ChallengeLe soleil faisait scintiller l’eau du lac comme s’il souhaitait la rendre précieuse, la brise se raréfiait au point que seuls les chanceux à l’ombre pouvaient sentir sa caresse, deux Nirondelles virevoltaient en se pourchassant en libérant de petits cris de jeu et détresse, je venais de me faire insulter d’idiot… J’avais fermé les yeux avant de soupirer bruyamment, histoire qu’elle m'entende. De nous deux, c’est toi qui gouvernes lorsqu’il s’agit de ressembler à un sot…
- « Attrape ! »
J’avais ouvert les yeux malgré moi, sentant le mouvement partir d’un peu plus haut, apercevant le déchet juste avant qu’il ne heurte la tête de l’ex-meilleur ami… J’avais fermé un œil à la réception. Si j’étais un idiot, le type sans parapluie était devenu une poubelle...
- « Sérieusement ? » Plus responsable que je ne l’aurais cru, il avait ramassé la cannette vide. Son regard avait quémandé dans ma direction, mais je n’avais rien à jeter. - « Je vous laisse quelques secondes entre amoureux, soyez sage. » Puis, le garçon au Cornèbre s’en était allé vers une poubelle, endroit plus approprié pour quelques déchets d’aluminium.
La réplique ne m’avait pas gêné, c’était d’un trop grand classique pour piquer plus que mon amusement. Néanmoins, il se trompait sur la fin… Il ne pouvait qu’en être ainsi. Me laissant aller dans ma position de repos, l’arrière de ma tête contre la roche, je m’aurais presque autorisé du répit si je n’avais pas eu cette sensation de brûlure à la jambe, ce picotement à la joue et quelque chose de semblable à un prédateur derrière moi…
- « Il se tape des trips vraiment chelou, parfois... »
J’avais arqué un sourcil face à la scène. Effectivement, le Cornèbre venait de prendre en otage un petit Pokémon… Dans un empressement soudain, le Lougaroc s’était rué vers le duo volant, poussant un premier aboiement qui avait résonné avec une force qui trahissait à quel point l’endroit était calme. Les loups n’aiment pas beaucoup les Goupilous… Les Pokémons renards essayent souvent de piquer un peu du butin de chasse des Lougarocs, quand ces derniers ont le dos tourné… Pour Yukan, cette bestiole était une sorte de nuisible naturel.
Perchée sur mon promontoire, j'observais d'en haut le peuple dont je me moquais éperdument – ceux qui avaient voulu me mettre en déroute en se liguant contre moi, et dont je me vengeais par petites piques ridicules. Insultes puériles et gestes capricieux – je regardais le monde tourner un peu mieux quand c'était moi qui décidait de son centre de gravité. C'était simple, bête mais un peu tendre – les relations que je donnais à voir étaient différentes. La première si évidente que rien ne semblait pouvoir entacher la facilité avec laquelle nous existions l'un autour de l'autre ; la deuxième profonde et indéchiffrable, qui donnait la sensation d'être compris sans avoir besoin de prononcer le moindre mot… Du moins, nous essayions, quand je ne laissais pas mes indicibles émotions raisonner à ma place.
« Je vous laisse quelques secondes entre amoureux, soyez sage. » J'avais haussé un sourcil, mais je m'étais tue. Comme il n'avait rien dit non plus, je n'avais pas senti le besoin inutile de rétorquer… Le silence suffisait, et trouver à répondre n'aurait eu que pour seul effet de jeter un peu d'huile sur les braises du feu que nous avions laissé s'éteindre.
La scène qui avait suivi avait eu le mérite de me faire froncer les sourcils. J'étais… perplexe, quant à ce qui se déroulait sous nos yeux. Le vol du Cornèbre était rendu maladroit par le poids du Goupilou – étant donné sa taille, il n'était sans doute pas bien vieux – qui, stupéfait et apeuré, semblait peu déterminé à se débattre. De crainte, sans doute, d'être lâché, droit dans la gueule d'un Lougaroc… Nova, elle, n'avait fait qu'imiter son aîné. Aboyant à pleins poumons, elle semblait s'être coincée sur le mode rebond, effectuant des sauts qu'elle espérait puissant mais qui, fort heureusement, ne lui permettaient pas d'atteindre le renardeau apeuré. « Tu devrais pas laisser Naraku faire… Ça va mal finir, cette histoire. » J'avais, de toute façon, tendance à ne pas trop apprécier le corbac d'Iekazu. Ce n'était pas faute d'avoir essayé de me faire à sa présence, je trouvais toujours son comportement déplacé et dérangeant. J'en venais régulièrement à me dire que son œuf avait dû être malmené de toutes parts, et que ça avait forcément eu des conséquences sur les neurones du piaf qui en était sorti. Chacune de ses frasques, elles, tendaient à confirmer mon hypothèse… Et celle-là n'était pas en reste.
