Dans mon sac, j’insère un livre sur les attaques pokémons, une bouteille de thé glacé, un petit tapis et mes pokéballs. Je compte étudier tranquillement dans le magnifique parc du Saule à Sunrya. La serveuse du café que je côtoie m’a fortement recommandé ce lieu, je ne peux pas passer à côté !

Après le repas du midi, je décide d’y aller. Je vais faire une balade digestive et laisser mes bébés s’éclater à fond. Le lieu est splendide : boisé et verdoyant. PP est tout foufou à poursuivre les Poichigeons et autres volatiles. Alors qu’Ophélia plonge dans l’immense lac. Je peux observer quelques Poissirènes dansant sous l’eau et des Papillusions batifoler au dessus des fleurs. Je peux sentir mes poumons gonfler sous l'effet du paysage : l'ambiance est très apaisante, j’ai beaucoup de chance qu'il fasse beau aujourd'hui..

J’examine les terrains avant d’apprécier un endroit un peu surélevé ; le lieu est dégagé bien qu’il y est des arbres pour s’abriter. Je suis en face du lac donc je peux aisément surveiller mes bestioles. Je me dirige sous un tronc où je me pose ma carpette. En m’installant, je salue d’un grand sourire une jeune fille posée non loin de moi. Je ne sais pas trop pourquoi je fais ça, sans doute parce que c’est ma voisine de parc et que je la trouve mignonne.

Une fois préparée, j’ouvre mon bouquin. Toutes les conditions sont réunies pour une bonne lecture; seulement, je suis pas fada des livres. Je préfère apprendre sur le terrain bien que pour l’instant je suis assez limitée. C’est important aussi de s’attarder sur la théorie.

Pendant une heure au moins, tout se passe bien. Soudain, j’entends mon chien rose cavaler vers moi en couinant. Je lève le museau interloquée jusqu’à discerner un singe courir après PP. Je soulève mes avant de le siffler.

« C’est quoi ces conneries ? »

Je regarde le cleb gémissant. Le singe ne s’approche pas plus près du tapis et nargue mon toutou. Je le fusille avec dégoût, PP n’a rien fait de mal c’est ce macaque qui vient chercher des noises.

« Eh toi tu dégages. » lui dis-je en lui donnant un petit coup de pied.

Le pokémon vert n’en a que faire et se daigne de m’attaquer à coup de fouet lianes.

« Ah- maiiiis ! »

Mon doggo se positionne devant moi et grogne pour me défendre. Le sentant d’attaque, je lui ordonne de faire Croc Givre sur cette enflure. De ce que j’ai pu lire, je sais que le type plante est sensible au type glace alors je devrais le calmer. En effet, en plus d’être mordu, le Feuillajou frissonne de douleur. Enfin il se recule et fonce vers l’arbre en face. Je félicite mon chien par une caresse avant de retourner à ma lecture. PP vient se coucher près de moi, retrouvant la paix.

Ou presque. Le macaque est revenu.
Son gloussement m’arrache de la lecture. Quand mon regard se reporte sur lui, je découvre une bande de sale sagouin me menacer de l’œil. Ils sont au moins une dizaine ! Bouche-bée, je me dresse en prenant une position d’attaque.

« Ah ouais, v’z’êtes lâches à c’point là ? Azy j’ai pas peur de vous, qu’es'ce-vous allez faire ?! »

À mes dires, le premier Feuillajou se lance sur mon visage pour m’obstruer la vue. Je demande à PP d’attaquer mais je l’entends couiner, en pleine détresse. J’appelle Ophélia mais aucun signe — ça lui ferait trop plaisir de nous voir victimes d’une clique de singe. Je réussis à me débarrasser du parasite en l’envoyant valser et j’azimute les alentours à la recherche d’une aide.

Soudain j’ouïe une voix angélique qui va faire basculer la situation. Elle incite ses compagnons à attaquer la bande de racaille. Je me tourne vers cette jeune fille pour lui esquisser un grand sourire.

« Ce n’est pas le moment de relâcher, me murmure-je, PP, détruis-le avec Croc Feu ! »

Le clebs mord puissamment le singe qui s’évanouit sous la brûlure. Les saloperies sont nombreuses et donc se mettent à plusieurs pour attaquer. Même si j’appelle Ophélia, elle ne pourra pas se battre longtemps sans avoir d’attaques viables contre les pokémons plantes. Heureusement, la demoiselle d’à côté se débrouille bien. Ses pokémons affaiblissent la clique, il y a moyen qu’on les tiennes à l’usure. PP donne tout ce qu’il a pour les mettre K.O. Je ne l’ai jamais vu aussi vénère.

