Le casino.
Voilà quelques mois que j’y travaillais. C’était pas mal ! Un record, peut-être ? J’étais habitué aux petits contrats de quelques mois seulement, alors, se retrouver ainsi avec un truc plus sur le long terme … c’était cool ! Surtout que le milieu du jeu, du hasard, je connaissais bien, avec le temps. Peut-être un peu trop bien pour mon âge.

J’avais toujours cette légère addiction. Eh, tout le monde avait ses failles, en même temps ! Mais bon, au moins je gérais assez pour avoir mon petit appart’, même si c’était pas un palace, ça me suffisait amplement, à moi et à Jackpot, aussi. Il venais de la rue, lui aussi il avait connu la galère, donc il avait pas besoin de grand-chose pour se satisfaire. Même si parfois, je merdais un peu et je devais me contenter de pâtes une bonne partie du mois, mais promis, y avais eu du progrès !

Un sourire satisfait sur le visage, je lançais un regard de droite à gauche sur la salle. Y avais du monde. Les machines s’activaient, les paris s’enchainaient. J’en ressentait un léger frisson. Même si désormais, j’étais plus là pour travailler que pour jouer.
Jackpot n’étais d’ailleurs pas avec moi. Je le laissais de sortie durant mes pauses, ou bien, je le laissais chez moi. Je connaissais le Pokémon depuis longtemps, quand même et … on allait pas mettre un pickpocket dans un casino alors que j’étais censé bossé ! Je voulais pas avoir de problèmes avec la justice, merci mais non merci. Dire que mon seul Pokémon avait des tendances klepto, c’était vraiment pas de chance, haha ! Mais bon, il avais pas que des défauts, ce félin, alors je faisais avec tout en prenant le minimum de précaution. Surtout que je m’étais récemment battu, à cause de sa manie à aller faire les poches des inconnus ! Bref, une sacrée bête.

Mon apparence était relativement différente de comment je paraissais en dehors du travail. Mes cheveux était bien coiffés, ma frangé dégagée de devant mes yeux violacés. Tout comme ma tenue : chemise, veston bien soigné. Pas le genre de truc que je portais en temps normal. Ça me rappelais un peu mon enfance, à vivre avec des gens qui avaient un balais bien profond dans le … mais c’était pas vraiment le sujet !

Une fois de plus, je récupérais un plateau pour aller servir des clients. L’alcool coulait bien, ce soir-là ! Comme souvent, en fait.
Je m’avançais avec énergie, puis … puis ?

- Wa-Wah !

Quelque chose … qui passait entre mes jambes ! Je titubais, faisant passer mon poids sur ma jambe gauche, puis droite, mais … j’avais pas chuté, au final !
…
Contrairement au contenu de mon plateau, vidé sur le sol.
Un murmure, je repris la parole, plus pour moi-même que pour les autres personnes m’entourant.

- Merde … !

Pas de chance, comme on dit ! En espérant que ça m’attire pas de problème.
Je soupirais doucement, lançant un regard vers le Pokémon responsable de ce bordel et me baissant un peu vers lui.

- Dit donc, toi, tu t’es perd-

Je grimaçais en entendant le canidé hurler. J’avançais une main vers sa tête, sans pour autant la toucher.

- Eh ! Calme t-

Puis, une voix me tira hors de la scène.
Je fronçais les sourcils. Cette voix, elle m’étais pas inconnue. J’avais déjà croisée la femme quelques fois, et son attitude me donnais envie de faire des choses qui seraient très probablement motif de licenciement.

Je me redressais, lui lançant un regard noir, malgré moi.
Ouais. J’avais envie de lui faire ravaler cette expression hautaine. C’était plus fort que moi, et je savais que mon tempérament explosif avait tendance à me faire défaut.

- Je … !

Je quoi ? « Je veux que tu la fermes » ? Ça, oui. Mais je pouvais pas lui dire.

- Tch.

Je baissais la tête, les poings serrés.

- J’vais nettoyer, c’est bon ! Puis, vous avez qu’à enlever ça de me paye, avec Lestat, c’est bon, on va pas en faire tout un drame !!

C’était juste un peu d’alcool qui avais rencontré le sol, après tout ! Je me baissais pour ramasser le plateau, ne me rendant à peine à compte de mon insolence. M’enfin, j’avais pas était violent, c’était un bon début.