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Tu continues à fixer le corbeau, toi-même exaspérer par cet élan étrange qu'il l'a saisit. Même toi, qui considère ton starter comme le meilleur allié que tu as pu avoir à ton enfance, tu ne peux t'empecher que d'être dépité quand tu ne comprends pas ce qu'il peut bien se passer dans sa caboche. Tu crois qu'Audrey pense la même chose, pour le coup... Alors que du coté du brun au parapluie, son Lougaroc vient à se montrer plutot agressif, mais visiblement pas envers ton Pokemon : C'est celui retenu qui est un peu plus en danger que maintenant. Visiblement, mieux faut-il pas que Naraku manque de force et lâche.
Tu peux qu'approuver Audrey : ca risque de mal finir. Alors tu soupires et approche le trio de Pokémon, te saisissant d'une ball pour venir capturer le Pokemon. Plus que dans l'intérêt du concours, c'est la solution la plus soft qui t'es venu à l'esprit. Du moins, si il reste à l'intérieur.
Mais entre l'envol forcé et le risque d'être mordu, on dirait bien que le Goupilou n'a pas envie de prendre le risque de sortir. Tu pousses un soupir de soulagement en prenant la ball et revient vers les autres pour t'asseoir dans l'herbe.
ChallengeCertains disent que le silence est le sanctuaire de la prudence. Cela était vrai, pour elle, pour moi, pour nous, il y a quelque temps… Désormais, j’entendais des milliers de mots mûrissant en secret dans un coin de ma tête, attestant et proclamant que le silence n’était plus vide. Comment aurait-il pu l’être alors que mon cœur battait si fort ? Nos silences n'étaient pas prudents, ils couchaient en permanence des mots sur des pages, ils écrivaient notre histoire avec une plume d’angoisse… Si je me taisais, ce n'était pas par prudence, mais par crainte.
- « Tu devrais pas laisser Naraku faire… Ça va mal finir, cette histoire. » Sa voix n’était pas pour moi et j’en étais presque soulagé.
Silencieux, le garçon avait sorti une Pokéball et j’avais affiché un demi-sourire. J’avais eu une idée similaire, mais il m’avait devancé. Effectivement, plutôt que de devoir gérer plusieurs Pokémons à la fois, il était plus simple de procéder à une tentative de capture du petit gêneur… Ce n’était guère fair-play, mais dans une telle situation, la capture était relativement plus facile… Du moins, pour le petit Pokémon, c’était moins agonisant de finir enfermer dans un piège que de chuter dans la gueule d’un Lougaroc en quête d’impressionner sa tendre et douce. En un lancé, le renard s’était retrouvé prisonnier de l’objet de forme ovale. La Pokéball avait chuté au sol, laissant le corbeau seul dans les airs, sous les regards des loups déçus. Yukan avait poussé une longue plainte qui s’était terminée en un aboiement râleur. Loup indigne ! Comme si on allait te laisser martyriser un plus faible que toi ?! J’ai tout de même un semblant de sens moral…
- « Problème réglé, au moins » Avait lâché le jeune homme, la capture étant un succès.
Seulement, le problème avait une prolongation. Yukan avait grogné avant de dévoiler ses babines rougies et ses crocs blancs, se perdant dans un début d’aboiements mauvais en direction de la Ball. En bon type Roche, il voulait faire d’une pierre deux coups. Impressionner sa belle en menaçant l’un de ces si intouchables humains et, récupérer ce qu’il voyait plus comme un jouet que comme un compagnon de jeu. Même si je savais Yukan incapable d’agressivité gratuite, un si imposant loup montrant fièrement la taille de ses canines, ben ça fout quand même un peu les jetons quand on n’y est pas habitué...
- « Hey ! Crétin de cabot ! » Criais-je aussitôt. L’expression sauvage n’avait pas quitté le visage du Lougaroc. - « T’es quand même censé avoir quitté la position du chiot depuis ! »
S’en était trop pour le loup et sa fierté. Il avait poussé un grognement féroce avant de se ruer à toute vitesse vers moi. Ma seule réaction avait été de soupirer par les narines. Petite pensée pour ma pauvre jambe avant l'impact… J’avais réceptionné le poids de l’imposante bestiole poilue tant bien que mal, luttant un moment pour que sa patte arrière quitte ma jambe blessée, que la journée semblait vouloir massacrer à tout prix. Mes mains étaient localisées sur la gueule grognante du loup, la gardant scellée afin que l’idée de me mordre ne lui traverse pas l’esprit.
