Après une trentaine de minutes, la ville d’Artiesta se dessinait devant ses yeux. La jeune femme sentit son souffle se couper à mesure que le bus s’approchait de la ville où elle avait vécu toute son enfance. Le moment fatidique approchait à grand pas et elle ne pouvait plus rebrousser chemin. Pourquoi avait-elle peur de revoir sa sœur? Elle devrait pourtant être heureuse? Sans doute était-ce parce que leur relation s’était terminée abruptement et qu’elle avait peur de sa réaction… Son cœur se serra dans sa poitrine et elle sentit les larmes au coin des yeux, mais elle parvint à les retenir pour éviter de gâcher son maquillage. Le bus s’arrêta à l’arrêt et Tsukiyomi y descendit. D’un pas déterminé, elle rejoignit le lieu de rendez-vous où l’attendait son amie. D’ailleurs, elle l’aperçue au loin qui l’attendait. Son cœur commençait à battre de plus en plus fort dans sa poitrine. Lorsque Dalia l’aperçue, elle lui fit aussitôt un commentaire sur son teint blême et si elle avait suffisamment mangé avant de venir.

Aucun mot ne parvenait à sortir de sa bouche. Elle fit un signe positif de la tête pour essayer de rassurer son amie. Elle avait bien mangé quelque chose, mais c’était la nervosité qui la rendait aussi pâle. Dalia lui expliqua la suite du plan; une chambre avait été louée à son nom pour la rencontre. Dalia ferait monter Amaterasu dans la chambre pour que les deux sœurs puissent discuter. Évidemment, Amaterasu ne le savait pas que sa sœur l’attendrait dans la dite chambre… C’était un coup fourré, mais Tsukiyomi préférait ce plan plutôt qu’être franche et voir sa sœur disparaître de nouveau. Elle récupéra la carte magnétique que lui tendait Dalia et lui tourna le dos pour se diriger vers la chambre où elle se cacha dans la petite salle de bain.

Quelques minutes passèrent, puis Amaterasu apparue, habillée toujours de façon provocante, elle semblait surprise de voir Dalia qui l’attendait devant l’Hôtel. Un sourire charmeur apparu sur son visage et elle s’approcha tel un félin vers sa proie.

- Hey bien… J’aurais pensée que tu m’aurais attendu dans la chambre, j’aurai au moins le loisir de te déshabiller. Dit-elle en se léchant la lèvre inférieure. Allons-y maintenant… J’ai une journée chargée. Dit-elle en entourant son bras autour de celui de Dalia et de la tirer vers l’Hôtel.

Tsukiyomi restait dans la salle de bain, la porte entrouverte pour lui permettre d’apercevoir la chambre. Elle tremblait et elle avait la gorge sèche. Dès qu’elle verrait sa sœur, toute cette peur qui l’habitait disparaitrait, mais pour l’instant, elle vivait dans la peur constante. Elle entendit un déclic ainsi que la porte de la chambre s’ouvrir. Son cœur fit un bon lorsqu’elle aperçue sa sœur…

Celle-ci avait attiré Dalia avec elle dans la chambre et l’avait amené près du lit où elle l’y poussa sauvagement sans savoir que quelqu’un l’espionnait à quelques mètres. Celle-ci vint par-dessus Dalia en mettant en valeur ses courbes généreuses.

- Je vais prendre un dépôt avant de commencer chérie. Dit-elle langoureusement.

De l’autre côté de la porte, Tsukiyomi serra les poings en entendant sa sœur parler ainsi. Elle ne pouvait pas croire que sa sœur jumelle était devenue une travailleuse du sexe! Elle ne pouvait clairement plus entendre les propos pervers que sa sœur disait à son amie… S’en était trop… Elle ouvrit la porte et dit d’une voix.

- Si mère te voyait… Elle t’enverrait dans un couvant…

- Qu’est-ce que… Tsuki… Dit Amaterasu en se redressant.

- Ama…

Un silence s’installa tandis que les jumelles s’analysaient du regard. Tsukiyomi avait un air sévère tandis qu’Amaterasu se sentait piégée. Elle jeta un regard noir à Dalia avant de revenir vers sa sœur.