La colère. J’avais du mal à contrôler ce sentiment. J’étais fougueux, trop parfois. Ça montait cependant souvent aussi vite que ça redescendait. Sauf que dans ce cas précis, bizarrement, ça voulais pas trop descendre.
Ces gestes, cette apparence, cette attitude … tout me donnais envie de lui envoyer le plateau dans le visage. Sauf que là, j’étais en bas de la chaine alimentaire. Je le savais. C’était moi, la proie.
J’avais besoin de ce job. Je devais vivre, être un adulte responsable, mais… merde ! Les responsabilités, ça me saoulait. J’avais envie de tout lâcher, sur le moment, juste pour lui faire ravaler ses paroles, ce sourire hautain et voir le vermeil autre part que sur ses lèvres.
J’en avais vu, des regards hautains. Je venais d’une société comme ça, dans ce style. Pleine de faux semblant, d’hypocrisie. Et ça, c’était bien quelque chose que je détestais. Plus que tout.

Malgré la misère, la galère que ça a été, jamais j’ai regrettais de tout avoir foutu en l’air, d’avoir choisi de suivre le chemin que je voulais, quitte à renoncer au confort.
Elle, c’était tout le contraire. Elle se complaisait dans ce milieu toxique, faux et sale. Elle aimait ça, de me voir ramper, je le savais. De me voir être sa proie, son chien.
Et dans tout ça, mon propre comportement me dégouter aussi. Je devais courber l’échine, accepter de me faire traiter comme une sale bête galeuse. Heureusement qu’elle savais pas, pour mon statut social initiale. De toute façon, je préférais encore passer pour un rat que pour un connard de riches, d’une prétendue famille noble. C’était vraiment quelque chose qui me déplaisais.
Mon cœur battait vite, trop vite.
Encore plus après son pseudo-étonnement. Quoi, en plus elle était étonnée de me voir m’énerver ?! C’était pas de ma faute si des Pokémons se faufilaient comme il le voulait dans le casino !
Puis … Oublier à qui je m’adressais ?

- … Evidement que non … ! Je m’adresse à … !

Une connasse ?  Une sale blonde qui se prenais un peu trop pour une reine ? J’avais beaucoup de terme qui lui collais bien en tête, mais …

- …

Le silence. Je me refusais à la brosser dans le sens du poil, donc autant me la fermer. Son verre finit sur mon plateau. Je lui lançais un petit regard en coin.
Un regard noir. Le genre qui fout froid dans le dos. Juste le temps de quelques secondes, avant que je ne repose le plateau dans un coin.
J’allais nettoyer ce carnage, histoire d’éviter que j’en fasse un moi-même.
Elle repris la parole.
Et toi, tu as déjà senti ta lèvre s’ouvrir après un coup de poing ? Sans doute que non. Toi, tout ce que tu sent c’est l’or sur tes doigts et l’alcool glissant dans ta gorge.
Evidement, je pouvais pas lui répondre ça.

- … D’accord.

J’étais sec. J’avais pas le choix, de toute façon. C’était plus un ordre qu’une proposition, je le savais très bien.

Je ramassais les débris plutôt rapidement. Même si je voyais rouge.
Littéralement. La colère m’avais fait me couper un peu au doigt. Et me blesser m’énerver encore plus.
Bref.
Une fois tout nettoyer, à contre cœur, je rejoint la blonde au bar.
Mes sourcils froncés montraient clairement que je ne tenais pas vraiment à être avec elle.

- … Vous voulez quoi ?

Sec, encore une fois. Déjà, le vouvoiement c’était un bel effort de ma part, alors qu’elle se plaigne pas du reste.

Tch. Elle paraissait presque contente de me retrouver.
Moi, j’avais aucune envie de passer du temps en sa compagnie. Elle était faux-cul, ça se voyais. Est-ce qu’elle voulait m’humilier encore plus ? Ça voulais dire quoi, ce putain de sourire alors qu’elle m’avais traiter comme un rat à peine quelques minutes auparavant ?
Puis sa surprise, c’était quoi, mon renvoi ? Une facture qui me serais impossible à rembourser, à moins de venir chialer auprès de ma famille ? Ah ! Autant crever que faire ça, en fait.
Grommelant intérieurement, je m’installais à ses côtés. Mes sourcils froncés montraient clairement que j’avais aucune envie d’être là, avec cette pouffe blonde se prenant pour une reine. Elle avais quoi de plus que moi, hein ? De l’argent, c’est tout ? Comme si ça voulait dire quelque chose.
Mes yeux se plantaient dans les siens avec imprudence. J’avais pas envie de trop courber l’échine non plus, merde !

