- Esquisse:
Ce texte ne se passe pas dans l’Esquisse mais ce monde est évoqué. En résumé, l’Esquisse est un monde difficile à comprendre dans lequel on pourrait s’y trouver sans savoir comment on s’y est rendu. On peut aussi s’y réveiller avec des altérations mentales ou physiques, comme la transformation en un animal. On s’adapte à ce monde comme on peut. On peut aussi essayer d’en sortir si on le souhaite, mais c’est pas garanti que ça marche.
- André Dubois:
André Dubois est un homme de 31 ans en 2012 qui arrive dans l’Esquisse sous la forme d’une libellule. Ici, il est retourné sur Terre en ayant repris forme humaine, va savoir comment. Il est professeur de physique-chimie à l’enseignement secondaire, et il lui arrive d’écrire des poèmes en cachette pour exprimer ce qu’il ressent.
Je n’utilise pas cet avatar, d’habitude, vu qu’il n’est pas sous forme humaine dans le texte. Toutefois, c’est une de mes tentatives de trouver une version humaine d’André sans le dessiner (car je suis nulle en dessin), et pour l’instant, c’est l’un de ceux qui représentent le mieux ma vision d’André sous forme humaine. Je l’ai fait via ce Picrew :
https://picrew.me/image_maker/13338 .
- Remerciements:
Je remercie ceux qui m’ont aidée pour la relecture de mon texte et qui m’ont encouragée. Je remercie aussi d’avance ceux qui commenteront ce que j’ai écrit.
- Autre:
Le premier paragraphe jusqu'à "J'avais oublié ce que cela faisait" est un copié-collé d'une bonne partie du premier paragraphe d'un de mes anciens textes dont voici le lien :
https://www.nano-roleplay.com/t3850-encre-noire-epreuve-4-de-just-married.Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !^^
J’ouvre lentement mes yeux, en recouvrant peu à peu mes autres sens. Les souvenirs de mes songes s’effritent, alors que je les préfère à l’Esquisse. Je me réveille sur un lit… Après m’être endormi dans les couloirs ? En plus, je suis dans une chambre. Pourquoi je me retrouve ici ? J’ai aussi changé physiquement. Que suis-je devenu ? Mes pattes arrières se sont agrandies. Mes pattes avant aussi, peut-être. Je bouge doucement ma tête pour en regarder une. Un bras… Une main… Des doigts. Je suis redevenu humain. J’avais oublié ce que cela faisait. Je regarde longuement ces mains. Mon cœur bat la chamade. Je ne me rappelle plus comment je suis retourné sur Terre, sous forme humaine, mais ça s’est bel et bien produit.
Lentement, je m’assieds sur mon lit. Un lit très confortable, qui change des tables ou autres meubles sur lesquels je dormais auparavant. Je regarde autour de moi. Des murs blancs, un bureau et une table de nuit en ébène, une armoire avec plusieurs livres et vêtements dedans, quelques posters de Sonata Arctica… C’est bien ma chambre, comme dans mes souvenirs. Je me lève doucement de mon lit. Mes jambes tremblent. Lentement, j’essaie de marcher, mais j’ai l’impression d’être un funambule se tenant sur un fil. Après quelques pas, je tombe par terre. Le funambule en moi se ferait engloutir par le vide. J’essaie encore de me lever, mais on dirait que je fais vainement des pompes. Je pose un pied sur le sol, puis l’autre, avant de tomber. Ça commence bien, j’ai autant de motricité qu’un pantin désarticulé. Je vois mon téléphone portable, branché sur le bureau. En rampant, je m’approche de la chaise. Après un temps d’effort me semblant long, j’arrive à me redresser en m’aidant de cette chaise et à m’asseoir dessus. Je prends mon portable et regarde la date indiquée. Un samedi. J’en suis soulagé, j’ai la fin de la semaine pour me réhabituer à mon ancienne vie. Je crains que ce ne soit pas suffisant, mais ce sera un bon début. L’heure me surprend davantage. Il est 5 heures du matin. D’habitude, je me réveille un peu plus tard, le samedi. Toutefois, je me sens en forme, si on oublie ma motricité. En ce moment, je suis plus habitué à voler qu’à marcher. Même ici, si j’avais encore des ailes, je pense que je me serais mieux déplacé. Mais là, j’ai des jambes, alors que je suis moins habitué à les avoir. Je regarde de nouveau mon téléphone. J’ai envie de contacter mes proches, en personne ou par messages, mais à cette heure, ils doivent être en train de dormir.
Je me demande encore comment je suis retourné ici, et si je ne risque pas d’arriver de nouveau dans l’Esquisse ou encore un autre monde. Si je me retrouve de nouveau autre part sans savoir comment j’y suis arrivé, je me demande comment je m’en sortirais. Jusque là, j’ai pu m’adapter aux changements, à ma nouvelle condition. Ce qui m’arrive ne fait pas exception. Je dois donc me réhabituer à mon ancienne routine.
