Prenant une grande inspiration, Camille prit le temps de se concentrer dans les coulisses. La présence d’Iris lui avait fait grand plaisir, mais alors que son amie se rendait dans la salle pour voir son spectacle, Camille se rendit compte qu’elle n’avait pas pu faire ses courses ni vraiment fait ses préparatifs.

Un technicien vint frapper à sa loge pour l’inviter à se mettre en place. La magicienne le suivit, ainsi que ses Pokémons. Il n’était pas encore l’heure du spectacle et Camille se rendit compte d’une chose. Elle tapota l’épaule du technicien et lui montra un message.

Il y a une fille en fauteuil roulant et un Gardevoir. Vous pouvez lui donner des places pour venir ce soir ?

Le technicien acquiesça et Camille fit les préparatifs l’esprit plus tranquille. Le spectacle se déroula sans accroc. Ses Evolis se comportèrent avec brio et l’enthousiasme du public fit chaud au cœur de Camille.

Vint ensuite l’épreuve qu’elle n’appréciait vraiment pas. A la fin des spectacles, elle restait dans le hall et laisser les gens venir la voir. Au début cet exercice était pénible et gênant. Les gens venaient et lui posaient des questions auxquelles elle ne répondait pas autrement que pas geste. Maintenant, la rumeur avait fait son chemin, et les gens n’étaient aucune réponse audible de sa part. Parfois certains lui disaient quelque chose dans une langue des signes approximatives. Au début, Camille répondait, puis finalement, elle se contentait de dire merci en hochant la tête.

Alors que nous allions nous installer, quelqu'un vint nous voir. Je hochai la tête et souris en voyant les tickets offerts. Je les pris volontiers avant d'aller m'installer.

« Merci. »

J'allai m'installer alors avec ma Gardevoir pour voir le spectacle. Je faisais partie des personnes motivées à crier son nom, à l'applaudir, à l'acclamer. Ses Evolis étaient tous resplendissants, les uns comme les autres.

À la fin du spectacle, je vis la file se créer pour aller la voir. Je me mis exprès à la fin et eus un sourire gêné en la voyant agir au loin, elle était... blasée, lassée. J'espérais que ma présence, une nouvelle fois, dissipât tout cela. J'arrivai finalement pour mimer :

Je vous ai trouvée magnifique et charmante ce soir. Merci du fond du cœur.

Je lui fis un clin d'oeil en souriant.

« Je trouve ça touchant que certains aient appris le langage des signes pour toi, même si j'ai remarqué de petites erreurs, je trouve cela adorable. »

Gardevoir hocha la tête pour approuver aussi leurs actions.

La cohue de la sortie ne semblait jamais vouloir désemplir et Camille se retrouvait en pleine lumière. Elle qui avait toujours rêvé de devenir célèbre, était toujours gênée d’être le centre de l’attention. Sous les feux de la rampe, elle se sentait vivante et le regard des gens ne la dérangeait vraiment pas. En revanche, revenu dans le monde normal, même déguisée, elle se sentait nulle, nue et vulnérable. Elle souriait aux gens, prit quelques photos, signa des autographes et serra des mains. Elle reçut des compliment et Milo une montagne de caresse.

Finalement, Iris se présenta et le sourire de Camille se fit un peu plus radieux. Elle signa un remerciement à son amie. Elle acquiesça aussi à la remarque.

C’est gentil en effet. Je n’aime pas trop ces moments.

Les derniers spectateurs discutaient ou partaient.

Je n’aime pas trop me mettre en avant. Pas comme ça. J’adore le spectacle mais rencontrer des gens me gêne énormément.

Sans le savoir, Camille était timide. Un caractère qu’elle considérait comme un défaut et qu’elle se pensait dépourvu puisqu’elle n’hésitait jamais à monter sur scène.

Je suis contente que le spectacle t’ait plu. On l’a bien travaillé. On va bientôt changer car il tourne depuis longtemps.

Je souris en hochant la tête, et ce sourire qu'elle eut en me voyant me réchauffait le cœur, au moins, je ne la blasais aucunement.

