Three little birds sat on my window ;
And they told me I don't need to worry
Summer came like cinnamon, so sweet
Little girls, double-dutch on the concrete

Écouteurs dans les oreilles, fredonnant au rythme du vent d'hiver, si peu loin de ton domicile, mais également à l'autre bout du monde, dans ta tête. Dans ton esprit. Écharpe à moitié sur ta bouche, tu avais un peu froid, mais tu ne t'en préoccupais pas.

C'était une matinée difficile. Une matinée dans laquelle tu te disais, en t'observant dans la glace, que tu étais laide. Que tu te détestais. Que plus jamais, tu n'arriverais à aimer. À t'aimer. Parce que sans t'aimer toi-même, comment pouvais-tu espérer aimer quelqu'un d'autre ?

Et dans ces moments de noirceur, tu laissais la lumière du jour te caresser. Tu la laissais pénétrer en toi pour qu'elle t'enveloppe de sa douceur, qu'elle te redonne espoir en l'espoir. Qu'elle fasse renaître cette étincelle en toi, cette créativité qui t'allumait de plus en plus, qui te donnait l'impression de savoir faire quelque chose qui te passionnait. Tu prenais une marche, une longue marche. Une marche de santé, celle qui t'empêchera de regretter ton petit déjeuner. Marchais-tu pour les bonne raisons ? L'air frais ne pouvait pas te faire de mal, de toute façon...

« Ne t'éloigne pas trop, Lyca, hm ? »

Tu avais amené ta Leafeon avec toi. Parce qu'elle te faisait sourire. Parce que son entrée dans ta vie t'avait fait le plus grand bien ; c'était une perle, ce Pokémon. Une douceur, un véritable baume au coeur et jamais, ô grand jamais, tu ne pourrais te le pardonner si quelque chose de mal lui arrivait. Cette créature, tu ne savais pas comment l'expliquer - c'est comme si le destin vous avait réunis, elle et toi. Comme si votre rencontre était l'évidence même, que vos routes devaient se croiser. Tu t'étais attachée à elle, très rapidement, et un lien de confiance s'était facilement crée entre vous. Tu étais heureuse, avec Lyca dans les parages.

Tout comme Calluna ; mais elle, elle dormait, enroulée autour de ton cou comme toujours. Elle ne se réveillait même plus quand tu parlais, ta voix était devenue sa berceuse quotidienne.

Tu t'étais assise sur un rocher pour admirer les chutes. Ces chutes qui paraissaient bien mélancoliques sans la verdure estivale, mais qui n'en restaient pas moins magnifiques. Bien que tu n'aies jamais visité cet endroit en été, tu avais vu des clichés des lieux, et tu avais hâte que le soleil de juillet remontre ses rayons, simplement pour venir te prélasser près des cascades, tout en y découvrant les plantes et les fleurs qui sommeillaient près de cet endroit culte de Port-Corail.

Ceci dit, ce matin, tout ce que tu souhaitais c'était te changer les idées. Essayer de prendre un bol d'air frais, chasser tes maux, redevenir l'Abigaëlle rayonnante de tous les jours.

Girl, put your records on, tell me your favorite song
You go ahead, let your hair down
Sapphire and faded jeans
I hope you get your dreams
Just go ahead, let your hair down
You're gonna find yourself somewhere, somehow

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
AAAAAAAAAAAH - »
Décidément, cet Ecra- (pardon, je remets la bonne taille de texte) cet Ecrapince avait le don de te sortir de tes songes. Cette marque de pince, elle restera sur ta jambe pendant quelques jours. Mais au moins, tu avais évité de faire trempette contre ton gré, grâce à ton équilibre hors du commun. En réalité, c'était probablement juste de la chance... Mais dans ta tête, c'était mieux de te dire que tu avais des skills de ninjabbie.

« Mais je t'ai fait quoi pour mériter ça, Pokénul ? »

Visiblement, il n'avait pas apprécié ton insulte, non plus.
Voilà pourquoi il te menaçait, à nouveau, avec ses pinces. Provocateur, celui-là. Un peu trop, même. Il s'était élancé vers toi, bien décidé à te faire tomber dans l'eau pour se venger de ta réponse qui ne lui plaisait pas. Mais toi Abbie, allais-tu te laisser faire ?

Bien sûr que non. Après tout, c'était lui qui avait commencé. Il t'avait pincé pour littéralement aucune raison valable, il allait payer. Tu n'allais pas tomber, c'est lui qui allait sombrer. Tu avais pris une balle qui traînait dans ta poche afin de lui lancer, pour qu'il arrête sa route et qu'il parte. Ce plan était ingénieux, bien qu'un peu agressif... Tu en venais à te demander pourquoi tu avais une balle sur toi, tu n'avais pas de Pokéchien...

Et c'est lorsque l'Ecrapince se fit aspirer dans la dite balle que tu as compris. C'était pas une balle, c'était une pokéball.

« Non... » Et il avait été capturé. Alors que tu ne voulais pas. Tu n'allais pas pouvoir t'occuper d'un Pokémon qui voulait constamment te faire du mal. Votre relation n'avait clairement pas pris une bonne tournure dès le début. « Non non non non non... »

Tu étais allé chercher ta pokéball, et tu la fixais. Avec désillusion. Tu venais vraiment de capturer un Pokémon sans le faire exprès ?
Y avait vraiment que toi pour être aussi malchanceuse.

« Et merde... »

Tu ne te sentais pas du tout apte à t'occuper de cet Ecrapince. Les pokémons bagarreurs, ce n'était pas ton truc. Tu allais devoir lui trouver un dresseur, c'était la seule solution. Mais un bon dresseur. Parce que même si cet Ecrapince était une vile créature, tu n'autoriserais pas de le filer au premier random à l'air louche que tu croisais.