Camille avait dû faire des recherches et se rendre à certains endroits pour compléter sa part du marché. Elle savait bien qu'elle s'était faite avoir en traînant avec Maya. L'idole était une personne à ne rien faire gratuitement, tout comme Camille, sauf que Maya était encore plus vicieuse que la magicienne était maline. Bien sûr, ce n'était pas un affrontement de deux génies du mal qui essayaient d'asseoir leur puissance sur l'autre. Mais le fait que Maya cherche un luthier pour réparer le violon antique que Camille avait trouvé lui avait permis de pousser Camille à trouver elle-même un formateur en danse de combat. Rien de bien difficile pour le commun des mortels, il suffisait d'aller sur internet et de chercher un peu. Le plus compliqué était de réserver un cours. Entre ceux qui ne prennent que des groupes, ceux qui travaillent dans des horaires particuliers, avec certaines conditions, le prix, ce fut un petit enfer pour Camille qui se retrouvait à devoir discuter avec des gens, par mail bien souvent, mais qui avait aussi dû refuser des appels car le premier réflexe des gens était d'appeler les clients. On lui avait même refuser l'accès à un cours à cause de son mutisme.

Mais finalement, elle y était parvenue. Son violon était en cours de rénovation et sortirait rutilant dans deux semaines. A partir de là, la magicienne sera en possession de ces deux instruments fétiches et elle pourra varier plus ses spectacles. Et aujourd'hui, elle allait pouvoir commencer les danses de combats. Elle n'en était pas spécialement fan. Mais après tout, c'était de la gymnastique rythmique, et elle savait très bien en faire. Elle apprendrait certainement de nouvelles choses et ça pouvait être intéressant. Elle essayait en tout cas de s'en convaincre car elle n'aimait pas l'idée de se faire juger dans un domaine qu'elle maîtrise mais pas dans le même style. Elle craignait aussi de devoir réapprendre des exercices qu'elle pratiquait déjà quotidiennement.

Les deux femmes se retrouvèrent donc avant le cours, Camille fit signe à Maya pour signaler sa présence. Là où la magicienne stressait un peu à l'idée de rejoindre un cours avec un inconnu, Maya paraissait excitée et en forme. La magicienne hocha la tête en réponse aux questions de son amie.

Il nous attend dans cinq minutes. Il va venir nous chercher dans le hall. Mais je ne sais pas si c'est un ou une coach. Ecrivit la magicienne sur son téléphone, ignorant que Maya pouvait comprendre certains signes.

Elles ne s'étaient pas revue depuis leur rencontre, et avaient assez peu communiqué. Camille n'était pas du genre à garder le contact, ayant des troubles pour discuter. C'était Maya qui avait relancé la conversation en lui donnant l'adresse du luthier, et Camille avait continué avec l'heure et le lieu de la séance.

Finalement, un coach fit son apparition et les invita à les suivre. Il traversa la salle de sport ou des personnes s'exerçaient sur de nombreuses machines dont l'usage de certaines était évident mais dont d'autres étaient semblables à des engins de torture torturés. Elles passèrent devant des salles contenant des tatamis et une avec un ring et des sacs de frappes avant de finir dans une salle vide. Un des murs présentait un grand miroir et l'entraineur se présenta.

Les signes de Maya surprirent la magicienne mais lui firent plaisir. Ils étaient un peu hésitants et brouillons comme ceux de quelqu'un qui vient d'apprendre et n'a pas l'habitude de pratiquer. Mais c'était suffisant pour arranger un sourire à la magicienne. Celle-ci signa un merci simple et compréhensible. L'effort fournit par Maya montrait qu'elle voulait se rapprochait de la magicienne et la faisait entrer dans un cercle d'amis assez restreints, ceux qui avaient essayé ou réussi à apprendre un moyen de communication efficace pour discuter avec la fille silencieuse.

L'homme se présenta et Camille le trouva assez beau garçon, mais il n'était pas vraiment le type qu'elle appréciait. Elle ne savait pas qu'elle était son type, mais celui-là ne l'était pas exactement. Mais il sourait chaleureusement et était gentil, ce qui bien souvent suffisait à faire fondre le coeur de la jeune femme. Camille resta silencieuse, évidemment, mais aussi ne savait pas trop comment se comportait. Son amie était directive mais le coach ne la remis pas en place. Au contraire, il alla dans son sens, précisant que de toute manière, il faisait toujours un échauffement pour voir les capacités physiques de ses élèves mais aussi pour être sûre que les sportifs étaient parfaitement échauffés et prêts.

