Si Kiana s'était retrouvée à Voltapolis au lieu d'Artiesta, c'était tout à fait voulu. Oui, elle avait fait exprès de partir vers l'ouest au lieu de l'est depuis Sunyra. Après tout c’était plus simple de voir du pays avant de retrouver sa sœur : elle avait ses bagages avec elle, un budget limité, et aucune réelle connaissance de la région. Hahaha. Elle se fatiguait parfois.
Mais si la demoiselle était du genre à déprimer pour chacune de ses maladresses, voilà longtemps qu’elle se serait enfermée à double tour dans sa chambre pour faire pousser des champignons. Par chance son style était plutôt le positivisme, elle n’avait donc pas tardé à trouver des points positifs à la situation : son frère Ele’i habitait à Voltapolis donc elle pouvait toujours le retrouver, la ville était vraiment intéressante avec toutes ses lumières (encore plus futuriste que Sunyra, comment était-ce possible) et qui sait, peut-être que cette erreur de train n’était pas un simple hasard.
C’était toujours plus charmant de croire que rien n’arrivait par hasard, même les erreurs les plus idiotes et les rencontres à priori insignifiantes prenaient du sens. Et puis, pour elle qui avait toujours été rêveuse, ça rendait chaque instant plus magique. (comme si une grande histoire l’attendait au tournant)
A force de visiter la ville sans savoir exactement où ses pas la menaient, Kiana se retrouva aux abords d’un quartier en travaux. Une attaque avait expliqué un habitant à ses oreilles incrédules. Certes elle avait entendu parler d’un réseau de terroristes qui avait provoqué la dévastation d’une ville entière, mais pour une enfant qui avait grandi loin de cette cruauté, ces récits paraissaient irréels jusque-là. Terrible désillusion : la haine existe.
Touchée par l’histoire des lieux, la brunette s’approcha au maximum pour en contempler les restes. Le silence qui semblait régner dans ces rues abandonnées était pesant, comme si la vie y retenait encore son souffle au souvenir d’une violence sans égale. Cette atmosphère était pesante. Non loin d’elle, un immense édifice cerné d’échafauds semblait prêt à s’effondrer sur lui-même… “Attention !” Perdue dans ses pensées, Kiana n’entendit l’avertissement que trop tard.
Un choc, une chute, perdue. Il lui fallut un moment pour rouvrir les yeux, un de plus pour comprendre ce qu’il venait de se passer. Elle était désormais au sol. Devant elle se trouvait un inconnu visiblement inconscient, près de plusieurs barres métalliques. Le lien se fit rapidement : une partie de l’échafaud avait cédé. Cet homme l’avait sauvée. La jeune femme était encore sonnée, un acouphène lui déchirait les tympans, ses gestes étaient tremblants ; mais elle approcha à quatre pattes pour s’enquérir de l’état de son sauveur. Son palpitant s’emballa quand elle vit le sang sur le bitume, près de sa tête.
“Monsieur !” Par réflexe Kiana tendit les mains vers lui mais s’arrêta juste à temps. Ne pas toucher une personne blessée à la tête. Que faire ? Il lui fallait de l’aide. Son regard hébété parcourut les silhouettes qui avaient commencé à les entourer. “Les secours…” Quelqu’un s’approcha alors pour la rassurer. L’ambulance était en route. Un sanglot la secoua, quasi imperceptible ; le choc était tel que son corps était coupé de ses émotions. Sentant qu’on la prenait par les épaules pour la relever, elle se laissa faire.
//
La suite s’était déroulée dans une frénésie qui passa sur sa peau sans la toucher. Avant qu’elle ne le réalise, Kiana était assise sur un lit d’hôpital avec un bandage autour de la tête et un autre autour du bras. Le médecin l’avait rassurée en lui disant qu’elle n’avait rien de grave et que l’homme qu’on avait amené en même temps n’était pas dans une condition critique, mais qu’il aimerait les garder au moins quelques heures tous les deux au cas où.
Notre jeune insulaire était restée allongée une bonne heure à se remettre petit à petit de sa mésaventure. Maintenant qu’elle avait retrouvé le contrôle de ses membres et fait le point sur sa situation, la principale séquelle qui lui restait, c’était une profonde inquiétude. Le docteur était optimiste, seulement rien n’y faisait. Elle devait retrouver son sauveur, le voir de ses propres yeux.
Kiana finit donc par s’aventurer dans les couloirs aseptisés de l’hôpital. Seulement elle n’avait aucune idée de l’endroit où l’inconnu avait été emmené. Comment savoir ? Pour le moment elle n’avait croisé aucune infirmière. En désespoir de cause elle s’arrêta devant un ascenseur pour consulter la liste des étages, mais cela ne l’aida pas. La dresseuse avait beau réfléchir, rien ne lui venait. Une vague nervosité monta en elle, mélange d’agacement et de culpabilité. Tout était de sa faute. Quelle nulle. Elle détestait se sentir aussi bête et inutile. Inconsciemment, elle se mit à se ronger l’ongle de pouce. Si seulement quelqu’un pouvait lui dire…
(tu n’as rien fait de mal, tout se passe exactement comme prévu) (tout va bien)
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Tu avais vu l’information aux nouvelles et ton cœur avait cessé de battre. En direct de l’hôpital, tu avais vu les blessés se succéder les uns les autres. Une dizaine en tout. Évidemment, tu avais admiré le carnage en silence, complètement impuissant. Comme à ton habitude quoi. Dans ta grande miséricorde, tu avais malgré tout demandé à aider un autre département que celui de psychologie… Mais tu n’avais pas les reins assez solides pour l’horreur qui t’attendait là-bas. Tu avais naïvement cru pourtant : tu avais estimé avoir vu le pire, avoir admiré l’Horreur, avec un grand H, dans toute sa splendeur. Grossière erreur.
Un jour, ton arrogance te perdrait. Tu avais mis des jours à t’en remettre. Des jours à revoir la terreur dans leurs yeux derrière tes propres paupières closes. À entendre les sanglots étouffés des gamins dans le calme de ton appartement.
Tu n’étais pas comme ça. Tu n’étais pas ce genre de personne. Tu n’avais aucun pouvoir sur les maux du corps. Les bisous magiques n’existaient pas. Tout ce que tu pouvais faire, c’était de leur prendre la main et leur répéter en vain que ce serait bientôt terminé. Comme si c’était vraiment le cas. Comme si ça marchait vraiment comme ça. C’était pitoyable de penser qu’ils pouvaient accepter les encouragements factices d’un inconnu qui n’était même pas médecin. Au final, tu n’avais pas duré. Le lendemain, tu demandais à retourner à ta place. Avec ceux dont le cœur souffrait plus que le corps. Tu étais sans doute un peu masochiste pour estimer que c’était plus simple ainsi, mais telle était ta place. Tu n’allais pas t’en plaindre ni t’y opposer… Ceux se battaient pour leur vie t’effrayaient.
Sans doute parce que tu te revoyais un peu trop en eux. Et puis, on t’avait déjà interdit l’accès à certaines parties de l’hôpital afin d’éviter ton contact avec les germes. Une de plus ou de moins…
Prenant une grande inspiration, tu prends une gorgée de ton soda. La matinée a été dure. Tu ne l’as pas laissé paraître, mais aujourd’hui n’est pas ta journée. Tu te sens fébrile, un peu fatigué même. Tu as l’impression que ton corps ne répond qu’à moitié, qu’il ne suit pas la cadence. C’est un peu trop pour toi. C’est frustrant, n’est-ce pas ? Être l’esclave de son propre corps est une sensation qui te déchire. Tu aimerais le forcer à t’obéir, à suivre ta volonté… Mais non. Si combat il y a, ce sera lui le vainqueur. Tu ne peux pas gagner cet affrontement-là. Tu dois simplement te calmer, suivre le courant, accepter, te plier.
- Tu en as entendu parler ? Il y a eu un accident sur le chantier.
Curieux, tu tends l’oreille. C’est indiscret, impoli, mais plus fort que toi. L’air de rien, tu ramènes le goulot à tes lèvres puis tu croises les jambes. Un accident dans un hôpital, ce n’est pas une grosse affaire. Alors pourquoi es-tu aussi intrigué ? Esquissant un sourire un peu triste, tu conclus que c’est sans doute parce que tu es une véritable petite fouine. Et ce n’est pas forcément un compliment. Te faisant violence, tu te relèves. Tu combats ta curiosité. Tu ne resteras pas ici à entendre les gens discuter d’un cas qui ne te concerne pas.
Vraiment ?
Mécaniquement, tu t’avances vers l’ascenseur qui mène au département de psychiatrie. Pourquoi essaies-tu d’être aussi parfait ? Pourquoi te refuses-tu l’erreur ? Tu ne sais pas. C’est plus fort que toi. Toutes les bassesses de l’esprit humain te répugnent beaucoup trop pour que tu t’y abaisses. Tu es un sauveur. Un sauveur ne peut pas être… Comme ça. Voilà tout. La bonne blague. Soupirant discrètement, tu empruntes un couloir. Tu as la tête basse. Tu es fatigué. Aujourd’hui n’est pas ta journée. Ton inconfort te joue des tours. Tu es vulnérable, sensible à tout ce que tu es et tout ce que tu dégages. Tu dois te reprendre, ça ne fait aucun sens.
L’ascenseur. Enfin. Juste devant toi, sous ton regard soulagé. Sauf qu’il n’y a pas que lui. Il y a une jeune fille couverte de bandages. Elle te fait penser à Isaac. C’est beaucoup moins intense, mais… Enfin peu importe. Comptes-tu vraiment repenser à lui à chaque fois que tu verras quelqu’un avec des bandages ? C’est ridicule. Elle semble perdue. D’un pas assuré, tu t’approches d’elle. Tu souris. Un grand sourire. Sincère, dépourvu de malice.
- Pardon de te déranger. Es-tu perdue ? Si oui, je peux peut-être t’aider.
Simple instinct. Ou presque. Personne ne regarde sérieusement la liste des étages… Sauf si on cherchait quelque chose. Et encore, elle n’était pas d’un grand secours en soit. Si elle avait besoin d’aide, tu serais ravie de lui en fournir une.
- Alors… Tu cherches ta chambre ?
Dis-tu en désignant discrètement ses bandages afin qu’elle ne prenne pas mouche. Pas qu’elle te semble malade, mais…
Kiana Ehu-Kai
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Es-tu perdue ? Oui. Peut-être. Un peu. Elle ne savait pas.
Que faisait-elle à Lumiris ? Dans cet hôpital ? Kiana fuyait. Elle fuyait ses hontes et ses faux-semblants, sa culpabilité et ses fautes. Les yeux fermés, courir droit devant ; un jour elle sera sortie (ou se sera pris un mur). Que voulait-elle faire ? Pourquoi se levait-elle ? Kiana hésitait, entre ce qui l’animait et ce qui la préserverait (se brûler ou non). Freinée par des regards passés, piégée dans un présent clinquant, incapable d’envisager l’avenir. Comment savoir où aller quand on ne sait plus d’où on vient ? Kiana se perdait sans doute, oui.
Es-tu perdue ? C’était une voix douce, avenante. Pourtant elle sursauta ; la demoiselle s’était tant oubliée dans ses pensées qu’elle avait totalement baissé la garde. Un peu plus et elle faisait une crise cardiaque. En se tournant notre insulaire vit un jeune homme aux cheveux de blés, arborant un sourire franc et sympathique. Le genre de sourire qui inspire confiance par sa sincérité. Et elle avait besoin d’un peu de cette chaleur humaine qu’il dégageait.
Mais ce n’était peut-être pas à sa petite personne que cette bienveillance était destinée. Kiana pivota de plus belle pour vérifier s’il n’y avait pas quelqu’un d’autre à côté - une personne âgée, ou handicapée, bref qui aurait besoin d’un coup de main - mais ils étaient seuls devant cet ascenseur (perdus à deux qui sait). “Alors… Tu cherches ta chambre ?” Son attention retomba sur cette présence rassurante, avec une certaine confusion. Sa chambre ? Ah. La brunette baissa les yeux vers son bras bandé. “Ah, à cause de ça ? Merci, mais ce n’est rien en vrai. Juste quelques égratignures. Le médecin a dit que je pourrais partir en fin de journée.” Elle n’avait pas eu d’hémorragie cérébrale, elle. Quelqu’un en avait souffert à sa place (petite piqûre de rappel qui lui perça le coeur).
Lorsque son regard remonta, il brillait d’une volonté renouvelée. “En fait je cherche un homme, il a été amené tout à l’heure après l’effondrement d’un échafaudage. Le docteur m’a dit qu’il n’était pas en danger mais j’aimerais le voir. Vous pourriez m’aider à le retrouver ?” Elle ne se sentait plus frustrée envers sa propre inutilité, n’était plus perdue. Pour le moment Kiana savait ce qu’elle voulait faire. Et elle espérait que cet inconnu à l’air si aimable pourrait lui indiquer le chemin.
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Tu ne t’imposais jamais directement. C’était l’une de tes qualités. Par souci du bonheur de tes pairs, tu revenais toujours à la charge à un moment ou un autre… Mais ton insistance n’était jamais franche. Jamais tu ne tirais de chaise en décrétant que tu resterais près de quelqu’un tant et aussi longtemps qu’il ne t’acceptait pas. Tu valais mieux que ça. Parce que tu l’avais déjà fait. Une fois. Avec Ezekiel. Heureusement, en trois ans, tes rapports avec les autres avaient énormément gagné en délicatesse et subtilité. Et depuis l’épisode Hazel, tu craignais sincèrement les représailles de quiconque à qui tu t’adressais en ces lieux à l’extérieur du personnel médical. Combien de fois ferais-tu l’erreur de t’adresser à quelqu’un qui ne te désirais pas avant de comprendre la leçon ? Ça pouvait durer. Franchement, ça pouvait durer un temps. Tu n’apprenais pas très vite. Tu savais que c’était un comportement discutable, tu en étais conscient, mais tu n’y changeais rien. Va savoir pourquoi.
Heureusement, la brunette ne semble pas particulièrement hostile à ta question. Tu pourrais presque en soupirer de soulagement… Comme quoi Hazel avait définitivement marqué à l’encre noire ton pauvre esprit, ta pauvre compassion. La voyant vérifier la présence d’un autre être humain près de vous, tu t’empêches de rigoler. Un jour, on te ferait payer d’être aussi avenant. Tu aimais aider, approcher les gens, poser des questions qui ne te concernaient pas. Tu le faisais toujours dans le respect, mais était-ce vraiment ce dont ils avaient besoin ? Ta grande miséricorde existait-elle dans leur intérêt ou dans le tien ?
- Je suis content de l’apprendre.
