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Là où le silence se fait, l'arrogance se tait - PV Arya
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Là où le silence se fait, l'arrogance se tait
Irrésistiblement, le bout de mes doigts allait constamment à la rencontre du bandage blanc enroulé autour du bas de ma gorge, effleurant inconsciemment la plaie encore fraîche qui, ne s’était calmée que depuis la veille. Une nouvelle cicatrice allait s’ajouter à ma triste collection. Néanmoins, ce n’était finalement qu’un faible tribu. Mon ignorance sourde et mon arrogance aveugle avaient failli me mener à ma perte… La pointe de cette lame aurait dû avoir raison de moi… Mais j’étais toujours en vie à errer dans ce bas monde. La brume épaisse dissimulant mon passé semblait désormais légèrement moins dense, me laissant enfin entrapercevoir un chemin boueux…

Si dans ma tête le temps était celui que laisse la tempête derrière elle, la réalité offrait le meilleur de la fin de l’été. L’astre solaire était haut dans le ciel, dorant le monde avec générosité. La brise légère caressait les champs de tournesols, les faisant danser. Les insectes vivaient avec une force propre à la vie, chantant leurs musiques. La chaleur rendait le paysage trouble au lointain, et les odeurs étaient celles propres à la gloire de l’été. Ah, je crois que tout ça m’irritait un peu. Égoïste, j’aurais préféré que le temps soit gris, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il tonne… Mais le temps, comme le monde, comme la vie, n’en avait que faire de mes états d’âme.

Mon Lougaroc venait d’achever son adversaire en lui projetant de lourds rochers, montrant encore les crocs alors que le Pokémon sauvage venait de tomber au sol, définitivement hors de combat. Et de six… J’avais passé mon avant-bras sur mon front pour y chasser la transpiration. Être en plein soleil depuis des heures commençait à me faire tourner la tête. Je devais entraîner mes Pokémons afin d'être rapidement être apte à combattre n’importe quel type d’adversaire… Mais j’avais des limites. Mes Pokémons aussi. Le loup de Roche s’était couché après son combat, restant attentif à son environnement et à mes instructions, prêt à bondir au premier son. Trop fier, Yukan refusait de réclamer du repos, suivant mon rythme soutenu avec une remarquable adaptation. Mais je n’étais pas non plus un monstre… Et nous étions épuisés par cette série d’affrontements.

En quête de fraîcheur, je m’étais enfoncé dans le champ de tournesols, y trouvant un endroit légèrement recouvert d’un tapis d’une herbe verte et fraîche, à l’ombre des fleurs. Le Lougaroc avait senti quelque chose d’intéressant, se déplaçant rapidement entre les plantes pour suivre sa piste. Loin d’être enchaîné à moi, le Pokémon Roche s’était éloigné dans la mer dorée sans demander son reste. Je savais qu’en cas d’odeur inquiétante, le loup reviendrait en quatrième vitesse à mes côtés pour m’informer du potentiel danger. J’avais laissé mon sac et le curieux objet enroulé dans un épais tissu sur le côté, entre deux plants de tournesol, autorisant enfin mon corps fatigué à s’allonger. Une petite demi-heure de pause, dont la moitié à somnoler… Ah, finalement, j’en avais réellement besoin. Je m'étais endormi, vite et lourdement.
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And sometimes, I feel like I'm broken inside and it hurts so bad