« Tu es entre deux tirs, attirée par le spectacle car tu y excelles, mais éloignée car tu es gênée de la rencontre avec des fans. Alors je ne sais pas quoi te dire... J'étais réservée et timide avant, j'ai ouvert une pension sur Unys, ça m'a aidée. En arrivant sur Lumiris, j'ai recommencé à être réservée et timide, des rencontres m'ont aidée, y compris toi, et puis j'ai ouvert mon rêve ; une pension énorme. Alors j'ai perdu ces deux attraits. Je ne suis pas non plus du genre à m'exhiber ou à être vulgaire mais j'ai beaucoup plus d'aisance à parler. »

J'eus un petit rire en souriant.

« Je t'invite à boire quelque chose en ville ? Pour te changer les idées et te féliciter de cette performance. Milo et tes Evolis auront le droit à quelque chose aussi. »

Je souris alors.

Le visage de Camille s’illumina à la proposition d’Iris.

Et manger une glace ?

Malgré ses efforts, elle n’avait toujours pas réussi à chasser son obsession pour les glaces, et toujours pas non plus pour les trois parfums qui lui ont donné son nom. Boire avec son amie était une excellente chose, avoir une glace la rendrait parfaite.

Elle réfléchit un autre chose aussi.

Je vais laisser les Evolis ici. Ils sont toujours fatigués et intenables après un spectacle. Alors je vais les laisser en loge mettre le boxon tout seul. Et ne t’en fait pas, ils ont l’habitude et ne seront pas triste.

La magicienne suivit donc son amie, où qu’elle veuille l’amener.

Je ris un peu.

« C'est vrai que tu adores les glaces. Alors allons-y. Je te l'offre. »

Je souris avant de me mettre en route avec Gardevoir.

« Nous devrions trouver cela aisément à Windoria. Enfin... »

Nous gagnâmes rapidement les rues et je regardai aux alentours.

« Tu aimerais la déguster en intérieur ou la commander et la manger en extérieur ? »

Je me tournai vers elle avant de rentrer dans un petit snack restaurant. Je commandai la glace préférée de mon amie -sans lui demander son avis car c'était évident- et j'optai pour une dame aux fruits rouges, donc Fraise, Framboise et Cerise.

« Bah c'pas la saison. Mais pourquoi pas. Et voici mesdemoiselles. »

Il nous les tendit, et pour un avis personnel, je trouvai qu'il avait été gourmand, et je donnai l'argent alors que je souris à mon amie en tendant ma glace.

« À cet après-midi entre amies. »

Le tenancier sourit en croisant les bras.

Adorer les glace était un terme un peu faible pour Camille. Si elle pouvait se nourrir exclusivement de glace, elle le ferait. Depuis toujours, elle en mangeait et jamais elle n'en était rassasiée, au grand jamais. Jamais lassée, jamais dégoutée. En été comme en hiver, c'était un plaisir gourmand qui la ravissait et sans aucun doute le meilleur moyen de lui faire plaisir à coup sûr. Elle avait déjà refusé des friandises diverses avec un spectacle ou en période d stress, mais jamais de glace. S'en voir priver était une punition terrible.

Alors qu'Iris lui accepte cette requête lui fit plaisir, de manière déraisonnable. On parle de glace tout de même. Son enthousiasme était beaucoup trop important à l'idée d'en manger une. Surtout qu'il ne faisait pas si chaud que ça.

Mais le duo gagna rapidement un café qui en servait encore et Iris commanda les glaces. Camille trépignait d'impatience à cette idée. Son excitation pour ce goûter était fort.

Son regard s'éclaircit lorsqu'elle tint enfin sa glace. Elle trinqua en quelque sorte à ce gouter avec Iris lorsque la serveuse leur demanda.

Excusez-moi, mais... vous êtes Fraise et Chocolat ?

Camille, tout à sa glace, s'arrêta et regarda la serveuse du coin de l'oeil. Elle se demanda comment elle avait pu la reconnaître, comme ça. Elle se tourna lentement vers elle et remarque une de ses mèche de cheveux roses. Elle ne s'était pas changée. C'était embarrassant. Elle hocha doucement la tête.