- Qu’est-ce qui se passe ici?! Vous m’avez piégé? Qu’est-ce que tu fais là Tsukiyomi!

- Je suis là parce que je voulais te revoir… Cela fait trois ans Ama… Je pensais que tu étais morte…

- Ne m’appelle pas Ama… Je m’appelle Moonlight maintenant, je vous ai tourner le dos il y a trois ans.

- Moon…Light…

Un autre silence s’installa entre eux. Amaterasu, n’aimant pas dans la situation dans laquelle elle était plongée, se retourna et s’apprêta à partir.

- Pourquoi tu fuis encore Amaterasu Snow! Dit Tsukiyomi d’un air sévère comme elle n’en avait pas l’habitude.

- Je ne fuis pas, je prends ma vie en main s’est tout!

Avant qu’elle ne quitte la chambre, Tsukiyomi l’avait rattrapé d’un pas décidé et lui avait agrippé le poignet. La situation dégénéra rapidement. Se sentant attaqué, Amaterasu se retourna et fit une technique d’autodéfense qu’elle avait apprise ces dernières années. Tsukiyomi ne lâcha pas sa sœur pour autant et parvint à la repousser contre le mur. Un combat physique entre les deux jeunes femmes débuta dans la chambre. Pourquoi ce combat? Encore une fois, c’était pour déterminé laquelle entre les deux étaient la plus forte... la plus dominante… Cela avait toujours été comme ça entre elles bien que cela ne paraissait pas dans leur jeunesse.

- Ce n’est pas prendre sa vie en main de coucher avec tout le monde!

- Je mène ma vie comme je le souhaite, il n’y a plus personne pour me dire quoi faire!

- Tu as toujours fait à ta tête Ama et voilà où ça t’a mené!

- Fiche moi la paix avec tes sermons! Tu penses que tu es mieux que moi?

- Je n’ai jamais dit ça…

- Pourquoi cherchais-tu t’en à me revoir?

- Je sentais qu’il me manquait quelque chose. J’avais l’impression que tu étais toujours vivante… J’avais besoin de te revoir, savoir que tu allais bien… Que tu menais une vie décente pour une fois! Je… Je me sens seule sans toi… On est jumelle ne l’oublie pas… Tu es une partie de moi et vice versa.

- Foutaise! Arrête avec ces conneries Tsukiyomi! Nous sommes des personnes à part entières! Je suis moi et tu es toi et c’est tout! Laisse moi vivre ma vie bordel et disparait! Dit-elle en lui envoyant une gifle suffisamment forte pour projeter Tsukiyomi au sol. Du sang se mit à couler de son nez.

- Tu vaux mieux que ça Ama… Nos parents le savaient… Ils étaient fiers de toi malgré tes bêtises.

- Ta gueule! Notre mère est morte et notre père n’est pas foutu d’être un vrai homme! Durant ces dernières années, j’ai vécu comme une reine, je gagne un max de fric… Je ne manque de rien.

- Et l’amour Ama… Qu’est-ce qui t’es arrivé pour que tu descendes si bas? Je veux comprendre… Dit Tsukiyomi en se redressant et en s’approchant de sa sœur qui la repoussa à nouveau violemment.

- Ne m’approche pas! Tu fais à nouveau un pas vers moi et je ne me gênerai pas à faire appel à ma Léopardus!

- Léopardus? Dit-elle en fronçant les sourcils. Et ton Brocélôme?

- Quoi Brocélôme? Tu ne pensais quand même pas que j’allais garder cette chose avec moi!

- C’est pourtant toi qui a insisté pour le garder lorsque mère l’a soigné.

- Tss… Il faisait fuir les clients, alors je l’ai renvoyé dans la nature… Il était faible de toute façon.

Une voile obscure cacha les yeux de Tsukiyomi qui serrait les poings. Des larmes se mirent à ruisseler sur ses joues. Elle se souvint à quel point sa sœur s’était « battue » pour que leur mère lui permettre de garder Brocélôme. Lorsqu’elle a finalement accepté, Amaterasu et le Brocélôme était devenue presque inséparable. C’était difficile à croire que sa jumelle ait pu s’en débarrasser.

