La journée s’annonçait plutôt bien pour toi, ô ravissante chanteuse que tu es, sauf que tu n’as pas prévu un inconvénient majeur qui se déroulerait en ce jour à la manière d’une gifle sur l’une de tes joues. Alors que tu faisais tranquillement tes courses, tu n’as pas remarqué que ta petite sœur du nom de Flora, ton adorable ange, le petit être qui fait battre un peu plus ton palpitant venait de disparaître de ton sac, de l’endroit où ta Tarsal a l’habitude de se mettre pour observer les gens en silence. Il faut dire qu’en ce moment, il y a du monde en masse et tu ne comptes plus le nombre de fois où tu as été poussés par des gens pressés qui ne font absolument pas attention à autrui. Ô que tu détestes ce genre d’individu mais au lieu de gueuler un peu, de faire vibrer tes cordes vocales, tu n’as rien dit, préférant baisser ton visage à cause de ta timidité. Quelle sotte es-tu pour ne pas faire autant attention au pokémon qui a décidé de suivre tes folles aventures. Tu as honte et tu t’en veux cruellement de ne pas être aussi attentive et prudente…
Tu tentes du coup de reprendre le chemin inverse, de piétiner à nouveau le chemin que tu viens d’emprunter priant pour retrouver Flora. Tu penses déjà que ta petite sœur doit déjà être cachée dans un coin, tremblant de peur face à tous ces gens qu’elle ne connaît pas et qui n’aspire pas la confiance au premier et deuxième regard. Tu presses donc le pas, demandant à des vendeurs s’ils n’auraient pas aperçu Flora. Chaque réponse négative te pince cruellement le cœur, voire même pire comme-ci tu te faisais transpercer ton organe battant. De justesse tu esquives un homme en costar cravate qui fixe avec attention son téléphone. Cette fois, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Tu te retournes froidement, tu fronces tes sourcils puis tu hausses ta voix dynamisée de rockeuse. « Regarder devant vous au lieu d’être sur votre téléphone !! » dis-tu en fermant tes poings de colère. « On vous a jamais dit que c’est malpoli de foncer sur des gens à l’aveuglette ? » Le voilà qu’il se retourne et subitement tu te demandes si tu n’as pas été trop forte dans tes propos. Aurais-tu manqué de respect à ce mécréant qui sans doute ne doit même pas si connaître en rock and roll ? Tu ne baisseras pas tes orbes maritimes face à ce citoyen de Fort-des-Songes. Tu te dois de surmonter ta timidité et être quelqu’un de fort, qui ne se laisse aucunement marcher sur les pieds. Sinon, comment feras-tu pour avancer dans la vie en acceptant toujours la défaite sans broncher ?
Celui que tu viens d’interpeller s’approche de toi rapidement, d’instinct tu recules ton pied droit sous l’effet d’un dérapage, non confiante de l’arrivée rapide de l’homme. « Vous êtes la nouvelle chanteuse des Red Leaf ? Akiza Kyoko n’est-ce pas ? » Tu n’as pas le temps de lui répondre que tes mains sont saisies par l’individu qui rougit de plus en plus de ses pommettes. « Je suis un grand fan, puis-je… » Il n’a pas le temps de répondre que tu arrives à reprendre tes plumes pour sprinter afin de t’échapper. Non non non, tu ne peux pas résister à l’appel de la peur sur ce coup-là. Ce mec est terrifiant, même s’il ne désirait peut-être pas l’être à tes yeux. Tu n’es pas du tout habitué à la célébrité bien qu’elle soit très petite pour ton groupe mais quand bien même, tu n’es toujours pas prête à supporter certains fans qui agissent de manière très bizarre.
Passons ce moment gênant, tu espères avoir semé cet homme bizarre. En tout cas, te voilà bien essoufflée car tu as du mal à reprendre ta respiration. Tu es dos à un mur, une main sur ton palpitant qui bat à une vitesse ahurissante pendant que l’autre tient fermement ton sac rouge. Tu commences déjà à désespérer en ne retrouvant plus ta Tarsal, tu t’imagines déjà une vie sans elle, puis…tu l’entends soudainement, un rugissement de détresse, un appel à l’aide, c’est Flora ! Recevant une grande bouffée d’adrénaline, tu te précipites à l’endroit où tu as entendu les plaintes et quelles ne furent pas tes surprises en y découvrant Flora se faire courser par une boule fantomatique absolument effrayante. « Hé !! Laisse Flora tranquille, monstre !! » rugis-tu comme tu as l’habitude de le faire en concert devant ton public. Tes doigts osseux attrapent un caillou pour le balancer sur le pokémon que tu rates de peu…
Tu es bien agacée, Alceste. Oh rien d'anormal, dirons les mauvaises langues. T’a-t-on déjà vue de bonne humeur, t'a t-on déjà vue rire, sourire, aimer la vie, tout simplement ? Non, personne n'a encore été témoin d'un tel spectacle, qui aurait été aussi étrange qu'effrayant. D'ailleurs, tu ne sais pas à quoi servent tous ces artifices. Tu te complais dans toutes ces choses lugubres et oubliées, car tu trouves que ça te va bien au final. Pourquoi devrais tu sourire ? Ça ne sert à rien de sourire, ça ne t'a jamais rendu plus heureuse. Et le bonheur des autres n'a jamais fait le tien non plus d'ailleurs.