- Oui, je sais.

J’étais sec. J’étais pas con. Je savais que cet alcool coutait un bras. Et …
Mes yeux s’écarquillèrent un peu de surprise. Comment ça, elle voulait me les offrir ?

- Tu …

Tu joues à quoi, merde ?! Evidement, je me retins de lui crier au visage, mais putain je comprenais rien à ce qui se passait et ça commençais à me saouler.
Son rire était faux, abominable. Il me rappelais tant la société que j’avais quitté … que je retins une forte envie de la tarter.
Bref. Autant ne pas aggraver mon cas non plus.
Ensuite, bah … elle étalée tout simplement son savoir. Alola, ouais, je connaissais ? Et donc ?
Je comprenais pas où elle voulais en venir et …
Ah, Kalos. L’accent était chiant, uh ? Il devais m’en rester de bonnes traces, de cet accent. Même si ça s’entendais pas forcément, c’était bien là. J’avais vécu quasi 20 ans à la capitale, en même temps.
Puis …
J’avais pas envie de lui répondre, surtout pas envie de lui raconter ma vie, mais …
Je crois que j’avais pas vraiment le choix.

- J’viens d’Illumis. J’ai grandi là-bas.

Et c’était tout. Elle aurais pas plus d’info. De pourquoi j’étais là, mon milieu social d’origine et comment je m’étais retrouvé à servir les fils de bourge dont je faisait parti auparavant.
Pour finir, un dernier cocktail. Je connaissais les noms, évidement.

- …

Et j’avais rien de plus à ajouter. J’étais super paumé, donc j’attendais à ce que la blonde m’éclaire.
Ce serais plutôt cool, quand même. Que je sache si je me fais virer, où si j’avais un chiffre avec beaucoup trop de 0 pour moi à rembourser. Que je sache, merde !
Je levais les yeux vers son verre.
Bon, elle voulais quoi, à la fin ?!
Et …
Enfin, des éclaircissements.

- Tch. Je vais les boires, ces verres.

Je lui lançais un regard noir, plein d’arrogance. Si c’était que ça, j’allais m’en sortir, quitte à finir complètement torché !
Sans la quitter des yeux, je pris le premier verre.
Le rhum.
…
Un cul sec. Je me retins de tousser un peu. Merde, ça piquais, quand même !
Bon, j’avais déjà fait un paquet de soirée alcoolisé dans ma vie, mais c’était pas une raison. Je sentait déjà mon visage se réchauffait.
Ça allait très, très mal finir. Mais bon, j’étais plus à ça prêt, j’avais envie de dire.
Le second fut plus simple à boire. Du champagne, en même temps.
Et enfin … le dernier.
Je le bu en deux grosses gorgées, gardant les yeux posés sur cette blonde.
Merde. Je crevais déjà de chaud.
Mon visage devais déjà avoir pris quelques teintes.

- V-Voilà … ! C’est… c’est tout ce que tu veux ?

Oups. Le tutoiement.
Bon, qu’on soit clair je commençais déjà à plus avoir … les idées claires, justement.
Et encore, ça avais pas encore complètement fait effet.
J’allais vraiment plus marcher droit, moi.

C’était une mauvaise idée.
Une très mauvaise idée.
J’avais chaud. Et je savais que d’ici quelques minutes, les effets de la boisson allaient s’amplifié pour atteindre le point culminant.
Et surtout, je savais que mon estomac, bizarrement, aimait pas trop tout ce liquide qui venait l’irriter.

Oh, j’en avais déjà pris, des cuites. J’avais déjà fait tête à tête avec les toilettes un paquet de fois, aussi. Quand j’étais plus jeune.
J’avais appris à me contrôler un minimum, avec le temps et la … maturité, je suppose.
Sauf que là, de la maturité, on en trouvais pas trop !
Après tout, je me devais de répondre à des provocations. C’était plus fort que moi, j’avais juste pas le choix. J’avais envie de la faire taire, peut-être de l’impressionner.
De lui enlever ce sale sourire qui me dégoutais.
Alors, quand elle me proposa de l’eau pour la première fois, un rire de peste aux lèvres…

- Je veux rien de toi, merci.

