Minisanges et démonstrations

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Pour qui sait écouter, les nouvelles vont vite sur l’île : le minisange, pokémon manifestement très populaire, résiderait désormais à la zone forestière de Lumiris sud. En temps normal, une telle information n’attirerait pas ton attention : à tes yeux, collectionner des animaux vivants est soit un truc de gosse, soit un truc de sadique et, contrairement à ce que certains pensent, tu ne rentres pas dans cette dernière catégorie. Tu n’aimes pas spécialement faire mal ou enfermer, non... simplement, si c’est la voie la plus efficace pour gagner ta croûte, tu la prends.

En l’occurrence, c’est la raison pour laquelle tu t’intéresses à l’oiseau : s’il est apprécié, alors il est vendable. Enfin… ça, c’était au début. En t’informant plus sur celui-ci, tu t’es rendu compte du potentiel non seulement commercial qu’il renfermait, mais aussi pratique et martial. Soyons clairs : tu n’as plus d’armes à feu, plus de renforts, plus les prérogatives propres aux flics – officielles ou non – ; tu n’es qu’un civil sans proches et à la merci du premier dresseur venu. Or, l'île a déjà montré ses dangers, et tu crèches dans une ville désertée par ses citoyens angoissés. Bien entendu, tu n'accordes aucune confiance à ton couard de Magnet pour te sauver ta peau...

Mais un corvaillus ? Puissant, résistant, capable de voler en portant un être humain. Intimidant, aussi, ce qui n’est pas pour te déplaire. Le fait qu’il soit de type acier n'est pas négligeable non plus : aussi absurde que soit ce sentiment, cette matière familière te rassure, comme si elle allait forcément de pair avec la stabilité et la logique - ce que ton magneti a pourtant pris pour habitude de démentir. Et puis… un corbeau pour la Corneille, quoi de plus adapté ? Tu ne crois pas au destin, mais tu supposes que ton métier d’indépendant finira par te donner une certaine réputation... et être associé à cet animal te convient parfaitement.

Bien sûr, il faudra du temps pour le faire évoluer, mais l’investissement se rentabilisera assez rapidement : son type vol couvre les faiblesses au attaques sol et combat de ton magneti, ce qui est un avantage de taille, et les utilisations pratiques d’un pokémon volant sont multiples et précieuses.

Malheureusement, la zone est inatteignable sans un permis coupe, et tu ne peux te permettre de t’en procurer un dans l’immédiat. Aussi, tu as recours à une technique aussi aléatoire que peu coûteuse : faire le pied de grue à l’entrée de l’endroit et négocier avec les éventuels passants dotés de ce permis. Le marché est aussi simple qu'intéressant : tout pokémon trouvé n’étant pas un minisange leur reviendront en priorité, si tel est leur désir. Pour le reste, ils auront ton aide tant dans le pistage que dans l’éventuelle capture. Bien sûr, tu te doutes que tu n’inspires pas spécialement la confiance avec tes vêtements noirs et ta dégaine de déterrée, mais tu n’as pas vraiment d’autres solutions…

Encore une fois, tu vas devoir t'en remettre à la fortune.

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Tu as cessé de compter les refus qui, la plupart du temps, ne demandent guère d’échange verbal – une tête secouée rapidement, un regard inquiet, voire une absence totale de réaction –, ce qui te donne l’étrange sentiment d’être de ces prêcheurs de bonne parole ou vendeur de biens pour une quelconque association. Fut un temps, ton objectif était précisément d’inspirer cette crainte pour accomplir au mieux ton boulot, car ton blason te permettait alors de les forcer à t’écouter ; mais cette époque est révolue, et tu ne peux plus que subir les silences impolis de ceux qui refusent de voir leur quotidien perturbé. Ta proposition a pourtant tout d’un bon échange, mais tu supposes qu’ils craignent de finir proie plutôt que chasseur, seuls dans ces bois avec un type patibulaire ; alors, tu prends lentement conscience que les faibles seront trop prudents pour accepter ton aide… et que les forts ne l’estimeront pas nécessaire. Ton plan est voué à l’échec depuis le début.

