Dans la salle de Théâtre, l’ambiance était au travail pour presque tout le monde. Il s’agissait d’une petite salle, dans un théâtre un peu caché. Il n’avait pas une grande renommée, mais faisait souvent salle comble, ce qui n’était pas étonnant puisqu’il était vraiment petit. Il vivait de petites pièces, de petits concerts et servait bien souvent de première scène pour les troupes de théâtres en formation. Cette salle sans prétention ne pouvait même pas se vanter d’avoir de beaux décors ni des fauteuils confortables. La technique n’était pas non plus très poussée bien que les techniciens y soient très compétents.
Alors que pouvait bien faire Camille Gutenberg, connu sous le nom de Néopolitan, la magicienne et Miss Lumiris ? Rien d’incroyable si ce n’était préparé un spectacle. Rien de spéciale pour une magicienne, mais on pourrait être surpris de la voir choisir une si petite salle, alors qu’elle pouvait remplir sans problème des salles bien plus vastes. La réponse tenait en un mot : tremplin. Elle voulait d’abord essayer son spectacle dans une petite salle, avec peu de personnes pour voir comment il sera accueilli. C’était chose assez courante de faire des essais dans de petites salles avant de faire de grandes tournées. Les places du théâtre n’étaient alors pas plus chères et les habitués pouvait découvrir une personne connue sur scène. Le théâtre recevait un peu de notoriété et Camille de la discrétion.
Mais pour le moment, la magicienne était assise, les genoux remontés sous son menton, les bras entourant ses jambes, sur un des sièges du troisième rang du parterre. Elle n’était pas en crise existentielle, loin de là, elle était juste pensive. On montait un projecteur particulier pour elle. Elle attendait juste de voir ce qu’il donnait tout en essayant de chasser de son esprit les dégâts que pouvaient perpétrer ses Pokémons qui s’étaient éparpillés dans les coulisses. Chose qu’elle arrivait parfaitement à faire, fuir les problèmes.
Dans la pénombre donc de la salle, elle attendait qu’on allume le projecteur qu’elle avait fait venir, en boule sur son siège, perdu dans ses pensées jusqu’à ce qu’une silhouette se place timidement à ses côtés, avant de prendre la parole.
Mademoiselle Gutenberg ? Dit une voix grave mais douce près d’elle.
La magicienne sursauta en dépliant ses jambes de surprises, ses pieds cognant le siège de devant. Elle essaye de se lever, mais n’arrive qu’à se prendre la hanche dans l’accoudoir et se rattrape en posant la main sur le siège d’à côté, visant basculer l’assise vers le bas et provoquant son affalement sur les deux sièges.
Je suis désolé mademoiselle. Je ne voulais pas vous faire peur. Vous allez bien ?
Camille porta sa main à son cœur pour marquer sa peur et sa surprise. Elle dévisage alors l’homme. Il a un regard doux et une petite barbe naissante au menton et autour de la bouche. Ses cheveux sont très longs et bien soignés. Il est habillé de noir, avec un bracelet à clou et style plutôt sombre. Il était accompagné de trois autres personnes, une femme magnifique, au regard profond et assombri par le maquillage, les cheveux courts ébouriffés avec subtilité, un homme au regard blasé et un t-shirt sans manche révélant de puissants bras musclés et un troisième homme, dans des vêtements bien trop ample pour lui.
Vous allez bien ? Encore désolé. Insista-t-il.
La magicienne lui répondit d’un hochement de tête et l’homme lui sourit.
Désolé de vous avoir fait peur et de vous déranger. Vous devez être très occupé et nous ne vous avons pas contacté plus tôt, mais… c’est assez délicat. C’est même carrément, comment dire ça correctement.
Mais demande-lui ! C’est pas si difficile que ça. Intervint l’homme au t-shirt sans manche.
Mais On peut éviter de se comporter comme des grosses brutes pour une fois. [/b]
La jeune femme poussa un râle agacé.
Mais vous êtes des grosses brutes. Bouge de là, je m’ne occupe. Désolé pour tout cette discussion débile. Bien. Je me présente, je suis Nina et nous sommes un groupe de musique. Récemment, une de nos membres est parties.
