Jericho Lazarus
Feat Isaac Netero du manga Hunter x HunterDescription
Le plus important, c'est la barbe. Non non non, fiston, attends un peu, le plus urgent, c'est l'Apocalypse à venir. Mais mettons ça de côté pour l'instant. Où en étais-je ? Ah oui, la barbe. Bien blanche, en pointe, et à tailler avec le plus grand soin. Deux bains de boue par mois pour l'entretenir est le minimum syndical pour être présentable en société, aussi vrai que le Doyen est cocu ! Le reste ? Bah, on s'en fiche mon garçon. De quoi s'attacher les longs cheveux blancs, un kimono ou keikogi pour ne pas faire rougir ces dames, et puis c'est réglé, parbleu !
Il y a des choses plus importantes que l'apparence en ce bas monde. Des choses comme l'Apocalypse, mon brave. Elle vient, Elle arrive, et nul ne pourra en réchapper si on ne fait rien. La dévastation de Windoria n'était que le premier signe, que le prélude à la Folie des hommes et des bêtes. En vérité je vous le dit, bien sots seront ceux qui refusent de m'écouter !
...
Le temps nous est compté. Le temps de ce monde est compté. Nous sommes déjà morts tous les deux, mais les autres ne le sont pas encore. Nous seuls avons une chance infime de faire une différence. Et lorsque qu'Apocalypse aura enfin pris fin, ton type plante permettra de reverdir peu à peu les terres désolées qui resteront.
Oui, Dante, tu es mon gardien. Tu es mon espoir. Tuez mon bourreau.
Histoire
Rapport sur l’affaire dite du « Vieux Hurleur » – Commissariat Voltapolis Sud – 18 juillet
9h08
Appel entrant d’un civil qui signale la présence d’un homme âgé visiblement en détresse aux alentours de la grotte gelée de Windoria. Il raconte l’avoir croisé croisé par hasard en tentant de rattraper son jeune Psykokwak indiscipliné. La personne âgé, souffrant visiblement du froid et d’un choc psychologique important, tient un discours incompréhensible. Le jeune civil a tenté de l’approcher pour s’enquérir de son état, mais a rencontré une hostilité manifeste. Il a donc préféré prévenir les autorités compétentes. Un pompier et deux agents des forces de l’ordre sont envoyés sur place.
9h35
Appel interne de l’équipe d’intervention. L’homme âgé a été localisé, mais a répondu à toute tentative d’approche par des lancers de pierres et de blocs de glace. Devant sa fureur et l’incohérence de ses cris, l’équipe demande des renforts.
10h10
Au prix de nombreux efforts, la cible a été appréhendée et amenée au présent commissariat pour établir son identité (il n’avait aucun papier sur lui). Il a fallu le menotter et le priver de son pokémon (un Sinistrail visiblement jeune, mais vindicatif) pour arriver à le faire tenir tranquille.
10h12
Rectification de l’entrée précédente : « tenir tranquille » ne sont pas les termes les plus adapté à la situation. Le prévenu, âgé d’environ 60 ans, s’époumone d’une voix de stentor qu’il souhaite un avocat. Ses cris sont tels que l’agent Smith se voit contraint de le placer en garde à vue le temps qu’il se calme. Il déclarera : « S’il peut gueuler comme ça, c’est qu’il est en forme, le bougre... »
11h04
Devant l’obstination du vieillard à hurler malgré les menaces diverses et variées des agents, le sergent Bucodu fait appeler Maître Nevert, avocat consultant du commissariat.
11h26
Maître Nevert vient voir ce qui restera dans les annales comme « le Vieux hurleur ». Cependant, l’intéressé aura pour seule réponse qu’il ne voulait pas « voir une grosse légume bigleuse en robe noire », mais manger un avocat (le légume, mais pas le même). Malgré tous les efforts des agents et de Maître Nevert, le vieillard est intraitable, et reprend ses cris en réclamant de l’avocat et une part de flan. L’agent Gordon suggère alors de le transférer dans la cellule d’à côté pour éviter tout débordement avec les autres détenus excédés. Suggestion rejetée par le sergent Bucodu.
11h29
Une rixe entre détenus éclate dans la cellule, avec pour cible le vieil homme. Les agents sont obligés d’intervenir en catastrophe pour éviter le pire. Résultat : de nombreux bleus et deux côtes cassées. Le vieillard est indemne et ricane doucement, les autres détenus sont transférés dans la cellule voisine. Les cris reprennent.
12h12
Devant l’ampleur du problème, le sergent Bucodu accepte d’entamer une phase de négociation.
12h48
Visiblement « agacé », le sergent envoie l’agent Gordon chercher une part de flan à la boulangerie la plus proche.
