Maelle, tu navigues quelques minutes au milieu du campement, esquivant tant bien que mal les corps endormis dans le sable. Tu fouilles ci-et-là dans l’espoir d’y trouver certaines choses intéressantes. Rien n’éveille ton attention pendant un petit moment, jusqu’à ce que tu  poses les yeux sur un sac de couchage, teinté de sang mais libre de tout occupant, à l’intérieur duquel s’agite un morceau de parchemin.

Citation :

10 Juin 1967
La terre s’est mise à trembler. C’est étrange. Depuis que nous avons découvert l’île, il s’agit du premier séisme de cette ampleur auquel nous assistons. La mer et les Pokémon sont agités. D’après les plus connaisseurs d’entre nous, ces secousses viennent du nord. Ils ne sont pas encore capables d’en déterminer l’épicentre exact mais tout indique le Nord-Est. Artiesta a dû être plus sévèrement touchée que nous. J’espère que tout va bien là bas.

- - -

Je… Je ne sais pas comment décrire ce que j’ai vu. C’est terrifiant. Pour commencer, les montagnes du nord se sont embrasées. Le ciel a pris une teinte rouge en direction d’Artiesta et de la petite île au Nord-Est. Puis une boule de feu est montée vers le ciel, en laissant derrière elle une traînée de fumée noire. De Port-Corail, elle n’était qu’à peine visible. On s’est tous demandé ce que c’était.

Puis un trait rouge a traversé l’horizon. Un rayon s’est abattu sur la terre qui s’est mise à trembler de plus belle. Plusieurs autres ont suivi. L’un des traits de lumière a traversé Port-Corail pour finir dans la mer. Des incendies sont subitement nés dans les bâtiments touchés, pour ceux qui n’ont pas juste été soufflés. On a même retrouvé une maison dont les murs avaient disparus. Il n’en restait qu’une porte rose tournée vers la mer. Même les zones non-touchées ont ressenti la force de la déflagration. J’ai cru cuire sur place.

D’autres rayons se sont fracassés contre les montagnes. Et encore un s’est abattu près de Voltapolis, je crois. Quand la catastrophe s’est arrêtée, au bout de plusieurs longues minutes, la boule de feu avait disparu. Nous avons fait en sorte de calmer les incendies particulièrement virulents qui sévissaient en ville et aux alentours. Puis des équipes de secours ont été dépêchées dans les villes voisines pour leur venir en aide et prendre des nouvelles. Octavius et Melik sont partis sur le champ en direction de la capitale, où leurs enfants se trouvent. En ce qui me concerne, je suis restée à Port-Corail pour organiser les secours sur place et prendre les commandes du bateau au besoin.

Mais qu’est-ce que c’était que cette chose? Est-ce que c’était un Pokémon? Cela ressemble à l’histoire que Caetano nous a raconté. Ce cataclysme qui se serait abattu sur l’île il y a des siècles… L’histoire serait-elle en train de se répéter?

Ta découverte faite, tu t’en retourne vers le reste du groupe dont une partie a déjà commencé à marcher vers les falaises.


Maelle et Ayden, les symboles que vous avez découverts sont semblables. A en juger par leurs formes, ils appartiennent très certainement au même alphabet, qu’il vous est cependant impossible de déchiffrer à l’heure actuelle. Si vos connaissances en la matière le permettent, vous pouvez également reconnaître certains glyphes utilisés pour représenter les Pokémon légendaires de Lumiris, et plus particulièrement celui de Valdrasil.


Helia, alors que vous marchez en direction des falaises, tu te tiens près d’Opale pour lui parler de ton souhait. La jeune femme observe la petite créature spectrale qui ne semble plus te lâcher, malgré sa confusion.

-J’y vois pas d’problème. T’as l’ai de savoir t’y prendre avec les Pokémon, puis Nina semble t’avoir acceptée. J’sais pas trop c’qu’elle a vécu pendant tout c’temps, mais j’pense qu’il lui faudra un bon moment pour s’adapter à sa nouvelle vie. J’suis sûre qu’tu sauras l’y aider!

La championne t’adresse un sourire amical avant de jeter un œil vers le reste du groupe.


Vous approchez tous du coin de verdure à l’orée duquel la championne fait une rapide halte. Déjà vous entendez le souffle du courant d’air s’engouffrant entre les parois rocheuses. S’assurant qu’aucun humain ni Pokémon ne manque à l’appel, la jeune femme fait revenir son Torgamord dans sa Pokéball, la tortue étant trop imposante pour s’aventurer sur le chemin escarpé qui vous attend.

Vous traversez le sous-bois et arrivez face à une ouverture dans la paroi. Un chemin tortueux, pas assez large pour accueillir plus d’une personne à la fois, vous accueille. Opale à votre tête, vous vous engagez en file indienne dans l’étroit passage. L’irrégularité du terrain vous pousse à redoubler de prudence pour ne pas vous érafler le coude, ou vous tordre la cheville.