Il fit faire quelques exercices d'échauffement aux filles et rapidement, elles se retrouvèrent à transpirer. L'échauffement montait en intensité et Camille commençait à avoir chaud. Quand il arrêta, elle accueillit cette nouvelle avec plaisir. La jeune femme était une sportive mais elle n'avait pas l'habitude des efforts qui venaient de lui être demandée. Elle rougit violement aux compliments du coach et aux encouragements. Elle rougit presque autant que quand il passait entre elles pour les aider à bien faire les exercices.

Ils entamèrent des assouplissements et cette fois, Camille démontra une grande facilité dans tous les exercices. La magicienne donnait l'impression de ne pas avoir d'os et de pouvoir se tordre dans tous les sens. Lorsque l'homme la félicita, elle se cacha le visage dans son exercice tant elle était gênée. Sut son visage, un sourire niais se dessinait. Elle se força à respirer pour essayer de se refaire une contenance.

Puis le coach fut satisfait et entreprit de leur faire travailler des mouvements de bases, des positions de repos.

L'exclamation de Maya fait rougir Camille. Elle se savait souple car elle s'était longuement entraînée pour ça. Gymnastique, patinage, danse et maintenant magie, toutes ces activités demandaient, réclamaient même une souplesse et un gainage à toute épreuve. Ces derniers tours de magie la faisaient parfois se tordre dans des positions compliquées pour se sortir de situation complexe. Situation complexe provoquée puisqu'il s'agit de se libérer de liens puis disparaître avant d'être de nouveau visible du public.

Ayant retrouvé son souffle pendant les étirements, la magicienne hoche la tête à la question de Maya. Elle n'a pas son téléphone sur elle, l'ayant laissé dans son sac avec le reste de ses affaires, la communication allait être peu commode. Elle fait lentement les signes pour demander si Maya allait bien aussi.

Le souffle recouvrait, Camille était moins rouge d'effort, mais la nouvelle question de Maya lui fit revenir le rouge aux joues et la jeune femme détourna le regard et le visage, son amie ayant remarqué son trouble autour de leur entraîneur. Camille était facilement perturbé à proximité des garçons, peut-être un rêve romantique ou alors une tendance à donner son cœur même quand on ne lui demandait pas. N'ayant jamais attiré l'attention en tant que Camille Gutenberg, ni eu de petits copains à cause de ce que certains considèrent comme un handicape, la jeune femme avait développé une certaine réaction de vénération pour les jeunes hommes. Le temps faisant son affaire et un manque réelle de modestie jouant en sa défaveur, Camille ne pouvait que remarquer qu'elle était belle et séduisante et que Néopolitain, avec son assurance, ravissait des cœurs dans son public, sans jamais vraiment pouvoir aller plus loin. Camille, hélas, n'avait pas cette assurance et les romances restaient donc de doux rêve appartenant à une autre personnalité. Elle attendait juste un garçon qui fera le premier pas et saura passer au-delà des contraintes du mutisme.

La jeune femme hocha distraitement à Maya, regardant le beau jeune homme à la dérobée. Il n'y pouvait pas d'être bien fait de sa personne, bien que pour la sculpture de son corps, il avait bien travaillé. Apprendre que Maya aussi avait du mal avec les garçons rassura Camille. Son silence n'était pas l'unique frein à sa vie amoureuse, puisque même une jolie fille comme Maya avec la parole avait des difficultés à trouver l'âme sœur. La magicienne aurait bien voulu transmettre des paroles d'espoir à son amie, car elle ne voyait pas de raison pour qu'elles ne trouvent pas un garçon qui leur plaise.

Elle n'eut pas le temps de chercher un moyen de répondre à son amie. La courte pause touchait à sa fin et elles reprenaient des exercices de base. Le temps passa par bloc. Parfois, il semblait se ficher et s'allonger, transformant les secondes en heure puis d'un coup, les minutes disparaissaient. La séances toucha à sa fin. Les deux amies étaient incapables de faire un spectacle mais elles avaient de vahues bases de danse de combat, et du côté de Camille, elle était épuisée. Elle avait l'habitude de s'entrainer sérieusement, mais toujours à son rythme, sans vraiment forcé. Elle travaillait toute la journée, avait une bonne endurance et était exigeante avec elle-même, mais elle ne faisait pas d'intensif.

Elle fit un petit signe d'au revoir au garçon avant de rougir quand il lui rendit le signe avec un sourire.

Camille regarda Maya faire demi-tour pour aller chercher quelque chose qu'elle avait oublier. La magicienne fronça les sourcils, car elle n'avait pas souvenir que Maya ait pu ramener autre chose que ce qu'elle avait déjà avec elle, alors que les deux femmes sortaient de bâtiments. Camille attendit alors devant la porte de sortie, patientant comme elle le pouvait. Elle vit un distributeur et un friandise qui pourrait plaire à un de ses Pokémons. Elle évitait les traitements de faveur au sein de son équipe pour éviter les jaloux, mais quand elle voyait quelque chose qui pouvait plaire à un de ses Pokémons, elle le prenait. Et passer le reste de la journée à chercher quelque chose pour les autres.

La friandise en question était une barre de céréale au baie. Dano, un de ses évolis, en était très friand. La magicienne sortit son porte-monnaie, réfléchi un instant. Dano adorait ça, mais le reste des Evolis aussi. Ce serait plus simple si la magicienne en prenait pour tout le monde. Peut-être pas au distributeur dans ce cas. Autant aller au supermarché pour en acheter une boite complète. Mais cette idée épuisa légèrement la magicienne. Elle avait les jambes lourdes et voulait prendre une douche. Elle aurait pu en prendre une à la salle, mais elle était trop pudique pour le faire et n'avait pas ses affaires.

Sur ses réflexions, Maya arriva. L'envie de repos et de douche s'évanouit immédiatement à l'évocation d'une glace. La magicienne tomberait dans n'importe quel piège pourvu que l'appât soit une sucrerie glacée à trois parfum, blanc noir et rose. Mais une autre forme de douche suivit.

Aussi rouge qu'une baie Tomato, la magicienne se mit à trépigner en signant rapidement.

Pourquoi tu as fais ça ? Qu'est-ce qui t'a pris ? Tu es folle ?

Le signe pour folle n'était pas difficile à interpréter. Camille aperçut derrière Maya le coach qui sortait de le hall à son tour. Il lui sourit et lui fit un signe de la main, ce qui n'améliora pas le teint de la magicienne qui attrapa la main de son amie pour la tirer dehors tout en essayant de cacher son visage. Une fois dehors, la magicienne marcha longuement jusqu'à ce que la gêne s'arrête. Elle finit par arrêter de tirer son amie.

Elle la regarda avec un air fâché, les sourcils froncés. Elle était en colère contre Maya qui la mettait dans l'embarras. Une colère à qui s'ajoutait de la frustration de ne pas pouvoir s'expliquer facilement.

Pourquoi t'as fait ça ? Écrivit-elle en abréger.

La colère de Camille est difficile à faire passer. En toute circonstance. Elle ne se mettait pas souvent en colère, et encore plus rarement en rage, mais lorsque son cœur s’emballait, il était difficile de lui faire marche arrière. Son regard courroucé continuait de foudroyer son amie, bien qu’à cet instant, Camille n’était pas sûre de laisser ce titre à Maya. Etrange comme une femme qui ne craint pas de monter sur scène dans des costumes grotesque, ou aguicheur ou sérieux, passant pas toutes les gammes de possible de couleurs et de forme, puisse dans sa vie courante être si facilement choquée et gênée.

Camille se sentait mal à l’aise à l’idée de revoir le jeune homme maintenant, puisque le trouble qu’il lui procure semble si évident. Elle était convaincue qu’elle allait se ridiculiser et voyait la séance sous un nouveau jour. Elle se demanda si elle n’avait pas essayé de faire la prétentieuse, au moment des différents exercices, pour se mettre en avant ou si elle n’avait pas pris inconsciemment des postures provocatrices. Et avec Maya qui avait pris son numéro, bien qu’elle dise avoir sorti une mauvaise excuse, pour Camille s’était une évidente catastrophe et elle se mit à faire les cents pas en se rongeant les ongles. La glace était complètement sortie de sa tête.

Bien sûr que Camille n’allait pas lui demander. C’était la barrière du langage évidente qui empêchait toujours la jeune femme de faire le premier pas, le deuxième et tout ceux qui suivent. Pour les séances suivantes, il fallait voir avec l’accueil pas avec lui. Puis une idée lui traversa l’esprit et cela calma Camille et la fâcha encore plus fort contre Maya en même temps.

Tu te rends compte de ce que tu as fait ?

