Mistigrix ne s'attendait pas à se faire prendre ainsi. Elle lâcha un léger cri avant de tomber sur le côté. Je souris doucement.

« Gardevoir, Vibra soin sur nos deux amies. »

Gardevoir s'approcha pour dégager une aura apaisante et soignant les blessures.

« Camille. Voltali a bons réflexes. »

J'essayai de la calmer avec mes paroles.

« Le seul hic peut-être est qu'elle réagit par instinct et je ne saurais dire si elle agit avec sauvagerie... Mais c'était un combat pokémon, Camille. Il faut que tu restes calme. Si tu t'emportes, tes pokémons le sentiront et peuvent être désorientés. Crois-en mon expérience. C'est un choc, ça surprend, on ne s'y attend pas du tout mais reste concentrée. »

Je restai assez ferme.

Son adversaire hors combat, sa dresseuse devant lui, Rico semblait calmer. Il fur tapidement rejoint par Nami, l’Aquali et les deux énervés du moment Talo et Dano. Camille s’accroupit pour prendre ses Pokémons dans ses bras.

Elle tourna la tête vers Iris, alors que celle-ci parlait, mais sa mine était soucieuse. Elle ne voulait pas que ses Pokémons se battent pour se blesser. Iris complimentait Rico comme si ce qu’il avait fait était bien, mais pour Camille, il avait juste fait mal à une autre créature. Ce n’était pas super bien.

La magicienne ne comprenait pas cette passion pour la violence, qui poussait son frère à regarder les tournois de la ligue. C’était de la maltraitance. Pourtant, les Pokémons semblaient aimer ça pour certains.

La fermeté du ton d’Iris fit baisser la tête de Camille un peu honteuse. Elle n’était pas habituée à ce genre de chose. Elle n’aimait pas ça. C’est vrai que si elle se montrait inquiète, ses Pokémons arrêteraient de se battre, mis ils seraient tristes et déçus.

Je vais faire un effort.

Signa-t-elle avant de voir Talo et Dano se jeter sur le Gardevoir, et la griffer, manifestement décidés à se battre.

Camille porta ses deux mains à la bouche, en une expression de surprise horrifique. C’était une attaque gratuite et surprise sur le Pokémon qui soignait Rico. Les deux petits voulaient juste imiter le grand.

« Merci, Camille. Je sais parfaitement ce que tu ress- »

Gardevoir grimaça en voyant les Evolis l'attaquer, elle eut un regard rosâtre quelques secondes avant de les pointer de la main et les endormir rapidement. J'eus un léger soupir de soulagement.

« … C'est une façon de faire gentiment les choses. »

Je regardai les deux Evolis endormis avant de reprendre.

« Comme je disais, je sais parfaitement ce que tu ressens. J'ai fait affronté ma Kirlia contre un autre pokémon, elle a perdu. Je n'étais pas bien mentalement pendant une voire deux journées. Puis j'ai décidé d'aller voir pour mon premier badge, face à Arsen. J'ai vu un dard immense de Drascore pénétrer la poitrine de ma Sidérella pour la mettre KO. Je... Cette image restera dans ma tête, c'était horrible, j'ai lâché des larmes, j'ai crié. »

J'eus une mine triste un petit instant.

« Puis j'ai demandé à comprendre une ancienne bonne amie, grâce à ces petits combats, ça m'a forgée et préparée à voir mes pokémons se battre. Je ne prends pas de plaisir, je ne m'amuse pas à les envoyer et dire "Faites ce que vous voulez". C'est un concours mais ce qui remplace la beauté des capacités doit être l'enchaînement des capacités. Et le plus important, le dresseur doit garder la tête droite et les idées claires. Si tu stresses, t'emportes, tes pokémons seront distraits et peuvent faire de mauvais enchaînements. »

S’attendant au pire, Camille eut besoin d’un moment pour comprendre ce qui venait de se passer. Ses Pokémons dormaient à point fermé, alors qu’un instant avant, ils étaient prêts pour la bagarre. Pauvre Talo et Dano, se dit-elle rapidement avant de se dire que c’était peut-être mieux ainsi. Ils n’allaient blesser personne et resterait calme. Elle soupira intérieurement.

Iris parut aussi soulagée que Camille qui s’excusa pour le comportement de ses Pokémons. Il n’était pas facile de contenir autant d’énergie dans autant de corps, juste par les gestes. Parfois, Camille se demandait si elle ne devrait pas faire un effort, mais à chaque un frisson d’effroi lui remonta le dos. Non, ce n’était pas possible pour elle. Inconcevable même.

