À Nemerya, Lumiris centre, la grisaille noyait la zone industrielle et la banlieue périphérique. Le petit projecteur au sommet de la tour Cavendish - en cours de construction - peinait à percer le brouillard tourbillonnant. La capitale était morose en cette matinée et il valait mieux prendre l'air sur l'une des routes bucoliques situées plein sud, c'était en tout cas ce qui était prévu dans le planning de la jeune héritière.

Le bruit de pneus sur la chaussée mouillée cessa devant le portique d'une promenade piétonne. Une portière de voiture grinça, puis claqua. Des pas s'approchèrent du panneau « Réservé aux piétons » et le dépassèrent. Ariane Cavendish entra, trimbalant son Togepi et son Mime Jr qui ne la lâchaient jamais d'une semelle, ainsi qu'Alfred, son fidèle majordome qui portait les affaires de la jeune lady. Cette dernière soupirait, détestant cette manière que ses domestiques avaient de la choyer comme si elle n'était encore qu'une enfant, mais après les événements survenus à la grotte glacée, elle avait dû se résoudre à faire des concessions si elle ne voulait pas que ses parents soient mis au courant.

D'une élégance naturelle, emmitouflée de son manteau, de ses collants et de ses derbys, la jeune fille affichait un air suffisant et faisait balancer telle la pendule d'une horloge son opulente chevelure. Toutefois, cet intermède champêtre fut de courte durée, un orage éclatant et poussant le petit groupe à se réfugier sous le toit d'un pavillon où de nombreux artistes en herbe avaient déjà dû essayer de reproduire le champs de fleurs qui s'étendait loin devant leurs yeux ébahis. Derrière eux, une jeune fille partageait leur mauvais sort et s'empressait de rejoindre l'abris de fortune tandis que la pluie se faisait de plus en plus écrasante.

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U n éclair jaillit et lui fit une frayeur. Elle finit par rouvrir les yeux. Le temps était calamiteux et lui apparaissait comme des images isolées, sans lien les unes avec les autres. Cette jeune fille aperçue au loin les avait rejoint, trempée des pieds jusqu'à la tête. Ariane lui sourit et demanda à Alfred de lui donner une serviette pour s'essuyer, il ne fallait pas non plus qu'elle tombe malade.

▬ Enchantée de faire votre connaissance. Il semblerait que nous ayons subi les caprices de Mère Nature...

Un cradopaud survint sur le bas des escaliers menant au pavillon et les toisa, il fit courir un long frisson sur l'échine de la jeune fille et elle poussa un cri d'effroi qui le fit fuir. Ce n'est pas qu'il était méchant, mais ce pokémon n'avait pas une apparence agréable et les filets de poison qui dégoulinaient du coin de sa bouche étaient plus que dégoutants. Le coeur battant la chamade, elle prit le temps de s'asseoir quelques minutes, regardant un sucroquin sauvage observer avec son air de chamaille ce qu'il se passait.

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U n porygon salua la jeune héritière. Elle acquiesça avec une grimace et, cette fois-ci, prit les devants. Elle alla s'accouder sur la palissade, pour admirer l'étendue de fleurs qui se soumettaient à la pluie battante. Le petit pokémon s'éclipsa, sous les éclairs déchirant les nuages dans le ciel. Une déchirure cette fois-ci telle que les nuages se fendirent et laissèrent la lumière perçait leur couverture brumeuse, déployant son aura pour chasser les nuages et permettre au soleil de briller comme il en était coutume après un puissant orage.

▬ Il semblerait que le temps se...

Elle n'avait pas eu l'occasion de finir sa phrase. Ses mains lâchèrent la barre de la palissade, Togepi s'engouffra entre les barreaux de cette dernière pour courir dans le champs de fleurs à la poursuite de l'arc-en-ciel qui s'était dessiné face à eux. C'était splendide.

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