Comment ça, j’étais censé la vouvoyer ?
Ça m’étais déjà sorti de la tête, ça.
Déjà, je l’avais pas encore giflé, ou renverser son verre dans son visage de pétasse.
C’était un bon début.
J’avais conscience d’avoir du mal à contrôler mes émotions, mais … merde ! Qu’est-ce que j’avais envie de la cogner, aussi ! Elle était vraiment tout ce que je détestais.
Les faux semblant, les regards hautains … ça me mettait hors de moi.

Une fois les boissons terminées … un lourd soupir s’échappais de mes lèvres.
Je me sentait vraiment malade. Ca allait mal finir. Je connaissais mon corps, quand même !
Puis …
Elle me proposais de finir son verre. Enfin, elle me l’ordonnais, plutôt. J’étais pas si con que ça. Je savais que j’avais pas le choix.
Et je savais d’autant plus qu’elle éprouvais un plaisir sadique à me foutre dans un tel état.
J’ignorais sa demande d’eau. J’avais pas besoin de son eau.

- Je vais le boire, ton verre !

D’un geste brutal, je saisit le verre sans doute bien plus cher que tout mes salaires à l’année réunit
Un cul sec, encore.
Je me sentait mal.
Là, je sentais que la limite avait était dépassé.
Une fois vidé, je reposais le verre avec rage sur la table. Un peu plus fort, et je crois que je l’aurais fissuré.
Je grimaçais un peu.
Merde, merde … merde !
Je voulais pas paraître encore plus misérable, surtout devant elle !

Je me levais, claquant mes mains sur la table. Avant d’en porter une devant ma bouche.
Mon regard, avec hâte, scrutait les environs, de droite à gauche et …
Les toilettes.
Sans un regard de plus vers la blonde, je m’y dirigeais rapidement.
Tête à tête avec la cuvette, here we go again.

Elle ricanais … évidement, qu’elle ricanais !
J’entrai complétement dans son jeu. J’étais sa proie, en même temps. Comme si j’avais le choix.
Sa boisson était comme elle : sucrée, à l’air douce, mais immonde et traitre à boire.
Ouais, comparaison … suspecte, mais j’étais pas dans mon état normal, bizarrement.

J’aimais pas tout ça. Je sentait que j’agissais exactement comme elle le désirait. Mais je devais garder mon job, merde ! Et puis, malgré ma très grande connerie, j’avais un peu envie de l’impressionner, de lui faire fermer son claquet.
Sauf que visiblement, même ce petit goût de victoire, j’avais pas le droit d’y gouter. Ça semblait l’amuser encore plus. Enfin, il y avais bien son sursaut, mais …
Bizarrement, j’avais pas trop le temps de m’y attarder. Sans doute car le contenu de mon estomac voulait se vider de force.
Ca devais jouer, ouais.

Je fonçais vers les toilettes. Me moquant de si la jeune femme me suivait ou pas, mais …
Je reconnaissais quand même le bruit caractéristique des talons claquant sur le sol.
Merde … j’avais encore moins envie qu’elle me voit dans cet état ! Putain, j’avais un minimum d’amour propre quand même, à la fin !

Bref, pour la suite …
Pas besoin de faire un dessin. Je m’agenouillais avec hâte devant les toilettes puis … une fois.
Deux fois.
Je relevais enfin la tête, en grimaçant. Derrière moi, il y avais du bruit.

Cette sale blondasse. Aucune honte à rentrer dans les toilettes homme, visiblement. Dans d’autre circonstances, ça aurait sans doute paru suspect. Tch ! En même temps, c’était trop espéré qu’elle me lâche la grappe.
Comme un prédateur s’approchant de sa proie, elle enserra une main, bien qu’avec douceur, autour de ma crinière. J’aimais pas qu’elle me touche. Qu’elle soit si proche. Je me sentait trop sous son emprise.
J’allais la repousser, évidement, mais-
Une troisième fois.

Un grognement s’échappa ensuite de mes lèvres. Je m’essuyais la bouche de mon poignet. Je devais avoir l’air d’une sale bête en colère. Mais tout ça … ça avais fini comme elle le voulais ! Je le savais très bien !
Je me retournais, brutalement, la poussant ainsi à me lâcher. J’en avais marre de cette hypocrisie, de ces faux-semblants. Ça me rappelais trop de chose que je détestais bien trop.

