se passaient correctement. Cette idée te fit frémir. Toi non plus, ça ne s’était pas bien passé avec lui. A croire que la vie s’est amusée à tous vous jeter une sorte de malédiction. Mais as-tu réellement envie de le frapper ? Oui, et non. Non, et oui. « Pourquoi t’es aussi faible… ? » Tu frémis. Tu ranges ta petite gourde dans ton gilet, et tu te mets à masser ton visage avec tes deux mains.

Sans aucune raison – ou du moins apparente – tu sens que tu as envie de pleurer. De lâcher tout ce que tu as, qui pèse lourd sur ton âme décharnée. Au lieu de ça, tu serres les dents. Te rendre compte, réellement, du mal que tu as engendré, ça te démoli intérieurement. Tu te dis que Ezekiel devait être beaucoup mieux avant de t’avoir revu. Tu te sens coupable de son mal être, tu te sens coupable de tout ça. « Et alors, on fait quoi si j’ai pas envie de te détester ? » C’est sorti tout seul d’entre tes lèvres, comme si tu n’avais rien contrôlé. Tu maintiens ton regard – ce n’est pas le moment de le baisser –. « C’est vraiment lamentable de vouloir se faire haïr… » Tu t’enfonces, un peu plus, et, une nouvelle fois, ton humeur est changeante – tu as changé de pieds sur lequel danser –. Les ténèbres dans ton regard se sont légèrement adoucies, pourtant tes paroles n’en restent pas moins remplies d’amertume. « Alors comme ça, pour être normal, il faut te frapper ? Dans ce cas, je préfère ne pas l’être. Je ne suis pas comme Elyas. » Ta voix déraille, tu as l’impression que l’on est en train de compresser ton cœur.

Comment en êtes-vous arrivés là ?

Inspirant un grand coup, tu brises la distance qui s’est créée lorsqu’il t’a poussé, et tu reviens à ta place initiale en un pas. Tu le fixes, droit dans les yeux. Tu sens Kyrielle qui te tire le bas du pantalon comme pour te dire d’arrêter, mais tu la repousses doucement d’un mouvement de la jambe. Toute ton attention est focalisée sur Ezekiel. « Parce que c’est être faible que de ne pas vouloir frapper quelqu’un ? C’est plutôt ta réaction qui est faible d’esprit… » Tu sais sur quels chemins sinueux tu t’aventures. Mais peu t’importe.

Encore une fois, tu te bats pour qu’Ezekiel comprenne qu’il n’est pas mauvais.
Encore une fois, tu te bats pour qu’Ezekiel entende qu’il vaut mieux que ça.
Encore une fois, tu entames un combat que tu sais perdu d’avance – c’est que tu en as, de l’énergie à revendre finalement –.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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Theme Song
Feat. Achille Trinisky
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Achille t’effrayait.
Beaucoup de choses t’effrayaient, mais son instabilité était à la fois la plus effrayante des punitions et la plus belles des mains tendues. C’était une lueur d’espoir dévorée par les ténèbres les plus sombres de ton âme, c’était une possibilité à laquelle ton cœur décharné refusait de de croire par crainte vorace d’être déçu. Tu ne pouvais plus faire confiance aux gens… T’ouvrir, c’était permettre le risque, tous les risques. C’était accepter la trahison et la désillusion comme quelque chose de normal, quelque chose à laquelle tu ne pouvais te soustraire. Dans le maelström incandescent de ton esprit, le premier qui se dégageait de son étau était le grand perdant de cette vie. C’était le plus faible de tous, celui qui soutenait qu’une vie teintée d’incertitudes était mieux qu’une vie seule…  

Trois fois depuis la mort de Kattie tu avais accepté de faire confiance et personne ne t’avait survécu.

Traîner ton fardeau avec toi n’était pas un cadeau, mais une malédiction. Au quotidien, se frotter au mur de tes lamentations était un exercice éreintant psychologiquement et personne n’avait réellement envie de relever le défi… Et tu les comprenais. Depuis de nombreuses années, tu n’étais rien de plus qu’un objet dont chacun et chacune pouvait volontiers disposer. Tu n’avais plus aucune volonté propre, plus aucun espoir auquel te raccrocher désespérément… Cette vie, cet éclat de vie que l’on avait vu naître au contact volé d’Iza, c’était éteinte en même temps que ton lien avec tes parents. Tu ne méritais pas que l’on se batte pour toi, que l’on accepte de partager un quotidien aussi décadent que le tien. À chaque jour passant, tu t’employais à prouver ton inaptitude à gérer ta vie décemment.

C’était ça, Ezekiel Fitzgerald.
Ta vie était un drame dont tu noircissais chaque page avec si peu de sens que ton épopée pouvait ressembler aux délires d’un détraqué.

Tu ne pouvais pas concevoir que quelqu’un puisse voir plus loin en toi, que quelqu’un puisse creuser la première couche de saleté qui recouvrait ton âme. Depuis des années, ton quotidien se résumait à la haine pure, la haine vraie. On t’avait vite fait comprendre que tu n’étais pas bon à autre chose qu’à être détesté, que quelqu’un comme toi n’avait sa place nulle part dans l’univers… Alors pourquoi n’était-il pas comme eux ? Achille était un mystère aussi opaque qu'effrayant. Et pourtant… Et pourtant, il parvenait à faire renaître quelque chose en toi. Une espérance timide dont la seule existence te faisait perdre la tête. Derrière le venin de tes propos et la violence de tes gestes se cachait quelque chose de bien plus grand que le spectacle auquel tu t’abandonnais…

« Et alors, on fait quoi si j’ai pas envie de te détester ? » Ton corps tremblait comme les feuilles d’un arbre pendant une tempête. Crispé de la tête aux pieds, tu fixes cet énergumène avec toute la rage et l’appréhension qui te caractérisent aujourd’hui. Après toute cette horreur, après l’injustice que tu lui avais fait avaler de force, Achille Trinisky ne pouvait pas te détester. Était-ce une blague ? « C’est vraiment lamentable de vouloir se faire haïr… » Était-ce une surprise, une découverte ? Là où Achille avait perdu sa superbe, toi, tu n’en avais jamais eu. Depuis le tout début, tu t’emploies à te ridiculiser lâchement en pensant ne pas mériter mieux… Tu avais déshonoré ta personne depuis longtemps maintenant. Tu n’avais plus le moindre respect pour l’homme que tu étais devenu et c’était un sentiment que tu t’évertuais à partager au quotidien. Comme si cela pouvait justifier n’importe quoi… Comme si les gens risquaient de mieux te comprendre si tu te traitais toi-même comme un moins que rien. Quand réaliserais-tu que ton comportement n’était pas normal, que cette haine de toi-même était un fléau à ton quotidien ? Tu te pensais peut-être pire qu’un autre, mais tu n’étais au final qu’un pauvre être humain, Ezy. Un homme fait de chair et de sang dont le cœur possédait encore la capacité d’aimer…

« Alors comme ça, pour être normal, il faut te frapper ? Dans ce cas, je préfère ne pas l’être. Je ne suis pas comme Elyas. » Elyas n’était pas un modèle de réussite ni de normalité. Ce qui vous avait rendu si mauvais, ce qui vous avait poussé à atteindre de tels extrêmes se nichait en réalité dans votre ressemblance navrante. Et pourtant, le jeune homme aux cheveux blancs t’avait rendu beaucoup plus stable et heureux que ne l’avait fait le Trinisky jusqu’à présent… La tristesse, c’était un sentiment apaisant et solide, souffrir c’était l’apothéose de la stabilité. Lorsque l’on était au plus bas, plus rien ne pouvait nous atteindre. Tu aimerais lui crier ta manière de pensée, mais tes yeux s’accrochent désespérément à ses lèvres. Tu bois ses paroles comme si c’étaient les dernières, comme si rien ne vous attendait après cet échange. Il n’y avait pas de mots capables de définir cette fragilité entre vous. C’était comme si tout risquait de disparaître d’un instant à l’autre, tu n’es pas capable de bouger.

À la place, tu le regardes reprendre sa place à quelques pas de toi.
Tu l’admires de la tête aux pieds, laisse tes yeux s’abreuver de son assurance, de cette délicieuse assurance qui se dégage de son corps. Tu aimerais en rire, tu aimerais t’en moquer ouvertement… Mais la vérité, c’est que cette fascination ne trouve pas son pendant dans l’humour satirique qui te qualifie. « Parce que c’est être faible que de ne pas vouloir frapper quelqu’un ? C’est plutôt ta réaction qui est faible d’esprit… » Tu ne réfléchis pas à ta réaction : personne n’a besoin de te remettre ta faiblesse d’esprit sous le nez. C’est quelque chose dont tu as conscience, une réalité qui ne te quitte jamais. Cette amertume qui le consume n’est pas nouvelle à ta vie, ses mots ne sortent pas du néant absolu : cette colère, c’est toi qui l’as créée.

Franchissant les quelques pas qui vous séparent, tu plonges ton regard abyssal dans le sien avant de relever orgueilleusement le menton. « Bien, puisque c’est comme ça ; je ne te laisserai pas le choix. » Craches-tu avec une fausse assurance presque ridicule à côté de la rage qui bouille en dedans de toi. « Si tu ne veux pas me détester de ton plein gré, je vais t’obliger à le faire. » Sans même réfléchir, tu serres ton poing de toutes tes forces avant de le lui enfoncer dans le ventre. Tu ne préviens pas, n’avertis pas, c’est instinctif : tu ne peux pas supporter cette affection teintée d'animosité. Et si Achille ne veut pas te détester, alors tu comptes bien lui donner une bonne raison de le faire. Tu n’es pas aussi bon que lui. Les stupidités d’Elyas sont les tiennes, sa haine de lui-même fait écho à la sienne : c’est la raison pour laquelle vous n’avez pas pu renouer dans de meilleures conditions. Achille valait, certes, mieux que vous deux combinés, mais il possédait, lui aussi des limites que tu n’hésiterais pas à enfreindre pour te permettre d’aller à tes fins.

Lorsque le pauvre misérable se redresses, tu t’empresses de te précipiter dans sa direction afin de le faire tomber à la renverse, ton corps dominant momentanément le sien pourtant bien plus grand et fort. La rage dans les yeux, la respiration haletante, tu plaques ses mains de chaque côté de sa tête afin qu’il ne se débatte pas puis tu plonges ton regard dans le sien. « Je ne comprends pas… Je ne comprends pas à quel espoir débile tu te raccroches Trinisky. » Tu aimerais qu’il t’explique, qu’il mette des mots sur cette fichue motivation qui le pousse à accepter l’inacceptable. Personne n’en serait capable et pourtant… Lui le faisait comme si c’était quelque chose de normal, de parfaitement admissible. Ça ne faisait aucun sens et c’était ce qui te mettait tant en colère.

Enfonçant tes ongles dans la peau de ses poignets, tu prends une grande inspiration avant d’accoter ton front contre le sien, la mâchoire crispée. Tu ne demandais qu’à comprendre. Tu voulais le ruer de coup jusqu’à ce qu’il admette la débilité derrière sa décision et, pourtant, rien ne venait. Ton corps demeurait immobile, jouissant d’une proximité vulgaire avec un autre homme dont l’existence ne t’avait pas toujours laissé indifférent. Tu avais l’impression de te revoir, dix ans plus tôt, complètement impressionné par cette tranquillité solide qu’il ne partageait avec aucun autre membre du groupe… Achille avait été le premier. Et tu n’avais jamais pu le lui dire. « Tu fais chier putain… » Murmures-tu en retenant l’envie de cogner son front contre le tien jusqu’à ce que l’un de vous deux y rende l’âme.

Tu as perdu, Ezekiel.
Tu as perdu depuis le début.

Muées par l’anéantissement, tes lèvres se mettent alors à chercher les siennes. Tu ne penses pas, tu ne penses jamais plus de quelques secondes à la fois. Sans le relâcher, sans même lui demander son avis, sans même imaginer sa réaction : tu laisses les centimètres se rompent d’eux-mêmes jusqu’à lier vos deux bouches dans un baisé pitoyable qui n’a rien de consenti. Ce n’est pas romantique, ce n’est pas beau, ça n’a rien en commun avec les films.  

Mais tu t’en fiches. S’il savait comme tu t’en fiches.
Achille peut bien te repousser, répondre enfin positivement à ta demande d’être haï à ta juste valeur ; ça n’a plus la moindre importance à tes yeux.
Tout ce que tu sais, c’est que tu es fatigué de faire semblant. Fatigué de te battre à sens unique, d’alimenter une guerre ridicule contre ta propre personne.
Alors, maintenant, pour ce soir seulement, tu souhaiterais pouvoir être toi-même.
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Tu dois réellement passer pour un abruti de première.

L’obstination, c’est bien, jusqu’à un certain point. C’est beau, de vouloir faire comprendre aux autres qu’ils sont beaucoup mieux que ce qu’ils peuvent bien penser. Mais gaspiller de son énergie, de son temps, en sachant que tu es dans l’impossibilité de le faire changer d’avis, c’est ça qui est lamentable. Tu t’uses tout seul, tu te vides de ton dynamisme en menant des combats que tu sais déjà perdus d’avance, des combats pour lesquels tu n’as même pas la force de terminer pour ta propre personne. En fait, tu veux qu’il entende ce que tu lui dis, qu’il comprenne qu’il peut très certainement remonter la pente, qu’il n’ait pas un moins que rien car toi, tu n’en ais plus capable. Tu veux que lui y arrives, tu veux qu’il trouve un sens à sa vie ; ce sens que toi tu n’as pas réussi à dénicher. Alors, tu te dis que tu n’arrêteras pas, tant qu’il n’aura pas réussi – es-tu sérieux ? Tu n’as vraiment peur de rien –. Oui, c’est la nouvelle bataille que tu as commencée malgré tout et contre tout.

Tu es borné, têtu, et stupide. Mais tu es comme ça – on ne peut pas changer après tout, n’est-ce pas ? –. Tu es agaçant aussi, un peu lourd sur les bords à force d’insister, d’essayer de persuader les autres – ou du moins Ezekiel à l’heure actuelle –. C’est que tu dois cruellement l’énerver, le rendre fou – tu le sais, tu le sens, tu le vois à travers son regard plein de haine et de rage –. Pourtant, tu es prêt à encaisser tous les coups possibles, quitte à ne plus jamais te relever pour qu’il entende ce que tu essaies désespérément de lui faire assimiler. Tu n’arrives tout simplement pas à concevoir qu’il soit tombé lui aussi très bas – il n’a pas le droit selon toi –. Tu es prêt à tout donner, ton temps, ton énergie, ta vie pour que lui remonte la pente – celle que toi tu es incapable de gravir ; tu ne fais que tomber encore et encore à chaque fois –. Tu ne veux pas que lui abandonne, parce qu’il a une fille, parce qu’il peut – tu en es persuadé – retrouver le goût de vivre grâce à elle. En fait, tu es littéralement prêt à sacrifier ton existence tout entière pour que lui retrouves goût à la sienne.

Mais jusqu’où continuerez-vous ainsi ?
Comment toute cette mascarade se finira-t-elle ?

Tu as bien remarqué la façon dont il tremble. Tu as bien vu cette haine perceptible dans son regard. Tu sais que tu approches des limites – de ses limites –. Ton but n’est pas de le pousser à bout, sauf si seulement peut lui permettre de t’écouter – peu importe le nombre de coups que tu auras à récolter –. Oui, décidément, tu ne pourras certainement jamais le détester. Il aura beau continuer à t’insulter, il aura beau te frapper jusqu’au sang, il aura beau te meurtrir psychologiquement, jamais tu ne ressentiras une aversion complète envers lui. Parce qu’il y a ce petit quelque chose qu’il s’est éveillé lorsque tu l’as revu, après dix ans. Il y a cette petite étincelle qui s’est allumée dans les tréfonds de ton âme, mais que tu te cachais à toi-même jusque-là – et que tu essaies encore de refouler ; parce que c’est interdit n’est-ce pas ? Tu n’as pas le droit –. Tu te détestes d’avoir ce genre de ressenti à son égard. Tu sais pertinemment la sentence que tu encours s’il vient à l’apprendre – attention au moindre faux pas –. Tu secoues doucement la tête. Tu dois chasser ça de ton esprit.

Mais, ce n’est pas évident. Et voilà qu’il vient briser à son tour le peu de distance qui vous séparait encore. Et voilà qu’il plonge ses yeux plus noirs que les profondeurs des abysses dans les tiens. Tu sais que tu viens d’emprunter un chemin très dangereux. Et surtout, tu sens que ça n’augure rien de bon. « Bien, puisque c’est comme ça ; je ne te laisserai pas le choix. » Tu déglutis. Tu as franchi la limite, ça y est – tu es content ? –. Pourtant, tu hausses légèrement la tête ; tu ne peux pas fuir. «Si tu ne veux pas me détester de ton plein gré, je vais t’obliger à le faire. » Pourquoi tient-il donc tant à ce que tu le détestes ? Pourquoi ? « Si ça te fait plaisir, vas-y. » Tu aurais pu bouger, tu aurais pu te décaler, tu aurais pu partir, prendre la fuite comme bon nombre de fois. Et pourtant, tu n’as rien fait. Tu es resté planté, tout en continuant de le fixer. Et tu serres les dents lorsque son poing vient à la rencontre de ton ventre, reculant d’un pas, te pliant en deux. Tu as une petite larme au coin de l’œil, et puis tu as cette question qui n’arrête pas de te tourner en boucle dans ta tête – comme lors de vos retrouvailles –. Oui, ça te fait mal, physiquement, mais ce qui te tues le plus c’est toute cette rancœur qu’il a à ton égard. C’est ça, le pire pour toi.

Tu te redresses, le souffle court, mais tu n’as pas le temps de faire quoique ce soit qu’il revient vers toi, qu’il te pousse – tu tombes alors, ton dos percutant lourdement la caillasse faisant office de sol –. Tu ne bouges toujours pas – tu ne peux pas, il te bloque ; mais tu n’essaies même pas de te dégager –. Tu n’as pas la force, ni l’envie. Tu te contentes de garder tes yeux plongés dans les siens. « Je ne comprends pas… Je ne comprends pas à quel espoir débile tu te raccroches Trinisky.» L’espoir qu’il arrive un jour à être plus que ça. L’espoir que lui arrive à retrouver le bonheur. L’espoir qu’il devienne plus que toi. Tu ne dis rien. Les mots n’arrivent même pas à sortir, tu ne peux rien prononcer. Tu te crispes lorsque tu sens ses ongles s’enfoncer dans la chaire de tes poignets, faisant une légèrement grimace. Et ton cœur loupe un battement lorsqu’il accole son front au tiens. Tu écarquilles les yeux, et tu tentes désespérément de calmer ta respiration. Tu es paralysé, incapable du moindre mouvement. « Tu fais chier putain… » Un léger rictus apparait sur ton visage sans même que tu en ais le contrôle. « Je te retourne le compliment. » Lances-tu également dans un murmure.

Mais, tu n’as pas le temps d’ajouter autre chose. La distance qui sépare vos deux visages se réduit petit à petit, jusqu’à ce que ses lèvres viennent se déposer sur les tiennes tandis qu’il ne te relâche toujours pas. Une vague d’incompréhension t’envahit soudainement. Tu ne comprends pas. Après tout ce qu’il a bien pu te dire, te cracher à la figure… ? Mais ces remous sont bien effacés par la chaleur qui envahit tout ton corps. Un frisson parcourt ta colonne vertébrale, et tu as l’impression que cette petite étincelle qui était cachée jusque-là grandi de plus en plus. Tu as l’impression que tout ton corps te lâche, comme si tout ce qu’il y avait de mauvais et de sombre en toi vient de s’envoler, de s’échapper, te laissant profiter de ce moment. Tu apportes un peu de passion dans ce baiser, qui ne semblait être que pitoyable au premier abord, en pressant un peu plus fort tes lèvres contre les siennes. Tu as l’impression que le temps s’est arrêté, que le monde a arrêté de tourner. Il n’y a plus que lui et toi, ayant volé au temps ce moment suspendu. Il vient de te prouver et de te conforter dans ton idée que jamais au grand jamais tu ne pourras le haïr – tout ça représente tellement pour toi –.

Tu finis par rompre ce contact à contrecœur. Tu aurais voulu que jamais ça ne s’arrête. « Ezekiel… » Murmures-tu, ton regard toujours accroché au sien. « Pourquoi ? ... » Ce simple mot s’est échappé d’entre tes lèvres. « Pourquoi ça, après tout ce qu’il s’est passé, tout ce que tu as bien pu me dire ? » Ce te fait chier, de demander ça. Mais c’est trop le foutoir dans ton esprit, tu as besoin de comprendre. Il y a plusieurs semaines, il te disait que les homosexuels ne sont que des animaux, sales, qu’il ne fallait pas que tu l’approches, que tu le touches, et voilà qu’aujourd’hui il fait tout le contraire. Peut-être poses-tu beaucoup trop de questions, peut-être qu’il n’aura pas envie de te répondre, peut-être même qu’il te collera de nouveau son poing dans une quelconque partie de ton corps, que ce soit ton visage ou ton ventre. Toi aussi tu as besoin de réponses, tu as besoin de comprendre pourquoi.

Et puis, finalement, tu dégages ta main droite de son emprise, et tu viens la poser sur sa joue, avant de lui offrir un nouveau baiser, plus rapide que le premier. C’est plus fort que toi, tu ne contrôles plus rien. C’est comme si tu venais d’être libéré d’un énorme poids qui pesait en toi depuis bien longtemps – non, depuis des semaines –. Tu t’es interdis de penser qu’il pourrait y avoir quoi que ce soit après t’être rendu compte que quelque chose n’allait pas dans ton ressenti envers lui. Mais là, c’est comme si la charge de toutes ses paroles s’est envolée. Ton regard s’est adouci, et on peut même y voir une légère lueur d’espoir. « Pourquoi ce changement soudain ? »

Tu te demandes si tout ceci n’est pas un rêve ; car ça en a tout l’air.
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LET IT HURT, UNTIL IT CAN'T HURT ANYMORE
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Feat. Achille Trinisky
I don't want to be a fucking tragedy
Âme déchirée, sentiments broyés. Tu ne connaissais plus rien de l’enfer dans lequel tu t’enlisais. Tu avais perdu ton nord, sacrifié ta direction boiteuse… Tout ça pour quoi ? La fin était déjà écrite, les pages avaient déjà été noircies de vos sombres présages. Le papier s’était imbibé de votre sang, de vos éclats d’espoirs volés ; il n’y avait pas de dénouement heureux pour vous (pour toi). C’était un jeu dangereux, une véritable valse avec le diable, une danse à laquelle tu étais pourtant parvenu à te soustraire. Injuste. L’instinct avait repris ses droits sur la raison, le désir avait regagné du terrain, ta bestialité avait refait surface. Trois années jetées dans le feu, une guérison fictive qui n’avait pour valeur que des mots crachés à même le néant. Tu venais de t’injecter dans les veines le poison qui t’avait détruit, la drogue qui avait immolé ton existence en échange de quelques secondes de satisfaction. Tu n’étais pas ridicule ni dégénéré ; tu étais bien pire que tous les qualificatifs que l’on pouvait imaginer. Tu aimais souffrir. C’était un choix, une décision. Ce n’était pas la vie qui s’acharnait sur toi ; c’était toi qui t’acharnais sur elle.

Ton malheur, tu en étais l’initiateur. C’était toi qui souhaitais être aussi triste, qui travaillait pour garder les nuages noirs de la misère au-dessus de ta tête. Tu pouvais cesser de faire ta victime ; il suffisait de de contempler ta progression vers la décrépitude pour comprendre que tu n’en avais pas l’étoffe. Tu aimais être malheureux sous prétexte qu’une fois bien enfoncé, plus rien ne pouvait te provoquer la moindre souffrance. C’était un comportement puéril, c’était le comportement d’un faible d’esprit, comme il l’avait si bien dit.

Le contact des lèvres d’Achille t’arrache un frisson qui traverse ton cou pour venir se loger dans le creux de ta colonne vertébrale décharnée. Pendant l’espace de quelques secondes, tu oublies le monde qui tourne encore autour de vous ; tu te concentres sur ce contact désespéré, sur cette chaleur que tu viens de lui voler sans le moindre remords. Tu n’en peux plus de faire semblant, de combattre ce qui te semblait autrefois si banal, si harmonieux. C’était en adéquation avec ta personne, avec ton personnage… Qu’y avait-il de plus normal que d’aimer ? C’était un droit que l’on t’avait volé et dont l’absence t’avait laissé pour mort. Lorsque ses lèvres se pressent délibérément contre les siennes, tu sens tes sourcils se froncer légèrement sous la surprise, mais tu ne réagis pas ; tu profites. Les mots sont superflus, la surprise n’a pas sa place au cœur de cette étreinte inhabituelle. Tu te fiches de ce que Achille peut penser, des questions qui peuvent se bousculer dans sa tête ; tu souhaites seulement prolonger ce contact jusqu’à ce qu’il aspire ton âme, jusqu’à ce qu’il te rende une part de ton humanité. Cet instant est une parenthèse à l’univers en entier et vous vous y abandonnez volontiers.

C’est lui qui met fin au contact. Ton cœur se serre ; tu sais ce qui t’attend. Tu aimerais t’y soustraire, tu pourrais presque trouver le courage de fuir. Pourtant, tes muscles ne bougent pas. Tu restes-là, ton corps suspendu au-dessus du sien alors que tes yeux cherchent en toi la bravoure de se perdre dans les siens. « Ezekiel… » Un frisson transperce ton cœur. « Pourquoi ? ... » Honte. Douce honte qui traverse tes veines au contact de son incompréhension. Il est endroit de demander. Pire ; il est en droit de savoir. Même si ça te fait mal. « Pourquoi ça, après tout ce qu’il s’est passé, tout ce que tu as bien pu me dire ? » Un sourire douloureux déchire tes lèvres alors que tu les pinces honteusement. Tu fais souffrir les gens par simple égoïsme, parce que tu n’es pas capable de jouer une autre game que celle-ci... Mais ce sont des mots difficiles à prononcer. La dernière fois, tu avais eu le sentiment que l’on t’arrachait les tripes de l’intérieur, que l’on t’ouvrait le ventre pour te nettoyer de ton impureté. Ça avait été aussi salvateur que blessant, c’était une sensation de mise à nue que tu t’étais promis de ne jamais revivre. Et pourtant, peux-tu vraiment prendre la poudre d’escampette sans lui offrir la vérité ? C’est une pensée égoïste que de celle de vouloir fuir dans de telles conditions… Ce champ de combats, c’est le tien. C’est celui que tu as créé de tes propres mains ; tu en es le boss final, ce n’est pas à toi de dégager.

Sans penser à la surprise pouvant naître d’un tel geste, le jeune homme dégage sa main droite de ton emprise pour venir la déposer sur ta joue. Tu as l’impression que ses doigts brûlent ta peau, que son contact est délicieusement douloureux… Mais rien n’équivaut le feu qui embrase ton être lorsque ses lèvres se reposent contentieusement sur les tiennes. Ton corps se paralyse alors que des larmes se mettent silencieusement à couler sur tes joues ; c’est une tendresse que tu ne mérites pas, qui ne t’a jamais atteint depuis la disparition de Nathanael. C’est horrible et envoutant, délectable et ennuyeux. Le contact, même s’il ne dure qu’un temps, se grave alors dans ton esprit pour l’éternité. « Pourquoi ce changement soudain ? » Doucement, tu prends une grande inspiration en acquiesçant silencieusement ; il mérite de savoir. Tu ne peux pas te jouer de lui comme d’un jouet pour enfants, tu es dans le devoir d’être transparent… Ou juste un peu moins opaque.