Là où le silence se fait, l'arrogance se tait. | Akari

    Je déteste le soleil, je crois.
Mais les gens l'aiment, ils l'aiment tous et je sais pas vraiment pourquoi.
Il m'a tout prit ; et il continue de me prendre ce que j'ai pas.
Pourquoi c'était pas comme dans les films, quand on m'a dit qu'il était plus là ? Les mauvaises nouvelles ça vient avec la pluie,
parce qu'elle glisse sur nos peines et les comprends et les allège,
et ça fait un peu moins mal quand les larmes sur nos joues se mêlent à elle.
Le soleil il frappe et il fait mal,
parce que la chaleur elle vient et nous enlace sans comprendre vraiment pourquoi,
elle appuie sur nos plaies et ça les répare pas.
     Je sais plus vraiment ce que je ressens depuis que je suis revenu là.
Une âme en peine,
qui s'égare dans un monde un peu trop vaste
et où que j'aille j'ai toujours l'impression qu'on veut pas de moi.
J'ai arrêté de livrer des Pizzas ;
c'est pas que je veux pas, c'est juste que j'y arrive pas et même debout,
je tiens à peine l'équilibre que j'avais pas sur mon vélo
et à chaque fois que j'avance c'est comme un risque de me tordre le cou.
Je sais ;
je suis pas le seul à avoir mal.
Ils ont tous eu mal, ceux qui sont sortis de la centrale,
et je repense encore à son visage plein de larmes qui abîmaient la Sera que je connaissais,
et ce jour-là y'avait encore ce foutu soleil quand elle m'a tout avoué.

    Mes pieds traînent,
ils bougent à peine et mon corps,
je le porte toujours pareil.
C'est lourd et ça fait mal et quand je regarde en l'air,
il est là
et ses foutus reflets me crèvent les yeux
et me brûlent les paupières
et je peux pas faire un pas de plus sans baisser la tête.
     J'ai toujours pas remis les pieds à Artiesta
et je sais pas depuis combien de jours je hante les rues de Kisihika mais
ça fait du bien,
des fois,
de profiter de la douceur de la nature
plutôt que d'être enfermé entre des murs.
Et je crois qu'Arabesque, elle est reconnaissante pour ça.
C'est plus le bébé qu'elle était quand je l'ai eue et maintenant que je la regarde,
que je vois ce qu'elle est devenue,
j'ai honte de moi, je crois.
Moi j'ai pas grandi,
pas évolué,
je crois même que j'ai régressé
et je suis comme l'ombre d'une ombre qui a plus rien à perdre parce que tout elle l'a déjà plus.  

     Et y'a comme une vague odeur qui s'élève alors que je réalise que je me suis perdu,
parce que je savais déjà pas où j'allais ni ce que je faisais
et que même mon amie de toujours me regarde avec un air un peu désespéré.
Désolé, Ara,
je voulais pas t'obliger à supporter un ami aussi pitoyable que moi.

Son ombre elle est partout à côté de moi,
celles des fleurs à son image qui dansent au rythme du vent,
qui le reflètent et
j'aurais dû les trouver belles, celles-là ;
mais c'est juste un frisson de dégoût qui me parcourt et je me sens un peu ridicule de penser comme ça.
     Et pourtant je suis paumé en plein milieu maintenant
et je sais plus comment retrouvé mon chemin,
parce que j'étais trop occupé à fixer le vide
et il s'est rempli sans même que je le remarque.
Il fait chaud aujourd'hui et j'aime pas vraiment ça
et il y a que le manque de sommeil qui me donne un semblant de froid.
Encore une fois c'est elle qui guide mes pas,
et je vois sa cape s'agiter entre les fleurs alors que j'avance
et c'est mécanique,
tellement mécanique que c'était comme si celui qui contrôlait mon corps, c'était pas moi.

    Et je me fiche de tout à chaque fois que je fais un pas,
des présences que je sens autour de moi,
de la lumière qui me réchauffe même pas,
parce que je veux juste oublier pour un moment,
oublier
même si je sais que j'oublierais jamais tout ça.
    Il y a quelques secondes où pourtant,
je perd de vue Ara et je suis complètement perdu
comme si j'avais besoin d'elle pour être à peu près conscient de moi-même,
de ce qui m'entourait.
Et j'avance, j'avance encore en la cherchant
pas capable de crier le moindre mot,
seulement d'afficher une expression de détresse qui me rend stupide,
et encore et encore,
je me sens lamentable.
Et j'ai le nez en l'air comme un idiot,
j'en oublie que je suis pas seul au monde,
que regarder autour de soi c'est important ;
mais mon instinct de survie,
il a encore volé en éclats.