Admets-tu, sincère au possible. Après tout, qui aimerais apprendre que quelqu’un allait être cloué sur un lit d’hôpital pour plusieurs jours encore ? Les accidents physiques, tout ça, ce n’était peut-être pas « ton truc », mais savoir que les gens allaient bien était toujours un baume pour le cœur. Mais si elle ne cherchait pas sa chambre, alors qu’espérait-elle trouver au pied de cet ascenseur ? Curieux, tu laisses ton regard parcourir la liste des étages en essayant de tirer des liens. En vain. Les théories étaient nombreuses, mais aucune ne faisait vraiment écho en toi. Espérait-elle trouver les toilettes ? L’accueil ? Une infirmière à qui poser une question ? Avait-elle simplement envie de se balader pour mieux y tromper l’ennui ? Tout était plausible sans vraiment l’être. On ne regardait pas une liste de départements pour rien. Alors pourquoi ?
Rapidement, la réponse se fraie un chemin à tes oreilles. Trouver… un homme ? La conversation surprise quelques minutes plus tôt te semble soudain beaucoup plus claire, beaucoup plus concrète. Si tu l’avais écouté, si tu avais tendu l’oreille quelques secondes de plus, tu aurais pu guider la jeune fille. Sauf que non. Tu avais préféré te donner bonne conscience et fuir les lieux de ton indiscrétion avant qu’il ne soit trop tard. Bravo Izaiah. Pour une fois que cela aurait été utile.
- Ah oui… J’en ai entendu parler.
Mais encore ? Reposant ton regard sur la liste des étages, tu esquisses renforce ton sourire puis tu acquiesces tranquillement.
- Ça me ferait plaisir de te donner un coup de main.
La logique aurait voulu que tu retournes à tes tâches et que tu rediriges la jeune fille vers quelqu’un de plus qualifié que toi… Mais tu n’allais pas le faire. Tu avais envie de l’aider, de lui donner le coup de main dont elle avait désespérément besoin. C’était plus important que d’apporter son jus de l’après-midi au monsieur de la chambre neuf-cent-treize. Oui voilà, tu avais seulement établi une liste de priorité et aider cette parfaite inconnue se plaçait systématiquement tout en haut de cette gradation imaginaire. Fin. Tu n’avais pas besoin de te justifier plus que ça.
- Est-ce que tu sais dans quel département il a été amené ? Ou quel genre de blessure il a reçu ? Ou, mieux encore, est-ce que tu connais son nom ?
Tu n’étais pas un expert, mais après une vie passée dans les hôpitaux, tu savais te débrouiller sur la répartition… Et si tu n’étais pas tout à fait au point sur le sujet, tu pourrais toujours t’informer à la réception. Eux sauraient.
- En parlant de nom, est-ce que je peux connaître le tien ?
Si tu avais forcé un sourire dragueur et était rentré un peu plus dans sa bulle, on aurait presque pu croire que tu essayais de la faire tomber sous ton charme. Malheureusement, ton rapport aux femmes était beaucoup trop platonique pour que tu te permettes ce genre d’attitude un peu trop décontractée. Tu n’étais vraiment qu’une bonne âme en quête d’une autre âme à aider.
Comme toujours. Dis, Iza, sais-tu faire autre chose que d’aider les gens ? Est-ce vraiment ça, le sens pitoyable de ta vie ?
Kiana Ehu-Kai
Dresseur·euse Nova
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Les autres, quelle merveilleuse motivation. Quel sublime fardeau.
L’équilibre est précaire, entre aider son prochain et aider pour vivre. C’est une théorie simple : on s’oublie en pensant aux autres, on s'immerge en eux, en espérant qu’ils deviennent heureux pour nous. Quand ils sont heureux nous le sommes aussi, parce qu’on se sent alors moteur. Je l’ai aidé à trouver son bonheur. Notre propre dopamine se libère. Je suis content. Parce qu’on se sent bien on recommence, parce que ça justifie qu’on s’oublie on recommence. Et ça se transforme en cycle sans fin, celui du bien-être par procuration. Enfin quelque chose qui me satisfait, en moi. Puissante drogue que l’auto-satisfaction, même à travers les autres. Mais la seule différence entre un vaccin et son poison est la dose.
Si l’on n’est pas prudent dans notre cercle vertueux (vicieux), les autres finissent par nous envahir.
Ils se ressemblaient sans le savoir encore ; ni l’un ni l’autre n’était capable d’ignorer un appel à l’aide, peu importe sa forme. Seulement leurs réactions n’étaient pas forcément les mêmes. Le jeune homme était doué pour rassurer doucement, tendre la main discrètement (mais au bon moment). Kiana de son côté aimait aider et se montrait habituellement très chaleureuse, mais allez savoir pourquoi ; elle avait l’impression que la malchance la poursuivait.
Était-elle trop idiote, trop maladroite, ou est-ce qu’on la punissait ? La brunette n’était pas une bonne fille après tout (sa piété filiale s’est ternie quand elle a commencé à avoir honte de son foyer, l’amour était fort mais ces regards, oh ces regards). Et elle avait depuis longtemps renoncé à ses rêves de conte de fée, n’avait plus besoin d’être une belle héroïne qu’un prince charmant vient secourir. Pourtant le plus souvent, c’est elle qui recevait de l’aide et non l’inverse. Comme avec Isaac, comme avec cet homme qui lui avait sauvé la vie plus tôt. Encore un cycle : contre son vouloir Kiana se retrouvait en position de faiblesse, puis quelqu’un se blessait en l’aidant (chance ou malédiction ?). Elle ne voulait plus de ce rôle. Plus que demoiselle en détresse, elle se sentait fardeau inutile.
Un boulet qui ne voulait pas en être un et qui, pourtant, allait s’accrocher à cet inconnu.
“Je suis content de l’apprendre.” La jeune femme cilla, quelque peu surprise par cette affirmation, avant d’esquisser un sourire de remerciement. La sincérité dans le ton du blond faisait plaisir à entendre. Il se souciait vraiment du bien-être des autres, et attirait par là même sa sympathie. Elle était faible devant de telles preuves de bonté ; faible devant les personnes comme lui, si rares, naturelles quand elles agissaient pour les autres (non pas que son amitié ne soit jamais facile à gagner, ou rarement).
Décidant de lui faire confiance, Kiana lui avait demandé son aide. Il n’avait pourtant pas l’air d’un infirmier, encore moins d’un docteur. Peut-être devrait-elle finalement lui dire de ne pas s’embêter, qu’en cherchant on finissait toujours par trouver. C’était un dilemme : d’un côté savoir qu’il voulait vraiment prêter main-forte la réconfortait, de l’autre elle avait peur de causer encore du souci. Alors quand il essaya à son tour de trouver une réponse dans les noms de services, un “Mais vous n’êtes pas obligé si vous avez mieux à faire.” timide lui échappa (qui n’aurait pas mieux à faire que s’occuper d’une enfant perdue dans son genre ?).
Non seulement son vis à vis affirma le contraire, mais en plus il était déjà en pleine réflexion. “Est-ce que tu sais dans quel département il a été amené ? Ou quel genre de blessure il a reçu ? Ou, mieux encore, est-ce que tu connais son nom ?” Kiana fronça les sourcils en essayant de se rappeler. Beaucoup de choses s’étaient déroulées en même temps, après l’accident, et pour ne rien arranger elle était alors en état de choc.
Avant qu’elle n’ait pu réunir tous ses souvenirs, le garçon s’enquit cette fois-ci de son prénom. Notre insulaire remonta le menton. “Kiana. Je m’appelle Kiana. Et vous ?” Leurs identités révélées elle se concentra encore un peu. “Il saignait de la tête… Je ne sais pas grand-chose d’autre. On a été emmenés dans la même ambulance mais pas dans le même service. Ses épaules s’affaissèrent tandis qu’un soupir lui échappait. Vraiment désolée. Le plus simple serait de demander à l’accueil, plutôt que de vous embêter. La Nova lui coula un regard hésitant. Vous voulez bien y aller avec moi ? Promis après je vous laisserai tranquille.”
Elle ne voulait pas abuser de sa gentillesse. Mais en même temps elle se sentait un peu plus forte depuis qu’il était là et ne souhaitait pas abandonner ce sentiment tout de suite.
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Vous donniez de vous-même comme on offre un cookie à un ami. Vous fragmentiez votre être jusqu’à vous y égarer, jusqu’à perdre de vue qui vous étiez. Comme si votre personne en entière était destinée à accueillir les souffrances, l’aide désespérément réclamée de quelqu’un d’autre et que c’était dans cette douce valse toxique que vous accédiez enfin au bonheur. Vous étiez ce genre de personne. Ce genre de personne à donner plus qu’elle ne reçoit, à donner jusqu’à s’y perdre encore et encore. Vous ne voyiez rien. Vous recommenciez sans cesse, croyant que leur plaisir justifiait le vôtre. Que c’était la bonne chose à faire. Vous vous contentiez des miettes oubliées d’un bonheur qui ne vous appartenait pas. Vous étiez aveugles à votre toxicité, aux conséquences de vos agissements et au poids qui nous éreintait une fois le soir venu.
C’était un reproche que l’on te faisait et qui remontait à la nuit des temps. On t'accusait en silence depuis le jour où, au bord du gouffre de ta propre existence, tu avais sacrifié ton énergie et ta santé à sauver une autre vie que la tienne. Tes parents avaient trouvé cela ridicule. Toi, tu espérais y trouver un sens. Un sens à la courte vie que tu avais mené, à cette mort prématurée. Tu voulais qu’il vive pour toi, qu’il existe en votre nom. Tu voulais marquer cette terre de ta présence au travers lui… Et, de ce sentiment d’utilité, tu en étais devenu addict. Même une fois ton existence sauvegardée, tu avais continué. Continué d’absorber leur désir de mettre fin à cette vie comme une éponge à négativité. Continué d’encaisser les coups de poignards comme une banalité.
Tu t’auto-détruisais.
- Izaiah ! Heureux de faire ta connaissance Kiana.
Izaiah le sauveur. Izaiah le noble guide des âmes en détresse. Ton nom avait une portée, un sens, une signification iconique et ironique à la fois. On le prononçait aussi souvent comme une insulte que comme une bénédiction… Et tout ça pour quoi ? Pour offrir une main tendue à des existences égarées. C’était un plaisir égoïste. Tellement égoïste…
Exceptionnellement, la légèreté de Kiana contraste avec la lourdeur de ton quotidien dans le complexe hospitalier. Elle dégage quelque chose de serein, de pur, de complètement étranger aux normes officieuses de ton département. Sa douceur est attractive, c’est une pause aux mauvaises nouvelles et aux crises les plus absurdes qui composent ta réalité... Tu ne le réalises pas encore, mais la jeune fille, ce qu’elle dégage, ce qu’elle est, te font l’effet d’une bulle d’oxygène dans le torrent de larmes qui menace tôt ou tard de t’ensevelir. Kiana te ressemble. Ensemble, vous formez un tout. Vous êtes étrangers l’un à l’autre et pourtant elle fait écho en toi comme si elle avait toujours été. C’est inconscient, involontaire, mais sa seule présence t’arrache un sourire. C’est différent, si différent.
- Tu ne me déranges pas du tout… Au contraire, ça me fait plaisir si je peux me rendre utile.
Confis-tu afin de la rassurer. C’est la première fois. La première fois que l’on insiste pour ne pas abuser de ton temps. Et tu ne t’en rends même pas compte. Tu es complètement aveugle, inconscient de cet irrépressible négativité qui entoure ton quotidien.
D’une main confiante, tu fais signe à Kiana de te suivre alors que tu lui tournes le dos.
- Suis-moi, ça ne prendra qu’une seconde.
Tu as récupéré tes repères, une certaine assurance qui t’avait abandonnée à ton arrivée ici. Ça ne fait que trois semaines et, pourtant, tu t’y situe comme s’il en avait toujours été.
En arrivant à l’accueil, tu déposes doucement une main sur le comptoir avant de regarder la réceptionniste dans les yeux. Tu souris. Tu ne la connais pas vraiment. Vos contacts ont toujours été limités… Mais tu te plais à croire qu’elle ne te déteste pas. Mais de toute façon, pourquoi en serait-il autrement ?
- Bon matin ! J'aimerais te demander un service si ça ne t'embête pas. Tu peux me retrouver la chambre de l’homme qui a été emmené en ambulance suite à l’accident sur le chantier ? Mademoiselle était présente sur les lieux et elle le recherche activement…
La dame baisse légèrement ses lunettes, jauge un instant l’étrangère puis acquiesce en silence. Elle sait de quoi tu parles. Elle aussi, sans doute, elle en a entendu parler entre les branches. Peut-être a-t-elle succombé à la tentation d’écouter la conversation jusqu’à la fin, mais peut-être l’en a-t-on tenue informé directement aussi… Tu ne sais pas, mais elle, elle sait. Cette affaire ne lui est pas étrangère. Sans doute est-ce parce que vous espériez tous ne plus en entendre parler une fois l’orage passé…
- Département de traumatologie, chambre 306.
Tes doigts tapotent doucement le comptoir alors que ta tête s’autorise un hochement reconnaissant. Te retournant vers Kiana, tu lui indiques l’ascenseur non loin de vous.
- Est-ce que tu veux que je vienne avec toi… ou tu préfères faire cela toute seule ?
Tu préfères demander. T’imposer n’est pas ton truc. Ça ne l’a jamais été.
- Si tu crains de me déranger, ne te tracasse pas avec ça. Je te confirme que j’ai tout le temps dont tu as besoin.
Tu veux la rassurer. Rencontrer un inconnu n’est pas une mince affaire et même si elle lui doit peut-être la vie, elle n’a peut-être pas envie de s’y frotter seule… Alors tu te dois de te proposer Et de respecter son choix final, quel qu’il soit.
Kiana Ehu-Kai
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“Izaiah ! Heureux de faire ta connaissance Kiana.” Un sourire sincère point sur le visage de la demoiselle. “De même.” Ça n’avait l’air de rien mais cette petite banalité, l’aura douce du jeune homme, c’était comme si on mettait soudainement pause sur sa longue journée - sur le capharnaüm qui l’entourait depuis son arrivée à Lumiris. Elle sentit un nœud se défaire, eut l’impression qu’on la laissait enfin remplir ses poumons à fond. Le voilà, son tout ira bien. Elle n’avait plus à s’en faire.