- Tu n’as pas à me faire la morale sur comment je m’occupe de mes pokémons Tsukiyomi Snow… Chaque fois que tu avais la chance d’obtenir ton premier pokémon, tu le rejetais. Lui répondit sèchement la déesse du soleil.

Tsukiyomi serra les poings.

La situation a vite dégénéré lorsque Tsukiyomi est entrée dans la chambre faisant la surprise à sa sœur jumelle qui ne s’attendait pas à revoir sa sœur jumelle. Les brèves paroles échangées entre elles étaient loin d’être positif. Chacune essayant de rabaisser l’autre jusqu’à ce qu’elles en viennent aux mains. Pourquoi y avait-il autant de violence entre elles alors qu’elles venaient de se retrouver après trois ans sans nouvelle?! Suite à la gifle violente, qui blessa légèrement Tsukiyomi au point qu’elle se mette à saigner du nez, Dalia intervint pour faire cesser le combat qui aurait très bien pu mal tourner. La jeune femme aux cheveux ébène leur ordonna de discuter calmement comme des adultes et de mettre les choses au clair.

Tsukiyomi s’éloigna pour retourner dans la salle de bain et nettoyer son nez ensanglanté pendant que Dalia expliquait à Amaterasu qu’elle serait payée malgré tout même si elle n’offrait pas ses services. La brune lui jeta un regard sévère.

- Ta gentillesse ne me touche pas. Qu’est-ce qui te dit que j’aurais des problèmes? Qu’est-ce qui te dis que je déteste mon métier? Vous n’êtes pas les premières à vouloir me sortir de là, mais qu’est-ce qui vous dit que j’aie envie d’en sortir?

- Pourquoi tu fais ça Ama? Tu pourrais faire bien plus… Bien mieux… Alors pourquoi tu t’entête à vouloir faire ce métier?

- Tu ne m’as quand même pas piégé pour qu’on ait cette discussion? Tu ne me connais pas Tsukiyomi, tu ne sais pas par quoi je suis passée pour arriver où j’en suis aujourd’hui!

- Et toi? Tu sais d’en quoi tu m’as laissé lorsque tu nous as abandonné? Notre père qui sombre de plus en plus dans sa dépendance. J’ai dû lâcher les cours pour subvenir à nos besoins.

- Notre père est juste lâche! Il n’a pas voulu faire le deuil de notre mère et il ne voulait pas reconnaitre son problème. Tu aurais pu faire pareil, mais tu as préféré rester avec ce lâche!

- Ne le traite pas de lâche! Il s’est repris en main! Il a décidé de faire face à ses problèmes et de s’aider pour une fois, pas comme certain qui préfère fuir les problèmes dès qu’ils se pointent!

Le ton recommençait à monter entre elles. Amaterasu s’était avancée d’un pas précipité vers sa sœur pour l’agripper à la gorge et la pousser contre le mur. Heureusement, elle ne serrait pas suffisamment fort pour l’étrangler. Tsukiyomi lui retenait le poignet de ses deux mains pour éviter qu’elle n’enfonce sa main dans son cou.

- Tu oses dire que je fuis les problèmes! Tsukiyomi merde! J’ai toujours été là pour te défendre. Je me mettais sans cesse tout le monde à dos pour éviter que TU ais des problèmes! Tu ne faisais jamais les efforts pour prendre ta vie en main! Tu te mettais toujours derrière moi et je mangeais les coups à ta place! Tu as toujours été naïve et dès que ça n’allait pas, tu attendais que je vienne te sauver! Tu imagines le poids que je devais porter chaque jour! Je ne pouvais pas vivre pleinement ma vie, car tu étais toujours là quelque part à attendre que je vienne te sauver! Lorsque ce lâche de père est tombé « malade » suite à la mort de notre mère, je ne voulais pas non plus porter ta faiblesse et celle de ce lâche. J’ai préféré partir et me libérer de ce fardeau! Ça été la meilleure décision de ma vie!