   D'un coup je heurte quelque chose qui était sur mon passage,
que j'avais même pas vu alors que les fleurs le dégagent.
Et je chute et mes lèvres s'ouvrent en un cri muet que ma gorge retiendra à tout jamais,
parmi des millions d'autres qui ont jamais pu s'échapper.
Je tombe,
je tombe et j'ai l'impression que ça dure longtemps,
parce que mon corps est lourd
et qu'il me fait mal,
vraiment trop mal
alors qu'il est même pas blessé à la surface ;
c'est seulement à l'intérieur où mes blessures se tassent.
    Alors je m'étale
et quand j'ouvre les yeux je me rend compte que j'ai atterri sur quelque chose,
et ce quelque chose
c'est un garçon et je crois qu'il dormait jusqu'à ce que j'arrive.
Et j'ai peur et je sais même pas pourquoi,
j'ai pas fait exprès de faire ça.
Mais c'est ma maladresse un peu stupide,
mon imprudence et mon impolitesse ;
si j'avais pas regardé le ciel comme un idiot j'aurais sûrement pu l'éviter
et les choses auraient pas changé.
Je crois que mon visage se décompose
et je vois juste mes mains qui s'agitent de culpabilité et je me sens bête,
parce que peut-être qu'il me comprendra jamais
que j'aurais l'air d'un fou,
qu'il va juste me frapper et s'en aller.

Encore une fois,
j'ai pas les mots pour dire à quel point je suis désolé.
Ft. Akari
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-Arya pense entre « »
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Là où le silence se fait, l'arrogance se tait
Aussi loin qu’il m’est permis de m’en souvenir, je n’ai jamais rêvé. Tout comme je n’ai aucun désir, aucune envie folle, aucun accomplissement que j’aimerais réaliser de mon vivant, mon esprit est incapable de se perdre dans le néant de mon inconscience, d’inventer des histoires susceptibles de me faire ressentir des émotions aussi fortes que troublantes, de me faire voyager dans les tréfonds de l’imaginaire, de me hanter avec des souvenirs anciens qui n’existent pas. J’ignore depuis quand je suis condamné à la réalité, depuis quand mon être tout entier a abandonné l’enfant pour devenir un triste semblant d’homme.

Même si je suis incapable de rêver, je suis tout de même un être humain normalement constitué – même si je ne pense pas avoir toute ma raison, par moment - qui a besoin de dormir pour reprendre ses forces. Alors, qu’un grand et sec gaillard me marche dessus avec autant de respect que si je n’avais été qu’un vulgaire paillasson usé... J’avais senti la panique et la colère grimpaient à l'unisson en moi avant même de me réveiller. Cet idiot avait appuyé sur mon épaule droite, là où j’avais toujours mal, là où mon passé m’avait le plus amoché, là où se trouvait une blessure si profonde, que son ancienneté ne taisait en rien sa brûlure.

À peine l’inconnu avait remarqué son erreur, que je m’étais relevé d’un seul bond. Mon regard affolé s’était automatiquement porté sur mes affaires, mais mon sac comme l’objet maudit étaient toujours là où je les avais laissés. J’avais alors serré les dents comme les poings. Si un simple regard pouvait tuer, ce type serait déjà à enterrer. Qu’est-ce qui me retenait de le foutre au sol, de lui briser un membre ou deux, puis de le ruer de coups, au juste ?! Que dalle. Qu’il se ramène ! Sauf que l’idiot en question ne semblait pas prêt à en découdre. À vrai dire, il ne semblait même pas apte à assumer ce qui venait de se passer. Serrant encore les dents, tant la douleur à mon épaule était chaude, j’avais longuement et bruyamment expiré par les narines. Ce serait particulièrement déloyal et gratuit de tabasser un gars comme lui… Son visage était pâle, ses yeux luttaient contre la fatigue pour s’indigner de la situation, ses mains s’agitaient dans tous les sens, et je pouvais aisément lire le mélange d’embarras et de détresse qu’elles cherchaient à hurler. Ce type avait tout simplement peur de moi et de ma réaction violente à venir. Je mentirais en disant qu'il avait tort.