Relâchant son poignet à contre cœur, tu te laisses tomber à côté de lui, sur le dos. Tes yeux se perdent dans l’immensité des cieux, dans ce ciel bercé d’étoiles qui vous admire d’un œil moqueur ; lui sait tout. Lui vous contemple depuis le début, depuis la première seconde. Il vous a vu vous aimer et vous détester, il vous a vu pleurer et rigoler… Essuyant les larmes séchées sur tes joues du revers de ta main, tu prolonges le silence pendant d’interminables secondes. Tu ne sais pas par où commencer, tu ne sais pas quoi avouer. Pourquoi est-ce si compliqué, de parler du passé ? « Tu te rappelles quand je t’ai parlé de mes parents ? » Ta respiration régulière soulève ta cage thoracique à un rythme étonnamment calme pour tous ces sentiments qui se déchirent la vedette en toi. Tu n’oses pas rechercher le contact d’Achille, t’imprégner de sa douceur passagère, de cette ambiance éphémère. Ton cœur écorché se contente d’imaginer, parce que c’est le seul privilège dont il a hérité. « C’est pour cette raison qu’ils m’ont renié… » Ce n’est pas tout, mais certaines choses ne peuvent être dites. Sous l’accalmie de cette nuit parsemée de lumières, tu ne peux pas avouer ce qui t’a fait craindre ta propre homosexualité. En reparler ranimerait des sensations effacées par l’alcool et un ultime cri de détresse auquel tu avais malheureusement survécu…

Mais peut-être existait-il réellement quelque chose pour toi ici-bas?
Johto se doit de demeurer un secret enfoui et un souvenir condamné aux portes de ta mémoire ébréchée par tous les spiritueux que tu as pu ingurgiter.
« Ils pouvaient accepter bien des choses de moi… Ils pouvaient accepter que je sois condescendant, pénible, manipulateur, individualiste, narcissique mais pas que je sois… » Ta gorge s’étrangle. Trois ans, trois ans que tu n’as pas prononcé ce mot capable de te qualifier. « Comme toi. » Tu n’es pas capable de briser le tabou, de violer ta conscience en y mettant des mots trop distincts, trop évocateurs. Méprisable, tu glisses une main devant ton regard afin de faire barrière à l’image de la nuit qui continue de rayonner devant toi. La vie avait créé un enfant que sa propre personne effrayait. Tu as honte de ne pas être capable de briser cette image, de retirer le voile recouvrant qui tu es réellement. « J’ai essayé tu sais. » Il savait. « J’ai essayé d’être normal… J’ai mis un enfant au monde comme ça ; ma propre fille est née de mon désir désespéré de me conformer à ce qu’on attendait de moi. » Elle méritait mieux, tellement mieux que cette vie horrible que tu lui avais offerte sans vraiment le vouloir. Eden était l’enfant d’une hétérosexualité truquée qui n’aurait jamais dû voir le jour… C’était un acte de gratuité qui te correspondait bien. « J’y arrive pas. Quand j’ai su pour toi, je n’ai pas su comment réagir. J’avais peur, peur des regards, peur des commentaires, peur que ton existence me fasse revivre l’enfer... » Tu rigoles doucement face à cette évocation. C’est un rire vide, un rire creux. Avec des mots, tout semble si… ridicule, incohérent. Comment pouvais-tu craindre à ce point ? Comment pouvais-tu te détester à ce point ? Tu avais détesté en Achille tout ce qui vous liait sans savoir que c’était toi que tu haïssais si intensément. Lui vivait bien sa différence, lui vivait bien son existence… Alors pourquoi pas toi ? « Je suis tellement minable… »

Certaines choses ne changeront jamais.
Tu ne mérites pas sa compassion ni celle de qui que ce soit : si tu avais été moins extravagant, rien de tout ceci ne serait arrivé.
(c) TakeItEzy & Ellumya
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Let it hurt

until it can't hurt anymore


"But how am I supposed to love you, When I don't love who I am? And how can I give you all of me, When I'm only half a man?"

half a man - dean lewis
- Feat Ezekiel & Achille


Tu es étrangement détendu.

Toute la tension qui s’est accumulée en toi depuis toutes ces années, toutes tes émotions les plus sombres et les plus effroyables ont quitté ton âme. Seulement provisoirement, mais, pour ce soir, elles te ficheront la paix. Elles te laisseront tranquille, elles ne t’habiteront plus. Et, tu pourras enfin être toi. C’est comme si la vie te libérait de tes chaînes afin que tu goûtes la douce liberté, la sensation d’avoir enfin le contrôle sur tes actes et tes pensées, le temps d’un instant – mais que c’est agréable, de ne plus avoir l’esprit rongé, grignoté, par toutes ces sensations désagréables qui régissent ton existence depuis dix ans – ou non, depuis que tu as six ans même –. Ça te fait beaucoup de bien, d’être affranchi de tes propres démons, même pour un moment seulement. Parce qu’ils gardent, malgré tout, leurs mains serrées autour de ton cou, et attendent patiemment de dominer de nouveau ton existence. Mais tu t’en moques – après tout, le temps s’est arrêté n’est-ce pas ? –.

Ton quotidien semblable aux Enfers vient de se transformer en quelque chose de beaucoup plus positif.
Mais ce, pour combien de temps ? – tu ne préfères pas y penser, juste profiter –.

La seule chose qui te frustre, qui vient légèrement déranger ce moment de plénitude dont tu jouis, ce sont toutes ces questions que tu lui as posées. Tu t’en veux, mais tu n’as pas su résister. Elles brûlaient tes lèvres ; ton esprit aussi. Tu t’en veux, parce que tu as l’impression de tout gâcher en parlant autant. Parce qu’après tout, vous marchez tous les deux sur un fil étroit ; un moindre faux pas et vous tomberez. Après tout ça, tout ce qu’il s’est passé, tu ne voudrais pas tout briser – tu veux que la petite lueur naissante au creux de ton âme décharnée ne cesse de grandir désormais ; aurais-tu retrouvé espoir ? Attention à ne pas placer la charrue avant les bœufs, Achille –. Parce que tout est devenu soudainement beau à tes yeux – sensation éphémère –, comme si les couleurs venaient de nouveau teinter ta vie jusque-là maussade et terne. Oui, ce contact de ses lèvres contre les tiennes est comme le soleil printanier faisant éclore les fleurs jusque-là endormit et prisonnières du froid hivernale – vague de chaleur qui envahit ton cœur –.  

Tu as remarqué ces larmes qui se sont mises à couler le long de ses joues – est-ce ta faute ? –. Là serait une question de trop, telle la goutte faisant déborder le vase – tu lui en as assez demandé comme ça, n’est-ce pas ? –. Alors tu ne dis rien, tu te contentes simplement de continuer à plonger ton regard dans le sien, jusqu’à ce qu’il te lâche ton poignet et qu’il se laisse tomber sur le sol à côté de toi. Tu réprimes un frisson lors de la perte de contact – tu aurais voulu que ça dure encore plus longtemps, jusqu’à la fin des temps –. Tu inspires profondément, tandis que le silence qui s’est installé après que tu ais parlé habite toujours les lieux. Tu images imagines que ce ne sont pas des mots faciles qu’il s’apprête à prononcer – tu as envie de lui dire qu’il n’est pas obligé de te faire part de ses problèmes et autres raisons passées, mais c’est un peu tard désormais, tu as lancé la grenade, à toi d’en assumer les conséquences –. Qu’il te parler ou non, tu seras là pour lui.

Tu laisses tes yeux vagabonder sur la toile scintillante – millions de petites lumières qui réchauffent ton cœur ; tu ne fais même plus attention à la fraîcheur nocturne du sol qu’il martèle ton dos –. D’ordinaire, tu observes la voie lactée, ta fiole à la main, l’esprit embrumé – ce n’est jamais beau, juste flou, juste prosaïque –. Ce soir, tu trouves le spectacle encore plus magnifique – petit oiseau tombé du nid découvrant le monde ; est-ce une renaissance ? –. Tu jettes un coup d’œil vers Ezekiel qui essuie ses pleurs passés – ça te déchire le cœur soudainement –. Tu aurais sûrement mieux fait de te taire, mieux fait de prolonger ce moment plutôt que d’y mettre un terme égoïstement afin d’entendre réponses à tes questions – échos de son passé que tu lui demandes d’expliciter sans penser à ce que cela va lui évoquer ; un mauvais bourbier désuet –. Sa voix finit par trancher la tranquillité de la nuit – tu serres les dents ; tu as un peu peur de sa réaction, de l’avoir offensé, noyé sous toutes ces interrogations –. Et puis, cette fois-ci, tu finis par tourner la tête complètement vers lui – comme pour lui montrer que tu es là, que tu l’écoutes réellement, que tu ne fais pas semblant –.    

Ton cœur manque de louper un battement lorsqu’il évoque le fait que ses parents l’ont renié à cause de son homosexualité. Tu t’en veux. Tu trouves ça injuste. Parce que toi, tu as eu la chance d’avoir un père aimant, qui a toujours accepté ce que tu es, qui t’as toujours poussé et encouragé peu importe tes choix, qui as toujours fait en sorte de te pousser vers le haut – te rends tu comptes que tu te plains de ta vie alors que d’autres ont connu pire ? –. Plus il continue, plus tu sens ta gorge se serrer, de plus en plus. L’empathie que tu éprouves forme une boule au creux de ton ventre, et ta respiration est irrégulière – parfois, tu retiens ton souffle, inconsciemment –. Et là tu comprends. Tu comprends que la mort de Kattie a souillée vos vies, qu’aucun d’entre vous n’a pu réellement être heureux, que ces dix années n’ont rien arrangées, pour personne. Vous êtes tous né pour connaitre les pires atrocités de la vie, qui s’amuse à ne pas vous laisser tranquille et qui vous charrie. Vos destins sont imbibés des ténèbres depuis toujours – tel est donc la fatalité de vos existences –. Vos expériences de vie étaient toutes différentes et pourtant toutes aussi affligeantes les unes que les autres – à croire que vous aviez tous connu quelques-uns des pires malheurs qui puissent exister sur cette planète ; à vous tous, vous devez les avoir tous subis ; tristes subsistances –.

Tu finis par tourner de nouveau ta lourde tête en direction des étoiles – elles t’apaisent – avant d’inspirer un grand coup. Une larme s’écoule lentement le long de ta joue. Il faut que tu te reprennes, avant de parler, tu es trop ému, trop touché par l’histoire de ton vieil ami – et en plus, tu as l’impression que ce n’est pas tout, qu’il subsiste encore dans l’ombre des secrets douloureux –. Tu fermes un instant les yeux, tandis que ta main se déplace doucement, jusqu’à ce que ton auriculaire se dépose doucement sur celui d’Ezekiel. Simple petit geste pour lui dire que tu comprends, que tu es là pour le soutenir, que tu es désolé pour tout ce qu’il a vécu, désolé pour toutes les mauvaises paroles que tu lui as balancé en pleine tête. Parce que maintenant, tu comprends mieux certaines choses – et cela facilite l’indulgence, le pardon –. « Merci… » Spontané, sincère, mot murmuré s’évaporant, absorbé par la nuit. C’est la première chose que tu trouves à dire, et que tu trouves normal de faire. Le remercier de t’avoir donné des réponses – alors qu’il aurait très bien pu ne pas le faire, te laisser dans l’incompréhension la plus totale ; ce qui aurait été compréhensible –. Maintenant, toi, ton rôle est de lui prouver que ses paroles n’ont pas été vaines, que malgré tout ce qui a pu se passer, tu as désormais là pour lui s’il le souhaite, s’il le désire.

« Je suis désolé que tu ais eu à subir tout ça. Personne ne devrait avoir à être forcé de faire des choses dont il n’a pas envie pour répondre aux attentes des autres… » Ah, cette belle société – quelle ironie ! –. Elle prive les individus qui la compose de leurs capacités à être ce qu’ils veulent être – elle se contente de les enfermer dans des boites sur lesquelles sont écris le simple mot « conforme » –. Règle, conformité, tel un troupeau de moutons les gens n’osent pas se rebeller, et préfèrent rentrer dans ces fameuses boites construites par la douce société. Ceux qui osent sont tout simplement rejetés, exclues – parce qu’ils ne rentrent pas dans les clous –. Qu’Ezekiel ait eu à subir tout ça te met finalement hors de toi – ça bous en ton fort intérieur –. « Pour ce qui est de ta fille, ne pense plus à ça. Maintenant, elle est là, elle est magnifique, elle t’aime, et c’est tout ce qui compte. Vis dans le présent, pense à son, à votre futur, et enterre les origines de sa conception. » Tu fais de ton mieux pour trouver les mots justes, mais tu as toujours eu plus de mal à l’oral qu’à l’écrit – écrire, c’est tellement plus facile ; tu peux réfléchir, essayer, effacer, recommencer –. Tu espères ne pas prononcer des paroles qui pourraient le froisser, le faire se sentir encore plus mal qu’il ne l’ait déjà. Parce que, tout ce que tu veux après tout, c’est que ton ami d’enfance se porte mieux un jour.

« Je suis désolé de m’être comporté ainsi sans avoir essayé de te comprendre… » Oui, tu n’as pas été trop sympathique avec lui, tu n’as jamais cherché à appréhender son passé, ses dix dernières années qui s’étaient écoulées. Tu as simplement répondu à ses attaques, sans comprendre que c’était tout simplement un mécanisme de défense – tu n’es pas un bon ami –. Son petit rire si vide, si triste, te déchires profondément le cœur. Ton regard se pose de nouveau sur Ezekiel, tandis qu’un petit sourire tendre s’affiche sur ton visage plus détendu désormais. « Tu n’es pas minable Ezekiel, loin de là, et je ne cesserai de te le répéter. Tu as dû affronter des étapes terribles, et ça ne laisse pas indemne. » Tout ce que vous avez traversés avez marqué vos existences au fer rouge – marque indélébile –. Maintenant, ce que vous avez à faire, c’est apprendre à vivre avec, d’en faire votre force plutôt que vos faiblesses. Et, peut-être pourriez-vous vous entraider ?

« Je suis là désormais, si tu as besoin. » Murmures-tu.

Tu ne vas pas le laisser tomber. N’oublie pas ton nouvel objectif ; l’aider à se relever afin de pouvoir reposer en paix.  

Les étoiles vous observent – elles vous sourient –.
Les étoiles scintillent – telle la petite lueur d’espoir au fond de ton cœur –.
Les étoiles vous bercent – elles apaisent vos esprits assombris –.  
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Délivré.
Tu te sentais délivré d’un poids qui pesait sur ta poitrine depuis de trop nombreuses années. Tu n’avais pas l’impression d’être plus vivant ou louable qu'avant, mais tu te devinais étonnamment… délivré. Oui voilà. C’était le terme qui te convenait le mieux. Tu t’étais ouvert à Achille sans rien attendre en retour : ni compréhension, ni pardon, ni pitié. Tu lui avais simplement craché au visage la vérité qui te déchirait en milliers de morceaux depuis près de trois ans parce que tu ressentais le besoin irrépressible de parler. Tu ne voulais pas qu’il encaisse ta douleur, encore moins qu’il se l’approprie… Mais tu ne pouvais plus accepter de rejeter sur lui une haine qui ne lui était pas destiné. Celui que tu méprisais véritablement, c’était toi. Parce que tu avais été faible, parce que tu avais laissé la société te détruire comme un vulgaire objet. Tu l’avais laissé nourrir la certitude que ton existence était une erreur, que la voie que tu avais empruntée était parsemée d’infâmes décisions. Ton comportement, ton orientation, ta conception : rien n’allait pour eux. À l’époque de votre amitié, les gens s’indignaient de te voir traîner avec la classe populaire… Puis tu avais vieilli et ton comportement insolent était devenu une épine à leur pied. Lorsque tu avais voulu t’améliorer et devenir un homme meilleur : il était déjà trop tard. On ne voulait déjà plus de toi dans le tableau, dans le décor.

On t’avait chassé, effacé, oublié.

Ton monologue avait duré. Tu avais écouté avec aversion le son de ta voix s’élevant dans l’immensité des lieux pour y mourir, tu avais entendu le moindre de tes mots, chaque syllabe de ta plainte absolue. Tu t’étais trouvé pitoyable. Un vrai pleurnichard. Mais tu n’avais pas le choix. Tu pouvais toujours dresser une barrière de plus entre Achille et toi, mais l’égoïsme d’un tel geste atteindrait des sommets auxquels tu n’étais pas prêt à te livrer. Le peu de conscience qu’il te restait, tu le lui offrais sans la moindre condition. Tu te fichais d’être incompris ou d’être détesté malgré tout : Achille méritait des explications claires. Il méritait, plus que n’importe qui, de savoir ce qui c’était passé. Il y avait une histoire entre le l’enfant trouillard et l’homme méprisable, il te suffisait de quelques minutes et un grand bol de courage pour l’exposer au grand jour. Et tu l’avais fait. En partie. Suffisamment pour aujourd’hui.

Tu aurais aimé que les choses se passent différemment. Tu aurais aimé avoir sa chance d’exister sans la moindre honte, sans le sentiment d’être anormal, d’être dégoûtant. Si tes parents avaient attrapé ta main plutôt que de la sectionné, les choses se seraient passés différemment. Tu étais tellement sur la bonne voie… Iza’ t’avait insufflé assez de courage pour surmonter l’horreur de tes épreuves et tu avais accepté de croire en lui, en sa lumière. Puis eux avaient tout gâché. C’était facile, n’est-ce pas, de tout rejeter sur le dos de tes géniteurs ? Les Fitzgerald avaient le dos large. Ils pouvaient largement encaisser ta haine et toutes tes erreurs. Tu n’avais qu’à les pointer du doigt pour tout : pour ton comportement, pour tes échecs, pour ton manque de confiance… Ils étaient à la source de ton enfer. Et c’était rassurant d’avoir un nom pour tout justifier.

Sentant le doigt de ton ami d’enfance frôler le tien, tu ne peux réprimer le léger frisson qui parcourt ton être. À quand remontait la dernière fois que ton corps touchait celui d’un autre homme ? Tu n’avais pas souvenir. Tout avait été enterré dans une case condamnée de ta mémoire, mais tu réalisais que cette proximité t’avait manqué. Instinctivement, ta main remonte le long de la sienne pour venir affermir ce contact addictif. Dans ta poitrine, ton cœur ne se contrôle plus. Il s’emballe, omet quelques battements superflus. Ton être entier réagit en adéquation avec celui d’Achille… Et ça te rend aussi mal à l’aise qu’avide d’en avoir plus. Beaucoup plus. « Merci… » Ce n’était pas les mots que tu attendais, mais la sincérité de ces remerciements te laisse pantois. Sur ton visage, un sourire nerveux vole la vedette à l’envie de te prendre qui y brillait jusqu’à présent. Merci pourquoi au juste ? Merci d’avoir parlé ? Merci d’avoir expliqué pourquoi tu es un trou de cul irrécupérable ? Tu aimerais en rire. Mais tu ne peux pas. Parce que le cœur n’est plus à l’ironie.

Tu ne veux plus faire de Achille ton ennemi.
Il en sait trop.
Son existence a éveillé des sentiments fossilisés en toi.

« Je suis désolé que tu ais eu à subir tout ça. Personne ne devrait avoir à être forcé de faire des choses dont il n’a pas envie pour répondre aux attentes des autres… » Tu ne dis rien. Dans la théorie, ce qu’il dit fait plus de sens que tout l’horreur que tu as dû endurer… Mais dans la pratique, la vie n’est pas aussi belle que ça. Les gens doivent se plier en quatre pour répondre aux attendre des autres… Et c’est comme ça, voilà tout. On ne peut rien y faire. C’est à prendre ou à laisser… Et lorsque tu as voulu tout laisser, on ne t’en a pas laissé le droit. Même ça, on te l’a refusé. Tu aurais aimé te rebeller et dire non, mais la vérité c’est que t’es conditionné à tout ça. Depuis le jour de la naissance, on attendait de toi une perfection factice que tu atteignais tant bien que mal… Tu étais dans le paraître, dans le beau, dans le faire valoir. Faire valoir ton existence, ton droit à la vie. « Pour ce qui est de ta fille, ne pense plus à ça. Maintenant, elle est là, elle est magnifique, elle t’aime, et c’est tout ce qui compte. Vis dans le présent, pense à son, à votre futur, et enterre les origines de sa conception. » Il a raison. Constamment, tu ramènes Eden aux conditions de sa conception. Tu as du mal à tourner la page, à passer au travers cet acte déshonorant… Mais Achille a totalement raison : il est grand temps de vivre dans le présent. Mais en seras-tu capable ? C’est beau de savoir quoi faire… Mais est-ce suffisant ? Dans ta tête les questions bourdonnent jusqu’à en effacer le fil normal de tes pensées. Avez-vous vraiment un futur ? Quelque chose à espérer de demain ?

Toi, tu as toujours cru que tu mettrais fin à tes jours en l’amenant avec toi…

« Je suis désolé de m’être comporté ainsi sans avoir essayé de te comprendre… » Non. « Tu n’as rien fait de mal… » Il ne pouvait pas savoir. Personne ne le pouvait. Ce n’était pas écrit dans le ciel, tu ne dégageais pas la peur. (vraiment ?) N’importe qui aurait agis de la même manière que lui et c’était normal de le faire. Tu n’étais pas à prendre en pitié ; ton comportement était inacceptable. C’était un affront à son intégrité et un lourd passé n’était pas censé tout justifier. Ce n’était pas un passe-droit, ce n’était pas une carte « sortez de prison sans frais ». Achille avait bien fait. Achille t’avait confronté. Achille t’avait fait ouvrir les yeux, ne serait-ce qu’un peu. « Tu n’es pas minable Ezekiel, loin de là, et je ne cesserai de te le répéter. Tu as dû affronter des étapes terribles, et ça ne laisse pas indemne. » Est-ce vrai ? « Ce n’est qu’un prétexte… J’aurais pu faire beaucoup mieux, j’aurais pu m’en tirer largement mieux que ça Achille. J’ai été faible… Je le suis depuis qu’on est gamin. J’ai toujours été le trouillard de la bande, rappelle-toi. » Soupires-tu en repensant à toutes les fois où tu as conseillé à ce bon à rien d’Elyas de ne pas faire ci ou de ne pas faire ça, par crainte que Père et Mère ne s’emportent après toi. Le fils chéri des Fitzgerald ne devait surtout pas se blesser, après tout. La moindre égratignure était la source d’un scandale dont tu n’avais pas fini d’entendre parler… Tu n’étais pas fait pour ce genre de vie, pour ce genre d’insubordination. T’étais un gentil chien chien. Le chien chien des Fitzgerald. Leur marionnette.

« Je suis là désormais, si tu as besoin. » Retirant ton bras de devant ton regard, tu ramènes tes pupilles azurées sur la personne à ta droite. Désabusé. Désillusionné. À quel point peux-tu encore accorder ta confiance à quelqu’un ? Pourquoi ferrait-il ça pour toi ? Ça n’a aucun sens. Pas pour toi. Pas pour l’être individualiste que tu es. Prenant une grande inspiration, tu te redresses en relevant légèrement les genoux vers ta poitrine, l’invitant à en faire de même si le cœur lui en dit. Tu n’es plus en mesure d’exiger quoi que ce soit. « Pour combien de temps ? » Personne, sauf Izaiah n’a été capable de le faire. Personne n’a voulu côtoyer ta noirceur, supporter ton mal être. Ce que tu dégages est malsain, la vie que tu mènes est toxique : en a-t-il seulement conscience ? Tu as du mal à cerner l’homme qui te tient compagnie. Il te fait un peu peur. « Es-tu certain que c’est ce que tu désires ? Ma vision de l’histoire n’a rien de belle… La trame narrative, de mon point de vue, est complètement pourrie. » Tu aimerais qu’il te dise qu’il va reconsidérer sa décision, que ce n’est peut-être pas réellement ce dont il a envie… Mais tu sais que les risques frôlent le zéro absolu. Les gens ne se rendent pas compte à quel point tout est laid dans ta vie avant d’y avoir mis eux-mêmes le pieds. De loin, tout semble si simple…

Te retournant vers le Trinisky, tu déposes alors une main délicate sur le tissu qui recouvre son torse avant de le caresser maladroitement. Ton corps te hurle d’arrêter, mais ton cœur aimerait en découvrir davantage. Dans ta tête, le maelström bat son plein. Comptes-tu t’en sortir vivant ? Refermant tes doigts sur le pan de son manteau, tu l’éloignes légèrement de ton porteur. « As-tu quelque chose à boire ? Je vais avoir besoin de courage pour la suite je crois… » La suite. Cette suite qui ne verra jamais le jour si tu n’annihiles pas les dernières réticences qui te font prisonnier.

Tu as besoin de courage, d’un remontant.
Tu as besoin que quelque chose te fasse écouter l’instinct plutôt que la peur.
Tout ira bien après ça.
N’est-ce pas ?
(c) TakeItEzy & Ellumya
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- Feat Ezekiel & Achille


Que ressens-tu actuellement ?
Quels sont les sentiments qui se battent la vedette au creux de ton âme ?
Tu ne le sais pas, tu serais incapable de décrire les émotions qui malmènent ton corps actuellement.

Car c’est un véritable capharnaüm en ton fort intérieur.  Tu ne sais pas quoi penser de ça, de cette situation. Dois-tu te réjouir ? Dois-tu continuer encore et encore à te poser tout un tas de question ? Dois-tu avoir peur ? La vérité, c’est que tu restes effrayé malgré tout. Tu es horrifié à l’idée que tout cela ne soit qu’un rêve, que bientôt tu rouvriras les yeux dans ta chambre, assis sur le sol, ton verre rempli de vodka encore en main. Pourtant, les sensations que tu as ressenties à son contact étaient réelles, n’est-ce pas ? – ou bien ce sont tout simplement les effets de l’alcool qui te jouent des tours, pauvre de toi –. D’ailleurs, tu n’as pas pu chasser le frisson qui a parcouru ton corps ainsi que la douce chaleur qui a envahi ton être lorsque sa main est venue affermir le contact. Non, ça ne peut pas être une chimère éphémère. Tu es bien en présence d’Ezekiel Fitzgerald et tout semble avoir changé ?

Tu secoues doucement la tête, ramenant ton regard vide vers la voûte céleste. Il faut que tu arrêtes de malmener ton esprit, de le torturer sans cesse avec toutes ces questions. Ce soir, l’heure n’est pas aux interrogations. Si tu continues sur cette voie-là, tu ne vas faire que gâcher ce moment – et bon sang que tu ne le veux pas –. Parce que c’était comme si tout l’espoir, les rêves que tu as eus jusque-là, qui avaient été détruit, étaient en train de renaître de leurs cendres.

Tu ne voulais pas perdre Ezekiel, pas une seconde fois, pas maintenant, pas après tout ça.

Tu inspires longuement, tout en fermant les paupières. Tu laisses la petite étincelle au creux de ton ventre grandir – est-ce une erreur ? –. Tu laisses la chaleur qui anime ton corps s’emparer entièrement de ce dernier. Tu abandonnes ton combat, ta lutte contre tes propres sentiments. Tu as perdu au moment où ses lèvres ont rencontré les tiennes. Tu n’en peux plus de te battre contre toi-même, alors, pour ce soir au moins, tu laisses tes émotions prendre le dessus. Et puis, leur appel est tellement tentant – c’est si doux, si chaud, il y a bien longtemps que tu n’as pas ressenti ce genre de choses –. Comme si tu étais en train de vivre une… renaissance ? Mais peu importe. Finalement, désormais, tout ce que tu souhaites, c’est que ce moment reste figé pour l’éternité.

« Tu n’as rien fait de mal… » Tu n’en es pas certain. Tu as l’impression d’avoir fait n’importe quoi – non, tu as fait n’importe quoi –. Tu as voulu faire comme si rien n’avait changé depuis que vous vous étiez quitté. Tu as fait comme s’il ne s’était jamais rien passé, que la mort de Kattie n’avait pas eu lieu. Tu as voulu précipiter les choses, beaucoup trop heureux de voir ton ami d’enfance pour au final tout gâcher – tout est de ta faute –. « Ce n’est qu’un prétexte… J’aurais pu faire beaucoup mieux, j’aurais pu m’en tirer largement mieux que ça Achille. J’ai été faible… Je le suis depuis qu’on est gamin. J’ai toujours été le trouillard de la bande, rappelle-toi. » Un léger rire t’échappe lorsqu’il prononce la dernière phrase. Dans ce cas, toi aussi, tu aurais pu faire beaucoup mieux. Toi aussi, tu n’es qu’un faible, qui ne veut jamais voir la réalité en face et qui ne veut surtout pas l’accepter. Cependant, tu voudrais lui répéter, encore une fois, qu’il n’est pas faible. Mais, on ne change pas d’avis du jour au lendemain. Alors, s’il accepte ton aide, tu ne cesseras de lui dire qu’il vaut bien plus qu’il ne le pense, jusqu’à ce qu’il l’accepte et qu’il veuille bien l’entendre. Tu ne lâcheras pas ton ami – peux-tu encore le considérer ainsi ? – comme ça – est-ce raisonnable ? –.

