Spoiler:

Passionnée de mode, déterminée à devenir styliste et coordinatrice de renommée mondiale, Katinka épluchait les publicités, les sorties de collection avec attention. Et cette fois, celle de SpritzeeRoma se faisait attendre. C'était toujours celle que l'adolescente scrutait avec le plus d'attention. Et enfin, elle était là. Là, sur ce panneau d'affichage d'arrêt de bus. L'adolescente s'était précipitée, poussant quelque peu les personnes alentours pour mieux voir puis s'était arrêtée net en fronçant les sourcils.

Un bus était passé, puis un deuxième à quelques minutes d’intervalle. Heureusement, elle n'en avait pas à prendre. Il y avait un truc qui clochait, dans cette affiche, mais quoi? Et puis d'un coup, ça avait fait tilt: c'était la même que l'année dernière, à quelques différences près. Mais clairement, il y avait un manque flagrant d'idées nouvelles. Quel gâchis! Quelle déception! La gamine fronça les sourcils. Ils avaient fait quoi, les créateurs? Grève? C'était vraiment n'importe quoi. Heureusement, elle avait rendez-vous avec son amie Maya et elles allaient pouvoir discuter de ça, car c'était à n'en pas douter le premier truc que dirait la blonde à l'idole.

De fait...

"Maya, t'as vu l'affiche de la nouvelle collection de SpritzeeRoma?" demanda-t-elle à celle-ci avant même de la saluer. "Ils ont copié collé celle de l'année dernière! REGARDE!" ajouta-t-elle en en pointant une autre du doigt. "Même un enfant de cinq ans ferait mieux!"

C'était Maya qui avait fait gaffe au message, en bas de l'affiche. "Allons-y! Avec mes dessins, et toi en mannequin, ça peut marcher!" l'adolescente y voyait, clairement, la possibilité de sortir de son quotidien. Malgré ses demandes et ses notes, et l'accord de son frère, elle n'avait pas encore obtenu de faire un stage pratique auprès de Maya et de son agent - le directeur de son lycée avait demandé à ses parents....... - Toutes les possibilités de leur forcer la main étaient donc bonnes à prendre.

Aussitôt dit, aussitôt fait, les demoiselles avaient pris la route pour Artestia en bus. L'adolescente n'avait même pas pris le temps de présenter à son amie sa nouvelle compagne, Ulka qui voletait discrètement derrière elle, restant cachée des yeux de Maya et de ses pokemon pour l'instant. La petite étoile filante restait pour l'heure assez timide et Katinka était bien décidée à attendre qu'elle soit suffisamment à l'aise pour la présenter pour de vrai. Elle savait, de toute façon, que celle-ci n'irait pas loin. C'était juste qu'elle était insaisissable, et qu'elle ne se laisserait voir que lorsqu'elle l'aurait décidé, en bon pokemon spectre qu'elle était. Macha avait de toute façon sa copine de toujours avec qui discuter: Magic.

Assises dans le bus, la blonde avait pu expliquer à Maya pourquoi elle n'était pas encore en stage. "Mes parents se sont opposés à cette expérience. Premièrement, pour eux, il faut que je termine l'année scolaire normalement, même si je n'apprends plus rien. Ensuite, ça leur permet de toujours savoir où je suis. Enfin, ils considèrent que la mode, la coordination, le stylisme, c'est de la pacotille et juste une lubie. Que je ne pourrai pas vivre de ça. Il vaudrait mieux que je fasse autre chose. Par exemple: des langues, ou médecine, ou... Bref. Un "métier d'avenir"...." dit-elle en exagérant certains mots et en mimant des guillemets sur le métier d'avenir. "Autant dire que j'ai hâte de pouvoir leur prouver le contraire. Si je peux présenter mes modèles à la compagnie, s'ils les intéressent, je pourrai alors leur faire un sacré pied de nez. Et je te jure que je plaquerai le lycée et tout le reste. Ca leur ferait déjà deux enfants qui vont à l'encontre de leurs souhaits. De toute façon, ils ne s'intéressent pas à nous. Donc, qu'est-ce que cela peut leur faire que nous suivions leurs directives?" Colère, la môme? Oui, tellement.