Et l’horreur se poursuivit quand Iris lui raconta ses combats. La magicienne devint livide. Son Pokémon s’était transpercé par un autre, ce devait être horrible. Camille se demandait pourquoi vouloir continuer ainsi, dans la souffrance e surtout comment les Pokémons faisaient pour endurer tant de douleur.

C’était un effet un concours où la violence remplaçait la beauté.

Je ne sais pas si je pourrai y arriver. Je veux dire… Je n’ai pas ton courage et je ne peux pas donner d’instruction. Sur le terrain, mes Pokémons font ce qu’ils veulent et comme ils peuvent. Alors je me sens inutile. C’est pour ça qu’on est là. Eux ils veulent se battre, mais je ne suis pas certaine qu’ils sachent ce que ça veut vraiment dire. Ils ont plus l’air de faire ça pour s’amuser. Et… Si je dois faire des combats pour leur plaisir, j’en ferai, mais je ne veux pas qu’ils se blessent sans raison.

« Camille ! »

Dis-je soudainement, je réfléchissais vivement pour choisir mes mots. Il y avait peut-être des choses où je ne pouvais que me fier à ma logique ou des livres, mais là, j'avais vécu cette chose donc je pouvais en parler. Mais je ne voulais pas brusquer... Alors...

« Je sais parfaitement ton ressenti. Quand j'ai gagné contre Arsen, et ça s'est joué à rien, j'ai... j'ai juste pris le badge, fait une formule de politesse pour un au revoir et suis partie. Je...  Pendant plusieurs jours, je me suis remise en question un nombre incalculable de fois, est-ce que j'avais été égoïste d'aller faire combattre mes pokémons ? Devais-je arrêter et rester concentrée sur mes pokémons ? Est-ce que je devrais me jeter en plein milieu du combat pokémon pour ne pas voir encore une fois mes pokémons blessés ? »

Je passai une main dans mes cheveux en regardant Gardevoir puis Camille.

« J'ai parlé avec mes pokémons. Je leur faisais comprendre que je voulais leur avis sincère. Voulaient-ils se battre encore ? Pas pour moi, pour eux-mêmes. Ils ont accepté. Ensuite, j'avais affronté Rose, et surtout Flora quand les deux étaient encore sur l'île, j'avais combattu pour m'aider car affronter un champion et un ami sont deux choses bien différentes. Donc cela ne me dérangeait pas du tout. Puis à force, tu oublies presque et cela t'aide donc à combattre un champion. Les champions visent tes points sensibles, si un pokémon a une faiblesse ou une grosse faiblesse, ils vont tirer profit de cela pour attaquer. Tu dois être prête mentalement. Si les combats que nous faisons aujourd'hui te fait encore hésiter, alors attends et nous recommencerons si tu le veux bien. Ainsi, tu t'endurciras, tes pokémons comprendront la différence entre combat sérieux, jeu et concours. Vois-tu où je veux en venir ? »

Je souris sincèrement, j'avais peut-être trop parlé.

A l’exclamation d’Iris, Camille sursauta. Elle allait se faire gronder. Ce fut la première chose qui lui passa par la tête. Iris allait la gronder et… elle était tétanisée. Elle avait l’impression qu’elle était de nouveau une petite fille. Sauf que jamais elle ne s’était faite gronder. Camille avait été la petite fille parfaite. Gentille, douce, sans un caprice et surtout silencieuse. Il n’y avait que deux choses qui lui faisaient faire des crises : les desserts et les concours Pokémons du dimanche. Son dessert était la glace vanille, chocolat et fraise, aussi loin que remontait la mémoire des hommes. Et tous les dimanches après-midi, il fallait qu’elle visse les concours.

Si bien que jamais ou presque, ses parents n’avaient eu à élever la voix contre elle. Elle faisait ses devoirs, rentrer à l’heure, avait de bonnes notes et ne s’intéressait à rien d’autres que les concours. Jamais les quatre cents coups, jamais les idioties que font tous les enfants. Si bien que la comparaison avec son petit frère était rude puisqu’il était un enfant normal. Il chantait, courait partout, casser les vases et se faisait des bobos.

Alors la magicienne regarda Iris comme un Evli devant les feux d’une voiture.