Tsukiyomi ne bougeait pas. Ses mains lâchèrent le bras de sa sœur et celle-ci lâcha le cou de Tsuki. La déesse de la lune n’avait jamais remarqué toute la détresse qu’avait vécu sa sœur toutes ces années. Alors que Tsukiyomi sentait qu’elle dépendait toujours des autres, sa sœur se sentait emprisonnée dans ce rôle de protectrice qui l’empêchait de vivre. En résumé, aucune d’entre elles n’arrivaient à vivre leur vie… Le départ d’Amaterasu avait été bénéfique pour toutes les deux. Autant Amaterasu pouvait maintenant vivre sa vie sans pensée à protéger sa sœur, autant que Tsukiyomi devait compter sur elle-même et prendre ses propres décisions et prendre confiance en elle!

- Je t’en ai voulu lorsque tu es partie… mais avec le recul aujourd’hui, ton départ a été bénéfique dans ma vie. Je suis devenue une meilleure personne… Mais était-ce nécessaire de couper complètement les ponts et de ne plus avoir de nouvelle pendant trois ans?

- Je n’ai jamais cherché à vous contacter pour ne pas retomber dans la même roue. Et je vois que tu es toi-même en train de retomber dans tes mauvaises habitudes. Je me trompe?

Tsukiyomi détourna le regard. Elle avait raison sur ce point, la jeune femme recommençait à trop compter sur les autres pour avancer plutôt que de se faire pleinement confiance. Amaterasu la regarda de la tête au pied avant de se retourner et s’avancer vers la porte.

- Si tu pensais que tu pouvais me faire changer d’idée sur ce que je fais… Tu te trompe. Je n’ai pas été mise de force dans ce « métier », mais j’ai décidé moi-même d’y entrer. Tu ne survivrais pas une journée dans ce monde… mais j’y suis parvenue et j’y suis bien. Reprenons notre vie où elle était … À mes yeux, tu es morte Tsukiyomi… Aujourd’hui tu n’es qu’un fantôme qui est venu me hanté.

Elle se retourna vers Dalia, son regard voulait lui dire qu’elle n’avait plus rien à faire là. Lorsque la brune la laissa enfin partir, Amaterasu quitta l’hôtel après avoir reçu la somme d’argent que lui devait Dalia. Tsukiyomi n’avait même pas regardé sa sœur quitter la chambre. Elle se laissa glisser le long du mur et s’assit au sol fixant le vide. Elle ne savait pas comment réagir. Sa sœur était-elle vraiment bien là où elle était? Peut-être n’aurait-elle pas du tenter de la revoir après trois ans… Leur vie allait bien avant ces retrouvailles non?

- J’ai été stupide de pensée que notre relation pourrait repartir de zéro après cette rencontre. Ama est trop têtue et je vois bien qu’elle ne souhaitait pas me revoir après tout ce temps. Je me sens tellement seule, j’aurais espéré pouvoir reconstruire ma famille ou du moins une partie…


Quittant l’Hôtel, Amaterasu s’arrêta et se retourna pour regarder le grand bâtiment. Une larme ruissela sur sa joue qu’elle essuya aussitôt de sa main. Bien qu’elle ait voulu paraître forte devant sa sœur comme elle l’avait toujours été, la déesse du soleil était « heureuse » de voir que sa sœur allait bien et qu’elle était bien entourée.

Amaterasu repensait à boucle cette soirée où elle avait décidé pour de bon de quitter la maison familiale. C’était suite à une proposition de son petit ami de l’époque aujourd’hui ex petit ami. Il lui avait proposé de tout plaqué pour vivre une vie de consommation et de plaisir. Elle était jeune et elle ne pouvait plus endurer l’atmosphère négative chez elle, elle a donc accepté la proposition de son petit ami. Le soir même, son copain l’avait amené dans son studio qu’il se payait grâce à l’argent de la drogue qu’il vendait. Amaterasu savait qu’il faisait ce genre de chose, mais ça ne l’a dérangeait pas. Ça rendait leur relation plus excitante.