Discuter avec Maya de ce projet pour SpritzeeRoma le temps du trajet avait tout de même fini par la calmer - de même que l'insistance de Magic. Ce fut à l'arrivée que l'adolescente put enfin présenter Ulka à son amie de toujours et accompagnées de son éternel chapeau, de sa Feuforêve et de sa Feunnec - le Pifeuil était dans sa pokeball - les deux filles descendirent du bus pour se rendre devant le bâtiment. Son coeur s'accéléra et elle ne put que se féliciter de toujours avoir sur elle un carnet avec des croquis de tenues qu'elle avait dessinées. L'envie de se saisir de tissus, de ciseaux et d'une machine à coudre était vive et elle n'avait qu'une hâte, montrer ce qu'elle valait. "Nous avons vu sur l'affiche que vous recherchiez des talents..."

Katinka préféra ne pas répondre. Concernant les métiers prestigieux, son frère en avait déjà fait les frais. Elle, en tout cas, elle savait qu'elle ne ferait même pas semblant de suivre les consignes de leurs parents, bien au contraire. Si elle pouvait, dès maintenant, leur faire comprendre qu'elle ne ferait que ce qu'elle voulait, ce serait parfait. Et là, début de mars, c'était bel et bien ce qu'elle comptait faire. Les examens de fin d'année allaient bientôt arriver, et elle n'aurait plus de comptes à rendre à ses parents. Faux, elle n'était pas encore majeure. Mais c'était tout comme pour la demoiselle, dans sa tête en tout cas. Elle comptait bien, d'ailleurs, multiplier les opportunités aussi bien pour les concours pokemon que pour le stylisme. Tout serait bon à prendre, mais alors, vraiment tout, hein!

Ulka se rengorgea un peu, faisant la fière au compliment de Maya et se laissa un peu mieux admirer par celle-ci. Elle aimait ça, et c'était un point que Katinka avait remarqué chez elle dès sa capture. Tant mieux. La jeune fille espérait d'ailleurs qu'elle ferait une bonne équipe avec Magic. C'était important pour elle. Zorro avait déjà fait équipe avec Eternal, et ça ne s'était pas trop mal passé. Maintenant, elle voulait voir sa petite psy travailler avec la spectre. De son point de vue, cela pourrait faire un très joli mélange, pour les concours. Enfin... Elle n'en était pas à les faire concourir ensemble, pour l'instant. Déjà, il lui fallait faire ses preuves en tant que styliste. "Merci pour elle, je crois qu'elle apprécie le compliment"

Elles arrivèrent bientôt au bâtiment dans lequel se trouvait SpritzeeRoma dont le nom était vraiment à coucher dehors et elle exposa rapidement le pourquoi de leur présence ici à la gravure de mode de l'accueil. S'il était beau, il était un peu jeune pour l'adolescente, et le sourire qu'elle lui rendit était loin d'être aussi charmeur que s'il avait été plus proche de la trentaine. Mais bon. Elle n'était pas là pour le séduire, mais bel et bien pour montrer son travail en vue de la prochaine campagne mode. "Non, nous n'avons pas rendez-vous. Nous avons vu l'affiche sur les panneaux de bus, et ce qui était marqué dessus. Et nous voilà." Au culot, oui, oui, parfaitement. Parce que quand Katinka avait décidé quelque chose, elle ne laissait le temps à personne de lui faire revenir sur sa décision. Surtout lorsque cela concernait ses rêves. Si elle se mettait à tergiverser, cela voulait dire qu'elle n'avait pas vraiment envie de faire les choses. Là, elle était déterminée. D'ailleurs, lorsqu'il se mit à expliquer ladite procédure, l'adolescente croisa les bras autant que possible en tenant son carnet à croquis, pour, de l'autre main, tapoter élégamment sur son bras. C'était ça ou regarder sa manucure, en même temps. Elle avait choisi le plus discret.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent alors pour céder le passage à nulle autre que Madame Edna dont le visage n'était pas inconnu pour la jeune fille qui suivait beaucoup l'actualité de la mode. "C'est Madame Edna!" souffla-t-elle à l'oreille de son amie pour que seule celle-ci puisse l'entendre.