Certainement pas, sinon, elle ne serait pas si fière de son action.

Je ne peux pas appeler les gens.

Elle espérait que cette phrase permettra à Maya de comprendre.

On passe obligatoirement par l’accueil pour réserver une séance. Et je ne peux pas parler au téléphone. Je suis sûre qu’il pense que tu le dragues.

Ainsi, l’homme ne ferait pas attention à Camille mais Maya, pensant qu’elle le draguait. Cela soulageait Camille car l’homme ne ferait plus attention à elle, mais cela l’enrageait aussi car il ne ferait donc plus attention à elle. Elle devint jalouse un bref moment de Maya, pour sa faciliter d’élocution. C’était toujours la même chose. Lorsqu’un garçon lui plaisait, elle ne pouvait pas l’approcher et il se faisait attraper par une inconnue. Parfois, cette inconnue était une amie de Camille et parfois, elle sait parfaitement que le garçon plaisait à Camille. La jeune femme n’avait cependant pas le loisir d’abandonner ce genre d’amie, tant s’en faire n’était pas aisé pour elle.

De plus, Camille trouva la question de Maya déplacée. Ce n’était pas vraiment ses affaires. La magicienne apprit dans la foulée que Maya préférait les filles, une chose que Camille ne comprenait pas vraiment. Cela la laisser indifférente mais ça ne rendait pas la chose plus logique. Une fille, c’était une amie. C’est avec Iris que Camille avait vraiment compris ce que c’était une amie. Se sentir en sécurité, libre, protéger et avec quelqu’un pour s’occuper de soi et dont il faut prendre soin. Alors que les garçons, c’était différent. Mais elle n’était pas capable de d’expliquer en quoi.

Il a un joli sourire. Il est mignon. Il a l’air gentil. Je ne sais pas ce qu’il te faut de plus.

Envoyer un message était une possibilité. C’était d’ailleurs le moyen de communication principale de Camille. Mais pas à un inconnu. Pas comme ça. Et surtout pas au coach de sport. Elle ne saurait pas quoi y mettre de toute manière. Un bonjour, certainement mais après. Elle ne savait pas comment s’y prendre. Toutes ses techniques lui semblaient déplacées et surtout, la communication n’en était plus facile. Il viendra un moment, où ils devront discuter. Ou se revoir. Rien que pour les entrainements. Et ce sera tellement bizarre dans la tête de Camille. Et si ça se ne passait pas bien, il y aurait un malaise pour le reste des séances.

Maya marquait cependant un point. Camille n’avait rien à perdre à essayer, sinon de devoir changer de coach. Mais pas que. Elle pouvait aussi se ridiculiser, perdre le peu de confiance en elle qu’elle avait sous sa forme publique. Celle que tout le monde voyait tous les jours. La timide et craintive Camille. Une Camille qui rêverait d’avoir la présence et le courage de Maya, ou la sensibilité d’Iris. Être quelqu’un avec plus de force de caractère. Et c’était ce manque de caractère qui l’empêchait d’accepter les arguments de son amie.

Les paroles de Maya était facile à dire, mais Camille n’était pas capable de les dire. Avoir confiance en elle, qui rôdait toujours dans l’ombre, ça n’allait pas être facile. Les compliments ne pouvaient plus atteindre Camille non plus. Elle avait maintenant une opinion assez haute d’elle-même, la confiance en moins.

Quant à appeler ses autres amis pour avoir de leur aide, Camille n’avait pas tant d’occasion que ça pour de nombreuses raisons. La principale était qu’elle n’avait pas beaucoup d’amis. Pour être honnête, en dehors d’Iris et Maya, Camille pouvait compter sur une main les connaissances proches. Celles qu’elle pouvait presque considérer comme des amis.

Et puis, elle ne voulait pas ennuyer ses deux amies avec ça. Elle ne put s’empêcher de signer.

Ce n’est pas si j’avais beaucoup d’amis.

Elle n’avait pas bien conscience que Maya pouvait comprendre et de toute manière, ses signes étaient rapides et un peu flous. Ses épaules s’affaissèrent. Elle était trop fatiguée pour en vouloir longtemps à Maya.

Elle lui fit signe avec résignation de la suivre.

Tu me dois une glace.

Pour se changer les idées, elle libéra ses Evoli et distribua des caresses. Elle donna une friandise à chacun et une particulère à Dano. Elle en avait déjà acheté une avant l’arrivée de Maya, pour le plus grand bonheur du petit Pokémon.

