Cette courte pause était probablement la chose que j’espérais le plus. Je n’étais visiblement pas faite pour suivre ces cours et ils ne m’intéressaient pas plus que ça non plus. Pourtant je m’efforçais de tenir le rythme. Pourquoi ? Pour plaire à qui ? À Grâce ? Décidément, il y a bien des choses que j’étais prête à faire pour mes Pokémons dont je n’avais pas conscience encore. Je souris à la seconde où l’entraîneur hurla pour la pause. Je remerciai de la tête cet homme qui m’avait défendue et me tournai vers les rebords du bassin pour m’y adosser. Je pris le temps de regarder cette foule de gens et cet homme particulièrement qui s’était porté garant de mon incident. Je ne le connaissais pas. Je n’avais pas le moindre souvenir de ce visage, de cette silhouette. J’avais pourtant la certitude que si je l’eus connu, je m’en serais souvenu. Il dégageait un charisme duquel on ne pouvait être indifférent. Je commençai à me sentir quelque peu nerveuse lorsqu’il vint se poser près de moi. Un homme aussi beau ne pouvait vouloir m’adresser la parole aussi banalement que ça. Avais-je fait quelque chose en particulier qui avait attiré son attention ? Lui avais-je fait mal en tentant d’exécuter maladroitement les exercices que nous sommait d’accomplir cette dame au caractère visiblement tapageur. «  Hum… oui je vais bien… je crois. C’est Grâce qui a fait des siennes. Ielle aime tellement le conditionnement physique… » dis-je en gardant un œil sur mon petit Pokémon. Bien qu’à bout de souffle le petit continuait à s’agiter sur sa petite planche de flottaison comme s’il n’y avait plus de lendemain. J’échappai un petit rire nerveux en portant mon attention à nouveau vers l’homme qui me parlait. Il était séduisant, je n’avais pas à dire. Nul n’aurait pu argumenter contre cela. Suffisamment pour que je puisse oublier ce qui venait de se passer avec Alaric dans les toboggans. Non. Il y avait plus, avec Alaric, qu’une simple attirance physique. «  Oui… oui. Complètement. » avais-je dis en réponse à sa seconde question. Divulgâcheur, je mentais. J’avais mal compris sa question à vrai dire et je me retrouvais piégée en répondant à l’affirmative. Qu’avait-il dit ? Je ne pouvais plus reculer. J’avais dit oui. J’espérais simplement qu’il ne m’ait pas invité à recommencer ces prouesses athlétiques vides de sens. Je n’étais pas une sportive, pas plus que j’étais du genre à vouloir déplaire aux gens et à questionner quelques questions qu’ils aient pu me poser. Je souris bêtement. Voilà que j’étais dans de beaux draps. À nouveau. Ma poitrine s’enflammait déjà, j’espérais tellement ne pas avoir acquiescer à plonger à nouveau pour succomber lentement à ces exercices éreintants et plus ou moins adaptés à mon niveau de santé. Elle aurait pu, au moins, adapter son atelier à tous les niveaux. Voilà que je soupirais. Je geignais déjà à cette idée déplaisante et éreintante.