Oh, c'est incroyable ! Est-ce que je peux vous prendre en photo ? En selfie ? Et est-ce qu'on peut vous afficher dans le restaurant ? Comme dans ces cafés un peu classe des capitales ?

Camille jeta un regard à Iris et hocha lentement la tête, incertaine. La serveuse bondit de joie et prit une photo avec une Camille maquillait comme pour la scène.

J'ai oublié de me changer. Tu aurais pu le dire. [/b]Signa Camille à Iris une fois la serveuse partie, avant de prendre de sa glace.

Je lui souris en "trinquant" aussi, et alors que mes lèvres s'ouvrirent pour commencer à déguster, je les refermai vivement en voyant la serveuse arriver. Je déglutis en comprenant pourquoi, je ne dis rien, souriant bêtement, et quand Camille me signa, j'eus le même sourire avant de baisser légèrement le regard.

« Je suis désolée, pour moi, tu es mon amie, que tu sois Camille ou Fraise et Chocolat. Alors je n'ai pas pensé à te dire que tu avais encore ta tenue en scène... Je suis désolée. Tu m'en veux vraiment ? »

J'eus un petit sourire et osai passer de petits coups de langue sur ma glace.

« Tu veux qu'on rentre rapidement à ta loge ou chez toi ? Ou même chez moi ? »

Au moins, nous étions à côté et j'avais de quoi la démaquiller, ou maquiller, si elle le voulait.

Bien sûr que non, Camille n'en voulait pas à Iris. Cela ne lui avait même pas traversé l'esprit. Si la magicienne n'y avait pas pensé, pourquoi Iris aurait dû y penser à sa place. Non, elle était juste un peu énervée de cette étourderie. Elle allait attirer une attention pas nécessairement bienvenue et peut-être même perdre sa couverture.

Mais elle haussa les épaules. La glace était plus importante.

Trop tard le mal est fait. Mais je veux volontiers voir ta maison après ça. Et bien sûr que non je ne t'en veux pas. Ce sont des choses qui arrivent. Tu te rattrapes déjà avec la glace.

Camille espéra que personne d'autre ne viendra lui demandait d'autographe ou de photo. Elle espérait que certaines personnes la prendrait pour une fantaisiste. En y réfléchissant, en venant ici, certaines personnes s'étaient retournées à leur passage, la dévisageant d'un air perplexe, parfois amusé, parfois désapprobateur. C'est parce que Camille avait les cheveux bicolores et une tenue extravagante. Peut-être certains l'avaient reconnue, peut-être d'autres l'avait prise pour une grande fan.

Elles mangèrent leurs glaces en signant et parlant, mais elles furent interrompues trois fois. A chaque fois, Camille accueillit les demandes avec un grand sourire et beaucoup de douceur ainsi qu'un petit tour de passe-passe, comme le stylo à encre invisible ou l'autographe déjà dans la poche.

Après le troisième, Camille eut tout de même un geste d'impatience quand ils furent partis. Elle alla signer à Iris mais elle avait un stylo dans les mains. Ce n'était pas le sien, et elle ne savait pas à qui il était. Elle le fait disparaître dans sa poche, en haussant les épaules.

J'ai fini on y va ?

Je lui souris quand même et la remerciai en signant, allant au même rythme qu'elle pour finir la glace pour ne pas être en avance ni en retard. Je ris légèrement et la regardai.

« Au moins elle t'a demandé l'autorisation, elle aurait pu te prendre en photo discrètement, contre ton insu, ou alors te prendre en photo avec un flash. »

Je souris légèrement pour rassurer la situation. Et quand ce fut fini, je reculai avec mon fauteuil roulant et me dirigeai vers la sortie.

« Nous ne sommes pas très loin Camille. Une dizaine de minutes je dirais ? »

Je lui souris avant de me mettre en route.

Camille haussa les épaules. Généralement incognito, Camille n'avait pas trop à souffrir des gens qui la prenait en photo à son insu. Toutefois, cela ne la gênait pas qu'on la prenne en photo dans que ce n'était gênant. Elle n'avait jamais vraiment pensé à ça, ayant du mal à jauger sa popularité en dehors des gens qui venaient assister à ses spectacles. Mais cela ne voulait dire grand-chose. De nombreuses personnes ne venaient au théâtre seulement à cause de leurs abonnements, pas forcément parce que le spectacle les intéressait vraiment.