Intimidée, elle avait laissé la femme prendre son calepin et la regardait griffonner dedans, commentant ses créations, à la fois fière que son travail mérite que la styliste s'attarde dessus et contrariée énervée, agacée de la voir retoucher certaines choses. Ca avait un petit côté humiliant quand même, il fallait bien l'avouer. Mais elle laissait faire, parce que c'était Madame Edna, et qu'elle sentait Magic lui envoyer tout le calme possible. Sa petite Bibichut faisait des efforts, il fallait qu'elle en fasse, elle aussi. Sinon, elle ne ferait que donner raison à ses parents. Alors elle serrait le poing, attendant le verdict final, le coeur battant à tout rompre. Son avenir dépendait de ce que dirait Madame Edna. Elle n'avait pas le droit d'intervenir avant, malgré son caractère emporté.

Si elle était redescendue de son nuage dans l'ascenseur, elle avait gardé le silence parce qu'au moins, elle n'avait pas subi un rejet en bonne et due forme. Elle avait encore une chance de pouvoir épater la dirigeante de SpritzeeRoma avec ses capacités de compréhension et de réalisation. Bon... Déjà, ne pas être envoyée bouler, ce serait pas mal. "Je veux ça. Tu peux me faire ça ? Utilise tout ce dont tu as besoin ici. Si tu veux de l’aide, demande à Valéria, c’est la grande blonde là-bas. Si elle est occupée, il y a Arthur, Daphné, Paul ou Fabrice qui pourront vous aider. Pour le reste…" "Bien sûr que j'en suis capable!" répondit-elle lorsque la femme en face d'elles lui montra un de ses dessins modifiés. A dire vrai, Katinka avait à peine jeté un regard à ce que la femme avait choisi. Elle avait répondu avant, s'emportant comme elle pouvait si souvent le faire. C'était juste qu'elle voulait à tout prix faire ses preuves et montrer ce qu'elle pouvait faire.

Elle jeta, d'ailleurs, un regard un peu méprisant aux petites mains de Madame Edna. Si elle était là aujourd'hui, c'était parce qu'ils n'avaient pas su renouveler la collection. Après, peut-être étaient-ils capables de suivre des ordres? Accepteraient-ils seulement de suivre les siens alors qu'elle n'avait que dix-sept ans? Difficile à dire. Mais il faudrait tenter. "Je m'appelle Katinka Solomon. Et voici Maya Wayne." Elle ne l'avait pas présentée sous son alias, car aujourd'hui, il n'y avait nulle trace de Melody. La femme était à peine partie que, déjà, Katinka se mettait au travail.

"Valéria? Où sont les ciseaux de couture? Les fils de couleur et..." Elle demanda un certain nombre de fournitures, allant du tissus, aux canettes à glisser dans la machine à coudre avec le fil, en passant par le papier de soie pour faire les patrons. Elle travaillait vite, bien, mettant Maya à contribution pour couper le tissus d'après les patrons qu'elle avait réalisés. Moins d'une heure après, l'adolescente posait la tenue sur le mannequin qui était installé près de sa table de travail avant d'essuyer la sueur sur son front d'un revers de bras. "Tu en penses quoi, Maya? "

Ils l'aidaient, oui, certes, mais parfois, Katinka avait la sensation qu'ils lui mettaient des bâtons dans les roues. Changement de tissus, changement de couleur... Au bout d'un moment, ça l'avait agacée, la blondinette et sans la présence de Maya à ses côtés pour la calmer, elle aurait sans doute fini par les envoyer bouler parce que ces revirements incessants l'énervaient et elle avait le sentiment de ne plus avancer. Heureusement, Maya la tempérait, arguant qu'ils ne faisaient que l'aider. Oui, bon. Peut-être. Mais quand même. Ils pouvaient se fixer sur quelque chose, à un moment. Non? Apparemment.... Pas. Du moins, pas tout de suite.