Désormais moins tendue, Kiana put réunir le peu de souvenirs qu’il lui restait de l’accident sans trop de difficultés - sinon elle aurait peut-être paniqué. En revanche elle ne voulait toujours pas s’imposer auprès d’Izaiah. Il dégageait quelque chose qui la rassurait, quelque chose qui pouvait vite devenir une évidence : quoi qu’on lui demande il serait plus qu’heureux d’aider. Et si elle avait honteusement envie d’y puiser un peu de réconfort, la brunette savait que la gentillesse qu’on nous accorde ne doit ni être prise pour acquise, ni abusée ; plutôt préservée avec reconnaissance. Les mains tendues sont trop rares pour qu’on les tire à nous sans considération.
“Tu ne me déranges pas du tout… Au contraire, ça me fait plaisir si je peux me rendre utile.” Cette réponse confirma ses impressions. Étrange, elle avait déjà l’impression de le connaître - il y avait une familiarité entre eux, une résonance inéluctable. C’était trop grand, trop fort pour qu’ils s’ignorent.
Le blond pivota en lui indiquant de le suivre, ce que Kiana fit en silence. Elle n’éprouvait pas le besoin de parler, de combler un vide (il n’y en avait pas entre eux). Une fois arrivés à l’accueil Izaiah s’occupa de la récolte d’informations, d’une manière indiquant qu’il était habitué. La curiosité de notre insulaire fut piquée au vif : qui était-il vraiment ? Il lui faudrait en apprendre plus sur lui. Mais avant elle devait accomplir son devoir auto-imposé, une affaire simplifiée maintenant qu’elle avait un numéro de chambre. Du moins d’un point de vue physique.
D’un point de vue mental, c’était autre chose. Maintenant que l’objectif était si près (il lui suffisait de prendre l’ascenseur puis de marcher trente mètres) sa nervosité reprenait le dessus. Son guide dut le sentir. “Est-ce que tu veux que je vienne avec toi… ou tu préfères faire cela toute seule ? Si tu crains de me déranger, ne te tracasse pas avec ça. Je te confirme que j’ai tout le temps dont tu as besoin.” Ses pupilles quittèrent les portes en acier pour trouver un regard empreint d’empathie. Kiana ourla les lèvres pour le rassurer. “Et tu ne veux pas le prendre pour toi, ce temps ?” C’était sorti sur un ton taquin, mais au fond la question était sérieuse.
Elle secoua ensuite légèrement la tête, négativement. “C'est très gentil, mais je préfère y aller seule.” Hors de question de se faciliter la vie, de démettre une partie de ses responsabilités. Cependant la jeune femme ajouta ensuite “Mais si tu as un peu de temps après, on peut peut-être se retrouver ? Il faut au moins que je t’offre un café pour te remercier.” Elle attendit sa réponse en le regardant chaleureusement. Il ne devait pas y avoir de contrainte, juste des retrouvailles qui attendaient depuis plus longtemps qu’eux.
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Vous étiez ensemble. Ensemble dans ce qu’il y avait de meilleur et de pire.
Vous n’êtes qu’inconnus l’un à l’autre et pourtant votre aura résonne en l’autre comme si votre vie n’avait tenu qu’à cette rencontre. Il est trop tôt pour que vous me sachiez, mais vos chemins étaient destinés à se croiser. Kiana et toi êtes semblables. Si semblables... Vous naviguez sur les mêmes eaux troubles sans craindre le gouffre sous vos pieds, vous sacrifiez votre vie à apporter la lumière dans celle des autres. Comme si la reconnaissance était une drogue dont le sevrage risquait de vous coûter la vie.
Kiana te sert de parenthèse. Sa présence te calme, t’offre une bulle en dehors du temps. Elle te permet d’oublier les défauts qui te tourmentent et le négatif des uns qui menace de t’engloutir. Kiana, contre toutes attentes, te permet de respirer. Calme imperturbable et bienveillance tangible, elle te traverse comme un courant chaud.
Tu en oublies presque qu’elle est le dommage collatéral de l’accident qui a hanté tes nuits et que sa présence à l’hôpital n’est que le rappel mordant de la cruauté de l’homme.
- Je…
Tu t’arrêtes de parler, la regarde, répond au son taquin de sa voix par un sourire. Prendre ce temps pour toi ? Quelle idée… Izaiah ne prend jamais de temps pour soi-même. C’est une règle non-écrite de ta personne. Les journées sont trop courtes et trop éphémères pour les perdre ainsi.
- Ce n’est pas comme si je pouvais rentrer chez moi pour me poser devant un film. Je dois rester ici quoi qu’il en soit alors autant que ça serve.
Parce que depuis trois semaines, tu te sens un peu inutile. Tu sais qu’une confiance est dure à gagner, mais tu as besoin de plus que ça pour vivre. Tu veux un véritable contact avec les gens. Un lien tangible, existant, vivant. Tu sais qu’aider les infirmières en apportant les plateaux-repas et en les aidant avec la lessive est un acte de charité non-négligeable au sein de l’hôpital… Mais c’est si peu. Si peu à côté de tout ce que tu as su faire au cours des trois dernières années. Tu recommences à zéro ce que tu as mis des mois à construire… N’est-ce pas un peu décourageant ?
- Je comprends parfaitement.
Tu prononces ces mots en acquiesçant. Tu t’en doutais un peu. Même si la carte de la facilité peut être alléchante, c’est le genre de rencontre et de moment qu’il faut vivre sans personne pour nous épauler. Même si ça fait peur, on en ressort grandi, épanoui. Et ça, ça n’a pas de prix. C’est une récompense plus grande encore que l’or et la gloire.
Et puis, de toute manière, n’as-tu pas du travail à compléter toi ?
- Ça me convient. Je termine mon quart de bénévolat dans une heure… Que dirais-tu qu’on se rejoigne à l’entrée ? Il y a un café pas loin d’ici qu’un ami m’a fait connaître il n’y a pas longtemps. La terrasse y est jolie.
Souvenir de ta rencontre avec Isaac, sourire nostalgique alors que ça ne remonte qu’à deux semaines. Pointant finalement l’ascenseur au bout du couloir, tu adresses un clin d’œil taquin à la jeune fille avant qu’elle ne s’en approche.
- Essaie de ne pas t’y perdre, c’est au troisième étage !
Ton taquin, sourire qui ne s’efface pas. Ton but n’est pas de te moquer, simplement de l’agacer. C’est sans mesquinerie, sans méchanceté pure. Kiana te plait. Il t’a suffi de quelques minutes à peine pour t’en rendre compte, pour réaliser qu’elle et toi respiriez le même air. C’est le genre de rencontre qui marque une vie avant même d’être complétée.
Tu as hâte. Hâte à ce café, hâte de pouvoir te poser avec elle. Ce n’est pas comme avec Isaac ou Hazel, c’est différent. C’est calme, c’est doux.
Visiblement, cet hôpital t’aura réservé de magnifiques surprises. Elle t’aura réservé des rencontres mémorables et, rien que pour ça, tu considères que ça valait le coup de faire de la lessive pendant trois semaines. Pour la première fois, tu as le sentiment que ton arrivée à Lumiris peut changer quelque chose au rythme volé de ton existence. C’est un vent de changement, un courant d’air sur la poussière qui recouvrait ton corps lorsque tu étais à Johto. Tu n’es encore qu’un étranger, qu’un corps dans la foule… Mais tu as peut-être enfin le pouvoir de créer quelque chose ? Johto t’avait ancré dans une routine, dans une solitude qui ne semble plus vouloir perdurer maintenant que tu as fui.
Parce qu’au fond, ce n’est rien de plus qu’une fuite. Tu as fui ta propre personne, ton passé, ton ancre à la vie. Tu es parti de Johto pour apprendre à penser par et pour toi-même.
Ni plus ni moins.
Kiana Ehu-Kai
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C’était un recoin isolé, loin du tumulte et des carnages. Un refuge pour leurs coeurs fatigués, pour leurs jambes douloureuses. Tant qu’ils étaient ensemble rien ne les heurterait. Chacun était pour l’autre la paix qu’ils aspiraient à offrir, sans en abuser, sans s’épuiser. C’était naturel. Et ça faisait du bien. L’affinité entre eux était indéniable. Mais ce n’était pas quelque chose d’intime, qui offre des papillons dans le ventre et nous fait tourner la tête ; c’était plus simple que ça. Une compréhension mutuelle. (Un bien-être unique, que seule une personne qui nous ressemble peut nous offrir)
La pause que marque Izaiah lui prouve qu’elle avait vu juste : il n’avait même pas pensé à s’occuper de lui, se reposer un peu. S’il était souvent à l’hôpital, peu importe son poste, ce devait être épuisant tant physiquement que mentalement. Ceux qui visitaient les lieux allaient rarement bien après tout, et la douleur comme la misère ne connaissaient pas de repos - ils picorent et frappent et ne laissent de leurs victimes qu’une coquille douloureuse et une âme meurtrie puis vont s’en prendre à ceux qui sont proches. Il fallait avoir les nerfs solides pour côtoyer ces vautours toute la journée, pour rester positif.
Le jeune homme lui offrit une réponse simple, dont Kiana accusa réception en élargissant son sourire. “C’est marrant, il paraît qu’on a toujours le choix pourtant.” En prononçant ces mots elle guetta le visage de son vis à vis, à la recherche d’un écho. Ils étaient de ceux qui n’y croient qu’à moitié, à ces paroles. Ceux qui prennent toutes les libertés tant que ça ne concerne qu’eux. Qui laissent les autres définir les limites. Cela dit la brunette n’attendait aucune réponse, elle voulait juste savoir si une autre similarité se trouvait là.
Après ce court interlude, Izaiah proposa un lieu et un délai pour qu’ils se retrouvent. Kiana hocha vivement la tête. “Ca me va ! J’ai hâte d’y être.” Son cœur avait parlé à sa place. Elle recula ensuite d’un pas quand il désigna l'ascenseur : même si le bénévole était sympathique, notre insulaire avait encore quelque chose à faire. Elle devait prendre son courage à deux mains. Qui sait s’il voulait la détendre un peu ou simplement la taquiner, mais le “Essaie de ne pas t’y perdre, c’est au troisième étage !” lui tira une mine boudeuse. “C’est pas comme si je devais traverser l’hôpital quand même, je m’en sortirai !” Qui lui disait qu’elle allait se perdre d’abord ?... Oui bon en soi elle était capable de se perdre dans une supérette de quartier, alors. Cependant il n’était pas censé le savoir.
Kiana se rendit dans le monte-charge et regarda le profil d’Izaiah jusqu’à ce que les portes se referment. Ce n’est qu’une fois totalement coupée de lui qu’elle soupira profondément. Elle avait peur. Que le médecin ait édulcoré l’histoire pour ne pas la blesser, que ce qui soit bénin pour lui soit dramatique pour son sauveur - qu’il ne puisse plus exercer sa passion, ou qu’il soit marqué à vie et ne s’accepte plus à cause de cela. Il y avait tellement de manières de causer du tort à quelqu’un, outre le décès ou les blessures graves. Mais c’est pour cela aussi qu’elle devait aller le voir. Alors quand la demoiselle fut face au couloir blanc, elle prit une grande inspiration et le foula d’un pas décidé.
Elle trouva la chambre sans trop de difficultés mais n’entra pas de suite ; des murmures indistincts de l’autre côté de la porte la figèrent devant, main sur la poignée. Qui était là ? Que se disaient-ils ? Kiana n’eut pas à s’interroger longtemps, car l’une des voix se rapprocha en gloussant et le battant s’ouvrit avant qu’elle n’ait le temps de réagir. De l’autre côté se tenait une femme légèrement plus âgée, avec un visage doux et et un ventre arrondi.
Elles se regardèrent avec des yeux ronds quelques secondes, toutes deux surprises. L’inconnue prit les devants. “Je peux vous aider ?” Oh. Séquence de débug enclenchée. “Je….” Trente cinq pour cent effectués. “Suis bien à la chambre 306 ?” Bien, la dame avait désormais l’air dubitative - le numéro était indiqué en gros juste à côté. Magnifique don d’observation. Quatre vingt dix pour cent effectués, déglutissement débloqué. “Pardon, je… J’étais sur les lieux de l’accident de tout à l’heure. Et on m’a dit que le monsieur qui m’a sauvée était dans cette chambre.” Une lueur de compréhension illumina cette fois-ci les iris de son interlocutrice. “Ah oui, mon mari m’a parlé de toi ! Entre donc, il sera content de te voir.”
Kiana la suivit timidement jusqu’au lit. Dessus était bien allongé la même personne que tantôt, un bras dans le plâtre et relié à différentes machines par des tubes en plastique. Tout de suite la flippe revint : pourquoi tout cet équipement ? Comme si elle pouvait lire dans ses pensées, la future maman précisa “Ne t’en fais pas, c’est surtout de la surveillance. Et un peu de repos forcé !” Sur ces mots elle envoya un clin d’œil taquin au patient, qui grommela doucement. “Merci, chérie.” La nova osa enfin le regarder - elle n’avait même pas réalisé qu’elle fuyait le contact visuel. Pourtant ce n’est qu’à ce moment que le soulagement l’envahit, d’une vague puissante qui menaça de la submerger. Ses jambes se mirent à trembler si fort que le couple échangea un regard inquiet, avant que l’épouse ne la saisisse délicatement par le bras pour l’asseoir. “Tout va bien ?” La sollicitude dans son ton était si douce.
Du revers de la main Kiana essuya les larmes qui coulaient désormais sur ses joues. “Oui, je… Elle releva le menton vers l’homme et poussa un sourire. Je suis juste heureuse que vous soyez en vie.” C’était la vérité profonde derrière ses émois. S’il avait perdu la vie en la sauvant… Mieux valait ne pas y penser. Petit à petit la touriste parvint à se détendre et discuter naturellement. Elle se renseigna sur ses séquelles et tout le process médical évidemment, mais aussi sur eux, leurs occupations, l’enfant visiblement à venir. Finalement ils échangèrent même leurs numéros, Kiana insistant pour pouvoir les joindre. L’heure passa très vite.
Le moment venu elle prit congé en souhaitant un bon repos au miraculé et refit le trajet en sens inverse, d’une démarche plus légère. En sortant de l’ascenseur Kiana s’était mise à courir, pressée de retrouver Izaiah - non sans se perdre une fois pour le coup.
Dès que la tignasse blonde entra dans son champ de vision elle s’exclama “Izaiah !” en lui sautant presque dessus (le pauvre était de dos). “Désolée j’ai un peu de retard, tu as pas attendu trop longtemps ?” Oh, il fallait peut-être le laisser un peu respirer avant. S’éloignant de lui, la dresseuse lui adressa un sourire penaud. “Pardon, je dois être un peu trop contente.” Rassurée serait aussi exact. Rassurée pour son sauveur, et contente de prendre un café avec son nouvel ami. (elle était toujours aussi rapide à s’attacher)
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Vous étiez trop semblables pour ne pas être destinés l’un à l’autre. Vous vibriez sur les mêmes ondes, faisiez écho aux mêmes sacrifices et résonniez en parfaite adéquation. Kiana et toi étiez les victimes d’une machination qui vous dépassait complètement, mais à laquelle vous étiez totalement réceptifs. Vous ouvriez les bras à ce piège sans la moindre méfiance ni opposition.