- « Désolé ! Il est pas méchant, juste très con... » Avais-je lâché avant de me prendre une nouvelle contre-attaque du Pokémon Roche. Dans le désespoir d’emporter cette bataille, il s’était laissé tomber sur moi, parfaitement conscient qu’à défaut de me pincer, il pouvait toujours m’écraser sous sa masse...:copyright:️ 2981 12289 0
Tout s'était déroulé si vite sous mes yeux et je n'avais même pas eu le loisir de quitter le confort tout à fait relatif de mon rocher que, déjà, en bas de mon piédestal, le monde s'en était mis à tourner autrement. J'étais restée perplexe et confuse, analysant d'un regard perdu ce qu'il se passait à mes pieds. Du Goupilou finalement hors de danger à un Yukan vexé, il semblait n'y avoir qu'un pas… et il avait été ouvertement franchi.
Ce qui provoquait l'hilarité d'Iekazu, toutefois, m'échappait. Si le Lougaroc n'était effectivement pas mauvais, il n'en demeurait pas moins un prédateur doté de crocs puissants. Même par jeu, ces créatures n'étaient pas les plus douces – elles mesuraient parfois mal leur force, parce que nous étions plus fragiles qu'eux. C'était un fait. J'avais découvert, déjà, que les morsures d'un Rocabot enjoué n'étaient pas tendres – je n'osais imaginer les ravages d'un coup de crocs de sa forme évoluée. « C'est pas drôle… » j'avais soufflé à l'attention d'Iekazu, grimace imprimée sur les traits, me laissant glisser jusqu'au sol, laissant mon jean s'abîmer contre les aspérités de la rocaille dans ma descente.
« Nova ! » Son aboiement avait surplombé plaintes et grognements. Si les subtilités de notre (mon ?) inquiétude lui échappaient, elle, n'avait la chance de ne voir dans cette situation qu'un énième moyen de s'amuser avec son Yukan… Il avait donc suffit de bien peu, même pas d'un ordre, pour que le chiot prenne l'entente de son nom comme une autorisation à participer à cette guéguerre ridicule. « Serre les dents… » avais-je alors soufflé à l'attention de l'autre imbécile cloué au sol par son clébard. La mienne s'était élancée à grandes foulées emballées, et s'était jetée avec force contre son aîné – bien plus dans l'espoir de le renverser pour asseoir sa future autorité que pour dégager le dresseur maltraîté. Du même geste, je m'étais approchée. Comme si j'espérais, imbécilement, m'ériger en barrage suffisant entre leurs jeux turbulents et l'infirme – mon humain tristement malmené…
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Tu pensais cette histoire clot, mais voilà que le Lougaroc de l'autre brun semble bien mécontent que tu l'aies empeché de s'en prendre à la bestiole. Tu crains un moment qu'il t'attaque quand il montre les crocs ou qu'il s'en prenne à l'objet que tu tiens à la main, donc de te la blesser au passage, mais son dresseur élève la voix avant pour essayer de lui faire entendre raison. Tandis que tu viens t'asseoir, tu peux constater que le Pokemon se montre un peu plus féroce, sous la scène à laquelle tu assistes.
Et malgré la légère inquiétude qui t'anime, tu ne peux t'empêcher un ricanement quand l'autre fini au sol, aussitôt coupé par les mots d'Audrey qui te pousse à la regarder en soupirant. C'est elle qui vient tenter d'arranger la situation, tandis que tu te fais silencieux à les regarder tout les deux. Un instant, c'est un souvenir de ta rencontre avec le brun qui te viens à l'esprit, et tu hausses un sourcil alors que ton regard ne les lâches pas.
Une personne, à part soi-même, dont il faut se soucier hein... Brusquement, tu te demandes si Audrey était celle à qui il faisait référence. Si c'est bien le cas, tu ne pourrais t'en sentir que bête, que de trouver cette situation bien ironique surtout.
Alors, sans un mot, tu regardes ces deux qui te semble bien trop proche, actuellement.
