Camille avait encore reçu un ticket pour aller au safari. Quand la lettre était arrivée, la magicienne savait pertinemment ce qu’il y avait dedans. L’épaisseur du papier, de l’enveloppe, la rigidité. Elle avait reçu ce genre de courrier une bonne dizaine de fois et ne comprenait pas pourquoi les gens pensaient que c’était le meilleur cadeau pour elle. Que le Safari lui envoie ce genre d’invitation, c’était une évidence oui. Ils essayaient de se faire de la pub, de faire venir des personnalités connues dans leur domaine, un petit coup médiatique et ce qui suit. Bien que faire venir Camille au Safari n’était pas bien connaitre la jeune femme. Etant peu portée sur la communication, les vlog ou autre mise en avant personnel, elle pouvait bien venir au safari que personne n’en saurait rien.

Le problème était que d’autres lui en envoyaient aussi. Elle avait ouvert la lettre et lu en diagonale. C’était une marque de produit de coiffure, qui voulait la sponsoriser pour ses cheveux rose et marron. Si elle en avait eu la force mentale, Camille aurait pousser un soupir d’exaspération. A la place, elle avait jeté la lettre avec les autres et s’était affolée sur le lit, immédiatement assaillie par Milo, Furo, Rico et Nami qui décidèrent qu’ils devaient se chamailler sur leur dresseuse. Celle-ci subit leur facétie sans broncher, la tête dans l’oreiller. Ces gens étaient désespérants. Et certainement désespérés, parce que Camille ne leur avait jamais répondu.

Après plusieurs minutes à se faire maltraiter le dos par ses Pokémons, Camille décida de faire quelque chose. Toujours vautrée sur son lit, elle réfléchit puis se décida. Elle allait user de ces tickets. C’était après tout une activité comme une autre, la sortie au safari. Elle s’habilla chaudement. Frileuse, elle multiplia les couches malgré l’époque tardive. Collant, pantalon, chaussettes, bottine, sous-pull, pull et manteau. Dans la maison, elle avait chaud. Elle sortit, marcha un peu et eut très chaud après quelques minutes. Elle fit demi-tour et revint sur sa décision de trop s’emmitoufler. Elle troqua donc le pantalon pour une jupe, et pris un sous-pull, plus léger. Elle ressortit. C’était mieux. Peut-être même qu’elle avait un peu froid. Bon, elle n’allait pas passer la journée à essayer de trouver la tenue parfaite pour le temps du jour. Elle quitta donc la pension d’Iris et Windoria pour un long voyage jusqu’au parc Safari.

Pendant le voyage, pour passer le temps, elle tressa ses cheveux noirs en couronne. Il lui fallut plusieurs tentatives pour y arriver, sans qu’une mèche ne dépasse, ou ne ressorte à cause d’un rebond.

Elle pénétra dans le parc après avoir montré son ticket gratuit et reçu ses balles. Elle n’en aurait certainement pas besoin. Mais elle n’allait pas dire non, puisque ce n’était pas possible pour elle.

Elle erra dans le parc, Milo, son seul Evoli à être venu fouillant les alentours, croisant d’étranges Pokémons mais à chaque fois qu’elle essayait de s’approcher pour les étudier de plus près, ils disparaissaient dans la nature. Frustrée, elle finit par courir après une ombre, évitant les buissons pour ne pas abîmer ses vêtements. Elle courut bien que la silhouette ait déjà disparu. Mais la magicienne avait bonne espoir d’en surprendre une autre qu’elle pourrait identifier. Son pied buta sur une pierre et elle bascula vers l’avant. Elle se serait étalée au sol si elle n’avait pas un excellement sens de l’équilibre et réussit à faire une roulade et se remettre sur ses pieds.

En se relevant, elle remarqua qu’elle était juste devant deux femmes qu’elle n’avait pas remarquées. Camille venait de se relever à deux mètres d’elles et rougit en remarquant qu’elles la regardaient.