Et au final, lorsque Katinka estima avoir enfin terminé, elle demanda son avis à Maya. Celle-ci décida de jouer les mannequins et lui annonça les endroits où il fallait reprendre un peu. Heureusement, la blonde gardait toujours un peu de marge pour le cas où il faudrait agrandir. Pour rétrécir, ce n'était jamais un gros soucis. Elle suivit donc les consignes de son amie pour que la tenue se pose sur elle un peu comme une seconde beau, juste au moment où Madame Edna revenait dans la pièce pour voir le résultat fini.

Immature... Immature???? Katinka se mordit la langue pour ne pas répondre - et donner raison à Madame Edna - au point qu'un goût ferreux envahit sa bouche. Merde... Elle y était allée un peu fort. Elle jeta un coup d'oeil à Maya, l'appelant à l'aide pour l'empêcher de dire quelque chose qu'elle regretterait. Maya qui avait accepté de porter une tenue qui ne convenait ni à son style ni à celui de Melody pour l'aider. Que demander de plus? Que mon travail ne soit pas considéré comme immature. Parce que oui, l'adolescente le prenait au premier sens du terme. Pas au sens de prometteur. Peut-être parce que ses parents avaient toujours considéré son goût pour la mode comme une perte de temps, pas comme quelque chose de sérieux. Par ses propos, Madame Edna venait de la rabaisser à ses pires craintes alors même qu'il s'agissait d'un encouragement de sa part. Katinka avait l'impression d'avoir été renvoyée dans ses pénates, que ce qu'elle avait fait était passable mais sans plus. Immature? Mais c'est toujours mieux que ce qu'on pondu vos petites mains pour cette année! songea-t-elle sans oser le dire à voix haute. Peut-être un peu à cause de Magic qu'elle sentait tenter de lui envoyer des ondes de calme pour l'empêcher d'exploser littéralement.

Sans se rendre compte de rien, Edna continua, arguant qu'elle gardait la tenue mais pas sa créatrice. L'adolescente, au lieu de se sentir flattée, le prit comme une gifle. Comme si cela donnait raison à ses parents. Le reste ne montait pas à son cerveau.

"Si tu le dis." répondit-elle à son amie et presque soeur. La vérité, c'était que l'adolescente était vexée comme un pou, pour l'instant. Plus tard, elle songerait qu'elle avait réussi, qu'une de ses créations allait être vendue dans les magasins. Pour l'instant, elle se sentait congédiée comme une malpropre, et elle le vivait assez mal, en fait. Clairement, heureusement que Maya était là pour la garder sur terre, sans quoi elle aurait été capable de récupérer ce qu'elle venait de faire et de partir avec en claquant la porte, grillant toutes ses chances de pouvoir percer un jour dans le métier, ce qui aurait été parfaitement dommage.

La lycéenne suivit donc bien sagement les consignes de l'idole pour prendre les photos et aller signer les contrats. C'était une petite victoire, mais c'était déjà une victoire quand même. Et, alors qu'elles s'éloignaient dans la rue, la blondinette commençait à réaliser ce qu'il venait de se passer, et le fait qu'elle avait réussi à vendre une première création à une grande marque de mode, même si. Elle aurait préféré signer un vrai contrat avec eux, un contrat qui signifiait qu'elle travaillait pour eux. Vraiment? En tout cas, pour un temps. Le temps de faire ses armes. Ca viendrait et, surtout: "Je lui montrerai que je peux faire bien mieux que ça. Que je peux moi aussi créer ma marque de vêtements, et qu'elle aura plus de succès que la sienne." dit-elle à son amie, bien décidée à voir ce rêve se réaliser. Ce n'était que le premier pas, finalement.