Sa glace finit, elle se leva et suivit Iris jusqu'à sa demeure. Elle se demanda à quoi pouvait bien ressembler la maison de son amie. Elle devait être sur un rez-de-chaussée, très grande, avec plein de grandes salles pour permettre à sa propriétaire de circuler librement. Cela devait être difficile à chauffer et Iris devait certainement faire de grande distance à l'intérieur puisque tous les accès devait permettre le passage de son fauteuil. La magicienne imagina un sol en marbre blanc, des tableau sur les murs et des vases d'une grande beauté, remplis de fleurs aux couleurs chatoyantes.

Ma pension était visible au loin au bout d'un moment et je souris. Précieuse nous suivait toujours silencieusement et j'osai demander quelque chose en me tournant vers mon amie.

« Camille, il y a une manière d'exprimer des sentiments sur des dires quand on signe ? Comme par exemple, je pensais que tu m'en voulais car j'avais pris le « Tu aurais pu me le dire » de manière un peu énervée, et pourtant non. J'ai appris, par les vidéos que j'ai regardées, que les signes dits violents, avec un coup sec, appartenait au langage de la haine, de l'énervement, de la méchanceté. Alors comment aurais-tu pu me signer que tu n'étais pas contente que je ne t'ai rien dit ? »

Je souris bêtement, ma question était bête, je le savais. Mais c'était un petit plus à savoir.

« Nous y voilà. »

À côté de l'entrée de ma pension, à littéralement dix mètres, une maison sur deux étages était présente. Les deux bâtiments étaient neufs et bien entretenus, je refusais les saletés et la poussière.

Je rentrai en ouvrant ma porte et montrer un appartement agréable aux couleurs froides mais qui réchauffait la pièce. Des cadres ornaient les murs -sans être oppressants-, il y avait une photo encadrée de moi avec tous mes pokémons, faite par Sera, j'avais un boîtier avec quatre badges dedans, sur un meuble. Les pièces étaient grandes et aérées.

« Tu veux un thé, un chocolat ou un café pour contraster la glace ? Tu peux refuser. »

Je lui souris alors en me tournant vers elle.

La question d'Iris fit réfléchir la magicienne silencieuse. Évidemment, le mouvement, selon qu'il soit fait vite ou lentement, au même titre que les paroles, donnait un ton. Mais Camille ne s'était jamais vraiment posée la question.

La vitesse et la netteté des gestes comptent, mais aussi l'expression du visage. Surtout l'expression du visage.

Vitesse et netteté était des termes assez vagues en langue des signes, alors la magicienne les mima plutôt que de les signer. Pour l'expression faciale, c'était plus facile est plus claire. Camille se rendit compte qu'elle ne connaissait pas tous les mots de vocabulaire oral en langue des signes, mais ça ne lui parut pas étonnant. Elle ne parlait finalement que très peu sa propre langue car peu de gens la comprenait et qu'il était assez rare d'utiliser des mots comme netteté dans une conversation.

Il est assez difficile de faire de l'humeur, et du second degré en langue des signe.

Les deux filles arrivèrent finalement à la demeure d'Iris et Camille resta un moment devant la maison. Son image mental et la réalité ne correspondait absolument pas et son cerveau avait des difficultés à faire la part des choses.

Elle finit par suivre son amie à l'intérieur et là encore, la réalité n'était pas comparable à l'attente. Il y avait certes un cadre avec une photo d'Iris mais c'était tout, pas de fleur, pas de paysage, rien de ce que l'esprit de la magicienne avait imaginé.

Elle hocha la tête à la proposition d'Iris, d'un air absent avant de se ressaisir. Un chocolot chaud ou un thé. Comme tu veux. Mais oui quelque chose de chaud.