- « T’es putain de qui et à quel point t’es aveugle ?! » Grognais-je, levant la tête avec insolence, le visage marqué par une colère contenue qui ne demandait qu’à éclater en tempête.
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Là où le silence se fait, l'arrogance se tait. | Akari

    Hm, j'ai encore gaffé.
J'ai jamais été très doué pour ça -me tenir droit, regarder où j'allais. Le naturel distrait c'est ce qui me va, on peut pas vraiment s'en débarrasser. Et il faut dire que mes pensées sont pas à observer, pas vraiment à se focaliser sur ce qu'il y a autour de moi. C'est une erreur, je sais ; mais est-ce que j'en ai quelque chose à faire ? Je crois pas. J'arrive pas à t'effacer de mes pensées, si je fais attention à rien c'est toujours à cause de toi. C'est rien d'autre que ça. Est-ce que tu le fais exprès, de me parasiter comme ça ? Tu t'accroches à moi, à ma vie, à mon esprit, tu t'en vas pas. Et quand ton image essaie de s'oublier, c'est moi qui la rattrape et qui l'empêche de s'éloigner. J'ai trop peur de la voir s'éteindre, je crois.
Quand est-ce qu'on a merdé pour que ça finisse comme ça, Joshua ?
Y'a pas un seul moment où je regrette pas que tu sois pas auprès de moi.
    C'est grand, ce champ de tournesol, comme endroit. Vaste et un peu trop brillant au crépuscule -je peux pas dire que j'aime ça. Il y a l'odeur des fleurs qui dansent au vent (je pense que je les trouverais jamais plus gracieuses qu'Ara), le cri silencieux du vent qui les balaie, essaie de les arracher à leurs racines sans jamais vraiment y arriver. Un beau spectacle, qui me rappelle un peu trop ce que j'ai abandonné, et je me demande si j'aurais la force d'à nouveau m'envoler, un jour. Même danser me ramène à toi et ça me déprime, je suis incapable de faire quoi que ce soit. Et cet endroit c'est pas pour moi, trop joyeux, trop lumineux. Et je comprends pas d'où vient la nostalgie qui se dégage du décor -elle vient sûrement de moi. Je sais pas trop ce que j'y fais ; mais c'était certainement pas pour écraser l'épaule d'un type un peu trop enragé, qui attend même pas d'excuses, juste prêt à me sauter à la gorge.
Le danger, je suis pas le seul à le sentir et la cape de la Roserade tournoie, posture droite, plantée devant moi. Elle est pas bien grande et elle sait que n'importe quel adversaire lui donnera du fil à retordre ; mais elle a pas l'intention de se laisser faire, de nous laisser sans défense. C'est marrant, comme les choses changent avec le temps. Maintenant elle me protège alors que c'est moi qui la protégeait avant.
Je suis même pas prêt à me battre, pas prêt à me défendre, prêt à rien comme c'est toujours le cas, ça changera jamais ou sûrement pas avant longtemps. En face, il fait presque la même taille que moi, c'est pas ça qui l'intimidera. Qui craindrait un garçon comme ça ? La démarche mal assurée, maladroite, le visage creusé de cernes et l'apparence négligée, sûrement depuis des lustres -j'ai jamais été le genre de garçon qui avait vraiment envie de se battre. Et pourtant j'ose le regarder, alors que je tremble et que la panique me secoue encore. J'ai pas envie d'un autre bleu sur le visage, d'ajouter une autre blessure à la collection de mes douleurs (même si un mal physique pourrait me remettre en place). Et avant même qu'il n'ouvre la bouche, je le reconnais -j'ai pourtant dû voir que quelques secondes son visage. Il avait glissé sous ma table lors d'un rendez-vous auquel j'avais été forcé d'aller, était reparti comme si de rien n'était ; mais il n'avait rien à voir avec ce clown en costume blanc qui fuyait comme un idiot, à commenter les plats qui lui plaisaient pas.
Il avait quelque chose de bien plus... sauvage, plus intimidant.
Campé sur ma position je bouge à peine, tassé, le visage rentré dans les épaules, les yeux qui se sont à nouveau fermés, les lèvres serrés. J'attends que la sentence tombe et que son poing déforme mon visage -je suis pas sûr de mériter mieux que ça. Et pourtant, y'a quelques secondes et rien, seulement sa voix. Et ses mots, ils m'arrachent un sourire amer, je sais pas si je dois m'énerver ou juste ignorer ça.