Et pourtant. Tu ne crois pas à l’abnégation, Corbeau, mais l’altruisme existe bel et bien : un moyen comme un autre pour les autres de se sentir fiers, utiles, et de donner une bonne image d’eux. Or, il semblerait qu’aujourd’hui, ce critère ô combien instable et aléatoire soit ta porte d’entrée...

Tu avais repéré cette jeune femme en chaise et son gardevoir, un puissant pokémon ; difficile de les rater, à vrai dire. Pourtant, tu ne leur avais cependant pas spécialement prêté attention jusqu’ici, supposant que sa situation ne lui permettait pas de se déplacer efficacement dans une forêt truffée de branches et de bosses ; ce n’est que quand le pifeuil coupe l’obstacle que tu prends conscience de ton erreur.
Et le duo de faire une révérence. Pour ta part, tu te contentes d’un :
Politesse, Elijah, sapristi ! Amabilité ! Les gens fonctionnent avec des impressions et apprécient autant un comportement sympathique que des actes utiles, alors joue le jeu.
Pour une fois, tu auras pu exposer ta proposition en entier. Bien sûr, tu pourrais te contenter de profiter du passage libéré pour chercher seul, mais pourquoi te priver d’une paire d’yeux supplémentaires, surtout s’ils sont accompagnés d’un tel combattant ? Tu te méfies toujours autant des pokémons sauvages, après tout. Et puis, tu n’aimes pas les dettes en suspens… autant payer celle-ci immédiatement.

Tu tends la main et conclus :

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Elle accepte le marché ; ou plutôt, elle souligne qu'il n'est pas nécessaire. Si la capture ne l'intéresse pas, que vient-elle chercher ici, alors ? Tu doutes que ta compagnie soit franchement attrayante et avec sa gardevoir, elle ne doit pas craindre grand chose ; or, tu n'aimes pas ignorer les motivations de ceux avec qui tu interagis. Cependant, devrais-tu réellement te méfier d'elle ? Qu'elle soit jeune, en chaise, souriante ou même de genre féminin n'est pas suffisant pour dissiper totalement tes craintes : tu as appris à ne pas te reposer exagérément sur les apparences... et je pourrais te le confirmer aisément. Mais d'un autre côté, que pourrait lui apporter de te piéger ? Enfin... tu as aussi appris à ne pas sous-estimer l'irrationalité humaine, les besoins absurdes qui les animent. Qui sait, peut-être est-ce toi qui devrait craindre de finir proie, au final ? Et malgré tout, tu prends le risque qui, même à tes yeux, apparaît finalement assez minime...

Dès vos premiers pas, c'est un insecte qui vous accueille sur son territoire ; et la chose serait délicieusement poétique si l'affreux pokémon ne se lançait pas dans une entreprise dégustative au cœur même de la chevelure de la jeune femme. Tu réagis à la seconde, parfaitement conscient de la phobie répandue des insectes, en expliquant avec sang-froid :
Bien que prêt à réagir dans la seconde, tu ne prendras pas le risque de la toucher sans sa permission. De toute façon, une bonne frayeur n'a jamais tué personne...

Enfin, si. Tu as déjà dû traiter certains dossiers du genre, à l'époque, des types littéralement morts de peur. Sales affaires...  mais rien qui ne concerne un unique insecte égaré.

Encore une fois, le risque est largement limité.

