Félicitations, Sakuya ! Tu es encore sortie de ta petite ville aujourd’hui ! Fort-des-Songes, c’était bien sympa, mais il y avait des villes toutes aussi intéressantes à travers toute la région de Lumiris. Notamment pour… je ne sais pas. Rencontrer des gens ? Les amis IVL, c’était bien, mais sortir de sa chambre pour une bonne santé mentale, c’était mieux. Et quoi de mieux qu’exercer une de ses passions en extérieur, pour changer ? Après tout, la dernière fois s’état très bien passée. Cet astrologue était si beau que j’étais presque réconciliée avec la gent masculine. Non pas que j’ai un souci avec celle-ci non… Mais lorsqu’on passait pour un morceau de viande enrobé dans de la sauce au miel rien qu’en existant, vous devriez comprendre ma méfiance naturelle ! Heureusement, il ne s’agissait que des plus bruyants… Bref, là n’était pas le sujet !

J’avais bougé mes grosses fesses pour Nemerya, avec comme fidèle destrier… mon vélo. En même temps, difficile de venir à dos de Tritox ou de… ce Ténéfix qui s’était incrusté par inadvertance chez moi le jour de Noël. Il était violet. Alors je m’étais vite entichée de lui, naturellement ! Avec ses grands euh… yeux… ? Diamants ? Bref, j’avais eu un malin plaisir à lui créer un chapeau, un ruban rouge ainsi qu’une paire de lunettes solaires ! Trouvées sur Internet, les lunettes, par contre.

Alors donc, je disais… Nemerya. Une salle d’arcades avait rapidement attiré mon attention. Alors sans plus attendre, Améthyste et moi nous sommes entrés. Aujourd’hui, j’étais vêtue d’un slim noir mettant en valeur mes jambes que je sculptais quotidiennement, puisque j’en étais fière, je l’avoue… Et puis, pour mon plus grand regret, j’avais décidé de porter un crop-top de la même couleur. J’avais froid au ventre. Mais j’étais une femme, une vraie, alors le froid ne me ferait pas cet affront et je ne frissonnerai pas devant lui. Ma veste décorée de fleurs de cerisiers dans le dos devrait suffisamment me porter chaud.

Je me promenais dans les allées et… Je la vis. Cette peluche d’Ectoplama… serait à moi. D’un œil déterminé je m’approchai de la machine d’un air plein de défi. De son côté, Améthyste partit en quête d’objets brillants à subtiliser en cachette. De quoi avoir des soucis avec les autorités, mais ça, je ne le savais pas. J’étais trop concentrée sur mon objectif pour en avoir quelque chose à faire.

Mais… la pince. Elle se moquait de moi ? Je pestai contre celle-ci en grognant telle une Némélios. Et je retentais ma chance. J’avais eu un bon salaire, ce mois-ci, je pouvais me le permettre ! Mais cette saleté de pince se desserrait systématiquement sur la fin, ou comment ça se passe ? Je vais lui faire la peau à cette saloperie !

J’étais sur le point de donner un franc coup de pied avec la pointe de ma botte compensée qui me donnait un bon mètre quatre-vingts, lorsqu’un jeune homme m’accosta. Si j’allais bien ? Je lui lançai un regard noir. Non pas car j’avais envie de lui faire une clef de bras, mais parce que cette machine avait mis mes nerfs à rude épreuve. Il était mignon, il ne méritait pas le même sort que la machine.

« Non. Cette ■■■■■■■■■ de machine de ■■■■■ refuse de coopérer. Pourtant je suis douée, avec ça ! Du jamais vu ! »

C’était rare que je montre autant de sel devant un inconnu, mais il faut dire qu’il était l’archétype du type sympa et cool. Même s’il avait un drôle de mulet, mais ça, je ne vais pas juger, non. …Même si c’était tentant.

« Je dis pas non pour les conseils, tant que tu me laisses frapper dedans répétitivement avant ! »

Je frappai du poing sur la vitre, en espérant qu’aucun responsable ne me voit et ne m’engueule. Sinon, c’était lui, que j’allais frapper. Je m’imaginais déjà lui balancer sa machine dans la gueu-… Non, pas de violence, c’est les vacances.

Sakuya, il fallait te détendre, au risque de passer pour une énorme folle. Ce que j’étais, on ne va pas se mentir, mais quand même ! Je tentai de détendre mes traits de visage en me disant que ça serait dommage que je me retrouve toute ridée à la fin de la journée. Superficiel ? Un peu, oui. Mais on n’a pas de rides, à vingt-cinq ans, normalement.

En tout cas, le jeune homme au mulet – et aux goûts capillaires suspects – m’éclaira sur ces capricieuses machines qui méritaient des coups de lattes dans la gueu…-. Ah, mais ça n’a pas de visage, une machine. Peu importe, je l’écoutais avec la plus grande attention en tâchant de me calmer. En espérant que mes prochaines paroles ne soient pas pleines d’injures. On l’espère.