« J'suis pas aveugle, je suis muet. Ça revient un peu au même. »

    Les choses fonctionnent pas comme ça, je sais -mais ça fait quelques jours que j'ai pas les pensées rationnelles. Mais j'essaie juste de me distraire, de pas mourir de peur. Je suis pas taillé pour le combat, s'il voulait il ne ferait qu'une bouchée de moi que je me défendrais même pas. Je sais pas comment lui répondre, lui montrer que je suis désolé. Mes signes suffisent pas ; y'a pas grand monde encore qui les comprends, on dirait bien qu'à lui aussi c'est pas son cas. Si je sors mon téléphone pour lui répondre, je sens bien qu'il va voler en éclats. Et si je tente une autre méthode je vais me ridiculiser devant lui -je me sens déjà assez humilié chaque fois que j'ouvre les yeux, j'ai pas besoin que quelqu'un renforce cette impression que j'ai déjà.
Et il y a un silence, un long silence qui s'installe et il est lourd de culpabilité, ma culpabilité je crois -comment ça pourrait être la sienne, il a pas marché sur sa propre épaule, il a pas perturbé son propre sommeil.
Il attend mes excuses, ma réponses ; et je tourne et retourne les solutions dans ma tête, je crois que je trouve pas. Pourtant je me rappelle que parfois un seul mot vaut bien mieux que des formulations incroyables et que dans mon cas il suffit d'un signe, juste un signe pour qu'il comprenne que je voulais pas ça. Quand je me redresse je toussote -y'a quelques sons qui essaient de sortir de ma gorge mais qui se forment pas. L'air les étouffe et ils s'envolent, le type va sûrement penser que je suis malade ou allergique, je sais pas. Peiné, je lève à nouveau mes mains mais cette fois elles tremblent un peu moins, tentent un peu plus de s'assurer -est-ce qu'elles l'ont déjà fait, au moins une fois ? C'est le signe d'excuses qui s'envole dans les airs et je fais en sorte qu'il soit lent, bien clair, qu'il s'imprègne dans le visage de ce garçon et tant pis, je m'en fiche s'il le comprend pas. Tant qu'il me laisse partir, qu'il me détruit pas... Si ça arrivait mon corps est tellement lourd qu'il le supporterait pas. Et mon visage s'incline, doucement, je secoue la tête et je soupire, avant de baisser mon regard et d'attendre, juste que le verdict tombe.
J'aurais voulu pouvoir faire entendre ma voix -c'est que je les aime pas, ces situations-là.
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Là où le silence se fait, l'arrogance se taitMon regard tempétueux s’était posé sur le Pokémon qui se dressait entre moi et le jeune homme, plus précisément, mes yeux bleus s’étaient planté sur son fin petit cou. Si je voulais qu’il dégage de mon chemin, d’une manière rapide et efficace, il fallait frapper précisément à cet endroit. En un seul coup. Entre les pieds-droits des tournesols, le Lougaroc se mouvait silencieusement. Ignorant parfaitement le Pokémon qui se dressait en obstacle devant moi, il s’était tranquillement dissimulé dans l’ombre, dans l’angle mort de l’humain. Il serait futile de vaincre un Pokémon si l’humain derrière, peut en sortir un second, voir plus encore. Il fallait neutraliser le dresseur avant de se débarrasser de son protecteur. Le plan était déjà en place. Nous étions prêts à l’assaut. Il ne manquait plus qu'un… Faux-pas.