On dit que certaines rencontres vous changent complètement. Qu’un inconnu peut soudain marcher dans le même sentier que le vôtre et en transformer éternellement la face du monde. Tu ne le savais pas (Comment pourrais-tu savoir ?) mais Kiana était l’une de ces personnes.
Sa mine boudeuse t’arrache un sourire amusé et, aussitôt, tu hausses légèrement les mains en signe d’innocence. Tu ne la connais que depuis quelques minutes, mais quelque chose avec Kiana diffère de toutes tes rencontres précédentes. Cette facilité avec laquelle vous verbalisez vos émotions est une richesse rare, tu sais. Le mécontentement, la crainte, la joie : vous communiquez comme si votre connaissance l’un de l’autre remontait à la nuit des temps. Si tu croyais en ce genre de chose, tu penserais sans doute qu’elle et toi étiez liés dans une vie antérieure. Autrement, tu ne saurais expliquer l’aisance avec laquelle les mots sortent de vos bouches respectives.
Mais cette rencontre, comme beaucoup d’autres choses, ne s’explique pas.
Lorsque les portes de l’ascenseur se referment, tu te sens plus léger. La lourdeur qui avait assombrit ton cœur s’est effacée au rythme effréné de cette rencontre et, déjà, tu te hâtes de terminer l’heure qui se profile à l’horizon. Tu t’impatientes de la revoir, t’impatientes de rejoindre le café qu’Isaac t’a fait découvrir et qui rythme désormais tes rencontres au sein de l’hôpital. Cette situation, aussi inusitée qu’agréable, vient de changer la face de ta journée.
Et devant le sourire qui marque ton visage lorsque tu retournes dans le département psychiatrique, les gens ne peuvent s’empêcher de te poser la question qui leur brûle les lèvres :
- Eh bah dis donc ! Tu m’as l’air drôlement de bonne humeur tout d’un coup ! Est-ce que tu as reçu la visite de quelqu’un de spécial ?
Ce devant quoi tu rigoles légèrement avant de les rassurer : personne de spécial à ton cœur n’est venu briser la monotonie des pauses beaucoup trop longue. Soucieux de garder une emprise sur ta vie privée, tu te gardes bien toutefois de leur apprendre que tu as fait la rencontre de quelqu’un de spécial. Quelqu’un qui, en quelques minutes, t’a permis de tirer un trait sur les nuages qui assombrissaient jusqu’alors ta journée.
Et si cet accident en ville n’avait pas été vain ?
Tu détestes penser ainsi. Tu détestes tirer profit du malheur et de la déchéance, mais tu te rends désormais compte que Kiana serait restée une inconnue sans cette attaque… Est-ce pour autant que cet événement est une bonne chose ? Non. Mais s’il y a quelque chose de bien à en tirer, tu veux te concentrer sur celui-ci afin de ne pas laisser cette horrible vague sombre t’ensevelir. Ainsi, le reste de ton quart de bénévolat se déroule beaucoup mieux que sa première partie.
Une heure plus tard, à la seconde près, tu attends la jeune fille devant les portes de l’entrée principale. Confiant, tu ne t’inquiètes pas de son léger retard. Tu sais qu’elle viendra. L’inquiétude n’a même pas lieu d’être. Pourtant, tu te permets un instant d’égarement suffisamment long pour lui permettre de te sauter dessus -presque littéralement- sans que tu ne la voies approcher. Surpris, ton corps se tend puis se détend presque systématiquement. Tu rigoles.
- Ça doit bien faire une éternité que je t’attends ! Rassure-moi, on est en quelle année ?
Cet humour est digne des plus mauvais films humoristiques, mais peu importe. Tu es heureux. Pire : tu es attaché. C’est ridicule d’être ainsi marqué par une rencontre aussi courte, mais tu ne demandes qu’à en avoir plus. Et heureusement, c’est sans doute ce que votre café à en devenir vous permettra de faire.
- Alors, tu es prête ?
Dis-tu en lui t’engouffrant dans les portes tournantes de l’hôpital. Vérifiant qu’elle te talonne bel et bien et que, surtout, elle n’a pas changé d’avis entre temps, tu finis par t’échapper de l’hôpital en prenant une grande bouffée d’air frais. C’est l’un de tes plus grands soulagements une fois ton bénévolat terminé : respirer l’air, le vrai. Cela peut sembler ridicule, mais l’ambiance est complètement différente une fois les portes de l’hôpital franchies. Dans un sens ou dans l’autre, le monde subit une véritable coupure, comme si l’on changeait complètement d’univers.
- C’est à quelques coins de rues d’ici, ça ira ? Si tu es trop fatiguée pour marcher, je peux nous appeler un taxi.
Ça ne te dérange pas. Tu te doutes qu’une journée comme celle-ci doit être éprouvante pour tout le monde.
Même pour quelqu’un comme vous.
Kiana Ehu-Kai
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Ils se taquinaient, se comprenaient, se parlaient comme si ce n’était pas leur première rencontre - peut-être ne l’était-ce pas ? Kiana croyait en la réincarnation. Elle croyait aussi au destin, dans une certaine mesure ; certaines personnes devaient rentrer dans nos vies, à plus ou moins long terme, pour nous influencer d’une quelconque manière. En revanche la jeune femme ne voulait pas croire que l’avenir était tout tracé, elle préférait imaginer avoir un minimum de libre-arbitre. En soi la jeune femme croyait en ce qui l’arrangeait (ce qui ajoutait une pointe de fantaisie à son existence). Et si certaines rencontres étaient programmées d’avance, celle avec Izaiah en faisait sans nul doute partie. Bien sûr elle aurait préféré des circonstances plus joyeuses.
Quoi qu’il en soit, maintenant qu’elle était rassurée sur l’état de son héro du jour, Kiana se sentait libérée d’un poids. Finalement les nuages s’éloignaient avec leur promesse de déluge ; le soleil était de retour, dispensant sa chaleur bienfaitrice à tout son être. Les pensées noires qui l’assaillaient lorsqu’elle est arrivée à l’hôpital n’étaient plus que souvenirs. Notre insulaire s’autorisa donc à anticiper avec plaisir la suite. La blague du blond était effectivement connue, mais elle rigola tout de même étant bon public (et encore sous l’effet du soulagement). “J’ai perdu le fil, mais si ça peut te rassurer tu n’as pas pris une ride.”
Izaiah mena ensuite la marche vers leur destination tout en lui posant une question. “Quand tu veux !” Répondit Kiana avec entrain, en savourant sa sortie de l’hôpital. Après être restée allongée trop longtemps à son goût puis rencontré son bienfaiteur, c’était plaisant. Elle leva le visage pour laisser les rayons du jour la réchauffer doucement. Toujours aussi prévenant, son nouvel ami lui proposa ensuite de prendre un taxi si elle était fatiguée. La brunette secoua négativement la tête. “Au contraire, marcher me fera du bien.” Pour appuyer ses dires elle se mit en route vers la sortie du centre médical (en toute logique ils allaient passer par là) avant de fouiller dans son sac pour en sortir un bonnet, histoire de cacher le bandage autour de sa tête. Heureusement il ne faisait pas chaud.
Kiana se retourna vers le bénévole avec un grand sourire. “On y va ?” Pour mieux repartir. Sans s’en rendre compte elle se mit à marcher au rythme d’une musique inconnue qui tournait entre ses oreilles, se dandinant légèrement comme si tout le monde entendait la même chose et que c’était normal, jusqu’à ce que Izaiah la rattrape. (rassurez-vous ça lui arrivait souvent) Ils ne marchèrent finalement pas si longtemps pour atteindre leur destination. Une fois installés et les commandes passées (un chocolat liégeois pour elle), la jeune femme lança “Et donc… Tu es bénévole à l’hôpital ? Tu fais ça en plus d’un métier ? Depuis combien de temps ?” Wow du calme. Au moins son entrain prouvait que ça l’intéresserait vraiment d’en savoir plus sur lui.
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Tu avais toujours préféré la solution de marcher à celle de prendre un taxi. Mais tu l’aurais fait pour Kiana dont la journée avait déjà été assez éprouvante pour ne pas avoir besoin de se taper une marche de quelques rues en plus. Au fond, tu n’aspirais qu’au meilleur pour elle. C’était un sentiment qui ne s’expliquait pas, mais qui monopolisait présentement autant ton cœur que ton esprit. La tendresse que tu ressentais envers ce bout de femme était indescriptible. Loin d’être un coup de foudre dans le sens premier où on l’entendait normalement, tu avais plutôt l’impression d’avoir mis la main sur ton âme-sœur. Sur cette personne toute spéciale qui donnait un sens à votre vie, qui expliquait pourquoi et pour qui vous étiez toujours vivant à l’heure actuel. C’était tôt, beaucoup trop tôt, pour affirmer une telle chose… Mais le réconfort que tu ressentais près d’elle n’avait jamais connu son pendant chez quiconque auparavant. C’était nouveau, rafraîchissant.
Et ça ne s’apparentait par à de l’amour.
Est-ce que le coup de foudre amical, l’âme-sœur à titre d’ami existait ? Tu ne t’étais jamais posé la question. Chez toi, les amis étaient une denrée rare. Il y avait Béatisa avec qui les conversations étaient légères et animées… Et c’était tout. Tu espérais encore pouvoir créer quelque chose de vrai avec Isaac, mais rien n’était moins certain que l’avenir d’une relation basée sur le travail. Toi, tu voulais bien y croire, mais déciderait-il, une fois la séance terminée, de ne plus jamais te recontacter ? C’était une crainte que tu ne voulais pas gérer à l’heure actuelle. Tu avais d’autres chats à fouetter, d’autres déceptions à accuser. Tu verrais bien lors du jour j, n’est-ce pas ? Si tu devais y perdre la face puis réaliser que rien n’existait en dehors de votre accord, tu préférais ne pas y penser plus longtemps en avance. Ça faisait mal de s’attacher aux gens à sens unique.
- Pas de souci. N’hésite pas à m’en faire part si jamais tu veux prendre une pause.
Tu étais sans doute un peu trop aux petits soins. Ton attitude frôlait le ridicule, l’infantilisation. Ce n’était pas ton objectif, tu étais seulement un peu trop conscient de la réalité des patients. Parfois, on se croyait le maître du monde alors qu’en réalité, le corps n’était pas prêt à suivre le rythme. Il y avait une scission souvent douloureuse entre pouvoir et vouloir, tout le monde n’était pas prêt à y faire face. Mais Kiana connaissait son propre corps mieux que toi et tu n’allais que rarement à l’encontre des désirs des gens. Et puis, marcher c’était toujours plus agréable que le taxi. Largement même.
Acquiesçant, tu emboîtes le pas à la jeune fille puis la talonnes à quelques mètres derrière. Amusé et un peu surpris à la fois, tu la regardes se dandiner au rythme d’une musique imaginaire. Ses mouvements, fluides, semblaient s’opérer sans un regard pour le monde entier, comme si tout le monde partageait sa réalité, et tu trouvais cela fascinant. Tu l’enviais un peu pour cette légèreté apparente, pour son jem’enfoutisme du monde et de ses jugements. Non pas que tu étais particulièrement investi dans le « paraître », mais tu avais quelques réserves qui ne semblaient pas concerner Kiana.
Et ça, c’était magnifique.
En arrivant au café et une fois vos commandes passées, tu ne tardes pas à te faire bombarder de questions. Surpris, tu lui décroches un regard amusé puis tu déposes doucement ton coude sur la table puis ta tête dans le creux de ta main. Pendant quelques secondes, tu fais mine de réfléchir à ses questions.
- Alors euh… Oui, je suis bénévole à l’hôpital.
Mais encore ? Fais un effort Iza, je suis convaincu que tu peux faire mieux un peu. Jetant un œil discret au serveur, tu reprends ta réponse de plus belle.
- Ça fait trois ans maintenant que je suis bénévole… Cette année est la quatrième, mais c’est ma première au centre hospitalier de Voltapolis. Alors tout est à refaire en quelque sorte.
Tu rigoles légèrement, baisses les yeux. C’est difficile de tout reprendre à zéro. C’est difficile de tirer un trait sur sa vie et de reprendre sur des bases neuves, plus solides, mais plus laborieuses. Ce n’était peut-être pas quelque chose que tu étais prêt à faire… Mais maintenant que tu y es confronté, que peux-tu faire de plus ? Tu pensais que le plus difficile restait encore de partir. Ou même de prendre la décision de partir. Mais c’était une grosse erreur de ta part. La crainte de partir n’était rien à côté d’une vie à reprogrammer dans son entièreté.
- Sinon normalement, je suis photographe professionnel. Et toi ? Tu fais autre chose mis-à-part passer tes après-midis dans les hôpitaux ?
Parce qu’il doit toujours y avoir un « et toi ? » et parce que, au fond, Kiana t’intéresse réellement. Tu as envie de savoir ce qui se cache sous la jeune fille hospitalisée.
Kiana Ehu-Kai
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Elle se sent étrangement libre. C’est si simple d’être avec Izaiah, si facile de se laisser aller en sa présence ; comme si entre eux les faux semblants n’avaient pas de raison d’être. (ils se ressemblaient trop pour ça) La bienveillance du blond la met à l’aise (peut-être parce qu’elle se retrouve dedans). Alors le naturel, celui-là même que Kiana avait chassé ces dernières années, revenait au galop.
Plus elle passe de temps avec lui plus la jeune femme se dit qu’il a une place dans sa vie. Elle ne s’imagine pas partir pour ne plus jamais le revoir, passer sans transition aux adieux. Oh elle connaît sa tendance à se lier aux autres trop rapidement, à leur donner une valeur parfois déméritée, être trop consciente d’eux (Kiana et l’amour trop facile envers son semblable). Mais avec Izaiah c’est réciproque. Et ça rend son existence encore plus spéciale : elle savait qu’il n’y aurait aucune déception, qu’elle n’avait rien à craindre.
Ça la rend aussi d’autant plus curieuse. Comment est-il devenu si chaleureux et avenant ? Qui est-il ? D’où vient-il ? Qu’a-t-il vu de plus beau et de plus terrible ? Il lui semble que son regard recèle des trésors (des merveilles visibles uniquement pour ceux qui les cherchent). Peu importe que la journée ait été éprouvante, que ses émotions soient encore fortes, qu’à tout instant la fatigue pourrait la rattraper. La Nova a toujours été endurante de toute façon, c’était le moment de le prouver. Mais elle veut passer du temps avec le jeune homme.