La chute fut longue et courte à la fois. La roulade fut spectaculaire et la flaque de boue de la pluie dernière aussi. Le pied de la magicienne se posa au sol avec conviction et elle bascula vers l’arrière. Ses bras firent de petits cercles et son autre pied vint sauver la femme de la chute, avant de glisser à son tour, lui offrant un atterrissage qui n’était pas du tout doux sur les fesses et dans la boue. Les éclaboussures salirent toute sa tenue, mais Milo esquiva la catastrophe d’un bon agile.

Mouillée, sale et au sol, Camille se sentait particulièrement ridicule, d’autant plus qu’elle ne fuyait qu’un Riolu particulièrement moche. Les deux inconnues, loin de se moquer d’elle, l’aidèrent à se relever. Camille sentait déjà le froid s’immiscer dans ces vêtements mouillés et regrettait déjà d’être venue. L’une de filles parla, beaucoup. Si elle tombait souvent, ça n’arrivait que peu à Camille. La magicienne avait un excellent sens de l’équilibre, qu’elle avait travaillé. Elle pouvait tomber d’un arbre, et retomber sur ses pieds sans s’être cognée aux branches. Mais elle avait aussi la capacité de paniquer pour pas grand-chose et de perdre tous ses moyens très facilement.

La magicienne regarda les deux jeunes femmes alors que la dénommée Sasha présentait tout le monde. Elle rougit violemment. Devant une pareille bavarde, Camille se sentait un peu écraser. Elle espérer sincèrement que Sasha fera la conversation à sa place, mais elle avait déjà commencé à poser une question que Camille ne pouvait éluder. Elle enfonça ses mains dans les poches de son manteau et en sortit une petite pile de carton. Elle en choisit un et le montra aux deux femmes.

Bonjour, je m’appelle Camille.

Elle en chercha un second. Voici Milo. Elle désigna son Evoli qui s’intéressait déjà à Chamallow, son semblable sous forme évoluée. Camille n’avait pas encore de Phylali, mais ça ne saura tarder.

Elle hocha la tête pour signaler que tout aller bien, avant de bondir de nouveau en entendant un bruit dans la forêt. Rien de dangereux, mais sa course dans les bois l’avait vidée de son courage et de sa témérité. Il ne restait que sa lâcheté et elle en avait beaucoup. Elle était prête à aller se cacher derrière les deux inconnues maintenant connues.

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Les deux inconnues qui étaient venues en aide à Camille se connaissaient manifestement. Elles semblaient très complices, bien plus que Camille ne le saura avec n’importe qui. Ce n’était pas de la mauvaise volonté, mais pour obtenir une complicité de haut niveau, la magicienne considérait qu’il fallait un certain niveau de communication, qu’elle ne pouvait pas fournir. La langue des signes était pratique, mais cela ne comblait pas tous les trous.

Les Pokémons sauvages inquiétaient beaucoup la jeune femme. Elle n’en avait jamais vu des comme ça. Elle connaissait les espèces qu’elle avait sous les yeux, mais ces formes étaient inédites. Elle se demanda si c’était des Pokémons courants dans le pays. La magicienne ne s’intéressait pas vraiment aux Pokémons quel qu’ils soient. Connaitre le monde qui l’entourait n’était pas sa priorité, ni même son envie.

Elle regarda avec surprise Sasha. Des Déguisements ? Elle n’était pas au courant et elle hocha la tête négativement, l’air absent. Des Pokémons sauvages déguisés. Elle se demanda comment ça se faisait, si les Pokémons en étaient vraiment conscients ou si c’était à leur insu. S’ils s’étaient maquillés par eux-mêmes, comment avaient-ils pu bien faire sans pouce opposable ? C’était un mystère assez complet pour Camille. Mais elle était curieuse de savoir la vérité, car si elle pouvait apprendre ça à sa propre équipe pour les spectacles.

La magicienne était venue au parc Safari pour se changer les idées, et utiliser un des trop nombreux cadeaux qu’elle avait reçus. Les gens aimaient bien lui envoyer des réductions par-ci par-là, sans vraiment se demander ce qui pouvait l’intéresser. Ils feraient de grandes économies s’ils savaient que peu de choses l’intéresser vraiment. Ou alors ils se ruineraient plus vite car les besoins de la magicienne n’étaient pas bon marché.