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Apparemment, les insectes ne l’effraient pas. Tant mieux, vu votre emplacement : tu n’as aucune envie d’être ralenti par ses crises de panique ou, pire, qu’elle s’enfuie et te laisse potentiellement bloqué dans ces bois faute de moyens pour libérer l’entrée. Pourtant, tu ne te décrirais pas exactement comme soulagé puisqu'en observant la Gardevoir utiliser ses pouvoirs pour retirer la bestiole, tu ne peux t’empêcher de ressentir une certaine appréhension : si l’envie l’en prenait – et comment savoir avec ces créatures ? –, elle pourrait probablement t’éliminer en un instant et sans même déplacer l’équivalent d’un petit doigt. Autant éviter de la mécontenter…

Les recherches reprennent et déjà, ton regard balaie les branches hautes. Sans être ornithologue, tu te doutes que c’est là que se trouveront les minisanges : un animal si faible n’a probablement que les hauteurs comme protection… Encore qu’il soit connu pour sa témérité, faussant probablement les considérations habituelles.
 Pendant une paire de secondes, le compliment te semble tellement absurde que tu supposes qu’elle parle à sa compagne ; puis, croisant son regard, tu comprends que c’est bien à toi qu’elle s’adresse. Est-elle sarcastique ? Autant qualifier ta veste de blanche : tu n’as pas la moindre trace d’honneur ou de chevalerie en toi, et ta proposition d’aide ne visait qu’à garder en état une partenaire utile. Pourtant, elle n’a pas l’air d’être ironique…

Or, quand les gens font étalage d’une naïveté insensée, tu as pris l’habitude de chercher une tentative de manipulation derrière – consciente ou non – : laisser croire qu’ils ne seraient même pas capables d’être le meurtrier dans une affaire, par exemple, ou pousser l’interlocuteur à les sous-estimer. Ce n’est pas toujours le cas, tu ne l’ignores pas… mais par prudence, tu adoptes cet a priori.

Aussi, cette fois, tu ne prends pas longtemps à comprendre : clouée dans sa chaise, elle dépend probablement des autres et de leur « noblesse d’âme ». Or, quel meilleur moyen que leur attribuer le rôle de chevalier pour que, naturellement, ils cherchent à le remplir ? Le même processus qui pousse les gosses à agir selon l’étiquette de « sale gamin » qu’on leur a imposée…

Encore une fois, tu sais que ce n’est qu’une possibilité. Peut-être a-t-elle simplement l’habitude de tirer des conclusions hâtives, ou a-t-elle tant besoin de vivre dans un monde de gentils qu’elle se voile elle-même la face. Dans tous les cas, elle fait erreur.
Tu n’as ni l’envie ni l’intérêt de mettre en avant ton pragmatisme égoïste pour la détromper, mais tu n’aimes pas non plus l’idée qu’elle attende quoi que ce soit de ta part. Après tout, la déception mène à toute sorte de sentiments dangereux – colère, haine, scandale – et pour éviter le retour de flamme, tu préfères que les choses soient claires dès le début : tu n’es peut-être pas spécialement cruel, mais tu n’as rien de bon non plus. Et tu n’en tires ni honte, ni orgueil.

Déviant votre attention de ce vain sujet, un dedenne se précipite contre ta jambe et s’y colle. Voyant là l’annonce d’une attaque électrique de contact, tu recules vivement le membre assailli et te tiens prêt à ordonner une attaque ultrasons à Magnet : mais le supposé agresseur, privé de son support, chute tête en avant dans une scène presque comique – si tu avais le moindre sens de l’humour, du moins. Tu gardes un œil sur lui, préférant éviter de l’enrager par une attaque s’il ne se montre pas hostile… et ne voit que tardivement le brocélôme.

À croire que tu ne peux pas mettre le pied dans le moindre endroit sans tomber sur ces maudits spectres !

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En matière de conversations, tu as l'habitude de tuer les bonnes volontés par ta froideur et tes rares et sèches réponses, au point que certains de tes collègues en venaient à se demander si tu n'exagères pas pour te donner un style. Une question stupide : évidemment qu'il s'agit de l'une des raisons de ton mutisme. Si ta capacité à faire la conversation est sans aucun doute en-dessous de la moyenne, nul besoin d'être un génie pour savoir qu'une personne normale retournerait le compliment et s'enquerrait de la créature qui accompagne son interlocutrice : rien de tel pour faire parler un dresseur que le faire parler de son meilleur troph- herm, "ami".

