Les affaires tournaient bien pour mon agence. En tout cas, assez bien pour me faire venir à Kishika. C’était un village paisible comparée aux grandes villes que j’avais l’habitude de visiter. Un peu de tranquillité ne faisait pas de mal. J’en avais profité pour ramener mon œuf, toujours rangé dans son incubateur. L’air frais lui ferait peut-être du bien. Je n’avais occupé aussi longtemps un œuf Pokémon. Quand j’avais reçu mon premier œuf, il avait vite éclos et c’était ainsi que Riolu fut né. Et maintenant, il avait évolué en Lucario.

Après avoir fini mon enquête qui n’était pas assez intéressant pour vous raconter de quoi il s’agissait, je décidais de rester dans le village pendant une journée avant de retourner à Artiesta. Cependant… L’idée de me reposer sans rien faire n’était pas du tout mon genre. Puis je repensai aux évènements qui avaient amené Lucario et Reptincel à évoluer. Sans les Pokémons, l’être humain était faible. Et il était hors de question que je me repose uniquement sur mes Pokémons pour pouvoir me défendre.

Me voilà ainsi dans le champ des tournesols, torse nu, en train de m’entrainer avec Lucario aux arts martiaux. Cela faisait deux ans que j’en avais pas pratiqué. Pour rappel, depuis l’âge de 5 ans, j’avais grandi dans le dojo de mon oncle et ma tante et mon oncle m’avait pris comme élève. Mais j’utilisais ses enseignements pour de mauvaises raisons. Mais c’est du passé. Bref, pendant que j’échangeais quelques coups avec Lucario, Reptincel nous regardait en gardant l’œuf dans son incubateur.

Alors que Lucario et moi continuions d’échanger des coups, Reptincel nous interrompit pour que nous portions notre attention sur le Siderella qui nous observait. En fait, il avait surtout mes yeux rivés sur mon œuf. Quoi, il voulait me le voler ? Ou juste le contempler ? Et c’était alors là où une infirme aux cheveux longs châtains, accompagnée d’une Bibichut chromatique arriva. Apparemment, le Siderella l’appartenait. Et elle semblait mal à l’aise.

- Je suis réellement navrée de cet incident. J'espère qu'elle n'a pas fait grand chose pendant mon mince moment d'absence...

Elle était très polie, on aurait dit une noble. Ce n’était pas le genre de personne avec qui j’avais l’habitude de trainer. Et de rencontrer, aussi. Ou alors, elle avait juste eu une très bonne éducation… Trop bonne d’ailleurs.

- Non, elle n’a fait que nous regarder, rien de plus.

Je me tournai ensuite vers Lucario.

- On prend une pause.

Lucario me fait un signe affirmatif de la tête et alla s’asseoir. Mon dieu, comment je transpirai. J’allai vers mon sac pour prendre une serviette afin d’enlever de la sueur sur mon visage et prit aussi une bouteille d’eau.

- Tu es du coin ?

Et voilà qu’elle me donnait des explications dont je n’avais jamais demandé et dont je m’en fichais, honnêtement. Enfin, ce n’était pas pour être méchant, mais c’était juste que… ce n’était pas intéressant. Bon, j’écoutai ce qu’elle me disait… … J’entendais ce qu’elle me disait. Puis, elle répondit à ma question :

- Je me suis installée ici mais je viens d'Unys. Et vous ? Si vous m'autorisez à vous retourner la question.

Elle semblait malade. Rougissement, toux… Elle avait la grippe ? Si c’était le cas, elle ne devrait pas être là.

- Si tu es malade, tu devrais rentrer chez toi.

Sa Sinderella regardait toujours mon œuf. Elle voulait tant que ça le caresser ? A vrai dire, je ne voulais pas vraiment la laisser s’en approcher. Sa dresseuse était peut-être infirme, mais elle restait, avant tout, une inconnue. Je ne faisais pas confiance aux premiers venus. Cependant… Il me semble que la Sinderella souhaitait caresser Lucario.

- Ton Pokémon peut caresser Lucario, si elle le souhaite. Seulement Lucario.

Je me tournai vers lui et ça n’avait pas l’air de le gêner, vu son léger sourire.

Ais-je bien entendu ? Elle n’avait jamais vu de garçon torse nu de sa vie ? Même pas dans une piscine ou à la plage ? Et très pudique, qui plus est. Je soupirai et remis mon T-Shirt bleu marine très sombre, même si mon corps ne voulait pas tellement j’avais chaud. Surtout que le tissu c’était collé à ma peau transpirante. Qu’est ce qui ne fallait pas faire pour ne plus atteindre la pudeur d’une jeune demoiselle. Pendant ce temps, Lucario se laissa caresser et c’était la première fois qu’un Pokémon le touchait ainsi.