Les semaines s’écoulèrent où les deux amoureux vivaient de party, de consommation d’alcool et de drogue et sortait presque tous les soirs. Bien vite, Amaterasu fut amené à entrer dans le monde la prostitution. Elle n’était pas très à l’aise au début, mais avec la drogue qu’elle consommait et ses premières expériences dans ce domaine, elle y prit sensiblement goût, surtout avec l’argent qu’elle pouvait se faire en quelques jours. De plus, elle pu monter rapidement dans l’estime de la dirigeante du bordel, car oui, elle n’était pas affiliée au proxénète, mais à une marâtre qui gérait les filles. D’ailleurs, celle-ci et son petit ami de l’époque avaient été surpris en train de voler la « drogue » pour leur consommation personnel, ce qui n’a pas plus au « Boss ». Ils disparurent du jour au lendemain, mais tous savaient ce qu’ils leur étaient réellement arrivés. Amaterasu eut le « privilège » de prendre la place de la marâtre après 1 an de « bons et loyaux services ».

Amaterasu sentit son téléphone vibrer. Elle regarda le numéro inscrit à l’écran et répondit sans attendre. Elle s’éloigna de l’hôtel en discutant avec son interlocuteur qui n’était autre que le « Boss ».

Suite au départ de sa jumelle, Tsukiyomi ne se sentait pas mieux. Elle était toujours anxieuse, elle avait mal à la tête et elle sentait que son cœur s’écrasait dans sa poitrine. Sa sœur avait peut-être raison après tout… Elle n’avait fait que ressasser le passé en l’invitant et en souhaitant la revoir.  Cette rencontre ne s’était pas déroulée comme elle l’avait espéré. Elle avait imaginé divers scénarios, mais elle n’avait pas pensé que cette rencontre se déroulerait en règlement de compte.

Alors qu’elle se sentait stupide d’avoir imaginé la possibilité de faire sortir sa sœur de ce milieu horrible, son amie vint s’asseoir près d’elle et d’une voix sûre d’être, elle lui dit qu’elle était naïve et qu’elle ne pouvait pas aider les personnes qui ne souhaitaient pas l’être.

- Donc je devrais arrêter de m’acharner à la revoir et tourner la page? Dit-elle froidement.

Tsukiyomi n’avait pas voulu être désagréable, mais comme sa sœur, elle était têtue et elle espérait toujours, malgré la rencontre d’aujourd’hui, de pouvoir la faire sortir de ce milieu et peut-être reprendre une vie sensiblement normale. Peut-être que pour Dalia la famille de sang ne comptait pas, mais pour Tsukiyomi, sa jumelle était une partie d’elle-même. C’était très métaphorique comme raisonnement, mais ces sentiments douloureux qu’elle ressentait ainsi que ce besoin de revoir sa sœur étaient apparues tout bonnement comme si la solitude l’avait frappé de plein fouet. À moins que c’était sa relation nouvelle avec Dalia qui lui rappelait sa sœur que ce besoin de la revoir soit apparu.

Des amies? Comme deuxième famille? Faudrait déjà qu’elle en ait des amis! Il y avait bien ses collègues, mais c’était purement professionnel… Mis à part Dalia, elle ne trainait avec personne d’autre et elle ne pouvait pas dire que Dalia faisait partie de sa « famille », car elle ne connaissait rien sur elle mit à part les quelques informations qu’elle était parvenue à pirater sur le téléphone de son amie à son insu.

Son amie lui proposa de commander à manger, qu’elles avaient encore la chambre pour quelques heures. Tsuki accepta d’un signe de tête et laissa son amie commander.

- Merci de m’aider… Je n’aurais sans doute jamais pu revoir ma sœur sans toi. Je pensais qu’elle avait quitté la ville, mais elle est toujours restée à Artiesta… Je me surprends de ne pas l’avoir croisé par hasard dans la rue. Où l’as-tu vu la première fois?

Lâcher prise. Ce n’était pas si facile à faire lorsqu’on avait se drôle de pressentiment qui ne nous quittait jamais. Dalia n’avait-elle jamais tenu à quelqu’un au point de tout faire pour aider cette personne. Amaterasu était bien la seule de sa famille sur qui elle aurait pu compter si ce n’avait pas été de cette séparation il y a trois. Maintenant qu’elle l’avait revu, elle se voyait mal de tout oublier et reprendre sa vie d’avant. Elle avait ce sentiment d’inquiétude qui ne la quittait plus depuis un moment déjà. Elle ne pouvait pas laisser sa sœur dans cet environnement. Même si son amie ne voulait pas comprendre, Tsukiyomi trouverait un moyen que ce soit avec ou sans Dalia.