Vous marchez durant trois ou quatre épuisantes minutes, avec au ventre la peur ou l’excitation de ce que vous allez découvrir. Finalement, votre groupe s’arrête net. Opale stoppe son avancée lorsqu’elle est prise par un sursaut de recul. Un léger soupire de surprise s’arrache à ses lèvres avant qu’elle ne se tourne vers vous. Son regard vous balaie, mais semble plus insistant à l’égard d’Ambroise.

-J’vous préviens, c’pas beau à voir.

Ses pieds continue leur marche sur quelques pas, vous permettant de vous avancer et de découvrir sa trouvaille. Un cul-de-sac dans lequel vous découvrez un nouveau protagoniste de l’histoire macabre de ces lieux. Un corps, le dernier, est au repos, adossé contre la falaise, un manteau rougeâtre sale ayant perdu de son éclat sur les épaules. Dans sa poitrine, deux lances plantées entre ses os.

Un hurlement spectral retentit depuis le milieu de votre groupe. Ses griffes raclant le sol à toute allure, la Munja se rue sur le corps. Sa plainte d’une autre existence se joint au chant du vent sous vos regards impuissants.

Témoins de ces retrouvailles funèbres, vous remarquerez peut être une autre note tombée au sol, légèrement abritée par deux rochers. Le papier jaunit vous livre la suite de l’histoire.

Citation :

19 juin 1967
Ils sont arrivés de partout. C’était un massacre. J’étais sur le pont de mon bateau quand j’ai entendu des cris. La ferveur est venue du nord et a descendu les rues jusqu’au port. Les gens couraient, criaient. Le fracas des Pokémon en train de se battre résonnait dans toute la Port-Corail. Par précaution, j’ai ordonné à mes hommes de se préparer à lever l’ancre. Après la catastrophe de l’autre jour, j’étais plus méfiante que jamais. Puis on les a vus débarquer de nul part, les guerriers du clan d’Hyllan. Ils chevauchaient des Pokémon terrestres et volants, lances et arcs en main et faisaient abattre leur fureur sur n’importe quel être humain, qu’ils soient d’origine Lumirienne ou continentale. Ils n’ont fait aucune distinction entre nous et leurs confrères du Sud.

Nous avons rapidement organisé quelques lignes de défense, le temps de préparer les bateaux. Nous n’étions pas prêts à repousser une telle attaque, il nous fallait résister suffisamment longtemps pour assurer notre fuite. Mais il y avait bien peu de gens à faire embarquer.

Les trois bateaux, (L'O’classe, l’Alyzée, et nous), devaient partir ensemble, vers le Sud, vers le large. Mais on a été pris en tenaille. D’autres Mnist-Rahel sont arrivés par les voies maritimes. Certains à bord de petits bateaux à voile, d’autres chevauchaient des Pokémon eau. Sans compter sur les montures volantes qui nous prenaient en chasse. L’O’classe a réussi à s’éloigner des côtes, mais je crois qu’il a été coulé peu de temps après.

Nous, et l’Alyzée, avons été contraints de créer une ouverture dans les rangs ennemis et de nous enfuir par l’Ouest, en longeant l’île. Après des décennies de loyaux services, mon navire a été coulé par une attaque de Pokémon ayant laissé un trou béant dans la coque. J’ai eu la chance de réussir à rejoindre le dernier bateau encore à flot.

Le véritable capitaine de l’Alyzée n’étant jamais monté à bord, c’est Olly qui en avait pris les commandes et qui m’y a accueilli. Il ne restait plus que nous.

Après de nombreux efforts, nous avons réussi à repousser nos assaillants. Mais trop pris par le combat, nous n’avions pas vu les rochers. La coque a été éventrée, nous forçant à quitter notre dernier moyen de locomotion vers l’extérieur de l’île. De nombreux hommes et Pokémon sont morts après la bataille, pendant le naufrage. J’ai moi-même perdu Nina dans la cohue. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. J’espère qu’elle va bien, mais je la pleure déjà. Je sais, au fond de moi, que ma fidèle amie ne me reviendra pas.

A présent, nous ne sommes plus qu’une poignée et avons érigé un camp de fortune sur une plage cachée entre les falaises. Nous sommes fatigués, blessés pour certains. Il n’y a pas assez de nourriture pour tout le monde et le danger plane encore au-dessus de nos têtes. Nous savons que nos heures sont comptées.

J’ai réussi à embarquer ce carnet, ou du moins les quelques pages qu’il en reste, avant que le bateau ne coule. La couverture s’est coincée au milieu de mon bric-à-brac, dans mon coffre, et il s’est déchiré quand je l’ai attrapé, ne me laissant que quelques feuilles volantes dans la main. Feuilles qui se sont en partie éparpillées avec le vent et la panique au milieu du chaos.

C’est la seule chose qu’il me reste. De quoi écrire pour ne pas penser à la peur, à la tristesse, à la frustration ou à la faim.

-Y’en a une autre, là. Intervient Opale.

Ses doigts viennent desserrer ceux de la main droit du macchabée, non sans qu’elle n’affiche une grimace de dégoût. Sous votre regard attentif, la championne parcourt le papier du regard. Elle prend son inspiration, et commence à vous lire le texte à voix haute.