Au fur et à mesure, les singes se dispersent jusqu’à ne plus rester. Je pense souffler enfin jusqu’à ce que je fouille dans mon sac à dos. Bordel, mon œuf ! J’azimute dans les arbres avant de localiser les voleurs qui ont prit mon bébé.

« Sales voleurs, mon œuf ! Mon bébé ! »

Ces connards dansent sur les branches en me narguant. Les larmes me montent aussi vite que la colère. Mon toutou renifle ma besace et fusille les macaques en les aboyant. Alors que je commence à chouiner, Ophélia revient avec surprise. Il s’en est passé des choses depuis son absence.

« Il faut le retrouver et leur faire payer à cette bande d’enc-... »

Mon Tiplouf me patpatte le mollet. Mes partenaires sont motivés à retrouver le petit œuf ! Mais je ne peux pas le faire seule. Je ramasse mes affaires et soigne PP comme je peux. Les babouins sont partis vers le nord, il faut regarder les arbres pour savoir où ils vont. Je me dirige d’abord vers la jolie fille avec un petit sourire triste.

« Merci beaucoup pour ton aide. Franch’ment, j’pensais pas qu’ y aurait des racailles dans ce parc. Ils ont volés, ils ont volés ... »

Ma gorge se noue mais je poursuis.

« Tes pokémons sont admirables … , sous l’émotion, je viens lui prendre délicatement les mains, J’aurai besoin de ton aide. Ils sont partis vers le nord et je connais pas du tout le parc ni le nombre de sagouin qu’y’a ici, je vais galérer à le retrouver toute seule alors … Je serai très reconnaissante ! »

Je ne les retiens pas plus longtemps et je me redresse avec des yeux tout brillants.

Je crains d'être un peu rude dans ma méthode mais l’inconnue accepte de m’aider. Même ses pokémons sont d’attaques. Je les remercie chaleureusement en séchant mes larmichettes. Une de ses bestioles -qui m’est inconnu- s’envole guetter au niveau des feuilles. C’est ainsi que nous partons à la rescousse de l’œuf perdu !

Pendant notre course, la demoiselle me pose une question.

« Je. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé, en fait. Qu'est-ce que ces pokémons t'ont volé ? »

Quelle imbécile je suis ! Sous l’émotion, je n’ai pas pensé à lui dire de quoi il s’agit.

« Oh désolée, j’ai pas spécifié ! C’est mon œuf, ces bâtards ils ont prit mon œuf. »

Rien que d’y penser, j’ai le regard meurtrier. J’en profite pour me présenter à elle en maintenant la cadence.

« Au fait, je m’appelle Manon ! Drôle de rencontre mais enchantée de te connaître. » je lui esquisse un de mes sourires les plus amicales.

Nous arrivons dans ce qui semble être le nord. C’est là où les êtres les plus grands et imposants sont plantés. Le feuillu est comme un immense parasol nous protégeant du soleil. L’espace est moins lumineux, ce qui me fait penser à l’ambiance de banlieue. Nous sommes bien dans le quartier des macaques, on en voit un qui se balade tranquille jusqu’à ce qu’il nous voit. Il hurle et monte dans l’arbre, sûrement pour aller chercher ses camarades. Un gigantesque chêne trône au milieu de la flore, sûrement le QG puisque le singe va se fourrer là-bas. Je m’avance à son pied les yeux brûlants de colère.

« Bon, rendez-moi mon œuf bande de blaireau, sinon ça va barder ! »

Je n’ai qu’un silence pesant comme réponse. Je me rapproche de Nephele tout en gardant un œil. Ils peuvent surgir à n’importe quel moment.

« Je doute qu’ils répondent, il faut aller le chercher par nous-même. »

Je me tourne vers mes compagnons. Ophélia a le visage grave, concentrée sur ce qu’il se passe autour. Je lui demande de rester près de moi. Avec sa nouvelle attaque elle va faire un malheur mais elle reste néanmoins vulnérable aux attaques plantes. Quant à PP, je m’accroupis pour lui donner un ordre clair : retrouver le bébé. Je lui fais renifler le sac mais il n’en a pas besoin car il connaît bien son odeur. Satisfaite de sentir mes partenaires au taquet, je me tourne vers ma sauveuse pour lui faire un clin d’œil.