Je prends mon agenda. Visiblement, je me sers bien de mes mains. Quand j’étais une libellule, je devais écrire pour communiquer et j’avais manipulé des objets avec mes pattes avant. Même si elles ne m’aidaient pas à ouvrir les portes, au moins elles me permettaient de ne pas perdre la main. Je regarde ce que je devrais faire. Corriger des copies ? Il y avait des contrôles ? Je regarde à nouveau la date d’aujourd’hui. On est au début des vacances de la Toussaint. J’ai tendance à faire faire mes contrôles aux élèves juste avant les vacances. Par conséquent, je corrige leurs copies aux début de ces vacances. Autant commencer.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis en train de corriger les copies. Certes, je ne m’attendais pas à apprécier ce moment, mais j’avais oublié à quel point c’était ennuyeux à faire. En plus, la plupart font les mêmes erreurs. Je me demande de plus en plus si je n’enseigne pas bien mes cours ou s’ils ne travaillent pas assez. J’en ai assez… En plus, j’ai froid. Mes bras tremblent. Je les serre contre moi, et sens le contact de la peau nue sous mes mains… Quoi ?… Je pose mes yeux sur mes bras, puis mon torse… Je me tourne sur ma chaise, pour regarder mes jambes… Je suis nu. Je suis nu comme un vers et je ne m’en suis même pas rendu compte. Je soupire. Heureusement que je vis tout seul. Comment aurais-je pu expliquer à mon colocataire ma nudité et mon incapacité à marcher ?
« Je commençais une journée normale lorsque je me suis retrouvé dans un autre monde sous la forme d’une grosse libellule. Pendant un moment, je suis resté un animal volant, puis va savoir comment, je suis revenu ici sous forme humaine. » A moins qu’il accepte facilement le mysticisme, mon colocataire ne me croirait pas. Il se demanderait si j’ai de la fièvre.
En tout cas, je devrais m’habiller. Doucement, je me laisse tomber par terre, avant de ramper jusqu’à l’armoire. Je m’aide de ce meuble pour me lever et me soutenir d’une main. Avec l’autre, je prends les vêtements dont j’ai besoin, puis je commence à m’habiller debout. Pour le haut, ça va malgré mes jambes tremblantes. Pour le bas du corps, c’est plus compliqué. Je finis par trouver un moyen d’y arriver. D’abord, je m’assieds encore sur la chaise, à ma manière. Puis je mets mes chaussettes. Ensuite, je commence à mettre mon slip et mon pantalon. Par la suite, je me lève et finis de les mettre. Enfin, je me rassois et mets mes chaussures.
Je commence à me demander comment compenser mon manque d’équilibre. Je ne peux pas continuer à galérer autant, ce serait intenable. De plus, j’ai un creux. Est-ce que j’ai une canne ou des béquilles, dans mon appartement ? Un souvenir me vient en tête. Lorsque je me suis fait une entorse au pied, j’ai dû me déplacer avec des béquilles. Depuis, je les ai gardées. Mais où est-ce que je les ai mises ? Ah oui, dans le débarras.
Je rampe jusqu’à la porte de ma chambre. Puis je m’accroupis, attrape la poignée avec ma main et ouvre la porte. J’en suis tellement content que je sautillerais de joie, si je le pouvais. Certes, c’est un geste normal, mais je n’ai pas pu le faire depuis longtemps. En être de nouveau capable me fait me sentir humain, et cela me réjouit. Je rampe jusqu’au débarras, en ouvrant les quelques portes fermées devant moi. Avec effort, j’ouvre la porte de ce meuble. Comme je le pensais, les béquilles sont là. Après les avoir prises, je me lève avec l’aide du débarras et je me laisse me soutenir par les béquilles. Je me déplace avec, pour tester. Ces béquilles facilitent bien mon déplacement.
J’entre dans la cuisine. Je prends des biscuits et me fait un café, que je sucre ensuite. Après avoir fini de préparer mon petit déjeuner, je m’assieds. En touillant le café, je commence à réfléchir.
Dans l’Esquisse, j’ai toujours voulu reprendre ma vie d’avant, j’ai persisté dans cet objectif. Mais au fil du temps, j’avais l’impression de davantage jouir de cette vie, comme si je la préférais à ma vie sur Terre. Paradoxalement, je souhaitais quand même y retourner. En fait, je sentais que quelque chose me manquait dans mon ancienne vie, mais j’avais du mal à le saisir. Peut-être qu’au fond, je ne le voulais pas.
Maintenant que je commence à retrouver ma vie, je réalise ce qu’il y manquait.
Il y manquait la découverte, l’exploration de ce que je ne connais pas, la sortie des sentiers battus. La quasi totalité de mon quotidien était réglé comme une horloge. Je pensais être heureux de ma vie. En vérité, je me complaisais dans cette routine, en confondant mes moments de plaisir passagers avec le bonheur pur et dur. Je me demande comment je ne m’en suis pas rendu compte, alors que je me servais de la poésie comme outil d’introspection et d’expression des émotions.
Mais peut-être qu’en fait, je me fuyais. Je ne voulais pas me rendre compte de mes mauvais choix de vie.
Désormais, j’en suis certain, je dois y changer quelque chose.
Je ne sais pas quoi exactement. Peut-être mon métier. Je pourrais en faire un autre s’accordant à mes études, ou les refaire pour exercer une autre profession favorisant la découverte.
Peut-être que la solution est plus simple. Je pourrais voyager vers d’autres horizons ou essayer une activité que je n’avais jamais faite.
Je ne sais pas encore comment, mais je trouverai un moyen de rendre ma vie moins morose.