the lost eden
Fort-des-Songes est une ville d'histoire. Du moins c'est ainsi que tu la perçois personnellement. Elle est toute en bâtiments de pierres bruts et nues, pierres de taille que le passage du temps a à peine éraflées. Pourtant ce n'est pas pour son histoire que tu es venue passé quelques jours dans cette ville. C'est pour te recueillir. Et, peut-être, pour demander une permission.
Il y a des années, Ivan a été enterré dans le Cimetière de l'Âme. Pendant très longtemps, se rendre sur sa tombe a été une profonde douleur, un mal puissant qui te ravageait mais duquel, en même temps, tu n'arrivais pas à te passer. Une punition que tu t'infligeais avec l'espoir que cela suffise à te laver de ta faute. Depuis trois ou quatre ans, ce n'est plus aussi douloureux. Bien sûr la culpabilité est toujours là, elle ne disparaitra peut-être jamais, malgré ce qu'en disait ton psychologue, ainsi qu'un pincement désagréable dans la poitrine. Mais c'est atténué, comme mis en sourdine.
Tu es allé visiter cette tombe, en compagnie de Boris et en prenant avec toi ton oeuf de Flabébé récemment acquis. Et pendant quelques heures, tu es restée là, emmitouflée dans un épais gilet de laine, l'oeuf serrée contre toi et une douleur lancinante dans la jambe. D'une voix basse et douce, parfois un peu hésitante, tu as raconté à ton premier pokémon les changements récents qui sont apparus dans ta vie. Quelques excuses se sont glissées ça et là, plusieurs questions également. C'était une thérapie pour ton âme.
Puis, tu t'étais redressée et avais entreprit de quitter le cimetière. La météo dehors est différente de celle qu'elle était lorsque tu es entrée. Le ciel à l'origine bleu s'est teinté de rose de différentes nuances. Le soir tombe, il est préférable pour toi de rentrer. Peut-être iras-tu dîner dans un restaurant, mais rien n'est sûr. Tandis que tu marches en direction de ton hôtel, Boris s'éloigne brusquement de toi pour s'engager dans une rue parallèle en gloussant. Un comportement inhabituel qui t'intrigue.
Boris ? Quelque chose ne va pas ?
Il ne te répond pas, pas exactement. Il poursuit son cheminement, et tu le suis aussitôt. Quoiqu'il se passe, tu ne laisseras pas ton pokémon seul, même si tu boites. Tu le suis donc dans cette rue, jusqu'à le voir s'arrêter devant un mur et se pencher en avant. En te rapprochant, tu te rends compte que le Nanméouïe s'est arrêté devant un enfant. Un tout petit enfant, d'ailleurs. Tu ne lui donnerais pas plus de quatre ans. Et encore, en étant généreuse. Tu fronces les sourcils en regardant autour de toi. Il n'y a pas d'adulte dans cette rue, si ce n'est toi, ni aux fenêtres. En bref, personne qui ne semble surveiller cet enfant. Tu n'aime pas ça. Avec douceur, tu vas t'accroupir au niveau de l'enfant, et te rend compte de deux choses. La première, quelque peu dérisoire en réalité, est qu'il s'agit d'une petite fille. La seconde, plus importante, est que cette petite fille est en pleure.
Hey, petite, est-ce que ça va ? Où sont tes parents ?
Tu n'obtiens aucune réponse si ce n'est des sanglots irréguliers. En fait, tu n'es même pas certaine qu'elle t'ait remarqué. Avec douceur, tu poses une main sur l'un de ses bras, attirant son attention immédiatement. Tu n'es pas certainement des émotions qui s'affichent sur son visage rond, mais tu vois sans mal l'humidité qui tâche ses joues. Tu laisses tes lèvres dessiner un sourire rassurant. Tu ne veux pas lui faire peur. Tu as l'impression d'être face à une enfant perdue et tu veux seulement l'aider si tel est le cas.
Tu réitères tes questions, en ajoutes une ou deux, mais n'obtiens toujours aucune réponse. La petite fille te regarde sans sembler comprendre. Puis, d'une main tremblante et un peu maladroite, elle fait un signe reliant son oreille à sa bouche. Un signe qu'elle répète devant ta propre absence de réaction, un geste qui te semble trop précis pour n'être rien.