Elle nous a carrément plantés comme des merdes pour faire son truc dans son coin, cette sale p…
C’est moi ou c’est toi qui parle ? Bien, maintenant te fermes ta gueule. Ils sont pas possible ajouta-t-elle pour Camille. Bref, on est en galère. Et puis, on vous a vu à l’élection de Miss Lumiris. Votre démonstration de vielle a roue, c’était de la bombe. Un truc qui déchire. Et voilà, bah, notre joueuse étant partie, on en trouve pas d’autres. Tu vois où je veux en venir ? Alors, oui, je sais, on est personne, et là, on débarque sans prévenir pour te demander de rejoindre notre groupe mais on se dit qui ne tente rien à rien. Bien. Dit-elle en se retournant vers le reste de son groupe. On lui a demandé, elle a dit non. Maintenant on va pouvoir se barrer avant d’être encore plus ridicule.
Camille les regarda avec stupeur et se redressa. Elle attrapa la femme avant qu’elle ne reparte et rejoigne ses amis et lui fit signe d’attendre le temps de prendre son téléphone.
Nan. Ne t’en fait pas pour ça. On sait bien que tu parles pas mais je comprends la langue des signes. Elle laissa planait un petit un silence juste après. Mon petit frère est sourd. Ajoute-t-elle comme pour s’excuser.
Camille reste un moment incrédule et comme par signer.
Bonjour. Je ne suis pas sûre d’avoir compris. Vous voulez qu’on fasse un groupe ensemble ?
Pas vraiment, on a déjà un groupe. On cherche juste une vielle à roue et quelqu’un pour en jouer. Et notre chef a cru que ça pourrait t’intéresser.
Malgré son air désabusé, Camille put sentir une étincelle d’espoir dans le regard de la femme. Le visage de la magicienne s’illumina d’un immense sourire.
Vous me proposez de rejoindre un groupe de musique pour faire de la vielle à roue et tu parles la langue des signes ? Oui. Je veux vous rejoindre.
Elle s’était levée sous l’excitation. Elle n’avait jamais fait partie d’un groupe de musique, le violon et le gurdy n’étant pas des instruments que ses amis aimaient intégrer dans leur musique. Et là, on lui offrait la possibilité de le faire, avec quelqu’un qui pourra la comprendre.
Son interlocutrice ouvrit de grands de surprise.
Elle dit quoi ?
Qu’elle est d’accord. T’es sûre ? Tu ne sais même pas quel genre de musique on joue.
La remarque était pertinente et Camille s’empressa de lui demander. On présenta un disque à Camille, leur seul album. C’était un groupe assez jeune, et ils avaient du mal à se produire et à écrire leur chanson. C’était l’homme avec les vêtements trop grands qui composer mais il manquait d’assurance.
Camille allait prendre le CD lorsque la femme poussa un râle d’agacement. Elle sortit son téléphone et mit le son d’une chanson qu’elle avait sur son téléphone. La musique était violente, avec une basse puissante et des percussions aussi rapides et énergiques qu’un troupeau de Tauros au galop. Puis la chanteuse alternait entre un chant guttural à la voix rauque et cassante et une mélodie chantée avec une voix d’ange.
Camille ne savait pas si elle aimait la musique ou non, mais elle décida qu’elle voulait faire partie du groupe. Alors elle déclara appréciait la musique et avoir vraiment envie de faire partie du groupe. En dehors du type en marcel, ils la regardèrent avec stupéfaction avant de se ressaisir et de se présenter chacun leur tour. Ils discutèrent encore un peu lorsqu’un technicien vint annoncer que tout était prêt pour le teste. Le groupe quitta Camille après avoir pris son numéro.
La magicienne reçut rapidement un message avec un lieu et une heure de rendez-vous.
Le jour dû, Camille se présenta dans un parc, et marcha jusqu’au kiosque, son instrument rangé dans sa boite, sur son dos. Elle arriva sur les lieux et regarda autour d’elle avec perplexité. Elle vérifia leur et vit qu’elle était à l’heure. Mais elle ne voyait personne et ne comprenait pas pourquoi ils avaient choisi ce lieu de rendez-vous plutôt qu’un autre. Où allaient-ils mettre leurs instruments ? Est-ce qu’ils allaient la conduire ailleurs après ? Et plus important encore, où étaient-ils ?