« Oui, donc, en gros, c’est simplement une technique pour se faire plein de thune sur le dos de notre frustration, c’est ça ? J’étais déjà au courant, mais il y a comme je dirais… du foutage de gueule ! », m’exclamais-je d’un sourire peu rassurant.

J’aurais pu dire « de l’abus », mais quitte à passer pour une demoiselle distinguée, autant y aller jusqu’au bout.

Ah, il me donnait des conseils ? Bon, je prends. C’était logique, ce qu’il disait, mais on n’a pas tous un cerveau réussissant à mettre les choses dans l’ordre, ahah.

Voilà que je paraissais plus sereine. En plus, il était vraiment adorable à vouloir m’aider ! …Bon, c’était suspect, de venir en aide à quelqu’un, dans ma tête, et je restais méfiante au cas où il tenterait de me draguer mais… la paranoïa, fallait qu’elle dégage, un jour.

« Okay, deal ! Si tu réussis du premier coup, je te paye un verre, ça marche ? »

Parce qu’on m’avait conseillé de m’ouvrir au monde. C’était ce que j’avais retenu, en partie, de ma séance d’astrologie avec Ludwig. Puis, ça devrait aller. Il était jeune, et même s’il avait l’air d’un cassos, pour caricaturer un peu, il ne me semblait pas bien méchant.

Des astuces, uh ? Que grand bien lui fasse, tant qu’il obtenait ma peluche d’Ectoplasma, il pouvait tout faire ! …Sauf me tripoter, sinon je l’égorge devant tout le monde. Avec quoi ? Euh… mes faux ongles ? Bon, pas très efficace, mais je n’étais pas du genre à me trimballer avec des couteaux sur moi.

Et ce petit clin d’œil, là… Il était trop jeune pour moi, qu’il ne s’imagine pas des choses ! Même s’il était mignon et… Nan, STOP. Cerveau, arrête.

« T’as pas intérêt à trop commander, mon porte-monnaie n’est pas à rallonge ! Un verre ou deux, pas plus, okay ? »

Quoique… s’il est complètement ivre, ça pourrait être drôle à voir. Hum. Je devais avoir des pensées plus matures en tant qu’aînée, mais j’étais en roue libre, tant j’avais été en colère pour rien, en même pas dix minutes, ahah…

Hein ? Il voulait que je lui tienne son œuf, maintenant ? Bah… au moins, il ne me demandait pas de lui tenir autre chose… Oui, des porcs m’avaient déjà demandé ça. Porcs qui n’avaient plus toutes les dents, sans doute. Je n’avais pas vérifié !

« Ne t’inquiète pas, je suis tellement nulle en cuisine que je ne risque pas d’en faire une omelette… »

Tentative d’humour un peu nulle, c’est parti.

Liu ? Ce n’était pas un nom de meuf, ça ? Bah, tant pis. Autant ne pas se poser de questions.

« Sakuya ! C’est vrai que c’est mieux de s’échanger nos noms plutôt que de nous appeler par des surnoms débiles comme… "La-grosse-folle-qui-veut-défoncer-tout-ce-qui-se-plie-pas-à-sa-volonté"… »

Et "mulet-man-au-prénom-de-meuf".

Oh ? Il avait réussi ! Un grand sourire apparut sur mes lèvres. Sourire qui devint un regard interrogatif.

« Mais… On dit pas jackpot quand on gagne à un gachapon… », murmurais-je dans ma non-barbe.

Il était peut-être un peu débile, mais doué de ses mains, ça c’est sûr ! Aucun sous-entendu là-dedans, je vous jure.

« Merci, tu gères ! Bon, récupères ton œuf dur, et je t’invite à boire ce que tu veux ! »

J’avais des étoiles dans les yeux et serrais ma grosse peluche contre moi, comme une gamine émerveillée d’avoir enfin eu un Galopa à Noël.

Il connaissait le coin ? Parfait ! Parce que moi, non. Je… faisais du tourisme, en fait. J’avais pris une chambre d’hôtel atrocement chère, donc je devais économiser sur le reste. La bouffe, par exemple… Bon, au moins, c’était bon pour ma ligne. On ne va pas se plaindre.

Ah, aussi, il n’avait pas envie de se bourrer la gueule ? Dommage, parce que moi, oui. Je ne le faisais jamais, alors si je pouvais trouver quelqu’un avec qui le faire, même ce gamin… Bon, on verra ! Loin de moi l’idée de le forcer et de le faire vomir sur le sol.

Maintenant que j’avais ma peluche, je n’avais plus qu’à le suivre en direction d’un bar sympa. J’avais très envie de whisky, là, maintenant… Raffiné ? Non, et je m’en fiche. C’était quoi ces histoires de femmes qui devaient rester sage et boire du jus de fruit parfumé à la rose ? C’était bon, mais, y’avait bien mieux, pour se détendre !