Revenons-en au sujet principal : tu es agacée, donc. Et ce qui t'agace le plus -à part, évidemment, ton mari, les gens, et beaucoup trop de choses du quotidien- c'est de ne plus avoir de quoi expérimenter. Oh, mais qu’expérimentes-tu donc, Alceste ? Tout ça reste secret ~ Enfin, on doit quand même le dire : ta matière première, ce sont les pokémons. Ces créatures étranges qui ne demandent qu'à être disséquées pour pouvoir découvrir dans leur être même l'essence de leurs pouvoirs, de toutes leurs capacités uniques à leur espèce. Pourquoi s'embêter à les dresser pendant des années lorsqu'il suffisait de quelques mois d'expérimentation pour les soumettre ? Mais non, les gens sont décidément bien trop naïfs et abrutis. Ils n'ont rien compris de la vie...
Te voilà donc, sortant de ton antre, à la recherche d'une proie de choix. Tu avais décidé de ne pas gaspiller tes précieuses pokéballs dans des captures de bétail. À la place, ton Lémure pourra ravir un quidam d'un boulet conséquent, cela ne fera que lui rendre service, sans aucun doute. Décidément, que de bonté en toi, Alceste. Ton choix s'était naturellement porté sur une rue bondée, puante et bruyante d'humain. Tu regrettes immédiatement le silence de ton domaine, perturbé seulement par le bruit du tonnerre qui y gronde -et par les jeux de ta fille, mais ça c'est une autre histoire. Tu mets donc tes mains sur tes oreilles, fronçant les sourcils, après avoir caché ton visage d'un voile noir. Serait tu en deuil, Alceste ? Une créature est-elle morte ? Oh voyons, ne soyez pas si pressés ~
-Lémure, va donc me dénicher un pokémon dans tout ce tas. De type plante.
Le Fantominus émet un rire lugubre, avant de s'exécuter. Tu sais qu'il va s'acquérir parfaitement de sa tâche...
Et quelques minutes plus tard, alors que tu suivais ton pokémon -tout en gardant tes mains sur tes oreilles- tu le vois coursant l'objet de tes convoitises. Sauf que ton spécimen semble plus rapide que prévu. Est-ce un problème ? Absolument pas. Un caillou file vers Lémure, le manquant naturellement. Tiens donc, on dirait bien que cette chose a une maitresse.
-Lémure, changement de plan : change ta cible.
Le Fantominus obéit immédiatement, et à la place, se précipite sur la demoiselle aux cheveux rosés pour l'effrayer. Toi de ton côté, tu avais sorti un pistolet contenant une seringue de somnifère. Rien de plus -vraiment, je vous jure- après tout tu n'es pas une criminelle -ahem- et tu avais visé le petit pokémon. Et bang.
Ton caillou manque ta cible, ou plutôt il arrive à destination mais traverse le Pokémon de type spectre. Il s'agit bien là d'un fantôme et tu sais très bien que tes tentatives pour l'arrêter seront désormais vaines. Néanmoins, toi la chanteuse, toi la rockeuse, tu te refuses d'abandonner. On parle de Flora dans cet événement, hors de question de rebrousser chemin. Tu ne connais pas le nom du farceur qui ose s'en prendre à ta petite sœur mais ce que tu peux apprendre c'est qu'il possède un surnom. Car oui, sa maîtresse, sa dresseuse surgit de l'ombre à la manière d'un esprit frappeur pour chantonner des notes mauvaises à ton encontre. Lémure, qui est du coup son surnom change de cible suite à son obéissance absolue à la tortionnaire. Le Pokémon fonce donc sur toi pour tenter de te faire peur, de créer un concert dont seul lui détient le rythme. Sauf que tu n'es pas le genre de personne à être effrayée des fantômes.
Oui, toi la membre des Red Leaf tu es une fan de la sorcellerie, des tablettes ouija et des histoires d'esprits frappeurs. Inutile de préciser que ta chambre chez ta mère est remplie de livres sur la sorcellerie, que tu possèdes d'innombrables bijoux détenant des formes de pentacles. Tu adores porter des vêtements gothiques et d'ailleurs tu t'es souvent teinté les cheveux en noir ou en blanc. Donc lorsque Lémure te tire la langue, effectue d'innombrables grimaces, tu ne cogites même pas. Tu préfères user de ton sac à main pour le dévier de ta trajectoire comme si ton bien était une batte de baseball et le pokémon la balle. Un geste sans doute fort inutile à cause de son type fantomatique. Mais peu importe, tu t’exécutes un point c'est tout et lorsque tu termines ton numéro de partition, au moment où tu découvres la femme pointer un pistolet sur Flora, tu tentes de l'arrêter. En vain, le coup part déjà...
La chance te sourit, la seringue de somnifère manque sa cible grâce à la capacité Choc Mental de ta Tarsal : Flora. Tu profites donc de cette occasion unique pour foncer sur la femme. Au diable ta timidité, qu'elle se rende en enfer car désormais tu redeviens la terrible chanteuse de rock qui protège sa petite sœur. Tu utilises une seconde fois ton sac comme arme qui est dirigé sur le visage de la maîtresse de Lémure. Tu espères pouvoir toucher au but, que ton sac à la manière d'une baguette frappe le tambour pour y faire résonner une musique douce à tes oreilles. Rock and Roll baby! « Ne touche pas à Flora !! » Tu t’empresses ensuite de prendre ton adorable pokémon dans les bras afin de le protéger de cette vilaine femme. Instinctivement, tu sors par la suite ton téléphone, espérant pouvoir appeler la Police. « Vous me laissez pas le choix… »
Il y a bien une chose que tu détestes dans la vie – à part, peut être, la vie elle-même – Alceste : c’est l’échec. Alors lorsque le pokémon, cet être misérable qui n’est là que pour polluer l'existence humaine, cette race sauvage qui, si elle est dotée de nombreuses attaques dévastatrices, ce n’est sans doute pas pour rien, utilise l’une de ses capacités, tu retiens fortement un grondement. Voilà que tu es affectée, loupant ta cible. me errante parmi les vivants, on ne saurait rien déchiffrer sur ton visage de marbre, pourtant, si tu avais été de ce monde là, le rouge serait monté sur ta peau froide, la rendant brûlante de colère. D’autant plus que ce n’est pas fini, Alceste.