Alors que son amie s'éloignait, la magicienne s'approcha des badges. Elle les observa un moment puis alla rejoindre Iris. Toutefois, sans s'en rendre compte, sa main avait saisi un des précieux badges, à l'insu de tous. Personne n'avait vu le vol, et Camille ne se rendit compte de son geste qu'une fois dans la cuisine.

Elle vit qu'elle tenait quelque chose dans ses mains, et fut surprise d'y découvrir le badge plante. Elle se dépêcha d'aller le remettre en place, se demandant pourquoi elle l'avait pris. Iris n'aurait pas manquer son geste pour ramener le badge dans son coffre mais elle espérait qu'elle ne poserait pas de question.

J'allais préparer alors immédiatement mais sur son visage, je la voyais déçue, avais-je de si mauvais goûts ? Ou elle s'attendait à autre chose ? Je poserais la question, peut-être voyait-elle ce que je ne voyais pas.

Je touillais le chocolat chaud de Camille en me tournant vers elle, elle avait dû regarder et faire la curieuse. Allais-je lui en vouloir ? Absolument pas. J'avais totalement confiance.

Et étrangement, quand je l'entendis revenir vers moi, je me tournai bien évidemment pour lui sourire.

« Dis-moi Cam- »

Je regardai Camille repartir aussitôt. Elle avait quelque chose entre les mains et à en juger les couleurs rares qui ornaient ces lieux, et la petitesse de l'objet, c'était le badge Plante. Pourquoi l'avait-elle et pourquoi s'était-elle aussi vite dépêchée de le ranger ?

Je finis de touiller, Gardevoir prit le plateau contenant notre goûter pour le mettre sur la table du salon, adjacent à la cuisine, j'y allai et attendis le retour de mon amie avec les sourcils légèrement froncés.

« Camille, n'aurais-tu pas... soit des tendances à oublier ce que tu faisais, soit des tendances kleptomanes ? »

Ma question et mon ton avaient pris une tournure plus sérieuse. J'avais réellement envie de me tromper.

Camille, après avoir redéposé le badge se tourna vers Iris. Kleptomane, tout de suite de grand mot. Pour la magicienne, ce n’était qu’une inattention, un escamotage par réflexes, rien de plus. C’était la première fois que ça lui arrivait, du moins le pensait-elle.

Tu veux dire pour le badge ? C’est une inattention, j’ai voulu le toucher pour voir si c’était d’où et, je l’ai pris sans faire exprès. La fatigue.

Ce n’était pas un mensonge, pas aux eux de Camille, elle avait vraiment pris le badge par accident, après l’avoir caressé pour sentir le métal froid sous ses doigts. Puis peut-être avait-elle voulu sentir son poids dans sa main. Et l’odeur du chocolat a dû la déconcentrer. Elle ne voyait que ça comme raison.

La jeune femme baisser piteusement la tête.

Je suis désolée. Je ne pensais pas que ça te gênerait. Je ne recommencerai pas.

Je ressentis une drôle d'atmosphère et c'était à la fin de sa phrase que je réalisais alors ma bêtise. Je secouai les mains comme pour lui refuser ses excuses.

« Non, non ! C'est moi. Je me rends compte que je n'aurais pas dû dire cela. Tu as raison, ça arrive qu'on prenne quelque chose sans s'en rendre compte et tout d'un coup, on réalise. »

J'eus un petit rire.

« Je m'excuse, Camille. Viens, tout est préparé. »

Je souris alors pour détendre l'atmosphère et m'installer à table. Pourquoi diable avais-je pensé cela ?

L’ambiance a été très étrange. Devoir s’excuser à Iris n’était pas un problème. Devoir s’excuser en règle générale n’était pas problématique. Camille avait fait un acte manqué, et peut-être qu’Iris ne voulait pas qu’on touche à ses badges. Il était normal que la jeune femme la réprimande. Pourtant, cela la gêna. Comme un malaise. Son amie allait peut-être lui en vouloir et elle ne savait pas quoi faire pour se faire pardonner et ne voulait pas qu’Iris, lui en veuille.

Mais la jeune femme passa à autre chose et Camille la rejoignit en souriant. C’était mieux ainsi.

