– Hé ! Laissez-le tranquille !

Le petit garçon serra les poings malgré le tremblement de ses mains et essaya de prendre un air combattif malgré la lueur effrayée dans son regard.

Les souris violettes se tournèrent vers lui, se détournant ainsi de la boule de poils brune recroquevillée sur elle-même et s’avancèrent vers le petit humain qui eut le courage de se baisser pour prendre des cailloux afin de leur faire peur.

Faisant attention à ne pas blesser les pokémon car il était trop gentil pour leur vouloir du mal même dans cette situation, il fit assez de bruit avec sa voix et les pierres ramassées pour leur faire peur et les faire détaler.

Une fois les pokémon sauvages partis, le petit humain se précipita vers la forme tremblante et couverte d’égratignures, inquiet pour elle.

– Tout va bien ? Tiens bon, je vais te ramener à la maison, papa et maman sauront quoi faire.

Avec beaucoup de délicatesse, le petit humain prit le chaton – à moins que ce soit un renardeau ? – dans ses bras et le serra tout contre lui avec précaution pour ne pas lui faire mal.

– Ça va aller, je suis là, je vais prendre soin de toi.

– Li...

Ouvrant un œil avec hésitation, la boule de poils regarda cet humain haut comme trois pommes qui lui souriait avec tendresse et osa lui montrer sa reconnaissance avec un coup de langue sur la main la plus proche de sa tête sans savoir que cela signait le début d’une belle histoire.

Arthur Bishop, l’air morose, rentra chez lui après une journée de cours et commença à enlever ses chaussures dans le hall d’entrée.

- Je suis rentré.

- Bon retour, mon chéri ! Dépêche-toi de te laver les mains et viens goûter ! Cria sa mère pour se faire entendre depuis la cuisine.

- Oui, oui, marmonna son fils de onze ans sans grande conviction.

Mais soudain il entendit un petit cri joyeux et leva les yeux pour apercevoir une boule de poils brune courir vers lui, lui arrachant un sourire malgré lui.

- Salut, Rox.

Son starter lui sauta dessus, manquant ainsi de le renverser à cause de son élan.

- Liiii !

- Hé, doucement, Rox. Moi aussi, je suis content de te revoir, mais on va se faire mal. Hé, doucement, je te dis.

Mais le jeune Évoli plein de vie ne l’entendait pas de cette oreille et continua à témoigner sa joie de revoir son dresseur après toute une journée de séparation à grands renforts de câlins et de léchouilles endiablées.

Et Arthur se mit à rire en oubliant temporairement tous ses soucis.

Jusqu’au lendemain matin où il lui faudrait retourner au collège.

Jusqu’au lendemain matin où il lui faudrait faire face aux moqueries et aux brimades.

Mais jusqu’au lendemain matin, un petit être glisserait de l’amour et de l’espoir dans son cœur fissuré.

Aussi, Arthur serra contre lui son meilleur ami avec reconnaissance.

- Merci, Rox.

- Liiii !

Quelque peu lassé de la conversation ennuyante des adultes qui réglaient les dernières formalités, Arthur s’en éloigna discrètement pour visiter une nouvelle fois l’appartement.

Bien évidemment, sa mère très observatrice le suivit des yeux et son compagnon toujours fidèle lui emboîta le pas aussitôt, le rattrapant sans peine à l’entrée de la pièce.

Le duo refit le tour de toutes les pièces pour essayer de s’imprégner des lieux et de l’idée qu’ils étaient désormais chez eux.

Arrivés dans leur future chambre, ils s’immobilisèrent sur le palier et en firent le tour de leurs quatre yeux.

– Tout va me manquer et pas seulement papa, mais je crois que je vais pouvoir m’y faire à force, Rox.

– Evo...

Arthur esquissa un sourire et se pencha pour pouvoir caresser l’oreille de son pokémon qui se frottait contre ses jambes pour le réconforter.

– Ce divorce m’a mis un coup et j’ai encore du mal à réaliser qu’on va vivre dans une nouvelle région désormais, mais le plus important c’est qu’on est ensemble, tu ne crois pas ?

– Li !

– Dès lundi, les cours vont reprendre... J’espère que les profs et nos camarades seront sympas.

– Evo !

– Tu as raison, il n’y a pas de raison que ça se passe mal. Et au pire, on en a vu d’autres, pas vrai ? C’est une nouvelle vie, avec de nouveaux lieux à visiter et de nouvelles personnes à rencontrer.

Arthur jeta un coup d’œil au bout de papier sur lequel était griffonné quelques mots et esquissa un sourire.

– Et avec un peu de chance, on le reverra.

Rox renifla le bout de papier avant d’agiter sa queue touffue avec joie et de suivre son dresseur qui quittait de nouveau la pièce pour retourner au salon dans lequel sa mère, son couple d’amis et le propriétaire de l’appartement continuaient de bavarder.

Après tout, si on voulait avancer dans la vie mieux valait affronter le monde plutôt que de le fuir, n’est-ce pas ?