Seulement, tu préfères dissuader les gens de perdre votre temps mutuel avec ce genre d'échanges stériles et, surtout, tu te méfies de l'affection superficielle qui peut en résulter. Tu n'as pas besoin d'être aimé, juste modérément craint et respecté pour sa fiabilité... Du moins, c'est ce que tu arrives stupidement à te faire croire, mon petit Elijah. Peut-être est-ce plutôt de la crainte, celle de t'attacher et, en conséquence, multiplier tes vulnérabilités ? Ou... prendre le risque de perdre encore ?

Quoi qu'il en soit (car je ne serai pas ton psy, Corbeau), tu tentes le délicat équilibre entre ne pas favoriser la conversation et, d'un autre côté, ne pas être exagérément cassant. Apparemment, tu n'y arrives pas si mal – ou elle est particulièrement résiliente – car elle t'explique :
Pendant une seconde, tu y vois avec lassitude l'espèce de naïveté bienveillante qu'inspirent les bouilles innocentes de ces bestioles sans morale ; mais dans un second temps, tu te demandes si la Gardevoir et ses pouvoirs psychiques ne lui permettent pas de deviner les émotions et intentions des êtres qui l'entourent. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela qu'elle tolère ta présence : tout égoïste et corrompu que tu sois, tu n'as aucune raison de nuire à sa dresseuse... D'ailleurs, tu hoches légèrement la tête et la rassures :
Une promesse qui ne convainc pas le nidoran proche qui s'occupe alors de donner tort à la miss, te fonçant dessus avec la claire intention de te nuire. Craignant surtout son poison, tu esquives la charge et ordonnes à Magnet :
Au moins, tu ne devrais pas le blesser : tu commences à craindre l'escalade et tu te sais perdant face à l'ensemble de la faune locale, surtout si les pleurs des deux autres en amènent davantage... Le mieux serait probablement de vous éloigner rapidement, mais la miss saura-t-elle suivre avec sa chaise ? Hors-de-question de la quitter, bien sûr : outre la réputation abominable qu'un tel acte t'apportera s'il se sait, elle et sa Gardevoir sont probablement ta meilleure chance de t'en sortir sans blessures si les choses dérapent réellement...

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La gardevoir s'approche et, d'un même mouvement, les deux enquiquineurs s'affalent au sol. Avec un frisson, tu te demandes si elle les a réellement refroidis d'une simple pensée... mais tu observes vite qu'ils ne font que dormir. Néanmoins, ton appréhension face à cette parodie surpuissante d'humaine ne fait que croître : bien qu'elle soit de ton côté pour l'instant, elle te semble plus dangereuse que la forêt entière. Le moindre geste... non, la moindre pensée peut causer ta perte en un battement de cil. Comment pouvait-on autoriser de simples civils à disposer d'armes aussi redoutables ? Par manque de moyens pour les en empêcher, sans aucun doute...

Abandonnant là le pleurnichard et les deux pseudo-menaces, vous quittez les lieux du crime avant que le reste de cette bande bestiale ne rapplique. Heureusement, la chaise de la jeune femme tient le rythme et tu songes que même si elle devait basculer, sa garde du corps toute puissante aura tôt fait de la restabiliser par tu-ne-sais quelle prouesse télékinétique. Tu doutais de la sagesse d'écarter ton aversion pour ces créatures instables et d'investir dans un minisange pour avoir un puissant corvaillus, mais tes réticences fondent chaque seconde un peu plus...

