Heavy stones fear no weather Errant parmi les ruines comme un fantôme parmi ses souvenirs, la dame blanche avançait d'ombre en ombre, de murs en colonne, fuyant la chaleur du désert et le soleil qui lui brûlait la peau. A quelques mètres derrière elle, d'une fidélité exemplaire, Charon suivait encore et toujours d'un air patient. Ils n'étaient dans les rues d'Akeos que depuis quelques heures et déjà comme les précédentes journées, Anastasia avait plongé dans ses pensées dont elle ne ressortait plus, le regard courant d'une fresque à l'autre, l'attention se portant sur une gravure et puis un texte dont elle lisait la signification à voix haute ; perdue dans une époque qui n'était pas la sienne, la dame retrouvait dans ces vestiges et ces souvenirs de jadis des amis que le temps avait séparés d'elle.
Il lui fallut bien une nouvelle heure de marche et de découverte pour qu'Anastasia ne se décida finalement à faire une pause. Ses pas les avaient menés dans les vestiges d'une petite salle désormais à moitié ouverte sur l'extérieur, le seul couloir qui y menait autrefois condamné par un couloir effondré sur lui-même. Là, s'asseyant sur une des pierres qui autrefois formait le cadre du corridor, Anastasia profitait de cet arrêt pour souffler un peu. L'ayant imité, le scalpion la fixait désormais avec attention, tandis que la dame d'albâtre, accaparée par ses réflexions, griffonnait dans son carnet quelques inscriptions et traductions qu'elle avait pu glaner ça et là au cours de ses recherches.
Le scalpion, quant à lui, commençait à devenir nerveux. Il sentait qu'émanait autour d'eux une énergie qu'il ne pouvait situer et identifier ; bondissant sur ses pieds en faisant sursauter sa maîtresse, Charon fit résonner ses lames en observant autour d'eux, certains que la petite salle et ses décombres cachait quelque chose de beaucoup plus dangereux... Et de prêt à bondir. La voix d'Anastasia s'éleva une nouvelle fois pour tenter de calmer le pokemon acier, mais cette fois, Charon n'y céda pas.
Vous auriez pu croire qu'il s'agissait d'une vieille ruine comme les mille-et-une qui vous entoure, mais ce mouvement, cette levée soudaine. Ce Pokémon semble avoir traversé vents et marrées figé à cet endroit précis.
Que vas-tu faire ?
Maitre du jeu
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Messages : 12267 Née le : 09/03/2017 Age : 7 Région : Lumiris Pokédollars : 0 Stardust : 36558 Stardust utilisés : 0 Equipe pokemon : Icone :
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Heavy stones fear no weather Derrière elle, secouées de tremblements, les pierres qui formaient l'éboulement commencèrent lentement à se mouvoir et glisser, et Anastasia comprit en bondissant pour se relever qu'elle venait de faire une terrible erreur. Charon avait eu raison, il fallait bien l'admettre, se tenant entre elle et les décombres, la protégeant alors qu'elle observait avec curiosité l'imposante masse qui lourdement s'extirpait des ruines. Ce que la dame blanche avait pris pour les vestiges d'une ancienne statue, emportée dans l'éboulement de la structure, se révélait peu à peu à leurs yeux, agrandis par la curiosité pour l'une, plissés par l'inquiétude pour l'autre ; c'était une silhouette humanoïde, et bientôt émergeant de son lit de roches comme d'un lointain sommeil se tint devant eux ce qui se révéla comme un golem d'argile.
Même pour ceux de son espèce, ce golemastoc était grand. Le temps avait rongé son corps à de multiples endroits, brisant des morceaux de la pauvre créature qui, les dominant de toute sa hauteur, avait posé sur eux un regard impassible que l'albinos peinait à sonder. Avec ses couleurs étranges et l'épaisse couche de végétation qui recouvrait le pauvre pokemon comme un camouflage, il était difficile pour l'archéologue d'identifier quoi que ce fut du golemastoc ; son sceau encore intact leur garantissait au moins de ne pas subir la colère de la créature – encore fallait-il qu'elle ne fut pas conçu pour se battre...
- Doucement, Charon.
Immobile et calme, Anastasia éleva doucement la voix, tâchant d'apaiser le scalpion qui devant elle n'avait pas bougé d'un pouce. Sa vaillance et son affection le poussaient à défendre la dame de tout ce qui aurait pu se mettre en travers de sa route ; sa petite taille, à considérer la plupart des rencontres de sa maîtresse comme une possible menace. Face aux ordres de la dame, Charon sembla hésiter un instant ; puis ses lames s’abaissèrent lentement, son regard filant de l'humaine au pokemon comme dans l'attente d'une nouvelle preuve que l'affrontement serait la solution. Le golemastoc, toujours immobile et terriblement neutre, ne sembla pas réagir à la menace de la petite créature.
Ses yeux n'avaient pas quitté le duo d'un seul instant; et alors qu'il n'avait esquissé aucun mouvement depuis plusieurs minutes, le géant oscilla soudainement vers l'arrière, surprenant la dame et son compagnon... Avant de tomber assis sur les dernières roches qui obstruaient le couloir, faisant trembler la terre et résonner l'impact, insensible aux divers gravas qui s'effondraient du plafond sur sa verdure. Là, assis d'une manière presque grotesque, le pokemon conserva sa passivité et son étrange attention. Anastasia pesa rapidement le pour et le contre, statue sous le regard observateur du pokemon. Elle pouvait prendre le temps d'aller chercher de l'aide, une connaissance et de plus amples informations sur la créature au comportement si paisible pour la réputation qu'on donnait à l'espèce... Ou tenter sa chance en analysant les signes, et voir comme cet apparemment aimable géant réagirait à son approche.