Les signes de Camille n'avaient pas échappé à Maya, à la surprise de la première. La nouvelle que son amie pouvait comprendre la langue des signes n'avait pas fait entièrement son chemin dans la tête de Camille et même si ça avait été le cas, elle ne se serait pas attendue à une compréhension aussi rapide. Ses anciesn amis avaient eu plus de mal et pris plus de temps pour apprendre à la comprendre, quand ils avaient essayé. Mais finalement, comme Yokoss et Iris, Maya avait appris rapidement. La magicienne en vint à se demander si la langue des signes n'était pas plus simple qu'elle ne le pensait.

En tout cas, elle se figea quand Maya releva sa déclaration. C'était gênant, comme toutes les remarques qu'on pouvait faire à Camille. Elle rougissait pour un oui ou pour un non. Un compliment pouvait la faire rougir, bien que maintenant, cela leur était plus difficile, grâce à sa notoriété. Non, elle n'a pas beaucoup d'amis. Deux peut-être trois, sur Lumiris. Et à Hoenn, ce chiffre devait s'élever à zéro probablement, car personne n'avait renoué le contact avec elle. D'après Maya, ce n'était pas important d'avoir beaucoup d'amis. Cependant, pour recevoir de l'aide et des conseils, cela pouvait s'avérer nécessaire. Comme dans cette situation. Maya ne pouvait pas l'aider de ses propres paroles et Iris était loin.

Camille laissa Maya philosopher sur l'amitié. Son esprit était déjà parti loin, refusant de laisser la glace lui échapper mais aussi, refusant de céder aussi à son approche de séduction à base de numéro de téléphone. Elle ne se laissera pas embarquer dans une tentative de séduction où elle ne pourra que s'écraser sur une vitre comme un Pokémon Insecte.

Le dernier conseil de Maya sonnait faux. Être elle-même était justement ce qui terrorisée Camille car elle n'était rien et être la magicienne n'était pas si simple. Quand elle était magicienne, elle n'avait pas besoin de parler, ni de discuter avec les gens. Elle ne faisait que danser et faire de la magie et ses relations avec d'autres êtres humains consistaient généralement à dire merci à des compliments.

Elles se dirigèrent vers un glacier proche.

Mon équipe ne mange pas de glace. C'est trop froid. On peut passer dans un super marché avant pour leur acheter des friandises se sera plus simple.

En pleine ville comme c'était le cas, il ne serait pas difficile de trouver de quoi acheter des gâteaux pour les Evolis. Elles trouvèrent rapidement le lieu adéquat. Camille rappeler presque toute son équipe, ne laissant que les plus calmes dehors : Milo, Enya et Dano. Elle avait hésité à les faire attendre dehors, mais ils avaient trop d'énergie. Elles se dépêchèrent de faire leur choix avant d'aller payer et de sortir. Elles allèrent prendre leur glace et Camille proposer d'aller les déguster dans un parc.

Sur la route du jardin public, Camille avala sa glace pendant que ses Pokémons couraient, impatient d'avoir la suite de leur goûter. La magicienne libéra tous ses Pokémons dans le parc, et distribuant les friandises, achetées selon les goûts de chacun. Ce n'était pas facile de contenter tous ses Pokémons, mais pour une fois, Camille avait fait des folies. Elle se laissa tomber sur le banc, Milo, sur ses genoux, Dano jouant avec ses lacets.

Je ne sais pas si j'arriverai à rentrer chez moi. J'ai mal aux jambes. C'est à se demander comment j'ai pu arriver jusqu'ici. Plus jamais je ne me relèverai.

Camille ne comprit pas la réflexion sur le sucre et la glace. Ses Evolis n'aimaient pas la glace plus que ça. Si ils aimaient, elle aurait largement l'occasion de le découvrir, vu le temps qu'elle passait chez les glaciers. Elle pensait que c'était à cause du froid, car ils adoraient les baies, fruits et autres sucreries et venaient volontiers lécher la coupelle vide de la magicienne. Mais ils refusaient le dessert sous forme de boule, même Rita, la Givrali n'appréciait pas ce genre de dessert.

La magicienne regarda sévèrement Maya, mais garda ses commentaires pour elle. Elle ne s'occupait pas des Pokémons de Maya, alors elle n'avait pas à commenter sa façon de faire avec ses Evolis. Surtout sans savoir de quoi il retournait.