-“20 juin 1967. Ces lignes que j’écris sont probablement les dernières. Ils nous ont retrouvés au petit matin, et le carnage a repris. J’ai vu Olly se faire abattre en essayant de protéger Dennaïs et leur enfant. Mais leur tour est venu à eux aussi.

J’ai dû m'enfuir par un petit chemin entre les falaises. Mais je suis tombée dans un cul-de-sac. Alors je me suis assise ici, et j'attends. Je gratte à nouveau le papier pour essayer de ne pas entendre les cris de mes derniers compagnons restés sur la plage, un peu plus loin.”

La jeune femme déglutit avec difficulté, son imagination travaillant lui offrant les images des évènements qu’elle vous conte, avant de reprendre.

-“Je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi Hyllan a ordonné ce massacre. Je peux comprendre sa haine envers ce peuple venu de la mer, et qui s’est installé sur leur île. Ce peuple qui a déraciné leurs arbres pour y construire des maisons de pierre. Ce peuple qui a commencé à tuer des créatures qui n’avaient pas appris à craindre les hommes, juste pour se nourrir alors que l’île offrait d’innombrables ressources. Ce peuple dont l’un des leaders, si les rumeurs sont vraies, aurait déclenché une catastrophe sans précédent.

Mais je ne comprendrai jamais pourquoi sa haine a dû se déverser sur des innocents. Sur ses voisins d’Akéos. Sur des enfants. Sur des gens respectueux de leur culture, comme Olly et moi. Nous avons prié Lokrigan avec leurs semblables. Nous leur avons partagé notre savoir. Nous avons appris leur langage.”

Ses sourcils se froncent lorsque vient le passage suivant.

-“Nous sommes des Mistral! Nous avons, nous aussi, envoyé nos âmes s'agenouiller devant Valdrasil qui nous a acceptés comme protecteurs de l’île. Nous sommes censés être dans le même camp! Ce massacre n’est pas la volonté des légendaires. Ce n’est pas dans les valeurs de l’île. Ce n’est que la haine de quelques hommes.

Les cris se sont arrêtés pour ne devenir que des voix approchantes. Ils arrivent. Les hommes d’Hyllan viennent me chercher. Je n’en ai plus pour longtemps.

Je me demande si un jou…”

Sa voix se brise un instant avant qu’elle ne termine la phrase. Ses yeux brillants montent un instant vers vos visage, puis la championne racle sa gorge pour contenir son émotion, et continue sa lecture.

-“Je me demande si un jour quelqu’un lira ces mots et apprendra mon histoire. Si une personne, dans vingt ou cinquante ans, trouvera ce carnet et s’imaginera ce que pouvait être la découverte de ce splendide endroit et la vie que nous y avons vécu. Qui sait? Peut-être mes écrits seront-ils exposés dans un musée? Devenir l’histoire, moi qui rêvait de l’écrire. Ce serait une belle conclusion. Meilleure que celle qui m’attend entre ces rochers.

Si mes notes sont un jour découvertes, j’aimerai t’adresser un message, à toi qui lit mes derniers mots: Qu’importe qui tu es, qu’importent tes rêves et tes ambitions, qu’importe ce que les autres en disent. Cours. Nage. Vole. Si tu n’y arrives pas, fabrique toi des ailes. Et voyage aussi loin que tu le peux pour atteindre le bonheur auquel tu aspires. Chéris la vie ; la tienne et celle des autres. Respecte la terre ; celle d’où tu viens et celle que tu foules. Et alors, même si tu dois finir comme moi, coincée entre deux falaises, la mort envoyée pour te trouver, alors tu pourras t’éteindre en souriant à la lumière que tu laisseras derrière toi.

Arceus, Lokrigan, Haglalaz, Valdrasil… Puissiez-vous être loués longtemps pour avoir placé sur ma route ces êtres qui me sont si chers, et pour m’avoir permis de prendre part à l’aventure extraordinaire que vous m’avez offerte.”

C’est signé: Oléna Vandrille, Capitaine du Hestia.

Le silence s’installe, plane un instant au dessus de vos têtes, rompu uniquement par la brise et la peine de Nina.

-Bon… Au moins on sait c’qu’il s’est passé. Déclare la championne dans l’espoir de relancer les conversations. On devrait rassembler toutes les nouvelles pages avec les autres. J’pense qu’on découvrira rien d’plus dans l’coin. On devrait… R’tourner sur la plage et s’préparer à rentrer. J’contacterai Hestia. C’qu’il y a ici pourrait les intéresser. Des objections?

Vos découvertes sur l’histoire de la région s’achevant aujourd’hui sur une note bien macabre, vous reprenez donc le chemin en sens inverse. Le chemin entre les falaises, la plage et son macabre tableau dont vous comprenez maintenant les enjeux, les épaves de navire dont vous connaissez désormais l’histoire, la grotte sous-marine qui vous reconduira votre point de départ, et enfin le banc de sable que vous avez quitté quelques heures plus tôt.

Après ce voyage à travers l’histoire, il est temps pour vous de reprendre votre vie normale.

HRP: