La limousine de Mademoiselle Lise Gray, Championne d'Arène de type Spectre, nous emmenait jusqu'au Bois Hurlants pour retrouver le lieu de tous nos tourments. Le véhicule nous emmenait jusqu'au Quartier Général du gang que nous avions anéanti avec l'aide des Rangers de Forts-des-songes. Sur le trajet, je vis la zone de l'explosion par la suite du trou noir des Gardevoirs, les débris de l'antenne parabolique actait la véracité de ces sombres événements. Immanquablement, des frissons survinrent dans tout mon corps.

Je ne pouvais m'empêcher d'être silencieux sur le chemin entre l'hôpital de Nemerya et Forts-des-songes. Ce foutu séjour à l'hôpital pourtant plus que nécessaire. Bref, le silence m'avait volé la voix à cause du tumulte de mes pensées, ces passages tournaient de manière obsessionnelle dans mon esprit... devant mes yeux. Lise me sauva de mes tourments rien qu'avec quelques mots. Ce n'était qu'une phrase, une question, fermée qui plus était, mais elle avait suffi à me décrocher à mes pensées obstruées et obstinées.

—  Un peu. Mais c'est sûrement le lieu qui fait ça, t'inquiète. Et toi ?

Ensuite, nous débarquions au complexe abandonné. Lise avait été très clair : Ils ne resteraient pas longtemps, seulement le temps de constater les dégâts et nous partirons de ce pas. Ses justifications étaient cohérentes... mais si j'avais besoin de plus de temps ? Et si, en fait, je ne voulais pas venir et si, finalement, je voulais juste prendre les jambes à mon cou et ne plus jamais JAMAIS revenir, hein ?

—  T'inquiète. On restera sûrement pas longtemps, de toute façon. On analyse juste les dégâts, on envoie ça à Isaak et Alice et on s'en va. Tu... tu as raison, nous avons encore besoin de repos. Nos Pokémons aussi.

Mon ton restait neutre, moi-même je ne savais pas ce que je voulais.
Ensuite, elle me demanda de récupérer les parapluies dans le coffre de la voiture. Je répondis à l'affirmative, réellement enthousiaste, malgré que l'ombre de ma tourmente planait toujours dans chacune de mes expressions faciales, chacun de mes mots, chacun de mes gestes.

—  Oui, bien sûr. Je le fais de ce pas.

Je sortis de la voiture, la pluie renforçant le côté nostalgique et dramatique de ce moment et récupérais les parapluies. Si vite que lorsque Lise rouvrit la portière, elle fut accueilli le parapluie ouvert, et ainsi pas une goutte de pluie ne tomba sur sa magnifique tignasse rosée.

—  Allons sur les traces de notre rencontre si particulière.

déclarais-je, avec un demi-sourire indescriptible, Kyora se serrant autour de mon cou.

Mon entrée en scène fut remarquée et entendue. Lise me remercia et commencions la visite des Bois Hurlants. La pluie, le silence, la vie semblait l'avoir déserté. Les nuages, les éclaircies, le jour, les bois n'avaient plus l'air aussi effrayants que durant la nuit de cette véritable psychose.

Je remarquais un endroit où quelques fragments de glace gisaient encore. L'endroit où j'avais rencontré Lise pour la première fois, enfin je croyais. J'eus un sentiment étrange, aussi gênant que plaisant. Mais, je ne voulais en faire aucun commentaire, elle ne l'avait peut-être même pas remarqué, nous étions passé très brièvement et l'élément était assez loin du chemin que nous empruntions actuellement. De ce fait, immanquablement, nous tombions sur l'endroit de l'explosion et des débris de l'antenne. Mademoiselle Gray me demanda de prendre en photo l'endroit et je remarquais que la végétation avait déjà bien commencé à reprendre ses droits. Après tout, avec les Pokémons Insectes et Plantes, ce n'était peut-être guère étonnants... Ou un Pokémon Plante et Spectre...

—  Je prends en photo l'endroit. D'ailleurs, on ne devrait pas prendre une antenne intacte pour les preuves à conviction ? Pour les archives ? On avait vu qu'elles étaient disposées à différents endroits pour recouvrir une zone d'influence aussi grande que ces bois effrayants.

Accompagnant mon geste à la parole, mon appareil photo, accroché à mon cou, glissa dans mes mains et mon doigt appuya sur le bouton après avoir réglé l'objectif.
Nous continuions alors à avancer, retraçant les événements de la soirée. Après avoir dépassé le lieu du trou noir explosif, je découvris d'étranges marques sur le sol. Des traces d'affrontement. Quand je remettais tous les événements de la soirée dans ma tête, je déduisis que cela ne pouvait être que le moment de ma première tourmente. D'ailleurs, mes souvenirs s'arrêtaient là au sein des bois avant de réapparaître dans le complexe abandonné.
Ma respiration devint saccadée, je soufflais grandement et brusquement, mes yeux se mettant à luire d'un liquide que je m'efforçais tant de ne pas évacuer en tant normal. Mais là... il m'était impossible de reprendre le contrôle de ma respiration, ni de la venue de ce liquide de malheur.

—  Li... Lise Gray, c'était le lieu... le Noc... tu... Le lieu de la simulation ??!!

Kyora voyait que je commençais à perdre le contrôle. J'avais inconsciemment levé la voix, la peur et l'angoisse se collant à mon corps comme une irrésistible sucrerie qui aurait fondu au soleil. Cependant, les sentiments étaient communicatifs, encore plus ce type d'émotions négatives... surtout si les êtres étaient proches. Ma petite Tarsal se crispa immédiatement et faillit elle-aussi faire une crise. Je sentis ses pattes se serrer autour de ma tête et de mon cou. Avant qu'elle ne subisse l'agitation et l'angoisse ne l'anime, elle lâcha ses chocs psychiques. Intérieurement, j'eus des décharges qui me stoppèrent de suite. Certes, Kyora n'était pas assez forte pour véritable me déconnecter, ou même me tuer, mais son attaque faisait suffisamment sens pour que je puisse me dire que je n'avais pas le droit d'être égoïste, ne penser qu'à mes angoisses et traumatismes, en excluant celles et ceux des autres et en excluant le fait que mon angoisse pouvait être communicative. Je restais un moment interdit, incapable d'exprimer quoi que ce soit.

Tandis que je continuais à prendre des photos, Lise s'était écartée pour voir les alentours et potentiellement s'assurer que les Pokémons que nous attirerions ne portaient aucune menace pour notre groupe. Durant ce temps, j'avais reconnu l'endroit où le Noctunoir m'avait absorbé dans sa dimension et... j'avais paniqué, causant une panique presque générale dans le groupe.

Lise s'était permise de remettre en place ma petite Tarsal, tout autant traumatisée que moi, voire plus pour la pousser à m'attaquer d'un Choc Mental pour remettre mes idées en place en causant un électrochoc. Et, elle avait chargée sa Gardevoir de la retirer de mes épaules alors que Kyora était ma seule protection émotionnelle ici. La savoir sur mes épaules me rassurait et la rassurait aussi sûrement. Elle avait fait un faux-pas. Malgré ma grande fragilité psychique je ressentais actuellement, l'insolence qu'elle avait réveillé chez moi le soir de la Psychose allait revenir. Je n'acceptais pas que les gens se fourvoient comme ça ou qu'ils pensent savoir tout mieux que tout le monde. Chacun sa vie, chacun ses choix. Elle avait sûrement dû faire faire à pas mal de choix et de sacrifices pour être là où elle en ait, elle devrait comprendre ça et ne pas oublier d'où elle vient. D'ailleurs... d'où vient-elle ?
Kyora tapait furieusement ses pieds sur le sol, et moi, je laissais la tornade Lise me fondre dessus ainsi qu'apprécier la gifle finale sans rechigner. Je conservais ce visage livide, mort, impassible, jusqu'à ce que je réponde et qu'un visage aussi sérieux que ma détermination ne prenne place. Pour toutes ces choses qui venaient de se passer, je ne pouvais laisser passer ça.

—  Chacun à ses manières de "guérir" d'un traumatisme, chacun à ses propres manières de réagir aux choses qui font référence à ces maux, "M" "A" "U" "X". Pense ce que tu veux sur ma faiblesse, j'assume et je sais qui je suis. Je peux pas dépendre des autres, j'ai si peu confiance en l'être humain et... Peut-être que je deviendrais une larve dépendante de mes Pokémons, mais la cohésion est pour moi quelque chose de primordiale. Je n'y connais peut-être pas grand-chose en éducation pokémon mais... sache qu'on est tous maître de cette éducation et que tu n'as pas la réponse ultime à ces questions.

Je reprenais mon souffle durant quelques secondes et mon visage devint plus rouge. Si j'avais réussi à me contenir pour la première partie, ne traitant que de moi, cela allait être différent pour Kyora. On ne touchait pas à ma partenaire de vie, on ne nous associait pas des gestes qui ne nous appartenaient pas.

—  Lise, garde tes Pokémons près de toi à l'avenir. T'avise pas de dire quoi que ce soit à Kyora. Tu n'es pas sa dresseuse, tu n'as pas non plus à me la retirer. D'ailleurs, je n'ai pas utilisé Kyora pour me soulager, c'est elle qui a pris l'initiative. Alors, sache que si je parviens à calmer ces crises, c'est surtout pour elle. J'ai pas le droit d'être égoïste et exprimer mes maux, toujours les mêmes, en prenant le risque de déclencher des crises chez les autres, Kyora en l'occurrence.

Par la suite, elle se tourna vers l'arbre où était perché sa Nymphali et me demanda si je voulais rajouter quelque chose. Je me redressais, essuyais mes yeux humides d'un revers de la manche de mon haut, chargé à bloc, parfaitement dénué de toute crainte. Du moins, en apparence. Elle avait piqué mon ego, il n'y aura que ma fierté de tenir qui lui sera exposé.

—  Oui, j'ai terminé. Rien à ajouter. Qu'on en finisse vite. Le complexe abandonné, il est par ici, non ?

Tout en parlant d'une voix brève et directe, je marchais en dépassant Lise, sachant parfaitement où nous devions allé pour clôturer cette investigation de preuves, Kyora resserrant son étreinte affecteuse autour de mon cou.

Ma réponse n'avait pas dû lui plaire, mais cela m'importait peu. J'imaginais avoir réussi à transmettre ma pensée sans avoir injurier, d'une quelconque façon, mon interlocuteur - interlocutrice, dans le cas présent. Son comportement me le confirma doublement : Elle accéléra la marche et me bouscula au niveau de l'épaule. J'exprimais un petit "hennissement" comme unique réaction, je n'allais pas m'abaisser aussi bas dans le règlement de conflits inter-pairs. Je n'étais pas assez atteint pour user de capacités physiques pour répliquer, il n'y avait que celleux qui n'avait plus d'argumentaire qui prenait ce genre d'option... qui ne l'était pas pour les gens de ma catégorie.

Nous continuions à marcher dans les bois de l'horreur jusqu'à ce que Nylia, la Nymphali de la Championne Spectre, détecte des bruits environnant notre position. En nous avançant vers quelques arbres, nous découvrions une troupe de Pokémons aux différents types, tels que Insectes ou Plantes, ou encore Fée ou Poison... il me semblait même Spectre puisqu'il y avait un Brocélôme, si mes yeux ne me faisaient pas faux bond.
Lise me proposa de les suivre, avec son immense délicatesse qu'elle faisait tant preuve quand elle était vexée d'être reprise à sa place, surtout par un gamin de ma trempe. Je jubilais intérieurement, mais je ne cherchais pas à mettre d'huile sur le feu... dans ces cas-là, j'aurais pris un Mucuscule que j'aurais mis sur un Volcaropod, si telle était mon intention évidemment.
Si elle trouvait cela judicieux, c'est que cela devait être important. Je répondis à l'affirmative, sans échapper à une réflexion sarcastique s'échappant de mes lèvres.

— Oui, on peut les suivre. C'est peu commun, on aura sûrement des réponses. Ah, et non, sans façon, l'exercice de longue durée n'est pas recommandé en vue de mon état selon le diagnostic médical.

Guère besoin d'ajouter que la discrétion me collait mieux à la peau, comme pouvait le prouver le moment d'infiltration en récupérant les uniformes des sbires que nous avions soigneusement écartés un à un.
Je n'eus même pas le temps de terminer ma phrase qu'elle était déjà partie. Wow, qu'elle était chiante quand elle était vexée d'avoir tord sur un point.
Lissa nous délivra un nouveau tour de magie. Pour éviter d'ébruiter notre passage en marchant dans les feuilles, elle avait crée un sol invisible au dessus du sol. Elles avaient toutes deux attendus de voir si Kyora en était capable. C'était sadique, immonde. Son bas niveau ne pouvait lui permettre ce genre de choses, n'ayant que la possibilité de rugir ou d'envoyer des chocs mentaux... elle n'avait, non plus, aucune onde qui pouvait amplifier considérablement ses pouvoirs. D'ailleurs, elle avait connu le pouvoir et elle se sentait atrocement dépossédée depuis qu'elle ne l'avait pu. Elle comprendra plus tard qu'une fois qu'on goûte au pouvoir, on accepte difficilement d'avoir moins ou de retourner à sa propre condition.
Alors, la Gardevoir daigna de me créer ce sol invisible. Je veillais alors à ce que Kyora me tienne fermement pour ne pas tomber. Enfin, cela ressemblait davantage à de la lévitation.
A force de les suivre, je commençais peu à peu à reconnaître les lieux. Nous étions déjà passé par ici... c'était troublant... mais la réalité me rattrapa rapidement.

— On connait l'endroit où ils vont. Ils ne peuvent qu'aller là-bas. Il n'y a pas d'autres lieux spécifiques où les Pokémons sauvages pourraient se retrouver.

Un sourire suffisant apparut sur mes lèvres en pensant à un bon ami. Un ami avec qui j'avais partagé une intimité si fine que je ne pensais plus jamais pouvoir être plus proche de quelqu'un.

Comme je le prédisais, les Pokémons sauvages peuplant ces bois se dirigeaient vers le complexe abandonné, ce lieu que le gang s'était réapproprier pour vouloir réaliser leurs sombres desseins. C'était il y a deux semaines, mais je croyais encore que c'était hier... tellement je reniais l'existence de cette période de latence à l'hôpital de Nemerya. Comme si il ne s'était passé qu'un clignement d'yeux entre la Psychose et ce retour si abrupte en ces lieux obscurs.
Lise attira alors mon attention sur le complexe. La végétation semblait déterminée à reconquérir ce terrain appartenant pour un temps à l'être humain. Des arbres poussaient de toute part et au centre, un imposant conifère commençait à voir le jour. La nature reprenait ses droits, un lieu lui ayant jadis appartenu... et n'avait jamais cessé de lui appartenir légitimement finalement. C'était un beau spectacle. Ce lieu si délaissé allait retrouver des couleurs. Les Pokémons réfugiés du complexe allaient enfin avoir un vrai lieu auquel se ressourcer, se reposer, et fuir la menace humaine qui les exloitaient, parfois sans ambition utilitaire mais simplement par pur plaisir. Il me semblait repérer des Désséliandes et une Munja, ils semblaient diriger les Pokémons.
Par ailleurs, des Pokémons utilisaient Danse Pluie pour réhydrater activement la terre calcinée, la terre abandonnée, expliquant alors la pluie que nous aurions pu considérer comme discret. Je pris quelques photos pour les archives. Lise me prévint qu'on ne devrait pas trop les déranger... je comprenais et c'était normal, je le savais... mais j'étais un observateur, un futur chercheur, je ne pouvais me lasser de voir ce genre de phénomènes d'entraide et de reconstruction naturels.

— C'est si beau... mais tu as raison. Certains Pokémons se trouvent perturbés par notre présence, ne les dérangeons pas plus longtemps.

Les Rangers vouaient leur temps et leur vie pour les autres, autant humains que Pokémons. J'étais rassuré, ces Pokémons se verront préserver. Puis, Isaak et Alice étaient les plus impliqués dans l'affaire, ils ne laisseraient pas de mauvais choix se produire, j'en étais certain.

Alors que nous faisions demi-tour, une deux triangles cylindriques jaillir du sol avant de dévoiler un Ectoplasma. Je n'avais pas forcément le réflexe de me préparer à agir, à nous défendre, mais peut-être que Lise avait ce type de réflexe. Par ailleurs, ce sentiment d'agression ne dura que quelques secondes, celui-ci ria rapidement avec nous. Je me souvenais, c'était l'Ectoplasma que nous avions rencontré au début de la soirée. Si terrifié par les ondes qu'il n'avait plus voulu nous lâcher d'une semelle. Il ne nous avait pas oublié et il semblait très content de nous revoir.
Visiblement, il tenait à nous dire au revoir puisqu'il nous suivait faire le chemin inverse. Et, comme une bonne nouvelle ne venait jamais seule, d'autres Pokémons étaient venus nous assister. Ce n'était pas n'importe qui, du moins pour l'un d'entre eux, puisque le Spiritomb, protecteur des Bois Hurlants, venait nous saluer personnellement auprès de... ses plus fidèle sujets ? Une Feuforêve, un Polichombr, un Mimiqui, et un Mélancolux avec une tâche rouge couleur sang au niveau de son torse.

— Oooh regarde Lise, de vieux amis sont venus nous rendre visite ! Ils sont si touchants eux aussi !

Kyora sauta sur ma tête, levant les bras au ciel, visiblement euphorique.

Des Pokémons que nous connaissions bien avaient décidé de nous saluer. C'était le Spiritomb avec quelques Pokémons Spectres dont l'Ectoplasma que nous avions sauvé. Par ailleurs, c'était le seul fantôme que je voyais réellement heureux et pas du tout flippant. Cela me faisait énormément plaisir, surtout de voir Spiritomb d'ailleurs.
D'accord, Lissa avait été surprise et avait cru bon de nous protéger, surtout sa maîtresse, mais voilà, ils ne nous voulaient pas de mal. Nous nous connaissions. Je me permis de renchérir les mots de la Championne d'Arène du Type Spectre.


— Je suis si content de vous revoir aussi, vraiment. Cela me fait aussi chaud au cœur de vous voir aussi unis pour vous réapprivoiser votre chez-vous. Quand vous aurez terminé, tout ceci passera de super beau à sublime. Et ouiii faut surtout pas hésiter à renvoyer les gêneurs d'où ils viennent ! Ils n'ont aucun droit de prendre sous leur joug les Réfugiés des Bois Hurlants !

Je retrouvais le sourire, me permettant de nouveau d'être flamboyant, humoristique, souriant... wow, j'étais sur une bonne voie. Ensuite, les Pokémons vinrent se jeter dans mes bras - ou du moins les miens -, me mettant du baume encore plus.

Avant que Lise ne me demande la suite des choses, Spiritomb s'approcha de moi, nettement plus noble et moins directement attachant que les autres Pokémons. Je sentis une connexion s'établir et ma petite Tarsal se mit entre nous deux pour établir ce lien. Nous discutions alors de vive-voix, entendant alors clairement ses retours, comme le soir épouvantable et merveilleux où il était dans ma tête. Mais, ne pouvions rester trop longtemps : J'étais encore presque infirme et le Choc Mental me donnait des picotements de plus en plus persistants dans ma tête.

Il me souffla alors, avant que notre brève connexion ne s'achève : — Khoren, j'espère que tu réaliseras ce pourquoi tu es venu au monde. Tu m'as fait comprendre la chose la plus importante au monde : Tous les humains ne sont pas mauvais. Tu en es la preuve, un humain avec une telle bonté doit être préserver.

Par la suite, il se détacha avec un sourire mystérieux que je qualifiais avec grande importance, il sembla partager une idée à Lise par le biais d'un autre champs télépathique avant de rejoindre son crew de babies Spectres. D'ailleurs, le Mélancolux, sa tache rouge, j'avais de plus en plus l'impression que c'était... non. Je ne préférais même pas y songer. Si cela l'était, les humains pouvaient être horribles.

— Je pense que nous pouvons nous diriger doucement vers le retour. J'ai assez de photos pour Isaak et Alice. Tu as besoin de quelque chose ?

J'aimerais peut-être prendre plus de temps. Être ici, paradoxalement, me ressourçait. La pluie, les larmes, la renaissance, l'amitié et la solidarité. C'était un cocktail si vivifiant.

Je remerciais Kyora d'avoir fait l'intermédiaire entre Spiritomb et moi-même. Pour tout vous dire, je savais pertinemment que mon corps n'aurait pas permis une possession, dans le sens où cela aurait peut-être pu le détruire pour de bon. Après, je savais au fond de moi que mon esprit s'était renforcé, je la sentis lorsque j'ai encaissé le lien télépathique, je ne pourrais plus me faire posséder par un Spectre. Sauf s'il s'appelait Darkrai, bien entendu. Je remerciais alors Kyora pour son attention et pour l'amélioration de ses capacités. En une soirée et une matinée, je l'avais vue grandir, évoluer... Limite, ce n'était plus la même. Ma petite Kyora était devenue forte, oui parce qu'hargneuse et brave elle l'était déjà ma p'tite graine de star.

Par la suite, Spiritomb avait adressé un mot à Lise par le biais psychique et télépathique de Lissa la Gardevoir chromatique super puissante. Je me demandais bien ce qui avait très bien pu être dit, mais je n'irais jamais le lui demander... cela appartenait à son jardin secret.
En voyant ses réactions lors de la déconnexion du lien, je compris que nous étions logés à la même enseigne. Elle me demanda ensuite, les idées claires, si j'avais les numéros d'Alice ou Isaak :

—  J'ai leur compte sur Dusk, et ils m'ont accepté en amis haha. Oui, repartons doucement. Je crois que nous avons rempli notre mission en ce lieu.

Nous repartions alors progressivement vers la voiture de Lise. En espérant que rien n'arrive sur notre chemin avec ce sol aussi glissant. Car si on y mêlait le terrain risqué, la météo, ma poisse naturelle et ma maladresse, cela pourrait former un beau cocktail dévastateur haha.

Nous allions quitté les Bois Hurlants avant d'y revenir avant un long moment. Lissa la Gardevoir en tête de fil, Nylia la Nymphali aux côtés de Lise Gray sous son parapluie et moi-même, sous un parapluie également avec Kyora ma petite Tarsal sur les épaules. Elle restait toute calme, nostalgique. Elle était aussi en pleine réflexion sur cette soirée, se rappeler de ce qui a marché et ce qui a été un échec cuisant. Elle allait en ressortir grandir, j'en étais persuadé... même moi j'allais évolué suite à cette nuit. J'avais même l'impression que l'enfant en moi était en train de disparaître.

— Je pense aussi que la boucle est bouclée. Tout semble rentrer dans l'ordre. Ce qui est fait est fait. Malgré les dommages collatéraux, nous avons sauvé les Rangers et les Pokémons enfermés. Les Bois Hurlants sont libérés et les Pokémons s'y réfugiant ou y habitant se réapproprient les lieux, ces lieux qui leurs appartiennent, tous autant qu'ils sont. Et il est temps de les laisser refaire leur vie, et nous de continuer la nôtre.

Ma réponse était tragique, libératrice, nostalgique. Quelques larmes coulèrent sur mes joues et je sentis Kyora tressaillir. Mais, je souriais, souriais de joie, de tristesse, de fierté, et de peur de perdre ce que j'avais accompli cette nuit là.
Sur le trajet, je me rappelais à quel point j'avais pu être autant idiot qu'héroïque, à tel point que j'avais réussi à faire des choses et des choses auxquelles je n'aurais pas eu confiance de faire en tant normal. Mais surtout à tel point que j'avais réussi à me surpasser, à rencontrer du monde et du monde superbe et étoilé, et que ce monde m'avait reconnu comme l'un des leurs et m'avait flatté sur mes prouesses. Je ne pouvais et ne voulais perdre ça. Ce "ça" résumait pourtant en une seule et même personne : Lise Gray, Championne d'Arène du type Spectre, Héroïne de Lumiris.
Est-ce qu'après cette aventure celle-ci m'oubliera et trouvera une autre jeune pousse à élever grâce à un tremplin éphémère ? Ou nous continuerons à rester en contact ? J'avais peur qu'en fonction de la destination que je lui annonçais que je ne la reverrais plus jamais. Et tout ça, ça me terrifiait.
Je m'étais senti vivant durant cette soirée et véritablement regardé... et je ne voulais pas perdre ça. Non, je ne voulais pas perdre ces si doux sentiments que je n'avais jamais ressenti à Sinnoh après mes dix-douze ans.

Bref, je voyais la voiture à l'horizon. Je ravalais ma salive pour renflouer ce lot d'émotions. J'allais resté digne, j'allais resté neutre et professionnel. C'était ce qu'elle aurait voulu, après tout, nous n'étions pas amis, loin de là, même si nous avions vécu des choses aussi fortes que ça. De toute façon, dans l'immédiat, j'aspirais à d'autres choses, des choses beaucoup plus pragmatiques.

—  Tu peux me ramener à Nemerya, s'il-te-plaît ? Ou si ça te fait trop loi tu peux me ramener avant et je me débrouillerais. En tout cas, j'ai été heureux de faire ta connaissance, c'est un immense honneur. J'ai beaucoup plus appris en une soirée qu'en un ou deux mois à Lumiris.

Oui, dans l'immédiat, je voulais retourner chez moi. Je voulais retrouver mon appartement, retrouver mes repères. Je voulais tout simplement me retrouver avant de me permettre de repartir à l'aventure, je devais me ressourcer. Chez moi, dans ma chambre d'étudiant à Nemerya.

Oui, dans l'immédiat, Kyora voulait s'entraîner. La fureur nageait dans ses yeux. La rage d'avoir été impuissante pour préserver son maître. Aujourd'hui, plus que jamais, elle était déterminée à gagner en puissance. Pour le bien-être de son dresseur, elle devait évoluer, c'était impératif.