Dusk Lumiris

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Libère la star qui est en toi [Mission - ft. Bianca]
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Do you believe in destiny ?
En tant que scientifique, clairement pas.
 
Je me disais toujours que tout arrivait pour une raison bien précise. Cela me rassurait et me faisait poser des questions, rendant mon travail légitime et sans cesse fascinant. Si nous humains, dotés d'une intelligence inégalée et d'un sens commun unique, devions tout au miracle ou au hasard, n'était-ce pas là un aveu d'échec ? Imaginer que c'est une entité suprême qui tire les ficelles, c'est quelque chose que tous ont entendu, et possiblement accepté. Moi-même, quelques fois, je fus tenté de croire qu'il y avait un "grand manitou" qui chapeautait tout ce qu'on faisait. Dans mes expressions courantes, je pouvais même lancer un "par Arceus !" pour exprimer ma surprise. En y réfléchissant, je me trouvais drôle de me contredire de la sorte. Mais il était interdit pour une personne de ma stature de céder à ces pensées limitées. Cela handicaperait grandement ma logique et annihilerait le doute qui m'habite constamment. Après tout, je pense donc je suis, non ?

La preuve est que nous sommes revenus à Lumiris, un an après, pour la simple raison que notre égoïste de mère eut fini sa "quête" des concours à Johto. Doublonville était une région agréable, bien qu'à mon sens un peu en retard par rapport à Nemerya. Nous étions habitués, avec Abby, à d'autres standards, d'autres prestiges. Je ne fustige évidemment pas le cadre de vie des gens, au risque de paraître pour un bourgeois prétentieux, mais Lumiris ne manquait de rien en général, et sa capitale en particulier. Je n'étais pas spécialement chaud à l'idée de déménager, mais en plus du fait que cela ne dépendait pas de moi, nous allions laisser ici bon nombre d'amis, de repères et nous fûmes brutalement propulsés ailleurs. Je ne garde pas une mauvaise expérience de la région de Johto, mais elle était bien plus limitée qu'ici. Je le remarquais, surtout, aux Pokémons qu'il y avait, bien moins nombreux et variés que chez nous. Tout ça étaient des paramètres qui me firent apprécier encore plus notre belle ville de Nemerya et notre chère région qu'est Lumiris.

Les écouteurs sur les oreilles, diffusant de la bonne musique relaxante, je me promenais, les mains dans les poches, dans la ville ultra-vivante de Voltapolis. Il s'agissait ici du coin le plus bourdonnant de Lumiris, qui restait éveillé toute la journée et toute la nuit durant. Quand, habituellement, un voyageur nouveau dans la zone venait en visite ou pour le tourisme, on l'emmenait d'abord à Voltapolis pour lui montrer tout ce qu'elle recelait. Et c'est certain qu'il ne sera pas déçu, au vu des nombreux divertissements qu'elle offrait. Cafés, bars, salles de cinéma et j'en passe ... Il y avait même des représentations du style concours Pokémon, concerts, divers activités que ce soit humaines seulement ou accompagnées de ces charmantes créatures ... Là encore, je tombai sur un restaurant offrant une solde intéressante. Un repas pour humain équivalant à un repas gratuit pour son Pokémon. Parfait, Hitokage appréciera sans doute le geste.

À l'entrée, il fallait que je montre que j'avais bien un Pokémon en ma possession. Lançant la Pokéball de mon Salamèche, ce dernier fit une petite danse sur le comptoir de la réceptionniste qui la fit sourire et moi, cacher mon visage dans mes mains. Je n'aimais pas être remarqué et je préférais volontiers la discrétion et l'isolement. Avec mon extravagant compagnon de type Feu, c'était raté. Mais bon, apparemment il s'attira la sympathie de quelques serveuses - ou était-ce mon charme ayant fonctionné sur elles ? Non, c'était bien le Pokémon - qui m'offrirent des ristournes sur mes consommations. Bah ! Je n'avais pas à faire la fine bouche, j'étais gagnant dans l'affaire même si mon égo s'était pris un petit coup. Je fus rapidement tiré de cette pensée par la gaieté de Hitokage qui, mangeant avec avidité et gourmandise, m'arracha un sourire car il se comportait de façon un peu bête mais détendue.

Le repas était agréable, richement composé et aux saveurs multiples. Le prix en valait la chandelle et je me retrouvais même à admirer, de la vitre de l'établissement, les ruelles illuminées de mille feux. Laissant mon esprit vagabonder au gré de mes pensées denses et incessantes, je réfléchissais à ce qui j'allais faire de ma vie. Maintenant que je semblais avoir un tant soit peu de contrôle sur celle-ci, je me demandais quelles étaient les voies possibles pour moi. Courir le monde et attraper le plus de Pokémons possibles ? C'était quelque chose qui irait davantage à Abigail qu'à moi. Défier les plus puissants dresseurs et obtenir la gloire et la célébrité grâce à cela ? Pourquoi pas, mais je n'avais pas les moyens de ma politique pour le moment. Quelques fois, je jetais un œil à Hitokage, celui-ci cédant allégrement au péché de la gourmandise pour s'arrêter lorsqu'il sentait le poids de mon regard sur lui. Croyant que je le jugeais, il fit la moue, me faisant rappeler le moment présent avant d'en rire. Je n'avais plus beaucoup de temps devant moi pour tergiverser, et je devais focaliser mes efforts à la recherche d'un but pour ma vie, me permettant de la mener dignement.

Derrière moi, une jeune femme au téléphone, avoisinant la trentaine, parlait en paniquant. Ne comprenant pas trop pourquoi, je voulus me remettre dans le bain de mes réflexions mais sa voix ainsi que son ton m'empêchaient de me concentrer. Agacé, je restai néanmoins calme et n'intervins pas, pensant que la situation allait se régler d'elle-même. Cinq, puis dix minutes plus tard, toujours rien. Cela allait même de mal en pis. Cette histoire commençait décidément à ruiner ma paisible soirée, me laissant me retourner vers elle pour lui exprimer mon sentiment. Je fus interrompu dans mon élan lorsque, lui faisant finalement face, elle lança un « Eurêka ! » des plus joyeux.

La femme se leva, commença à me tripoter le visage comme pour l'inspecter. Ses mains allèrent dans mes cheveux, me demandant de me lever pour estimer mes mensurations et visualiser mon être tout entier. Elle ne me laissa pas trop le choix mais je compris vite qu'elle était une sorte d'agent pour le recrutement de modèles ou de mannequins. Elle recomposa le numéro de la personne à qui elle parlait pour la prévenir qu'elle avait trouvé un remplaçant "de choix". Intrigué, je lui demandais qui elle était et elle se présenta en tant qu'assistante d'un styliste dont le nom m'échappa aussitôt. Elle me fit comprendre qu'elle était à la recherche de modèles masculins pour un concours de création d'habillements qui aurait lieu dans peu de temps et que j'étais l'un des "élus". Entendant cela, Hitokage vint, des étoiles dans les yeux, probablement désireux de participer à ce genre de représentations.

« C'est dommage, mais je ne suis pas intéressé. Trouvez-vous quelqu'un d'autre, et bonne chance. »
fis-je, avant de lui tourner le dos.

Cependant, il semblerait bien que j'avais à faire à une coriace. La femme ne se débina pas pour autant et poursuivit son insistance, me collant pendant un moment avant que je ne cède finalement, attiré, je dois l'avouer, par la proposition pécuniaire qu'elle me fit. Je n'étais pas spécialement féru de mode, mais il fallait admettre que c'était l'un des domaines où la renommée et l'argent faisaient bon ménage, et en découlaient à flot. Si ce n'était que pour une soirée, je pouvais bien dire oui. Et puis apparemment, le plus heureux des deux ce n'était pas moi, mais cet empaffé de Salamèche. Celui-ci, après avoir mangé comme quatre, se mettait à danser et mimer des acteurs pour complaire à la recruteuse. J'étais donc coincé parmi eux deux, et elle ne me lâcherait que si j'acceptais.

« Vous avez intérêt à bien me payer. Je n'aime pas les spectacles trop m'as-tu-vu, alors ... »
abdiquai-je, légèrement dépité.

 
Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia
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En tant que future coordinatrice… Bon, d’accord. Théoriquement, mon inscription dans ce groupe que l’on nommait la Pléiade faisait d’ores et déjà de moi une coordinatrice, mais les papiers et les faits sont parfois deux choses très différentes. Bref, en tant que future coordinatrice, je me devais d’apprendre à développer certains talents qui, pour l’instant, me faisaient cruellement défaut. L’un d’entre eux, pour ne pas dire le plus crucial, était bien sûr la capacité à coudre et à confectionner mes propres accessoires. Pas manuelle pour deux sous, et n’étant certainement pas une fashion victim, j’avais toujours laissé le soin à d’autres de choisir ma garde-robe. Cette fois, néanmoins, il n’y aurait plus moyen d’y échapper. Je devais progresser et ajouter de nouvelles cordes à mon arc, pour le bien de l’entreprise familiale. C’est donc ainsi que j’avais joué de mes connexions, espérant dégoter une opportunité d’apprentissage dans le domaine. Pour mon plus grand bonheur, j’avais réussi à obtenir un stage d’une journée auprès d’un styliste. Seul problème ? Une fois sur place, on ne me laissa même pas le rencontrer. Pire, on ne me laissa même pas approcher d’une machine à coudre. Non, ce stage n’était qu’un prétexte. Je n’allais rien apprendre du tout, seulement sortir faire les courses pour ramener des collations et du café à tout le monde et autres responsabilités dont personne ne voulait. Je ruminais dans mon coin, furieuse de m’être fait avoir de la sorte, lorsque le vent tourna.

Des voix montèrent de la pièce voisine, se dirigeant bientôt vers le couloir. Curieuse, je déposai mon ouvrage, tendant l’oreille en espérant y trouver une nouvelle opportunité. L’une des responsables était en pleine discussion houleuse avec un mannequin qui, suite à une urgence, devait rentrer chez elle immédiatement. De la maladie dans la famille, quelque chose comme ça. Je ne m’attardai pas aux détails. L’important, c’est ce que l’assistante lui répondait, la suppliant de rester. Ils avaient déjà une autre personne à remplacer et c’était déjà assez compliqué comme ça alors remplacer deux mannequins le jour même de la performance, c’était un vrai cauchemar. Si je n’aime pas me moquer du malheur des autres -bien que c’est fort probablement la politique Silverberg-, force est d’avouer que cela m’arrangeait plutôt bien. La porte venait de claquer et, en moins de temps qu’il n’en faut pour compter jusqu’à 151, j’étais déjà dans le couloir, prenant la pose et esquissant un sourire charmeur.

« Vous avez besoin d’un coup de main ? Je pense que la machine à café, elle, n’a plus besoin de moi. »

La femme aux lèvres pincées me regarda d’un air dédaigneux, visiblement peu enchantée de devoir tomber « aussi bas » en permettant à la fille de courses d’obtenir une telle promotion. Elle ne cessa pas non plus de me dévisager lorsque son téléphone sonna et qu’elle y répondit, plaquant l’appareil contre son visage ridé. Le silence s’installa dans le couloir alors que je ne me défis pas de mon air victorieux. Hors de question de reculer maintenant, j’étais déjà présente sur les lieux, j’étais une belle jeune femme et je ne demandais qu’à gagner en expérience dans mon futur domaine. Certes, je ne le faisais pas de gaieté de cœur, mais certaines choses dans la vie nécessitent que l’on mette ses propres envies de côté, malheureusement. Toujours aussi solennelle, la responsable posa une simple question à son interlocuteur.

« Est-ce un homme ou une femme ? »

Grand moment de silence dans le couloir alors que, de ma position, je ne pouvais capter la réponse à l’autre bout du fil. Puis, elle remercia l’individu mystère et raccrocha avant de fermer les yeux, prenant une grande inspiration. J’étais tendue au point d’être à deux doigts de sauter tel un ressort. Mes grands yeux violacés ne la quittaient plus, impatients d’avoir réponse à leur interrogation. Et, enfin, le verdict.

« Tu as un Pokémon avec toi ? »

« Mon Riolu. »

« Nous débutons les essayages dès que le remplaçant masculin sera arrivé. Ne me faites pas regretter ma décision. »

Sur quoi elle tourna les talons, la tête haute et l’air sec. Qu’à cela ne tienne, elle pourrait bien faire la gueule toute la soirée si ça lui chantait. L’important, c’est qu’on m’avait enfin libéré de ce calvaire et que j’aurais l’opportunité tant attendue. Mieux : je pourrais marcher sur scène devant des gens. Certes, je mentirais en disant que cela ne me rendait pas nerveuse, mais c’était toujours mieux que de commencer directement avec une performance de concours, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?! J’allais quand même devoir porter des vêtements, bien marcher, me pavaner et faire des sourires à la foule. Oh là là. J’avais été tant charmée par l’idée de prendre cette opportunité que je n’y avais pas pensé jusqu’au bout. Une boule de stress se formait lentement dans mon ventre. Pourvu que l’autre remplaçant soit moins anxieux que moi. Libérant Sueh de sa balle, je me mis en marche, direction la salle d’essayage.
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