[coor=#ff0099]C’est une impression de déjà-vu non ? [/color]

La jeune muette faisait référence à leur première rencontre, où Camille était entrée chez Iris par la fenêtre pour récupérer ses Evolis trop aventureux.

Je me retrouve à m’excuser et toi me servir une boisson chaude. Sauf que maintenant on se connait.

Camille regarda autour d’elle. Habites ici depuis longtemps ? Avec cette maison ?

La pension était un projet de longue haleine mais mais la maison était assez neuve.

J'eus un petit rire.

« Oui, mais c'est grâce à cela qu'on se connaît et que nous sommes de proches amies, non ? »

Je pris alors mon thé pour souffler dessus et boire une gorgée chaude en souriant, je hochai la tête.

« Quasiment en même temps que ma pension. C'est juste que je me déplace peu et je fais souvent le ménage alors elle est toute neuve. Je n'y vais que pour accueillir des amis ou dormir, sinon je suis dans ma pension. »

Je sirotai mon thé en proposant une boîte de gâteaux à la fraise et au chocolat. J'en pris un pour le manger.

Camille sourit à l'évocation de leur amitié. Une amitié qui a commencé de façon fort rocambolesque. Mais une amitié qui durait depuis, à distance ou à proximité, une amitié étrange, mais forte.

Elle but une grande gorgée du chocolat, se brûla la gorgé fit la grimace en sautillant sur place le temps que ça passe.

Je ne passe pas souvent à Windoria.

Camille était une peureuse qui avait peur de voyager trop loin, trop longtemps, seul, et dans l'inconnu.

Je vais peut-être changer de nom de scène. J'ai trop d'Evoli pour que mon nom ait encore un sens. Je pense que je vais m'appeler Neopolitan. Qu'en penses-tu ?

Elle avait signer son nouveau nom en l'épelant de ses mains.

Windoria était désormais plus avenante depuis les incidents précédents, mais peu de personnes venaient à cause du froid. Compréhensible. Faire une pension ici était une mission que je prenais à cœur.

« Ne... o... po... li... tan. Neopolitan ? C'est ça ? Ça sonne bien, j'aime beaucoup ! Mais tu es une adoratrice des Evolis, je pense que nous dirons dans le pokédex que tu es une élue des Evolis et la meilleure connaisseuse à force. »

Je ris un peu avant de sourire.

« Ce changement de nom, c'est toi qui l'as choisie ou ta boîte ? Enfin, tu diriges des hommes ou tu as un manager qui décide énormément pour toi ? Je me posais la question... »

Changer de nom par soi-même ou avec son accord était une chose, changer en étant forcé était autre chose...

Aux paroles d’Iris, Camille rougit.

Je ne les connais pas si bien que ça. Ce sont juste mes compagnons. Je ne les étudie pas comme les autres dresseurs. Je m’en occupe c’est tout.

Camille regarda Iris en penchant la tête. Elle n’était pas sûre d’avoir compris ce que sous-entendait Iris concernant une boite ou des managers.

Je ne comprends pas. Je ne travaille pas en entreprise. Je toruve juste que ce nom est joli et me correspond bien. Il n’y a pas de manager ou personne qui décide pour moi. Pas directement. Les directeurs de théâtre parfois, les gens qui font les affiches me donnent des conseils. Mais il n’y a personne qui travaille pour moi. En dehors de mes évolis et moi. Pourquoi ? Il y a beaucoup de monde qui travaille pour toi ? Ou quelqu’un décide à ta place ?

« Ah euh non ! »

Rassurai-je tout de suite.

« Néanmoins j'ai quelques employés, hormis mes propres pokémons. Et non, toutes les décisions ont comme racine ma personne. Je gère tout, les factures, ce qui se passe, etc... Et je posais la question car j'ai entendu dire que certaines stars, que ce soit dans le cinéma, le spectacle ou autre, ont des managers qui décident de TOUT et forcent même leur star à faire des choses qu'elle ne veut pas. J'espérais que ce ne soit pas ton cas et ça me rassure qu'effectivement, ça ne l'est pas ! »

Je souris.