Un silence lourd s’était installée entre elles que Dalia rompue en s’excusant d’avoir haussé le ton. Tout comme Tsukiyomi, elle était nerveuse à cause de cette situation. La déesse gardait le silence. Elle sentait qu’elle pouvait éclater à tout moment et préférait se taire le temps que son anxiété diminue. Entre temps, Dalia s’est levée pour aller commander de la nourriture, mais elle n’avait pas pris le temps de demander à la déesse se qu’elle voulait manger.

Tsukiyomi n’était pas difficile en terme de nourriture en autant que ça se mange. Entre temps, elle s’était redressée pour aller s’asseoir sur le lit qui était plus confortable qu’un plancher de bois froid. Son amie vint s’asseoir près d’elle lorsqu’elle eut terminé de passer la commande. Tsukiyomi la remercia pour son aide et demanda où Dalia avait vu sa sœur. Celle-ci resta évasive sur la question. La brune avait des doutes sur la sincérité de son amie, mais peut-être aussi qu’elle n’avait pas remarqué l’endroit où travaillait sa sœur. Tsukiyomi ne chercha pas à en savoir davantage, elle sentait que son amie n’était pas très coopérative.

Pour tenter de détendre l’atmosphère en attendant le repas, Dalia posa quelques questions à Tsukiyomi soit sur les examens futurs (qu’elle avait oubliés suite à ces événements) ainsi que son travail. C’est vrai qu’elle n’avait jamais parlé de son boulot, mais cela n’avait jamais à donner tout simplement.

- Ça devrait aller je pense… Du moins jusqu’à ce que le jour de l’examen arrive. Je connais bien la matière et c’est surtout un examen technique, mais je me connais et je vais stressée quelques heures avant l’examen. Quant à mon boulot… Je ferais des heures supplémentaires la prochaine fois, ce n’est pas comme si je n’aimais pas mon emploi. Je travaille dans une boutique de recyclage de vieux appareils électroniques. En résumé, on récupère le vieux matériel, on le remet en état et on le revend à moindre prix. Parfois on récupère uniquement des pièces. On offre aussi le service de réparation, je m’occupe principalement de cette partie. Si tu as quelque chose à faire réparer, tu peux passer me voir en boutique, je me débrouille bien de mes dix doigts. Dit-elle en souriant.

Et toi? Enfin… Pourquoi tu as décidé de prendre le cursus que tu suis actuellement à l’académie? C’est pour un emploi en particulier dans le futur ou juste par curiosité?

Tsukiyomi voulait aussi en apprendre un peu plus sur son amie. Mis à part le peu d’informations qu’elle était parvenue à « hack » sur le téléphone de Dalia, elle ne savait pas ce qu’elle aimait, ses passe-temps ou les raisons qui l’avaient amené à faire des études.

La jeune femme sentit aussitôt la pression de performance lorsque son amie lui fit part d’aller la voir si elle avait des problèmes avec son téléphone. Elle était douée dans tout ce qui était technologie, mais sachant qu’elle ne devait pas se tromper pour ne pas décevoir son amie en cas de pépin lui mettait un stress de plus. Heureusement, elles changèrent de sujets pour discuter des cours en général. Tsukiyomi lui avait demandé pour quelle raison elle avait choisi ce cursus académique en particulier.

Son amie lui expliqua qu’elle en connaissait un rayon pour les combats pokémons, mais qu’elle voulait approfondir ses connaissances sur le comportement pokémon et les soins. C’était intéressant, même si la brune n’y trouvait pas vraiment son compte. Elle ne cherchait pas vraiment à en connaitre davantage sur les pokémons, trop concentrée sur sa propre carrière professionnelle.

D’ailleurs, la jeune femme était curieuse sur un point qu’avait abordé Dalia, mais elle n’eut pas le temps de lui poser la question que le Service Room était déjà là. Son amie lui avait commandé une pizza toute garnie. Tsukiyomi n’avait pas vraiment faim, mais elle avait quand même accepté la proposition de Dalia pour lui faire plaisir. Lorsqu’elle vit l’immense pizza devant elle, la jeune femme sentit la nausée lui monter, mais elle sourit à son amie pour la rassurer. Elle devait au moins manger une pointe de pizza pour satisfaire son amie, même si elle avait le cœur aux lèvres en voyant la grosseur. Finalement, ses maux de cœur disparurent lorsqu’elle commença à manger. Comme on dit : l’appétit vient en mangeant.

