Le combat est fini. Ce n’était finalement pas compliqué. Une fois son adversaire endormi, Incubus ne craint plus rien. Pire encore, il se renforce grâce aux rêves des dormeurs. C’est un de ses bons ou mauvais côtés que j’ai découvert à la dure. Genre le voir venir hanter mes propres rêves juste pour rire. Ce Pokémon est foncièrement mauvais, mais il n’est pas méchant. Ce qu’il trouve naturelle n’est que très rarement bien selon ma conception et celle de la majorité des personnes mais il accepte de se corriger. C’est une bonne chose.

Le ton de Leonard me fait froncer les sourcils. C’est quoi son problème ? Pourquoi il me pose cette question ? Je me crispe encore plus. C’est quoi cette accusation ? Je ne détruis rien moi. En tout cas, rien qui ne soit coupable et criminel. C’est ça qu’il trouve beau ?

Qu’est-ce que tu me racontes ? Je n’ai rien détruis du tout. On fait un combat Pokémon, c’est fini le combat. Point barre. C’est toi qui l’as voulu alors me rejette pas la faute dessus. Et qu’est-ce que tu crois que je fais ? La première fois qu’on s’est vu, tu crois que j’en étais à mon coup d’essai ? Je passe des nuit complète à poursuivre ceux qui détruise les rêves des gens comme toi. Ils essayent d’effrayer les autres, et moi je les terrifie en retour.

Le traiter d’idiot ? Vraiment. Mon regard n’est plus glacial Je tremble comme jamais je n’ai tremblé. Je n’ai qu’une envie, c’est me jeter sur lui. Agir et souffrir. J’ai envie de le cogner pour qu’il souffre. Non, je veux détruire sa maison juste pour qu’il sache ce que c’est de souffrir. Mettre à mal chacun de ses pokémons puis revenir le frapper encore.

A cet instant, je le hais. Je hais ce garçon débile, naïf, qui parle de choses qu’il ne comprend pas. Qu’il ne connait même pas de loin. Sur le visage de Leonard se superpose d’autres visages, ceux de mon passé, ceux que j’ai décidé de supprimer de mon esprit et qui viennent encore me hanter. Le visage de personne que je voudrais voir disparaitre définitivement mais qui reviennent toujours.

Je reste immobile, le visage déformé par la folie qui coule dans mes veines. Et il continue à parler ce crétin. Et le barrage lâche.

En deux foulées je suis sur lui.

Sur le premier pas, j’ai la conviction que je vais le tuer. Je suis sûre que sur mon deuxième pas ma main gauche ira saisir le couteau qui ne me quitte jamais, ce couteau qui a déjà servi, ce couteau attaché à ma ceinture. Pendant ce premier pas, je me vois le faire tournoyer et je vois très bien son éclat d’argent s’enfoncer dans le ventre tendre du jeune homme et remonter jusqu’à la résistance de la cage thoracique. Je peux même sentir la chaleur poisseuse du sang sur ma main, entendre son souffle siffler une dernière fois. Le poids de son corps sans vie, sa chute et mon acharnement sur cette dépouille. C’est sa faute si je fais ça. Tout et de sa faute.

Mais le deuxième pas st là, et ma main gauche, plutôt que de descendre, remonte pour saisir le col du jeune homme. Non, je ne vais pas le tuer au couteau, ce serait une morte trop rapide. Il parle de souffrir ? D’agir ? Eh bien je vais agir et il va souffrir. Je vais le cogner jusqu’à ce qu’il demande pitié, et là je continuerai jusqu’à ce qu’il ne puisse plus.

Je refais un pas et me retrouve à son côté, une main lui tenant le col. Un rapide balayage de la jambe et je le fais basculer en arrière, au-dessus de ma hanche. J’accompagne mon geste et le propulse au sol sans le lâcher. Je me tiens au-dessus de lui et l’agrippe maintenant des demain, par le col et le secoue violement.