« Si tu m'autorises la question, comment vont tes parents ? Je t'ai parlée des miens mais je ne crois pas avoir le souvenir que tu me parles d'eux. Bon après, à signer, ça doit mettre du temps... Vas-y doucement si tu le fais. »

Je ris légèrement.

Il y avait bien des gens qui étaient venus la voir pour lui proposer leur service en tant que manager, pour l’aider dans sa carrière contre un pourcentage de ses revenus. Mais Camille les avait gentiment refusés, car elle ne comprenait pas l’intérêt. Elle avait réussi à se faire une place grâce à la chance d’abord, puis grâce à son talent. Maintenant, elle jouait régulièrement et facilement, où elle en avait envie. Elle n’avait pas besoin d’aide pour faire ça. Elle pensait même que ces gens étaient des voleurs même, des arnaqueurs et la magicienne se félicitait d’avoir été assez intelligente pour éviter ce genre de piège.

La question d’Iris la surprit un peu. Camille ne parlait pas de ses parents, simplement parce qu’elle ne parlait pas. Et que c’était difficile de raconter sa vie par écrit. Long et difficile. Généralement les gens lui racontaient la leur et Camille les alimentait de questions. C’était suffisant et les gens étaient contents. On s’intéressait à eux et c’était souvent ce qui comptait pour eux.

Elle signa donc doucement, pas très sûre de ce qu’elle devait dire.

Ils vont bien. Ils vivent à Hoenn. Mon petit frère va bien aussi. Je leur manque. Ils me manquent un peu. Peut-être moins mon petit frère parce qu’il m’embêtait souvent le dimanche pendant que je regardais la télévision.

Que dire de plus ? La magicienne n’en savait rien. La vie et le travail de ses parents ne devait pas l’intéresser, ni là où ils habitaient.

Je m'attendais honnêtement à plus long. Mais peut-être que ce changement de vie lui faisait du bien d'être loin de ses parents... Peut-être ? Je ne savais pas.

Néanmoins, j'eus un petit rire à ses derniers mimes.

« Eh bien. Quel dommage. Au moins, tu n'es pas en froid, je suppose. »

Je haussai les épaules en finissant mon thé. Je ne voulais pas abuser en posant mille questions qui pourraient juste l'énerver.

« J'espère que nous aurons la chance de nous revoir plus souvent, c'est quand je suis avec toi que je remarque que je suis heureuse de te connaître. »

J'eus un grand sourire sincère.

Oh non. Ils m’appellent régulièrement et aimeraient bien que je rentre parfois pour des vacances. Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est juste que le trajet est loin en bateau, tant que l’aéroport n’a pas rouvert. Loin et cher. Il faudrait que je m’absente au moins un mois, peut-être deux. Ce n’est pas possible, je perdrai ma place.

La magicienne sentit que quelque chose clochait.

[color=#ff0099]Tu es la première à me poser cette question. Je ne sais pas trop quoi répondre du coup à cette question. Désolé. [color]

La magicienne rougit fortement lorsque son amie lui annonça qu’elle était vraiment heureuse de la connaitre. En y repensant un peu Camille aussi était heureuse d’avoir Iris comme amie. Mais c’était une relation étrange pour elle. Iris était tellement gentille, douce et avenante. Elle avait accepté sans problème que Camille ait pénétré chez elle par effraction, ainsi que son handicap. Il n’était pas venu à l’esprit de la jeune femme qu’Iris, étant elle-même handicapée, puisse accepter sans hésiter que les autres aient aussi des problèmes.

Je suis aussi contente qu’on se connaisse et qu’on soit amies. Et que tu ne m’ais pas dénoncé à la police. C’est… une très bonne chose. Je pense que je n’ai jamais eu d’amis comme toi. J’ai eu de bonnes amies, mais à chaque fois, ça a pris du temps. Et je n’ai pas vraiment eu l’impression d’une complicité, plutôt d’être utile. Comme si c’était bien d’être mon amie car je pouvais servir de confidente. Tu n’imagines pas toutes les choses qu’on m’a raconté. Et que j’ai tu et continuerai de taire. Même si je doute que cela ait encore de l’importance aujourd’hui.