Finalement, une fois au repos au parc, Camille se rend compte de son état d'épuisement. Ses jambes fourmillent doucement et ses bras pendent de part et d'autres de son corps. Chaque respiration tire un peu plus sur son ventre et ses abdominaux. Une douce chaleur grimpe doucement dans son corps. C'est la chaleur de la bonne fatigue et du repos mérité. Elle pourrait s'endormir ici, maintenant et dans cette position si elle ne faisait pas attention.

Quand je m'entraine, c'est plus long, mais moins intense. Je peux récupérer plus souvent et je fais les exercices dont j'ai besoin dans un ordre que je connais.

Elle n'en était pas moins fatiguée à la fin de la journée, mais elle pouvait tranquillement regagner son lit. Et c'était à la fin de la journée. Il était à peine 17h et Camille rêvait d'une douce et d'un lit en même temps. Peut-être qu'elle avait envie d'un bain en réalité. C'était un lit et une douche un bain.

Madeline ?

Camille n'avait pas l'esprit bien réveillé et ce nom ne lui évoquait rien d'autre qu'une gourmandise.

La magicienne ramena son regard sur ses Pokémons. C'était un groupe énorme, monstrueux et d'une énergie incroyable. Leur nombre était tel qu'ils donnaient toujours l'impression d'être en forme. Quand certains se reposaient, les autres prenaient le relais, permettant un feu roulant permanent de bêtises et de jeux. Ils n'étaient pas calme parce qu'ils étaient nombreux et très jeunes pour la plupart. Milo et Enya étaient les aînés et ils étaient aussi tranquilles que Camille.

Des Pokémons qui savent lire ? Cela voudrait dire qu'ils peuvent comprendre avec efficacité des humains et par extension apprendre à écrire, autrement dit, être des êtres pensant au moins égaux aux hommes et donc, les enfermer dans des Pokéballs seraient en faire des esclaves dépendant de la volonté des humains. Ce serait horribles comme pensée de se dire que par un mécanisme technologique, on plie à sa volonté des égaux au point qu'ils ne pensent plus à se rebeller. Evidemment, avoir un Pokémon qui sait lire permettrait d'établir un côté unique à sa personne, bien que le concept soit loin d'être original et qu'il faudra donc fermer les yeux sur les raisonnements authentiques et la place de l'humanité dans un monde où elle n'a pour seule force : rien. Qu'attendrais des Pokémons capables de lire, écrire, construire, vivre et communiquer efficacement pour se libérer de cette race qui détruit ses habitats et volent leurs enfants.

Milo n'est pas souvent dans sa balle. Il m'arrive parfois de ne plus savoir où je l'ai rangé. Ce n'est pas un problème l'absence de Pokéball.

Camille se tourna vers ses Pokémons, écrivit leur nom et les pointa du doigt, les uns parès les autres, pour que Maya connaisse leur nom.

Ils ne réagissent pas à leurs nom, en dehors de Milo. Rico et Nami peut-être, mais pas beaucoup.

Toute tentative serait vouée à l'échec. Camille ne les avait jamais appelés. Milo avait grandi avec Camille et ses parents qui l'appelaient régulièrement, mais peut-être avait-il oublié son nom.

Les paroles rassurantes ne l'étaient pas tellement. Elles sonnaient presque prétentieuses. Camille ne dirait pas qu'elle était moins bien que Maya, à l'exception de l'art du spectacle magique, où elle pouvait tout gérer seule. Et jusqu'à présent, Maya n'avait pas démontré qu'elle était la meilleure. Elle se demanda un bref instant comment elles pourraient se départager mais cette idée s'évaporer avant d'être pleinement formulée.

Camille fut surprise d'apprendre que Maya avait eu l'occasion de la voir en si peu de temps. Elle avait dû venir dans un spectacle discrètement car les répétitions de Camille étaient à huis clos et elle insistait là-dessus. Personne n'avait le droit de la voir en magicienne en dehors des spectacles. Et il n'y avait aucune vidéo non plus de ses prestations. Les spectacles étaient très surveillés et les quelques personnes à avoir essayé de filmer un spectacle avaient passé un très mauvais moment et avaient enrichi Camille et son producteur. Le mystère de ses tours étaient son fond de commerce. Il y avait peu d'images de son spectacle.

Durant ses spectacles, la magicienne ne faisait pas que danser, mais elle réalisait tout de même de nombreuses acrobaties et maintenait une grande intensité sur plus d'une heure. Chaque spectacle était un marathon de souplesse et de voltige. Un faux mouvement de sa part et elle pouvait se blesser et son spectacle serait envoyé en l'air.