Il y eut un puissant grincement de porte métallique. Il fit sursauter Camille dont le regard se riva vers la source du bruit. Elle n’avait vu le petit escalier qui mener à un sous-Kioske. Là, venait d’apparaitre le chevelu, celui qui s’appeler Kodi. Il l’accueillit chaleureusement, et l’invita à l’intérieur. Ce que découvrit Camille était exactement l’imge qu’elle se faisait d’un bunker. Mur gris à nu, une faible lumière extérieure entrant par de petites fenêtres le long du plafond. Plafond qui était d’ailleurs bien bas et menaçant, tout comme l’autre source de lumière, un tube halogène accroché au mur.
Le groupe était déjà présent et installé prêt à répéter. Le garçon au marcel, qui répondait au nom de Philippe, mais lui préférait le surnom de Dick, était installé derrière la batterie et jaugeait d’un air sévère Camille. Elle crut un instant être en retard, mais elle se savait en avance. Elle se demandait s’il était toujours aussi ronchon. Le dernier membre masculin, Mathieu, était concentré sur sa basse, faisant des essais acoustiques, et ne prêtant aucune attention à l’arrivée de Camille. Finalement, Camille fut accueilli d’un câlin par Jenny, la seule autre fille. La magicienne fut surprise de cet élan d’affection. Elle avait bien compris que la jeune femme ne s’appelait pas vraiment Jenny, mais elle ne la connaissait pas assez pour lui poser plus de question. Elle et Kodi étaient les deux guitaristes et chanteurs du groupe.
On lui indiqua sa place et après quelques conseils aux uns et aux autres, Kodi annonça le morceau qu’ils allaient travailler. Camille avait eu les partitions la veille, et peu de temps pour répéter, mais l’envie de faire bonne impression lui avait tant pris le cœur, qu’elle avait travaillé longuement les morceaux jusqu’à tard dans la nuit, au point de recevoir des regard sévère le lendemain matin, de la part des voisins qu’elle a croisé.
Après l’introduction de la batterie et de la basse, Camille joua sa partie. Elle essaya de s’accrocher et de ne pas perdre le rythme. Elle était concentrée, ne quittant pas sa partition des yeux, gardant le rythme en tapant du pied discrètement. Cependant, plus le morceau avançait, plus il était difficile pour elle de suivre la musique tant le son était fort. La voix de Jenny était à la fois stridente et mélodique, alternant entre les deux tons avec rapidité. Camille faisait des efforts pour ne pas prêter attention au chant, mettant tout son esprit dans ses mains et son doigté. Une migraine commençait aussi à poindre tant la balance des sons était terrible. Chaque coup de batterie lui faisait vibrer les os, la basse faisait trembler ses organes. Quant aux rifts de guitare, il lui donnait le tournis. Mais elle s’accrochait jusqu’à la fin du morceau. La musique résonna un bref moment dans l’air, dans un moment suspendu. Camille essaya de perdre son impression de vertige.
Bon, bah c’était pas ouf. Lâcha Jenny d’un ton acerbe. Vous vous êtes endormi sur vos instruments ? C’était mou tout ça.
Camille trouva au contraire qu’il y avait un peu trop d’intensité dans le morceau et elle aurait bien voulu sortir prendre l’air après ce dur moment.
J’avoue avoir un peu perdu le rythme un moment. S’expliqua Kodi.
Mais c’est pas toi. C’est l’autre, là. Elle joue avec un balai dans le cul. Cracha Dick en montra Camille d’une baguette.
La magicienne rentra la tête dans son cou, comme si elle voulait se faire toute petite et disparaitre. Elle qui était si sûre d’elle sur scène semblait si timide et mal à l’aise. Il était difficile de voir en elle une magicienne célèbre et Miss Lumiris depuis peu. On aurait dit une débutante en train d’être gronder par ses professeurs.
Pête un coup mec. T’es pas obligé d’être sur son dos tout le temps. Ou de te comporter comme un connard en permanence. Vint au secours de Camille, Jenny. Mais il a pas tort tout de même. C’est trop rigide. On a l’impression de jouer avec un enregistrement. Tu peux pas faire un effort pour ça ?
La remarque fit baisser les yeux à Camille avant qu’elle les redresse. Elle fit un oui déterminé ce qui sembla suffire à l’autre femme. Kodi lui fit un clin d’œil confiant alors qu’ils allaient recommencer, alors que de son côté, Mathieu semblait absorber par son instrument et son doigté. Le jeune homme était très renfermé sur lui-même, en toute circonstance.