- Ça ne parait pas aujourd’hui, mais Amaterasu aimait les combats pokémons. Lorsqu’elle a eu son premier pokémon, elle voulait déjà partir à la conquête des badges alors qu’elle n’avait que 8 ans. Elle voulait à tout prit que j’aille un pokémon pour que nous puissions combattre ensemble, mais je n’étais pas intéressée et je préférais me concentrer sur l’école. Elle a souvent eu des problèmes justement… Elle défiait tout le monde qu’elle croisait dans la rue et elle en a fait baver à son pokémon, mais ça les a rapprochés. Je me demande comme elle a pu s’en débarrasser comme ça. Je sais qu’elle aimait son pokémon, elle avait même supplié notre mère de le garder après qu’elle l’ait sauvé.

Personnellement, j’aurais pensé qu’elle finisse dans un gang de rue à combattre sans arrêt, mais pas qu’elle termine prostituée. Elle a toujours aimé être provocante… Je n’arrive pas à la comprendre. Je pense même que nous, nous ne sommes jamais vraiment compris au fond.

Tout ça pour dire! Tu disais en connaitre un rayon sur les combats pokémons, ça m’a rappelé comment ma sœur aimait ça. Tu envisageais de devenir maître de ta région? Demanda-t-elle tout bonnement après un long monologue sur sa sœur.

La brune se surprenait elle-même à parler autant alors que ce n’était pas dans ses habitudes. Peut-être parce qu’elle se sentait à l’aise avec Dalia. Son amie en connaissait déjà beaucoup sur la vie privée de la déesse. D’ailleurs, elle avait remarqué que son amie était très réservée sur sa vie personnelle. Elle aurait très bien pu l’interroger, mais comme Dalia avait été respectueuse concernant sa vie privée, elle ferait de même. Son amie lui en parlerait une fois le moment venu lorsqu’elle se sentirait prête. Tsuki pourrait très bien pirater le téléphone de la jeune femme pour accéder à ses informations personnelles comme elle l’a déjà fait lors de leur première rencontre, mais elle ne voulait pas briser cette amitié naissante.

Elle apprit tout de même que son amie n’était pas intéressée à devenir maître de ligue, mais les combats contre les champions l’intéressaient autant pour le plaisir que pour connaitre la puissance de ses pokémons.

- Je ne comprends pas c’est quoi le plaisir de faire combattre ses pokémons et les voir se blesser. Je préfère que mes pokémons utilisent leur capacité pour aider plutôt que blesser. Je suis peut-être trop naïve. Dit-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.

D’ailleurs, son amie lui fit remarquer qu’elle avait eu son premier pokémon tard contrairement à la plupart des personnes. C’est vrai, Tsukiyomi avait eu son premier pokémon à 16 ans et de façon tout à fait par hasard.

- Je n’ai pas vraiment changé d’idée… Disons plutôt que j’y vais selon le moment présent. Tous mes pokémons sont apparus dans ma vie dans des moments où ils avaient besoin d’aide ou presque. Mon équipe se résume à des pokémons secourus.

Comme elle avait été bon nombre de fois secouru par le passé, c’était à son tour d’aider les autres. Du moins, elle le faisait inconsciemment. Elle regarda sa pizza et eut un réflexe dédaigneux en regardant le reste de sa pointe. Elle eut un coup de fatigue soudainement, sans doute la trop grande charge d’émotion venait maintenant de l’épuiser.

- Excuse-moi. Je crois que je vais me reposer un peu le temps que nous avons la chambre… Tout ça m’a épuisé.

Elle alla déposer la boite contenant sa pizza sur la commode et se coucha sur l’oreiller sans défaire le lit. Elle commençait déjà à tourner de l’œil.

- Tu n’es pas obligée de rester. Tu as sûrement autre chose à faire que de me regarder dormir. Dit-elle en souriant.