ChallengeDans un mouvement aussi brusque que véloce, le poids sur moi s’était fait balayer, tombant à la renverse. Le coup avait eu bon passé au-dessus de moi, il m’avait tout de même assez bousculé pour m’arracher un bon serrage de dents. La douleur m’avait rappelé que ma jambe n’avait guère envie de faire le moindre effort… Dans l’idée d’y aller en douceur, je m’étais redressé dans une position assise, surveillant les deux loups qui s’affrontaient d’une façon bien moins douce que de coutume. Il n’existe en ce monde rien de plus féroce qu’un Rocabot encouragée par sa propriétaire… La menace du loup bipolaire se faisait littéralement repoussée par les morsures d’un chiot à la recherche de sa future place dans ce semblant de meute… J’avais soufflé par les narines, pariant mentalement sur le fait que mon pansement allait devoir être changé plus tôt que prévu… Idiot de cabot…
Mes yeux bleus s’étaient ensuite attardés sur son dos à elle. Cette fameuse elle qui me faisait de l'ombre, craignant moins les crocs maladroits d’un Lougaroc que de voir son adorable et tendre se faire malmener dans une imitation de bagarre. Elle devait inévitablement connaître les morsures d’un Rocabot, imaginant sans peine à quel point celle d’une de ses formes évoluées pouvait être douloureuse et dangereuse… Lentement, je m’étais relevé, gardant autant que possible ma jambe amochée loin du sol, dans une position de repli. D’un pas traînant, j'avais franchi la faible distance qui me séparait encore d'elle, posant délicatement ma main gantée sur son épaule, sans prendre le moindre appui envahissant.
- « Il semblerait que Yukan ait trouvé un adversaire contre lequel se défouler... » Commençais-je, d’une voix patiente. - « Ne te dresse pas en bouclier pour me protéger, j’encaisse bien plus que j’en ai l’air... »
Je préférais qu’elle retourne sur son trône improvisé plutôt qu’elle se prenne une balafre accidentelle. Si je n’étais pas très regardant sur quelques cicatrices de plus dans ma riche collection, j’avais en horreur l’idée qu’elle puisse être abîmée... Ma main avait délicatement glissé de son épaule, mettant fin à un contact qui ne tarderait pas à peser, s’il venait à être prolongé. D’une façon hasardeuse, j’avais réalisé que le type sans parapluie et grand ennemi des fidèles à quatre pattes était tout particulièrement silencieux. Je n’aimais pas ça…:copyright:️ 2981 12289 0
Audrey R. Davis
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J'avais observé le jeu turbulent des loups, la mine perplexe. Au moins Yukan semblait-il s'être désintéressé de sa cible première – à savoir, son propre propriétaire –, lui préférant les crocs impitoyables du chiot qui avait visiblement gagné son cœur. Quelle ironie… J'avais manqué sursauter au contact sur mon épaule, heureusement suffisamment doux et léger pour ne pas affoler mes inquiétudes insensées. J'étais restée silencieuse, effleurant du regard cette main qui ne fit pas mine de s'attarder. Peu préoccupée par ma condition de bouclier, j'avais seulement haussé les épaules. « Écoute… Tu m'as refilé un prédateur en devenir, faut bien que je sache à quoi m'attendre… » Si les crocs de Nova, à l'heure actuelle, ne me laissaient pas encore de cicatrices indélébiles, je ne pourrai probablement pas en dire autant lorsqu'elle aura hérité des mâchoires puissantes de ses aïeuls…
Mes prunelles avaient cherché la présence d'Iekazu – comme si je venais brusquement de réaliser la familiarité du geste que le dresseur d'âme lupine avait eu à mon égard, sous le regard du traître qui me servait, paraît-il, de meilleur ami. J'avais hésité une seconde, puis avoir plongé mes yeux au fond des siens – lui adressant l'un de ces regards qui disaient on parlera plus tard. Quand bien même j'ignorais précisément de quoi nous devrions discuter – il s'agirait d'éclairer la lanterne de nos malentendus.
J'avais soupiré, et m'étais écartée du terrain de jeu des loups, qui ne cessait de s'élargir à chaque nouvelle offensive. Si je ne m'en retournais pas en direction de mon perchoir, je m'appuyai toutefois contre la roche qui m'avait tantôt servie de trône. On entendait encore le monde battre son plein, plus loin, hors du bosquet où nous avions trouvé refuge, mais je n'étais pas pressée d'y retourner… Et le silence qui s'était installé serait presque devenu palpable si Wifi, sur mon épaule, n'avait pas brusquement couiné. Visiblement jalouse de Nova, elle s'était dressée sur ses pattes arrières, le regard fixé droit sur les hommes qui m'accompagnaient. Sur l'un, en particulier… « C'est vraiment pas l'endroit pour sortir une grosse bête pareille, Wifi… » j'avais soufflé, fatiguée. Et Naraku, comment dire… Sa condition de rongeur la tenait toujours un peu loin des volatiles.
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