Lémure, incapable, bon à rien, qui s’est rammoli avec le temps, bon plus qu’à effrayer les microbes des cours de récréation. Pas capable de retenir pendant plus d’une munite une fillette jouant aux justicières. Une fillette énervée, surtout. Voilà que cette individu – que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam, toi qui n’écoute pas ce genre de « bruit »- vient te frapper au visage avec son sac. Mortelle, et pourtant fragile, celle qu’on appelle le squelette tombe au sol, portant sa main gauche à son visage. Mais ta main droite, elle, avait précipitamment fourgué l’arme dans ta besace de sorcière.
La scène, improbable – on parle ici d’une agression en pleine journée, dans ces lieux si lugubres ! – attire bien évidemment de la foule. Des gens, des passants de Fort-des-Songes, qui voient la Comtesse à terre ! Bien sur qu’ils te reconnaissent.
-Comtesse, vous allez bien ?
Tu entends une voix, sur l’autre trottoir. Tu ignores qui t’a appelée – tu ne retiens que les choses essentielles, les gens en faisant rarement partie – mais tu en joues, Alceste, évidemment. Oh que non, tu ne vas pas bien. Ta main reste toujours fermement sur ton visage, comme si tu avais été très blessée – ton maquillage est foutu après tout. D’ailleurs, ton Lémure a disparu, tel le spectre qu’il est. Oh mais tu sais très bien ce qu’il fait en ce moment même. Plusieurs passants s’étaient arrêté près de vous, vous regardant. Visiblement, certains reconnaissent tout de même la pimbêche aux cheveux roses. Étrange, son visage t’est complètement inconnu, à moins que tu ne l’aies volontairement effacé de ta mémoire. Un homme vient t’aider à te relever, et tu le remercies dans un murmure. Et ton œil – celui qui n’est pas « blessé » - vient foudroyer la petite sur place.
-Je vous en prie, appelez donc les forces de l’ordre. Même si tout le monde ici a bien vu qui a agressé qui.
Et même si, dans le cas échéant, certains auraient vu la vérité… Le sais tu, gamine ? Le pouvoir appartient toujours aux plus riches.
Tu te retrouves dans une situation bien compliquée petite chanteuse. Agissant à la manière d’une héroïne ou plutôt d’une guerrière pour sauver ta petite sœur tu ne réfléchis pas vraiment aux conséquences qui vont t’entrainer dans un piège. Ton coup de sac à main porte ses fruits, tu en souris même de satisfaction. Ton action est une pure vengeance pour ton petit ange. Tu penses que ton téléphone se trouvant à une extrémité précise dans ton sac à dut cogner contre l’œil de l’agresseur de Flora. C’est bien fait, elle mérite amplement de recevoir plus un tard un œil au beurre noir si tel est le cas. Tu la fixes donc tomber sur son derrière tout en découvrant que son maquillage vient d’en prendre un coup. Quel dommage d’en arriver à cette extrémité, car après tout tu trouves vraiment cette femme charmante. Tu ne caches pas que cette demoiselle t’attire énormément à la manière d’un aimant, rendant ainsi ton palpitant un peu plus fou qu’à la normal. Cependant, tu ne peux nier le fait de sa tentative d’agression sur Flora.
La gueule du loup se referme discrètement sur toi en découvrant plusieurs passants qui sont spectateurs de ce numéro de scène. Tu fronces doucement tes sourcils roses en comprenant peu à peu où cette situation va te mener. N’étant pas du tout du coin car tu es nouvelle dans cette région, tu ignores que tu viens d’agresser une personne assez importante à Fort-des-Songes. Tu es devant la Comtesse de Nives d’après ce que tu peux entendre des murmures des passeurs. Tu écarquilles tout à coup tes iris maritimes en n’imaginant même pas qu’une riche puisse s’habiller de la sorte. Tu pensais toujours depuis que tu étais gamine que les gens dans la haute société s’habillaient avec des accoutrements assez coûteux mais aussi très laids. Ce qui n’est pas le cas pour Alceste de Nives, cette princesse ténébreuse.
Tenant fermement ton Pokémon dans tes bras pour t’assurer de bien le protéger, plusieurs de tes fans courent vers toi pour te demander si tu vas bien. Tu es confuse, un peu perdue de cette situation qui commence vraiment à sentir mauvais. Si jamais la Comtesse use de sa notoriété envers des personnes très influentes tu as des chances de perdre ta place dans le groupe. Ce serait un véritable scandale de perdre ton poste pour une histoire de légitime défense. Après-tout, Alceste de Nives est bien la fautive de cette histoire. Non ?
Le masque manipulateur de la ténébreuse prend effet lorsqu’elle se fait relever par un citoyen de cette ville. Ton ennemie joue le rôle de la victime, t’accusant limite en pointant son index que tu es la fautive de cette confrontation. Terrible. Te voilà vraiment dans de beaux draps lorsque des gens débutent les accusations contre ta personne. Tu recules soudainement d’un pas, une goutte de sueur froide perle le long de ta colonne vertébrale, ton cœur ne se sent plus si amoureux de la silhouette de cette pimbêche. Heureusement, tes anges gardiens sont également de la partie pour venir te donner un coup de main. « Akiza n’est pas la fautive ! » s’écrit une jeune femme en montrant son téléphone. « J’ai tout filmé, et c’est la Comtesse qui est responsable. »
Tu restes silencieuse pendant un temps, en laissant parler tes défenseurs, tes avocats pour plaider à ton innocence. Malheureusement, la défense de la Comtesse abordera sûrement le même stratagème, surtout lors de la provocation d’Alceste sur ta menace d’appeler les policiers. Si tu laisses ce conflit perdurer alors ni toi ni la Comtesse ne pourra arrêter ce scandale qui grandit peu à peu. Tu inspires un bon coup pour tenter de faire naître ta bonne humeur. Tu expires par la suite pour dégager ta mauvaise humeur. D’habitude, tu aurais laissé tombé l’affaire pour ne gaspiller ton temps pour rien.
Alors, tu t’avances près de la Comtesse, tu te retiens de la regarder de haut, préférant adopter une situation neutre, impassible. Tu laisses Flora entrer dans son sac à main, tu croises tes bras sous ta poitrine. « Que direz-vous de marcher en ma compagnie pour calmer la situation, madame la Comtesse de Nives ? Je vous paierais même un thé si vous le souhaitez, ou un café. » Tes orbes sont gelés, mais ta proposition est sincère. Au moins, si la charmante femme accepte ta proposition, tes fans ne posteront pas la vidéo sur les réseaux sociaux ce qui évitera des insultes ou menaces de mort à la Comtesse.
Pensais tu être la seule manipulatrice, Alceste ? Pensais tu être la seule qui pourrait accuser l'autre, pensais tu être la seule victorieuse de cette terrible mascarade - ta mascarade ? Mais encore une fois, un élément perturbateur intervient, encore une fois, tes plans sordides rencontrent des difficultés. Et que fait-on des éléments perturbateurs ? On les élimine. Ton regard gris d'orage s'était posé sur la fille qui s'était interposée pour prendre la défense de la rose. Filmé, prétendait-elle ? Ça, c'était gênant. Avec ton influence, tu pouvais faire taire n'importe quel témoignage n'allant pas dans ton sens. Mais les preuves, c'était autre chose. Il va donc falloir se débarrasser de cela.
Cependant, le scandale auquel tu t'attendais n'explosa pas. Non, à la place, la jeune propriétaire du sujet de tes convoitises s'avança vers toi. Ton regard reste impassible, mais, au fond de toi, tu la mets au défi de tenter quoi que ce soit. Devant tant de monde, qui te connait qui plus est, il serait insolent, voire suicidaire de sa part de tenter quoi que ce soit. C'est bien pour ça que tu ne l'en empêcheras pas.
-Que direz-vous de marcher en ma compagnie pour calmer la situation, madame la Comtesse de Nives ? Je vous paierais même un thé si vous le souhaitez, ou un café.
Oh. Donc finalement, elle a tout autre chose en tête. Calmer le jeu. Ce qui sera bénéfique autant pour elle que pour toi. Sage décision. Enfin, pour l'instant. Car, si ton apparence lugubre pourrait laisser croire que tu n'as rien de sage.... Eh bien c'est tout à fait vrai.
-Très bien... J'accepte votre proposition.
Néanmoins, tu n'es pas stupide. Les grands méchants qui viennent clamer haut et fort leurs méfaits sur tous les toits n'ont jamais fait fureur, ou en tout cas n'ont jamais réussi. C'est bien parce qu'il y a une raison. Toi non plus tu n'as pas envie d'être gentille, Alceste. Tu ne l'as jamais été, tu ne sais pas comment on fait - c'est comme si ton âme avait toujours été attirée par les arts les plus sombres - et tu n'as pas envie de te forcer. En revanche, tu sais comment être fourbe.
Tu te mets donc à suivre la demoiselle, arborant des cheveux d'une couleur qui te répugne - après les blonds, heureusement. Ton Fantominus revient à tes côtés, émettant un rire sinistre comme à son habitude. Tu lui parles alors, dans un murmure, dans un soupir.
-Lémure, je suis occupée. Tu peux faire tes affaires si tu le souhaites.
Et, furtivement, tu lances un regard à la jeune fille prétendant avoir tout filmé. Évidemment, ton pokémon comprend ce que tu veux dire. Et voilà que le Fantominus vient flotter autour de vous, prenant son temps, s'amusant, faisant planer le doute, faisant ses fanfaronneries habituelles. Tu ne t'inquiète pas pour autant, tu sais que Lémure s'arrange toujours pour disparaitre lorsqu'on s'y attend le moins. Alors, en attendant, c'est à toi de distraire la demoiselle
-Eh bien, jeune demoiselle ? De quoi vouliez-vous me parler ?
Arrête de faire l'innocente, Alceste. Tu sais très bien de quoi elle veut te parler.
La tempête se calme finalement, l’orage prend fin, le vent cesse de souffler, le calme revient accompagné de la paix. Ainsi, tu avais réussi à trouver une solution pour éviter que le conflit s’intensifie. Pour une fois, tu as trouvé un chemin bien rapide plutôt que de tomber plusieurs fois sur des obstacles. Cette femme qui accepte ta proposition de cesser le feu, elle est extrêmement dangereuse et tu n’as pas l’intention de tomber dans la gueule du loup. Du coup, tu entreprends, la marche, la balade en compagnie de cette Comtesse que tu gardes à l’œil. Tu es certaine que si tu tournes le dos, cette bourgeoise peut en profiter pour te planter son couteau dans ton dos. La prudence et la vigilance seront tes meilleures alliées pour cette journée. De ce fait, tu t’assures que Flora se trouve bien dans ton sac à main de couleur noire. Ta petite fleur tremblote à l’idée de revoir Lémure, le Fantominus de tout à l’heure. D’ailleurs, le farceur a disparu depuis ton règlement de comptes contre sa maîtresse. Mieux vaut que tu te méfies encore plus de ce Pokémon. Malheureusement, jeter des cailloux contre cette forme gazeuse n’a aucun effet et tu es au courant que les spectres ne digèrent pas trop les ténèbres. Si seulement Flora pouvait connaître une technique de ce calibre. Enfilant tes mains dans les manches de ton kimono, tu es pour le moment silencieuse, ne faisant pas attention aux messes basses d’Alceste à Lémure. Non, toi tu es à nouveau dans ta bulle. Tu esquives les passants, les citoyens de cette ville que tu apprécies énormément. Tu penses que Fort-des-Songes serait l’endroit idéal pour t’y poser. Il correspond à ton style, à tes passions du surnaturel bien que cette partie de l’île regorge de défaut. Tu soulignes bien le dernier mot de ta phrase dans ton cerveau en dirigeant tes cristaux orageux sur Alceste de Nives, la Comtesse scandaleuse.
Tout d’un coup, le Fantominus de la dame passe devant toi, puis derrière et à gauche ainsi que sur la droite. Le Pokémon s’amuse ou alors se moque-t-il de toi. Tu n’as pas envie de le savoir, tu te contentes de l’ignorer tout en posant ta main délicate sur les cheveux de ton Pokémon afin de le rassurer. Ce que tu aimerais pouvoir assommer Lémure d’effrayer ta petite sœur. Ça l’amuse beaucoup mais pas toi ni Flora qui est sur le point de faire une crise cardiaque. Ta chipie n’a jamais apprécié les spectres contrairement à toi qui en suis amoureuse. Cela te refait penser aux paroles de ta mère. Qu’elle attend patiemment le jour où tu lui présenteras ton prince charmant. Horrible. Tel est le mot qui te vient à l’esprit. Si tu tombes amoureuse c’est plutôt d’un démon et non d’un ange. M’enfin, ce jour n’est pas encore arrivé, même si tes mirettes aiment contempler les yeux rayonnant du chanteur de ton groupe. Tu rougis soudainement comme une idiote et tu chasses cette idée de ton esprit. Tu orientes ton attention sur la femme qui souhaite connaître la raison des pourparlers. N’est-ce pas évident pourtant ? Tu te doutes que la Comtesse te pose cette question en sachant pertinemment de quoi tu vas en retourner.
De ce fait, tu t’arrêtes, tu lui bloques le passage, tu la stop sur son élan, tout en la foudroyant de tes iris qui sont en mélange entre le bleu et le violet. Tu croises tes bras sous sa poitrine assez généreuse tout en fronçant tes fins sourcils. « Puis-je savoir pourquoi vous désiriez mon Tarsal ? Si vous êtes amoureuse de ce genre de Pokémon, autant chercher dans la nature qu’en ville. » Tu ne la regardes pas de haut. Oh que non. Tu n’es pas le genre d’individu à être de la sorte. Cependant, tu es terriblement en colère et si tu arrives à la canaliser jusqu’à maintenant, tu seras bientôt impuissante si la Comtesse continue d’agir de la sorte. « Je pourrais penser que vous êtes le genre de personnes à faire partie d’une organisation pour voler des Pokémons, comme il y a en eux dans ma région à Hoenn. » Tu lui adresses un sourire chaleureux au lieu de fermer ta mâchoire sévèrement. « Mais je me doute que vous soyez membre d’une telle organisation. Vous êtes bien trop hautaine pour vous rabaisser à cela, madame de Nives. »
Ainsi donc, tu marchais aux côtés de la jeune demoiselle aux cheveux roses, pas le moins du monde menacée, ne montrant, en vérité, aucune expression – comme toujours, donc. Celles-ci, lorsqu’elles existent, ne semblent prendre forme que dans ton cœur, ne traversant pas la barrière de ton visage, n’offrant pas au monde l’occasion de voir à travers pour y observer le reflet de ton âme. Oh non, il ne vaut mieux pas : tes ténèbres finiront par les absorber, par trop les traumatiser. C’est bien pour ça que, lorsque la demoiselle te coupe dans ton élan, se plantant devant toi de son regard sévère, tu ne lui répondras pas.
-Puis-je savoir pourquoi vous désiriez mon Tarsal ? Si vous êtes amoureuse de ce genre de Pokémon, autant chercher dans la nature qu’en ville.
Veux-tu savoir, jeune fille ? Veux-tu savoir ce qui se trame sous ce manoir lugubre, imposant ? Veux-tu savoir la nature de mes expériences ? Ou veux-tu protéger tes mirettes encore trop innocentes ?
C’est donc royalement que tu esquives sa question, la laissant à la place poursuivre.
- Je pourrais penser que vous êtes le genre de personnes à faire partie d’une organisation pour voler des Pokémons, comme il y a en eux dans ma région à Hoenn. Mais je me doute que vous soyez membre d’une telle organisation. Vous êtes bien trop hautaine pour vous rabaisser à cela, madame de Nives.
Pas un soupir, pas un sourire, pas une grimace ne perturbe ta stature si froide. Pourtant, intérieurement, tu es un peu moins en colère, un peu moins déçue. Au moins son sens de l’observation ne lui fait pas défaut. Ainsi donc tu la contournes, complétement, pour continuer ta marche. C’est que tu dois bien te dégourdir les jambes de temps en temps, au lieu de passer tes journées sur tes expériences ou sur tes bouquins. Même les tâches ménagères, tu les fait faire par quelqu’un d’autre, après tout.