- Tu ne dois pas sortir souvent alors si tu n’as jamais vu le torse nu d’un mec. Normalement, c’est moi qui devrait être mal à l’aise si c’était toi qui était venue torse nue.

Bon, ce genre de blague devait être déplacé pour une fille aussi innocente. Mais, je n’allais pas changer mon comportement pour autant.

- Tu n’es jamais allé à la plage ou à la piscine ? Il y a pourtant des hommes torses nus là-bas.

Ok, elle devait sans doute être surprotégée à cause de son infirmité dû à un incident. C’était triste de ne pas pouvoir aller à la plage ou à la piscine à cause d’un fauteuil roulant. Je ne pouvais pas comprendre ce qu’elle ressentait, ni même l’imaginer vu que je n’étais pas quelqu’un doté d’une grande imagination, mais… en fait, pas de mais, je ne pouvais pas du tout l’aider. Je m’assis à côté d’elle, tandis que Lucario s’amusait à caresser la Sinderella en retour. Ah bah oui, œil pour œil, dent pour dent.

- A part rester assise toute la journée, tu fais quoi dans la vie ? Tu dois avoir une occupation à part regarder des inconnus s’entrainer avec leur Pokémon.

Quitte à me reposer, autant entamer une véritable conversation. Et aussi, j’étais curieux de savoir ce que pouvait bien faire une infirme de ses journées. Reptincel continuait de garder l’œuf près de lui, tandis que Minisange fixait la Gardevoir de la jeune fille - dont je ne connaissais pas encore le nom - en mode « je te juge car je te suis supérieur ».

Sa Gardevoir me regardait comme si j’avais fais quelque chose de mal. J’avais juste posé une question, rien de plus. Décidément, je n’avais pas la côte auprès des Gardevoir. Je m’attendais presque à ce qu’elle m’envoyait balader avec une attaque Psyko. Mais, la jeune fille l’en empêcha en l’invitant à aller se promener. Puis elle se mit à me tutoyer, même si elle en était gênée. Et on dirait qu’elle avait plutôt mal pris mon second degré. Ça aussi, elle ne le connaissait pas ?

- Je me demande si je peux faire un métier. J'y réfléchis, mais je vis pour le moment bien. Et toi, que fais-tu, si je puis me permettre ?

Quoi ? Parce qu’elle ne pouvait plus utiliser ses jambes, elle était dispensée de travail ? N’importe quoi.

- Détective privée. Et évidemment que tu peux faire un métier. Tu as quand même des bras, tu peux te déplacer, tes Pokémons ont l’air à être à ton écoute, tu n’as pas l’air d’être idiote. Il doit bien avoir un truc que tu sais faire avec tes mains, non ?

D’un côté, un moment donné, j’avais ressenti ça. L’impression de ne savoir rien faire au point de me dire qu’aucun métier me correspondait. Pourtant, me voilà en train de résoudre des enquêtes. Qui l’aurait cru ?

- Si tu devais choisir un métier, ça serait lequel ?

- J'essaie de refaire ce que je faisais sur Unys, avant de venir ici. Ouvrir une pension pour m'occuper des pokémons. Ou accueillir ceux qui ont été abandonnés, maltraités, ou ceux qui ont besoin d'amour... C'est un métier que j'aimerais refaire ici. Je gravis petit à petit les étapes nécessaires, je me rapproche inexorablement de mon but. Cela peut paraître paraître, utopique, trop léger, mais je souhaite cela.

Elle avait au moins un objectif à accomplir, c’était déjà ça. Elle n’était pas un cas désespéré ou une cause perdue. Pendant un instant, je lui rendis son sourire honnête par un léger sourire avec des sourcils froncés. Je ne trouvais pas son but utopique. Je me levai, allai vers mon sac et sortit ma carte de visite que je lui tendis.

- Si tu as le moindre souci ou que quelqu’un t’empêche d’ouvrir ta pension, appelle-moi. On a tous des secrets compromettants qu’on ne souhaite pas rendre publique. Je te ferai peut-être une remise, si je suis de bonne humeur et pas en manque d’argent.

Je regardai ensuite son Gardevoir et j’eus alors une idée.

- Dis, tu as déjà essayé de voler avec ton Gardevoir ? Avec Psyko, cela doit être un jeu d’enfant.