Toujours adossée contre les parois du bassin, je tentais de reprendre mon souffle, tant bien que mal. Il était clair que je ne pouvais pas y retourner maintenant. J’avais dix minutes. Dix minutes pour reprendre mon souffle et m’engager dans un nouveau segment aussi exigeant que le dernier, sinon plus. La voix d’Alaric vint me sortir de la panique. Autant m’apaisait-elle qu’elle me plongeât dans une recherche minutieuse de tout élément qui m’entourait. Que cherchais-je au juste ? Sa Ludicolo. Elle m’avait presque noyée un peu plus tôt et si ce n’eut été de ma Babimanta, je ne serais peut-être jamais sortie du bassin. Mon regard se perdit à l’horizon alors que j’éclaboussais et fouettais les autres de ma chevelure humide. Je ne la voyais nulle part. S’était-elle cachée pour mieux gâcher le moment ? À nouveau. Je serrai les bras contre ma poitrine pour éviter de créer quelconque contact avec Alaric alors qu’il interpellait l’inconnu comme s’il eut été ma sœur. Je ne pus m’empêcher d’échapper un petit rire que je réprimai pour ne pas blesser le pauvre garçon. Notre relation était encore trop fraîche pour que j’ose lui manquer de respect ainsi. «  Enchantée monsieur Yul… » lui dis-je alors qu’il dévoilait son prénom pour la première fois. Je balançai légèrement la tête pour le saluer et me tournai vers Alaric. «  Ne vous en faites pas monsieur Alaric. Je ne vous en veux pas. Même si j’avoue pour le coup que votre Ludicolo m’a presque chassée.   » Je rigolai un brin. J’étais bien évidemment sarcastique. Malgré toute la puissance de jet d’un hydrocanon, il ne pouvait pas nettoyer une personne de ses sentiments. Malgré notre baiser, je n’avais pas pu lui dire que je croyais l’aimer. Je lui souris à nouveau et cette fois mon regard retourna se river sur l’homme à la longue chevelure. «  Vous savez, ma sœur ne sait même pas que je suis à Lumiris. J’essaie d’aller la rejoindre, mais il y a tellement de choses que je veux voir que j’en oublie souvent de marcher vers Kishika. » lui dis-je candidement, ne comprenant pas son accès d’héroïsme à l’endroit de ma sœur. Il faut dire que je n’avais pas l’esprit particulièrement mal tourné et que je n’imaginais que le bon en chacun.

D’ailleurs… ma sœur. Était-elle du genre à fréquenter ces lieux ou préférait-elle rester chez elle en cette journée festive ? Saurais-je être chanceuse et la croiser ici ? Chaque fois que je m’imaginais la voir, ma poitrine se serrait tant j’imaginais nos retrouvailles fortes et pimentées en émotion. Mon regard sombra dans une légère nostalgie. «  Moi, c’est Lyanora. » échappai-je néanmoins, remarquant que j’avais une fois de plus oublier les bonnes manières et que j’en étais venue à oublier de me présenter. J’échappai un sourire timide et cherchai de l’œil ma Mimantis qui devait toujours être dans le bassin.  Mes yeux balayèrent à gauche et à droite. Je ne voyais plus que des planches vides sans Pokémon à leur bord. Où était-ielle passé encore ? En panique je plongeai sous l’eau accrochant le maillot d’Alaric. Je n’avais rien expliqué. Je n’avais que plonger. Plus rien ne comptait en cet instant. Plus rien sauf ce précieux Pokémon. La connaissant, ielle ne devait pas être bien loin, mais nulle part que j’eus pu voir. Je ressortis de l’eau pour reprendre mon souffle. Soudainement, mon épuisement d’il y a quelques minutes n’existait plus. Il n’y avait plus que moi qui entrait dans l’eau espérant que mon Pokémon n’ait pas coulé. J’étais terriblement inquiète, si bien que j’hurlai sur Alaric et Yul «  Ce n’est pas ma sœur, mais si vous voulez, je ne vois plus Grâce. » criais-je la voix teintée par l’horreur de ma panique. Grafignant le cœur de quiconque aimait réellement et sincèrement ses Pokémons. La connaissant, ielle était probablement perché dans un arbre à se moquer de moi pour se prélasser au soleil. C’était son habitude, elle le faisait toujours. Ce n’est pourtant pas là que je regardais. Mon chapeau flottait sur la surface de l’eau et je me refusais à le reprendre bien qu’il eut été si précieux pour moi plus tôt aujourd’hui. Il y avait plus important. Grâce manquait à l’appel. Ce serait l’occasion pour Alaric de se faire pardonner un peu pour sa Ludicolo, non ? Seule ou en groupe, je la retrouvais, même si ça impliquait de troubler le calme de tous et chacun. Nageant avec autant d'aisance que me le permettait les gens dans la piscine, je cherchais partout sous l'eau les reflets rosés de mon petit Pokémon. Bousculant, çà et là, quelques étrangers. C'était la pause, ça ne faisait pas longtemps. Ielle ne pouvait pas être bien loin. Probablement qu'ielle se moquait de moi, allongé sur une chaise longue, sirotant un thé glacé.

Et c'était bien le cas. Si j'avais prêté l'oreille, je l'aurais entendu rire en tenant le verre d'une étrangère, lui volant quelques gorgées alors que la pauvre s'était endormie au soleil. Hélas, j'étais trop concentrée pour la voir.