Mon regard est fou de rage, comme jamais avant. J’écume presque de colère et me mets à lui crier dessus.

Qu’est-ce que tu me parles d’agir ? J’agis depuis toujours pour que des connards comme toi n’est pas à avoir peur des voleurs ou des autres ordures dans ce genre ! Et qu’est-ce que tu me parles de souffrir ? Qu’est-ce que tu connais de la souffrance ? Est-ce que ta mère est morte ? Est-ce que la dernière image que tu as d’elle est un corps brûlé dans une chambre d’hôpital ? Je ne crois pas. Ne parle pas de souffrance quand, dès que tu as une petite difficulté, tu peux te tourner vers ton père pour qu’il réponde à tes doutes ou ne serait-ce que t’écouter simplement. Tu n’as jamais vu la trahison d’une personne en qui tu avais plus que de l’admiration, la personne qui te servait de guide. Et j’ai des milliers d’exemples pour te montrer que les cauchemars et la peur sont plus efficaces pour permettre à des crétins d’avoir des rêves.

Je rejette Leonard en le lâchant et commence à m’éloigner. Tout le monde ne peut pas avoir des rêves. Et je n’ai besoin de personne pour me dire d’agir. Je n’ai besoin de personne. Je n’en ai jamais eu besoin.

Mon équipe retourne d'elle-même dans ses balles, et Vulca me rejoint dignement, et snobant Leonard. Je n'ai jamais été entourée que par des Pokémons. Aucun d'eux ne m'a jamais trahi ni dit d'âneries pareilles.

Les cauchemars durent toujours Leonard. Le mien en tout cas, ne s'est toujours pas arrêté.

Je le déteste. Je le déteste, lui et tout ce qu’il représente. Sa façon d’être heureux, sa façon de réprimer les gens.

Je le hais. Et je hais aussi sa vie. Je hais ses parents, sa maison, ses petits déjeuners, ses repas. Je hais sa chance insolente qui lui donne un toit et un repas chaud tous les jours.

Et plus que tout je méprise ce monde et le sien. Un monde où certains peuvent se permettre de fermer les yeux sur certaines choses pour être heureux.

Je m’éloigne d’un pas vif, dégoutée, enragée. Finalement, c’est comme hier. Et comme hier, c’est moi qui pars, énervée, comme une furie et peut-être à tort. Non, je n’ai pas tort. Hier comme aujourd’hui, j’ai raison et Leonard a tort.

C’est un idiot, un menteur et un crétin.

Un bruit me fait arrêter. C’est comme un sanglot. Discret, comme s’il avait honte. Je reste immobile un moment, toujours tremblante de rage. Pourquoi est-ce que je m’arrête ? Pourquoi est-ce que je ne m’en vais pas ? Vulca me regarde et jette un regard derrière nous puis me regarde à nouveau et s’assoit. Si elle avait voulu partir, elle serait repartie. Alors pourquoi est-ce qu’elle reste là ? Et pourquoi est-ce que moi je ne repars pas ?

Je regarde à mon tour au-dessus de mon épaule. Je reste immobile, imperméable à toute émotion en voyant Leonard pleurant là où je l’ai laissé et me fixant de son air débile et pitoyable. Ça m’énerve encore plus et je sens mes ongles s’enfonçaient encore plus dans la paume de ma main. Si je pars, cette fois-ci, il ne me rattrapera pas. Il est trop lamentable pour le faire deux fois dans une semaine, ou deux jours de suite. Est-ce qu’il serait seulement capable de le refaire un jour ? Je m’en fous.

Je me détourne de nouveau de lui, déterminée. Pourtant, je ne reprends pas ma marche. Je suis immobile, et j’hésite. Je ne sais pas en quoi j’hésite mais il se passe quelque chose dans ma tête que je n’arrive pas à comprendre. Et ça m’énerve encore plus. Je suis incapable de comprendre ce qui se passe à l’extérieur de moi, dans le monde qui m’entoure. Je sais que j’ai des lacunes dans presque tous les domaines et que mon sale caractère ne m’aide pas à les combler, mais ça, je m’en fous. Le pire est que je ne me comprends pas non plus. Pourquoi je suis comme ça ? Et pourquoi j’hésite ?