Elle accepta mes services. Du moins, c’était une promesse. Bravo Vincent, tu venais de gagner une cliente potentielle. En espérant pour elle qu’elle n’arait pas à m’appeler, parce que cela voudrait dire qu’elle aurait des soucis. Puis, elle répondit à ma question :

- Elle m'a déjà faite léviter pour des chemins inatteignables pour des fauteuils roulants. Pour une amie aussi. Je pense qu'elle est très forte pour tenir son pouvoir longtemps et parfaitement, j'ai une confiance aveugle en elle. Pourquoi donc ?

Donc Gardevoir pouvait utiliser Psyko et l’avait déjà utilisé plusieurs fois. Et en plus, la jeune fille avait confiance en elle. Je fis un sourire malicieux.

- Ca te dirait de voler un peu ? Je veux dire, hors de ta chaise ? Pour voir ressentir à nouveau la sensation d’être debout ?

Voilà que la jeune fille avait littéralement prit son envol, grâce à sa Gardevoir. Cette dernière avait l’air motivé de suivre mon idée. Maintenant, l’infirme était à quelques mètres du sol. Mes Pokémons et moi-même la regardions, la tête levée. La sensation ne devait pas être si agréable. Elle me demandait si j’étais satisfait.

-  La vraie question, c’est « est-ce que TU es satisfaite » ? Ce n’est pas moi qui suis en train de léviter dans les airs.

Je croisais les bras, tandis que Minisange s’envolait et tournait autour du corps de la jeune fille. D’ailleurs, il était vrai que je ne connaissais toujours pas son prénom.

- D’ailleurs, c’est quoi ton prénom ?

Elle s'appelait donc Iris. Original, comme nom. J'entendais par là que je n'avais jamais rencontré de fille portant ce prénom. Pourtant, pourquoi se mettait-elle à rire ? Trouvait-elle son prénom marrant ? Ou alors, j'étais passé à côté d'une blague. Donc, si j'établissais son portrait, Iris Lindley avait ouvert une pension à Unys et souhaitait fait la même chose ici. J'eus alors une autre idée qui, cette fois, était plus personnel.

- Alors, Iris, tu disais que tu avais ouvert une pension. Tu peux peut-être me donner des conseils pour s'occuper d'un œuf Pokémon ? Ta Sinderella l'a bien remarqué, j'en possède un. Et j'aimerai bien le faire éclore assez rapidement.

J'avoue n'avoir aucune patience pour les œufs Pokémon, tellement mon premier s'était éclos assez rapidement. Lorsque je fis allusion à l’œuf, Reptincel se leva et s’approcha de nous, l’incubateur de l’œuf dans ses bras. Lucario arrêta de s’amuser avec la Pokémon Psy et, intrigué par le sujet de la conversation, s’approcha lui aussi. Minisange s’était reposé sur le haut de ma tête.

Je crois que j’avais mal formulé ma question. Iris m’avait répondu qu’un amour en continu était suffisant pour accélérer l’éclosion d’un œuf. Bon, il n’en manquait pas… Du moins, j’espère. En tout cas, de la part de mes Pokémon, il n’en manquait pas. De ma part… C’était très compliqué, je n’étais pas ce genre de mec qui donnait de l’amour de manière très naïf. Il n’y avait pas marqué Candide sur mon front non plus.

- Je… euh, ce n’était pas vraiment ce que je voulais dire. Je parlais en terme technique. Du genre, à quelle température je devais le mettre, combien de fois je devais le laver… S’il était bon pour lui de rester au soleil, ou s’il fallait l’éviter. Des choses comme ça.

Je fis une pause avant de me rattraper :

- Enfin, je ne dis pas que lui donner de l’amour était inutile, c’est toi l’experte. Mais, juste que ce n’est pas vraiment ce que j’ai demandé… Après, difficile à dire si cet œuf reçoit assez d’amour de ma part. Je ne suis pas doué pour ce genre de chose.

Elle me donna des informations assez précieuses, mais insista malgré tout sur l'amour que l'on se doit de donner à l’œuf. Bon, soit, je ne vais pas débattre avec une experte en la matière. D'autant plus que je ne m'y connaissais rien. Riolu avait éclos quelques minutes après avoir reçu son œuf. Donc je ne m'étais réellement pas occupé de lui. Ayant une bonne mémoire, je mémorisai les instructions donnés pour accélérer le moment de l'éclosion. Je ne savais pas quel Pokémon en sortirait, mais j'avoue en être curieux.

- Bon, et bien merci pour ses conseils. J'espère que le Pokémon à l'intérieur éclora bientôt.

Je regardai l'horizon.

- Il commence à être tard. Il vaudrait mieux que tu rentres chez toi.