N'importe qui ayant connaissance des faits te prendrait pour un fou, un idiot, un moins que rien.
N’importe qui ayant connaissance des faits te dirait que ce n’est pas raisonnable, que c’est peut-être même inutile d’agir de la sorte, après tout ce qui a bien pu se passer.
Mais toi, tu as décidé de te laisser guider par cet éclat au fond de toi – tu es persuadé que c’est la meilleure chose à faire, la meilleure route à suivre ; rares sont les fois où tu écoutes ton instinct à l’heure d’aujourd’hui –.  

Tandis qu’Ezekiel se redresse, toi, tu restes pour le moment allongé, le regard rivé vers les étoiles. Tu te laisses bercer par leur clarté, comme si elles étaient présentes ce soir pour te guider. « Pour combien de temps ? ». Un léger sourire se dessine sur ton visage. Tu aurais envie de lui répondre que tu seras présent pour lui jusqu’à la fin, jusqu’à ta mort, mais tu hésites. Te prendra-t-il au sérieux ? Te croira-t-il ? Peut-être même qu’il en rigolerait – en même temps, il y aurait de quoi ; après tout, ce sont des mots qui peuvent parfois faire enfantin ; tout adulte ayant conscience de la réalité qui l’entoure sait parfaitement que bien souvent, de nombreux obstacles viennent barrer la route à ce genre de promesse –. Pourtant, c’est réellement ce que tu penses. Maintenant que tu es en train de comprendre ce que tu ressens envers lui, maintenant que les choses semblent mieux partie, tu as envie de lui promettre que tu seras là pour lui, jusqu’au bout. « Es-tu certain que c’est ce que tu désires ? Ma vision de l’histoire n’a rien de belle… La trame narrative, de mon point de vue, est complètement pourrie. » Tu décides enfin de te redresser et tu t’assoies en tailleur. Tes yeux gris-vert plongent dans les siens. « Si je te le dis, ce ne sont pas des paroles en l’air. Je suis là et je serai là pour toi si tu as besoin, peu importe la vision du monde que tu peux avoir. » Dis-tu d’un ton sincère.

Parce que tu veux qu’il comprenne que ce que tu es en train de raconter ne sont pas des balivernes.

Lorsque sa main vient se poser sur ton torse, ta respiration s’arrête nette. Le souffle court, une nouvelle vague de chaleur envahit ton corps tout entier. Tu es paralysé ; paralysé de bonheur. C’est à la fois agréable et très effrayant comme sensation ; terrorisant même. Pourtant, ton être en réclame encore ; il en veut plus. Mais tu ne veux pas aller trop vite, tu ne veux pas bousculer les choses – tu veux faire en sorte de ne pas l’apeurer, de garder toutes tes chances de ton côté histoire de ne pas le perdre à nouveau –. Tu trembles légèrement, ton regard ne quittant pas le sien. Tu as envie de continuer de t’y noyer encore et encore, pour l’éternité – ce que tu ressens, c’est un peu comme les effets d’une nouvelle drogue ; tu sens déjà que tu en es accro –.

Ce n’est que lorsqu’Ezekiel se remet à parler tout en refermant sa main sur le pan de ton manteau que tu reviens sur Terre – un peu déçu de quitter ton petit monde –. « As-tu quelque chose à boire ? Je vais avoir besoin de courage pour la suite je crois… » Tu secours légèrement la tête, déconcerté, avant de bégayer un « Oui, attends voir deux petites secondes… ». Tu es chagriné à l’idée que ce contact, si éphémère fut-il, ait pris fin aussi rapidement. Tu aurais voulu sentir la chaleur de sa main plus longtemps – sans tissus entre ta peau et la sienne aussi –. Enfin, tu te retournes et tu attrapes ton sac, que tu ouvres. Tu en sors la bouteille de Gin que tu as prise, ayant pour objectif premier de la boire seule – mais à deux, ça sera beaucoup mieux ; pas vrai ? –. Puis tu enlèves le bouchon et la lui tends, tes yeux ayant pris pour cible un point dans vide.

« La suite… » Lances-tu dans un murmure qui s’évapore aussitôt sorti de ta bouche. Il y a donc bien une suite possible – ou au moins pour ce soir –. Dans ta poitrine, ton cœur s’emballe – tu as littéralement l’impression qu’il va la transpercer ou sinon qu’il va exploser ; l’un des deux va se produire, c’est certain –. Tu as beau essayer de le calmer, de l’apaiser, rien n’y fait. Tu as beau être terrifié, tu ressens ce besoin de connaître, de vivre cette suite. Prenant une grande inspiration, fermant momentanément les paupières, tu décides de te relever. Tu tends ta main à Ezekiel afin de l’aider à se relever – à lui de la prendre ou non ; tu ne l’obligeras en rien –. Tu passes l’autre dans tes cheveux noirs de geai. « Je… J’habite pas trop loin. Tu… veux venir chez moi ? » Lances-tu d’un ton non assuré – voilà bien longtemps que ça ne t’ait pas arrivé ; que t’arrive-t-il ? –.  Si tu le pouvais, tu t’enterrerais six pieds sous terre tellement ton malaise est perceptible. Tu n’as pas confiance en toi. Tu craints que sa réponse ne soit négative. Alors, tu t’empresses aussitôt d’ajouter « Pardon, si t’as pas envie ou pas le temps, je comprendrais… » Tu te pinces la lèvre inférieure, ne sachant plus réellement où te placer. Est-ce que tout ça ne va pas trop vite ? Est-ce que je fais la bonne chose ? Est-ce que j’agis de la bonne manière ? Est-ce que…

Et puis merde.
Si je continue à me poser autant de questions, je vais tout bousiller.
Bien Achille, on dirait que tu es en train de reprendre du poil de la bête.

Tu rappelles alors Kyrielle et tu l’as fait rentrer dans sa pokéball. Puis, sans même réfléchir cette fois-ci, tu attrapes doucement sa main et tu l’attires avec toi, en direction de ton appartement. Ton contact n’est pas ferme – tu lui laisses malgré tout le choix ; tu le tiens comme pour lui dire vient et pourtant tes doigts ne sont pas fermement accrochés aux siens, comme pour lui dire « si jamais tu veux t’en aller, je ne t’en voudrais pas » –.

Au fond de toi, tu pries Arceus pour qu’il ne te lâche pas.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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Theme Song
Feat. Achille Trinisky
I don't want to be a fucking tragedy
Tu avais déjà expérimenté l’amour.
Une fois.
Tu t’en étais complètement brûlé le cœur jusqu’à ce qu’il n’en reste que des cendres fumantes. Ce n’était pas un sentiment que tu voulais réexpérimenter, ce n’était pas une aventure dans laquelle tu voulais t’embarquer une nouvelle fois. Ça te faisait carrément peur que d’imaginer qu’un jour peut-être… Tu n’étais même pas apte à t’aimer toi-même, alors comment pouvais-tu espérer partager un peu de cet amour putréfié ? Tu n’y croyais pas une seule seconde. Tu ne pouvais pas faire de promesses à Achille, car tu savais que ta dépouille finirait tôt ou tard par les rompre… On ne pouvait pas avoir confiance en toi. Tu avais fini par le comprendre à force de te prendre d’acerbes retour de flammes. Tu ne voulais plus décevoir les gens, tu ne voulais plus lire la désillusion dans leurs yeux lorsqu’ils te regardaient. Tu avais payé pour tous tes mensonges, pour toutes tes plus belles chimères : maintenant, c’était terminé. Tu n’aspirais à aucun avenir, à aucun lendemain digne de ce nom. Ce n’était pas une vie, un quotidien, pour quelqu’un d’ambitieux comme Achille…

Pour quelqu’un capable de réussir et de s’élever plus haut que la simple condition humaine.
Pour quelqu’un de méritant.

Tu n’étais pas un cadeau, tu n’étais qu’un poison coulant dans les veines de tout imbécile osant s’attacher à toi. Tu ne souhaitais même pas à ton pire ennemi de croiser ta route ou de lien son destin au tien… Mais ça, le Trinisky n’avait pas besoin de te l’entendre dire. Le moment était doux. C’était une parenthèse bien méritée à une guerre qui vous avait mentalement épuisés… Tu pouvais bien garder tes états d’âme pour toi et lui épargner tes jérémiades enfantines l’instant d’une soirée, n’est-ce pas ? (C’était bien mal te connaître) Tu avais enfin osé parler et libérer momentanément ton cœur des mensonges qui l’emprisonnaient : c’était un événement mémorable, une avancée légendaire ! Tu te devais de t’en réjouir plutôt que de chercher à tous prix l’ombre au tableau…

Et alors que tes pensées s’étouffent dans l’insignifiance, le jeune homme se redresse enfin. Ses yeux s’ancrent aux tiens, tu ne détournes pas le regard. Tu acceptes d’être sondé, accepte de le laisser lire en toi si tel est son désir… Pour le temps que cette parenthèse durera, tu acceptes de t’abandonner complètement à Achille Trinisky. Tu ne t’attends pas à ton affection ou rien de semblable… Il peut bien se jouer de toi comme il le souhaite, tu n’en as rien à faire : ce soir, tu es trop épuisé pour lui faire barrière. Tu ne savais plus quoi penser de lui depuis vos retrouvailles. Le mystère qui l’entourait était opaque, nébuleux. Comment aviez-vous pu vous détester pour vous abandonner ainsi à la délicatesse de l’autre ? Ce n’était pas clair. Ça ne l’avait jamais été. Depuis plus d’un mois, vous vous jouiez l’un de l’autre sans craindre les conséquences… Et maintenant, votre source de distraction venait de vous éclater au visage. Comptait-il tirer ce qu’il restait de toi pour mieux t’abandonner par la suite ?

Pouvais-tu vraiment avoir confiance en lui ?

« Si je te le dis, ce ne sont pas des paroles en l’air. Je suis là et je serai là pour toi si tu as besoin, peu importe la vision du monde que tu peux avoir. » Pourquoi ? Dans ta poitrine, l’organe qui se sert de coeur s’étrangle. Le fait-il seulement au nom de votre amitié passée ? Vous avez un passé commun après tout… Est-ce tout ce qui vous relie ? Y a-t-il plus ? Tu entends au son de sa voix qu’Achille est parfaitement sincère et ça t’effraie d’être confronté à quelqu’un de déterminé à ne pas t’abandonner… Dans ton monde à toi, les gens ne sont qu’éphémères. Ils ne veulent pas s’attarder trop longtemps, faire un abri dans le coin de ton cœur, réserver une place pour le futur qui s’annonce. En quoi est-il différent des autres… ? Pourquoi ne parvient-il pas à te détester ? Pourquoi n’a-t-il pas peur autant que toi ? Demain est aussi effrayant que peut être l’avenir… Alors pourquoi ? Tu aimerais savoir. Tu aimerais pouvoir sonder son âme et en tirer toutes les réponses dont tu as besoin.

Mais au fond, ne pas savoir n’est-il pas ce qui le rend aussi attrayant ?
Achille n’est pas comme les autres… et c’est ce qui t’enivre autant. C’est la raison pour laquelle tu n’as pas pu te résoudre à laisser la haine vous définir, même si le détester semble plus simple que l’aimer. À son contact, les contradictions ne cessent de t’animer…

Lorsque tes doigts parcourent maladroitement ton torse, c’est une toute autre lueur qui s’éveille en toi. Tu avais oublié. Trois ans passés sans oser t’approcher de quelqu’un du même sexe avaient suffis à te faire oublier cette délicate sensation qui envahissait autrefois ton corps… Tu avais toujours aimé le corps des hommes. C’était plus fort que toi. Tu aimais en sentir la musculature sous tes doigts, la douceur, la chaleur… Et Achille n’était pas une exception. Le contact, même s’il ne dure qu’un temps et que la crainte remonte le long de ta gorge à l’idée de franchir le pas, est suffisant pour te faire comprendre que tu ne pourras jamais changer. Tu peux coucher avec autant de femmes que tu le désires, cette addiction pour tes semblables ne pourra jamais être guérite… Tu dois certainement être maudit. « Oui, attends voir deux petites secondes… » répond-t-il lorsque tu quémandes un petit remontant. Aussitôt, il se met à farfouiller dans son sac alors que ton visage se ternit légèrement. Tu aurais aimé être capable de vaincre tes peurs sans les endormir… Mais tu n’es définitivement pas rendu-là. C’est trop soudain, c’est trop récent.

Hier encore, tu te disais hétérosexuel…
Et aujourd’hui, tu venais de t’abandonner une nouvelle fois aux démons qui avaient détruit ta vie. C’était aussi honteux que révélateur : qu’importe les décisions que tu prenais, tu finirais tôt ou tard par choisir la plus dangereuse d’entre toutes. Achille n’était que l’objet d’un comportement autodestructeur qui te grugeait depuis quatre ans. Glorieux, n’est-ce pas ?

Attrapant la bouteille que te tend l’homme, tu le remercies d’un hochement de tête avant de porter le goulot à tes lèvres. Tu sais que ce n’est pas beau à voir. Achille et toi êtes prisonniers des mêmes vices… Il sait mieux que quiconque à quel point l’alcool n’a pour objectif que d’engourdir le mal. C’est psychologique. C’est un bonheur, un courage aussi éphémère que destructeur… Tu aurais aimé lui offrir mieux. Tu aurais aimé être capable d’affronter la suite sans noyer ton esprit dans l’alcool. Tu es tellement pitoyable…

« La suite… » Un sourire déchire les traits sérieux de ton visage en l’entendant. Est-ce vraiment ce dont tu as envie ? Oui. La question ne se pose, en réalité, même pas. C’est instinctif, primaire : tu veux goûter à cette suite sur laquelle vos esprits s’enflamment. Tu pourrais te défiler, dire que ce ne sera pas possible, que c’est trop tôt, que le traumatisme subsiste, mais ce n’est pas ton genre. De toute manière, que pourrait-il t’arriver de pire ? Tu as déjà atteint le fond. Existe-il quelque chose sous le niveau de l’enfer ? Inconsciemment, tu dois sans doute y croire… Autrement, tu ne te serais pas inquiété de la réaction des convives lors de vos retrouvailles. Mais là, maintenant, tu ne veux rien entendre. Tu as besoin de croire que la vie ne peut pas être plus terrible qu’elle ne l’est déjà.

C’est réconfortant d’être malheureux, n’est-ce pas ?
Reprenant une deuxième gorgée du liquide translucide, tu regardes Achille quitter son poste avec incompréhension. Lorsqu’il tend une main dans ta direction pour t’inviter à en faire autant, tu hésites à rejeter son aide. Tes yeux fixent un instant cette main tendue dans ta direction, cette promesse implicite de ne pas t’abandonner. Tu emplis tes poumons d’air, laisse tes poumons se gonfler et ta poitrine se soulever. Peux-tu réellement y faire confiance ? Tu aimerais te convaincre qu’Achille ne se donnerait pas toute cette peine s’il n’était là que pour se divertir… Mais c’est un pari difficile à tenir.
Il te faut sentir une troisième gorgée s’emparer de toi avant d’être capable d’attraper cette fichue main. Et s’il venait à te décevoir, tu sais qu’il ne serait pas le premier. Alors qu’en a-t-on vraiment à faire ?

« Je… J’habite pas trop loin. Tu… veux venir chez moi ? » Tu arques un sourcil, légèrement perplexe. Chez lui. Dans sa vie privée, dans son cocon de confort. Souhaite-il vraiment y revoir ton image lorsque vous vous serrez lassés l’un de l’autre… ? Déglutissant, tu acquiesces en tant de reprendre contenance. Ta respiration se fait un peu plus rapide alors que ton esprit prend pleinement conscience de ce qui se passe. Entre son malaise et ta panique, tu ne sais pas lequel de vous deux a la plus fière allure. Probablement ni un ni l’autre. « Pardon, si t’as pas envie ou pas le temps, je comprendrais… » Tu voudrais rigoler devant sa maladresse, mais tu ne peux pas. Ce manque de confiance en soi te rappelle Nathanael et c’est un parallèle aussi douloureux que réconfortant : tu les as toujours aimés un peu incertains, maladroits. Tu as toujours su en tirer avantage et y trouver ton petit plaisir personnel.

« J’ai tout mon temps devant moi. Eden est chez la voisine pour toute la nuit… C’est mon jour de sortie aujourd’hui. » À comprendre : Le jour de la semaine où tu reviens aux petites heures complètement bourré et peu présentable. Le jour de la semaine où la voisine te ramasse sur le pas de ta porte et où elle doit t’aider à te dévêtir avant de te mettre au lit jusqu’à pas d’heures. Jusqu’à ce que tu sois capable d’être un père. C’est le pire et le meilleur jour de la semaine. Mais aujourd’hui est différent de ses prédécesseurs. Il y a Achille.

Rappelant Alchemy dans sa pokéball, tu glisses l’objet sphérique dans ta poche avant de t’abandonner à l’invitation de cet homme dont l’existence te fait perdre le nord. Affermissant ta poigne autour de la sienne, tu le tires légèrement dans ta direction afin de minimiser la distance entre vos deux corps puis, doucement, tu glisses ta bouche à son oreille. Ta respiration est un peu plus rapide qu’à l’habitude, elle trahit complètement le manque d’assurance que tu t’emploies à cacher derrière le ton amusé de ta voix. « Je veux bien aller chez toi… Mais dis-moi, Achille, que va-t-on y faire ? Qu’as-tu derrière la tête ? » Murmures-tu avant de laisser tes dents s’attarder son lobe d’oreille. Tu attends quelques secondes, tentes de garder ton calme aussi longtemps que possible… Mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire : ton corps entier s’embrasse de cette proximité indécente, de ce brusque retour en arrière.

Ça t’avait manqué, n’est-ce pas ?
C’est toi. Tu es comme ça. Tu peux toujours maudire Arceus et tous les dieux pour t’avoir conçu défectueux… Mais cette douce ivresse en sentant Achille près de toi n’a pas de pendant dans l’univers. C’est la seule chose qui te rend encore vivant.

Puis enfin, tu rigoles doucement avant de t’éloigner de lui. « Je rigole… » Doucement, tu relâches sa main. Tu te fiches de savoir qu’il habite proche : tu ne peux pas prendre le risque de vagabonder dans la rue au bras du Trinisky. Si quelqu’un venait à vous voir, tu ne sais pas si tu serais capable d’encaisser à nouveau les rumeurs et le mépris d’autrui… Il n’y aurait pas de deuxième chance, pas d’enfer plus réel que ton corps vendu au vide. « Je te suis… Mais fais-moi le plaisir de ne pas me laisser à l’entrée cette fois. » Humour ou pique amer ? Difficile à dire.

Mais tu étais conscient d’avoir largement mérité cet abandon sur le paillasson.
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Ezekiel Fitzgerarld.

Voilà que depuis plusieurs semaines, la simple évocation de ce nom, la moindre pensée à son sujet, réveillait en toi des sentiments que tu avais toujours refoulé jusque-là - depuis le départ si soudain de Nathan ; tu n'avais rien laissé paraître mais ça t’avait littéralement scié le cœur en deux, comme si une partie de toi s'en était allée avec lui -. Des sentiments que tu avais caché et enfermé dans un coffre-fort, rangé dans un coin de ton âme que tu croyais inaccessible - c'est loupé Achille, les voilà de retour -. Ils te font peur, ces sentiments. Ils sont beaucoup trop puissants, beaucoup trop réels. Si abandonner, c'est prendre de nombreux risques, comme celui d'être détruit par la personne en question. C'est pour ça que durant tout ce temps, après les retrouvailles avec ton ami d'enfance, tu as essayé de les refouler, de les éjecter de ton corps. Tu n'avais pas le droit d'éprouver quoi que ce soit pour Ezekiel, surtout pas après tout ça. Tu as tout essayé pour les annihiler. Te noyer sous des flots d'alcool, fumer encore et encore jusqu'à ne plus pouvoir respirer correctement, écrire sans jamais dormir. L’auto-conviction aussi, mais, tu as tellement peu confiance en toi que ce genre de technique n'a aucun effet - dommage -. Tu as tout de même continué la lutte, tu n'avais tout simplement pas le droit de perdre, de t'abandonner à ce genre de sentiments - tu ne voulais pas souffrir une nouvelle fois, tu ne voulais pas donner de toi pour te faire bouffer encore une fois -. C'était un raisonnement égoïste au possible mais après toutes les pertes que tu avais dû endurer, tu avais tout simplement dit stop et avais préféré la solitude. C'était mieux ainsi, tu vivais mieux - quel énorme mensonge, chimère dont tu te berces ; cela ne t'a jamais permis d'être heureux, juste que t'enliser dans cette solitude un peu plus profondément, jusqu'à n'avoir plus que la tête au-dehors pour respirer ; bien que tu ais constamment la sensation de t'étouffer -.

Tu as fait tout ça, pour au final perdre volontairement ce combat.

Tu en as marre, tu n’en peux plus de résister, de te taire, de laisser tes démons faire. Tu commences même à regretter amèrement ce pacte que tu as passé avec le Diable – si seulement tu n’avais pas craqué –. Après Nathan, tu t’étais promis de ne plus recommencer, de ne plus retomber amoureux. Parce que tu as peur et que tu ne veux pas faire subir aux autres ton mutisme. Tu n’es plus bavard, bien que tu ne l’aies jamais réellement été. Mais aujourd’hui, tu ne parles plus de toi, tu ne dis rien, tu n’exprimes rien – tu préfères grandement tout expier lorsque tu te retrouves seul, dans ton appartement –. Tu ne veux pas qu’une autre personne ait à subir ta mélancolie comme Nathan a dû le faire. Tu ne veux pas embêter quelqu’un d’autres avec tes nombreux tourments, ceux qui te retournent l’esprit en permanence. Tu ne voulais que personne d’autre n’ait à endurer ta peine et tes chagrins permanents.

Et puis, tu avais longtemps voulu garder ta liberté – encore un raisonnement égoïste –. Ta liberté de boire à ta convenance, la liberté de pouvoir fumer à n’importe quel moment. Tu voulais ton autonomie afin d’assouvir tes addictions – celles sans qui tu ne serais rien –. Pourtant, tu as souvent regretté ce choix. La solitude ne te convient aucunement, tu as besoin de quelqu’un à tes côtés, tu as besoin d’attention, d’amour – tu en as toujours manqué –. Mais tu te voiles la face, tu te refuses d’accepter que tu n’aies rien sans une autre personne avec toi – parce qu’avoir quelqu’un avec soi c’est accepter le risque qu’il puisse disparaître de ta vie un jour où l’autre ; c’est juste inconcevable, pourtant, il serait temps que tu ouvres les yeux –. Tu ne cesses de te considérer comme un poids mort et tu ne veux que personne n’ait à te relever constamment. Tu ne veux pas être une surcharge, un boulet et gâcher l’existence de quelqu’un d’autre.

Tu aurais dû t’interdire de presser délibérément tes lèvres contre les siennes.
Tu aurais dû partir quand tu l’avais vu ; tu n’aurais pas dû l’interpeller.
Parce que tu ne voulais pas être ce poids mort dans sa vie.

Bordel.

L’attirance que tu éprouves à son égard est bien trop forte, bien trop puissante. Jamais tu n’as ressenti de sentiment aussi intense. Tu as besoin de lui à tes côtés, c’est ton instinct qui te le hurle. Tu as besoin de plus. Mais, tu n’as plus le droit de faire les mêmes caprices que lorsque tu l’as retrouvé. Tu n’as plus le droit d’agir en lui imposant tes choix, ta vision du monde. Tu dois faire attention à tes moindres faits et gestes, à tes paroles – tu dois apprendre à respecter les autres finalement et à ne pas croire que tout ce que tu as bien pu imaginer va se produire tel quel –. Tu dois apprendre à être patient aussi, ne pas croire que tout va arriver du jour au lendemain, dès que tu le souhaites. Tu vas devoir apprendre, grandir.

« J’ai tout mon temps devant moi. Eden est chez la voisine pour toute la nuit… C’est mon jour de sortie aujourd’hui. » Tu ne peux réprimer un petit soupir de soulagement que tu caches bien rapidement de ta main, détournant le regard. Au fond de ton regard, la joie doit surement être grandement perceptible. Tu avais eu peur de la réaction qu’il aurait pu avoir. Après tout, lui proposer d’aller chez toi passé les évènements depuis vos retrouvailles aurait pu lui faire peur – les sous-entendus aussi –. « Pa-parfait alors. » Tu bégayes. Il y a tellement longtemps, en plus, que tu n’as pas invité quelqu’un dans ton appartement. Même ton père et ta sœur ne venaient jamais parce que tu ne voulais pas qu’ils voient, qu’ils constatent ce que tu es devenu. Mais là, tout était différent. Et puis, vous n’alliez pas rester ici toute la nuit, sur le sol froid et graillonneux, au risque de finir congelés au petit matin, n’est-ce pas ?

 Après avoir pris sa main, lorsque tu sens qu’il serre délibérément la sienne, tu es une fois de plus soulagé. Tu avais eu peur – décidément, tu es drôlement effrayé ce soir – que ce contact ne soit trop rapide – tu ne sais vraiment plus comment te comporter avec les autres, c’est fou ça –. Mais lorsqu’Ezekiel t’attires vers lui et qu’il se rapproche, ton cœur loupe un battement, peut-être deux même. Cette proximité attise un peu plus le doux brasier dans ton corps. « Je veux bien aller chez toi… Mais dis-moi, Achille, que va-t-on y faire ? Qu’as-tu derrière la tête ? » Le rouge te monte aux joues. Oui, la panique envahit littéralement ton être tout entier. Mais, il a raison. Qu’as-tu derrière la tête Achille ? Qu’espères-tu ? Qu’attends-tu ? La vérité ? C’est que tu veux prolonger ce moment avec lui ; dans de meilleures conditions que dans ce parc. Tu veux être réellement seul avec lui, ne pas être inquiet quant à l’idée qu’une quelconque autre personne vous voit – tu n’avais encore que trop bien le résultat de ce que cela pouvait donner ; douloureux souvenir de vos retrouvailles –. Et puis, si tu ne fais qu’écouter ton instinct, tu dirais que tu as également besoin de plus ; de lui, ta peau contre la sienne.

« Je… » Commences-tu à murmurer, ne sachant que dire. Lorsque ses dents s’attardent sur ton oreille, tu retiens l’envie qui te prend de te retourner et de déposer avec fougue tes lèvres contre les siennes. Tu dois te contrôler, tu dois calmer tes ardeurs, tes impulsions. Mais bon sang que tu en aurais envie – c’est comme un manque, une nouvelle addiction ; tu y a goûté une fois et tu ne peux déjà plus t’en passer –. Et puis, lorsqu’il rit, ce doux son résonne dans ta tête un moment. Un sourire s’affiche sur ton visage : ça te fait du bien, de le voir ainsi – tu souhaites sincèrement qu’il connaisse de nouveau le bonheur ; tu comptes bien l’y aider et ce petit rire ne fait que te conforter un peu plus dans ton choix –. « Je rigole… » Puis il relâche ta main. Bien que tu sois frustré, tu restes soulagé. « Je te suis… Mais fais-moi le plaisir de ne pas me laisser à l’entrée cette fois. » Tu échappes un petit rire, tout en roulant les yeux. C’est vrai que, la dernière fois, tu ne t’étais même pas retourné vers lui pour le saluer, lui souhaiter une bonne soirée – tu n’avais pas pu ; et tu avais regretté plusieurs jours durant –. « C’est bon, t’en fais pas, tu passeras le pas de la porte. Mais dans ce cas, ne me lâche pas en cours de route. » Avoir sa main dans la tienne aurait été la preuve qu’il te suivait bien. Là, tu allais devoir faire le chemin du retour avec cette boule au ventre, la peur qu’il ne parte en douce. Enfin, tu réajustes ton sac sur ton épaule et d’un petit signe de la main, tu l’invites à te suivre. Effectivement, ton appartement ne se trouve qu’à quelques pas de là. Et pourtant, durant tout le trajet, tu ne peux t’empêcher de jeter des coups d’œil inquiets dans sa direction – tu as un peu honte mais c’est ainsi –.