Je sais atrocement bien que la vie que je mène est dangereuse. Que je pourrais, à n’importe quel moment, être pris pour cible par des personnes malintentionnées, ou pire encore, par des Pokémons dévoreurs d’hommes. Ainsi, sans pourtant me complaire dans la cruauté, je prends toujours les devants…

Les secondes tombaient d’un côté à l’autre du sablier, s’entassant dans la précipitation dans des bruits confus. Mon épaule me déchirait de douleur et mon esprit, tiré avec violence d’un sommeil profond, restait brumeux. Mon regard ne quittait pas la menace du Pokémon venimeux face à moi, mais je savais que mes biens étaient toujours à leurs places. À aucun moment, le jeune homme ne leur a porté de l’intérêt. Il n’avait aucune arme, aucune Pokéball en mains, se perdant dans de grands gestes hasardeux que je redoutais dans mon incompréhension. Puis, il s’était exprimé. La tension venait subitement chuter. Je domptais à peine ma colère, tant elle avait grimpé subitement et avec ardeur, mais je ne pouvais que me rendre à l’évidence. Le jeune homme face à moi, n’était qu’un malheureux et maladroit imbécile.

- « Tu ne parles pas... » Soupirais-je, pour lui.

L’idiot que j’étais, s’était redressé, abandonnant sa posture prête à en découvre, laissant ses épaules retomber et levant mes mains en l’air, comme pour définitivement achever le malentendu, pour déposer les armes. Tout comme son dresseur, le Pokémon devait désormais comprendre que j’abandonnais toutes les hostilités. En parlant de Pokémon…

- « Yukan, retraite. » Dis-je soudainement.

Le Lougaroc avait doucement reculé dans l’ombre des sages tournesols, pour ensuite silencieusement disparaître dans les environs. Évidemment, il ne s’était pas soucié de l’odeur d’un jeune humain et de son partenaire, jusqu’à ce que la brise légère lui murmure que ces deux-là, se dirigeaient dans la direction de son dresseur inconscient… Désormais, quoi qu’il pouvait se passer, je savais que Yukan répondrait immédiatement présent. Quand bien même, je restais extrêmement tendu.

- « Tu entends ? » Demandais-je subitement en levant le menton, n’étant soudainement pas certain qu’il puisse seulement être muet.
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Là où le silence se fait, l'arrogance se tait. | Akari