Le signal reparti et Camille reprit son chant, en essayant de suivre le rythme, de se détendre, de se laisser porter. Mais il y avait trop de bruit, trop de son et un mal de crâne pointait sous son front.
Stop ! C’est encore pire qu’avant. Camille t’es plus en rythme. Essaye de suivre et d’écouter.
Les yeux de Jenny lançaient des éclairs et Camille sentait le regard de Dick dans son dos. Il y a encore un an, elle se serait écrasée en s’excusant, mais aujourd’hui, quelque chose se révoltant en elle. Peut-être sa prestation au concours miss avait ouvert quelque chose chez elle. En tout cas, elle se redressa et défia du regard Jenny.
C’est pas facile. Y a trop de bruits. Signa-t-elle en faisant un pas en avant par défi.
Cela ne sembla pas plaire à Jenny qui se rapprocha aussi. La jeune femme faisait une demi-tête de plus que Camille si bien qu’elle du lever la tête pour affronter le regard de la chanteuse. Elles se toisèrent un bref moment.
Pourquoi tu l’as pas dit avant. On a tous des bouchons d’oreille. Sinon on deviendrait sourd à force de jouer comme ça. Surtout avec Dick qui frappe comme un Tauros sur sa batterie.
L’intéressé répondit d’un doigt d’honneur. Jenny, se retourna et fouilla dans son sac et jeta une petite boite à Camille qui eut du mal à la rattraper. La magicienne remit ses bouchons d’oreille, ce qui ne l’empêcha pas d’entendre Kodi donner le départ pour la troisième reprise. La musique était si forte quelle passait à travers la protection. Toutefois, c’était bien plus supportable et Camille trouva la mélodie que la basse jouait, ainsi que le rythme. Elle se laissa aller au rythme de la musique et se lança à son tour dans le morceau, accélérant et ralentissant avec la basse, saccadant ses tours avec les coups de butoir de la batterie, tenant la note avec les chanteurs.
Le groupe déroula l’intégralité de la musique, et finit avec un éclat. Jenny poussa un cri de joie brute, et Kodi un hurlement de Lougaroc. Camille sentait l’euphorie monter en elle aussi. Elle vit Jenny lui faire un sourire sincère et elle osa un regard derrière elle. Dick ne la fusillait plus du regard avec autant de méfiance qu’avant, bien qu’on ne pût pas dire qu’il l’acceptait dans le groupe. Mais il tolérait son existence.
On continue ? Proposa Kodi.
Alors que pouvait bien faire Camille Gutenberg, connu sous le nom de Néopolitan, la magicienne et Miss Lumiris ? Rien d’incroyable si ce n’était préparé un spectacle. Rien de spéciale pour une magicienne, mais on pourrait être surpris de la voir choisir une si petite salle, alors qu’elle pouvait remplir sans problème des salles bien plus vastes. La réponse tenait en un mot : tremplin. Elle voulait d’abord essayer son spectacle dans une petite salle, avec peu de personnes pour voir comment il sera accueilli. C’était chose assez courante de faire des essais dans de petites salles avant de faire de grandes tournées. Les places du théâtre n’étaient alors pas plus chères et les habitués pouvait découvrir une personne connue sur scène. Le théâtre recevait un peu de notoriété et Camille de la discrétion.
Mais pour le moment, la magicienne était assise, les genoux remontés sous son menton, les bras entourant ses jambes, sur un des sièges du troisième rang du parterre. Elle n’était pas en crise existentielle, loin de là, elle était juste pensive. On montait un projecteur particulier pour elle. Elle attendait juste de voir ce qu’il donnait tout en essayant de chasser de son esprit les dégâts que pouvaient perpétrer ses Pokémons qui s’étaient éparpillés dans les coulisses. Chose qu’elle arrivait parfaitement à faire, fuir les problèmes.
Dans la pénombre donc de la salle, elle attendait qu’on allume le projecteur qu’elle avait fait venir, en boule sur son siège, perdu dans ses pensées jusqu’à ce qu’une silhouette se place timidement à ses côtés, avant de prendre la parole.
Mademoiselle Gutenberg ? Dit une voix grave mais douce près d’elle.
La magicienne sursauta en dépliant ses jambes de surprises, ses pieds cognant le siège de devant. Elle essaye de se lever, mais n’arrive qu’à se prendre la hanche dans l’accoudoir et se rattrape en posant la main sur le siège d’à côté, visant basculer l’assise vers le bas et provoquant son affalement sur les deux sièges.