Est-ce que... Tu ne peux pas parler ?
Pourtant, tu es certaine de l'avoir entendue sangloter. Après ta question, elle recommence son geste, puis en fait d'autres avec ses mains. Ton visage affiche une expression surprise. Est-il possible qu'elle utilise le langage des signes ? Tu ne comprends rien à cette langue, mais tu sais qu'elle existe. Et que ses utilisateurs sont principalement les personnes muettes, sourdes ou mal-entendantes.
Est-ce que tu es sourde ?
Tu te rends compte de l'absurdité de ta question un instant à peine avant qu'elle ne quitte ta bouche. Si elle est sourde, elle ne t'entendra évidemment pas. Tu soupires. Te voilà dans une situation compliquée. Tu veux l'aider, mais si vous ne pouvez pas vous comprendre... Tu ne peux pas essayer de communiquer par écrit, elle est trop jeune pour savoir lire. Tu réfléchis un instant à une solution, puis décide d'essayer quelque chose. Si cela ne marche pas... Eh bien, tu resteras simplement là avec elle, mais appelera la police pour réclamer un coup de main.
Tu te redresses, soulageant ta jambe blessée qui commençait à devenir douloureusement insupportable, tu prends ton téléphone d'une main, la seconde soutenant toujours ton oeuf, et fais en sorte qu'une photo de Centre Pokémon apparaisse sur l'écran. Cela fait, et en essayant d'avoir l'attitude la plus rassurante possible, tu lui montres la photo. Tu la pointes du doigt, puis te pointes avant enfin de pointer la photo, en espérant te faire comprendre. Ce qui semble fonctionner plus ou moins. Au moins a-t-elle un peu cessé de pleurer et te donne-t-elle toute son attention.
Boris, prend lui la main. Nous allons l'emmener au Centre Pokémon.
Avec un gloussement gentil, le Nanméouïe revient vers la petite fille et lui tend une de ses pattes. Presque aussitôt, et à ton soulagement, elle l'attrape et se redresse sur ses jambes. Bien, vous allez vous en sortir il faut croire. C'est avec un rythme lent que vous prenez le chemin vers le Centre. La petite ne peut pas marcher très vite et en toute honnêteté tu ne t'en plains pas. Tu as passé trop de temps à t'appuyer sur ta jambe blessée sans la laisser se reposer. Ton boitement est un peu plus prononcé que plus tôt en raison de la douleur.
Lorsque vous arrivez, au bout de plusieurs minutes, tu te présentes à une infirmière et lui explique la situation. Tu as de la chance, ou peut-être pas, peut-être est-ce totalement normal dans ce type d'établissement, mais un membre du personnel connait la langue des signes et entreprend de communiquer avec la petite fille. Quoiqu'ils se racontent, ça dure plusieurs secondes. A la fin, l'infirmière se tourne vers toi avec un sourire.
Nous allons tenter de prévenir son père, mais ça pourrait prendre un moment. Est-ce que ça vous dérange de rester avec elle ?
Tu secoues la tête en signe de négation. Ca ne te dérange pas, mais il y a un petit problème.
Non. Mais est-ce que le fait que je ne connaisse pas la langue des signes ne risque pas de causer des problèmes ?
Elle t'affirme que non. L'enfant ne semble connaitre et reconnaitre que quelques signes précis. Tu devrais pouvoir te faire comprendre, du moment que les idées sont simples. Puis elle te laisse. Bien. Plus facile à dire qu'à faire, tu supposes. Mais tu n'as pas l'intention de te défiler. Souriante, plus que tu ne l'es habituellement, tu montres du doigt le coin de restauration du Centre. Si tu dois l'occuper le temps que ses parents soient prévenus et arrivent, autant te reposer sur une valeur sûre : la nourriture.
Elle semble plutôt heureuse à l'idée et vous suit, Boris et toi, jusqu'à une table. Vous vous installez, deux coussins sous les fesses du Nanméouïe et le double sous celles de l'enfant, il ne reste qu'une chaise de libre à votre table. Tu commandes rapidement ; une simple boisson pour toi, un sandwich pour la petite fille et un bol de baies pour Boris. Ne reste plus qu'à attendre l'arrivée du père.