Vous finissez par arriver devant ton immeuble. Tu tapes le code à l’entrée, puis tu passes le premier, tenant la porte à Ezekiel. Puis vous montez les escaliers, avant d’arriver devant ta porte. Tu attrapes tes clefs, avant d’ouvrir. De même, tu tiens la porte à ton ami d’enfance, avant de refermer la porte derrière toi. « Attends voir deux petites secondes. » Tu t’éloignes afin de poser ton sac, ainsi que de ranger ta bouteille dans ton meuble adéquat, avant de retourner vers Ezekiel.

Et maintenant ?

Tu passes ta main dans tes cheveux, tout en détournant le regard. Qu’est-ce que tu dois faire ou même dire ? Comment dois-tu te comporter ? Tu ne sais pas, il y a beaucoup trop longtemps que tu n’as pas fait… ça ? Tes yeux gris-verts se reposent sur Ezekiel, tandis que tes joues sont toujours aussi teintées de rose. « Tu veux peut-être boire quelque chose ou même manger ? … » Si tu le pouvais, tu te t’enterrais ou tu te mettrais une claque aussi. C’est tellement… idiot. Tu laisses alors ta main se poser sur son épaule tandis que tu te rapproches de lui.

Résiste.

Celle-ci remonte alors vers son cou et tu caresses doucement sa joue avec ton pouce. Ta deuxième vient également se poser de la même manière de l’autre côté. Merde. Tu brises alors le peu de distance qui vous sépare, posant tes lèvres sur les siennes. C’est chaud, c’est doux. Et après ?

Tu as besoin de lui, là, maintenant.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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LET IT HURT, UNTIL IT CAN'T HURT ANYMORE
Theme Song
Feat. Achille Trinisky
I don't want to be a fucking tragedy
Gladys savait, elle.
Elle savait ce que t’étais borné à ne pas voir, elle savait les mots que tu t’étais refusés, les sentiments qui avaient sévi à la frontière de ton coeur. Ça existait depuis longtemps au plus profond de ton corps meurtri, de ton âme écorchée, de tes émotions bafouées… C’était une partie de toi depuis le jour où ton subconscient, indubitablement en proie la débauche, s’était éperdument épris d’Achille Trinisky.
Encore à ce jour, tu aimais croire qu’il n’avait été qu’une attirance de jeunesse, que l’espoir fragile d’une histoire qui n’avait jamais fleurie, faute d’eau et d’amour pour la nourrir… Mais était-ce vrai ? N’était-ce pas qu’un mensonge fait à toi-même pour te convaincre que jamais, au grand jamais, tu n’avais eu de sentiments pour lui ? Longtemps, tu avais confondu l’amour et l’amitié, l’affection et la passion… Avant que Nathanael ne s’invite clandestinement à la fête, tu n’avais jamais pris le temps de trier le maelstrom de sensations qui condamnait tes pensées lorsque tu rencontrais quelqu’un. C’était toujours le bordel, un énorme chahut dans lequel tu finissais par ne plus rien entendre et qui te happait sans la moindre résistance en retour. La première victime de ton instabilité émotionnelle ; c’était toi.
Toi et personne d’autre.
Toi depuis le commencement, depuis le premier jour de la fin du monde. De ton monde.

Achille ne savait pas dans quel cauchemar il s’enlisait s’il prenait le risque de te faire tomber amoureux. Il n’avait pas vraiment conscience du poison qui voulait dans tes veines, du virus contagieux dont tu prenais la forme… Pour vouloir rester à tes côtés et accepter tes désirs égoïstes aussi ouvertement, c’est qu’il devait forcément être aveugle. Aveugle ou complètement fou, timbré même, qui sait ? Dans tous les cas, le Trinisky n’avait pas toute sa tête et cette démence finirait forcément par avoir raison de lui. Tu allais le détruire à petit feu tout comme tu l’avais fais avec Nathanael, ta famille ou toi-même.
Ce n’était pas vraiment ce que tu désirais. (Ce n’était jamais ce que tu souhaitais)
Mais c’était toujours ainsi que les choses se concluaient.
Tu étais maudit, Ezekiel. Il n’y avait pas de fin heureuse pour les gens comme toi, pour les ratés de ton espèce. Vous étiez condamnés à connaître la défaite dans tout ce que vous aviez le malheur d’entreprendre que ce soit sur le plan amoureux, social ou professionnel… Et le plus con dans tout cela, c’est que tu avais malgré tout le toupet d’entraîner des gens sur ton sillage. Tu le faisais consciemment, volontairement, égoïstement.
Dans le genre trou de cul égocentrique, on faisait difficilement pire que toi.

Mais pour ce soir, tu voulais fermer ton esprit à l’avenir peu radieux qui s’annonçait pour vous. Tu savais que c’était un déni dangereux, un jeu malsain, une décision risquée… Mais ton corps et ton coeur parlaient plus fort que ta raison.
La proximité que tu partages avec ton ami d’enfance réveille en toi des sensations étouffées, des désirs morts. Il y a quelque chose dans le creux de ton ventre qui renaît de l’enfer dans lequel tu l’as envoyé et tu n’es pas assez fort pour l’affronter. Et c’est en sentant son corps réagir à tes mots dans le creux de son oreille, à tes lèvres sur sa peau, que tu comprends à quel point il est vain d’espérer pour ton salut ; tu ne peux plus faire marche arrière. Il y a entre vous une soif si profonde de l’autre que vos raisonnements les plus rationnels sont déjà voués à l’échec.
Tu le veux lui, dans sa totalité. Tu veux gouter sa peau, le sentir frémir sous tes doigts ; combattre la peur qui te noue le ventre lorsque tu sens le parfum délicat d’un homme remonter à tes narines. Ce que tu fais pourrais te tuer ou détruire le déni qui te protège depuis trois ans… C’est un risque ridicule, mais c’est si bon de goûter au fruit interdit, n’est-ce pas ? En t’abandonnant à la tentation, tu te sens toi-même. Pour la première fois depuis que Nathanael a quitté le court de ta misérable vie, tu te sens en accord, rythme avec la personne que tu es réellement.
Ça fait mal, n’est-ce pas ?
Ça fait mal de se dire que trois ans de combat n’ont pas suffi à te guérir véritablement.
Que tu mords au moindre appât que l’on te tend, que tu succombes aussi aisément… N’as-tu pas honte d’être si faible ?

C’est bon, t’en fais pas, tu passeras le pas de la porte. Mais dans ce cas, ne me lâche pas en cours de route.” Craignait-il vraiment que tu ne t’évapores ? Tu n’avais pas encore ce pouvoir. Et même si tu l’avais, tu n’en userais pas. Parce que cette soirée, tu ne l’imaginais nulle part ailleurs que dans ses bras. Tu avais besoin de réconfort, de sa chaleur. Même si ça faisait mal de l’admettre, tu le désirais autrement que par désir charnel. Tu le désirais en tant qu’ami, en tant que “personne capable de te supporter”. Tu ne te comprenais pas. Mais tu t’en foutais. “Ne t’en fais pas, je ne vais pas disparaître…”, murmures-tu avec un brin d’amusement malgré toi. Tu ne pouvais pas trahir sa confiance, briser l’espoir quelconque qu’il plaçait en toi. Tu aurais sans doute mille autres possibilités de le décevoir… Alors pourquoi se précipiter de la sorte ? Tu finissais toujours par désillusionner les gens qui gravitaient injustement autour de toi, inutile de le faire sciemment. La soirée s’annonçait belle… Pour la première fois depuis plusieurs années, tu ne craignais pas l’heure tardive et les bras qui t’accueillaient. Ne pouvais-tu pas simplement profiter ?

Pendant tout le trajet, tu te contentes de le suivre sans un mot. Un peu en retrait, tu admires les mouvements de son corps svelte, tu te délectes de la finesse de ses membres, de sa carrure qui, à défaut d’être imposante, est plutôt délicate et raffinée… Admirer en silence était un plaisir coupable auquel tu ne t’étais plus abandonné depuis ce jour. Tu avais peur que yeux te trahissent, que la trajectoire de ton regard ne parle pour toi et que tout le monde sache les composants de ta pensée. C’était ridicule… Mais c’était un traumatisme auquel tu n’arrivais pas à faire face. Tu t’étais tant détesté pour cette faiblesse, pour ce péché auquel tu t’étais trop longtemps abandonné. Tu aurais dû réagir avant, faire volte-face avant qu’il ne te condamne… Mais tu ne l’avais pas fait et tu en avais payer le prix cher. Serais-tu vraiment capable de faire comme si de rien n’était, d’accepter que quelqu’un pose ses mains sur toi ? À cette idée, un sourire déchire douloureusement la fermeture sur ton visage.
Dans ta poitrine, ton coeur se tord dans l’angoisse. Seras-tu capable d’agir en tout rationalisme ?
(Rien n’est moins sûr.)

Heureusement, tes pensées se rompent à l’instant où vous arrivez devant la porte. Reprenant un peu de confiance (ou quelque chose y ressemblant), tu épargnes ta curiosité à Achille lorsqu’il tape le code d’entrée puis tu le suis docilement dans les escaliers menant jusqu’à l’entrée. Alors vous y êtes hein ? La dernière fois, tu n’avais même pas eu le loisir d’admirer cette section de l’appartement. Tu étais resté dehors, sur le pas de la porte, avec rien de plus que quelques remerciements brefs et froids en guise de paiement. Cette fois, tout était différent… Et tu ne savais pas trop comment vous en étiez arrivé là. Il y avait eu ta colère, tes insultes, ses répliques, ton impertinence, son affection ; c’était un bordel sans nom que votre relation. Rien ne s’expliquait, rien ne faisait de sens. Entre vous, c’était comme dire que 1 + 1 = 3, sauf qu’il n’y avait personne pour vous dire d’apprendre à compter. Vous vous enfonciez dans cette erreur mathématique, inconsciemment convaincus que votre raisonnement finirait par se placer.
Foutaises.
En entrant chez Achille, tu sens soudain la tension s'emparer de tes membres alors que tu pénètres le premier. Te voici donc au coeur de son intimité, de sa vie privée. C’est intimidant, n’est-ce pas ? Tu n’avais jamais admirer l’appartement de Nathanael à l’époque… La seule fois où vous aviez eu le malheur de fixer un rendez-vous au Kantô, il n’avait même pas voulu que tu te pointes dans sa ville… Alors que dire de son cocon ? Les gens ne voulaient pas graver ta présence dans l’endroit au centre duquel leur vie gravitait. T’étais un parasite, un problème dont les conséquences survivaient à ton départ.
Tu aurais dû refuser. Tu n’aurais pas dû venir ici. “Attends voir deux petites secondes.” Avec plaisir. Ça te laissera le temps de t’imprégner des lieux et de calmer ta respiration ridiculement trop saccadée.

Enfin, c’est ce que tu penses.
Privé de la bouteille (précieux réconfort censé te donner le courage qui te fait défaut), tu admires en silence Achille qui se retourne vers toi. Tu ne bouges pas. Tu ne sais pas quoi faire. T’as perdu ton naturel, ta superbe, t’as pas envie de te dévoiler, d’être vulnérable. T’as peur. Ça grouille dans ton ventre, ça fait office de barrière au désir qui s’emparait de toi dans le parc… Tout semble trop réel, trop soudain, trop accessible. Le souffle lourd, tu fixes ton ami.
Ton ami d’enfance.
Putain Ezy, on ne t’a jamais dit que l’amitié c’était sacré ? Qu’il ne fallait pas y mêler de sentiments ?
Tu veux peut-être boire quelque chose ou même manger ? …” Un ventre noué comme le tien ne peut rien avaler. Tu ne réponds pas, les mots se bloquent dans ta gorge à la seconde où sa main se pose sur ton épaule. Déglutissant, tu te bornes à l’immobilité, la laisse remonter vers ta gorge (il pourrait te faire payer, se venger, resserrer sa poigne autour de ton cou, mais rien ne se passe), se perdre sur ta joue. C’est doux, c’est nouveau, ça n’a rien à envier à toutes les fois où les gens ont levé la main sur toi… Ton corps est marqué par la violence de l’humanité et il a perdu l’habitude d’être bien traité. C’est triste, mais c’est une partie de toi… À ce stade de ta vie, tu réalises que la délicatesse te fait plus peur que les coups matraquant ta peau meurtrie.

Tu es si pitoyable.
Pourquoi Achille est-il si différent des autres ?

Sentant ton corps frémir à la distance qui se réduit entre vous, tu tentes de combattre l’instinct qui grimpe en toi lorsque ses lèvres se posent sur les tiennes. Tu paralyses. Tu ne sais pas comment réagir, tu ne sais pas quoi faire. Tout était si simple au parc, pourquoi est-ce si différent soudainement ? Parce que la surprise n’est plus là… Et la colère non plus. On t’a toujours dit que tu étais trop impulsif, que tu réagissais mal aux stimulis extérieurs. Et s’ils avaient raison ? À la fois agacé et amusé par cette critique faite à toi-même, tu finis par déposer tes mains dans le bas de son dos pour mieux le plaquer contre toi.

Tant qu’à être irréfléchi, autant l’être jusqu’à la fin.

Confiant, taquin, tu refermes posément tes dents sur sa lèvre inférieure alors que tes mains remontent légèrement le long de son dos. Tu reviens trois ans en arrière, tu retrouves tes bonnes vieilles habitudes et l’excitation se mélange aussi bien à la douleur que la joie. Achille est là, il s’offre à toi, ce serait bête de le lui refuser cette faveur… Non ? Idiot. Prolongeant le contact de ses lèvres sur les tiennes, tes mains s’abandonnent au désir qui brûle en toi. Un peu brusquement, hâtivement, tu l’aides à retirer son manteau, exprimant sans hésitation ton besoin de briser cette barrière agaçante entre lui et toi. Tu n’as plus peur.
Plus maintenant, plus pour le moment.
Mais jusqu’à quand ?

Je veux bien un morceau...” Murmures-tu en creusant la distance entre vos visages. Amusé, tu laisses un sourire planer en douce sur tes lèvres. Tes mains viennent reprendre leur place au creux de ses hanches, se permettent le luxe de se glisser légèrement sous sa chemise pour venir en caresser légèrement la peau. “Malheureusement, la seule chose que j’ai envie de manger se trouve juste sous mes yeux…” Mais tu le regrettes déjà. Prononcer de telles paroles est plus douloureux que tu ne l’avais imaginé. Un voile de tristesse traverse ton regard, tu te fais violence pour ne pas y succomber. Respire, serre son corps contre le tien comme si ta vie en dépendait. Pour la première fois, tu as besoin de cette proximité, de cette sensation injuste que quelqu’un est là... Et pas uniquement pour assouvir tes pulsions primitives ou nourrir tes insécurités. C’est plus que ça, plus que ce que tu veux bien t’admettre. “... Ou on peut aussi s’asseoir et discuter autour d’un verre si tu préfères. T’as encore la bouteille de whisky que tu m’as dérobé à l’épicerie la dernière fois ?” Ton être se décompose en t’entendant. Vraiment ?
T’as pas été capable de gérer cette lueur de confiance, d’assurance naïve. T’es juste effrayé. Effrayé à l’idée d’être rejeté, d’en avoir trop fait, d’avoir sauter des étapes.
À une époque, tu n’en aurais rien eu à faire. Tu aurais proposer de payer, beaucoup auraient accepté, tu n’aurais plus eu besoin de jouer. Mais ça ne marchait plus comme ça désormais… Et après trois ans à te rejeter si intensément, tu n’étais définitivement plus certain d’être capable faire preuve de la même confiance aveugle. Et si tu venais de tout briser ? T’en étais capable. Largement capable.

Fuck.
(c) TakeItEzy & Ellumya
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Let it hurt

until it can't hurt anymore


"But how am I supposed to love you, When I don't love who I am? And how can I give you all of me, When I'm only half a man?"

half a man - dean lewis
- Feat Ezekiel & Achille


Tu es une véritable girouette.

Tu es instable psychologiquement. Loin de là l’idée d’être psychotique, tes sentiments restent pour le moins très fluctuants. Tu ne sais pas prendre de décision pure et dure, tu ne sais pas trancher un dilemme. Tu restes en permanence coincé dans cet entre-deux, incapable de prendre parti pour un côté ou pour l’autre. Tu n’as pas le courage d’assumer tes choix – tu n’en fais jamais –. Ça ne te plait pas, de ne jamais savoir quoi faire. Comme tu n’aimes pas l’idée de devoir choisir, renoncer à certaines choses. Et l’exemple le plus flagrant, c’est la situation, tout ce qu’il a bien pu se passer avec tes amis d’enfance lors de vos retrouvailles. Tu es passé par tous les états possibles et inimaginables, de la joie à la colère de la peine à la haine. Tu n’as pas su choisir le bon chemin, le meilleur à prendre – y en avait-il un préférable, un plus convenable ? –. Les laisser sortir de ta vie, ou t’entêter à les convaincre que vous pourriez reprendre à zéro ? Tu n’as pas eu l’audace d’emprunter une quelconque porte de sortie. Tu as d’abord essayé de les persuader de rester à tes côtés avant de déverser ta haine – moyen superflu, vaine tentative de gommer leur souvenir de ton esprit –. Tu n’as jamais su trouver la force de les abandonner – à chaque fois que tu as tenté, tu as été submergé par cette vague de culpabilité, de remords, de regrets ; les larmes n’ont jamais su noyer leurs visages –.

Pourtant, tu restes le genre de personne qu’il est difficile d’avoir dans sa vie, Achille. Tu ne t’en rends pas compte, mais tu fais énormément de mal autour de toi. Tu n’en es pas conscient, parce que tu as cette impression que le monde entier s’est ligué contre toi, que la vie se démène sans relâche afin de trouver le moyen de te faire craquer ; de te tuer psychologiquement, t’anéantir complètement. Tu es aveuglé par cette croyance idiote qui régit ton existence, tu n’arrives même plus à voir ce qu’il se passe autour de toi. Tu ne remarques même pas ce voile de tristesse qui habite le regard de ton père lorsque vous vous retrouvez, tu n’aperçois même pas ces pleurs qui menacent de s’écouler sur les joues de ta sœur, tu ne constates même pas ce timbre de voix cassé, éraillé, déprimé de Lucia lorsqu’elle te parle. Tu es étranger aux douleurs de tes proches – tu es une personne horrible, Trinisky –. Finalement, tu as littéralement l’impression que tu es le nombril du monde, que ce dernier tourne autour de toi et rien d’autre ne compte. Quel raisonnement égoïste. Mais, tant que tu n’auras pas eu d’électro-choque, tu ne pourras jamais t’en rendre compte – faudrait-il que tu viennes à perdre une nouvelle personne pour cela ? Non, cela ne ferait que renforcer tes idées –.

Supporter ta mélancolie, ce regard vide, ce visage terne et sans aucun sourire en permanence n’est réellement pas un cadeau, pour personne. Ton père, ta sœur, ils sont bien obligés de vivre avec cette image de toi – c’est la seule que tu offres –. Ils t’aiment, tu les aimes, et pourtant tu les déçois. Ils ne te le disent pas, mais ils sont malheureux – tu les rends malheureux. Ils essaient simplement de te préserver, implicitement te suggèrent de remonter la pente petit à petit et pas d’un seul coup comme tu tentes vainement de le faire depuis des années. Lucia aussi te pousse vers le haut en permanence. Toi, tu ne vois rien, tu es aveugle. Tu es un véritable poison dans leurs vies, tu leur es toxique, tu les entraînes tous dans ta chute. Tu ne distingues même pas ces sourires factifs qu’ils s’efforcent à placarder sur leurs visages lorsqu’ils te voient – masques illusoires ; les mêmes que toi –. Tu n’es qu’un véritable poids mort ; et ils ont beau t’aimer, ils prient parfois les dieux pour se débarrasser de toi parce que tu pèses beaucoup trop, ils n’ont plus ni la force ni l’envie de t’aider à te relever –.

Toute la vigueur que l’on a essayé de te transmettre, tu l’as mise en cage.
Toute la douceur dont ils ont fait preuve, tu l’as ignoré, faisant comme si de rien n’était.

A bien y réfléchir, tu n’es qu’un véritable abruti, inconscient de toute la chance qu’il a. Un débile profond, qui n’a de cesse de s’apitoyer sur son sort alors que d’autres connaissent pire que toi. On t’a offert du soutien, de l’amour, des sourires, des rires sur un grand plateau en argent et toi, qu’as-tu fait ? Tu as eu le luxe de tâcher le sol de toutes ces belles choses dont on te faisait cadeau. Avec le temps, tu es finalement devenu un gamin capricieux – serait-ce l’argent qui t’aurait rendu comme tel ? –. Ou du moins, le fait que tu n’aies jamais su affronter tes démons en face à face t’as fait perdre le contrôle et t’empêches désormais de distinguer les bonnes et mauvaises choses. C’est trop le bordel là-haut, dans ton esprit – ça doit sûrement être pour ça que tu es aussi indécis, incapable d’assumer tes propres volontés –.

Toutefois, il a quelque chose, aujourd’hui, dont tu es certain.
Tu as besoin d’Ezekiel dans ta vie.

Malgré tout et contre tout. Rien n’est clair entre vous, mais tu t’en moques complètement. Tu ne peux plus te cacher à toi-même ce que tu ressens. Le chemin a beau être sinueux, encombré d’obstacles tous les trente centimètres – si ce n’est moins –, tu n’en as clairement rien à foutre. Tu ne peux faire taire ton instinct qui te hurle que le remède de tout tes maux se trouve actuellement juste devant toi. Et puis, c’est comme si un reset avait été fait dans ta tête. Comme si tu avais oublié tout ce qui avait bien pu se dire, toute cette haine qui s’était dégagée durant vos conversations, la violence qui avait pu faire rage, le peu colère qui avait pu naître au creux de ton ventre, avaient été effacé de ton conscient, rangés dans une boite de ton inconscient. Oui, aujourd’hui, tu n’as pas peur. S’il faut faire des efforts, tu les feras. S’il faut l’aider à se relever, tu lui tendras la main. S’il a envie de pleurer, s’il a besoin de réconfort, tu n’hésiteras pas à le prendre dans tes bras. Parce que c’est une certitude désormais : tu es certain qu’avec Ezekiel, tu, vous pourriez être heureux un jour, malgré le temps que cela prendra.

Peut-être qu’à deux, vous réussirez à avoir le courage nécessaire afin de briser les chaînes des démons qui vous hantent, bourreaux de vos existences ?

Pour ce soir, tu dois mettre de côté tous ces aspects de ta vie – ou du moins ceux dont tu as conscience –. De toute façon, il n’y a plus grand-chose dans ton esprit présentement, juste l’irrémédiable envie de profiter de ce moment à ces côtés – faire en sorte de le rendre le plus beau possible et de graver à jamais ces instants qui, tu l’espères, ne seront pas les derniers mais plutôt les premiers d’une longue série –. Pourtant, avais-tu réellement le droit de faire ça ? Tu ne fais encore qu’en demander des montagnes sans réellement avoir son consentement. Il faut vraiment que tu arrêtes de martyriser ton âme de toutes ces espérances – et si tout ça n’était que du vent pour lui ? Et si tu ne faisais que passer pour un con ? –. Es-tu seulement en droit de réclamer de l’attention et un peu de douceur, de chaleur ?

It doesn’t matter.
Plus rien ne compte plus qu’Ezekiel ce soir.

Tu as besoin de son contact, de sa chaleur, de ses lèvres, d’entendre le timbre de sa voix, de pouvoir perdre ton regard dans le sien – te noyer dans ses pupilles azurées –. Tu as besoin de sa présence à tes côtés, tu as besoin de lui, aussi simple soit-il. Désir égoïste, mais n’est-ce pas un peu ça l’amour ? Souhaiter plus que tout au monde d’avoir une seule personne à ses côtés, c’est drôlement égoïste, n’est-ce pas, Achille ? Mais, de toute façon, le moment n’est pas aux interrogations, tu n’as même pas envie de te poser des questions, de torturer encore ta psyché avec tout ça.

Tu n’as pas su résister. Malgré l’angoisse de faire un pas de travers, de dire un mot de trop, qui te tort le ventre, tu es étrangement audacieux. Durant les débuts denta première relation, jamais tu n’as osé être aussi avenant – jamais tu n’as autant écouté ton instinct aussi ; peut-être est-ce parce que vous êtes dans ton appartement, à l’abri des regards ; peut-être te sens-tu plus libre de tes mouvements, de tes actions, de tes gestes ? –. En tout cas, ça te fait du bien de te sentir un peu plus à l’aise – peut-être que cela t’aidera même à grandir ? –. Le contact avec ses lèvres, tu en es déjà accro – douce addiction qui commence à couler dans tes veines –. Lorsque ses mains se posent sur le bas de ton dos, tu ne peux stopper le frisson qui anime ton être tout entier – c’est tellement agréable –. Jamais auparavant tu n’as ressenti ça – pas même avec Nathan –. C’est comme si ton corps était en train de découvrir des sensations qui lui était jusqu’ici inconnues. Tu as envie d’en discerner davantage, d’en connaître encore plus.

Tu ne peux réprimer le petit sourire qui étire légèrement tes traits lorsque ses dents se referment doucement sur ta lèvre inférieure, tandis que tu sens ses mains remonter dans ton dos. D’un côté, tes doigts remontent alors doucement vers sa nuque, avant d’aller se perdre dans ses cheveux bleutés pendant que de l’autre, ils redescendent vers son bras avant de s’agripper à sa veste. Tu pries tous les dieux pour que ce moment ne s’arrête jamais, que le temps se fige à cet instant – plus rien ne compte –. Et puis, dans un mouvement de hâte, il t’aide à enlever ton manteau que tu jettes alors sur le sol, le repoussant un peu plus loin du pied, avant de l’aider à son tour, balançant de même le sien un peu plus loin. Dans ton ventre, tous les papillons qui y virevoltent se battent la vedette.

« Je veux bien un morceau... » Dit-il en murmurant tout en s’éloignant, un sourire s’affichant alors sur son visage. Tu penches légèrement la tête sur le côté, le regard interrogateur avant de retenir ta respiration lorsque ses mains se posent de nouveau au bas de ton dos, sous le tissu cette fois-ci tout en caressant légèrement ta peau. « Malheureusement, la seule chose que j’ai envie de manger se trouve juste sous mes yeux… ». Tu te pinces alors la lèvre inférieure, reprenant alors ta respiration – celle-ci étant légèrement saccadée –, tes pommettes prenant une légère rosée. Une petite lueur de malice dans le regard, tes yeux se posent dans les siens. C’est un désir complètement partagé.