« Je compte sur toi et tes pokémons pour botter les fesses à ces sagouins ! Est-ce que je peux te demander un petit service ? »

Je regarde mon Tiplouf pour lui introduire le sujet.

« Ophélia peut se battre mais elle a un énorme désavantage, elle aura besoin de quelqu’un pour la protéger et se battre avec elle ... »

Pendant ce temps, le pingouin fait des pompes pour montrer qu’il est prêt à en découdre.

Protéger Tiplouf ne dérange pas Nephele, normal vu qu’elle est venue pour m’aider. Je lui fais tout de même un sourire reconnaissant avant d’analyser l’arbre. Nephele pense à l’idée de grimper, je traite cette solution. Il y a de nombreux appuis ce qui fait que l’ascension devrait être aisé – sauf si on a le vertige – mais les pokémons en haut des êtres sont menaçants. Je n’ai pas des jumelles pour vérifier mais je suis sûre qu’ils nous balanceront des trucs, ça peut être dangereux. Je pince mon menton l’air songeuse.

« C’est risqué de grimper ... »

J’analyse chaque éléments de la scène : les arbres, nos pokémons, nous, les ennemis, les rochers et les branches. Une idée finit par s’illuminer dans ma tête.

« Écoute : y’a p’têt’ moyen de monter si on s’prépare bien. Je demande avant, on sait jamais : est-ce que t’as une corde ? »

Cela serait primordial pour assurer notre sécurité. Malheureusement, qui se balade avec une corde dans un parc ? Je soupire, embêtée par cette prise de risque. Je déballe tout de même mon plan à Nephele.

« Sinon, j’ai pensé à ton … ta … Tara, il pourrait atteindre le sommet pour récupérer l’œuf. Quant à nous, enfin, si tu n’as pas peur de te casser une jambe ou deux, je marque une pause par un éclat de rire pour souligner le second degré de la phrase, on pourrait monter jusqu’à un certain point histoire de couvrir Tara. Ophélia peut attaquer depuis le sol, alors on montera avec PP et Manasa. Qu’est-ce que t’en penses ? »

Je plante mon regard déterminé dans le sien, persuadée que cela va fonctionner. Je prends chaque idées qu’elle me proposera mais dans tous les cas, je me jette sur le tronc. On a pas de temps à perdre.

« Ophélia, dès qu’tu vois qu’on nous attaque, défonce-les avec Laser Glace ! »

Elle hoche fermement de la tête une fois le message capté. Quant à mon chien, il s’agrippe naturellement sur mes épaules, les babines remontées. L’adrénaline me fait oublier à quel point ses griffes me lacèrent l’épaule. Une fois ma coéquipière prête, l’ascension débute.

Les macaques observent attentivement leurs ennemis. Ils commencent à hérisser des poils lorsque j’attrape la cinquième branche. Nous nous hissons plus vite que je ne l’aurai pensé, je peux remercier mon père et ma mère pour m’avoir donné de grandes jambes. Mon toutou peut difficilement couvrir le Fantyrm mais mon pingouin n’hésitera pas à pulvériser le moindre adversaire qui s’en prendra à lui : ça a déjà commencé. Une fois le premier coup tiré, les Feuillajou nous catapultent d'énormes baies, au moment où les prises sont mal placés de mon côté. D’un croc feu, mon Snubbull réduit en poussière les missiles. J’ai les mains qui tremblent de douleur et les pieds qui glissent. Je ne dois surtout pas regarder en dessous sinon s’en est fini pour moi. Avec beaucoup de bravoure, j’avance doucement jusqu’à la ligne d’arrivée en prenant soin de m’arrêter à chaque offensive.

Tout se passe plutôt bien pour l’instant, qu’en est-il du côté de Nephele ? Je prends une pause sur une ramification du tronc avant de prendre des nouvelles.

« Nepheleee, t’en es où ? » hurle-je pour être sûre qu’elle entende bien.

En entendant la voix de Nephele, je localise facilement sa position ce qui me permet de la protéger rapidement. Ophélia enchaîne ses proies comme une furie, donnant l'opportunité à la demoiselle qui m'accompagne de sauver le bébé. Quant à moi, je suis à deux doigts d'attraper la queue du meneur de ce kidnapping abominable.