Dénuée de sa peur au profit d'une grande attention, la dame d'albâtre fit un pas, puis deux, puis d'autres, en direction de la créature ; prenant garde de rester encore hors de portée, le seul frottement de sa robe sur les dalles de pierre brisant le silence qui était retombée sur la scène. Elle ne croyait pas que ce golemastoc put être menaçant, pas sans bonne raison ; l'étrangeté de son physique lui parlait personnellement, et il avait quelque chose dans son comportement qui la chiffonnait, et dont elle ne parvenait pas à identifier la cause...
Heavy stones fear no weather Avec douceur, Anastasia continua d'avancer en direction du pokemon, se rendant compte à chaque nouveau pas de la taille et de l'usure de la créature. Emplissant l'espace dans lequel il s'était assis, le golemastoc n'était que ruines. Son corps rayé et marqué par le temps était fissuré à certains endroits, laissant entrevoir la lumière interne qui le maintenait en vie ; à d'autres encore, la dame d'albâtre constatait avec affliction les membres manquants que le temps – ou quelque chose d'autre qu'elle ne pouvait encore identifier- s'était chargé d'arracher au pauvre et patient golem. Sa main gauche, appuyée sur le sol à ses côtés, était privée de trois doigts brisés à différentes hauteurs ; sa jambe droite, repliée devant lui, se terminait en un grotesque moignon de pierre ; même son visage tourné vers elle manquait d'un morceau de pierre, attirant l'oeil par son absence. Partout où Anastasia portait le regard, elle constatait les séquelles qui striaient la surface, certaines disparaissant ensevelies sous l'épais manteau de végétation qui recouvrait le golem.
Pendant un instant, immobile à deux mètres à peine du géant, la dame albinos contempla la créature brisée qui lui faisait face. C'était un vestige, une formidable trace oubliée d'un passé peut-être encore enfoui, un témoignage vivant d'une époque révolue qui ne demandait qu'à livrer ses secrets à ceux qui sauraient lui tendre l'oreille... Mais alors que le pokemon lui rendait son regard, privé de son, d'attitude ou d'expression, Anastasia sentit affluer en elle une vague de sensations contraires qui se jetèrent sur elle avec force et ne la quittèrent plus. L'admiration pour ce chef d’œuvre couvé par son regard et l'excitation de la découverte se mêlaient à une terrible amertume, une sensation de mal-être profond qui lui serrait le cœur comme une douleur physique. Rattrapée par son empathie, Anastasia était transportée par la souffrance et la solitude traversées par le golem qu'elle devinait à ce corps détruit... Fascinée et confiante face à lui, l'albinos franchit les quelques mètres qui séparaient les deux êtres, déposant en douceur sa main sur la pierre froide du géant; bien ridicule était sa taille comparée à celle du pokémon, bien froide était sa main alors qu'elle tâchait de transmettre son affection à cette créature qu'elle connaissait à peine ; et pourtant ! Il brillait désormais dans son regard un éclat de détermination et de volonté à faire trembler les ruines avec autant de facilité que le golem l'avait fait.
Derrière elle, le scalpion se redressa de toute sa hauteur, bien incapable d'égaler celle du géant qui se tenait devant eux paisible, perdu mais enfin retrouvé ; Anastasia prendrait avec elle cette création de l'homme oublié d'eux-même, cette trace qu'elle tâcherait d'étudier afin d'en découvrir les mystères et les spécificités. Elle savait déjà qui pourrait l'aider dans sa tâche, à percer ces mystères et répondre aux questions qu'elle se posait. Autant fallait-il qu'elle déplaça pour cela le géant dans sa nouvelle demeure... Lui, en revanche, ne paraissait guère perturbé par la présence de la pâle momie à ses pieds. La main posée sur son bras lui semblait un écho lointain, la voix d'un humain quelque chose d'à la fois nouveau et terriblement familier. Penchant lentement la tête sur le côté, le golemastoc suivait docilement les mouvements de la femme, pareil à un perdu apercevant au loin la lumière d'un phare. Il ne comprenait pas, et à ça ne résistait pas.
Anastasia esquissa un sourire en voyant réagir le golemastoc, ses yeux pâles glissant une dernière fois sur l'inhabituelle apparence du pokemon. Il y avait chez lui quelque chose de noble et d'ancien qui rappelait à la dame d'albâtre les contes de son enfance et les héros qui les avaient un temps peuplés, l'apprentissage de l'Histoire et de la chevalerie qui y avait régie. Ravivé par son plongeon soudain dans sa mémoire, un nom se présenta à elle comme une évidence ; un nom de chevalier, de sire au cœur d'or dissimulé sous une épaisse armure qu'il ne quittait jamais. Un chevalier de la Plume Azurée, un victorieux et légendaire sire portant le nom de...
- Je ne te laisserai pas ici ; tu vas venir avec moi. N'est-ce pas... Otto ?
Le contemplant qui la fixait toujours, Anastasia lui offrit un sourire confiant. (c) 2981 12289 0
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