13h07
Au grand soulagement des agents, l’agent Gordon fini par revenir, essoufflé mais triomphant. La part de flan est donnée au vieillard, qui enfin semble se calmer. Le commissariat retrouve un calme normal lors de la pause déjeuner.
14h01
Au grand désespoir des agents, les cris d’orfraie reprennent de plus belle, cette fois à propos d’une apocalypse à venir.
14h36
La capitaine Gratintour sort de son bureau, visiblement d’humeur « difficile ». Elle demandera au sergent, je cite : « ce que c’est que ce bordel monstre digne d’un concert de rock foireux». Devant son hésitation à faire taire une personne âgée de force, le sergent est vertement repris devant tous les agents.
14h41
Le sergent Bucodu, rouge de honte, serre les dents et se dirige à grands pas vers son bureau, avant d’en ressortir quelques secondes plus tard, armé d’une matraque réglementaire. L’agent Smith reportera l’avoir entendu murmurer : « Je vais me le faire, cet enfoiré » juste avant qu’il ne claque la porte menant vers les cellules de garde à vue.
14h42
Un bruit sourd se fait entendre depuis la salle principale, et le calme revient instantanément. Les agents de l’équipe sont soulagés, et reprennent le travail normalement.
16h13
La capitaine Gratintour fait irruption dans la salle principale, demandant aux agents où se trouve le sergent Bucodu. L’intéressé ne semble pas se trouver dans son bureau, mais personne ne semble savoir où il a pu aller. L’agent Gordon est envoyé jeter un coup d’œil aux cellules « au cas où ».
16h14
Le sergent Bucodu est retrouvé inconscient sur le sol devant les cellules, avec une énorme bosse à l’arrière du crâne. D’après les images de vidéosurveillance et les détenus de la cellule voisine, il aurait glissé sur de la crème pâtissière de flan sournoisement étalée devant les grilles. Le vieux aurait également réussi à dissimuler son piège en plongeant brusquement la pièce dans le noir à l’arrivée du sergent grâce à un caillou envoyé pile sur l’interrupteur. Au moment où l’agent Gordon est entré, il tentait désespérément d’attraper les clés à la ceinture du sergent assommé, sans succès à cause de la distance et de l’espacement des barreaux.
Non sans mal, le vieillard est conduit dans la cellule d’isolement.
16h38
Devant une panne informatique de grande ampleur, le travail des agents est perturbé, et l’affaire du « Vieux Hurleur » est repoussée au lendemain.
19 juillet, 11h25
Sous bonne garde, le vieillard est interrogé, mais reste mutique. Il faudra deux heures à l’agent Gordon pour comprendre que l’intéressé est en fait aphone d’avoir trop crié la veille.
19 juillet, 17h33
La panne informatique du jour enfin résolue (voir le rapport d’incident technique n°5484-28RZ, alinéa B, section 13), l’interrogatoire reprend par la prise des empreintes digitales. Le logiciel identifiera la personne âgée comme Edgar Barthalomas, retraité porté disparu depuis plusieurs semaines suite à l’attaque de la team Mistral sur Windoria (cf le rapport n°10093001-A380).
Interrogé à ce sujet, le vieillard ne fera que répéter que « cet homme là n’est plus que poussière » en secouant la tête en signe de déni.
20 juillet, 19h53
Après d’âpres négociations entre la capitaine et le sergent, le vieillard est finalement relâché au bout du nombre maximum d’heures de garde à vue du point de vue de la loi. De copieuses remontrances et mises en garde lui sont adressées par le sergent, qui « l’encourage vertement à ne pas faire de vague et à cesser de jouer les oiseaux de mauvaise augure avec sa foutue apocalypse ». Son Sinistrail lui est rendu à l’entrée du commissariat.
Étrangement, la vue de son pokémon troublera fortement l’ancien détenu. Juste que là intraitable, l’intéressé pâlit de façon visible en le contemplant, et ne prononce plus un mot. Son dos se creuse, ses épaules se voûtent et ses jambes tremblent presque alors que le pokémon vient de placer au dessus de lui telle une épée de Damoclès. Interrogé par le sergent, il détournera pour la première fois le regard sans rien dire. Oubliée, sa grandiloquence, sa verve et sa fierté. L’espace d’un instant, il ne ressemblera plus qu’à ce qu’il devrait être, un vieillard fatigué. Fatigué et infiniment triste.
Les seuls mots qu’il prononcera seront : « Portez-vous bien ». Et au-delà de la politesse qu’elle renferme, cette curieuse déclaration sonnait clairement comme l’adieu de quelqu’un qui s’attend à ne jamais vous revoir. Avec lenteur, le vieillard prendra la direction du Sud, le Sinistrail dans son dos semblable à une lourde croix.
- Spoiler : Jericho, les origines: