Il n’y avait pas vraiment beaucoup de choses à dire sur l’enfance d’Horisia. Née d’un père et d’une mère, dans la petite ville de Bonville, en région de Sinnoh. Voilà. Y’avait pas grand chose, dans ce p’tit village. En fait, elle savait pas vraiment si elle devait appeler cela une ville ou un village. Quoi qu’elle opterait tout de même pour le mot “ville”. Excepté des maisons, un centre pokémon, une boutique pokémon, les locaux de La Dépêche Pokémon et la pension pokémon pas loin, bah, y’avait que dalle quoi. Pas de pokémons sauvages trouvables, excepté des zarbis dans les ruines. Mais bon. Les zarbis, Horisia elle n’aimait pas cela. C’était pas joli à voir, c’était… eh bien. Zarbi. Elle les trouvait un peu effrayants, parfois. Sa maman, elle aimait bien les zarbis. Et même les hommes zarbis. Enfin, elle considérait son père comme un homme zarbi. Mais euh, on y reviendra plus tard.

Son père étant souvent absent, elle ne pouvait compter que sur la présence de sa mère pour lui donner eh bien de l’amour et la sortir de sa solitude. Parce que, jusque ses six ans, la demoiselle n’avait pas d’ami. Donc, sa mère était son amie. Elle la rassurait quand son père l’effrayait. Elle était toujours là pour elle, à lui faire des câlins, à lui raconter ses aventures de jeunesse, à lui faire du chocolat chaud quand elle avait trop peur pour s’endormir. Elle avait eu de la chance d’avoir une mère comme elle. Et un très mauvais karma dans une autre vie pour avoir un père comme le sien.

Jusqu’à ses six ans, son père était simplement colérique. Il était électricien à son compte et se faisait payer par les gens du voisinage pour effectuer telle ou telle réparation. Le problème, c’est qu’être électricien dans une toute petite ville où il ne se passait jamais rien était un peu inutile. Il n’y avait pas foule de gens qui avaient besoin de ses services et il n’était pas très bien payé… Du coup ça le frustrait et le rendait facilement irritable. Il passait peu de temps à la maison, préférant de longues balades solitaires dans les ruines, accompagné d’une bouteille d’alcool bien évidemment, sinon, ce n’était pas drôle. Horisia n’aimait pas ces ruines. Elle pensait que c’étaient elles qui avaient rendu son père fou. Zarbi.

Après le sixième anniversaire de la brunette, son père commença à être violent envers sa mère. Oh, il aurait voulu l’être avec sa fille également, cependant, sa maman la protégeait toujours. Alors Hori recevait simplement des mots en pleine figure, parfois plus tranchant que n’importe quel couteau qu’il aurait pu lui planter dans le dos. C’était à partir de ce moment-là qu’elle s’était ouverte aux autres. Qu’elle commençait à parler avec tout le monde, à vouloir connaître toute leur vie. Parce que c’était plus simple pour elle, d’écouter la vie des autres, d’écouter leur enfance joyeuse, leurs souvenirs joyeux et leurs rêves d’enfants. C’était plus simple de penser comme eux. D’oublier son père. De juste garder sa mère.
C’était là qu’elle avait commencé à être réellement heureuse. Dans son petit monde tout joyeux, avec des amis joyeux.
Sans père.

Enfin, techniquement, elle avait gardé la présence de son père dans un coin de sa mémoire. Logique, il habitait toujours avec elle. Mais elle le considérait plus comme un fantominus tapis chez elle que comme son père. Ouais, c’était un peu le foutoir dans sa tête, pour le coup. C’était une période un peu ténébreuse pour elle, après tout, quand on a que six ans, on ne se souvenait pas d’énormément de choses. Et c’était compliqué de définir cette situation-là avec des mots qui avaient du sens, vus par une petite fille. Donc, cher lecteur, retenez simplement le fait qu’elle avait barré son père de sa vie, qu’il n’était qu’un fantôme chez elle. Et que d’absent, il était passé à violent. Ah ! Vous ne savez pas pourquoi il était devenu violent ! Tout simplement parce qu’il était tellement désagréable avec tout le monde que plus personne ne voulait de ses services. Donc, il s’était en quelque sorte retrouvé sans emploi. Et cela lui donnait encore plus d’occasions pour picoler.

Un beau jour, cependant, il finit par disparaître. Hori ne sut jamais vraiment ce qu’il lui était arrivé. Il avait tout simplement… disparu. Comme ses affaires. Pouf. Disparues. Il ne restait rien de lui, absolument rien. Et la brunette n’en fut que plus heureuse. Elle devait avoir dans les environs de sept ans, elle ne s’en souvenait pas réellement. Sa mère semblait aller mieux, elle aussi. Soulagée de ne plus devoir subir les coups de son mari. J’me dis que si tu l’appelles mon coeur, c’est seulement parce qu’il te bat.”

Excepté son père, elle avait vécu une vie tout à fait normale, entourée d’amis et de délires un peu bizarres, profitant de la vie et de l’aventure du jour !
Vers ses douze ans, en rentrant de l’école, elle trouva un vieil homme malade, endormi sur le bord de la route. Ne voulant pas le laisser seul, elle le réveilla doucement et le ramena chez elle. Elle se souvenait de la réaction de sa mère quand elle le vit. Il s’agissait en fait du grand-oncle d’Hori. Elle ne connaissait pas du tout les membres de sa famille, en fait, voilà pourquoi elle ne l’avait pas reconnu. Sa mère venait d’une autre région, mais Hori avait oublié laquelle précisément, elle savait que c’était un lointain endroit, et son père s’était disputé avec ses parents un peu après sa majorité, donc bon, elle n’avait aucun contact familial autre que ses parents à elle.
Bref. Son grand-oncle resta un ou deux mois avec elles, elle ne savait pas précisément. Il lui avait expliqué que ses grands-parents étaient morts depuis un an et qu’il s’était lancé à la recherche de sa mère depuis. Son grand-père avait décidé de déménager dans une maison tranquille à Kishika et sa grand-mère avait cédé. Ils y vécurent heureux pendant de nombreuses années et ce fut pendant son sommeil que le grand père mourut. La grand-mère, triste au possible, prit la décision de relâcher les quelques pokémons qu’ils possédaient, elle savait qu’elle n’allait pas pouvoir vivre très longtemps sans l’amour de sa vie. Seul un pokémon fut gardé. Hélionceau. Elle avait décrété que si sa fille avait un enfant, eh bien il irait à celui-ci.
La grand-mère mourut un soir de printemps.
Le grand-oncle d’Hori fut prévenu par un proche de la vieille femme qui avait l’habitude de lui rendre visite de temps à autre. Il apprit également à la brune et à sa mère que le vieux couple avait légué leur maison à leur fille.
Après avoir confié cette histoire aux deux filles, le vieil homme confia une pokéball à Horisia. Le cadeau de sa grand-mère. Un petit Hélionceau. Elle le fit sortir de sa pokéball et sourit immédiatement en le voyant. Il était mignon. Cependant, n’étant pas préparé à sortir de là, il prit peur et se cogna contre la chaise de la cuisine. VLAM. Elle était tombée. La fille, en riant, décréta que désormais, son pokémon s’appellera Vlam.

Le grand-oncle partit. Sa mère lui avait dit qu’il pouvait loger dans la maison à Kishika s’il le souhaitait. Il l’avait remerciée et il lui avait annoncé qu’il allait terminer de visiter Sinnoh, en meilleure santé, avant de s’installer là. Il avait également proposé à Hori de venir le voir quand elle le voulait, ce à quoi sa mère avait simplement plissé les yeux. Elle était encore un peu trop jeune pour partir visiter une nouvelle contrée.

Seulement voilà. Un peu après avoir eu seize ans, en rentrant chez elle, un beau samedi ensoleillé, elle décréta qu’elle voulait faire comme sa mère : visiter un peu. Et peut-être ouvrir une pâtisserie à Lumiris. « La plus prestigieuse ! » s’était-elle écriée.
Sa mère céda. Et bientôt, Hori fut partie pour une nouvelle vie, accompagnée de son fidèle Hélionceau qu’elle avait appris à connaître, en quatre ans.