T’étais rentrée tard du bar. Pire, t’étais rentrée tard de la boîte de nuit dans laquelle tu es sortie après ta soirée de travail terminée. T’étais rentrée aux petites heures du matin, les pieds endoloris et l’esprit embrouillé de tout l’alcool que tu avais pu ingérer, que ce soit tant les shots offerts par les clients réguliers du bar où tu travaillais que les verres bus en compagnie de quelques potes lorsque vous n’étiez pas sur la piste de danse. Donc, autant dire que tu t’étais laissée tombée sur ton lit, encore complètement vêtue, et que tu étais tombée endormie dans les secondes qui ont suivi. C’est toujours comme ça, lorsque tu sors. Lorsque tu bois trop, surtout. Déjà que monter les quelques étages jusqu’à ton appartement est quelque chose de difficile, une tâche ardue pouvant presque s’avérer mortelle lorsque tu titubes, retirer ta robe trop serrée relève de l’impossible. Alors, tant pis. T’allais dormir avec et, en plus, t’allais même pas te démaquiller.

C’est la sonnerie de ton téléphone qui te réveille quelques heures plus tard. Pas assez d’heures plus tard, comme en atteste ce violent mal de tête qui te fait grogner légèrement. Heureusement que t’es seule parce que ça n’avait rien de charmant ni de féminin. Tendant la main vers ton téléphone, tu ne réponds pas assez rapidement, envoyant donc l’horrible personne venant de te réveiller directement à ta boîte vocale. T’es tentée de te rendormir, cependant, quelque chose attire ton attention sur l’écran qui s’illumine devant toi.

Semblerait-il que tu as envoyé beaucoup de messages, hier. Beaucoup de messages à un seul et même destinataire alors que l’alcool brouillait ton esprit et avait balayé quelconque pudeur tu pouvais avoir. Parce que, du peu que tu pouvais en lire maintenant, tous n’étaient pas très… Mignons. Ouai, t’allais dire ça comme ça. Certains étaient même pas du tout mignons.

Et merde.

Tu préfères donc fermer l’application, comme pour te dire que, si tu ne réagis pas, si tu ne réponds pas aux réponses obtenus, t’allais pouvoir temporairement prétendre que ça n’avait jamais eu lieu. C’était même peut-être mieux comme ça. Et tu avais la distraction idéale, à savoir un message laissé par… Kisara ? Tiens, ça te surprend. Raison de plus pour écouter ce qu’elle a à te dire. Une invitation. Ça aussi, ça te surprend. Maintenant ? Et merde. T’as pas envie de lui dire non tout comme t’as pas envie de dire non à un pumpkin spice latte. Tu sors donc de ton lit, difficilement, pour faire un rapide passage dans ta salle de bain. Pas le temps pour une douche, tu t’assures seulement d’essuyer ton maquillage qui a coulé et d’enfiler quelque chose de confortable, des leggings et un pull, avant d’attraper ton sac à main ainsi que tes pokéballs et de sortir.

Le soleil te donne mal à la tête. Le brouhaha incessant de la ville te donne mal à la tête. T’as les yeux petits, cernés, le teint un peu pâle et l’air pas très bien, mais bon. C’est pas bien grave. C’est rien qu’un beau sourire ne peut pas camoufler (ou presque). T’arrives assez rapidement au café où tu dois rejoindre la jeune demoiselle, la cherchant du regard avant de rapidement venir prendre place devant elle. - Oh Kisara ! Ça fait longtemps ! Et tu lui offres ton plus beau sourire, comme pour cacher tes excès de la veille. T’es pas certaine si c’est concluant, mais bon, l’intention y est. Puis, t’as qu’une vie à vivre et, de toute évidence, tu sembles décidée d’en profiter.

Tendant les mains devant toi, tu attrapes la tasse qui s’y trouve pour en prendre une longue gorgée. - Tu sais pas à quel point c’était exactement ce dont j’avais de besoin en ce moment. Un café. Mieux, même, un pumpkin spice latte. Un soupir s’échappe de tes lèvres alors que tu profites quelques instants des effluves du breuvage avant de finalement reporter tes prunelles claires sur celle se trouvant devant toi. - Ça va bien ? Autant faire preuve d’un minimum de politesse. - Oh, et, merci pour le latte. Parlant de politesse, tu te devais aussi de la remercier. Après tout, même sans latte, tu aurais accepté de la voir. Parce que tu l’aimes bien, Kisara et que c’est agréable de passer du temps avec elle. - Y a-t-il une autre raison pour laquelle tu m’offres ce café que de me prouver à nouveau que t’es une amie parfaite ? Tu pouffes un peu de rire, étirant un sourire amusé, l’air de dire que ce n’est pas sérieux. Après tout, tu fais que la taquiner. Et ça te dérange pas qu’elle t’ait fait sortir de chez toi que pour t’offrir un café. Oh, t’aurais bien aimé pouvoir dormir un peu plus longtemps mais bon, t’es en bonne compagnie donc, ça allait aussi ça.

Puis, tout est toujours meilleur avec un pumpkin spice latte.