“Ça fait trois ans maintenant que je suis bénévole… Cette année est la quatrième, mais c’est ma première au centre hospitalier de Voltapolis. Alors tout est à refaire en quelque sorte.” Kiana hoche la tête en tournant sa réponse dans sa tête. Quatre ans de bénévolat et il paraît bien jeune, ça veut dire qu’il a commencé tôt. Elle se demande si Izaiah a toujours rêvé d’aider les autres, s’il y a eu un élément déclencheur (si oui lequel) ? Et surtout, où était-il avant ? Cependant avant qu’elle ne puisse poser encore plus de questions, il ajoute “Sinon normalement, je suis photographe professionnel. Et toi ? Tu fais autre chose mis-à-part passer tes après-midis dans les hôpitaux ?”
Photographe ? Le visage de notre insulaire s’illumine d’enthousiasme, juste avant qu’elle ne s’anime d’un petit rire. “Heureusement je ne fais pas que ça ! Je suis encore étudiante, dernière année de lycée. Mais j’ai profité des vacances pour venir ici, sinon je suis d’Alola.” Elle penche légèrement la tête. “Donc, tu es photographe. Tu as un thème de prédilection ou tu captures simplement ce que tu trouves intéressant ?” Le tout étant de savoir ce que le bénévole trouve intéressant. “Et tu étais où, avant Voltapolis ?” A un moment Kiana remarquera qu'elle n'est pas obligée de poser trente questions à la fois façon mitraillette.
Le serveur revient alors avec leur commande. La brunette le remercie poliment avant de réfugier ses mains contre la porcelaine chaude, en fermant les yeux un bref instant. Un soupir d’aise lui échappe. Rien ne valait la douceur d’une boisson chaude sucrée.
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Imposer des limites, un cadre, ça ne te ressemblait pas. De toujours, tu avais permis aux gens d’être qui ils voulaient être sans les noyer sous le jugement corrompu de la jalousie. Que tes interlocuteurs soient bons ou mauvais, tu ne souhaitais d’eux qu’une authenticité totale… Et c’était franchement ce qui t’avait apporté plus souvent qu’autrement un tas de problèmes. On avait souvent accédé à ta demande… Et tu t’étais souvent pris à la gueule une vérité trop grande pour toi. Mais c’était correct. À toi, on pouvait dire n’importe quoi sans craindre de retour de flammes. On pouvait se moquer, t’insulter, te mépriser : tu n’en avais que faire, ça ne t’atteignait pas vraiment. Tu savais que ce n’était pas vraiment toi la cible de toutes ces insultes, mais que c’était surtout un miroir renvoyé à eux-mêmes. Et ça, ça changeait toute la donne.
Mais c’était quand même mieux quand les gens étaient sympathiques. On n’allait pas se mentir, les gens comme Kiana rendaient ton quotidien un peu plus supportable. Elle t’offrait un moment de répit, une bulle de gaieté bien méritée après une journée passée à côtoyer des gens beaucoup trop différents de toi… Et puis, toi aussi, tu commençais à te dire que la jeune femme avait définitivement une place dans ta vie. Te voyais-tu repartir dans quelques heures pour ne plus jamais la voir ? Non. Ça ne pouvait pas se passer ainsi, cela te semblait inconcevable. Peut-être avais-tu tendance à être trop tenace, trop collant… (Ça, on te l’avait souvent dit. Rien de nouveau sous le soleil) mais une voix à l’intérieure de toi te confirmais que t’accrocher était peut-être la bonne chose à faire.
Alors tu allais t’y abandonner. Sans condition, sans arrière-pensée. Il te faudrait tomber de bien haut pour effacer cette idée de ta tête.
Un petit rire l’anime lorsque tu lui demandes si elle a d’autres passions que les hôpitaux et, aussitôt, ton sourire s’élargie. Tu n’es pas très drôle, mais parfois les gens sont réceptifs à ton humour premier degré et franchement pas fabuleux. C’est toujours bon à prendre. (Ils sont quand même un peu bizarres ces gens, tu ne penses pas ?) Et alors que tu t’intéresses à sa réponse, tu t’étonnes d’apprendre que l’insulaire est en réalité originaire d’Alola… Ce n’est pourtant pas surprenant. Kiana dégage le soleil, les vacances, la vie rêvée de l’île… Tu ne t’étais pas encore attardé sur cette délicieuse impression émanant d’elle, mais maintenant qu’elle le disait, cela semblait si… évident.
- Tu ne regrettes pas trop tes vacances j’espère ? Lumiris est quand même pas mal différent d’Alola… Le soleil y brille sans doute beaucoup moins.
Tu t’arrêtes un instant, jette un œil à ton environnement, te reprend :
- Enfin, pas que la température y est pluvieuse et triste ! Mais disons que c’est plus… tempéré je crois. Ça doit être dépaysant, non ?
Tu ne voulais pas insulter Lumiris. Ta région d’adoption t’avait sauvé de Johto, t’avais permis une renaissance dont tu avais cruellement besoin et, franchement, l’atmosphère n’y était pas mauvaise du tout… Même à Voltapolis, ville beaucoup trop peuplée pour le touriste un peu bébête que tu étais. (Mais bon, on finissait bien par s’adapter tôt ou tard non ?)
Et aussitôt, les questions reprennent de plus belles. Tu rigoles doucement, étonné par son intérêt. Tu n’as jamais considéré être quelqu’un de très intéressant… Ton rôle à toi n’est pas sur l’avant-scène, mais derrière la caméra. D’ordinaire, tu donnes plus d’attention que l’on ne t’en donne… Et franchement, ça ne t’a jamais dérangé ni empêché de dormir. Toi, tu n’as rien à raconter : les autres si.
- Euh… J’ai un sujet de prédilection, oui. Ça va sans doute te sembler un peu kitsch, mais j’adore photographier l'excentricité des gens. J’aime mettre en valeur leur différence, la raison pour laquelle la société a tendance à les tenir à l’écart…
Expliquer ta passion pour les défauts est toujours délicat. Tu as toujours peur que les mots dépassent ta pensée ou qu’ils ne rendent pas justice à ton sujet… Tu aimerais donner Isaac en exemple, mais par respect pour lui, tu gardes ton clapet fermé. Le jeune homme n’a pas à devenir un vulgaire comparateur, un modèle de compréhension.
- Mais on m’a aussi proposé de photographier des pokémons afin d’améliorer ma compréhension d’eux. Tu les aimes bien toi ?
Tu repenses à sa dernière question, à sa curiosité sans limite. Difficile de gérer ce flot d’informations, n’est-ce pas ? Pour autant, tu apprécies. Les gens intéressés sont tes préférés.
- Doublonville, tu connais ? C’est à Johto !
Tu ne sais pas à quel point la ville est connue à l’extérieur de la région… Alors autant poser la question, apporter des précisions au besoin. Toi, Doublon ville, c’était toute ta vie. C’était la ville dans laquelle tu avais grandi, certes, mais aussi celle dans laquelle tu avais rencontré Ezekiel… Avant qu’il ne vous y abandonne, Agony et toi.
Mais autant ne pas y penser. Un jour viendrait peut-être où tu pourrais enfin lui demander la raison pour laquelle il avait fait cela… Mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, c’était Kiana qui monopolisait toute ton attention. Kiana et ta boisson. Kiana et votre moment, votre rencontre.
Kiana Ehu-Kai
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Bien sûr, Kiana pensait régulièrement à sa contrée maternelle. Elle était une enfant d’Alola, fille de l’océan élevée par les embruns salés et le sable chaud, sous un soleil brillant et des cocotiers ployants de fruits. Neuvième bambin d’une grande famille qu’elle aimait. Mais de là à dire qu’elle regrettait ? C’était trop tôt encore. D’autant plus que la jeune femme faisait ce voyage pour fuir ce qui la pesait dans son quotidien, là-bas. Avoir le mal du pays alors qu’elle n’était partie que depuis quelques jours serait ironique (et surtout l’aurait déprimée plus qu’autre chose). De toute façon personne n’avait dit qu’elle ne reverrait jamais son île d’origine, pas vrai ?
“C’est sûr qu’Alola est plus chaude et ensoleillée ! admit-elle dans un rire discret. Mais j’ai toujours voulu voyager et Lumiris est très belle, je regrette pas du tout. A mon avis les vacances seront même trop courtes.” Pour le moment Kiana espérait surtout retrouver Vai’ata et Ele’i avant de devoir repartir. Ce serait probablement son seul regret, si elle échouait. Mais à son tour d’interroger Izaiah, sur son métier de photographe. C’était donc un artiste ! En y pensant il lui semblait avoir la sensibilité nécessaire pour capturer le monde et le retranscrire (en image et en sensations, dans le meilleur comme dans l’ignoble).
Ses explications sur son sujet de prédilection la laissèrent quelque peu pensive. Sans que la brunette ne sache trop pourquoi l’image d’Isaac se forma dans son esprit (sans doute parce que malgré toute sa bonne volonté, elle ne pouvait ni empêcher ni ignorer les regards qui pesaient sur lui). Quoi qu’il en soit, sa rencontre avec le Pulsar ne pouvait que l’aider à comprendre le propos d’Izaiah (voir la beauté dans ceux que la société considérait comme différents).
Et les pokémons par exemple, en quoi étaient-ils différents ? Le jeune homme lui demanda si elle les aimait, en précisant qu’on lui avait proposé de travailler dessus. Kiana hocha vivement la tête. “Je les aime oui, ils sont fascinants et surprenants. Essaie de les photographier, tu verras ! Ils n’ont rien à voir avec nous physiquement, mais peuvent être plus sensibles que nous parfois. Et eux aussi ont leurs différences je pense.” Premier exemple, les chromatiques. Est-ce qu’un bébé avait déjà été renié à cause de sa couleur ? Si ça se trouve le conte du vilain petit Canarticho venait de là. Mais assez spéculé sur des sujets sans rapport avec leur conversation.
“Doublonville ? C’est la plus grande ville de Johto non ?” Est-ce que c’était plus grand que Voltapolis ? La métisse avait du mal à imaginer. Les immenses espaces urbains lui étaient inconnus, c’est pourquoi elle en était fascinée - tout en déplorant parfois l’absence de nature dans tout ce béton, comment respirer sans arbres, se sentir libre sans grand espace verdoyant ?
Elle prit une gorgée de chocolat chaud, savourant la douceur de celui-ci à travers son palet et sa chaleur à travers ses membres, avant de continuer. “Mais pourquoi le bénévolat ? Et pourquoi Lumiris, plutôt que Johto ou une autre région ?” Loin d’être une critique ou une preuve de méfiance, c’était simplement la continuité de sa curiosité. Si tout le monde était aussi bienveillant qu’Izaiah, la question du bénévolat ne se poserait pas. Mais le monde est plus indifférent que lui, qu’eux ; le monde est froid lorsqu’on a ni rêve ni objectif, les Hommes s’ignorent tant qu’ils ne se connaissent pas plus que du regard. Finalement, les gens comme lui étaient si rares. Normal donc qu’elle soit attirée par ce qu’il dégageait.
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Lumiris était plus belle que Johto… Tu avais beau être sentimentalement très attaché à ta région, à ton nid, certaines évidences ne se niaient pas sous le couvert d’un sentiment d’appartenance. Mais ne pensais-tu pas ainsi uniquement, car tu n’avais jamais réussi à trouver ce que tu recherchais tant chez toi ? Si tu avais trouvé le moyen de t’épanouir et d’être heureux dans ton patelin maternel, aurais-tu été capable de voir les choses différemment ? Johto n’était pas laide. Elle possédait son lot de légendes et de lieux patrimoniaux, une histoire lourde en apprentissage et un bagage culturel comme tu n’avais jamais été capable d’en retrouver ailleurs… Le problème ne prenait pas racine en elle, mais en toi : tu n’avais simplement pas été assez tenace et obstiné pour y trouver ton étincelle, une raison d’exister. Vous n’étiez pas liés par la même passion, par les mêmes motivations. Ce n’était pas votre faute.
- J’espère pour toi que tu y trouveras ce que tu recherches…
Parce qu’on ne voyageait pas ainsi sans raison. À votre âge, on ne fuyait pas le domicile familial sans un objectif à atteindre… Elle pouvait toujours argumenter le contraire ou te dire que tu faisais fausse route, tu n’en démordrais pas. Ce n’était pas forcément toujours conscient, mais à cette étape de leur vie, les gens de votre génération avaient tendance à se chercher eux-mêmes au travers les expériences et les découvertes extérieures au quotidien. Peut-être était-ce pour cette raison qu’elle était venue jusqu’ici ? Tu ne pouvais pas savoir. Tu n’étais pas dans la tête de Kiana, tu n’étais même pas assez près d’elle pour pouvoir prétendre la cerner juste un peu… Tu t’avançais beaucoup trop Iza’. Ça ne te regardait pas tout ça. Ses motivations, son objectif, la raison de sa venue : ça ne devrait pas te parler autant.
Heureusement, les pokémons étaient un sujet beaucoup plus neutre et qui ne risquait pas de te faire sauter de cases. Ne serait-ce que parce que tu ne t’y connaissais définitivement pas assez pour pouvoir prendre des détours et t’avancer plus que tu ne le devrais. Heureusement, grâce à Lys et à Lyanora, tu avais pu apprivoiser un peu ce tout nouveau monde… Grâce à elles, tu étais un peu moins clueless qu’à ton arrivée, mais on ne pouvait vraiment pas dire que c’était gagné. Le plus gros n’était même pas encore complété… Il y avait tant à découvrir à leur sujet.
Kiana s’y connaissait-elle mieux que toi ? Sans doute. Mais ce n’était pas grave, tu étais content de rencontrer des personnes plus instruites que toi, des personnes capables d’amincir le voile qui te couvrait et te tenait à l’écart de cette sphère fascinante de votre monde.
- Je pense que oui… Ça me rappelle un pokémon que j’ai rencontré dans un refuge de Sunyra la semaine dernière. Un… Mimiqui, tu connais ? La dresseuse m’a partagé une photo de l’espèce ordinaire, mais le sien était vraiment différent. On aurait dit qu’il avait été plongé dans un pot de peinture bleu et rose à la naissance !