Comment je fais quoi ? Pour les appeler ? Je ne les appelle pas.

Elle nommait ses Pokémons pour des questions d'administration, de vétérinaire, et de simplicité pour organiser sa tête. C'était toujours mieux qu'Evoli 1, 2 et 3 par exemple.

Ils réagissent à des signaux sonores simple. Je tape des mains, je donne un coup de sifflet en cas d'urgence. J'obtiens alors leur attention et après, je fais des signes simples. Généralement, ils imitent Milo au début jusqu'à ce qu'ils aient l'habitude.

Mais elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Manger, dodo, au pied, on s'en va étaient les signes banaux qu'elle faisait ainsi qu'une série plus complexe pour les spectacles.

Tu ne m'embêtes pas. C'est juste que les gens ne me posent pas souvent de questions ou alors ils se lassent d'attendre les réponses.

Elle respira profondément, et fronça les sourcils. Elle prit son t-shirt et le sentit. Elle grimaça.

Je pus. C'est une horreur.

Mais l'idée de faire le trajet maintenant la décourageait autant de rester dans sa puanteur.

Camille hocha la tête pour toute réponse. Ce n’était pas l’exacte vérité, loin de là, car c’était plus complexe. Venir à table n’était clairement pas un dialogue qu’elle avait instauré avec ses Pokémons. Il y avait : venir, pas bouger, assis, coucher et quelques gestes pour mouvement simple. Pour le reste, ça devenait très vite très technique et demandait des accessoires. Pour venir manger, la magicienne agitait souvent des sacs de crottes ou de friandise. Pour se laver, elle les amenait dans la salle de bain. Ça reposait souvent sur l’obéissance bien souvent et la bonne volonté de ses Pokémons plus qu’à l’autorité de Camille.

La magicienne pouvait bien croire qu’un Pokémon pouvait comprendre la combinaison de touche pour avoir une récompense. Mais elle était moins convaincue de la profonde compréhension de monstre. Les mots ne devaient certainement rien signifier pour lui, ou pas comme les humains. Sortit de la phrase, le pauvre animal ne devait pas les comprendre. Tout était question de contexte.

Macha se lançait dans un raisonnement que n’avait pas Camille. Milo n’était pas le chef, il était juste le plus ancien, celui qui la comprenait le mieux et qui permettait aux autres d’avoir ce dont ils avaient besoin et de faire ce qu’il fallait. Mais jamais Milo ne pourrait mener le groupe comme on mènerait une meute ou un dresseur son équipe. Son équipe était juste un immense chaos permanent avec parfois assez de bon sens pour suivre les indications de Camille. Ce n’était rien de plus. Mais jamais Camille n’avait pensé à s’en séparer ni voulut passer du temps sans eux. Ils étaient avec elle. C’était comme ça. Si elle avait besoin de temps seule, elle le prenait, mais sans jamais se satisfaire de leur absence.

La patience des gens. Elle n’était pas très grande. Ni leur tolérance. Même ses amis au collège et au lycée n’avaient qu’un faible degré d’acceptation de Camille. Elle était juste la bonne suiveuse, la fille sympas, un peu fantasque et bizarre mais qui avait souvent un tour de magie pour épater la galerie ou être le centre des railleries. Elle ne pouvait de toute façon pas répliquer et n’avait pas le cœur à jouer la solitaire. Juste à faire comme tout le monde, à se fondre dans le groupe. Peut-être que sa vie aurait été plus facile si elle était restée dans son coin, peut-être pas.

Non, c’est bon. J’ai quelque chose en ville. Tu peux venir si tu veux, mais je n’ai pas de change pour toi. Il me faut juste de la force pour bouger.

Et de la force, Camille n’en avait pas. Ou si peu. Ou alors elle manquait de la volonté pour se lever. Mais bientôt sa propre odeur vint à bout de sa faiblesse. Elle poussa sur ses jambes et se retrouva debout.

Je vais me laver. écrivit-elle. Libre à Maya d’en faire autant ou de rentrer chez elle.

Ses jambes étaient tout à fait capable de la maintenir debout, mais d’un autre côté, elles n’émettaient qu’un seul souhait, celui de céder et de se détendre complètement, ce qui aurait comme résultat de laisser Camille s’effondrait comme une chaussette. La jeune femme était aussi assez séduite par l’idée, même si elle préfèrerait le faire sur un lit, une fois bien propre. Elle se fit donc violence pour garder ses jambes à leur place et mener Maya à travers les rues de la ville.