- Me touche pas. Et fait pas genre tu es inquiète ! Tout ça, tu l’as voulu ! Fait pas l’innocente avec moi.

Ma voix était sèche, tranchante.
Je lui lançais un regard noir. Ce qui devais pas être très crédible, vu dans l’état dans lequel je me trouvais actuellement.
J’avais envie de m’en prendre à elle. Juste par simple esprit de vengeance. En tout cas, je reculais pour m’éloigner d’elle, même si j’étais encore à même le sol. Même si mon dos rencontra vite le mur. Même si j’allais peut-être finir à me faire virer.
Qui-sait, peut-être qu’elle allait se la fermer si je lui lançais un rouleau de papier toilette au visage.

J’avais envie de la cogner.
Encore et encore, ce désir amplifiait. Son sourire était toujours là, éternel.
Elle était éternellement insupportable.
Je haïssais ces mains qui me touchaient. Son sourire, ses manières, sa fausse inquiète…
J’avais envie de lui faire ravaler.

Et je savais que j’avais du mal à me contrôler. C’était pas nouveau. J’étais impulsif. Je claquais tout mon argent dans des machines à pinces, à sous. Je m’engueulais avec mes collègues de boulot jusqu’à en perdre mes petits jobs. Je m’énervais contre des gens plus haut placé que moi.
Oh comme cette blonde arrivais à me faire retomber dans ces vieux travers que je parvenais à peine à calmer.

Elle s’amusais ?
Evidemment, suis-je bête. Elle se croyais au-dessus de moi. Comme si la cuillère d’argent dans sa bouche lui donnait plus de valeur. Tch.
Je lui lançais un regard noir.
« Moi, je m’amuserais bien à voir au bout de combien de coup tu ravalerais ce sourire »
Evidemment, je lui répondit pas et…

Un frisson m’échappa. Elle était encore plus proche. Merde ! Qu’elle me touche pas, cette blondasse ! Elle l’avais déjà fait suffisamment !
Son regard croisait le mien. Je me sentait mal. J’avais envie de lui saisir son poignet frêle pour le réduire en miette.
D’ailleurs, mon regard se tournais rapidement sur sa main. Peut-être que ces yeux émeraude de garce était trop dur à supporter.
Et j’allai initier un mouvement quand …

Elle s’arrêta en plein milieu de sa phrase.
Un temps mort ? Enfin, je lisais autre chose que de l’hypocrisie et du dédain dans son regard.
Ça devais être … le patron. C’était un peu sa protégée, non ? Même si je connaissais pas bien ce mec, j’avais plus ou moins cerné leurs lien.
En même temps, fallait avoir une certaine place dans le cœur du mec en question pour se jouer ainsi de ses employés. J’suppose.
Bref.
Je profitait de cet échange … des plus mielleux pour me redresser un peu. Reprendre un peu de ma contenance. Enfin, façon de parler vu ce que je venais de déverser—enfin, bref.
Une fois son appel terminé …

Ouais, je crois que c’était à ce moment que je commença à vraiment vriller. Que ce soit l’alcool ou mon caractère naturellement de merde, c’était déjà assez étonnant que j’aie tenu aussi longtemps.

Je saisit la première chose que j’aperçu dans mon champ de vision. Un rouleau de papier toilette.
Un poil torché comme j’étais, ça devais paraître être une bonne arme. Même si c’était ridicule. En espérant que ça aussi, ce soit pas un truc de luxe.
Ça m’étonnerais même pas, en fait ! Après tout, elle semblait bien avoir besoin de velours ou d’un truc du genre ! Bah ouais, elle était bien au-dessus de toute la plèbe, en même temps !

Profitant qu’elle avais le dos tourné, eh bien …
Un lancer.
De papier-toilette.
Comme vous vous en doutez, dans mon état, ce n’étais ni précis, ni très puissant. Je me redressais ensuite, comme un fauve qu’on venais de libérer de sa cage.
Même si en l’occurrence, le fauve, il devais s’appuyer sur le mur pour ne pas se casser la gueule.