Rigoles-tu en te remémorant le visage et les couleurs de Casper. Pourquoi n’avais-tu pas pensé à le prendre en photo ? Lui qui était si unique, si différent des autres de son espèce… Tu ne pensais visiblement qu’à moitié ces derniers jours. Parfois, tu regardais des inconnus pendant trois minutes sans rien dire parce que l’inspiration venait de te frapper… Et d’autres fois, la différence se promenait sous ton nez pendant de longues heures sans que tu ne l’apprivoises ou ne la conçoive. C’était gênant d’en arriver à une telle étourderie…
- J’aurais dû le prendre en photo…
Grognes-tu en prenant une gorgée de ta boisson. Inconsciemment, ton nez se retrousse légèrement dans la frustration de ne pas avoir été à la hauteur de ton métier, de ta passion. C’était pourtant quelque chose qui devrait bombarder ton esprit à chaque seconde de ta vie… Avais-tu besoin d’un repos ? Était-ce une question de fatigue accumulée ? Tu l’ignorais, mais tu te promettais de demander l’autorisation à Lys de photographier son mimikyu lorsque vos chemins allaient se croiser à nouveau.
Oui voilà. Ça devrait pouvoir réparer ton erreur. Au moins un peu.
- Oui ! C’est une ville portuaire avec beaucoup d’animation… La vie y est plutôt bonne si tu veux mon avis.
Voltapolis, Doublonville. Était-ce pour mieux y sauver les gens que tu t’entêtais à ne fréquenter que les villes surpeuplées ? Bonne question. Pour certains, l’absence de verdure pour compléter les espaces métropolitains était un regret qui ne se surpassait pas… Mais pour toi, c’était tout simplement normal. Tu n’étais pas un amoureux des grands espaces urbains, mais c’était ici, proche de l’être humain, que tu t’épanouissais le mieux… Alors tu pouvais bien y sacrifier ton besoin de nature, ça ne comptait plus tellement à partir du moment où tu pouvais sauver l’Homme. Ou du moins, une fraction de son tout.
- Bonne question.
Très bonne question. Pourquoi ? Pourquoi étais-tu parti ? Pourquoi avais-tu choisi Lumiris ? … et surtout, pourquoi sacrifiais-tu de ton temps et de ta santé sans rien attendre en retour ?
- J’ai déjà un bon gagne-pain alors le temps que je possède en trop, je préfère le donner au suivant. Je pense que le geste serait symboliquement moins fort si j’étais rémunéré pour le faire… Je veux juste aider les gens, sans rien attendre en retour. Tu comprends ?
Murmures-tu avec un sourire doux planant sur tes lèvres. Tu te sentais en paix. En paix avec toi-même, en paix avec tes idéaux et tes désires. Ton but était d’aider les gens, de payer ta dette envers Arceus ou ce qui le surpassait. L’argent, tu t’en foutais. La reconnaissance également.
- Je voulais repartir à zéro et Lumiris m’a semblé pas mal. C’est rare de voir une région aussi isolée s’ouvrir subitement au monde… Ça m’a intrigué. J’ai longtemps hésité avec Alola, mais mes pas m’ont finalement conduit jusqu’ici alors je suppose qu’il doit y avoir une raison derrière…
Tu supposais toujours trop. La vie n’était pas toujours un chef d’orchestre intéressant, il ne fallait pas hésiter à n’en faire qu’à sa tête lorsque la mélodie ne sonnait pas juste.
- Dis… Pourquoi tu t’es retrouvée sur les lieux de l’accident ? Tu étais curieuse d’admirer les réparations et les dégâts… T-tu as perdu des proches là-bas peut-être ? Je ne sais pas, je suis juste curieux.
Mais tu avais aidé des gens qui avaient été touchés par l’attaque… alors forcément ça te parlait plus qu’une visite de routine. Mais tu aurais tout de même dû te taire. Au bout du compte, ça ne regardait pas vraiment. Qu’elle y soit allée en tant que touriste au grand nez ou qu’elle y soit aller pour se recueillir, qu’est-ce que ça changeait ?
Kiana Ehu-Kai
Dresseur·euse Nova
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“J’espère pour toi que tu y trouveras ce que tu recherches…” Elle haussa légèrement les sourcils, prise au dépourvu. Pourquoi dire cela ? Pourtant, Kiana réalisa instinctivement deux choses ; premièrement Izaiah avait vu clair en elle, secondement ils avaient plus de points communs que prévu.
Au fond elle était vraiment en quête. De quoi ? La jeune femme n’était pas sûre elle-même. De base elle aurait dit de distance par rapport à ses faux-semblants d’Alola. En outre, elle aurait énoncé son désir de fouler des terres inconnues qui l’animait depuis toujours. Mais et s’il y avait autre chose ? Si ses désirs d’enfant n’étaient pas vraiment éteints ? Espérait-elle encore expérimenter quelque chose de différent (d’extraordinaire) dans cette région ? Sculpter son destin de ses propres mains ? Quoi qu’il en soit, il lui semblait qu’en restant assez longtemps, Kiana ne trouverait pas ce qu’elle cherchait - elle trouverait bien plus.
Mais alors, qu’en était-il d’Izaiah ? A quoi aspirait-il ici ? Notre insulaire s’avançait peut-être, mais elle avait l’impression que s’il la cernait si bien, c’est parce qu’ils étaient animés des mêmes intentions - des mêmes privations, des mêmes besoins. Ils se connaissaient sans se connaître, parce que malgré la distance qui les avait séparés durant les premières années de leurs vies, leurs chemins étaient en fait deux extrémités d’une même ligne destinées à se rejoindre tôt ou tard pour se mélanger parfaitement. Ils venaient forcément du même astre.
Face à ces conclusions qui lui traversaient l’esprit, Kiana répondit doucement. “Merci. Toi aussi…” Elle pencha légèrement la tête, en faisant mine de s’intéresser au nuage qui surplombait sa boisson. Ce n’était pas le genre de chose dont on parlait avec une personne qu’on vient de rencontrer, pas vrai ? Même lorsqu’on avait l’impression de ne pas être inconnus. Elle devrait cesser de présumer autant de lui et de leur amitié naissante. Heureusement il n’y eut aucun blanc gênant à cet instant. La conversation était tellement naturelle, la demoiselle se dit que l’heure les rattraperait sûrement avant qu’ils tombent à court de sujets et que l’équipe du café les mettrait à la porte.
Mais ils en étaient encore loin, pour le moment elle profitait simplement de la présence agréable du blond. Ce dernier évoqua un mimiqui particulier croisé en refuge, et son regret de ne pas l’avoir photographié. Dommage, Kiana aurait aimé le voir ; mais ce n’est pas comme si c’était totalement impossible, pas vrai ? “Oui, je connais ce pokémon ! Il a été découvert à Alola. Mais même si tu n’as pas pris de photo la dernière fois, tu pourras le faire la prochaine, pas vrai ? Alors ce n’est pas si grave.” Elle essayait de l’encourager, à sa manière ; être optimiste pour les autres lui était toujours facile. Cela dit la métisse rajouta joyeusement “En tout cas j’attendrai la photo.”
Par la suite, ce fut à son tour de surprendre un peu Izaiah et de le faire réfléchir sur ses motivations. La réponse qu’il lui donna la toucha, parce que Kiana sentait que c’était vrai. Il ne faisait pas cela pour les lauriers, la reconnaissance, le profit ; le pléiade souhaitait réellement apporter son aide à ceux qui en avaient besoin. Il avait une belle âme. “Je pense comprendre, oui.” Elle lui adressa un sourire chaleureux, en écho à celui de son vis à vis. “Et c’est noble de ta part. Tu aurais pu envisager d’utiliser ce temps autrement, pour une passion quelconque.” Ne voulant pas paraître trop sérieuse (bien qu’elle pensât chaque mot prononcé), la nova le taquina un peu. “Tu me donnerais envie de tester le bénévolat ! Si vous avez besoin d’un coup de main un jour, dis-le moi haha.” Ce n’était pas totalement faux. Si cela lui permettait d’aider, si elle pouvait devenir une meilleure personne, alors pourquoi pas ?
En revanche, le bénévolat dans les hôpitaux existait sans doute aussi à Johto. Raison de plus pour s’interroger sur la venue du photographe à Lumiris ; cependant lui-même semblait en ignorer la moitié des raisons. Kiana prit un air pensif, avant de lâcher simplement “Bah, autant ne pas trop y réfléchir. Si ça se trouve la région t’a attiré parce qu’elle venait justement de s’ouvrir au monde et que tu y voyais un message, ou bien tu devais venir parce qu’une histoire t’y attend. Dans tous les cas tu seras fixé le moment venu non ? En général ça marche comme ça dans les livres.”
Sa propre naïveté la gênerait presque. Elle espérait qu’au moins il n’en rirait pas (sans doute que non, ils étaient tous les deux de grands romantiques qui attendiez de croiser un grand chamboulement au coin de la rue). Et puis tout compte fait, la brunette lui avait répondu ce qu’elle aurait aimé entendre. Un message ouvert, qui laisserait la place tant au banal qu’au fantaisiste.
Elle sirota un peu de chocolat, en se perdant quelque peu dans ses pensées, avant que le bénévole ne pose une question des plus inattendues. Kiana ne cacha pas sa surprise, d’ailleurs. Que répondre à cela ? Pourquoi chercher la dévastation ? Qu’attendait-elle d’une vision si désolante ? Difficile à dire. Après une poignée de secondes accordée à la réflexion, sa première réaction fut d’ailleurs “Je ne sais pas trop.” Elle tourna la tête vers l’extérieur, pour contempler la rue - les passants, l’animation, la vie tout simplement. “J’étais peut-être trop curieuse, oui. En tout cas je n’ai perdu aucun proche là-bas. Je crois que… Sans le voir, je n’y aurais pas cru. C’est terrible de savoir que humains et pokémons peuvent s’entre-tuer, oui, mais en avoir la preuve est encore plus difficile. Tout comme le comprendre.” Elle ne comprenait toujours pas.
Son regard revint vers Izaiah, tandis que d’un côté, ses lèvres remontaient avec mille excuses pour ses explications sans queue ni tête. “Désolée, tout ça ne veut rien dire. En tout cas les personnes qui ont vécu cela ont dû être terrifiées. Tu en as vues à l’hôpital ?” Voulait-elle les rencontrer ? Pas vraiment. C’était plus pour approfondir le sujet. Kiana devrait arrêter de se mêler des affaires des autres parfois ; surtout quand elle n'y pouvait rien.
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Tu connaissais trop bien l’être humain. Il était une part de toi, il avait composé ton histoire avec plus de justesse que quiconque avant lui… Tu en avais vu les facettes les plus flatteuses, mais aussi les plus hideuses sans y ajouter le moindre filtre. Il n’était plus un secret. Tu n’étais pas psychologue, tu n’avais pas multiplié les années d’études pour en comprendre toutes les subtilités… Mais l’Homme dans sa grande complexité était un vieil ami qui t’avait beaucoup pris et donné. Les gens se ressemblaient tous. Le caractère unique de chacun d’eux était un prétexte pour masquer leurs similitudes profondes et leurs faiblesses communes… Chaque être humain aimait se croire différent, mais rien n’était plus factice que cette différence calculée. Au fond, vous réagissiez tous au même instinct et aux même besoins primaires…
Tu ne voulais pas dire que Kiana était le produit copié d’une autre personne, mais elle avait grandi dans des conditions communes à toute une génération et c’était normal qu’elle ait des désirs ou des idées semblables à une autre personne de son âge… Pour toi, ce n’était pas choquant. Ce n’était pas dramatique. Ce n’était pas mal. Parce que toi aussi tu te cherchais, parce que toi aussi tu étais venu jusqu’ici pour trouver quelque chose. Ce n’était pas un crime que d’essayer de trouver sa place en ce monde, après tout… Le plus dangereux restait encore de ne pas la trouver. Du moins, c’était ce que l’hôpital t’avait appris… Kiana et toi étiez les mêmes. Sans même le savoir, vous partagiez les mêmes intentions et besoins… Mais aussi les mêmes incertitudes, sans nul doute.
Mais c’était encore trop tôt pour partager ce genre de faiblesse. C’était trop tôt pour te l’entendre dire, pour t’ouvrir aussi sereinement. Mais un jour, sans l’ombre d’un doute… Car, tu le savais, ce n’était pas la dernière fois que tu voyais Kiana. D’ici là, parler de pokémons te semblait plus approprié que de jouer les amis de toujours. Car même s’il y avait cette connexion, ce sentiment inconcevable d’être face à une vieille connaissance, il ne fallait pas oublier que Kiana et toi n’aviez à votre actif que trois ou quatre heures de dialogue… Pas une seconde de plus. C’était loin de l’éternité promise.
- Vraiment… ?
Tu t’étonnes de savoir que les mimikyu ont été découverts à Alola… Mais pourquoi est-ce si étonnant ? Pourquoi as-tu du mal à concevoir que certaines espèces avaient probablement été exclusives à d’autres région avant que l’exportation ne fasse son œuvre ? Intrigué, tu fixes ton latté quelques secondes. Pourquoi n’avais-tu pas parlé de cela avec Lys au refuge ? Les questions les plus pertinentes t’échappaient toujours au mauvais moment…
- Oui ! Je vais sans doute aller rendre visite à se dresseuse prochainement… Ce sera une bonne opportunité. Je te l’enverrai ! J’espère que ce sera à la hauteur de tes attentes haha
Tu ne manquais pas de confiance en ton œuvre, mais tu craignais toujours que les gens s’attendent à plus que ce que tu pouvais offrir. Tu étais un professionnel, un « vrai de vrai photographe », mais parfois les gens avaient tendance à oublier que le nombre de variables à prendre en considération lors d’un shooting était ahurissant. Ça ne suffisait pas toujours de cliquer sur le bon bouton au bon moment. Tu préférais surveiller tes arrières et considérer d’ores et déjà que tes tentatives se solderaient peut-être par un échec… C’était peut-être un peu pessimiste, mais accepter la défaite avant de l’avoir confrontée était moins douloureux que de beaucoup trop croire en une réussite inatteignable. La chute faisait beaucoup moins mal après ça…
Le bénévolat, quant à lui, était totalement autre chose. Tu te rendais compte, en exprimant le fruit de tes deux passions, qu’un monde les séparait… Mais qu’un pont important les liait : la beauté de l’univers dans lequel vous évoluiez. La photographie autant que ton désir d’aider les gens dans le besoin avait pour objectif de mettre la lumière sur cette existence tant chérie de tes mains… Et entendre Kiana en parler te faisait réaliser pour la première fois à quel point tu te passionnais pour la vie dans sa structure la plus primitive.
Distraitement, tu te permis une dernière gorgée de ton latté. Tu ignorais beaucoup de choses à ton sujet. Tu étais quelqu’un d’instinctif, un amoureux transi de la l’univers qui n’agissait au final que dans l’objectif de mettre en lumière sa beauté... Ça semblait si… stupide ? Craignais-tu de ne pas aimer suffisamment ce monde après que l’on t’ait presque arraché à lui ?