Je suis désolé mademoiselle. Je ne voulais pas vous faire peur. Vous allez bien ?
Camille porta sa main à son cœur pour marquer sa peur et sa surprise. Elle dévisage alors l’homme. Il a un regard doux et une petite barbe naissante au menton et autour de la bouche. Ses cheveux sont très longs et bien soignés. Il est habillé de noir, avec un bracelet à clou et style plutôt sombre. Il était accompagné de trois autres personnes, une femme magnifique, au regard profond et assombri par le maquillage, les cheveux courts ébouriffés avec subtilité, un homme au regard blasé et un t-shirt sans manche révélant de puissants bras musclés et un troisième homme, dans des vêtements bien trop ample pour lui.
Vous allez bien ? Encore désolé. Insista-t-il.
La magicienne lui répondit d’un hochement de tête et l’homme lui sourit.
Désolé de vous avoir fait peur et de vous déranger. Vous devez être très occupé et nous ne vous avons pas contacté plus tôt, mais… c’est assez délicat. C’est même carrément, comment dire ça correctement.
Mais demande-lui ! C’est pas si difficile que ça. Intervint l’homme au t-shirt sans manche.
Mais On peut éviter de se comporter comme des grosses brutes pour une fois. [/b]
La jeune femme poussa un râle agacé.
Mais vous êtes des grosses brutes. Bouge de là, je m’ne occupe. Désolé pour tout cette discussion débile. Bien. Je me présente, je suis Nina et nous sommes un groupe de musique. Récemment, une de nos membres est parties.
Elle nous a carrément plantés comme des merdes pour faire son truc dans son coin, cette sale p…
C’est moi ou c’est toi qui parle ? Bien, maintenant te fermes ta gueule. Ils sont pas possible ajouta-t-elle pour Camille. Bref, on est en galère. Et puis, on vous a vu à l’élection de Miss Lumiris. Votre démonstration de vielle a roue, c’était de la bombe. Un truc qui déchire. Et voilà, bah, notre joueuse étant partie, on en trouve pas d’autres. Tu vois où je veux en venir ? Alors, oui, je sais, on est personne, et là, on débarque sans prévenir pour te demander de rejoindre notre groupe mais on se dit qui ne tente rien à rien. Bien. Dit-elle en se retournant vers le reste de son groupe. On lui a demandé, elle a dit non. Maintenant on va pouvoir se barrer avant d’être encore plus ridicule.
Camille les regarda avec stupeur et se redressa. Elle attrapa la femme avant qu’elle ne reparte et rejoigne ses amis et lui fit signe d’attendre le temps de prendre son téléphone.
Nan. Ne t’en fait pas pour ça. On sait bien que tu parles pas mais je comprends la langue des signes. Elle laissa planait un petit un silence juste après. Mon petit frère est sourd. Ajoute-t-elle comme pour s’excuser.
Camille reste un moment incrédule et comme par signer.
Bonjour. Je ne suis pas sûre d’avoir compris. Vous voulez qu’on fasse un groupe ensemble ?
Pas vraiment, on a déjà un groupe. On cherche juste une vielle à roue et quelqu’un pour en jouer. Et notre chef a cru que ça pourrait t’intéresser.
Malgré son air désabusé, Camille put sentir une étincelle d’espoir dans le regard de la femme. Le visage de la magicienne s’illumina d’un immense sourire.
Vous me proposez de rejoindre un groupe de musique pour faire de la vielle à roue et tu parles la langue des signes ? Oui. Je veux vous rejoindre.
Elle s’était levée sous l’excitation. Elle n’avait jamais fait partie d’un groupe de musique, le violon et le gurdy n’étant pas des instruments que ses amis aimaient intégrer dans leur musique. Et là, on lui offrait la possibilité de le faire, avec quelqu’un qui pourra la comprendre.
Son interlocutrice ouvrit de grands de surprise.
Elle dit quoi ?
Qu’elle est d’accord. T’es sûre ? Tu ne sais même pas quel genre de musique on joue.
La remarque était pertinente et Camille s’empressa de lui demander. On présenta un disque à Camille, leur seul album. C’était un groupe assez jeune, et ils avaient du mal à se produire et à écrire leur chanson. C’était l’homme avec les vêtements trop grands qui composer mais il manquait d’assurance.