- T’avises plus de me toucher ! Je déteste les gens de ta sorte ! Tu crois quoi, que tu es meilleure que moi ?! Parce que tu passes sous le bureau du patron, c’est ça ?! J’ai pas envie d’être ta victime ou ton jouet ! Donc fait moi virer, si ça t’amuses, j’en ai rien à foutre !!

Je l’aimais bien ce job, mais ….
Caractère de merde, vous connaissez.

Je ne réagit que d’un froncement de sourcil à son premier commentaire. Ouais.
C’était ridicule, hein. Mais je faisait ce que je pouvais ! J’avais rien d’autre a portée, faut dire ! Pis j’étais pas forcément en assez bonne état pour me lever et lui taper dessus directement. Même si ce n’était pas l’envie qui m’en manquait, comme vous vous en doutez. Enfin, ça c’était le bon plan pour définitivement me faire virer. Si je l’étais pas déjà, quoi.
Bon. A la surprise générale, mon incroyable lancer ne fit globalement … pas grand-chose.
Ouais.
Personne ne s’y attendez, hein.

Puis, ensuite … elle s’appuyais sur un mur. Pour retirer une de ses chaussures.
Et me menacer avec.
J’avais pas peur, évidement. Je me redressais du mieux que je pouvais, lui lançant un regard noir. Comme si j’essayais de la surplomber. Je faisait une bonne paire de centimètre de plus, mais … j’avais le bras adosser contre le mur. Le temps que mon corps se remette de tout ce que j’avais ingéré.

- Tch. M’approches pas.

Ça aussi, ça ressemblait à des menaces. Même si j’étais probablement trop torché pour avoir l’air ne serait-ce qu’un minimum crédible.
Un haut le cœur me prit. Je lançais un regard vers la cuvette, espérant que l’échange soit terminé et…
Ça passa. Un soupir m’échappa. Quelle soirée de merde, décidément.
Dans tous les cas, j’avais hâte de me casser. Et elle allait entendre parler de moi.
Visiblement, son mec semblait pas être autant un connard, alors … Ouais. Si je pouvais lui attirer des problèmes, j’allais pas manquer l’occasion. Quitte à se qu’elle se fasse taper sur les doigts. Me semblait que ce Lestat… c’était un bon point sensible sur lequel appuyer.
Pour la suite …

- J’préfère encore faire un face à face avec les toilettes qu’avec ta gueule.

En espérant que ça, par contre, ça me retomber pas dessus.
Mais bon … merde, à la fin ! Je voulais pas me laisser faire sans rien dire ! Je détestait ça ! Et puis, les très faibles limites de ma patience avaient déjà étaient dépassées depuis un moment, maintenant.

Elle ne me ferais jamais de mal ?
Un regard noir de ma part. C’était loin d’être la première fois que ça arrivais, ce jour-là.  
Même si elle aurais voulu, de toute façon, je l’aurais pas laisser encore plus me toucher. J’étais plus grand. Plus résistant, et je pourrais si facilement la blesser, la frapper, lui faire du mal et …
Non.
Je ne devais pas céder à ça. De toute façon je tenais à peine debout.
Je me mordit la lèvre. Je devais pas recourir au poings, sinon j’allais vraiment finir dans la merde.
Respirer, et endurer …
Ça m’insupportait, mais j’avais pas le choix.

Dans tous les cas, même si elle se croyais si inatteignable … j’avais bien vu une faille.
Lestat Burton. Elle lui avais menti face à moi. Elle devais se douter que j’étais pas si con.
Il allait en entendre parler. Qu’elle se fasse engueuler. Que je foute la merde dans cette relation qui semblait avoir tant de valeur à ses yeux. C’était puérile, stupide, mais c’était le seul moyen que j’avais de calmer mes nerfs, sur le moment.

Encore une fois, elle repris la parole. Comme pour remuer le couteau dans la plaie qu’étais mon égo actuellement.

-  …

Aucune réponse de ma part. J’avais pas envie de m’abaisser à des menaces, à des violences.
Même si j’avais très envie de lui cracher au visage, ne serait-ce pour souiller un peu cet air de princesse qu’elle se donnais.

Une fois que la jeune femme m’ai laissée seul … un long soupir. Quelques tremblements sous mon épiderme.
Je pris quelques instants pour me calmer.
Je devais rentrer chez moi, prendre une bonne douche et essayer de me détendre un maximum.
De toute façon, je savais déjà comment j’allais, à mon tour, lui faire du mal.