-Vous avez raison sur un point, jeune fille : je ne fais partie d’aucun groupe que le mien. Tout ce que je fais est pour mon intérêt personnel. Même si en vérité, je le fais pour la connaissance, pour le bien commun. Mais c’est quelque chose que vous ne pouvez comprendre.
Non, bien sur, personne ne peut comprendre. Personne de moral, en tout cas. Pourtant, la science, les découvertes, ont toujours nécessité un tribu à payer pour pouvoir avancer. Ne comprennent-ils pas, qu’en mettant des limites, des barrières au nom d’une éthique et d’une morale superficielle, les découvertes s’arrêteront ? Quel gâchis…
Voilà que vous avez dépassé Lémure maintenant, au grand soulagement du pokémon peureux – ce genre de pokémon que tu aimes terroriser, donc. Et, en n’ayant personne à tes côtés, tu songes un moment qu’il serait effectivement grand temps de partir à la capture de nouveaux pokémons – pour autre chose que des expériences, cette fois. Puis, tu entends à nouveau le bruit des pas de la rose, et tu te rappelles qu’elle a posé une question. A laquelle tu ne dois pas répondre.
-Dites-vous plutôt, mademoiselle : à quoi peut bien servir, de capturer un pokémon déjà apprivoisé ? Qu’en pensez-vous ?
Et vous, jeune fille, êtes-vous de la même trempe, terriblement ennuyante, que ces autres gens ?
Tu te souviens, oh oui tu te rappelles encore de ces moments où tu entendais les disputes de tes parents. Tu étais encore petite à l'époque, peut-être que ton premier souvenir remonte à tes six ans. Tu regardais des images sur des chanteurs célèbres avec le sourire aux lèvres, les yeux en paillettes et la joie à ton palpitant. Si innocente, si pure. Mais tout a changé lorsque les disputes quotidiennes de tes parents sont passées à un niveau bien plus supérieur. Il te semblait avoir entendu des coups, tu avais tenté de voir de tes propres yeux ce qui se tramait mais ton grand frère adoré est intervenu pour te chasser des mauvaises ondes.
Tu n'avais que six ans au moment où ton père a décidé de partir de la maison. Tu revois encore ce moment où ton papa ne s'est pas retourné pour regarder une dernière fois ses enfants. Ce jour-là, ce fut le dernier instant où tu as aperçu ton père. « Le monde n'est pas gentil, Aki. » s'exclamait ton frère en foudroyant votre père qui montait dans sa voiture. « Regarde, observe bien, les petits détails. Tu penses que papa nous aimait ? Alors pourquoi ne s'est-il pas retourné pour nous ? Car il ne nous aime pas. Un jour sœurette, tu seras moins surprise, moins triste en observant le monde sous un autre angle. »
Ton frère avait raison, car en suivant ses conseils tu n'étais pas surprise de le voir lui aussi s'enfuir de la maison à l'âge de ses dix-huit ans. Il a réalisé le même schéma que ton père. Partir sans regarder derrière lui. Depuis ce jour, tu tentes de cacher les horreurs que tes cristaux arrivent à apercevoir en y adressant le plus beau de tes sourires. C'est sûrement le fait que ton père était détective privé que tu fais attention aux petits détails. Toi la chanteuse de rock, tu aurais pu enfiler le manteau de ton daron. Mais à quoi bon ? Tu refuses de reprendre le dojo de ta mère. Donc tu feras la même chose au sujet de ton père.
Ainsi, en revenant à la réalité, tu comprends que maintenant que la Comtesse préfère contourner tes questions. Te voyant sans doute trop gentille, trop sotte, trop idiote et tu ne souhaites aucunement la contredire sur son analyse qui demeure fausse. Tu veux rester la chanteuse gentille, aimable et amoureuse de la musique. Et non pas une sociopathe comme ta mère. Tes mains toujours dans les manches de ton kimono, tu tends tes oreilles en entendant le chant d'approbation sur ta déduction à propos qu'elle ne fait pas partie d'un groupe de criminels. Comme la Team Aqua ou la Team Magma qui ont causé des torts à Hoenn.
Tu titilles sur l'une de ses nombreuses phrases. Qu'elle agit pour un intérêt personnel. Pour en vérité agir pour la connaissance, le bien commun. Instinctivement, tu repenses à la seringue que tu as maigrement aperçue dans l'une des mains de la Comtesse lors de son attaque. Agir de cette manière ne dévoile aucune gentillesse pour les Pokémons. De ta main tu caresses les cheveux de Flora en t’y attardant d'une douceur contrôlée. Le gazouillement de bonheur de Tarsal se fait entendre, te redonnant le sourire sur ton visage déprimé. Ton index est saisi par les mignonnes mains de ta fleur et sa joue se frotte à ton ongle verni en noir. Si adorable. Si mignonne. Si craquante. Tu as l'impression d'être plus une mère, qu'une grande sœur pour Flora.
De ce fait, en continuant de donner de la tendresse à ton Pokémon, tu préfères ne pas répondre aux questions d'Alceste de Nives. Tu ne veux pas travailler sur le sujet qu'elle propose. Ce n'est aucunement de la fainéantise, juste que tu ne désires pas ressembler à ton père ou ton frère. Au final, seule une larme de tristesse sera versée en guise de réponse pour la bourgeoise. Inutile de continuer à parler de ça, tu en sais déjà trop et tu en souffres déjà. Tu es décidément trop émotive...