Il y a des années, Ivan a été enterré dans le Cimetière de l'Âme. Pendant très longtemps, se rendre sur sa tombe a été une profonde douleur, un mal puissant qui te ravageait mais duquel, en même temps, tu n'arrivais pas à te passer. Une punition que tu t'infligeais avec l'espoir que cela suffise à te laver de ta faute. Depuis trois ou quatre ans, ce n'est plus aussi douloureux. Bien sûr la culpabilité est toujours là, elle ne disparaitra peut-être jamais, malgré ce qu'en disait ton psychologue, ainsi qu'un pincement désagréable dans la poitrine. Mais c'est atténué, comme mis en sourdine.
Tu es allé visiter cette tombe, en compagnie de Boris et en prenant avec toi ton oeuf de Flabébé récemment acquis. Et pendant quelques heures, tu es restée là, emmitouflée dans un épais gilet de laine, l'oeuf serrée contre toi et une douleur lancinante dans la jambe. D'une voix basse et douce, parfois un peu hésitante, tu as raconté à ton premier pokémon les changements récents qui sont apparus dans ta vie. Quelques excuses se sont glissées ça et là, plusieurs questions également. C'était une thérapie pour ton âme.
Puis, tu t'étais redressée et avais entreprit de quitter le cimetière. La météo dehors est différente de celle qu'elle était lorsque tu es entrée. Le ciel à l'origine bleu s'est teinté de rose de différentes nuances. Le soir tombe, il est préférable pour toi de rentrer. Peut-être iras-tu dîner dans un restaurant, mais rien n'est sûr. Tandis que tu marches en direction de ton hôtel, Boris s'éloigne brusquement de toi pour s'engager dans une rue parallèle en gloussant. Un comportement inhabituel qui t'intrigue.
Boris ? Quelque chose ne va pas ?
Il ne te répond pas, pas exactement. Il poursuit son cheminement, et tu le suis aussitôt. Quoiqu'il se passe, tu ne laisseras pas ton pokémon seul, même si tu boites. Tu le suis donc dans cette rue, jusqu'à le voir s'arrêter devant un mur et se pencher en avant. En te rapprochant, tu te rends compte que le Nanméouïe s'est arrêté devant un enfant. Un tout petit enfant, d'ailleurs. Tu ne lui donnerais pas plus de quatre ans. Et encore, en étant généreuse. Tu fronces les sourcils en regardant autour de toi. Il n'y a pas d'adulte dans cette rue, si ce n'est toi, ni aux fenêtres. En bref, personne qui ne semble surveiller cet enfant. Tu n'aime pas ça. Avec douceur, tu vas t'accroupir au niveau de l'enfant, et te rend compte de deux choses. La première, quelque peu dérisoire en réalité, est qu'il s'agit d'une petite fille. La seconde, plus importante, est que cette petite fille est en pleure.
Hey, petite, est-ce que ça va ? Où sont tes parents ?
Tu n'obtiens aucune réponse si ce n'est des sanglots irréguliers. En fait, tu n'es même pas certaine qu'elle t'ait remarqué. Avec douceur, tu poses une main sur l'un de ses bras, attirant son attention immédiatement. Tu n'es pas certainement des émotions qui s'affichent sur son visage rond, mais tu vois sans mal l'humidité qui tâche ses joues. Tu laisses tes lèvres dessiner un sourire rassurant. Tu ne veux pas lui faire peur. Tu as l'impression d'être face à une enfant perdue et tu veux seulement l'aider si tel est le cas.
Tu réitères tes questions, en ajoutes une ou deux, mais n'obtiens toujours aucune réponse. La petite fille te regarde sans sembler comprendre. Puis, d'une main tremblante et un peu maladroite, elle fait un signe reliant son oreille à sa bouche. Un signe qu'elle répète devant ta propre absence de réaction, un geste qui te semble trop précis pour n'être rien.
Est-ce que... Tu ne peux pas parler ?