Mais avant que tu n’aies pu rajouter quoique ce soit, tu aperçois bien cette tristesse qui traverse son regard. Tu fronces légèrement les sourcils. As-tu fait quelque chose de mal ? As-tu été trop entreprenant ? La panique commence à reprendre le dessus, cet éclat de confiance est en train de se briser – tu as l’impression que c’est de ta faute –. « ... Ou on peut aussi s’asseoir et discuter autour d’un verre si tu préfères. T’as encore la bouteille de whisky que tu m’as dérobé à l’épicerie la dernière fois ? » Non, non, non, tu ne veux pas de malaise, de mal-être ni quoi que ce soit, pas ce soir. Tu inspires alors un coup, un sourire se voulant rassurant se dessinant sur ton visage ; pour une fois rayonnant. Délicatement, tes doigts viennent se poser sur sa taille. Tu ne veux pas le bousculer, tu ne veux pas lui imposer ta vision des choses, pas encore une fois. « J’avais dans l’idée que nous aurions tout le temps pour ça après… » Le brasier qui consume ton âme, cette douce chaleur qui s’est emparée de ton corps te pousserait à continuer, à faire plus. Mais tu ne veux pas prendre le risque de l’effrayer, de le perdre encore une fois. « … Après, si tu préfères discuter de choses et d’autres autour d’un bon verre de whisky, je respecterais ton choix. Et puis, effectivement, il me reste la bouteille de l’autre jour. »

Pour autant, tu ne comptes pas faire autre chose avant ça. Tu l’attires alors vers toi, jusqu’à ce que vos deux corps se touchent, avant d’approcher ta bouche de son oreille. « J’aime te voir sourire. » Murmures-tu avant de te reculer, un petit sourire aux bords des lèvres. Tu lâches alors la taille, tes mains venant se refermer sur le tissu recouvrant son torse. Tu l’entraînes alors doucement avec toi vers le canapé, avant de l’y pousser gentiment afin qu’il s’assoie. Puis tu te diriges rapidement vers ta petite réserve. Au passage, tu éteins la grande lumière, préférant allumer celle du salon – histoire de moins attaquer vos rétines à cette heure-ci ainsi que pour vous mettre dans une ambiance un peu plus cosy –. Tu attrapes la bouteille ainsi que deux verres avant de revenir vers lui, posant le tout sur la table basse, devant vous. Tu remplis les deux récipients, les laissant toutefois sur la surface de bois. Tu viens alors t’assoir à côté d’Ezekiel.

Ton regard se pose sur lui. Tu ne peux t’en détacher – tu observes les traits de son visage, ses lèvres, sa chevelure bleutée, ses yeux azurés, la façon dont il est habillé –. Tu pourrais rester des heures ainsi, à le contempler. Tu te pinces la lèvre, passant ta main dans tes cheveux noirs. « Je ne veux pas t’imposer mes décisions une fois de plus. Sache juste que je respecterai ton choix, peu importe celui que tu feras. » Tu as assez fait de dégâts comme ça, n’est-ce pas ? Tu t’en es rendu compte, c’est un grand pas en avant. Mais tu n’arrives pas à faire taire ces désirs qui t’animent ; ils sont beaucoup trop forts. Tu commences alors à tendre une main vers son torse, mais tu te ravises. Tu détournes alors rapidement le regard, conscient que, inconsciemment, ton corps réclame Ezekiel.

Tu as dit que tu respecterais sa décision.
Alors ne fait rien qui prouverait le contraire.
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Feat. Achille Trinisky
I don't want to be a fucking tragedy
Tu aurais voulu te mordre la langue jusqu’au sang et te punir pour avoir dit ça.
Tu ne savais pas ce qui t’avais pris ni quelle peur indicible s’était logée dans le fond de ta gorge à cet instant… Tu aurais aimé ravaler tes mots, lui dire que ce n’était pas vrai, que c’était une blague de mauvais goût, mais tu n’avais pas pu. Parce qu’un sourire s’était étiré sur ses lèvres, parce qu’une voix s’était empressée de te murmurer que tu avais bien fait. Il ne semblait pas spécialement déçu ou décontenancé par ta proposition après tout…  Mais même avec cette certitude en main, les regrets ne quittaient pas le bas de ton ventre. Tu venais de jeter un vent sur la chaleur animait corps et esprits… Et c’était une erreur dont tu pardonnais difficilement les conséquences.

Tu te souvenais d’une époque dont l’existence paraissait presque chimérique désormais… Une époque où tu utilisais le corps des hommes pour assouvir tes instincts primaires et où tu tenais le monde dans le creux de ta main. Tu n’avais jamais été quelqu’un de bien ou de moralement respectable, mais toujours  tu avais eu le don de graver ton image dans l’esprit des malheureux qui croisaient ta route. Il émanait de toi une assurance inébranlable que tu n’avais jamais tenté d’étouffer sous une fausse modestie indigne de ta grandeur… Et c’était à la fois ta plus grande force et faiblesse. Tu n’étais pas un riche hypocrite, les gens te devaient la vie et tu n’avais pas honte d’en tirer tous les avantages inimaginables...  Inconsciemment, les gens s’imprégnaient, s’indignaient, de ta condescendance pour mieux te haïr alors que d’autres succombaient à cette façon que tu avais de croire que la terre te devait son existence. Pour toi, l’amour ou la haine des gens n’avait jamais été quelque chose d’important, mais elle avait toujours été le moteur de ton existence. Elle te rendait incroyable. Elle te rendait mémorable.. Et maintenant que les gens s’étaient lassé de toi, tu te sentais vide.
On avait puisé en toi toute ton humanité, toute ta splendeur aristocratique pour n’y laisser qu’un pion à écraser… Et jamais ça ne t’avait semblé aussi flagrant que ce soir.

Tu avais peur de faire le pas, peur d’abaisser les dernières défenses qui te séparaient d’Achille.
En toi, le combat était titanesque.
Il y avait la crainte maladive de sentir leurs mains plutôt que les siennes… Mais aussi celle d’être victime d’une mise en scène, d’une marche funèbre vers ta tombe. À quel point pouvais-tu placer les lambeaux de ta confiance en Achille Trinisky ? En sa présence, tu n’étais plus capable de distinguer le faux du vrai. Là où ton coeur te hurlait de saisir sa main, ton esprit lui te sommait de faire attention à cette humanité mourante… Tu ne savais plus où tu en étais et, entre le désir et la peur, tu n’étais pas capable de savoir qui gagnerait.

Cesserais-tu un jour d’être si méprisable… ?

Lorsque ses doigts viennent rejoindre ta taille, tu parviens à te convaincre que ta proposition et tes insécurités vont tomber aux oubliettes… Tu te sens presque soulagé, privé du fardeau de la décision. Jamais encore tu n’avais tant souhaité que quelqu’un décide pour toi. Pour la toute première fois, tu pries pour l’entendre dire qu’il ne lui reste rien de la bouteille, qu’il a d’autres plans, qu’il ne veut rien entendre de tes insécurités d’adolescente fragile. Ainsi, quand il ouvre la bouche, tu sens presque ton coeur se gonfler d’espoir. “J’avais dans l’idée que nous aurions tout le temps pour ça après…” N’est-ce pas le bon moment pour lui dire que toi aussi et qu’il vaut mieux pour vous deux que vous oubliez ta proposition ridicule ? Ce n’est pas réellement ce que tu souhaitais après tout… « … Après, si tu préfères discuter de choses et d’autres autour d’un bon verre de whisky, je respecterais ton choix. Et puis, effectivement, il me reste la bouteille de l’autre jour. » T’es qu’une merde Ezekiel Fitzgerald. T’es qu’un bon à rien et tu as tout gâché, comme à ton habitude.
Tu sens pourtant que sa présence t’enivre, que le contact de son corps contre le tien t’éléctrifie de la tête aux pieds… Mais ça ne t’a pas suffit pour étouffer le flot d’absurdité qui se débattait à la frontière de tes lèvres.

Naturellement, tu tentes de profiter de la proximité qu’il t’a imposé pour relancer quelque chose, pour effacer ton comportement navrant. Tu sens le désir qui boue en toi, qui emprisonne ton corps et ton esprit… Alors pourquoi demeurais-tu incapable de relâcher la tension qui te faisait esclave ? “J’aime te voir sourire.” Échec et mat. Tu souris. Tu souris parce que c’est absurde, parce que c’est soudain, parce que tu ne souris jamais, car tu sais plus que quiconque à quel point c’est un droit exclusif aux gens heureux… Et que tu ne l’es pas. “Profites-en, ça n’arrive pas souvent…” Normalement, ça suffirait à marquer ton visage de l’expression la plus maussade qui soit… Mais pas ce soir. Parce que malgré l’envie soudaine que tu as de mourir, tu n’en restes pas moins réconforté par sa présence et cette assurance capable de faire écho à celle qui te seyait si bien autrefois.
Tu devrais être un peu plus comme lui, un peu moins comme toi.
Et alors qu’il relâche tes hanches pour agripper le tissu de ta chemise, tu le suis sans protestation. Tu te laisses tomber sur le canapé, croise naturellement les jambes en masquant ta déception. Et si c’était mieux ainsi ? Et si, au fond, l’écoute de tes instincts primaires était plus dangereuse que salvatrice ? Tu tentes de te convaincre pour oublier à quel point c’est douloureux de laisser tes yeux suivre la progression d’Achille dans l’appartement. Il éteint la lumière, en allume une autre, attrape la fameuse bouteille et deux verres… Et à l’intérieur, tu te sens dépérir parce que tu n’y vois que plus que l’ombre de toi-même. Qui étais-tu réellement ? Qui de l’époque où tu prenais tout le monde de haut ou d’aujourd’hui est le vrai toi ?

Et même si vous tentez de faire comme si de rien n’était, l’inconfort est palpable.

Je ne veux pas t’imposer mes décisions une fois de plus. Sache juste que je respecterai ton choix, peu importe celui que tu feras.” Parce que tu dois faire un choix. C’est immanquable, il n’y a pas de raccourci pour toi : tu dois décider quel chemin tu souhaites emprunter. Reposant tes prunelles céruléennes sur Achille, tu prends une grande inspiration. D’accord. Tu dois prendre une décision, c’est gravé sur l’instant présent… Mais, même en sachant cela, il faut néanmoins que le jeune homme tende une main vers toi pour que tu parviennes à trouver le courage d’agir. (On dirait deux adolescentes à leur première expérience, c’est ridicule, tu sais ?) Saisissant ses doigts entre les tiens, tu fixes ceux-ci quelques secondes avant d’acquiescer à une question qui n’a pas été posée. “D’accord…” Jamais personne n’avait fait preuve d’un tel intérêt pour ta personne… Jamais on ne s’était soucié de savoir ce que tu désirais vraiment et c’est une grande première à laquelle Achille ne t’avait pas préparé.
Il était beaucoup trop imprévisible pour toi.
Il te mènerait forcément à ta perte.
Mais c’était définitivement la plus belle perte qui soit que de succomber à cette fraicheur, à cette impulsivité. Tu pourrais presque l’en remercier, mais sans doute serait-ce un peu too much.

Te retournant vers la table basse, tu attrapes l’un des verres disponibles de ta main libre. Qu’elle soit la bonne ou non, ta décision est prise. Elle s’est gravée en toi, elle s’est emmurée en ta personne… Tu ne comptes plus faire demi-tour une fois de plus. Il mérite mieux que ça… Et toi aussi. Tes incertitudes peuvent bien retourner au placard, mais, pour ça, il te faut un peu d’aide extérieure. Faisant légèrement tourner ton verre, tu finis par en avaler tout le contenu d’une traite.
Ça fait mal d’être minable non ?
C’est si compliqué d’être un abruti, d’être l’ombre d’un être humain et de n’avoir rien de bon ou beau à proposer à autrui…
Tes désirs sont égoïstes, tu le sais, et pourtant, cela ne t’empêche pas de tirer Achille dans ta direction afin de sceller vos lèvres une fois de plus. C’est plus doux qu’à votre arrivée, moins sauvage ou impulsif… Mais cela n’empêche pas le désir, que la peur avait étouffé, de remonter en toi et de couvrir ton corps efflanqué d’une douce chaleur. Tu sais que le combat n’est pas terminé, mais tu souhaites offrir aux guerriers une pause bien méritée, quelques heures de répit auxquelles tu t’abandonnes volontier...

Doucement, tes doigts s’entrelacent aux siens alors que tu fermes les yeux pour t’enivrer de la douceur de ce contact addictif. Tu en as besoin. Outre la peur, il y a la nécessité de sentir qu’Achille est réellement là, que ce n’est pas qu’une illusion ou un rêve dérangé de ta part… Tu ne sais pas pourquoi il reste si près de toi, pourquoi il ne s’enfuit pas, mais tu en veux plus te poser de questions. L’un face à l’autre, seuls dans l’univers, tu as l’impression que le monde pourrait s’écrouler tout autour de toi sans que tu n’en remarques la décadence. Dans ta poitrine, ton coeur ne supporte plus la tension et la peur qui s’y loge malgré tes belles paroles. Tu respires doucement, laisse cette illusion de calme rythmer les soubresauts de ta poitrine alors que tu glisses ta main dans l’encolure de la chemise de ton partenaire. Descendant doucement la pulpe de tes doigts dans son cou, tu tires momentanément satisfaction de la douceur de sa peau avant de dégager le premier bouton du vêtement. Tu t’arrêtes quelques secondes, éloigne de ton visage de celui du jeune homme pour chercher l’approbation dans ses yeux. “Tu vas me le dire si jamais tu ne veux plus hein... ?” Murmures-tu en ouvrant la deuxième serrure de ce tissus faisant office de barrière à son corps et le tien. Tu ne veux pas forcer Achille, tu as besoin d’entendre que c’est un désir réellement partagé et que, parmi les gens de votre espèce, il en reste encore avec une tête sur les épaules. Avoir été forcé d’agir sous la contrainte est le pire souvenir que tu gardes de cette orientation maudite… Tu ne veux pas faire vivre une telle expérience à quelqu’un d’autre. Surtout pas à quelqu’un que tu estimes et que tu… apprécies ?

Je te préviens, c’est pas très beau… en-dessous.” Doucement, tu désignes ton corps et tes vêtements d’un mouvement de menton honteux. Tu penses que la mise en garde mérite d’être faite afin d’éviter toute mauvaise surprise qui soit. Tu as honte. Si honte d’avoir laissé un corps svelte et proportionné comme le tien dépérir jusqu’à ce point de non-retour… “Si jamais l’envie te passe, faudra me le dire. Je vais comprendre.

Promets-le, Achille.
Tu voudrais hurler aux complexes créé de ta main, aux imperfections forgées de ta désolation…
Mais ça ne servirait à rien.
(c) TakeItEzy & Ellumya
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Let it hurt

until it can't hurt anymore


"But how am I supposed to love you, When I don't love who I am? And how can I give you all of me, When I'm only half a man?"

half a man - dean lewis
- Feat Ezekiel & Achille


Rien ne doit mettre un terme à cette soirée. Rien.

C’est une nuit magnifique qui vous attend et tu n’accepteras aucun obstacle, aucune entrave. Tu es prêt à faire n’importe quoi, tout ce que les dieux pourraient bien te demander, du moment qu’ils ne décident pas d’éloigner Ezekiel de toi. C’est égoïste, tu en es bien conscient, mais c’est comme ça. Pour rien au monde tu ne veux que la lueur de cette soirée te file entre les doigts, sans que tu n’aies aucun moyen de la retenir. Pour ce soir au moins, tu veux pouvoir être le protagoniste de ta propre vie, être celui qui tient les rênes, être en possession totale de tes moyens et de tes pensées, sans qu’aucun démon ne vienne interférer. Tu veux laisser ce petit bout de bonheur couler doucement dans tes veines, t’imprégner entièrement de cette satisfaction naissante. Tu revendiques le droit de dominer les ténèbres. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, tu as l’impression que, aujourd’hui, on t’en laisse la possibilité.

Peu importe lequel sera son choix, tu l’accepteras, comme tu le lui as promis. Malgré le fait que ton instinct te hurle – te dicterait presque – de pousser les choses plus loin, tu sais qu’une conversation aussi simple et futile serait-elle, te conviendrait parfaitement. Parce qu’il serait là, assis à côté de toi. Parce que sa simple présence suffirait à nourrir un peu plus cette étincelle au creux de ton ventre. Parce que, à l’abri que tout et tout le monde, tu pourrais aisément laisser tes yeux posés sur lui, le contempler sans relâche. Tu pourrais être heureux rien qu’en ayant la possibilité de pouvoir l’observer, de te bercer au son de sa voix. Si tes désirs devaient être tût maintenant, tu serais un peu frustré c’est vrai, mais le plus important étant que, dans tous les cas, il resterait là, assis à côté de toi, pour cette soirée au moins.

De tout temps, les nuits que tu as pu passer étaient toutes tristes et maussades. Tu ne fais que fixer ton plafond, laissant ton esprit divaguer çà et là. Parfois, tu es armé d’une cigarette, parfois d’un verre d’alcool. Tu les noies, priant fortement pour que le jour fasse de nouveau rapidement son entrée en scène – lumière dont tu ne profites pas ; tes rideaux étant sans pitié, ne laissant aucun rayon les transpercer –. Mais en réalité, ce n’est pas la fin de la nuit que tu attends avec impatience ; plutôt la fin de ta vie, qu’une de tes addictions t’emportent dans ses bras loin d’ici-bas. Même ça, tu n’es pas capable de l’admettre. Tu es dans ce déni permanent. Tu n’es même pas conscient qu’avec le temps – et l’argent – tu as finis par devenir comme toutes ces personnes que tu renies au possible – c’est involontaire, mais ils t’ont tous trop soufflé dessus –. Tu as adopté des traits que tu avais toujours espéré fuir, ne jamais acquérir. Et tu es tombé en plein dedans. Tu te permets le luxe de donner des ordres aux autres, de trancher pour eux, de les diriger. Tu n’as jamais voulu ça, ça n’a jamais été dans ta nature. Lorsque tu étais plus jeune, tu étais plutôt du genre à suivre les autres, même si cela ne te plaisait pas réellement – combien de fois as-tu suivis tes amis d’enfance alors que tu avais envie de leur hurler que c’était une mauvaise idée ? –.

Tu as toujours été celui qui suivait le mouvement afin de ne pas décevoir. Tu étais persuadé que c’était la seule manière de garder tes amis auprès de toi – voilà le résultat des courses ; peut-être que si ce jour-là tu les avais empêchés de se rendre à la rivière, tout serait différent aujourd’hui –. Toi, tu étais juste là pour les surveiller ; c’était ton rôle en tant que grand frère du groupe – bien joué Achille, tu as très bien joué ton rôle –. Et puis, jusqu’à aujourd’hui, t’as jamais été capable de prendre des décisions non plus.

La célébrité et l’argent t’ont corrompu sans même que tu ne le vois.

Finalement, ils sont un peu ceux à l’origine de ta déchéance aussi. Sans pognon, tu n’en serais jamais venu à acheter autant d’alcool, tu n’aurais jamais commencé à fumer et tuer tes poumons à petit feu. Tout ça t’a fait tourner la tête, t’a créé de nouvelles addictions – avant, l’écriture de suffisait amplement afin d’expier tes peines ; le papier avait toujours été ton seul réconfort et tu l’as pourtant bien vite remplacé par ces substances qui finiront par t’emporter un jour ou l’autre –. Tout ça, toute cette reconnaissance que l’on t’apporte sur un plateau d’argent, ça t’a rendu mauvais. Malgré les barrières mentales que tu as pu forger afin de ne pas devenir ça, la société a réussi à te changer, contre ton gré. T’as oublié tous les conseils de ton père. Quand il t’a dit de ne pas oublier tes origines. Lorsqu’il te disait qu’en dépit de la peine qui pesait sur ton cœur, il ne fallait pas que tu deviennes accro à quoi que ce soit.

Alors, dois-tu être effrayé à l’idée de cette nouvelle addiction ?
Dois-tu avoir peur de ce sentiment profond et sincère qui se forge au gré de l’horloge tournante ?

Avant, tu aurais fui, c’est certain. Combien de fois as-tu repoussé des hommes qui ne cherchaient à t’offrir que de l’attention et un peu de douceur ? T’en avais besoin, t’as toujours intérieurement réclamé de la considération de la part d’autrui. Mais l’idée de reproduire le même schéma qu’avec Nathan a été un frein. Tu n’as jamais voulu répéter cette même erreur.

Alors, pourquoi cette fois-ci, tout est différent ?

Loin de là l’idée de vouloir entraîner Ezekiel dans ta chute aux Enfers. Non, jamais au grand jamais tu ne voudrais que ta mélancolie l’atteigne – vous êtes déjà assez malheureux tous les deux de votre côté –. Au contraire, tu as ce ressenti au fond de toi ; cette impression que pour lui, tu pourrais déplacer des montagnes. T’as la sensation que tu es capable de tout – tu serais prêt à donner n’importe quoi pour le voir sourire, qu’il soit heureux –. Peut-être parce qu’un lien vous a unis et vous a réunis ? Tu ne sais pas, tu ne saurais probablement jamais pourquoi tu as cette bouffée d’énergie, cette envie de vivre qui te reprend doucement, en pensant tout simplement à lui.

Ainsi, tu ne veux aucunement le bousculer. Tu ne veux pas prendre le risque de le perdre, pas une nouvelle fois – tu n’y résisterais pas, pas avec ces sentiments qui t’animent en sa présence ; s’il devait partir définitivement de ta vie, tu n’y survivrais sûrement pas –. Mais cette main que tu as tendue après lui avoir dit avec sincérité que tu respecterais sa décision, tu la regrettes. Et si tu avais bousculé un peu trop les choses par ce simple geste ? Un nœud se serre dans ta gorge. Tu es persuadé d’avoir déconné – une fois de plus –. Tu t’étais ravisé, tu avais commencé à retirer ton bras. Tu n’avais même pas eu le courage de le regarder après ça. Tu avais littéralement envie de t’enterrer, de disparaître, parce que tu étais horrifié à l’idée d’en avoir trop fait. Mais toutes les mauvaises pensées qui ont bien pu s’emparer de ton esprit suite à ça sont bien vite oubliées lorsque tu sens ses doigts prendre les tiens. Aussitôt, tes yeux se posent dans les siens, une lueur d’espoir flottant dans les tiens. « D’accord… » Ton rythme cardiaque s’accélère – ton cœur va finir par exploser à subir ainsi de telles montagnes russes émotionnelles –.

Le voyant prendre un des deux verres, tu fais de même. Toi aussi, malgré tout, tu as besoin d’une petite dose de courage – et puis, ça ne fait jamais de mal, n’est-ce pas ? Ça ne peut que t’aider pour cette suite que tu désirs et qui, à la fois, te terrifie plus que tout au monde –. Tu en prends deux gorgées avant de reposer le verre, tandis que lui avale tout le contenu. Tu te délectes de la chaleur qui parcourt ton œsophage, cette dose d’audace dont tu as besoin si tu ne veux pas risquer de flancher d’un instant à l’autre ; dû à un trop plein de pression. C’est quand même triste, d’en arriver là. De devoir ingurgiter de l’alcool parce que vous n’êtes pas capable d’avancer sans ça. Vous êtes deux piètres personnages – en mathématiques, ajouter deux nombres négatifs finit par donner un nombre positif ; qui sait, à vous deux vous finirez peut-être par devenir plus que ça, plus que ce que vous pouvez bien être aujourd’hui ? –.

Lorsqu’il t’attire vers lui avant de déposer ses lèvres contre les tiennes, tu te laisses complètement faire – tu t’abandonnes à lui –. La tempête étant passée, l’océan étant un peu plus calme, la colère et toutes ces émotions négatives par lesquelles vous êtes passés tout à l’heure ont laissé place à la douceur. Les mots ne sont que trop faibles pour décrire ce que tu ressens à ce contact différent des précédents. Tu presses délibérément un peu plus tes lèvres contre les siennes, te raccrochant à cette délicate perception. Tandis que vos doigts s’entremêlent, tu portes ta main libre à sa nuque, passant sous le tissu de son écharpe bleue, caressant sa peau délicatement. Tu as l’impression que le temps s’est arrêté autour de vous, que les ténèbres qui gouvernent vos existences ont exceptionnellement décidé de laisser place aux rayons de l’astre solaire. Pour toi, c’est comme si, pour une fois, la vie t’accordait un moment de répits, un moment où tu peux être toi-même et pas qu’un vulgaire pantin désarticulé sans expression, comme si elle te permettait de goûter à des sensations dont tu n’avais même pas connaissance. Et pour une fois, tu la remercies du fond du cœur.

Une vibration agite ton corps lorsque ses doigts caressent ta peau, jusqu’à venir défaire le premier bouton de ta chemise. Tu tentes de calmer ta respiration – ta poitrine se soulève en un rythme irrégulier –. Et tes yeux ne quittent pas ceux d’Ezekiel lorsque son visage s’éloigne du tiens – tu voudrais pouvoir t’y noyer encore et encore –. « Tu vas me le dire si jamais tu ne veux plus hein... ? » Murmura-t-il en détachant le second bouton. Un sourire doux s’affiche sur ton visage, tandis que du dos de la main tu viens caresser sa joue. Tu en as envie, plus que tout. Tu veux sentir ta peau contre la sienne, son souffle contre ton épiderme, tu veux pouvoir l’étreindre passionnément, doucement, tu veux savourer le bonheur à ses côtés. « Je le veux, vraiment. » chuchotes-tu. Les mots peuvent paraître fort, mais c’est ce que tu penses et tu n’as nullement envie de te cacher. « Toi aussi, promet moi de me le dire si jamais tu veux arrêter… » Parce que tu ne veux pas qu’il se force. Toi, ce que tu veux, c’est tout simplement vivre un beau moment, avec lui et personne d’autre.  

« Je te préviens, c’est pas très beau… en-dessous. » Ton regard est légèrement interrogateur tandis que tu penches un peu la tête de côté. « Si jamais l’envie te passe, faudra me le dire. Je vais comprendre. » Aussitôt, tu fais un signe négatif de la tête. Non pas pour lui faire comprendre que tu ne lui diras rien, mais que, bien au contraire, l’envie ne te passera pas. Tu n’as pas dans l’idée d’aimer seulement quelques facettes d’Ezekiel, loin de là. Toi, tu veux apprécier ses bons comme ses mauvais côtés, sa bonne comme sa mauvaise humeur, sa joie comme son chagrin, ses rires comme ses pleurs. Tu veux t’éprendre de lui pour ce qu’il est, peu importe son physique, peu importe ses états d’âmes.

Tu portes alors doucement ton index devant ses lèvres. « Chht, cesse donc de te dénigrer encore. » Dis-tu avec un sourire se voulant rassurant. Ta main qui câline sa joue se déplace vers son écharpe, que tu enlèves avec délicatesse avant de la déposer sur la table basse. Et puis, ton regard planté dans celui d’Ezekiel – à l’affût de la moindre désapprobation –, tu commences à défaire un à un les boutons de sa chemise, avant de la retirer doucettement. Sous tes yeux se dévoilent alors un corps amaigri, sur lequel tu es en capacité de détailler les formes du squelette. Comment en est-il arrivé là ? La question tourne en boucle dans ta tête, mais tu te dis que ce n’est pas le moment. Et puis, tu ne peux pas lui demander ça, pas après qu’il est libéré son cœur de quelques tourments. Tu n’as pas le droit d’en demander autant. En revanche, le voir ainsi, dans cet état, te donne encore plus l’envie, le besoin même, de le protéger de tout et contre tout.

Tes doigts se posent alors sur son torse, commençant à se promener çà et là, avec beaucoup de douceur – car tu as l’impression qu’il pourrait se briser si tu venais à ne pas faire assez attention –. Tu te rapproches un peu plus de lui, tandis que tu viens poser un premier baiser délicat dans son cou avant de poser, un peu plus rapidement cette fois-ci, tes lèvres contre les siennes. Puis tu écartes très peu ton visage du sien, vos souffles se mélangeant, tes yeux gris-verts se plantant dans ceux azurés d’Ezekiel. « Est-ce que ça te suffit pour te prouver que j’en ai encore envie ? Ou as-tu besoin d’autres preuves pour te prouver ma sincérité ? » Dis-tu dans un souffle, une petite lueur de malice dans le regard.

La panique que tu pouvais encore ressentir jusqu’ici se dissipe petit à petit.
Et le désir prend un peu plus sa place.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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Vulnérable.
Complètement vulnérable.
Vulnérable pour la première fois depuis des années… Tu étais un objet entre les mains d’Achille, une pauvre chose qu’il pouvait détruire de sa simple volonté. Tu te sentais complètement mis à nu et si fragile qu’un simple claquement de doigts pourrait sans doute t’anéantir sur le champ… Normalement, tu te cachais derrière un mur de haine et d’aversion capable de décourager quiconque souhaitant minimiser la distance entre son cœur et le tien. Normalement, tu détruisais, lapidais, déchiquetais le moindre sentiment capable de s’immiscer en toi, dressant alors des barrières impénétrables entre ta navrante personne et le reste du monde… Comme si c’était le seul moyen de te protéger, comme si c’était ainsi qu’il était possible de survivre : en ne ressentant rien de plus que la haine.