Tu finis par te stopper sur ta route, essuyant ta perle sur ta joue. « Vous êtes si cruelle, Madame de Nives. » dis-tu à voix basse en échappant le tsunami de tes yeux sur le regard d'Alceste. « Alors Lémure est un outil à vos yeux ? Lui qui obéit à vos ordres...ne voyez-vous pas qu'il le fait car votre Pokémon vous aime ? » Tu finis par fermer tes poings de toutes tes forces, tes ongles sont sur le poing de percer la peau de tes paumes. Tu n'arrives pas à garder tes perles qui deviennent bien trop nombreuses désormais. Tu es triste, désespérée de voir que cette femme se comporte exactement comme l'ancienne propriétaire de Flora. « Vous agissez pour la connaissance ? Pour le bien commun ? Permettez-moi de vous dire que vous faites fausse route. » Ton index se pose sous la poitrine de la bourgeoise. « Ouvrez votre cœur si vous voulez apprendre. »
Cette promenade est d’un ennui. Tu avais espéré que la conversation avec la jeune femme aux cheveux roses t’aurait apporté quelque chose, même une infime information. Mais non, rien, ou en tout cas, rien que tu ne saches déjà. Car voilà que, sous tes yeux inexpressifs, sous ton regard d’orage, la demoiselle s’arrête, se mettant à pleurer, des perles salées s’écoulant de ses deux saphirs. Pas un instant tu n’esquisses le moindre mouvement pour la rassurer. Pas un moment n’éprouves tu de la pitié. Seul du mépris te vient en bouche.
- Vous êtes si cruelle, Madame de Nives.
Tu effectues un geste avec ton bras, tournant légèrement ta main, comme une mini révérence.
- Je vous en remercie.
Tu ne t’attendais certainement pas à ce qu’elle te complimente, mais soit, tu la laisses poursuivre – car bien sur que ce n’est pas fini, bien sur qu’elle va te sortir le baratin habituel, cette leçon de morale de tous ces gens ignares, ces gens qui n’ont jamais rien compris à la science, enfin, à la vie, tout simplement.
- Alors Lémure est un outil à vos yeux ? Lui qui obéit à vos ordres...ne voyez-vous pas qu'il le fait car votre Pokémon vous aime ?
Tu hausses un sourcil. Lémure, t’aimer ? Vraiment ? Eh bien, c’est probable – quand bien même tu ne connais pas le sens de ce mot-là, Alceste. Et alors. Est-ce parce que des gens vous aiment que vous devez les aimer en retour ? Ça n’a jamais été vrai, sinon, le harcèlement n’existerait paq, et aucun couple ne se séparerait. Raisonnement absurde.
- Vous agissez pour la connaissance ? Pour le bien commun ? Permettez-moi de vous dire que vous faites fausse route.
Et voilà que la demoiselle se permet même de poser un doigt sur ta poitrine, menaçante, toute dans son discours. Mais pas une seule fois tu ne cilles.
- Ouvrez votre cœur si vous voulez apprendre.
Ouvrir ton cœur. Tu en aurais presque ri. Presque. A la place, tu hausses simplement les épaules. Ne voit-elle pas ? Tu repousses son doigt, d’un geste sec, cinglant, mais rapide et sans brutalité. Ce geste qui ne veut pas blesser, mais qui veut clairement menacer.
- Ouvrir mon cœur, dites-vous, jeune fille ?
Ne voit-elle pas ? Et là, c’est à toi de te rapprocher d’elle, pour la dominer de ta hauteur. Oui, tu la prends très clairement de haut.
- Puisque vous avez l’air observatrice, n’avez-vous toujours pas remarqué ? Mon cœur est déjà ouvert. Depuis longtemps.
Tu te détournes, continuant de marcher. Après tout, ce n’est pas en restant ici que vous allez avoir ce fameux thé, n’est-ce pas ?
- Voilà ce que j’ai trouvé à l’intérieur : rien. Absolument rien.
Oh que tu es une menteuse, Alceste, car vois-tu, tu as bien trouvé quelque chose : des dizaines, des centaines d’histoires d’horreur, à faire trembler les enfants, à terrifier les pokémons. La morale, les paillettes et les douceurs, ça n’a jamais été pour toi, tu n’as jamais été attirée par tous ces artifices hypocrites, par tout cet ennui mortel qui abrutit les gens. C’est la connaissance qui t’attire, Alceste, c’est cette curiosité – morbide – de découvrir et comprendre tout, d’inventer ce qui n’existe pas, de te complaire dans l’incompris pour pouvoir mieux le saisir. Tu es ce qu’on pourrait appeler une psychopathe.
- Cessez ces futilités. A la place, apprenez à ouvrir vos yeux.
Elle te remercie pour ce que tu viens de lui dire. Elle prend plaisir à accepter son côté cruel que tu viens de citer à son encontre. Pendant un moment, un maigre instant, tu te demandes si Alceste de Nives l'accepte de bon cœur ou à un contre-cœur. Tu l'ignores, tu n'arrives pas à déceler le bon côté des choses, tu interprètes beaucoup trop mal ce que tu vois. Avalant ta salive amèrement, remarquant le haussement de sourcils de la bourgeoise sur l'amour de son Pokémon Lémure envers elle, tu comprends bien vite que Madame de Nives n'en a absolument rien à faire. Tu perds ton temps à vouloir la raisonner, lui dire ce tu penses, l'aider à voir plus clair au lieu de séjourner dans les ténèbres. Mais est-ce que Alceste de Nives désire vraiment de ton aide, ravissante chanteuse ? Non. Lui faire part de ton point de vue ne changera pas la donne, c'est inutile. De ce fait, oubliant que ton index se trouve sous la poitrine de la femme détenant un charme rare et particulier, ton doigt est repoussé d'une manière sec. Tu ne ressens aucun picotement, pas même des brûlures, la douleur n'a pas son rendez-vous sur l'action que tu as subie. Non, tu reçois plus une menace provenant de la bourgeoise.
