« Allez ! Suivez-moi monsieur Alaric ! » lui disais-je en le tirant par le bras. J’avais atrocement hâte de glisser dans ces toboggans dans lesquels il avait accepter de me suivre après maintes minutes à l’en convaincre. Je souriais fortement, montrant chacune de mes dents. Quel bel adon que de trouver mon ami ici en ce sanctuaire estival alors que j’étais venue seule. Bon il était certain que j’allais croiser une ou deux personnes, mais je ne croyais pas que ç’aurait été lui. Peut-être m’avait-il suivi ? Pour veiller sur moi, j’entends. Il faut dire qu’il m’avait vue dans l’un de mes états les plus vulnérables quand j’avais capturé Majestée. Le fait de croiser cet homme à tout va me faisait plaisir, il faut l’avouer. Il faisait un bon ami et le fait qu’il soit bègue m’aidait beaucoup à contrôler le flot continu de paroles qui sortaient de ma bouche. Moi qui me reprochais d’être verbomotrice, je faisais davantage attention avec lui. Non pas que je m’en eusse amourachée, simplement il méritait d’être écouté et le fait qu’il aie du mal à communiquer ne me donnait pas le choix de le faire. J’aimais ça, je devais bien l’avouer. Écouter faisait du bien parfois.

Je le traînais comme s’il avait été un vulgaire pantin, presque trop brusquement. J’avais hâte, beaucoup trop hâte de glisser dans ces immenses glissades desquels j’avais tellement souvent entendu parler en bien. J’étais comme une enfant qu’on lâchait dans une piscine de balles. Je souriais bêtement, candidement, passionnément. « Ce sera ma première fois dans les toboggans, je vous l’ai dit ? » ce devait bien faire la vingtième fois que je le lui disais, mais je me perdais dans mes pensées et mon excitation de telle manière à ce que j’en oublie ce que j’avais récemment dit.

Je courrais si vite que même la Madonne avait du mal à me rattraper. La pauvre Babimanta qui pourtant voler criait bruyamment, tentant d’attirer mon attention, mais je n’arrêtais pas. La pauvre. Quand j’avais une idée derrière la tête, j’étais inarrêtable. Enfin, c’est ce que j’avais fini par croire de mes rencontres ici en Lumiris. Ma course s’arrêta enfin après plus d’une dizaine de minutes à s’étirer. Les toboggans étaient devant moi. Splendides. Grands. Colorés. Bruyants. Je ris et jubilai sur place en les voyant. « On fait le gros ! » criai-je en pointant le plus grand d’entre eux et probablement le plus épeurant. J’étais bruyante, moi aussi, il n’y avait pas à dire. Aussitôt, ma course reprit pour commencer à monter les marches de glissade sur laquelle mon regard s’était posé. Babimanta avait eu le temps de se ranger sur mon chapeau pour ne plus avoir à voler loin derrière. Elle respirait bruyamment, la pauvre. Il fallait la comprendre néanmoins après cette interminable course.

J’avais presque bousculé des passants, des enfants pour la plupart, en me ruant vers les escaliers.  Je n’y pouvais rien, j’étais juste beaucoup trop enjouée. Certes, d’aucuns m’auraient rappeler mes vingt ans, mais je n’aurais pu m’empêcher de répondre à ces mêmes individus que j’étais encore très jeune. Alaric, le pauvre le subissait. Il le subissait bien néanmoins, sans trop rouspéter.