Mais Achille venait d’ouvrir une brèche, il venait de faire tomber suffisamment de briques pour qu’un humain y pénètre. Il te forçait à réévaluer tes certitudes et c’était effrayant de remettre trois années de convictions en question… Réclamais-tu inconsciemment la présence de quelqu’un près de toi ? Est-ce que depuis le début, tu repoussais les gens pour mieux masquer ton besoin d’eux ? Cette perspective te fit déglutir. Dans ton monde à toi, il était censé y avoir de la place que pour toi et Eden… Alors que venait foutre Achille dans tout ça ?

Tu aurais aimé lui crier que ce c’était une mauvaise idée, qu’il n’était pas trop tard pour vous refuser cette bassesse de l’esprit… Mais ton corps réclamait cette douceur. Même en serrant les poings, même en tentant d’ignorer ses mains sur ton épiderme, tes nerfs continuaient de se griser en sa présence. Ton corps avait besoin d’Achille Trinisky. Il avait besoin d’être aimé, de sentir autre chose que la haine déferlant sur sa barrière… Tu n’étais pas fier de l’homme que les années avaient construit, mais c’était un plaisir que tu n’étais plus capable de te refuser.
Pendant trois ans, tu avais tenté de guérir… Tu t’étais approprié le corps des femmes, t’étais amouraché difficilement de leurs courbes, de leur délicatesse, mais ton âme ne pouvait être sauvée. Au fond, n’était-ce pas là la manifestation de toute ta laideur, de ton imperfection ? Tu baignais dans la déchéance depuis ta tendre enfance… Alors en quel honneur méritais-tu d’être séparé de l’addiction qui te pourrissait ? Elle était une part de toi et de ton obscénité. Ne valait-il mieux pas l’accepter ? Le personnage n’en serait que plus complet…

Le revers de sa main contre ta joue fait exploser ton cœur malmené. Dans ta poitrine, les émotions déferlent comme un défilé cacophonique dont le bruit et l’agitation te font perdre le souffle. Tu le voulais. Tu voulais poser tes lèvres gercées sur sa peau délicate et t’enivrer à tout jamais de son doux parfum… Tu voulais que quelqu’un puisse t’aimer malgré le monstre auquel tu empruntais tes traits. « Je le veux, vraiment. » Tu acquiesces doucement, laisse tes yeux se perdre dans les siens… Tu ne sais pas pourquoi ils brillent d’une telle affection, d’un tel désir, mais tu sais au fond de toi que la réponse n’a aucune importance.
Achille avait été le premier…  Vous aviez rencontré beaucoup d’autres lits et de bras depuis cette époque, mais il était toujours resté dans un coin de ta tête. C’était un fantôme du passé, un fantasme d’adolescent. Longtemps, tu t’étais persuadé que Gladys était probablement l’idéal dont tu avais besoin pour être heureux… Mais c’était à la présence d’Achille que ton corps répondait. C’était instinctif et honteux, des sentiments et désirs sur lesquels tu n’avais jamais osé mettre de mots. Un jour, tu t’étais promis de le faire… Mais Kattie était décédée pendant cette période et la tristesse avait eu raison de votre amitié.

Jamais il n’avait su.
Jamais tu n’avais eu le courage d’assumer réellement.
Au jour d’aujourd’hui, tu n’avais pas l’innocence de croire que tu serais son dernier… Mais tu étais « heureux » de renouer avec cette partie de toi. Avec ton crush d’enfance.

« Toi aussi, promet moi de me le dire si jamais tu veux arrêter… » Ces paroles te font mal autant qu’elles t’apaisent. Tu sais… Tu sais que la panique pourrait briser le moment, que le traumatisme n’a pas disparu de lui-même. Tu as besoin de temps, mais tu n’as jamais été quelqu’un de particulièrement patient. Depuis plus de trois ans, tu t’enfonces dans cette peur viscérale de sentir leurs mains sur ta peau… La nuit, tu revois parfois la scène avec plus d’exactitude que peuvent t’en offrir certains moments heureux. Tu entends le son des fermetures éclairs, l’odeur humide et hostile de la ruelle, la sensation des mains qui se crispent sur ton épiderme… Tout était encore si clair, si vrai que tu ne crains qu’un choc fasse remonter le traumatisme.
Mais ça ne te suffit plus que d’avoir peur.  
Achille n’est pas eux… Et comme tu t’entêtes à le croire depuis tout ce temps, il vaut beaucoup mieux que vous tous. Tu ne peux pas le mettre dans le même panier.

« Promis. » Murmures-tu en déglutissant une nouvelle fois. Puis lorsque tu mentionnes l’état désolant de ton corps, c’est à un doigt à la barrière de tes lèvres que l’on te confronte. Curieux, tu supportes son regard sans la moindre craindre : tu connais l’horreur qui se cache sous tes chemises. Tu n’en as pas honte… Tu ne l’as jamais demandé, mais tu es conscient que la négligence prend d’abord racines en toi. Tu ne peux pas lui en vouloir si la vue de ce corps efflanqué le rebute : il ne serait ni le premier, ni le… dernier ? « Chht, cesse donc de te dénigrer encore. » Doucement, tu réponds à son sourire en fermant les yeux quelques secondes. Il a raison… Mais comment pourrais-tu avancer sans l’en informer ? Tu n’aurais pas été capable de supporter la surprise ou le dégoût dans ses prunelles s’il avait dû réaliser sur le tard à quel point le produit était en mauvais état. Tu ne faisais pas de publicité mensongère : ta condition était aussi lamentable sur le plan physique que psychologique. Tu étais une œuvre brisée par les années... Et tu ne comprenais pas comment il avait pu faire le choix de ta personne alors qu’il y avait de bien meilleures propositions sur le marché.
Mais était-ce vraiment le meilleur moment pour réfléchir aux tenants et aboutissants de toutes ces questions ?

Sentant ses doigts descendre dans ton cou et retirer ton écharpe, tu fermes un peu plus tes paupières, laisse tes yeux se crisper légèrement. Le geste est doux et respectueux, mais lourd de significations pour celui qui se refuse tout… Pour celui qui vit dans la peur. Malgré tout, tu te forces à les rouvrir presque aussitôt afin de ne pas inquiéter ton amant d’un soir. Les démons qui te hantent ne le concernent pas… Il n’a pas à payer le prix de leur violence. Achille n’y est pour rien. Acceptant de planter ton regard dans le sien, tu écoutes le son de ta respiration contrôlée. Ta poitrine se soulève à intervalle régulier, mais tu sais que ce n’est que de la poudre aux yeux : dans ton corps règne un bordel sans précédent.

L’un à l’un, il fait sauter les boutons de ta chemise. Angoissé, ton cœur se déchire et lorsque le vêtement tombe au sol, tu ne peux t’empêcher de détourner les yeux. Tu assumais l’état dans lequel tu avais laissé dégénérer ta musculature fine, mais tu en avais profondément honte.
On disait qu’avant, tu étais un bel homme. On avait déjà estimé que tu avais possédé un charme certain, une « belle gueule » à ne pas en douter… Mais de cela il ne restait qu’un souvenir éphémère dans l’esprit des gens. Maintenant, c’était de la forme des os dont l’on se rappelait. Va-t-il faire demi-tour, se rétracter ? Pendant une demi-seconde, tu parviens à t’en convaincre… Mais le contacte de la pulpe de ses doigts contre ta peau mise à nue témoigne de ton erreur. Tu dois apprendre à faire confiance, à offrir une part de toi aux autres…

Se rapprochant de toi, le jeune homme dépose alors un premier baiser dans ton cou puis vient sceller vos lèvres bien trop rapidement à ton goût. Tu aurais aimé les sentir plus longtemps contre les tiennes, laisser les gestes parler à votre place… Mais tu sais que les choses ne se passent pas toujours ainsi. « Est-ce que ça te suffit pour te prouver que j’en ai encore envie ? Ou as-tu besoin d’autres preuves pour te prouver ma sincérité ? » Rigolant sans la moindre méchanceté, tu glisses délicatement tes doigts le long du bras d’Achille avant de hausser légèrement les épaules. D’un geste assuré, tu remontes ta main à la hauteur de ses épaules pour le repousser et le forcer à se rasseoir correctement. Tu tentes d’étouffer la gêne, cette impression injuste de ne jamais l’avoir fait…
Ta belle confiance d’antan n’est qu’un lointain souvenir : tout est à refaire désormais.
Embarquant par-dessus lui, les jambes de chaque côté de son corps, tu laisses ton être le surplomber comme si tu avais fait ça toute ta vie. (Mensonge)

L’une de tes paumes vient se poser contre le dossier du canapé alors que l’autre s’acharne à terminer le travail que tu avais débuté quelques minutes auparavant. Tes yeux ne quittent pas les siens, un sourire plane sur tes lèvres. « Je dois admettre que je ne suis pas totalement convaincu… » Ce n’est que du vent, tes paroles n’ont pas d’autre objectif que te le provoquer gentiment. Finissant -enfin- de déboutonner la chemise, tu laisses ton doigt remonter le long de son torse sans le soulager du morceau de vêtement. Malgré toi, tes yeux se perdent avec fébrilité et envie sur ces bouts de peau volés, sur cette vision que tu ne pensais jamais avoir d’Achille Trinisky… À quel point faut-il être con pour te désirer comme lui le fait ? « Certes, c’est un bon début… » Admets-tu en laissant ton index finir sa course sous son menton, l’obligeant à relever légèrement la tête pour que tu puisses perdre ton regard dans le sien.
Quoi qu’en dise ton esprit détraqué, brisé : certaines choses ne changeront jamais. Les contacts intimes avaient toujours été aussi faciles que de respirer pour toi. « Mais je suis convaincu que tu as plus intéressant à me présente comme preuve, Achille Trinisky. Je me trompe ? » Souffles-tu, réduisant la distance entre vos deux visages jusqu’à ce que les mèches les plus longues de ta chevelure viennent caresser son épiderme.
L’envie de l’embrasser est vorace, indescriptible, mais tu résistes tant bien que mal à son appel...
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- Feat Ezekiel & Achille


Libre.
C’est peut-être le mot qui te viendrait à l’esprit si on venait te demander quelle sensation tu ressens actuellement le plus. Oui, tu as cette impression de liberté, que tu arrives enfin à la toucher du bout des doigts. Libre de tes démons, libre de ton passé, libre de ce que tu es. C’est un peu comme si, doucement, ta coquille était en train de se fendre. Elle se fissure, est prête à éclater. Comme si, lorsque cette carapace aura disparu, un nouvel Achille naîtra – peut-être un peu plus heureux, un peu plus joyeux ? –.  Bientôt probablement seras-tu entièrement dégagé de ces chaines qui t’empêches de bouger ? Non, tout ceci ne peut pas se produire aussi rapidement, ne prend pas tes rêves pour des réalités. Ne place pas la charrue avant les bœufs, ne te laisse pas bercer par un espoir illusoire. La vie t’octroie simplement le droit à une parenthèse en compagnie d’Ezekiel ; et c’est la meilleure pause qui soit.

Il y a quelques jours encore, jamais tu n’aurais pu imaginer un tel scénario. Lui, toi, dans ton appartement, la douceur et la tendresse ayant enfin réussi à anéantir le mur qui s’était érigé entre vous deux depuis vos retrouvailles – peut-être même depuis plus longtemps déjà ? –. Il était d’acier et de grès, il était de colère et d’amer, il était de haine et de peine. Plus solide que jamais, tu étais persuadé que rien n’aurait pu le saccager. Cette barrière que tu abominais, que tu espérais voir s’écrouler. Tu avais peu d’espoir, tu voyais tout en noir, tu n’arrivais pas à imaginer le début de l’histoire. Tu ne comprends encore pas comment vous avez fait pour en arriver là, ce qu’il s’est passé, à quel moment tout a changé. Tout te semble encore si irréel ; et si tout cela n’est qu’artificiel ? Ne prendrait-il pas cela pour un simple jeu, dans lequel il serait le roi malicieux et toi le bouffon amoureux ?

Tu pries les dieux du ciel pour que ce ne soit pas le cas. Tu pries, le plus fort possible, au plus profond de toi. Tu ne veux pas avoir à te dire plus tard que tout ceci n’était qu’une simple machination, qu’un coup d’un soir, qu’une vulgaire hallucination. Tu ne voudrais pas revoir ces images en te disant que ce n’était pour lui qu’un simple divertissement. Parce que c’est plus que ça, tu as besoin de lui auprès de toi. C’est plus fort que ça, tu ressens la nécessité de pouvoir le prendre dans tes bras chaque fois que tu le voudras. Tu es égoïste Achille, mais la vérité c’est que tu n’arrives pas à faire taire ce sentiment incommensurablement grandissant qui envahit ton esprit. C’est une sensation qui, jusque-là, ne s’était jamais autant manifestée. Tu as du mal à la comprendre, l’appréhender, la dompter. Elle te domine ; tu t’inclines. Tu n’arrives pas à faire autrement, t’enlisant un peu plus profondément à chaque mouvement que tu essaies de faire pour de dépêtrer de cette mauvaise posture dans laquelle tu te trouves actuellement. Parce que toi tu désires quelque chose, lui le devrait aussi. Mais, la vérité, c’est que tu as peur que ton cœur lacéré ne supporte pas une perte de surcroît. Ton âme amochée ne résistera pas, s’il vient à disparaître après cette soirée – es-tu cependant conscient que tu ne pourras en rien l’obliger à rester ? –.  Si seulement le temps pouvait s’arrêter, que tu n’aies pas à t’inquiéter de ce qui arrivera après.

Tes yeux sont ancrés dans les siens – tu voudrais qu’ils le soient pour toujours –. Tu te perds dans ce bleu azuré que tu ne peux quitter, des semaines passées que tu rêves de pouvoir t’y noyer – un instant que tu avais jusqu’alors pensé inconcevable, inimaginable –. Ta respiration est calme bien que ce soit une véritable explosion de sensations qui parcourent ton être tout entier. Tu restes malgré tout apeuré ; est-ce que tout cela n’est pas un peu précipité ? Te dira-t-il réellement s’il veut arrêter ? Procèdes-tu de la bonne façon ? Tu n’es plus sûr de toi à l’heure d’aujourd’hui. Tu as l’impression de toujours briser tout ce que tu viens à toucher. Et bien que la passion, et bien que le désir aient manifestement pris les devants, tu espères ne pas faire erreur – horrible terreur qui te serre le cœur –. Tu en viens même à te retrouver en apnée après l’avoir questionné, tes lèvres étant pincées – la lueur de malice occultant ton effroi –.

Et lorsque son rire vient mettre un terme au règne du silence, tu ne peux que sourire de réjouissance. Ses doigts se posant sur ton bras, remontant jusqu’à tes épaules, t’invitant doucement à te rassoir correctement, tu te laisses faire avec amusement. Comme si enfin, tes peurs ressassées prenaient fin. Tu aimes cette douce expression qui flotte sur ses lèvres – tu as un peu l’impression de le découvrir autrement –. Tu préfères largement ça à celle qu’il employait constamment durant vos rencontres précédents – tu voudrais avoir tout le loisir de le voir sourire de cette façon en permanence –. Et lorsqu’il te dit qu’il n’est pas convaincu, tu ne peux réprimer ce petit ricanement – rien de mauvais, c’était exactement le genre de réaction que tu attendais –. Tes prunelles restent scotchées aux siennes tandis qu’il finit de déboutonner ta chemise. Un doux frisson parcourt ton échine tandis que sur ta peau se glisse son doigt ; jusqu’à venir sous ton menton, t’obligeant à relever légèrement la tête. Un sourire s’affiche tandis que vos regards ne se quittent pas – l’un l’autre, vous cherchez à ancrer vos yeux dans ceux de celui qui vous fait face –. As-tu plus intéressant à lui présenter ? Tu espères que ce soit vraiment le cas, que ta maladresse reste derrière toi. Quand il rapproche son visage du tiens, laissant le bout des mèches de ses cheveux effleurer ton épiderme, tu te mords légèrement la lèvre inférieure – douce ferveur qui attise le brasier le ton âme –.

«Il se pourrait bien que ce soit le cas, Ezekiel. » Lances-tu dans un murmure, tout en réduisant doucement la distance séparant vos lèvres avant d'y poser avec douceur les tiennes contre les siennes.

Les mots n’ont désormais plus leur place, du moins pour l’instant. Rangés au placard, la tendresse de vos gestes fera le reste.

Apaisé. Détendu. Comblé ? Tu ne saurais le dire. Tout ce dont tu es conscient, c’est que tu es bien, drôlement bien même. La tête posée sur l’épaule d'Ezekiel, tu souris. Tes pupilles sont pleines de vie –voilà des mois que ce n’était plus le cas –. Tu tentes de calmer ta respiration encore légèrement saccadée. Tu viens même à fermer tes paupières quelques minutes durant, tes traits s’étirant pleinement. Oui, voilà des années que tu ne t’es pas senti ainsi, aussi vivant.

Vivant. Les ténèbres habitent ton quotidien depuis dix ans. Dix ans que tu n’es qu’un vulgaire pantin, persuadé d’être l’esclave de ta propre existence, régit par une force supérieure malintentionnée. Dix ans que tu as ancré dans l’esprit que ta vie est finie, que tu es en sursit. Et pourtant, voilà qu’une porte s’est enfin ouverte – celle te menant vers l’enchantement –. C’est fou où la vie vous a mené, après tout ce qu’elle vous a fait endurer. Malgré tous ces hauts et ces bas, elle a décidé de vous menez dans les bras de l’un et de l’autre – seulement le temps d’une soirée ou pour l’éternité ? –. Non, là n’est pas le moment de penser à ça – encore et toujours, tu te poses beaucoup trop de questions, Achille –. Profite de sa présence à tes côtés, profite de sa chaleur, de cette quiétude qui règne entre vous – ne pense plus à tous ces combats, tous ces mots fondateurs de vos maux qui ont pu vous détruire des semaines durant –.

« Je suis heureux. » Souffles-tu dans un murmure, tes paupières étant toujours fermées.

Ça y est, tu l’as dis. Tu as osé prononcer cette phrase qui te faisait si peur, avant. La dernière fois que tu l’as dite, tu devais avoir tout au plus quatorze ans. Douce époque où vous étiez encore tous ensemble. La mort de ta mère appartenant au passé – passé que tu n’oublierai jamais –, tes amis t’ayant sauvé depuis plusieurs années, tu avais enfin réussi à leur sortir, au détour d’une conversation. Mais jusqu’alors, plus jamais elle n’avait passé le pas de tes lèvres. Tu es donc sincère, en lui disant ça – tu l’es vraiment –.

« J’espère que c’est un sentiment partagé ? » Lances-tu tout en te décidant à ouvrir enfin les yeux que tu lèves afin de les poser que lui. Tes doigts viennent alors se balader çà et là sur son bras. Vraiment, tu espères qu’il est au moins… satisfait ? « Que je ne t’ais pas… déçu aussi. » Murmures-tu tout en laissant ton regard se porter ailleurs. C’est vrai, après tout, tu ne prends plus soin de cette carcasse qui te sert de corps. Et puis, voilà bien longtemps que tu ne t’étais pas retrouvé dans les bras d’un homme. Tu n’as jamais été trop à l’aise qui plus es. Alors, peut-être que tu n’as pas été à la hauteur ? Tu espères sincèrement que ce ne soit pas le cas au plus profond de toi.

Tu finis par te redresser et attraper ton verre de whisky qui trône encore sur la table, à moitié plein. Puis tu te tournes vers Ezekiel.

«Je te resserre un verre ? » Demandes-tu avec un petit sourire avant de boire une gorgée.

La vérité, c’est que tu ne sais pas quoi dire. Après tout ce qui a bien pu se passer entre vous depuis ce soir-là, tu ne sais pas vraiment quel sujet engager, de peur de toucher à un point sensible. Et pour rien au monde tu ne voudrais briser cet instant à cause de ta maladresse. Tu lui proposes donc de l’alcool. Vous en avez probablement déjà trop dans le sang, mais au moins, c’est un de vos points communs – l’unique ? bon sang que tu n’espères pas ; mais comme tu ne connais pas le Ezekiel qui se trouve devant toi, tu restes sur des sources sûres –.

Tu ne veux pas t’élancer, te jeter du haut de la falaise sans avoir vérifié que tu es paré. Tu préfères tâter le terrain, le laisser s’exprimer sans le forcer – après tout, tu en as déjà assez fait, n’est-ce pas ? –.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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Theme Song
Feat. Achille Trinisky
I don't want to be a fucking tragedy
On était loin du drame que tu avais tant redouté…
Alors qu’à une époque, le simple contact des doigts d’un homme sur ta peau suffisait à te faire craindre l’avenir, le tournant de cette soirée t’avait prouvé qu’il y avait une vie après de telles souffrances… Il te suffisait juste de tendre la main, d’accepter l’aide et le respect de tes pairs. Mais pouvais-tu vraiment le faire ? Existait-il une solution au mal être qui te dévorait depuis près de trois ans ? Tu ne savais plus. Ça durait depuis trop longtemps maintenant pour que tu ais l’esprit clair, pour que tu puisses te convaincre qu’il y avait quelque chose de bien pour toi au tournant de ta vie… Être malheureux, c’était normal pour toi.

Avec les années, ta douce malédiction était devenue un cadeau plutôt qu’un fardeau. Du creux de ton ravin, tu pouvais admirer le monde dans toute sa laideur… Tu voyais les horreurs de cette vie-ci avec plus de précision que du haut de ta tour d’ivoire et tu étais parvenu à te convaincre que c’était mieux ainsi.
Longtemps, l’avarice t’avait aveuglé… Mais maintenant, tu voyais enfin.
Et à défaut de caresser le bonheur, tu parvenais à croire que détester le monde pour son véritable visage était un cadeau en tant qu’habitant sur terre. D’aussi bas, personne ne pouvait t’atteindre, personne ne pouvait te blesser.
Tu étais inatteignable, imperturbable. Tu étais le fils de la mort, un être si pitoyable que le sort ne voyait plus d’intérêt à s’acharner sur lui…

Enfin, c’était ce que tu croyais. C’était ce que tu croyais jusqu’à revoir Achille puis Elyas, jusqu’à ce que le sort décide de t’assener le coup final, de t’arracher de force ton dernier souffle. Au fond, il n’était jamais trop tard ou trop tôt pour s’amuser sur le dos des malheureux qui n’avaient plus rien à perdre et plus rien à croire. Personne n’était jamais assez bas sur terre pour contenter le sadisme du destin… Et c’était ce qu’il s’était empressé de te prouver. Tu n’étais pas à l’abri de sa cruauté. Tu ne le saurais jamais.

Et Achille n’était qu’une preuve parmi toutes les autres.

Sa tête déposée sur ton épaule, tu laisses tes doigts osseux caresser la peau mise à nue de son bras. Le geste est distrait, presque mécanique… Mais salvateur.
D’ordinaire, ce n’était pas quelque chose que tu faisais.
Ce n’était pas le genre de tendresse à laquelle tu t’abandonnais… Autrefois, tu quittais le lit de tes amants aussi vite que tu y étais apparu et ce n’était pas une habitude qui avait changé entre les bras des prostitués. Au contraire, le dégoût avait accru ton manque de délicatesse et de respect pour la personne qui venait de t’offrir son corps.
Mais cette fois, c’était un peu différent. Achille n’était pas qu’un parmi tant d’autres. C’était un besoin de ton être entier de te l’approprier, de le soumettre à tes désirs… Et maintenant que c’était fait, tu ressentais pour lui qu’un profond respect qui te semblait étonnamment étranger. Le Trinisky t’avait arraché à ta fausse hétérosexualité, il t’avait fait retomber dans les travers de ton esprit… Et tu aurais dû le haïr pour cette cruauté sans égal.
Mais tu ne pouvais pas.
Parce que sentir les mèches ébènes de sa chevelure et son souffle caresser ta peau mortifiée te rappelait à quel point vous n’étiez qu’humains. Tu ne pouvais pas l’accuser pour tes erreurs et pour tes peurs… Achille avait toujours été un rêve inatteignable, un désir d’enfant inassouvi. Du haut de ses quatorze ans, l’Ezekiel d’autre fois aurait sans doute été heureux d’apprendre que tu avais réalisé son rêve, que tu avais gagné une part de son crush.
Tu avais désiré l’auteur autant qu’il t’avait désiré.  

À cette idée, un sourire désabusé vient prendre place sur tes lèvres. « Je suis heureux. » Pour disparaître presqu’immédiatement. Cessant d’admirer le plafond qui vous couvre du froid de décembre, tu baisses tes prunelles azurées vers Achille dont les paupières restent obstinément fermées. Tu ne dis rien, tu n’oses pas briser cet instant, cet apaisement qui semble avoir pris racine en votre étreinte… Prenant une grande inspiration, tu te mordilles la lèvre.
Tu aimerais te traiter de tous les noms, lui dire que c’était une mauvaise idée, qu’il n’aurait pas dû en être… Mais la crainte te noue l’estomac.
Le bonheur te fait peur. Il te fait fuir, il est ton ennemi le plus redoutable.

« J’espère que c’est un sentiment partagé ? » Tu pouffes légèrement, passe ta langue sur tes lèvres alors que ton regard supporte difficilement le sien. Tu tentes de paraître assuré, mais c’est la panique qui s’élève en toi à l’idée d’un instant de bonheur. Ce n’est pas pour toi et ça ne devrait pas être pour lui… Pas en ta présence. De ta main libre, tu viens attraper la sienne afin de serrer ses doigts entre les tiens. « Que je ne t’ais pas… déçu aussi. » Doucement, tu resserres son corps contre le tien. Tu ne veux pas briser sa bulle ou le tirer avec toi vers le bas… Il n’a jamais été question de lui faire goûter à ton enfer, de briser tout ce qui vous liait. « C’était largement au-dessus de mes espérances… » C’est vrai. Achille t’a fait revivre des sensations oubliées, des désirs que tu pensais éteint… Ce que tu as connu près de lui n’avait pas sa place dans tes rêves les plus fous et c’est quelque chose pour lequel tu pourrais presque le remercier si ton esprit n’était pas aussi confus.
Tu ne veux pas qu’il s’inquiète, qu’il nourrisse des incertitudes qui n’ont pas leur place entre lui et toi.
Achille n’était peut-être pas ton meilleur coup, mais c’était de loin ta liaison la plus sincère et la plus respectueuse à ce jour… S’abandonner au bras du pléiade était une sensation beaucoup plus agréable que toutes les relations d’un soir entretenues par le passé.
La comparaison ne valait même pas le coup d’être faite.

Le laissant s’éloigner de toi avec regrets, tu le fixes avec attention jusqu’à le voir reprendre son verre de whisky qui trônait encore sur la table. Tu prends une grande inspiration. « Je te resserre un verre ? » Doucement, tu acquiesces. « Ce serait gentil… » Admets-tu avec un soupçon de honte dans la voix. Tu aimerais dire non, t’entendre dire que ce n’est pas nécessaire, que tu peux parfaitement vivre sans sentir le goût de l’alcool te brûler l’œsophage… Mais le mensonge est trop gros pour qu’on y croit.
Ça ne vaut même pas le coup d’essayer.
Tu dois t’avouer vaincu Ezy.

Attrapant le verre tendu par le jeune homme, tu prends une gorgée plus raisonnable que celle précédant vos ébats puis tu le redéposes doucement sur la surface. « Merci… » Qu’es-tu censé dire maintenant ? De toujours, tu t’étais empressé de fuir le lieu de tes innombrables crimes. Tu ne restais jamais, n’initiais jamais de dialogue. Pour toi, il était plus sécuritaire d’agir ainsi que de risquer de te trahir. Tu n’étais pas autorisé à aimer
Et la vie t’avait donné raison d’avoir tant craint tes propres sentiments. Quand tu étais tombé dans le piège, entre ses mâchoires féroces, ça avait sonné le début de la fin.
Tu étais passé de héros à zéro.
Enfin… Héros. (haha, et puis quoi encore ?)