    C'est long, le silence.
Faut dire que j'y suis habitué -j'ai passé dix-neuf ans comme ça, sans cesse à ses côtés.
Mais aujourd'hui c'est pas pareil, il est plus oppressant que jamais. Le garçon est sur la défensive et moi je me tasse, encore un peu, Arabesque entre nous deux. Peut-être qu'elle pourra me défendre si jamais il me fait du mal... Mais je veux pas m'en prendre aux autres humains, peu importe leurs intentions. Je suis pas un meurtrier, un combattant -je suis pas grand chose, de toute façon. Et puis j'ai cette désagréable impression que quelque chose me tourne autour, m'observe, comme des milliers de regards braqués sur moi qui me détaillent et épient chacun de mes mouvements pour que je leur échappe pas. Peut-être que c'est seulement le regard de ce type pas si inconnu qui fait ça ; ou les dizaines d'immenses fleurs de tournesol figés vers moi. Quand j'ose relever légèrement les yeux, je revois son visage le jour de mon rendez-vous de Loviris et je me dis que quand même, il avait l'air... un peu plus sympathique, cette fois-là.
Mais les gens révèlent pas toujours leur vraie nature quand on les rencontre,
je l'ai appris à mes dépends.
     Et ça dure encore de longues secondes ;
des secondes où au final, on a juste l'air de deux idiots à se regarder comme ça, l'un qui veut en découdre et dont les poings brûlent, l'autre qui veut s'enfuir et dont les jambes flanchent. Ouais, c'est ça. Deux grands abrutis qui ne se connaissent même pas, et qui se haïssent déjà pour une simple maladresse, un simple malentendu.
Je jure que j'aurais pu entendre le « tic-tac » des minutes tant ça me paraissait infini.
J'avais pas d'échappatoire, comme si quelque chose allait me détruire si je tentais de faire un pas en arrière, de changer de route et de redevenir l'ombre que j'ai toujours été.  
Mais enfin,
juste ce signe
et il comprend.
C'est bizarre, mais la tension retombe soudainement. Enfin... moi je suis toujours crispé, tête basse et capuche rabattue maladroitement sur la tête, avec mes airs de faux délinquant qui rassureraient pas grand monde -c'est pas ce que je suis, je le jure, personne se blesse soi-même en voulant donner un coup de poing.

« Oui, c'est ça, je parle pas. C'est pas facile à dire (ahah), à exprimer ou à montrer, surtout quand les gestes ne veulent rien dire pour la plupart des gens. Je suppose que toi non plus, à part les choses les plus simples, tu comprends pas... »

   Il se calme ;
ça me rassure.
C'est pas quelques centimètres en moins qui font la différence, il a la carrure de ceux qui pourraient me briser d'un rien -et pas seulement avec des mots, pour lui ça marche aussi avec les mains. Et maintenant j'ose relever le regard ; je sais que je vais pas affronter ses instincts meurtriers maintenant, malgré la colère que je décèle briller au creux de ses yeux. Mais sa voix me fait frémir un peu. C'était pas des illusions, on m'observait bel et bien -sans doute son pokémon, puisque « Yukan » n'est même pas apparu.
Et puis je hoche la tête. Difficile de dire ou pas si sa question m'amuse. C'était normal qu'il se demande ce genre de chose, j'avais pas de moyens de communiquer et j'étais juste planté devant lui, comme un piquet raide et trop tendu, trop stressé -j'avais toujours mes raison de l'être.

« Je suis pas sourd, je t'entends très bien. »

    C'était au moins une de mes qualités. J'avais jamais vraiment de mal à comprendre ce qu'on me disait. Un léger soupir sur les lèvres je n'ose pas faire un pas mais je m'efforce de lever la tête, au moins pour le regarder droit dans les yeux -et je suis craintif, pas menaçant, y'a pas de vraies raisons de s'inquiéter de moi. Et là je remarque, alors que mon regard vagabonde et tiens pas en place quelques secondes, le bandage qui enlace le bas de son cou.
Oh...
En fait, je comprends sa colère.
Quelle malchance de s'être retrouvé sur le chemin d'un type pas très adroit (ironique, quand on sait que j'adore la danse.) J'espère juste que je l'ai pas blessé un peu plus et qu'il a pas juste eu mal...

« Désolé pour ton épaule. Et euh... pour t'avoir marché dessus. »

    Encore une fois je dis rien mais mon regard le transmet ;
ça craint.
J'ai trop peur de sortir mon téléphone pour communiquer -il pourrait vouloir l'exploser, je serais fichu si ça arrivait. Alors je tente de le lui faire comprendre tant bien que mal, encore par des gestes, simples et lents, détaillés, pas vraiment intégrés à la langue que je parle, des mots improvisés.