« Viens là toi, j'vais t'mater ... »

La raison pour laquelle ma collègue dresseuse n'a pas de réponse est simple : il faut que je prenne par surprise ce gros Feuillajou. À peine mes doigts l'effleure que ce sale macaque me remarque : il appelle tous ses potes, en vain. Avant qu'il ouvre sa gueule, je l'attrape sans pitié en plaçant bêtement ma main sur sa bouche.

« PP, MAINTEN- AAAAAAAAAAAÏE »

Agrippé à mon sac à dos, le molosse surgit instinctivement pour planter ses crocs ardents dans la peau du singe. Soudain, mon Tiplouf jaillit derrière le tronc avec le bec près à lâcher son plus puissant laser glace. Ce combat redoutable vaut la peine de perdre un doigt -ou presque- : la sale bête m'a mordu jusqu'au sang ! Une chance que sous l'adrénaline je ne ressens rien. N'ayant pas eu le temps de me demander comment Tiplouf a fait pour grimper aussi vite, je la prend dans mes bras en la serrant fort contre moi.

« Wow, merci Ophé', je ... t'as géré ! »

Au même moment, Nephele m'annonce que l'otage est en sécurité achevant ainsi la mission. Malgré la douleur et la fatigue, mon visage s'éclaircit et ma bouche expire un grand soupire de soulagement. Cependant, la bataille n'est pas terminée ! Ayant foutue une raclée à leur commandant, la troupe de sagouin débile se rue vers moi. Paniquée, je glisse contre le tronc en crochetant le bois avec mes ongles pour ralentir ma chute. Mes deux compagnons me couvrent mais le stress me rend idiote : me voilà en train de sauter de branche en branche comme une descente en rappel sans aucune sécurité. Mes menottes moites et fragiles peinent à saisir les prises naturelles de le hêtre, ce qui est absolument inconscient de ma part de poursuivre ainsi. Obnubilée par l'atterrissage, je ne prends garde aux glands menaçant de cogner ma caboche. Tiplouf et Snubbull ont beau me défendre, les Feuillajous sont nombreux et furax. Nous galérons à esquiver les missiles et mes acolytes commencent à faiblir, alors pour les motiver, je les soutiens :

« On y est presque les loulous, tenez bon ! »

À dix mètres du sol, un drame inévitable se produit : une écorce râpe ma paume et me fait perdre l'équilibre. Impossible de m'accrocher à quoique ce soit, la peur paralyse mon échine. Ne pouvant articuler un mot, des bruits d'alerte s'échappent de ma gorge et mon esprit hurle :

S'il vous plaît ... je déteste jouer les demoiselles en détresse mais SAUVEZ MOI ! Je n'veux pas qu'ma connerie m'fasse perdre un bras ou une jambe !

Les yeux clos, je me prépare au choc. Durant ce cours laps de temps, un souvenir me revient en mémoire.

***

Manon pleurait à chaude larme. Ce méchant Célestin qui pourtant était secrètement amoureux d'elle avait cruellement balancé sa peluche préférée dans le feuillage du gros chêne. Les sanglots attirèrent son grand frère tout juste âgé de 12 ans. C'était au parc à côté de leur immeuble, il commençait à faire nuit ce jour-là et Frédéric devait veiller à ce que les petits regagnèrent la demeure.

« Qu'est-ce qu'y'a ? Pourquoi qu'tu pleures dis ? »

La bambine peinait à communiquer mais ses grands gestes expliquèrent la situation. Lassé de l'entendre hoqueter, le courageux garçon décida de grimper à l'arbre pour lui ramener son tendre doudou. À ce moment-là, Manon arrêta de pleurer pour admirer la témérité de son frère. Elle appréhendait à sa place, pensant qu'à chaque déséquilibre son frangin allait chuter. Tout au long de son ascension, celui-ci prenait soin de rassurer sa petite sœur tout en gérant son escalade. Au fur et à mesure, la gamine se détendit entreprenant même d'encourager son aîné. Alors que les derniers rayons du soleil éclaircissaient la zone, Frédéric atteignit sa cible.