- Absolument. C’est peut-être Arceus qui m’a lancé un message ! Tu imagines si je suis en réalité l’élu d’une prophétie destinée à sauver le monde ? Tu as peut-être devant toi un héros à en devenir ! Si c’est le cas, je suis convaincu que je vais bientôt recevoir ma mission, je te tiens au courant ok ?
Rigoles-tu, l’esprit léger. Comme dans les livres. Ce serait cool. Ce serait vraiment cool. C’était peut-être naïf de croire que quelque chose t’avait guidé jusqu’à Lumiris… Mais de toutes les théories envisageables, c’était définitivement la plus charmante. Il y avait forcément une raison et tu n’attendais plus que le moment où elle te tomberait dessus sans crier gare… Ce fameux moment où l’évidence ferait un déclic dans ta tête et où tu comprendrais que c’était pour ça que tu étais venu jusqu’ici... Ce jour-là serait décidément une bien belle journée.
Sauf si on t’annonçait que tu devais tuer quelqu’un. Ou que tu allais être tué. Ce serait un peu moins cool que d’être confronté à la mort directement.
Et en parlant de mort…
- Il faut le voir pour le croire oui… Les réseaux sociaux et les médias en parlent sans cesse désormais, mais c’est difficile de croire à la réalité des événements au travers un écran. Je comprends mieux… Enfin, je crois.
Vraiment ? C’était difficile à dire. C’était un sujet délicat et une réalité difficile à accepter… Aurais-tu fait la même chose que Kiana, à sa place ? Probablement. Sans faire de détour pour admirer la désolation de tes propres yeux, tu te serais sans doute arrêté sur place si l’occasion c’était présentée… Parce que les images ne parlent pas assez.
Elles ne traduisent pas l’ambiance des rues. L’odeur de fer du sang. Les cris de terreur, de frayeur. La haine. Les regards d’incompréhension dans les yeux des innocents. Les souvenirs qui parcourent les rues tel de vieux fantômes.
La télé, ce n’est pas assez pour comprendre. Pour satisfaire une curiosité comme celle de l’Homme. Parfois, on a besoin d’une douche froide pour reconnecter avec notre humanité. On a besoin de se confronter à la déchéance humaine et d’accepter d’en voir les restes encore fumants…
- Oui…
Tu aurais aimé reprendre une gorgée de ton latté afin de faire le point sur tes pensées, mais le contenu du verre est vide et tu sais qu’il est trop tard pour en demander un deuxième. Too bad.
- J’ai demandé un transfert cette semaine-là… Afin d’être auprès d’eux et de pouvoir aider le personnel médical. Ils étaient débordés les pauvres…
Y avait-il une seule journée où ils ne l’étaient pas ?
- Il y a eu une dizaine de victimes admises à l’hôpital, ce n’était pas beau à voir. La frayeur dans les yeux, l’inquiétude qui traversait les couloirs… Loin de moi de moi l’idée de jeter un froid sur notre conversation, mais c’était vraiment atroce.
Tu étais rarement aussi… Sombre. Mais où allait cette conversation, Iza ? Où espérais-tu la mener ?
- Je ne dois pas avoir les reins assez solides pour ça, j’y repense souvent la nuit haha
Puis haussant doucement les épaules.
- Bref ! Pardonne-moi pour mon égarement, c’était un sujet inapproprié. Ton médecin a estimé combien de temps pour la guérison de ton bras ? Tu as des directives particulières à suivre pour que tout se passe dans le meilleur des mondes ou les blessures sont superficielles ? Quand j’étais plus jeune, j’adorais les visites chez le médecin parce qu’il me dispensait toujours des cours d’EPS.
Confies-tu avec amusement. Tu voulais simplement changer de sujet… Tu ne voulais pas ressasser les horreurs qui te privaient de sommeil depuis une semaine, tu préférais repenser à ce pauvre prof qui n’avait jamais pu s’enthousiasmer de ta présence en cours.
- Quoi que quand on voit le résultat aujourd’hui, je pense ça aurait sans doute été mieux que j’accepte de participer aux cours haha
Ton cœur aurait-il pu le supporter ? Personne ne savait. Mais ça n’importait pas vraiment, tu voulais simplement voir un sourire apparaître sur le visage angélique de Kiana. Même si tu n’étais pas vraiment drôle.
Kiana Ehu-Kai
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La réponse d’Izaiah lui tira un rire léger ; c’était plaisant de parler avec quelqu’un qui rentrait dans ses élucubrations sans la moindre trace de moquerie. Simplement de l’humour et de la complicité, ainsi qu’un sentiment partagé d’attente. Ils traversaient tous les deux leurs jours en puisant, dans les paysages inédits de Lumiris, un nouvel espoir. Au fond, peut-être savaient-ils que de belles surprises les attendaient. (cette rencontre en faisait partie)
“Ça marche ! J’ai hâte de savoir en quoi elle consiste, et comment tu comptes l’accomplir.”
Mais avant, le blond lui parla d'une mission qu'il s'était lui-même fixée ; d’une tentative avortée de soulager des douleurs qu’il n’avait pas apprivoisées ; des visions qui hantaient ses nuits.
L’expression qu’Izaiah afficha en parlant des victimes de l’incident Mistral la peina. Sans qu’il n’explique réellement, Kiana sentit qu’un tourbillon d’émotions négatives et de souffrances tant physiques que morales avait menacé de l’engloutir. L’empathie est une arme à double tranchants, qui pouvait devenir un atout majeur lorsqu’il fallait décrypter l’esprit humain pour en établir une carte et aider quelqu’un à sortir de son labyrinthe intérieur. Mais aussi se retourner contre nous à la moindre imprudence, au moindre acte d’altruisme accordé sans retenue à un être brûlé à vif.
Izaiah avait voulu trop donner. Il avait espéré tendre la main à ces malheureux frappés par l’impensable, aider à soigner ceux happés par une folie subite. Cruel hasard que le leur ce jour-là, de s’être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Pourquoi le monde n’était-il pas plus sûr ? Pourquoi tout le monde n’était pas bienveillant envers ses semblables ? Que pouvaient apporter ces actes à quiconque les commettait ? Kiana ne pouvait cautionner, mais elle était tout de même curieuse.
“Si ça peut te rassurer je n’aurais sans doute pas fait la fière non plus. Mais ça veut dire que tu les regardes vraiment, au moins. Tu ne minimises pas leurs blessures, ni leur douleur. Mais peut-être que tu n’étais pas prêt, et tu ne pouvais de toute façon pas l’être sans l’avoir vécu au moins une fois. Enfin j’imagine… Désolée, je me mêle de ce qui ne me regarde pas.”
Elle cacha sa gêne derrière sa tasse en prenant une nouvelle gorgée de chocolat. L’insulaire ne savait pas si ses propos étaient d’une grande aide, mais elle espérait. Kiana voulait allumer une petite chandelle près des ténèbres qui menaçaient le regard pétillant d’Izaiah. Cependant elle ne savait pas toujours s’y prendre. Kiana était encore trop douce, trop innocente ; la portée des choses lui échappait parfois, même quand elle pensait la saisir pleinement. Alors il se pouvait que ses paroles soient déformées en lames qui ne faisaient que renforcer le supplice de son vis à vis.
Cela dit, le Pléiade changea promptement de sujet peu après. Pour leur plus grand soulagement à tous les deux. La brunette sourit largement - de ses lèvres tachées de chocolat - avant de répondre. “Mais non, tu es très bien tel que tu es ! Pour mon bras ce n’est rien de grave, ils m’ont demandé de revenir dans quelques jours pour vérification mais sinon tout va bien. Je pourrais même faire un bras de fer !” Rit-elle gaiement. “J’ai toujours eu une santé de bourrinos, il en faudra plus pour m’avoir. Mais tu m’as l’air bien au fait des dispenses d’EPS, ça t’arrivait souvent ?”
En attendant sa réponse, Kiana sirota une nouvelle fois sa boisson. Elle atteignait le fond, là où le cacao se faisait plus intense ; là où le sucre laissait un peu de place à l’amertume. C’était comme lorsqu’on discutait avec quelqu’un : plus on allait loin, plus on avait de chances de tomber sur une partie moins douce.
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Tu n’aimais pas parler de choses tristes. Ça ne te ressemblait pas, ça ne collait pas à tes habitudes… Toi, t’étais censé être un rayon de soleil dans les quotidiens nuageux, un souffle de vent frais sur les idées sombres. Tu ne pouvais pas te permettre de faillir à ta tache, à la perception que l’on avait de toi. L’attaque de la Team Mistral sur Voltapolis avait jeté un véritable froid dans ta vie… Mais tu ne pouvais pas le laisser gagner le moindre centimètre sur ta bonne humeur. Dans la course pour déterminer ton humeur, il ne pouvait y avoir qu’un seul gagnant. Et puis, ce n’était pas très sympa de partager ce genre de pensées avec une « inconnue ». Kiana n’avait pas à prendre sur elle les tourments qui t’empêchaient de dormir… Et puis, que pouvait-elle trouver à y redire ? Ce n’était pas sain d’imposer aux autres ses états d’âme et ses craintes. Surtout quand la personne face à nous n’était pas une amie de longue date. Certes, tu avais le sentiment de connaître la belle depuis une éternité… Mais dans les faits, il n’en était rien.
Même si Kiana avait définitivement un rôle à jouer dans ta vie à Lumiris, elle n’avait pas besoin de devenir une épaule sur laquelle tu pouvais te lamenter. Ce n’était tout simplement pas toi. Toi, tu aimais les conversations légères, les banalités échangées, les boutades affectueuses : tu ne voulais pas laisser l’horreur du quotidien obscurcir tes yeux bleus. Et tu étais certain qu’elle pouvait comprendre, qu’il n’y avait pas besoin de mots pour l’expliquer. Tu étais prêt à faire comme si de rien n’était, à ignorer tes propres paroles lorsque la jeune fille s’empresse de rebondir sur ton pauvre monologue. Un sourire en coin, un haussement d’épaules alors que tu prends une gorgée timide de ton latté.
- Tu as raison… Mais il y a probablement des gens tout simplement plus solides que moi. Mais ce n’est pas grave, je suis content de l’avoir fait, d’avoir essayé. J’imagine qu’on a tous une place différente sur terre, la mienne n’y était tout simplement pas.
Au fond, tu sais que le personnel médical a fait des miracles avec les blessés… Alors peux-tu regretter de ne pas avoir réussi ? Non. Ton échec n’était pas un drame, personne n’en était mort. Tu n’avais tout simplement pas les reins assez solides pour encaisser le choc, pour admirer les vivants flirter avec les portes menant au purgatoire. Toi, tu avais l’habitude des rescapés, des rejetés. Les gens qui voulaient vivre t’effrayaient davantage que ceux qui n’en avaient plus rien à foutre, ce n’était rien de très nouveau.
En parler avec Kiana te faisait quand même un bien fou. Même si c’était difficile de placer des mots sur ce genre de sentiment d’impuissance, c’était agréable d’avoir une oreille pour comprendre et répliquer. Même si elle ne méritait pas de ce prendre de telles traumatismes par la figure… Même si elle aurait mérité une conversation légère sans qu’on ne lui rappelle la raison pour laquelle elle s’était retrouvée à l’hôpital. Franchement, la jeune femme aurait pu te balancer les pires insultes au visage que tu te serais contenté de hocher distraitement la tête, tout simplement, car quelqu’un qui prenait le temps de t’écouter te lamenter ne pouvait pas avoir tort. Personne d’autre n’avait vraiment envie de le faire.
L’avenir t’apprendrait peut-être que ta fragilité était un frein à tes ambitions… Mais d’ici là, c’était une part de toi que tu assumais pleinement. Tu n’en avais pas honte. Au contraire. Ça te rendait humain… Tristement humain. Heureusement, tu n’avais jamais aspiré à être plus.
- De bourrinos, carrément !?
Tu rigoles légèrement, fronce légèrement les sourcils en fixant le visage de la demoiselle.
- Au fait, tu as du chocolat juste ici.
Tu pointes ton propre visage, tentant de faire comprendre à Kiana quelle partie de son faciès a été marqué par son chocolat chaud. Tu pourrais faire une blague, préciser que dans un film cucul pour adolescent, c’est sans doute à ce moment que tu l’embrasserais… Mais ce serait un peu chelou comme blague à faire à une parfaite inconnue. Pis en plus, tu n’avais jamais embrassé de filles, donc ta fausse assurance de lover ne pouvait prendre racine qu’en tes connaissances cinématographiques. C’était un peu étrange. De dire ce genre de choses quand on était plus puceau que… que… Existait-il quelque chose de plus puceau que toi, au fait ?
- Sinon, pour répondre à ta question, je compte sur le bout des doigts le nombre de cours d’EPS auquel j’ai participé. Ma mère n’était pas hyper rassurée à l’idée que je m’épuise donc je suis plutôt un expert en la matière. Besoin des conseils d’un professionnel pour y arriver ? Je suis une véritable mine d’or d’informations !
Amusement. Tu ne te voyais pas vraiment comme un expert des dispenses, mais c’était quand même plus marrant de le voir ainsi que de t’entendre dire des trucs comme « On a crû toute mon enfance que j’allais mourir avant que j’atteigne la majorité donc ma mère essayait de me ménager en ne me faisant pas faire de sport. Pis pas mal d’autres trucs aussi. » Ouais, vraiment, ta manière d’amener les choses était beaucoup plus agréable.
- Si tu veux, je peux retourner à l’hôpital te voler un billet du médecin pour te permettre d’être dispensée pour le reste de l’année ! Je sais où ils les planquent.
Clin d’œil. Ce n’était qu’une blague, évidemment. Tu ne savais pas vraiment où les précieux billets étaient cachés et, même si tu le savais, jamais tu ne ferais de geste aussi con. Mais l’image t’amusait vraiment. Izaiah, trafiquant de billets du médecin de génération en génération. Tu apprendrais forcément cet art à ton fils ou à ta faille pour qu’il perpétue la tradition… C’était à ne pas en douter. Ou presque.
Kiana Ehu-Kai
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Izaiah dégageait quelque chose de doux, qui incitait à déposer ses fardeaux pour se reposer un instant au creux de son humanité. Il était comme un chalet en plein hiver, gorgé de lumière et de chaleur quand autour la tempête gronde et la nuit tombe. Il permettait naturellement de se ressourcer.
Même sur ses îles natales réputées pour leur ambiance, Kiana n'avait jamais rencontré de personne aussi solaire. Sa présence faisait un bien fou. Pourtant le jeune homme ne connaissait pas que des joies. Personne ne penserait, face à son sourire aimable et son regard accueillant, qu'il avait récemment été bouleversé par une triste expérience ; mais il préservait sa bonté envers et contre tout, en continuant de s'offrir aux autres.