Camille allait prendre le CD lorsque la femme poussa un râle d’agacement. Elle sortit son téléphone et mit le son d’une chanson qu’elle avait sur son téléphone. La musique était violente, avec une basse puissante et des percussions aussi rapides et énergiques qu’un troupeau de Tauros au galop. Puis la chanteuse alternait entre un chant guttural à la voix rauque et cassante et une mélodie chantée avec une voix d’ange.
Camille ne savait pas si elle aimait la musique ou non, mais elle décida qu’elle voulait faire partie du groupe. Alors elle déclara appréciait la musique et avoir vraiment envie de faire partie du groupe. En dehors du type en marcel, ils la regardèrent avec stupéfaction avant de se ressaisir et de se présenter chacun leur tour. Ils discutèrent encore un peu lorsqu’un technicien vint annoncer que tout était prêt pour le teste. Le groupe quitta Camille après avoir pris son numéro.
La magicienne reçut rapidement un message avec un lieu et une heure de rendez-vous.
Le jour dû, Camille se présenta dans un parc, et marcha jusqu’au kiosque, son instrument rangé dans sa boite, sur son dos. Elle arriva sur les lieux et regarda autour d’elle avec perplexité. Elle vérifia leur et vit qu’elle était à l’heure. Mais elle ne voyait personne et ne comprenait pas pourquoi ils avaient choisi ce lieu de rendez-vous plutôt qu’un autre. Où allaient-ils mettre leurs instruments ? Est-ce qu’ils allaient la conduire ailleurs après ? Et plus important encore, où étaient-ils ?
Il y eut un puissant grincement de porte métallique. Il fit sursauter Camille dont le regard se riva vers la source du bruit. Elle n’avait vu le petit escalier qui mener à un sous-Kioske. Là, venait d’apparaitre le chevelu, celui qui s’appeler Kodi. Il l’accueillit chaleureusement, et l’invita à l’intérieur. Ce que découvrit Camille était exactement l’imge qu’elle se faisait d’un bunker. Mur gris à nu, une faible lumière extérieure entrant par de petites fenêtres le long du plafond. Plafond qui était d’ailleurs bien bas et menaçant, tout comme l’autre source de lumière, un tube halogène accroché au mur.
Le groupe était déjà présent et installé prêt à répéter. Le garçon au marcel, qui répondait au nom de Philippe, mais lui préférait le surnom de Dick, était installé derrière la batterie et jaugeait d’un air sévère Camille. Elle crut un instant être en retard, mais elle se savait en avance. Elle se demandait s’il était toujours aussi ronchon. Le dernier membre masculin, Mathieu, était concentré sur sa basse, faisant des essais acoustiques, et ne prêtant aucune attention à l’arrivée de Camille. Finalement, Camille fut accueilli d’un câlin par Jenny, la seule autre fille. La magicienne fut surprise de cet élan d’affection. Elle avait bien compris que la jeune femme ne s’appelait pas vraiment Jenny, mais elle ne la connaissait pas assez pour lui poser plus de question. Elle et Kodi étaient les deux guitaristes et chanteurs du groupe.
On lui indiqua sa place et après quelques conseils aux uns et aux autres, Kodi annonça le morceau qu’ils allaient travailler. Camille avait eu les partitions la veille, et peu de temps pour répéter, mais l’envie de faire bonne impression lui avait tant pris le cœur, qu’elle avait travaillé longuement les morceaux jusqu’à tard dans la nuit, au point de recevoir des regard sévère le lendemain matin, de la part des voisins qu’elle a croisé.
Après l’introduction de la batterie et de la basse, Camille joua sa partie. Elle essaya de s’accrocher et de ne pas perdre le rythme. Elle était concentrée, ne quittant pas sa partition des yeux, gardant le rythme en tapant du pied discrètement. Cependant, plus le morceau avançait, plus il était difficile pour elle de suivre la musique tant le son était fort. La voix de Jenny était à la fois stridente et mélodique, alternant entre les deux tons avec rapidité. Camille faisait des efforts pour ne pas prêter attention au chant, mettant tout son esprit dans ses mains et son doigté. Une migraine commençait aussi à poindre tant la balance des sons était terrible. Chaque coup de batterie lui faisait vibrer les os, la basse faisait trembler ses organes. Quant aux rifts de guitare, il lui donnait le tournis. Mais elle s’accrochait jusqu’à la fin du morceau. La musique résonna un bref moment dans l’air, dans un moment suspendu. Camille essaya de perdre son impression de vertige.