« Je t'en voudrais pas si t'y comprends rien... C'est pas comme si j'y étais pas habitué. Au pire on partira et on oubliera l'existence de l'autre, on classera ça comme un vulgaire malentendu, c'est bien aussi de rester à jamais des inconnus. »

    Mon regard reste vague et transmet pas grand chose ; rien qu'un sentiment terrible de confusion et de détresse, c'est tout ce que je suis.
Et comme si elle comprenait ce qui clochait, Arabesque s'avance d'un pas maladroit et un peu désespéré. Elle s'incline et je peux lire dans sa gestuelle qu'elle demande à l'autre garçon de pardonner à son maître pour sa stupidité et qu'il recommencera pas -tu peux pas promettre ça, Ara, t'en sais pas plus que moi.
Et puis j'ai un sourire idiot sur le visage, plein de nervosité et vide de sincérité (je suis vraiment un abruti, je crois).
Ne pas pouvoir répondre alors qu'on a trop de questions à poser, c'est la pire des choses qu'on puisse me faire supporter.
Ft. Akari
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Trophéespassez la souris sur les icones
Là où le silence se fait, l'arrogance se taitIl entendait. J’en avais eu la confirmation en lisant dans ses gestes, moins hasardeux, ils suivaient désormais le fil logique de ses pensées. Je n’avais pas besoin de comprendre son langage pour y dénicher un sens. Les mots ne disent pas tout. Certainement pas la vérité. Il est plus facile de dénicher les attentions des autres en soutenant leur regard, en contemplant la lueur de ces émotions trop ardentes pour être contenues. Certains pensent que les yeux sont le reflet de l’âme, j’arrive presque à être d’accord avec eux. Les mains affectionnent tout particulièrement la trahison. Toujours sur le devant de la scène, elles sont si mises en évidence, qu’il facile pour le regard d'un observateur averti de saisir l’état d’âme réel de son interlocuteur, qu’importe si ce dernier cherche à le dissimuler. Elles en disent toujours trop. Le langage est un art si compliqué que, s'il venait à être parfaitement maitrisé un jour, les conflits pourraient presque disparaître. Presque. L'ironie est que pour entendre, il faut avant tout voir. Ce garçon face à moi parlait un langage qui m’était à la fois familier et étranger. S’il venait à me mentir, j’étais presque certain de me faire avoir. Alors, tout en abandonnant les hostilités, je gardais une certaine retenue. Ce n’était pas de la méfiance, mais ce n’en était pas loin.

Le Pokémon de l’inconnu avait lui aussi abandonné toute trace d’animosité. Si même lui, avait compris qu’il s’agissait d’un accident transformé en malentendu, alors il serait stupide de notre part, à nous les brillants humains, de poursuivre dans cet élan d’absurdité. Sans user de ma voix, probablement parce que je considérais cela plus franc de communiquer à l’aide de mes mains, je lui avais montré l’intérieur de mes paumes abimées, les levant assez haut pour qu’elles soient à hauteur de mon visage, avant de reculer de quelques pas, pour atteindre mon sac et l’objet maudit enroulé dans un tissu sombre. Un dernier hochement de tête en direction du jeune homme, comme pour le rassurer de mes attentions, lui demandant dans ce silence de me faire confiance quelques instants, puis j’avais posé un genou à terre pour tirer une fermeture éclaire et sortir mon téléphone portable de mon sac à dos.

Effectivement, ce n’était pas une lame… Quel idiot, voulant assurer sa protection lorsqu’il se retrouve au milieu de nul part, irait mettre sa dague au fond d'une poche de son sac à dos, plutôt que de la garder à porter de main, et ce, en tout temps ? Toujours dans des mouvements lents, qui ne dérangeaient pas même les tournesols qui savouraient plus que jamais ce spectacle à la tournure inattendue, je m’étais approché du jeune homme pour lui tendre mon appareil. Il n’y avait aucun mot de passe, aucun déverrouillage à réaliser. Mon téléphone n'avait aucune protection. Celui qui ne parlait pas pouvait donc l’utiliser à sa guise pour communiquer avec moi, dans un langage que je maitrisais bien mieux, et où le décalage entre le faux et le vrai me serait plus flagrant.
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