L'insulaire se demandait comment Izaiah pouvait sous-estimer sa solidité, alors qu'il avait un tel courage - celui de ne jamais rendre au monde ses échecs ni ses peines, de l'aimer encore et toujours.
Cela dit nos deux protagonistes ne s'attarderaient pas plus sur ce sujet pour le moment ; il y avait plus joyeux comme conversation de rencontre. Le rire léger du blond à sa blague sur sa santé allégea l'esprit de Kiana (quel bonheur de trouver quelqu'un avec le même degré d'humour qu'elle), au moins jusqu'à ce qu'il lui signale plus sérieusement une tâche. Elle porta d'abord les doigts du mauvais côté en demandant "Oh, là ?", avant de rectifier son geste en adressant un petit sourire à son vis à vis. "Merci ! Ça aurait été la honte de sortir comme ça haha."
La brunette aurait sans doute demandé une dispense médicale pour le coup, si cela lui avait évité cet embarras. Apparemment son nouvel ami en dealait régulièrement. Elle rit allègrement à ce propos, amusée par ses blagues. "Pour le moment ce sera pas nécessaire, mais je garde l'info dans un coin de ma tête, merci ! En échange, si tu as besoin d'un bourrinos un jour hésite pas à me demander. Oh et je suis une vraie pro aux jeux mobiles aussi, si tu es coincé sur un niveau."
Kiana était du genre à avoir plusieurs centres d'intérêt qui se succédaient et revenaient régulièrement, Tetris et compagnie en ont fait partie. Bientôt elle se mettrait à la harpe. Enfin pour l'instant son attention était concentrée sur Izaiah, avec qui notre métisse discuta encore un bon moment avant que la serveuse ne vienne les déloger de leur table ; ils n'avaient pas vu le temps passer. C'était la magie de certaines rencontres, quand deux personnes s'harmonisaient si bien que les secondes semblaient ralentir.
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Un soleil. Ou quelque chose dans le genre. Tu avais toujours mis un point d’honneur à chasser les nuages et à réchauffer le cœur des gens que tu côtoyais. C’était une sorte de promesse inavouée, une tâche à accomplir : tu y prenais plaisir. Et c’était dans des moments comme celui-ci, alors que ta conversation avec Kiana coulait de plus belle, que tu réalisais à quel point il pouvait être agréable de côtoyer quelqu’un de semblable à toi. Avec elle, aucune gêne ou maladresse : les mots se succédaient avec un naturel désarmant et, pour une fois, tu avais le sentiment d’avoir découvert ton public. Parce qu’il ne fallait pas se mentir : tu n’étais pas quelqu’un de couramment drôle. Tu devais y mettre un peu du tiens pour arracher quelques éclats de rire à ton entourage… Et plus souvent qu’autrement, tu n’étais même pas certain de pouvoir dire si c’était de toi ou de ton humour que l’on se moquait. Enfin, peu importait au final. Avec Kiana les choses étaient simples et douces, vos blagounettes faisaient écho entre elles et le temps passait sans même que vous ne le remarquiez. Si tu avais offert de ton temps pour porter tes yeux sur l’horloge non loin de vous, tu aurais sans doute été constater que les heures s’étaient déjà bien succédé depuis votre arrivée… Et que tu n’avais pas le sentiment d’être épuisé par votre échange. Tu pouvais continuer le temps qu’il fallait, tant que les mots coulaient aussi aisément qu’une rivière de je-sais-pas-comment-terminer-cette-métaphore. Bref, il n’y avait aucune presse. La seule chose qui jouait contre vous, c’était le temps.
Ce bon vieil ennemi !
Tu es heureux que Kiana ne se braque pas lorsque tu pointes sa tache de chocolat. Pas qu’il y avait matière à créer un scandale -surtout que tu avais pris la peine de le lui indiquer afin qu’elle ne se promène pas avec ce désavantage esthétique toute la journée durant-, mais… Qui sait ? Tu avais vu des gens se vexer pour moins que ça. Beaucoup moins que ça. Vraiment très peu même. -cc Ezekiel- BREF.
- Ne t’en fais pas, ça te donnait un certain… Charme ? Tu sais, un peu comme les enfants qui se couvrent le visage de nourriture…
Léger rire alors que tu termines le contenu de ta tasse. C’était une taquinerie, tout simplement. Rien de bien méchant ou de vilain. Kiana était mignonne et douce, on aurait sans doute pu la confondre avec une gamine… Mais peut-être pas une gamine de l’âge idéal pour se barbouiller le visage de chocolat. C’était peut-être une insulte que d’indiquer qu’elle semblait avoir quatre ans ? Fronçant légèrement les sourcils, tu te questionnes sur le sujet quelques secondes durant. Venais-tu de lui créer un complexe ou de manquer de respect à toute sa famille ? Ou pire… Venais-tu de ruiner ta vie et la sienne ? Tu voyais beaucoup trop loin Izaiah.
Heureusement, le sujet est de lui-même amené vers « autre chose » de plus doux et moins tonitruant pour tes trois neurones survivants. Parler de dispenses et de trafic illégal de billets médicaux, c’était plus drôle. Tu ne risquais pas de te faire une ennemie si tu lui promettais cinq cours de sport en moins au cours de l’année à venir. Enfin… Sauf si Kiana était une mordue de sport. Peut-être pourrais-tu lui demander des conseils ? Parce que toi et le sport… Enfin, pas que tu souhaitais être pessimiste, mais disons que ça n’avait jamais été une histoire d’amour à la hauteur de tes espérances.
Ni de celles de ta mère, qui espérait que tu deviendrais un grand sportif en vieillissant. Mais ça, c’était avant d’apprendre que tu étais mourant. Après, elle avait plutôt espéré que tu sois tranquille et vivant. Si tu réussissais ça, tu répondais déjà à 100% de ses attentes. Félicitation : tu respirais !
- Maintenant qu’on en parle !
T’exclames-tu en sortant ton téléphone de ta poche. Une proposition comme ça, il fallait être stupide pour la refuser !
- J’ai voulu essayer Candine Crush dernièrement… Mais je ne suis pas très bon, tu peux m’aider avec ce niveau ? Je ne comprends pas trop pourquoi les gens aiment autant…
Ouvrant l’application, tu retournes ton téléphone vers Kiana afin qu’elle puisse l’attraper. Sur l’écran, le numéro du niveau apparait : 5. Quand tu disais que tu n’étais pas très bon, c’était sans doute un euphémisme… Mais ce n’était pas très grave : tu avais d’autres qualités mon Iza. Tout le monde n’avait pas besoin d’être intelligent ou doué pour réussir dans la vie. Tu avais pleiiiin d’autres avantages dont tu pouvais user !
Genre… Genre… T’étais gentil ? C’est cool ça, être gentil ! En 2020, c’est assez rare. Bref.
La conversation s’étira un moment encore… Puis la serveuse en charge de votre table vint discrètement vous avertir que le café allait bientôt fermer et que ce serait quand même bien s’ils pouvaient payer et partir. Gêné, tu te relèves aussitôt en reprenant ton manteau -manteau jamais mentionné nulle part ailleurs dans ce RP- puis tu adresses un sourire à ton amie d’un jour. Et de toujours. Idéalement.
- Je sais que ce n’était pas ce qui était entendu… Mais laisse-moi t’inviter s’il-te-plait !
Tu y tiens. Genre… Vraiment ? Kiana avait déjà eu une grosse journée entre son passage à l’hôpital et l’interminable conversation que tu lui avais imposé après sa sortie… Elle méritait d’être « gâtée » (wow, ce n’était vraiment pas le mot que tu aurais choisi) un peu. Et puis, ça te faisait plaisir. Ça te faisait toujours plaisir -c’était bien ça le problème, btw-
- Et…
Moment de silence. Comment étais-tu censé demander ça sans paraître de la draguer lourdement ? Allait-elle croire que tu avais des idées derrière la tête ? Embêté, tu prends une grande inspiration. Oh et puis… Fuck it ?
- J’aimerais bien garder contact si ça t’intéresse… Alors est-ce que tu permets que je te demande ton numéro ?
Ok. Ça sonnait un peu chelou… Mais ça aurait pu être pire ! Malheureusement -heureusement ?- pour elle, Kiana était le genre de personne que l’on oubliait pas. C’était si naturel, si vrai. Tu n’avais jamais eu une conversation aussi douce et authentique avec une parfaite inconnue… En l’espace de quelques heures, elle était devenue quelqu’un dans ta vie et c’était quelque chose que tu ne pouvais pas expliquer. Ça devait être de la sorcellerie ou quelque chose de similaire… !
Kiana Ehu-Kai
Dresseur·euse Nova
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Kiana esquissa une petite moue mécontente lorsque Izaiah la compara à une enfant. "Mais j'ai 18 ans !"... Et elle venait de réagir comme si elle en avait dix de moins. Bon, la brunette faisait pas toujours son âge c'est vrai. Mais elle était quand même majeure !
Bref, dans tous les cas sa bouderie ne pouvait pas durer longtemps (déjà parce qu'elle n'était pas sérieuse, ensuite parce que le blond restait d'excellente compagnie). Il suffisait de changer de sujet pour que Kiana retrouve le sourire. Quand Izaiah sollicita son aide, elle se pencha par-dessus la table pour observer l'écran de téléphone. Ce qu'elle y vit lui provoqua un rire.
"Pardon, je devrais pas rire ! Mais effectivement, je ne sais pas si c'est candine crush ou les jeux en général, mais tu as des progrès à faire jeune padawan. Fais voir." Le quart d'heure suivant fut dédié à lui montrer différents trucs et astuces pour avancer dans les niveaux - tout en s'amusant.
Les heures défilant ils changèrent plusieurs fois de sujet, toujours avec une légèreté et un naturel qui les dirait amis de longue date. Ce fût finalement la serveuse qui mit fin à leur échange interminable. En se levant, le jeune homme précisa très galamment de l'inviter ; son premier réflexe fût de refuser, seulement elle n'eut plus le choix lorsque notre insulaire réalisa qu'elle avait laissé son portefeuille à l'hôpital.
Dans un même temps Izaiah demanda timidement ses informations de contact, ce qui la réjouit énormément. "Évidemment ! Je serais pas partie sans récupérer au moins ton numéro de toute façon." Kiana avait passé une après-midi trop douce pour cela. Et puis maintenant ils étaient partenaires en affaire, avec leurs mots du médecin et leurs coups de pouce sur les jeux mobiles.
Le Pléiade régla donc la note, puis ils quittèrent les lieux au grand soulagement des employés. Une fois dehors la métisse s'étira un peu. Rester assise aussi longtemps avait son coût, même lorsqu'on avait pas vu le temps passer.
De là ils retournèrent ensemble à l'hôpital, puis se séparèrent avec le sourire ; certains de ne pas repartir seuls ce jour-là, convaincus d'avoir trouvé un nouvel ami. Leur âme-sœur amicale.
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Tu avais toujours été nul aux jeux. Ce n’était pas parce que tu étais un idiot ni parce que les règles t’échappaient… Mais ça n’allait jamais totalement comme tu le souhaitais lorsqu’un jeu s’invitait dans la partie. Heureusement, Kiana était plus douée que toi. En même temps, être plus « doué que toi » n’était pas vraiment un exploit en soi… Mais c’était suffisant pour susciter l’admiration chez toi -et toi seul d’ailleurs-.
Et si Kiana était véritablement ton âme-sœur ? Le yang de ton yin ? Le soleil qui complète ta lune ? À cette idée, un sourire menace de franchir la frontière timide de tes lèvres, mais tu l’étouffes systématiquement : tu n’avais pas envie d’expliquer la pensée qui venait de traverser ton esprit. Tu ne voulais pas lui faire peur ou l’accaparer avec tes histoires d’âme-sœurs alors que vous vous connaissiez depuis quelques heures à peine. C’était trop tôt, beaucoup trop précipité comme remarque à lui offrir sur un plateau d’argent. Peut-être qu’un jour, si votre amitié se développait au-delà de cette rencontre, tu prendrais le temps de lui raconter que tu avais su dès le départ que vous étiez liés. C’était le genre d’anecdote qui devenait beaucoup moins creepy une fois racontée autour d’un feu ou sous la contemplation silencieuse d’un ciel étoilé. Enfin, c’était déjà mieux que de le dire à une fille à peine rencontrée.
Pourtant, tu le sentais jusqu’au plus profond de tes tripes : ça bouillait en toi. C’était comme une évidence dont tu n’avais pas le droit d’énoncer les tenants et aboutissants au risque de tout gâcher… On t’exposait juste là, juste sous tes yeux, une partie essentielle de ton avenir et tu ne pouvais strictement rien en faire. Tu ne pouvais que laisser les choses aller et espérer. Espérer que tu ne t’étais pas trompé, espérer que l’avenir te réservait bien ce qu’il planifiait de te réserver. Ce genre de truc quoi.
Heureux que la demoiselle ne perçoive pas de message caché derrière ta demande, tu te surprends à soupirer de soulagement. Ce n’est ni discret, ni poli, mais c’est sincère : tu n’aurais pas su où te mettre si Kiana avait pensé que tu te faisais des histoires à son sujet. Genre que tu voulais la draguer ou je-ne-sais-quoi. Pas que Kiana n’était pas jolie ou que ce n’était pas le genre de fille que tu pourrais courtiser, mais… Il n’y avait pas de mais. Tu déparlais. Tu voyais beaucoup trop loin : tu paniquais. Tu devais arrêter de te faire des scénarios.
- Je suis rassuré alors…
Confies-tu avec amusement en réglant la note. Quelques minutes plus tard, vous êtes de nouveau en direction de l’hôpital. Vous profitez de vos derniers instants ensemble, discutez de tout et de rien, meublez un silence qui n’en est pas un. (Jamais tu n’avais discuté aussi aisément avec quelqu’un, tu ne sais trop qu’en penser) et, au final, la course vers le lieu de votre rencontre se déroule en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Tu ne vois rien passer du temps ou du chemin. Les bâtiments te sont flous ; ton attention se consacre entièrement à l’insulaire près de toi. Ça fait du bien, non, de développer des amitiés ? C’était quelque chose dont tu n’avais pas l’habitude, mais dont la découverte te faisait le plus grand bien.
- Merci beaucoup pour la journée… J’espère te revoir bientôt !
Vos chemins doivent se séparer. Le soleil a déjà commencé à se coucher… Ce serait bête d’étirer à outrance le temps passé ensemble. Même si tu as envie de lui proposer de migrer ailleurs, de trouver un parc dans lequel s’arrêter malgré la fraîcheur qui s’installe doucement, tu te fais violence pour simplement tourner les talons.
Un sourire brille sur tes lèvres. Tu n’es plus seul désormais.