Elle hocha doucement de la tête. Mais en réalité, dans sa tête, ce n’était pas vraiment clair. Elle voulait que les combats cessent, mais d’un autre côté, ses Pokémons semblaient sincèrement se battre, même après avoir vu Rico se prendre des coups. Elle n’aimait pas ça et pourtant, elle voulait prouver, se prouver qu’elle pouvait être à la hauteur de ses Pokémons. Elle voulait voir si elle pouvait exceller ailleurs que dans la magie. Si elle avait vraiment du talent ailleurs.

Je ne sais pas si c’est une bonne idée. D’arrêter ou de continuer. Je suis un peu perdue. Je pensais que c’était une bonne chose de venir ici pour t’affronter, puis avec le combat, je ne suis pas sûr que ce soit si bien que ça mais j’ai l’impression que mes Pokémons n’ont pas ce problème. [/b]

Elle n’arrivait pas à faire un choix.

Je ne pouvais que la comprendre et je voyais bien qu'elle se torturait l'esprit à savoir si oui ou non, c'était bien, si on devait continuer, si ELLE devait continuer.

Je finis par hocher doucement la tête.

« Je pense que tu en as eu assez aujourd'hui. Néanmoins je soutiens que ton Voltali s'est très bien débrouillé. Juste, il faudra préciser que ce n'est pas par méchanceté qu'il s'est battu, mais pour s'entraîner à maîtriser ses capacités. Et s'ils sont très proches de toi, ils prouvent au passage leur dévotion. »

Je ris légèrement, Sidérella arriva doucement.

« Brouhaha léger pour les réveiller s'il te plaît. »

Elle s'approcha pour faire un peu de bruit et les réveiller. Elle repartit vivement, toute heureuse de son action.

« Réfléchis sérieusement Camille, pose-toi les bonnes questions, pas les mauvaises. Crois-en, je le répète, mon expérience. »

Je vins caresser son bras doucement de ma main prothétique.

Intérieurement, Camille était en plein conflit. Il y avait d’abord le conflit sur la continuation du combat. Et maintenant, il y avait ce conflit sur l’affirmation de Camille. Elle avait encore une fois laissé quelqu’un d’autre choisir à sa place. Ce n’était pas à Iris de dire si oui ou non, elle devait continuer à se battre. C’était une décision qu’elle devait prendre avec ses Pokémons. Mais elle n’avait pas la force ni le courage de le faire. Alors elle laissait Iris le faire à sa place.

Elle s’en voulait. Et elle savait qu’à ce moment, elle aurait dû se lever et dire non, je veux qu’on continue le combat, car c’est ce que veulent mes Pokémons et c’est ce que je dois faire. Mais elle n’en fit rien.

Elle se contenta juste d’hocher piteusement la tête, alors que le Gardevoir réveiller ses deux petits Evolis qui s’étirèrent et regardèrent autour d’eux, comme si c’était la première fois qu’ils venaient ici. Ils se mirent alors à jouer, comme si rien ne s’était passé.

Quant à se poser les bonnes questions.

Comment reconnaitre les bonnes question ?

Des questions, elle s’en posait des tas. Et toutes avaient un sens, bien qu’elles n’eussent aucune réponse.

Camille planta ses yeux émeraude dans ceux d’Iris. Elle imagina le contact froid de la prothèse de son amie sur son bras plus qu’elle ne le sentit, à cause de ses épais vêtements.

Je suis désolée de t’avoir dérangé. Je devrai peut-être te laisser, tu as certainement du travail. C’est gentil d’avoir pris du temps pour moi. signa-t-elle dépitée.

Elle se sentait ingrate d’être venue pour un affrontement qu’elle avortait. Elle avait perdu le peu de confiance qu’elle avait en elle et qui l’avait poussé à s’entrainer pour le combat Pokémon.

« ... »

Je lâchai un long soupir avant de rire légèrement.

« Tu n'es pas possible. Tu crois que tu fais tout mal. Cette appréhension que tu as vis-à-vis des combats ne partira pas aujourd'hui, même avec les meilleurs efforts de nos deux côtés. Tu as besoin de réitérer l'expérience, de penser, réfléchir. J'ai tout le temps que tu voudras, je suis mon propre chef donc je n'ai pas d'horaire imposé. »

Je la regardai.