Elle ne poussa pas à appeler un taxi et savait qu’il n’y avait pas de bus pour les déposer efficacement. Les deux femmes n’étaient pas si loin que ça du logement de Camille. Quant à prendre un taxi, elle n’en avait pas le réflexe, ne pouvant pas s’adresser efficacement au chauffeur. Elle marchait d’un rythme aléatoire, parfois rapide, lorsqu’elle avait l’envie urgente, parfois lente lorsque la lassitude et la fatigue la rattrapaient.

Finalement, le duo parvint à une belle bâtisse, deux cinq étages dans un quartier [i]historique[i]. Les immeubles tous attenants étaient identiques, de la même architecture que les hôtels particuliers qui auraient été transformés en logement collectif. Camille entra un digicode et pénétra dans l’un d’entre eux. Un étroit escalier grimpait dans les étages en s’enroulant autour d’un ascenseur tout aussi étroit. Camille appela l’ascenseur qui s’ouvrit immédiatement, comme s’il n’attendait qu’elle. Troisième étage et la porte se rouvrit sur le palier, face à une porte que Camille ouvrit en tirant une clé de son trousseau.

La porte révéla un petit hall d’entrée, s’ouvrant sur un couloir et une seconde porte donnant sur un vaste salon, aux accueillants canapées et au magnifique planché. Immédiatement, la salle se remplit de vie alors que les Pokémons de Camille se précipitaient à l’intérieur, plein d’entrain et d’énergie. Le salon donnait à son tour sur une salle à manger tout aussi agréable. La cuisine se trouvait dans une pièce à part.

Camille invita Maya à la suivre dans le couloir jusqu’à une petite salle d’eau, ridicule au regard du salle de vie. Il y avait cependant une baignoire et un lavabo.

La magicienne sortit une serviette d’un tiroir la tendit à Maya avant de lui faire un signe de la main et la laisser se laver. Camille traversa le couloir sur la porte d’en face, et alla s’étaler sur son lit.

Son lit l’accueillit à draps ouverts et Camille s’y vautra sans autre forme de procès vite envahie par une horde d’Evolis et évolutions, qui n’avait qu’une seule envie : retourner dehors. Mais devant le manque de réactivité de leur dresseuse, ils abandonnèrent bien vite pour retourner jouer dans le salon.

Sa torpeur fut de trop courte durée car Maya sortit bien vite de la douche, lui rappelant la raison première de sa venue dans sa chambre. Ce n’était pas du tout pour s’étaler sur son lit, mais pour une tout autre raison. Elle se laissa rouler hors du lit pour aller ouvrir l’armoire où elle avait déposé ses affaires pour la durée de son séjour. Elle tira un T-shirt, un pantalon, un short et une jupe, qu’elle estima pouvant convenir à peu près à la taille de Maya. Pour le T-shirt, le doute n’était pas permis. Il était grand, large et obtenu par des circonstances mystérieuses, mais bien connu, à savoir une compétition sportive de son frère. Pour le reste, Camille n’était pas sûr que ça aille à Maya, mais les probabilités était plutôt en faveur du oui. Cependant, l’ensemble ne sera que très peu harmonieux.

Toutefois, Camille n’avait qu’une envie pour l’heure : se laver. Elle tendit les affaires de rechanges à Maya alors qu’elle sortait. Sa douche fut longue et délicieuse. Elle resta un long moment à savoureux l’eau chasser la fatigue et sortit à regret de la douche. Elle aurait préféré passer une heure dans un bain chaud. Peut-être auraient-elles dû faire ça et aller dans un spa. L’idée n’était toujours pas perdue.

Elle enfila une tenue qu’elle avait préparé, une tenue plus décontractée : un jogging et un t-shirt aussi large que celui de Maya.

Elle allait s’étaler dans le salon, avec son amie. Quand cette dernière posa sa question, Camille se retrouva bien désemparée. Elle n’avait pas son téléphone avec elle, et les jambes bien trop détendues pour se lever sans être coupable d’un crime envers son bien-être. Cependant, dans un soupir silencieux, elle s’arracha encore une fois à l’étreinte du confort pour récupérer son moyen de communication.

Quatre ans environ. Pourquoi ? Et toi ?

La question la surprenait un peu. Mais elle avait une question plus urgente encore à poser.

Tu veux aller au spa ?