Alors, Alceste te repose ta propre question. Ouvrir son cœur ? Tu découvres bien vite par le ton de sa voix que tu t'es à nouveau fourvoyée sur ton raisonnement. Que tu es bien sotte par moments... Le palpitant de Nives a déjà été ouvert et rien n'en ressort. C'est du moins ce que tu entends, écoute, de sa mélodie qui sonne bien fausse à tes oreilles. Tu connais bien la musique de ce chant. Il est identique à celui de ta mère. Oh oui, tu ne peux te tromper sur ce sujet. Alceste de Nives a été déçu de quelque chose. Mais quel est donc cet élément qui t'échappe à la manière d'une phrase de ta chanson qui ne désire pas être récitée par ta voix de rockeuse ? Tu ne sais toujours pas et tu ne désires pas l'apprendre. La raison est simple, tu détestes fouiller dans les affaires des gens. Cette méthode ressemble trop à ton père...
Tu baisses ton visage sous la grandeur froide, menaçante, autoritaire d'Alceste de Nives. Tu t'écrases, tu te laisses dominer, tu ne désires plus continuer ce conflit qui ne te mènera nulle part. « Vous avez raison madame de Nives. » dis-tu faiblement en essuyant tes larmes encore présentes. « Je vais cesser mes futilités et ouvrir mes yeux. » avoues-tu de ta mélodie la plus sincère qui ne comporte aucune note de colère. De ce pas, tu décides de revenir sur tes pas tout en dépassant Alceste. Te voilà dos à elle. Tu t'arrêtes sur ton chemin, la marée de tes perles viennent de cesser de déborder. « Je vais arrêter de vous ennuyer. Passer une bonne journée, madame de Nives. »
Tu décides de mettre fin à cette première rencontre, tu désires te stopper là avant que le côté de ta chère maman ne te domine. Tu ne souhaites pas céder à la colère, car tu serais encore plus à la merci de cette Reine au cœur vide. Tu ouvres la boîte de chewing-gum se trouvant dans ta poche, tu en mords un à l'aide de tes dents puis tu t'éloignes de la noble. Aucune envie de lui offrir un thé, ni même de l'écouter à nouveau. Son chant est bien douloureux pour toi... Peut-être que la prochaine fois, ta mélodie pourra s'accorder à celle de cette femme mais pour aujourd’hui il n’y aura aucun accord…
Du coup je m'arrête là pour ce RP. Merci encore pour ces superbes réponses et quand tu veux pour tenter de calmer ou bien augmenter la tension entre les deux.
Tu vois, Alceste. Personne ne peut te corrompre. Car tu es déjà pourrie jusqu'à la moelle.
Alors, en aucun cas les paroles de la rose ne t'atteignent. Oh elles auraient pu te faire rire, si tu en étais seulement encore capable. Elles t’amusent, certainement. Mais t'atteindre ? Mais comment peut-on atteindre un cœur qui n’existe pas ? C'est donc avec un haussement de sourcil triomphant que tu observes la jeune chanteuse baisser la tête. Sans doute, alors, avait-elle compris.
- Vous avez raison madame de Nives. Je vais cesser mes futilités et ouvrir mes yeux.
Tu penches la tête, de manière approbatrice. Ses mots sonnent creux, et, sans doute les a t-elle prononcés pour pouvoir simplement s’éclipser. Sage décision cependant que de cesser de lutter pour te convaincre - tu reconnaissais au moins cela. Cependant, face à une personne prétendant vouloir voir le monde pour ce qu'il était vraiment - et même s'il ne s'agit bien là que de prétendre - tu ne peux rester de marbre.
- Si vous avez besoin d'aide pour mieux voir les choses en face, faites-moi signe.
Serais tu insolente, Alceste ? Oh ce serait mal te connaitre que de dire que tu es habituellement sage. On ne te voit juste pas arriver.
- Je vais arrêter de vous ennuyer. Passer une bonne journée, madame de Nives. - C'est bien aimable de votre part. Passez une affreuse journée, mademoiselle.
Ne vous méprenez point : ce sont la bel et bien des salutations que tu lui adresses. Ce qu'elle ignore sans doute, puisqu’elle part, te tournant désormais complètement le dos.
Et toi ? Et toi, tu te détournes immédiatement, rassurée au final de ne pas avoir à ingurgiter une boisson que tu devines déjà infecte.
- Lémure ?
Le Fantominus apparait à tes côtés, riant aux éclats. Tu devines aisément que sa mission a été accomplie : en vérité, il a poursuivi la demoiselle ayant tout filmé avec son téléphone, pour lui donner la frousse de sa vie et la poursuivre pour lui faire lâcher l'appareil. Le fameux téléphone, tombé dans une bouche d'égout, ne sera jamais retrouvé...
- Ils ne pourront jamais comprendre. N'est-ce pas ?
Le pokémon te regarde d'un air curieux. C'est qu'il n'a pas l'habitude que tu lui poses des questions. D'habitude, tu te contentes de lui aboyer des ordres, bien plus rarement tu lui fais un brin de causette. Mais, après cette conversation, l'orage de tes yeux ne reflète qu'une brume hésitante.
Ridicule. Tu te détournes bien vite de ses gros yeux ridicules, avant de reprendre le chemin vers ton manoir. Ils ne savent pas le vrai lien qui vous unit. Ils ne savent pas le secret qui vous unit. Et ne le sauront jamais.
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