D'ailleurs, si le cheniti que vous dépassez n'attire même pas ton attention, tu garde un œil sur la créature qui vous surplombe. Sa taille d'enfant ne t'empêche pas de chercher ta proie aux alentours, mais ses crocs ne te rassurent pas spécialement... surtout qu'il vous suit volontairement. Et puisque tu n'es toujours qu'un corbeau déplumé et sans serres, tu t'en réfères à ton atout du jour :
Tu as bien des défauts, Elijah, mais l'orgueil n'en fait pas partie : demander conseil à ta cadette de dix ans t'apparaît naturel, dès lors qu'elle est mieux outillée que toi pour répondre à cette question. À vrai dire, avancer que tu ne la considères pas comme diminuée par rapport à toi serait un euphémisme : en cet instant, c'est ton utilité à toi qui pose question. Tu ne sais toujours pas si son intention est réellement de t'aider ou si elle vise un objectif qu'elle garde pour elle mais dans ce dernier cas, tu commences à te demander quelle place tu tient dans son projet....

Enfin, peut-être arriveras-tu à te rendre utile par la suite. En désespoir de cause, songeant que c'est sans doute ce qu'elle avait en tête, tu proposes :
Tu ne songes pas un instant qu'elle puisse y voir de la pitié. Ses habits récents témoignent d'une certaine aisance de vie ; sa servante lui donne une sécurité considérable ; son emploi du temps lui permet d'improviser une balade en forêt avec un inconnu ; et, enfin, bien que la lecture des émotions ne soit clairement pas ton fort, tout indique que sa vie la rend heureuse. Non, elle n'est pas la plus mal lotie de la région et, si tu n'as jamais été familier avec la compassion, son fantôme ne t'effleure même pas face à la jeune handicapée... Et puis, qu'est-ce qu'elle en ferait ? La pitié sans actes n'allège pas les croix, et tu as déjà la tienne à porter.

Tu préfères la considérer comme tu le fais habituellement pour les autres gens : un moyen de servir tes intérêts ou une menace pour ces derniers. En l’occurrence, elle est une voie en or vers la capture de l'oiseau recherché, et c'est tout ce qui importe...

N'est-ce pas ?

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Lindley te rassure d'abord sur le pokémon, le décrivant comme un farceur – tu aurais, pour ta part, utilisé un mot plus vulgaire –, et ensuite sur sa chaise. Electrique, évidemment... ce qui confirme son statut aisé. Alors qu'elle rit de son absence de muscles, tu songes que la technologie est finalement terriblement semblable à la magie : à l'instars de sa Gardevoir, il lui suffit d'un léger mouvement pour déclencher une énergie bien plus importante. Malheureusement, tu n'as ni l'argent ni les connaissances nécessaires – pour l'instant – pour te forger ce type d'outils...
"La petite perle"... drôle d'expression pour un oiseau tout ce qu'il y a de plus banal. Cependant, tu saisis l'occasion de placer la question qui te dérange depuis un moment :
Tu es méfiant, Elijah, et cela t'a plusieurs fois sauvé la vie : une personne dont on ignore le véritable objectif est une personne imprévisible... et donc un danger. Le vénal retournera sa veste si la somme devient plus importante en face, le brave se désolidarisera si les méthodes sont trop rudes et l'ambitieux ira jusqu'au bout tant que son nom apparaît dans le rapport ; il suffit de s'assurer que leur objectif reste à portée pour garantir leur fidélité. Et elle ? Est-elle guidée par la curiosité ? Cherche-t-elle simplement à tuer le temps ? Veut-elle faire sa bonne action du jour et, si oui, le fait-elle pour être bien vue, pour avoir bonne conscience ou pour forger une créance à ton encontre ?  Tu n'espères pas qu'elle te donne la réponse complète, tu n'es pas naïf, mais tu es plutôt bon pour repérer les mensonges...

C'est pour cela que tout en scrutant le ciel, tu gardes un œil sur elle, sur sa réaction, ses expressions. Tu ignores même les deux zigotos (je suis narrateur et je choisis donc les mots que je préfère, ne t'en déplaise, cher Corbeau) que vous dépassez. Après tout, vous avez une antenne à hostilité à vos côtés, nul besoin de scruter chaque nouvel arrivant : tu peux te contenter de rester sur tes gardes.