Par curiosité, tu cherches l’heure du regard, fronce légèrement les sourcils. « Il est tard… Est-ce que tu préfères que je quitte ? Je comprendrais… » Murmures-tu avec une légère incertitude dans la voix. Tu n’as pas envie de partir, mais tu es prêt à le faire si Achille n’est pas confortable à l’idée de te voir rester. Tu ne pourrais pas lui en vouloir, toi-même tu ne saurais pas quelle solution tu choisirais à sa place… « Sinon… Je peux peut-être rester pour la nuit ? Je peux prendre le sofa, j’ai eu la preuve qu’on y est plutôt confortable. » Dis-tu avec une pointe d’humour dans la voix.

Tu ne savais pas trop quelle mouche te piquait. T’imposer n’était pas (plus) dans tes cordes, ce n’était pas quelque chose qui te rendait particulièrement confortable… Mais pour la première fois depuis une éternité, tu avais des besoins qui n’attendaient qu’à être comblés. Peut-être regretterais-tu une fois le soleil levé… Demain serait un autre jour, la vie reprendrait son cours normal, tu aurais tout le temps de t’en vouloir pour ta familiarité, pour ce désir d’un contact humain… De son contact parmi tous les autres. Ô oui… Tu aurais tout le temps que tu souhaitais pour te mordre les doigts de cette aventure… Mais ce soir, pour ce soir uniquement, tu voulais être humain. Un humain banal avec ses espoirs et ses déceptions, ses désirs et ses craintes.

Déglutissant, tu prends une grande inspiration avant de tendre une main à Achille afin d’attraper ses doigts. Doucement, tu le tires vers toi afin de sentir une nouvelle fois sa peau contre la sienne. « As-tu quelque chose de prévu en matinée ? » demandes-tu d’une voix douce.
Tu n’étais ni heureux, ni amoureux. Tu ne voulais pas l’être.
Mais il venait de défoncer toutes tes barrières à grand coup de pied. Félicitation à lui. « Sinon je te propose de prendre le temps de discuter un peu… La nuit est calme et, si je ne me trompe, on a dix années à rattraper. » Ton cœur aurait pu s’arrêter sur le coup de la honte.
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Soulagement.
Apaisement.
Sa main attrapant la tienne, tes doigts s’entrelacent un peu plus fortement aux siens – tu affermis ce contact comme pour ne pas le laisser partir, le garder un peu plus auprès de toi.
Délivré.

Oui, tu es rassuré lorsqu’il te dit que c’était au-dessus de ses espérances. Peu t’importe ; qu’il mente ou non, ses mots te font du bien. Ils allègent, débarrassent ce poids qui pesait sur ton âme – ce stress de ne pas avoir été à la hauteur –. Peu sont les bras que tu as étreints – ou plutôt peu sont ceux qui ont bien voulu t’enlacer, ne serait-ce le temps d’un instant –. Tu n’as jamais cherché à t’attacher aux autres après la perte de tes amis – et trouver des personnes afin d’assouvir tes désirs n’était clairement pas ta priorité –. Le peu de fois où cela s’est produit, c’était exceptionnel. Et toujours tu as eu cette boule au ventre, cette appréhension te tordant les tripes – parce que tu n’as pas vraiment d’expérience malgré tes vingt-six années de vie sur Terre –. Qui plus est, cette soirée était plus que particulière. Alors vraiment, l’entendre dire ça te met du baume au cœur, redore ta confiance en toi.

Tu bois une nouvelle gorgée de whisky, finissant au passage ton verre. C’est marrant finalement, tu n’es relâché de tes chaînes qu’à moitié. Parce que tu es encore prisonnier de ces vices – l’alcool, le tabac –. Mais c’est à croire que tu en as besoin pour surmonter chaque épreuve de ta vie – même l’écriture ne suffit plus depuis des lustres déjà –. Tu t’en veux, beaucoup. Tu t’en veux de te jeter sur ce qui semble être ton ancrage, ton pilier, ce qui te permet de tenir le coup. Mais putain Achille, pourquoi ? Pourquoi, alors que tu as dit être heureux ? Tu ne peux l’être avec ce breuvage qui, d’une gorgée, incendie ta trachée – t’es habitué depuis toutes ces années et pourtant, la chaleur de liquide est toujours là, te brûle toujours autant –. Oui, tu peux t’en vouloir, tu peux t’asséner tous les coups que tu veux intérieurement – tu le mérites –. Et tu es égoïste. Égoïste, parce que tu es quelque peu rassuré en voyant que le schéma est le même pour Ezekiel – tu n’es qu’une ordure en vérité –.

Enfin, tu le vois soudainement chercher quelque chose du regard. Tu arques un sourcil, penche légèrement la tête de côté tandis qu’à peine une poignée de secondes après, il te fait part de l’heure tardive et te demande si tu veux qu’il parte. Forcément, tu ne peux t’empêcher d’écarquiller les yeux avant de secouer la tête négativement. Non. Tu préfèrerais qu’il reste. Parce que tu veux partager le plus de temps possible avec lui – le savoir avec toi, à côté de toi, entendre raisonner sa voix, pouvoir observer les traits de son visage, toucher du bout de tes doigts sa peau –. Un large sourire approbateur se dessine alors sur ton visage lorsqu’il te dit qu’il pourrait peut-être rester sur le canapé. Évidemment qu’il peut – autant de temps qu’il voudra –.  

« Reste, s’il te plait. » Murmures-tu tout en baissant les yeux.

Parce que tu as honte, honte de faire passer tes désirs avant tout. Mais c’est plus fort que toi – comme une voix qui susurre à ton oreille de le garder près de toi –.

« Le super sofa confortable est tout à toi. » Lances-tu avec un petit rire.

Lorsque sa main attrape de nouveau la tienne, qu’il t’attire un peu plus vers lui, tu viens poser de nouveau ta tête sur son épaule, t’enivrant de cette chaleur et de ce contact qui anime en toi une kyrielle de sensation ; éveille des milliers de papillons au creux de ton ventre. Et tu sens ton rythme cardiaque accélérer lorsqu’il te demande si tu as quelque chose de prévu le lendemain, que sinon vous pourriez discuter, que vous avez dix années à rattraper. Tu déglutis, tu cesses momentanément de respirer. As-tu bien entendu ? Vient-il réellement de prononcer ces mots ? La joie qui s’écoule doucement dans tes veines, traversant ton corps dans son intégralité est indescriptible. Tu n’aurais de mots pour expliquer ce que tu as ressenti à ce moment-là. S’en est presque trop beau pour être vrai, après tout ce qu’il s’est passé. Au début, tu n’arrives pas réellement à y croire. Et quand tu comprends que tout ceci est bien réel, un doux rire s’échappe d’entre tes lèvres tandis que tu finis par relever la tête.

« Non, ma journée de demain, comme toutes les précédentes et les suivantes, s’annonce très calme. Et toi, tu n’as rien de programmé ? »

Parce ce que tu ne fais jamais rien. Tu ne bouges pas de ton appartement, si ce n’est pour aller t’acheter de quoi faire taire tes désirs ou pour tes déplacements professionnels – qui sont rares ces derniers temps –. Quand bien même aurais-tu eu quelque chose de prévu, tu lui aurais répondu le contraire. Pour lui, tu aurais tout annulé. Pour rien au monde tu ne veux passer à côté de ce moment qui se présente.

« Mais en effet, ça me semble être une bonne idée. Bien qu’une nuit ne soit pas suffisante j’imagine. »

Après avoir commencé avec un air pour le moins enthousiaste, tu as murmuré ta dernière phrase ; quand tu l’as prononcé, tu t’es clairement dit que tu avais sûrement fait une erreur. Alors comme pour la réparer, tu as baissé le ton de ta voix – mais ce n’était probablement pas suffisant –. Enfin, tu laisses tes doigts se balader quelques secondes durant sur l’épiderme d’Ezekiel avant de déposer un baiser sur son épaule, de te dégager doucement de l’étreinte et de te relever. Tu t’en vas attraper le plaid qui est posé sur le meuble à côté avant de lui lancer.

« Tant qu’à faire, autant être confortablement installé. Et puis, ça sera pour toi, pour dormir après. » Dis-tu avec un sourire avant d’attraper le paquet de cigarettes qui se trouvait juste à côté de la couverture. « Ça te dérange ? J’en ai pas pour long. » Demandes-tu tout en désignant le bâton de nicotine d’un mouvement de l’œil.

Après sa réponse, tu entrouvres la fenêtre avant d’allumer ta clope, de prendre une bonne bouffée de ce poison et de recracher le nuage au-dehors. Le contact du froid mordant avec ta peau mise à nue te fait frissonner – raison de plus pour ne pas traîner –. De ta main libre, tu frottes vigoureusement ton bras afin de te réchauffer un peu. Mais comme pour l’alcool, tu ne peux plus te débarrasser de cette addiction – c’est ce dont tu es persuadée –. Et comme le whisky, la cigarette t’apaise, te permet de trouver du courage, de l’audace – c’est ce dont tu t’es convaincu –. Plus que jamais, actuellement, tu as besoin de ça pour continuer, tenir le coup. Ils sont un peu las pour sonner le glas, te retenir la tête hors de l’eau, rappel à la réalité pour que tu ne te noies pas sous les flots déchainés du bonheur qui t’envahit. Plutôt étrange comme concept dirons-nous. Mais c’est ainsi que tu fonctionnes.

Tu finis par te retourner vers Ezekiel et prendre appui sur le mur, croisant les jambes et les bras du mieux que tu peux – comme pour contenir ta propre chaleur corporelle –. Et bien que tu aies l’impression de geler, tu continues de sourire – comme réchauffé de savoir le jeune homme à tes côtés –.

« Par où on commence dans ces cas-là ? » Questionnes-tu avant d’échapper un petit ricanement.

Il doit y avoir tellement et trop peu à dire à la fois – trop d’informations tue l’information –. En plus, en dix ans, il y a beaucoup de choses que tu as dû oublier. Enfin, tu inspires un coup, portant ta main libre à ton menton, levant légèrement les yeux vers le ciel avant de les poser de nouveau sur ton ami d’enfance quelques secondes après.

« Ah, je sais. On va commencer par la base des bases hein. Qu’est-ce que tu as fait, après qu’on se soit quitté ? Enfin je veux dire, tu as fait des études ? Ou tu as commencé à travailler rapidement ? » Lances-tu avant d’inspirer une nouvelle bouffée de nicotine.

Plutôt un sujet banal. Mais les années vous séparant ont creusé, malgré tout, un énorme fossé entre vous. Vous ne vous connaissez plus. Alors, autant commencer par le commencement, le plus simple.
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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LET IT HURT, UNTIL IT CAN'T HURT ANYMORE
Theme Song
Feat. Achille Trinisky
I don't want to be a fucking tragedy
T’avais pas pu te sauver.
De toujours, tu n’avais été bon qu’à t’enfoncer, qu’à pourrir ton âme et claquer toutes les portes susceptibles de s’ouvrir. Tu te refusais le bonheur, le droit de gratter un peu de joie à une existence qui en était dépourvue… Tu estimais avoir tout perdu il y a des années et ne plus rien avoir à préserver, à libérer des chaînes qui te muselaient.
Alors pourquoi t’étais-tu tué à vouloir rentrer dans le moule ? Qu’avais-tu tenté de te prouver, Ezy ? Tu t’étais perdu, essoufflé à vouloir trouver un sens à des événements qui n’en possédaient pas. Il n’y avait que l’horreur pour toi ici-bas… Alors pourquoi avais-tu essayé d’épouser la normalité ? De tous ceux qui t’avaient manqué de respect, tu étais de loin le pire… Même au plux creux de l’enfer, tu n’avais pas été foutu de faire un pas dans ta direction, de tendre une main vers ton misérable cœur en putréfaction.
Tu t’étais abandonné.

Tu t’étais abandonné jusqu’à en oublier qui tu étais, pourquoi tu existais.
On t’avait dit un jour qu’il était temps pour toi de devenir quelqu’un… Mais tu n’avais jamais su qui être. L’interrogation était restée en suspens des années durant, à danser sous tes yeux de biche effrayée, à te rappeler que, encore à ce jour, tu n’étais pas parvenu à te trouver.
Achille avait-il été placé sur ta route pour cette raison ? Était-il une réponse aux interrogations qui te torturaient jour après jour ? Était-il une solution ?

Laissant tes yeux l’admirer, tu retiens le soupir qui se meurt à la frontière de tes lèvres et qui te gangrène l’esprit.
Tu ne savais pas.
Pour toi, il n’était qu’une parenthèse, qu’une ouverture involontaire vers un retour à la normale. Même si elle était ridiculement sujette aux faux semblants et aux compliments hypocrites, ta vie d’antan te manquait parfois. Avoir une famille, même si elle te détestait, restait un plus beau cadeau que la solitude. Avaient-ils conscience du mal qu’ils t’avaient fait en se débarrassant de toi ? Tu étais quelqu’un de nuisible, une erreur à répudier. Si ceux qui t’avaient donné la vie ne voyaient rien de bon à exploiter en toi, comment quelqu’un de sain d’esprit le pouvait-il ?
Achille partirait. Il n’avait pas le choix de partir.
Achille n’était pas con, ce n’était pas un idiot ; c’était un mec lucide dont l’alcool ne tuait pas tout le jugement. Il partirait. Peut-être pas aujourd’hui ni demain, mais il prendrait ses jambes à son cou lorsqu’il verrait qui tu es vraiment.

Et toi, tu n’entendais qu’à l’utiliser dans l’attente d’être abandonné. Tu n’allais pas t’attacher, t’amouracher, prendre de risques inconsidérés.
Promis, tu allais utiliser le peu de jugement qu’il te restait pour te protéger. Achille n’était qu’un petit plaisir d’un soir, de peut-être deux, mais jamais il n’atteindrait ton cœur.
Au mieux, il te permettrait de souffler et de mettre sur pause cette quête insensée de la normalité. Au pire, il t’aiderait à te détester un peu plus à chaque fois qu’il visiterait ton lit.

Le voyant écarquiller légèrement les yeux à la mention de l’heure tardive, tu ne peux t’empêcher de sourire tristement. Tu ne le comprends pas.
Comment peut-il souhaiter prolonger la présence de quelqu’un qui l’avait humilié, insulté, violenté ? Tu ne comprends rien au fonctionnement du Trinisky. Parfois, comme en ce moment, il te fait un peu peur. Tu n’arrives pas à le cerner, à identifier ses attentes. T’aimerais être dans sa tête, suivre le fil illogique de ses pensées. « Reste, s’il te plait. » D’accord. (Tu ne voulais pas vraiment partir) « Le super sofa confortable est tout à toi. » Tu tentes de paraître victorieux, tu admires ton butin pour la soirée… Mais ce n’est pas ton truc ; la gloire.
T’étais meilleur pour détruire que conquérir.

Sa tête posée sur ton épaule, tu te sens différent.
Tu te sens homme, humain, étranger à ta propre vie… Et c’est satisfaisant. Incroyablement satisfaisant. Tu as l’impression d’épouser la meilleure version de toi-même, l’ébauche abandonnée de l’homme que tu aurais pu devenir si Kattie n’était pas décédée… À cette idée, ton cœur se serre. Vous étiez les dépouilles fumantes des adolescents plein d’avenir que vous étiez avant que votre amitié ne meure des mains de l’avenir. Vous aviez été faibles… Et tu peinais à te le pardonner, à pardonner à l’adolescent coincé, mais motivé que tu avais été. Qu’en restait-il aujourd’hui ?

Il n’y a qu’Achille pour te faire oublier, pour t’offrir une parenthèse dont tu ignores la légitimité. « Non, ma journée de demain, comme toutes les précédentes et les suivantes, s’annonce très calme. Et toi, tu n’as rien de programmé ? » Serein, tu secoues doucement la tête en plongeant ton regard dans le sien. « Tant que je ne rentre pas trop tard pour récupérer Eden chez la voisine… J’ai tout mon temps devant moi. » Jamais elle ne te jugeait, la voisine, mais tu voyais dans ses yeux criards qu’elle le faisait pour Eden et non pour toi. Elle prenait soin de vous deux pour que ta fille n’ait pas à voir son père dans cet état, dans cette détresse dont il ne semblait pas vouloir sortir.
Elle le faisait pour que, plus vieille, Eden se souvienne de leur soirée à jouer plutôt que de l’odeur d’alcool émanant de l’homme censé l’élever.
Peut-être serait-elle fière de toi lorsque tu reviendrais, au matin, plus droit dans tes bottines que tu ne l’avais jamais été en trois ans…
Peut-être s’en moquerait-elle, peut-être le mal était-il déjà fait. Un jour, elle te trahirait, elle dirait tout aux travailleurs sociaux et tu n’aurais rien à répliquer, aucun plaidoyer à présenter. L’appel de la bouteille était plus fort que l’amour de ta fille.
Mais qu’importe. Pour ce soir, il n’y a qu’Achille qui puisse compter.

« Mais en effet, ça me semble être une bonne idée. Bien qu’une nuit ne soit pas suffisante j’imagine. » Son ton a changé. Tu ne sais pas pourquoi, tu t’en moques un peu au fond. Tu ne veux pas qu’il craigne de parler. De toute manière, tu ne peux plus le détester plus que tu l’aies déjà fait : il est libre de ses paroles désormais. « Vraiment ? On a eu une vie bien chargée à ce que je vois, Achille Trinisky. » rigoles-tu doucement.
Tu ne te ressembles pas. Tu rigoles, tu réconfortes, tu penses à un autre être humain… Mais ce n’est que pour ce soir. Qui sait à quoi ressembleras l’avenir demain ? Le regardant se lever pour te jeter le plaid déposé non loin, tu laisses le tissu glisser entre tes doigts avec interrogation. « Tant qu’à faire, autant être confortablement installé. Et puis, ça sera pour toi, pour dormir après. » Tu esquisses une moue ridiculement déçue puis t’emmitoufle sans te faire prier. Puisqu’il a réellement prévu de te faire dormir sur le sofa -rien n’est pire que le sol-, alors ce plaid est ta seule arme pour la nuit à venir. Tu ne comptes pas t’en séparer.

Tu hausses doucement les épaules lorsqu’il désigne la clope.
Tu tentes de faire genre que tu t’en fous. C’est le bon moment pour arrêter, non ? Pour voir ce que ta volonté vaut -pas grand-chose-. En silence, tu le fixes. Tes yeux manquent de subtilité, mais tu ne peux t’empêcher de le dévorer du regard. Tu cherches à comprendre comment tu as pu arracher une nuit à quelqu’un comme lui.
Comment tu as pu lui arracher un sourire, un moment de tendresse. Les gens comme toi ne méritaient pas d’Achille Trinisky dans leur vie… Alors comment aviez-vous pu en arriver là ? Une fois de plus, tu réprimes le désir de le rejoindre et de serrer son corps contre le tien, juste histoire de te prouver que tout ceci est bien réel.
Il t’avait sans aucun doute ensorcelé.

« Par où on commence dans ces cas-là ? » Par se rapprocher, penses-tu, mais les mots s’éteignent sans avoir vu le jour. Tu hausses doucement les épaules; tu n’as jamais fait ça, raconter ta vie, discuter avec quelqu’un. Tu as toujours tellement repoussé les gens, le monde, la vie.
Peut-être étais-tu un peu fatigué, de rejeter sans cesse ?
Le voir réfléchir pour vous deux t’amuse.

« Ah, je sais. On va commencer par la base des bases hein. Qu’est-ce que tu as fait, après qu’on se soit quitté ? Enfin je veux dire, tu as fait des études ? Ou tu as commencé à travailler rapidement ? » La base de tout ; il y a 10 ans, t’as foutu quoi après ? « Tu sais, j’apprécie beaucoup la vue que tu m’offres, mais tu comptes vraiment rester debout contre un mur ? Tant qu’à être aussi formel, je propose qu’on aille discuter autour de la table. T’as du thé ? C’est un truc de riche ça : le thé. » Humour.
T’es plus tout à fait toi-même, ça fait peur d’être aussi vivant. Ça doit être un rêve, c’est forcément un rêve.
En raison de leur rang, tes parents avaient toujours idolâtré le thé. C’était une pratique ridicule, selon toi, que de tenir le thé en si haute estime sous prétexte que l’on était riche… Mais, pendant longtemps, tu avais adhéré. Pire, tu avais toujours levé le petit doigt pour boire ce fichu thé.
T’étais condescendant depuis le début. Un bon à rien depuis le premier jour. « Tiens-toi bien, t’es pas prêt à entendre la vérité. » Murmures-tu au sujet de la question qu’il t’a posé. Toujours confortablement installé sur le sofa, tu serres le plaid contre toi afin d’y cacher ton corps efflanqué. Tu méritais d’être quelqu’un d’autre, même si ça ne durait qu’un temps. « J’ai essayé de suivre un cursus scientifique… Pour devenir chercheur, une connerie dans le genre. Ça n’a pas fait long feu. » Tu étais riche, à quoi bon faire des études pour le devenir encore plus ? « On a déménagé à Kalos avec mes parents pour qu’ils deviennent duc et duchesse aux château de combats de Fort-Vanitas. J’ignore si tu connais ? Ils ont voulu que je suive leurs traces alors ils m’ont envoyé en voyage initiatique à Johto pour que je devienne un véritable dresseur et coordinateur. » C’était vrai… à quatre-vingts pourcents. C’est toi qui avais demandé à partir, à quitter le confort de la maison pour leur prouver que tu valais mieux que ça.

Ça avait été le plus gros échec de ta vie, l’échec dont tu essuyais encore les conséquences à ce jour.

« Et toi ? Enfin, j’espère que tu me pardonneras, mais tout ce que je sais de ta version 2.0, c’est qu’elle porte des complets et qu’elle vide les rayons alcool dans les supérettes. Qu’est-ce que t’es devenu, au final ? Comment t’as réussi à te sortir de la misère ? » Tu aurais pu chercher ton nom sur le Réseau Dusk… Mais pendant de nombreuses semaines, tu avais voulu te convaincre que tu n’avais rien à faire d’Achille et de son existence.

Maintenant que le mensonge était tombé, mieux valait s’informer directement à la source… Non ?
(c) TakeItEzy & Ellumya
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Let it hurt

until it can't hurt anymore


"But how am I supposed to love you, When I don't love who I am? And how can I give you all of me, When I'm only half a man?"

half a man - dean lewis
- Feat Ezekiel & Achille


Chasse le naturel, il revient au galop.

Si tu souris, si tu paraît heureux – tu l’es, vraiment ; mais, parce qu’il a toujours un mais –, si l’alcool semble avoir anesthésié tes peurs et tes craintes, il n’a endormi que la première couche. Oui, tu te sens différent grâce au liquide ingéré, oui, tu as l’impression que la liqueur t’a donné des ailes, du courage, mais ce n’est qu’en apparence. Car maintenant l’acte passé, ton esprit un peu plus clair – un peu moins noyé –, la réalité revient de nouveau te frapper. Et tu t’en veux. Tu t’en mordrais les doigts, t’arracherais les ongles d’avoir rouvert la porte de tes appréhensions les plus profondes – incurables, gravées au sein de ton âme –. Si aujourd’hui tu es devenu un homme « au cœur de pierre » pour certains, un homme « individualiste et asocial » – nombreux sont les articles ayant portés ce titre ; parce qu’en dehors de tes séances de dédicaces, jamais tu ne sors, jamais tu ne crées de contacts – c’est à cause de ces deux frayeurs qui forment une épée de Damoclès au-dessus de ton cœur. Deux angoisses qui t’empêchent de vivre convenablement, un peu plus gaiement.

L’abandon.
La mort.

Si l’une – la peur de trépasser – n’a pas sa place ici, en ce moment même, l’autre te grignote petit à petit – jusqu’à s’emparer totalement de toi –. Tu ne sais pas si tu as le droit de t’attacher, tu ne sais pas si tu peux te permettre de prendre un tel risque – n’est-il pas déjà trop tard ? –. Et si, malgré tout, il vient à partir de nouveau ? Le poids serait trop gros, tu ne supporteras pas une telle perte.

Mais tu réfléchis trop, Achille, beaucoup trop.
Tu passes ton temps à cogiter, ça fuse dans ta tête beaucoup trop petite pour tout ce qui y tourne en boucle. Tu te poses trop de questions, tu imagines trop divers scénarios. Tu te fais du mal tout seul en créant toi-même tes propres dilemmes alors qu’ils n’ont pas lieu d’être. C’est beaucoup trop compliqué tout ce qui se passe dans ton cerveau, c’est à n’y rien comprendre. Cesse donc de penser à tout ça, cesse donc d’imaginer un futur noirci à chaque fois – pour une fois, imagine-toi quelqu’un chose d’un peu plus beau, un peu moins fade et laid comme tu le conçois si souvent –. Crois en quelque chose de possiblement plus heureux, plus joyeux. Et si tu as si peur, retourne auprès de lui, serre le dans tes bras comme si c’était la dernière fois. Arrête de penser aux lendemains ; profite et vis l’instant présent.

Le problème étant que tu n’as pas le courage, que tu ne le trouves qu’avec ces substances si nocives à ta santé. Tu te mets en danger pour des futilités ; des choses qui sont pourtant si simples. D’ordinaire. Mais toi, tu compliques toujours tout ; alors que tu n’as qu’à enjamber un muret, te voilà à devoir gravir des montagnes. Les problèmes, tes peurs, tes frayeurs ; tout est multiplié par dix. Une simple banalité devient d’une complexité effarante une fois posée entre tes doigts.

Alors, au moins pour ce soir, met toi en pause.
Ne réfléchis plus, ne pense plus, ne cherche plus.
(Plus facile à dire qu’à faire pour toi, n’est-ce pas ? Mais pour ce soir au moins, fait un petit effort, prend sur toi)

Quand il t’a dit que temps qu’il ne partait pas trop tard afin d’aller chercher Eden, il avait tout son temps devant lui, tu as simplement hoché la tête, cligné des yeux. D’une part, ça te rassure. Et de l’autre, ça te fait prendre conscience que tu serais incapable d’élever un enfant, seul. Tu l’admires, parce que c’est une responsabilité que toi, tu ne saurais pas tenir – du moins, c’est ce dont tu es convaincu –. Tu ne serais même pas apte ; toujours à ne penser qu’à toi – même pas à ton père, même pas à tes frères et sœurs –. Tu n’es qu’un égoïste, qui s’occupe essentiellement de sa petite personne. Alors vraiment, pour le moment, heureusement que tu n’as pas d’enfant à ta charge. Et puis, quand il renchérit après toi, en disant que vous avez eu une vie bien chargée, tu as un petit sourire, un petit rire qui accompagne le sien. A bien y réfléchir, ton existence n’a rien de passionnant. En plus, tu n’as fait que te focaliser sur les éléments qui t’ont détruit, t’ont anéanti – tu as connu de doux instants, de doux moments, et pourtant, ton inconscient a préféré enfermer sous clef le peu de bonheur que tu as connu pour te laisser tout le malheur gangréner ton conscient et ton présent.

Aspirant une nouvelle bouffée salvatrice, tu recraches aussitôt la fumée dehors – toussotant un coup ; froid et nicotine ne font pas bon ménage –. Un sourire taquin se dessine sur ton visage à sa remarque, tandis que de ta main libre tu te désignes.

«Profites-en, admire. » Lances-tu avant de sortir ta main au-dehors, tapotant ta cigarette afin de faire tomber les résidus de cendre à l’extrémité. Puis tu fais mine de regarder ta montre – qui ne se trouve absolument pas sur ton poignet –. « T’en fais pas, d’ici trois petites minutes je reviens avec toi, vu que je vois que je te manque déjà. Et du thé ? Ahh, pourquoi pas, mes placards en sont pleins à craquer. » Continues-tu en te dandinant légèrement avant de rire. Voilà bien des mois, voire peut-être même des années, que tu n’avais pas usé d’humour – ou plutôt d’humour sain, de plaisanteries légères et de malice ; parce que ces derniers temps, tu faisais plutôt preuve de sarcasme et persiflage –. Évidemment que tu ne comptais pas rester là ; il y fait bien trop froid, tu préfèrerais être dans ses bras. La vérité, c’est que tu as même envie d’en avoir rapidement fini avec ta clope – et que tu regrettes même d’en avoir fumé une –.