« Un bar comment ? Ne me traîne pas dans un bar de gros lourds, par contre, par pitié… »

La flemme de casser des dents. Ou de devoir retenir Héliotrope de cramer leurs chaussures… Je savais garder mon sang-froid, un minimum, mais certains types avaient de gros problèmes…

Ah ! Ce bar-là avait l’air intéressant ! Dans un style Sinnohïte, en plus. Cela me rappelait ceux qu’on avait à Joliberge.

« Qu’est-ce que tu penses de celui-là, vu que tu connais la ville ? »

Je ne sais pas quelle allure je devais avoir avec ma peluche dans les bras en pleine ville, mais je pense qu’au but d’un moment, le ridicule ne tue plus vraiment, quand on se balade avec un gars muni d’un mulet bleu. Dit la fille louche avec son Ectoplasma pelucheux possédant le sourire le plus débile qui soit. Bref, vous voyez bien le genre de scène. Est-ce qu’on avait l’air d’un couple… ? Ah non, je n’espère pas. Trop jeune !

Tapé ? Dans quel sens ? Propre ou figuré ? Je haussais un sourcil intérieurement. Si c’était un cassos à problèmes, j’espérais ne pas être fourguée dans des histoires pas possible. J’étais quelqu’un de sage, moi ! J’évitais les problèmes comme la peste, parce qu’entre nous… La flemme.

La Tritox observait avec méfiance les deux Pokémons du jeune homme. Comme si elle cherchait à la fois à devenir amie avec et… Non, elle préférait restait blottie dans mon cou pour profiter de la chaleur tout en les jugeant de leur drôle de look, à ces deux-là.

Je toussais légèrement à cause du tabac de mauvaise qualité qu’il fumait – oui, j’étais sacrément chiante. Mais je fis de mon mieux pour laisser mon sale caractère de côté en me concentrant sur la peluche qu’il m’avait gagnée.

« Parfait ! Je ne suis pas contre un peu d’animation, mais, tu vois… Si je peux éviter de tomber sur des gros lourds qui hurlent, c’est mieux ! »

Sinon, je le ferai taire, ça n’était pas un problème…

Ah ? Un saké ? Carrément ! J’avais très envie d’un truc fort, moi aussi…

« Un Black Mystery, s’il vous plaît ! »

Black Vodka, citron, sucre roux et glaçons. Autant dire que j’allais être dans un sacré état, si je buvais trop vite. Une chance que je tienne très bien ! Non, ça n’était pas par habitude, euh… Je buvais qu’en fin de semaine, je vous assure !

Une fois nos boissons arrivées, nous trinquions, et… J’espérais qu’il ne boive pas cul-sec. Imaginez, je dois le ramasser à la fin de la soirée ? Olalah… Je pourrais le porter facilement, mais quand même.

« Tant que tu ne beugles pas, peu importe ! »

Parce que je pouvais hausser la voix, moi aussi, je savais juste être raisonnable et ne pas détruire les tympans des autres. Ni les poumons… Enfin, je n’allais pas râler, il faisait ce qu’il voulait de sa santé. Et je n’étais pas mieux et me détruire l’estomac d’éthanol, techniquement.

Eh ? Si j’étais une habituée ? Alors là… Pas de ce bar précisément, mais…

« Mh… Peut-être ? Généralement, je vais boire avec des amis, le weekend. Donc, techniquement… oui, je suis une habituée ! Enfin, c’est juste le vendredi ! …Et le samedi. Mais c’est tout, je ne suis pas alcoolique, promis, ahah… ! »

Awkward/20. Mais c’est que je commençais déjà à être un peu ivre. D’ailleurs, je souriais plus facilement. Peut-être que ça m’aiderait à me faire un nouvel ami ? Même s’il est jeune et que j’allais devoir arrêter de fixer autant ses cheveux.

« Et, nan, je t’assure que je tiens bien ! Même mieux que toi ! Tu verras bien !!! »

Et, oui, c’était un défi. Immature, sans doute, mais ça me tenait à cœur de mieux tenir que ce gamin. Bref, alors que je buvais ma boisson lentement, nous entamâmes la discussion autour de sujets banaux mais sans prise de tête.

« Je suis ici depuis deux ou trois ans… je sais plus trop, mais en tout cas, je vis à Fort-des-Songes. Avant je vivais à Sinnoh ! Mais je me suis barrée pour oublier mon ex, il était nul, si tu savais ! »

Oui, c’était gratuit, et ma langue était déliée.

« Je sors pas trop… je suis développeuse et codeuse indépendante ! Un peu un boulot geek… Mais du coup, j’ai le temps de faire ce que je veux. J’ai juste quelques nuits blanches de temps en temps, mais ça va, c’est mieux qu’agent d’entretien, quoi ! »

Déso pas déso, les agents de nettoyage.

Bref, la soirée se passa bien, et je parlais beaucoup. Je finis même par chanter des trucs approximatifs dans la rue avec Liu sur le chemin du retour tant j’avais passé une bonne soirée.