« MANOOOON J'AI TON DOUDOU ! »

Manon ne l'avait pas quitté des yeux, ne perdant pas une miette de l'exploit de son grand frère. Elle accourut aussi vite que possible sous le feuillu afin de réceptionner sa peluche. Émue, la petite se remit à chouiner. Cependant, ce n'était pas terminé pour Fred : la montée fut aisée mais rien ne disait que la descente l'était. Il ne se découragea pas et dévala comme un Ouistempo le chêne jusqu'à méchamment se péter la gueule à quelques mètres de l'arrivée. Horrifiée, la cadette se précipita vers lui pour examiner avec effroi sa jambe cassée.

Le sourire intrépide de son frangin et sa réaction de tête brûlée à cet instant résonna au plus profond de la brunette.

« Même pas mal ! »

Le pire, c'était qu'il ne pleurait pas, que malgré la douleur il ne laissa rien transparaître. Frédéric devint l'icône de Manon et plus jamais elle n'allait sangloter pour si peu.

***

BAM.

N'ayant rien suivie de mon propre accident, je me réveille allongée au sol en train de bouffer de la terre. Quelque chose a amorti ma chute mais aucune idée de quoi il s'agit. Encore sonnée, je me relève avec difficulté en tenant ma tête. Ça fait un mal de chien quand même, j'ai une de ces migraines maintenant ! Fort heureusement, je constate l'absence de fracture grave sur mon corps et malgré les échardes dans les mains et les quelques éraflures, rien est abimé. Snubbull se précipite vers moi pour me noyer de bisous baveux avant de se faire dégager par Tiplouf. Une fois remise sur pattes, mes mirettes croisent celles de Nephele : le premier geste qui me vient à l'esprit est de lever mon pouce en l'air et d'esquisser un sourire radieux.

« Même pas mal ! »

Je titube vers la jeune femme pour lui demander des nouvelles de mon œuf. Une fois rassurée, j'insiste pour lui payer une glace en récompense à son altruisme et son audace. Et puis bon sang, j'ai trop envie d'une glace là.

Après avoir récupéré mes affaires, mon bébé et mes pokémons, nous partons en direction de la glacerie. En mirant la demoiselle, je remarque la vilaine ecchymose abîmant son joli minois. Alors qu'elle m'aide à marcher, je la regarde avec beaucoup d’inquiétude.

« Waah ! P'tain ça t'as pas loupé … T'es sûre que ça va aller ? »

Je me mords les lèvres, pleine de culpabilité. Quel culot de ma part d'avoir demandé à cette inconnue de risquer sa vie pour un problème qui ne la concerne pas ! Il faut à tout prix que je me rattrape. Avant de lui demander son parfum glacé préféré, je lui présente mes excuses.

« Désolée … J'men veux de t'avoir embarqué dans ce bourbier. Mais grâce à toi, l’œuf est sain et sauf ! »

Je souris à pleines dents avant de poursuivre :

« Dis moi ! C'est quoi tes parfums préférés ? Ou tu peux même prendre autre chose, j'crois qu'ils font des crêpes et des gaufres aussi. »

Il est vrai que pour survivre à la saison, le stand de friandise privilégie les entremets chauds qui se vendent beaucoup mieux l'hiver. Il ne serait pas étonnant que Nephele préfère une bonne crêpe chaleureuse qu'une boule glacée.

Rapidement, nous arrivons à destination. C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je m'adresse à la vendeuse pour commander nos sucreries. Pendant qu'elle prépare notre goûter, je lui fais brièvement la conversation.

« Ça va, vous arrivez à avoir du monde en c'moment ?
- C'est plus calme que l'été mais qu'on a autre chose que des glaces, on arrive à s'en sortir oui. C'est pas tous les jours qu'on nous demande ça l'hiver !
- Oui je comprends, mais une glace au chocolat ça me suffit largement ! Tant pis pour la stracciatella. »

Quand la dame nous a vu arriver, elle nous a directement proposé des blocs glacés pour apaiser nos plaies. Une chance qu'elle soit aussi prévenante et gentille, on a même eu le droit aux pansements ! C'est avec beaucoup de reconnaissance que nous la quittons avant de rejoindre un banc.

La fin d'après-midi défile à une vitesse éclaire. Nous avons pu faire connaissance sans vraiment rentrer dans les détails. Devant partir rejoindre mon auberge, je laisse mon numéro à la jolie demoiselle en la conviant une prochaine fois à se prendre un verre. Malgré nos mésaventures, je suis ravie d'avoir rencontré une nouvelle habitante de Lumiris !