« Tiens-toi bien, t’es pas prêt à entendre la vérité. » Tu penches légèrement la tête sur le côté, fronçant les sourcils avant de hausser les épaules, souriant. Tu penses être apte à l’entendre. « J’ai essayé de suivre un cursus scientifique… Pour devenir chercheur, une connerie dans le genre. Ça n’a pas fait long feu. » Tu inspires, continue doucement mais sûrement d’achever le bâton entre tes doigts. Et les questions fusent dans ta tête. « On a déménagé à Kalos avec mes parents pour qu’ils deviennent duc et duchesse aux château de combats de Fort-Vanitas. J’ignore si tu connais ? Ils ont voulu que je suive leurs traces alors ils m’ont envoyé en voyage initiatique à Johto pour que je devienne un véritable dresseur et coordinateur. » Tu secoues négativement la tête lorsqu’il te demande si tu connais Fort-Vanitas. Il faut dire que tu ne t’es jamais réellement intéressé aux contrées hors Lumiris. Et puis, tu t’en veux un peu. Parce qu’une fois séparé de tout le monde, tu n’as jamais fait de recherches les concernant, tu n’as jamais essayé de les retrouver, tu n’as jamais essayé de reprendre contact avec eux, ni même de prendre de leurs nouvelles. Tu t’es focalisé sur tes études, tu devais réussir coûte que coûte. Et puis, la vie a continué, le temps a passé et… vous voilà désormais ici.

« Et toi ? Enfin, j’espère que tu me pardonneras, mais tout ce que je sais de ta version 2.0, c’est qu’elle porte des complets et qu’elle vide les rayons alcool dans les supérettes. Qu’est-ce que t’es devenu, au final ? Comment t’as réussi à te sortir de la misère ? » Tu as un rire qui t’échappes. Il est vrai que ta version 2.0 n’est pas belle à voir – malheureusement, il n’a pas eu la chance de voir tes meilleurs côtés, s’il en reste ; tu n’en es même pas certain –.

Enfin, avant de lui répondre, tu écrases ta cigarette au fond du cendrier avant de refermer la fenêtre. Puis tu reviens vers le canapé, un sourire malicieux scotché aux lèvres. « Plaaace, j’arrive. » Tu t’assoies à côté d’Ezekiel, soulevant rapidement le plaid avant de venir te blottir contre lui. Un air satisfait flottant sur ton visage, tu balances lentement ta tête vers l’arrière.

« Ma version 2.0 n’est pas géniale. » Petit ricanement avant de reprendre un peu de sérieux. « Après qu’on se soit tous quitté, j’ai mis toute mon énergie à contribution dans mes études d’ingénieur. A part réviser et écrire pour relâcher un peu la pression, je ne faisais rien d’autre. Quand j’ai été diplômé, j’ai trouvé du travail rapidement. J’étais même demandé, et puis j’ai fini par tout plaquer pour l’écriture. » Est-ce que ça avait été un bon choix ? Tu n’en sais rien. Il n’empêche que cela t’aura permis de t’épanouir au moins un peu. « Peut-être un coup de pouce d’Arceus, mon premier livre est devenu un best-seller. Ça m’a motivé et encouragé à suivre cette voie-là, et les deux livres suivants ont été bien accueilli par les lecteurs. » Et aujourd’hui alors ? Tu n’arrives pas à tenir ta promesse et ça t’énerves. Ça t’énerve de ne pas réussir à mettre des mots sur ce qu’elle voulait dire. Tu lui as promis d’être son messager mais à l’heure actuelle, tu ne l’es pas du tout et tu es loin de l’être. « Mais j’avoue que ces derniers temps, c’est la page blanche qui me tend les bras. » Lances-tu dans un soupir. Ce n’est vrai qu’à moitié ; tu ne cherches pas non plus à réussir, tu ne t’en donnes pas les moyens. Enfin, ça, c’est une autre histoire.

Ton regard se porte alors de nouveau sur Ezekiel. « Ça ne te plaisait pas, le cursus scientifique ? » Tu as envie de comprendre ce qui l’a poussé à arrêter. « Et du coup, ton voyage initiatique t’a permis de devenir un vrai dresseur et coordinateur ? » Tu es vraiment curieux de savoir ce qu’il est advenu de lui, ces dix dernières années. Pour autant, tu ne veux pas paraître plus intrusif que tu n’as pu déjà l’être, alors tu te contentes de reprendre ses mots, reformuler légèrement. Car vos passés ne sont pas les plus beaux, tous deux teintés d’évènements qui vous ont détruit – qui vous ont mené jusqu’ici, vous ont amené à devenir ce que vous êtes aujourd’hui –. Alors tu préfères avant doucement.

Et bien entendu, libre à lui de répondre ou non. Tu ne le forceras à parler de choses dont il n’a pas envie.
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Tu aurais aimé lui raconter que tu avais continué le piano.
Que tu avais écouté le son de tes passions, suivi les traces sur lesquelles ton cœur te jetait sans la moindre réflexion. Tu aurais aimé dire à Achille que tu avais tout essayé, que tu avais vécu la vie plus que tu ne l’avais subie.
Mais le mensonge aurait suffi à te briser.
Tu aurais aimé apprendre que lui l’avait fait, qu’il ne s’était pas laisser intimider par les œillères que l’on mettait aux enfants pour qu’ils en oublient leurs rêves. Qu’il n’avait laissé personne lui dicter quoi et comment le faire… Tu aurais aimé apprendre que l’un d’entre vous était parvenu à exister sur le plan qu’il avait tant désiré.
Mais c’était sans doute espérer en vain.

Tu avais cessé de rêver depuis si longtemps, depuis de si nombreuses années, que l’idée de revenir sur tes pas ne t’avait jamais effleuré l’esprit. Comme un paquet de gamins avant toi, tu t’étais laissé intimidé et museler sans protester. Les rêves de ton enfance étaient devenus le boulet à la cheville de ton avenir et la voix de l’enfant en toi, une malédiction murmurée à l’adulte à laquelle elle s’adressait.
Jamais personne ne réalisait ses rêves. Au mieux, on usait des talents dont nous avait couronné mère nature, au pire, on se plaçait là où les gens réclamaient notre présence.
Les belles paroles, les beaux discours psalmodiant l’importance de suivre ses rêves, tu les avais éteintes pour que plus jamais elles ne t’atteignent. Tu avais dressé l’indifférence entre toi et le reste du monde dans l’espoir d’y enfoncer tes regrets de ne pas être devenu l’adulte que l’enfant avait imaginé, souhaité, pointé.

S’il te voyait, l’ami d’Achille et des autres aurait honte de toi. Il aurait honte du châtiment réservé à son souvenir et tous les efforts qu’il avait déployé pour être quelqu’un de bien ; honte de t’avoir vu abandonner aussi facilement alors que lui s’était dressé contre les interdits, contre ce père et cette mère qui lui répétaient qu’il n’était pas né du même arbre que le leur.

Tu pourrais essayer. Tu avais toutes les raisons de la faire après tout : une fille à élever, des parents à faire payer, des regrets à arracher à tous ceux qui n’avaient pas su te respecter.
Tu avais milles raisons de renaître de tes cendres, milles raisons pour devenir un homme meilleur… Mais une volonté aussi fragile que les os de verres dont se composait ton corps efflanqué.

Achille personnifiait tout ce que tu avais perdu, bonheur en moins. Tu voyais dans son regard toutes les épreuves dont il avait dû se relever, toutes les peines dont il s’était accaparé l’essence et la dureté.
Tu ne savais même plus si tu étais en droit de l’envier, de vouloir t’amouracher d’une partie de lui alors qu’il la répudiait sans doute. Tu ne comprenais plus rien. Tu souffrais seulement de ne pas savoir, de nager dans l’incompréhension qui te tordait les tripes et qui te faisait craindre la vie au lever du soleil.

« Profites-en, admire. » dit-il en se désignant. Tu souris doucement. « Ne pense pas que je me prive… » Achille était la seule chose de bien qui t’étais arrivé dans les dernières années. Tu te sentais mal d’oser le penser, mais même si Eden était désormais une extension de ta personne, il n’en restait pas moins que la gamine n’avait pas été désirée. À aucun moment tu n’avais estimé vouloir connaître les joies de la paternité.
L’enfant né de l’alcoolique et de la fille de joie n’était pas un choix, mais une erreur. Inutile de se voiler les yeux ou de couvrir la vérité sous de beaux faux semblants. Elle avait rendu ta vie plus difficile, elle t’avait condamné à vivre… En quoi pouvait-on dire qu’elle ait été positive ? « T’en fais pas, d’ici trois petites minutes je reviens avec toi, vu que je vois que je te manque déjà. Et du thé ? Ahh, pourquoi pas, mes placards en sont pleins à craquer. » Tu rigoles doucement en le voyant se dandiner. Les clichés vous collaient à la peau comme une mauvaise blague. Il y avait des conditions à la richesse : aimer le thé et toujours bien s’habiller. Point bonus si l’on détestait la plèbe et si on prenait la terre de haut. (Bref, le riche cliché s’apparentait à tout ce que tu avais été)

Attendant le retour d’Achille près de toi, tu te contentes de le fixer avec amusement alors que tu tentes d’expliquer à quel point ta vie est une comédie. Le fils de riche a voulu devenir chercheur. Tu n’avais pas le profil de l’emploie, tu n’avais même jamais voulu y croire sérieusement. Heureusement que ça n’avait duré qu’un temps, cet espoir éphémère.
Et malgré tout, Achille t’écoute sans te questionner, sans t’interrompre, sans même rigoler.
Il aurait pu le faire : il aurait pu te pointer du doigt avec un air malicieux au visage « Toi ? Scientifique ? » Tu n’aurais rien eu à répondre. Tu n’en avais jamais parlé, mais tu avais toujours été doué après tout… Mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait jamais.

Ce n’est pas pour rien que tu t’empresses de lui renvoyer la balle, que tu ne t’attardes pas sur le comment du pourquoi. Achille t’intéresse plus que ta propre vie. C’est toi qui aies proposé de rattraper les dix années qui vous ont séparé et de colmater une partie des fissures que l’usure a créé. Il y a tant de blancs, de questions qui méritent d’être posées. Tu ne sais même pas par où commencer.
Une chance qu’il l’eût fait pour toi.

« Plaaace, j’arrive. » Légèrement surpris, tu lui décroches un regard aux yeux légèrement écarquillé. Tu n’avais même pas remarqué qu’il avait éteint sa cigarette et qu’il revenait vers toi, blottissant son corps contre le tien.
Malgré toi, tu esquisses une moue souffrante. « Putain, Achy, t’es froid. » grommelles-tu avec une pointe d’amusement.
Le langage ne te ressemblait pas plus que le surnom. Achy.
Embarrassé, tu sens ton visage te refermer légèrement et le rouge venir accentuer le creux de tes joues. Qu’étais-tu en train de devenir ? « Ma version 2.0 n’est pas géniale. » Qu’il se console ; elle ne pouvait pas être pire que la tienne. « Après qu’on se soit tous quitté, j’ai mis toute mon énergie à contribution dans mes études d’ingénieur. A part réviser et écrire pour relâcher un peu la pression, je ne faisais rien d’autre. Quand j’ai été diplômé, j’ai trouvé du travail rapidement. J’étais même demandé, et puis j’ai fini par tout plaquer pour l’écriture. » En silence, tu acquiesces. Tu n’en attendais pas moins de lui. Au final, d’entre vous tous, c’est Achille qui avait le plus de potentiel. C’était le moins fortuné du groupe qui avait tout raflé du talent qui vous faisait défaut. « Peut-être un coup de pouce d’Arceus, mon premier livre est devenu un best-seller. Ça m’a motivé et encouragé à suivre cette voie-là, et les deux livres suivants ont été bien accueilli par les lecteurs. » Impressionnant. Surpris, tu arques un sourcil en l’admirant d’un œil différent. Achille t’avait surpassé sur tous les points ; lui s’était sortie de la misère par ses propres moyens, il était devenu quelqu’un sans un coup de pouce du destin et de parents prêts à tous pour prolonger la pureté de la lignée. « Mais j’avoue que ces derniers temps, c’est la page blanche qui me tend les bras. »

Tu avais déjà écrit de la musique. C’était il y a bien longtemps, c’était il y a une éternité… Mais tu te souvenais des longs moments sans inspiration, des interminables périodes pendant lesquelles tes doigts butaient jalousement sur toutes les notes et où l’instrument ne crachait rien de plus qu’une longue mélodie disharmonieuse qui avait le don de mettre ta mère hors d’elle.
Tu supposais que ça devait être quelque chose de semblable pour l’écriture… Mais qu’en savais-tu ? Tu n’avais jamais eu l’âge d’un écrivain. Tu n’avais jamais eu la sensibilité nécessaire pour coucher des mots sur papier, pour mettre le doigt sur la méthode magique pour toucher le public.
Achille avait été capable de s’illustrer dans son domaine. Tu ne t’inquiétais pas pour l’avenir.

« Tu as peut-être besoin de vacances… » À tes oreilles, il s’agissait d’une proposition bête, mais pas dénuée de sens. « T’as jamais pensé à sortir de Lumiris, voir de nouvelles choses… Des nouvelles personnes ? Qui sait. » Tu avais entendu que ça fonctionnait pour certaines personnes… Alors pourquoi pas ? Haussant légèrement les épaules, tu glisses ton bras autour des épaules d’Achille afin de le serrer contre toi.
Il trouverait.
Tu étais convaincu que toujours il trouvait.

« Ça ne te plaisait pas, le cursus scientifique ? »  Tu ne t’étais pas attendu à te faire questionner là-dessus. Prenant une grande inspiration, tu te questionnes à savoir si c’est vraiment la carte de la vérité que tu désires jouer. « Si, j’adorais ça. Je n’en parlais pas trop à l’époque où l’on se connaissait encore, mais j’ai toujours rêvé de pouvoir étudier les Pokémons légendaires… Devenir chercheur, aventurier ou je ne sais quoi. Je voulais comprendre les fondements de nos légendes, découvrir la véracité de nos croyances. Mais, même si ma mère m’encourageait, mon père avait d’autres projets pour moi. » Tu n’avais pas souvenir d’en avoir déjà parlé à quelqu’un… En dehors de ta mère, de cette chère Victoria, tes désirs pour l’avenir étaient un mystère que tu avais toujours désiré apporter avec toi dans ta tombe.
Ils n’avaient pas leur place sur ce plan d’existence.
« Et du coup, ton voyage initiatique t’a permis de devenir un vrai dresseur et coordinateur ? » Tu rigoles légèrement. Loin d’être un rire désabusé, c’est plutôt la naïveté avec laquelle il peut croire que la question mérite d’être posée qui t’amuse. « Parce que tu trouves que j’ai l’air d’un dresseur et coordinateur aguerri ? J’apprécie le compliment… Mais tu te doutes bien que ça n’a pas fonctionné. J’ai obtenu deux badges, trois rubans puis la vie a décidé que je serais meilleur clodo que duc. »  Quel raccourci ridicule.
Il s’en était passé des choses. Il y avait eu toute une histoire derrière cet échec, derrière la honte qui couvrait les secrets de ton passage à Johot… Mais tu estimais qu’il n’était pas nécessaire de mentionner l’ensemble de ton passage en terres hostiles.
Un jour, peut-être, mais pas aujourd’hui.

« C’est toi le véritable génie ici, pas moi. », murmures-tu dans ta barbe.
Tu dissimules mal ton amertume, ton regret d’avoir échoué avec la meilleure main de la table. Comment cela avait-il pu arriver ?
Au fond, peut-être ta vie était-elle simplement une version remastered de la fable du lièvre et de la tortue.
Convaincu d’avoir gagné, tu t’étais reposé sur tes lauriers avant même d’avoir franchie la ligne d’arrivée. C’était une belle vengeance, une belle leçon de la vie.
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Let it hurt

until it can't hurt anymore


"But how am I supposed to love you, When I don't love who I am? And how can I give you all of me, When I'm only half a man?"

half a man - dean lewis
- Feat Ezekiel & Achille


Évoquer ton passé, ce que tu es devenu, va-t-il te permettre de refermer les plaies, de les penser, de les faire cicatriser ?

Tu croules sous son poids depuis des années. Tu es devenu l’esclave de ta propre existence – tu as enfilé les chaînes autour de tes poignets et de tes chevilles de ta propre volonté presque ; tu n’as fait aucuns efforts pour aller mieux –. Tu n’as pas su te grandir, sortir la tête de l’eau ; ou plutôt tu n’as pas su le faire au bon moment. Tu as laissé tes blessures s’infecter, tu ne les as pas soigné – et tu n’as pas écouté tous les conseils que les gens proches de toi ont pu te donner –. Tu ne t’es pas pris en charge assez rapidement et tes plaies se sont infectés. Ta douleur n’a fait que croitre – tu la nourris du désespoir qui sévit en permanence ; remembrances que tu n’arrives pas à chasser, à oublier –.

Tu aurais pu t’élever, faire d’une force ce qui a voulu t’enterrer.
Mais tu n’es pas assez fort psychologiquement. C’est ce que tu te dis, c’est ce que tu penses. Que tu n’es qu’un faiblard mentalement. Pourtant, fut un temps où tu étais un peu plus que ça. Tu as réussi – non sans encombre – à surmonter le décès de ta mère ; alors pourquoi n’es-tu pas arrivé à tourner la page aux évènements suivants ? Tu étais trop fatigué ; épuisé de devoir mettre l’ensemble de ton énergie à ce genre de contribution. Oui, finalement, si tu n’es pas parvenu à avancer, à te redresser, c’est parce que tu avais trop de poids sur les épaules ; trop de sentiments noirs à éliminer de ton esprit. Tu t’es laissé te faire dévorer par tes propres émotions ; tu as choisi la voie de la facilité mais surtout la voie de la désolation. Tu as préféré te faire du mal plutôt que de surmonter les obstacles et espérer connaître de nouveau un jour le bonheur.

Au final, à quoi bon vouloir rêver bien-être, gaieté et contentement quand les personnes qui te sont le plus chères ne sont plus, on littéralement disparu de ta vie ? Au fond, c’est de connaître le positif en solitaire qui t’a effrayé. Tu ne savais pas si tu avais réellement le droit de vouloir espérer quelque chose de meilleur alors que certains n’en avaient même pas eu le choix, que leur existence avait pris fin beaucoup trop tôt. Et pourtant, combien de fois ton père t’a dit de vivre, parfois te l’a hurlé, les larmes aux bords des yeux. Il n’a de cesse de te répéter qu’elles préfèreraient te voir sourire plutôt que de dépérir. Et toi, tu lui réponds à chaque fois que tu ne peux pas.

Tu le rends si triste ton père, si amer. Tu ne lui parles jamais, tu ne t’ouvres jamais. Tu lui offres seulement des sourires factices, tu tentes de le rassurer de paroles mensongères. Mais lui, il préfèrerait que tu lui dises la vérité, il préfèrerait entendre de ta propre bouche que tu ne vas pas bien. Il voudrait t’aider à enjamber les barrières qui te bloquent le chemin. Il voudrait pouvoir te tendre la main ; tu refuses systématiquement. Parce que tu dis ne pas vouloir l’entraîner avec toi, ne pas le faire plonger avec toi. Sauf que c’est en ayant ton attitude que tes craintes sont réalités – tu ne vois même pas tout le mal que tu lui fais –. Tu es le fils le plus épouvantable au monde, c’est certain.

Mais aujourd’hui, Ezekiel apporte un autre regard. Un regard innocent, qui ne sait rien de ce qui s’est passé ces dix dernières années. Alors peut-être qu’en parler, ne serait-ce qu’un peu, te permettra de te libérer un peu – de laisser entrevoir la lumière – ? Ça te ferait sûrement du bien, au fond.  

« Ne pense pas que je me prive… » Voilà quelques années que tu n’avais pas laissé à quelqu’un voir ton corps. Et étrangement, plus que tu n’aurais pu le penser, ça te fait du bien, d’être regardé – qui plus est par celui qui fait battre ton cœur un peu plus fort –. Ça te donne cette impression d’exister un peu, d’être plus vivant aussi. C’est un peu comme si tu connaissais quelque chose de normal. Tes aventures d’autrefois n’étaient pas aussi complexes que celle-ci, mais jamais tu ne t’es senti aussi existant – tout était si maussade, si fade dans leurs bras –. « Putain, Achy, t’es froid. » Ton cœur a dû louper un battement. Ta tête balancée en arrière, tu fixes le plafond. Un large sourire s’étire sur ton visage sans même que tu ne puisses le contrôler. Et tu ne dis rien. Tu laisses cette joie incommensurable parcourir chacune de tes veines. C’est qu’un surnom, c’est peut-être con, mais bordel que ça te fait plaisir. Une œillade jetée dans sa direction, tu as un petit rire innocent en voyant le rouge teinter ses joues. Tu en es convaincu désormais et personne ne pourra te faire affirmer le contraire : oui, au moins en cet instant, tu es heureux.

Et puis tu lui expliques grossièrement les grandes lignes de ces dernières années. Si tu as commencé par dire que ton nouveau toi n’es pas génial, c’est d’un point de vue psychologique. Tu sais que tu as de la chance d’avoir réussi – chance mais surtout beaucoup de travail –. Mais ça ne t’a pas suffi et servi à te sortir des méandres de ton esprit. Si de prime abord tu sembles avoir tout ce qu’il faut pour vivre une vie plus que correcte, dans ta tête, ça ne suit pas le mouvement. Si ta condition te permettrait d’avancer, de faire ce dont tu as envie, tes chaînes mentales t’en empêchent. Peut-être viendra un jour où tu arriveras à t’en défaire ? Mais tant que tu t’obstineras à continuer de croire que vivre n’est pas dans ton droit, tu feras fausse route.  

« Tu as peut-être besoin de vacances… » Un léger rictus presque nostalgique se dessine sur ton visage tandis que tu baisses les yeux. Ah, s’il savait quel horrible fils tu fais. Tu ne comptes même plus les fois où ton père t’as dit la même chose. Souvent il t’a dit de venir avec Agathe et lui, un week-end, partir ne serait-ce que pour visiter un peu Lumiris. Et toujours tu as refusé, toujours tu refuses. Tu te prives des moindres petits plaisirs. « T’as jamais pensé à sortir de Lumiris, voir de nouvelles choses… Des nouvelles personnes ? Qui sait. » Tu as toujours été trop occupé par ta souffrance, alors jamais tu n’as pensé à découvrir autre chose. Tu n’en as jamais ressenti le besoin aussi. Tu n’as clairement pas fait les bons choix de vie. Et rencontrer de nouvelles personnes ? Non, les deux peurs qui te nouent le ventre t’empêchent d’agrandir ton cercle amical. Tu sais que tu es du genre à t’attacher trop vite. Tu ne veux plus prendre ce genre de risques. Son bras qui se glisse autour de tes épaules tandis qu’il te serre contre lui – tu te sens comme en sécurité –, tu laisses ton index se balader sur le haut de sa main. « Tu as sûrement raison… Mais tout seul, ça ne me tente pas vraiment. Et puis, mon père bosse comme un fou, difficile d’accorder nos emplois du temps. » Énorme mensonge. Toi, tu es assez libre. Il vous suffirait de vous entendre sur un week-end où il ne travaille pas et vous pourriez partir. C’est juste toi qui ne veux pas ; parce que ton père ne mérite pas de passer du temps avec un fils comme toi – ce que tu peux être désolant –. « C’est vrai que je n’ai jamais pris le temps de découvrir autre chose. » Trop occupé à vider les bouteilles d’alcool une à une dans la pénombre. « Mais je n’en ai jamais ressenti le besoin non plus. Va savoir pourquoi. » Haussement d’épaules. « Quant au fait de rencontrer de nouvelles personnes… J’en croise beaucoup en séances de dédicaces. Ça permet de discuter un peu. » Vague réponse.
Depuis Louise, tu n’as plus voulu te lier d’amitié avec qui que ce soit.

« Si, j’adorais ça. Je n’en parlais pas trop à l’époque où l’on se connaissait encore, mais j’ai toujours rêvé de pouvoir étudier les Pokémons légendaires… Devenir chercheur, aventurier ou je ne sais quoi. Je voulais comprendre les fondements de nos légendes, découvrir la véracité de nos croyances. Mais, même si ma mère m’encourageait, mon père avait d’autres projets pour moi. » Tu tournes ta tête complètement vers lui, tandis qu’un doux sourire se dessine sur ton visage. « Il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves, Ezy. » AH, quelle ironie, ces mots sortant de ta bouche. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Mais si tu peux l’aider, ne serait-ce qu’un tout petit peu, à accomplir ce dont il a rêvé, tu en serais ravi. « Si tu aimes toujours ça, si c’est un corps de métier qui t’attire toujours autant, tu devrais au moins essayer de nouveau. Tu es grand maintenant, tu es l’acteur de ta propre vie, les autres n’ont pas à te dire ce que tu dois faire ou ne pas faire. En plus, ça doit être vraiment passionnant ! » tes prunelles plantées dans les siennes, ton sourire se fait un peu plus grand – se voulant rassurant, motivant aussi peut-être ? –. Tu le soutiendrais avec plaisir.
Et puis, tu sais qu’avec de la bonne volonté, on peut y arriver – bien que tu aies perdu la tienne à l’heure actuelle –.

« Parce que tu trouves que j’ai l’air d’un dresseur et coordinateur aguerri ? J’apprécie le compliment… Mais tu te doutes bien que ça n’a pas fonctionné. J’ai obtenu deux badges, trois rubans puis la vie a décidé que je serais meilleur clodo que duc. » Tu hausses les épaules. Il te surpasse clairement dans ce domaine-là. Toi, tu n’as ni badges, ni rubans, ni quoique ce soit. Tu as simplement un pokémon dont tu ne sais pas t’occuper. « C’est que ce n’était pas fait pour toi alors. N’empêche, deux badges et trois rubans, j’admire… J’ai un pokémon que l’on m’a confié et je suis même pas foutu de m’en occuper correctement… » La pauvre petite Zorua n’avait rien demandé, elle ne méritait pas de vivre cette vie-là. Mais c’est une promesse que tu as faite et tu te dois de la tenir. « Tu regrettes, de ne pas être devenu duc ? » Souffle qui s’évanouit dans le silence suivant tes paroles. Peut-être es-tu trop curieux ?

« C’est toi le véritable génie ici, pas moi. » Tu arques un sourcil ; pousse un petit soupir. « Gnagnagna. » D’une main, tu viens attraper doucement son visage afin de le tourner vers toi, tout en compressant légèrement ses joues. Ton regard se plante dans le sien tandis que tu penches légèrement la tête sur le côté. « Fais-moi le plaisir d’arrêter de dire ce genre de choses. » De l’index de ton autre main, tu viens tapoter son crâne. « Ou alors, accepte qu’il y en a un là-dedans aussi. » Sourire à la fois malicieux et sincère, tu veux qu’il accepte qu’il soit plus que ce qu’il peut bien penser.

Tu en es persuadé et tu le convaincras, peu importe le temps qu’il faudra.

---------------

Et contrairement à tous les autres jours qui sont d’une lenteur horripilante, la nuit est passée à une vitesse folle. A peine avais-tu vu les étoiles se réveiller qu’elles se recouchèrent quelques secondes après. Si tu passes chacune de tes nuitées à contempler le plafond, à cogiter sans que le sommeil ne vienne ; si lorsque la nuit tombe, tu vois passer chaque minute, là, tout a été différent. Et étrangement, c’est peut-être l’une des meilleures (si ce n’est la meilleure) nuit que tu aies passé depuis des années.

Parler avec Ezekiel t’as fait beaucoup de bien. Tu aurais souhaité que jamais la soirée ne prenne fin ; que le temps s’arrête et vous laisse tout le loisir d’être ensemble. Mais comme on dit, toutes les bonnes choses ont une fin. Alors, passée la fin de matinée, il s’en est allé. Tu as eu un petit pincement au cœur ; la peur que les choses n’aient finalement pas changé, que si vous vous revoyiez, tout redevienne comme avant. Mais tu as vite chassé ces mauvaises idées.

Parce qu’au fond, tu sens que tout ne peux que s’améliorer.

fin du rp ~
blblbllb j'espère que ça t'iraaaaas love  VERY in love !
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