« Je refuse que tu quittes ces lieux, mes lieux plus précisément, triste. Donc tu vas me faire le plaisir de relever la tête, inverser ton sourire pour qu'il soit dans le bon sens et me dire que je t'ai aidée, même un tout petit peu, et que nous nous reverrons pour améliorer encore tout ça. »

Je souris alors fièrement, les bras croisés, attendant donc.

La déception de Camille laissa place à la stupéfaction. La remarque d’Iris sonnait tellement juste. Camille n’était pas possible. Quoi de plus vrai. Cette fille préférait parler avec les mains qu’utiliser sa voix. Elle avait une obsession sur les glaces et pouvait en manger en toute circonstance. Peu de chose trouver grâce à ses yeux et quand c’était le cas, elle ne pouvait se l’enlever de la tête. Et depuis quelques temps, elle se retrouvait parfois à marcher dans la rue et avoir dans la poche ou les mains des objets qui ne lui appartenaient pas sans savoir comment elle se les était procurée.

Elle regarda Iris avec des yeux de Magicarpe, essayant de chasser les nuages noirs de son esprit en vain. Malgré l’ordre de son amie, il était impossible pour elle de retrouver le sourire.

Je suis désolée. Signa-t-elle en baissant la tête.

Encore une fois. Ce n’était pas vraiment sa faute. C’était un réflexe. Iris était tellement gentille et patiente alors que Camille se sentait ingrate et exigeante. Elle arrivait à l’improviste bien trop souvent même si c’était pour une visite de courtoisie.

Tu m’as aidée. Tu m’aides tout le temps. Mais moi pas. Désolée.

Je ris légèrement.

« Arrête de tout le temps t'excuser. Je suis sûre que tu me l'as davantage dit à moi seule que dans toute ta vie. »

Je haussai les épaules avant de secouer les mains.

« Arrête ! Tu m'aides aussi, tu me fais souvent compagnie, comme ça je ne suis pas que dans ma bulle et ma pension. Ça m'aide réellement alors merci. Je m'excuse d'être égoïste pour t'utiliser à cette fin. »

Dis-je en m'inclinant dans ma fauteuil roulant, voulant inverser les rôles pour voir sa réaction.

La blague d’Iris n’était pas tout à fait exacte. Camille n’avait pas l’habitude de s’excuser parce qu’en général, les gens ne comprenaient pas ses signes. Mais elle avait l’habitude de baisser la tête, contrite. Elle s’était rarement fait gronder, mais chaque remarque, petit reproche, même destiner à quelqu’un d’autre lui faisait courber la tête. Ce n’était pas le cas de Neopolitan, sa personnalité de magicienne. Elle avait réussi, via cette identité, à être plus sûre d’elle, plus convaincante et convaincue, plus prétentieuse. Plus forte en quelques sorte. Meilleure certainement.

Elle pencha la tête, perplexe.

Tu n’es pas égoïste, je ne connais personne d’aussi peu égoïste que toi. La preuve, c’est vers toi que je me suis tournée pour avoir des conseils et c’est toi qui me les donnes sans hésiter. Alors que peut-être tu faisais quelque chose d’autres et que tu n’en avais pas envie.

Camille était mal à l’aise. La situation était trop étrange pour elle.

Je te remercie pour tes conseils. Je vais essayer de réfléchir. Peut-être qu’on reviendra pour t’affronter. Mais pas maintenant. Je ne suis pas prête, même si eux oui. [/b]

« Très bien, merci. »

Je me redressai vivement et de manière plus correcte avant de voir mes pokémons partir à cette annonce.

« Sur ce, bonne journée et n'hésite pas à revenir quand tu veux. Je t'attends avec plaisir. »

Je fis une petite révérence avant de m'approcher pour lui faire signe de se baisser et lui faire la bise puis de rejoindre mes pokémons.

Camille ne pouvait que hocher la tête. Elle aurait bien aimé rester plus longtemps, mais elle n’aurait pensé qu’au combat et elle aurait certainement ennuyé Iris avec des questions, qui reviendrait sans cesse sur le même sujet, avec toujours et encore ce manque de confiance et ses inquiétudes. Le mieux tait qu’elle s’en aille, et qu’elle laisse Iris à son travail.

Elle se penchant pour embrasser son amie.

A très vite. Je viendrai plus souvent. Promis. Et juste pour le plaisir de te voir.

C’était une vraie promesse. Celui d’essayer de faire le trajet jusqu’à Windoria pour venir voir son amie. Ce n’était pas difficile normalement. Elle pouvait répéter partout après tout.