Bon, bah c’était pas ouf. Lâcha Jenny d’un ton acerbe. Vous vous êtes endormi sur vos instruments ? C’était mou tout ça.
Camille trouva au contraire qu’il y avait un peu trop d’intensité dans le morceau et elle aurait bien voulu sortir prendre l’air après ce dur moment.
J’avoue avoir un peu perdu le rythme un moment. S’expliqua Kodi.
Mais c’est pas toi. C’est l’autre, là. Elle joue avec un balai dans le cul. Cracha Dick en montra Camille d’une baguette.
La magicienne rentra la tête dans son cou, comme si elle voulait se faire toute petite et disparaitre. Elle qui était si sûre d’elle sur scène semblait si timide et mal à l’aise. Il était difficile de voir en elle une magicienne célèbre et Miss Lumiris depuis peu. On aurait dit une débutante en train d’être gronder par ses professeurs.
Pête un coup mec. T’es pas obligé d’être sur son dos tout le temps. Ou de te comporter comme un connard en permanence. Vint au secours de Camille, Jenny. Mais il a pas tort tout de même. C’est trop rigide. On a l’impression de jouer avec un enregistrement. Tu peux pas faire un effort pour ça ?
La remarque fit baisser les yeux à Camille avant qu’elle les redresse. Elle fit un oui déterminé ce qui sembla suffire à l’autre femme. Kodi lui fit un clin d’œil confiant alors qu’ils allaient recommencer, alors que de son côté, Mathieu semblait absorber par son instrument et son doigté. Le jeune homme était très renfermé sur lui-même, en toute circonstance.
Le signal reparti et Camille reprit son chant, en essayant de suivre le rythme, de se détendre, de se laisser porter. Mais il y avait trop de bruit, trop de son et un mal de crâne pointait sous son front.
Stop ! C’est encore pire qu’avant. Camille t’es plus en rythme. Essaye de suivre et d’écouter.
Les yeux de Jenny lançaient des éclairs et Camille sentait le regard de Dick dans son dos. Il y a encore un an, elle se serait écrasée en s’excusant, mais aujourd’hui, quelque chose se révoltant en elle. Peut-être sa prestation au concours miss avait ouvert quelque chose chez elle. En tout cas, elle se redressa et défia du regard Jenny.
C’est pas facile. Y a trop de bruits. Signa-t-elle en faisant un pas en avant par défi.
Cela ne sembla pas plaire à Jenny qui se rapprocha aussi. La jeune femme faisait une demi-tête de plus que Camille si bien qu’elle du lever la tête pour affronter le regard de la chanteuse. Elles se toisèrent un bref moment.
Pourquoi tu l’as pas dit avant. On a tous des bouchons d’oreille. Sinon on deviendrait sourd à force de jouer comme ça. Surtout avec Dick qui frappe comme un Tauros sur sa batterie.
L’intéressé répondit d’un doigt d’honneur. Jenny, se retourna et fouilla dans son sac et jeta une petite boite à Camille qui eut du mal à la rattraper. La magicienne remit ses bouchons d’oreille, ce qui ne l’empêcha pas d’entendre Kodi donner le départ pour la troisième reprise. La musique était si forte quelle passait à travers la protection. Toutefois, c’était bien plus supportable et Camille trouva la mélodie que la basse jouait, ainsi que le rythme. Elle se laissa aller au rythme de la musique et se lança à son tour dans le morceau, accélérant et ralentissant avec la basse, saccadant ses tours avec les coups de butoir de la batterie, tenant la note avec les chanteurs.
Le groupe déroula l’intégralité de la musique, et finit avec un éclat. Jenny poussa un cri de joie brute, et Kodi un hurlement de Lougaroc. Camille sentait l’euphorie monter en elle aussi. Elle vit Jenny lui faire un sourire sincère et elle osa un regard derrière elle. Dick ne la fusillait plus du regard avec autant de méfiance qu’avant, bien qu’on ne pût pas dire qu’il l’acceptait dans le groupe. Mais il tolérait son existence.
On continue ? Proposa Kodi.