Les paroles de Cadence ne convainquirent pas Camille. Les spectres restaient des spectres. Ce n’est pas parce que certaines étaient sympas qu’ils l’étaient tous. La plupart tuait les gens pour se nourrir. C’était comme sympathiser avec des prédateurs parce qu’on en a vu un pas trop dangereux. Elle n’e resta pas moins en retrait.


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es deux jeunes femmes avaient bien toruvé Camille. Elles étaient toutes les deux bavardes et Camille ne pipait mot. Si elle avait étaient comme ces deux inconnues, le parc aurait certainement résonnait pendant des siècles de leur pépiement permanent et insupportable. Une chance donc que dans le trio nouvellement formé, l'une d'elle soit silencieuse.

Sasha s'en va raconter sa vie au Skelenox, laissant Camille seule avec Cadence. Une cadence qui la garde et l'accélère même. Camille se demanda si la femme ne faisait pas partie de ces gens qui mouraient s'ils arrêtaient de parler. Une théorie dit que si les humains arrêtaient de parler, ils arrêtaient de réfléchir. Une autre théorie, plus proche de la réalité, disait que s'ils se taisaient, leur cerveau se mettait à fonctionner. Selon cette théorie, Cadence ne devait pas réfléchir beaucoup.

Camille commença à écrire une réponse à Cadence, concernant l'amour des Pokémons chat, mais la jeune femme passa déjà à autre chose. Le fait était que Camille ne s'y intéressait pas tant que ça. Elle aimait les Evoli et c'était tout. Et les Evolis n'étaient pas de la même famille que les Chacripan ou Miaouss.

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Ce n’était pas facile de garder le fil avec ses deux filles. Elles avaient moins d’attention que les plus jeunes membres de la troupe de Camille sauf qu’ils étaient des Evolis et pas elle. Ce n’était pas facile d’avoir une conversation avec un autre être humain en tant normal, mais cette fois, c’était quasiment impossible. La magicienne se disait que même avec la langue des signes, elle n’arriverait pas à parler avec elles.

Ce n’était pas plus mal et elle ne s’en plaignait pas. Camille n’avait pas besoin de parler et une fois qu’elle était sûre que ses réponses n’intéressaient pas vraiment ses interlocuteurs, elle passait un bon moment à ne faire que suivre, chose qu’elle avait fait toute sa vie. Elle n’était pas quelqu’un qui prenait de la place. Pas dans la vie courante en tout cas. En tant que magicienne en revanche, elle faisait des efforts pour se faire remarquer de plus en plus et avait compris qu’elle devait être le centre de l’attention.

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La question de Sasha n’obtint pas de réponse parce que Camille ne voulait pas nomer le Pokémon. Elle ne voulait pas le capturer, elle voulait juste qu’il s’en aille le plus loin possible d’elle et que son horrible tête cesse de la regarder. Il était tellement moche et terrifiant. Et elle n’avait rien demander et certainement pas à se faire attaquer par un monstre hideux.

Camille regarda la balle sans vraiment savoir si elle devait la ramasser ou si elle pouvait juste la laisser là, par terre et espérer que quelqu’un d’autre la ramasse et libère le Pokémon qui était à l’intérieur. La magicienne fixait donc la balle en proie au doute et à l’indécision.

Quant à continuer à se balader… Camille était là pour ça, même si elle aurait préféré être seule. Mais après ces apparitions monstrueuses, Camille n’était pas sûre de vouloir rester seule. Et puis, les deux filles n’étaient pas désagréables, pas méchantes, au contraire. Elle n’avait rien de mieux à faire et être avec d’autres était plus sûr que d’être seule. Alors elle décida de rester.

Elle essaya de donner une réponse avant que Cadence ne reprenne la parole.

Ça ne me gêne pas au contraire. J’ai l’habitude.

Cela faisait longtemps que Camille n’avait pas été la spectatrice dans un groupe, juste une oreille qu’on consulte par moment pour recevoir un hochement de tête. Elle aimait ça dans ses souvenirs, certainement plus que de devoir faire la conversation en écrivant sur son téléphone.

Elle se releva alors et prit une grande respiration. Puis elle alla ramasser la balle.

Je n’en veux pas. Ecrivit-elle puis en tendant la balle aux filles.