Pourtant, tu es certaine de l'avoir entendue sangloter. Après ta question, elle recommence son geste, puis en fait d'autres avec ses mains. Ton visage affiche une expression surprise. Est-il possible qu'elle utilise le langage des signes ? Tu ne comprends rien à cette langue, mais tu sais qu'elle existe. Et que ses utilisateurs sont principalement les personnes muettes, sourdes ou mal-entendantes.
Est-ce que tu es sourde ?
Tu te rends compte de l'absurdité de ta question un instant à peine avant qu'elle ne quitte ta bouche. Si elle est sourde, elle ne t'entendra évidemment pas. Tu soupires. Te voilà dans une situation compliquée. Tu veux l'aider, mais si vous ne pouvez pas vous comprendre... Tu ne peux pas essayer de communiquer par écrit, elle est trop jeune pour savoir lire. Tu réfléchis un instant à une solution, puis décide d'essayer quelque chose. Si cela ne marche pas... Eh bien, tu resteras simplement là avec elle, mais appelera la police pour réclamer un coup de main.
Tu te redresses, soulageant ta jambe blessée qui commençait à devenir douloureusement insupportable, tu prends ton téléphone d'une main, la seconde soutenant toujours ton oeuf, et fais en sorte qu'une photo de Centre Pokémon apparaisse sur l'écran. Cela fait, et en essayant d'avoir l'attitude la plus rassurante possible, tu lui montres la photo. Tu la pointes du doigt, puis te pointes avant enfin de pointer la photo, en espérant te faire comprendre. Ce qui semble fonctionner plus ou moins. Au moins a-t-elle un peu cessé de pleurer et te donne-t-elle toute son attention.
Boris, prend lui la main. Nous allons l'emmener au Centre Pokémon.
Avec un gloussement gentil, le Nanméouïe revient vers la petite fille et lui tend une de ses pattes. Presque aussitôt, et à ton soulagement, elle l'attrape et se redresse sur ses jambes. Bien, vous allez vous en sortir il faut croire. C'est avec un rythme lent que vous prenez le chemin vers le Centre. La petite ne peut pas marcher très vite et en toute honnêteté tu ne t'en plains pas. Tu as passé trop de temps à t'appuyer sur ta jambe blessée sans la laisser se reposer. Ton boitement est un peu plus prononcé que plus tôt en raison de la douleur.
Lorsque vous arrivez, au bout de plusieurs minutes, tu te présentes à une infirmière et lui explique la situation. Tu as de la chance, ou peut-être pas, peut-être est-ce totalement normal dans ce type d'établissement, mais un membre du personnel connait la langue des signes et entreprend de communiquer avec la petite fille. Quoiqu'ils se racontent, ça dure plusieurs secondes. A la fin, l'infirmière se tourne vers toi avec un sourire.
Nous allons tenter de prévenir son père, mais ça pourrait prendre un moment. Est-ce que ça vous dérange de rester avec elle ?
Tu secoues la tête en signe de négation. Ca ne te dérange pas, mais il y a un petit problème.
Non. Mais est-ce que le fait que je ne connaisse pas la langue des signes ne risque pas de causer des problèmes ?
Elle t'affirme que non. L'enfant ne semble connaitre et reconnaitre que quelques signes précis. Tu devrais pouvoir te faire comprendre, du moment que les idées sont simples. Puis elle te laisse. Bien. Plus facile à dire qu'à faire, tu supposes. Mais tu n'as pas l'intention de te défiler. Souriante, plus que tu ne l'es habituellement, tu montres du doigt le coin de restauration du Centre. Si tu dois l'occuper le temps que ses parents soient prévenus et arrivent, autant te reposer sur une valeur sûre : la nourriture.
Elle semble plutôt heureuse à l'idée et vous suit, Boris et toi, jusqu'à une table. Vous vous installez, deux coussins sous les fesses du Nanméouïe et le double sous celles de l'enfant, il ne reste qu'une chaise de libre à votre table. Tu commandes rapidement ; une simple boisson pour toi, un sandwich pour la petite fille et un bol de baies pour Boris. Ne reste plus qu'à attendre l'arrivée du père.