Finalement, je me retourne et revient sur mes pas pour finir me camper devant la pleureuse. Je le regarde de haut, lui au sol et moi debout. Une part de moi se dit que c’est ainsi que devrait être le monde, craintif à mon ombre, à genou devant moi.

Je renifle avec mépris en le regardant froidement. Le silence se prolonge. Est-ce que l’univers s’attend à ce que je m’excuse pour mon comportement ? Que je pardonne le garçon naïf devant moi ? Eh bien, j’emmerde l’univers.

Je ne tremble plus de rage, mais mon expression n’est pas moins ténébreuse, et quand je parle, ma voix n’est pas différente du blizzard dans les mâchoires de fer.

Tu vas rester là à chouiner comme une merde ? C’est tout ce que tu sais faire ? Je laisse un silence comme pour attendre une réponse qui ne peut pas venir car je le vois mal me répondre quoi que ce soit. Tu veux apprendre à te battre, mais tu n’es pas prêt à endurer ce que ça coûte. Et après tu viens me faire la leçon. Nouveau silence autoritaire. Reste à ta place. C’est quelque chose que tu ne dois oublier.

Le cheminement de ma pensée se fait lentement. Très lentement mais je commence à voir où est-ce que je veux en venir. Enfin je crois.

Mon boulot c’est de me battre et d’essayer de t’apprendre à te battre. Pas l’inverse. En revanche, toi tu me dois quelque chose. Et on dirait que tu l’as oublié.

Il est tellement mort ce garçon. C’est bon, je vais le tuer. On ne peut pas être aussi stupide et vivre aussi longtemps.

Une profonde tristesse se mêle à ma colère noire en l’entendant parler. Est-ce que c’est possible ? Il va me trahir deux fois en deux jours. Mes yeux remplis de colère s’embuent légèrement. Je ne le croyais pas capable de me faire ça.

D’abord, la rupture de sa promesse hier, puis ce maudit Salamèche, puis il veut s’entrainer mais hier il m’avait proposé un marché et il l’a oublié plus vite que sa promesse. Comme est-ce qu’il a pu me faire ça ? Je vais le tuer, pour qu’il arrête de trahir les gens et…

Cette idée s’envole en voyant une ébauche de son sourire stupide. Son sourire. Ce sourire qui a la capacité de me mettre hors de moi comme de me calmer. Mes poings se desserrent pendant qu’il se relève. Je le regarde toujours avec colère, mais elle est moins agressive, plus boudeuse. Puis elle devient dubitative. Je le vois hésiter sur un geste puis rappeler son Pokémon.

Qu’est-ce qu’il a voulu faire ? On aurait dit qu’il voulait faire autre chose avant de rappeler Arnold.

Je me détends encore un peu, ne gardant qu’une expression de froide méfiance sur le visage. Il se rappelle vraiment où il essaye de sauver les apparences.

Il faut croire que la mémoire lui est vraiment revenue car il me parle de me montrer les merveilles de l’île. Si c’est comme au Volcan, c’est une connerie sans nom. D’où ma méfiance. Et il vient de passer des larmes au sourire à une vitesse qui transforme ma méfiance en perplexité.

Je penche la tête sur le côté, imitée par Vulca qui est venue s’asseoir à côté de moi. C’est une position que j’ai pris petite à cause d’elle. Quand elle ne comprenait pas, ou qu’elle m’écoutait, ma Goupix avait pris cette habitude et pour rire j’ai voulu l’imiter puis j’ai pris cette habitude.

Ce qu’il dit parait tellement stupide et perché. Mais c’est ce qui est convenu. Il est sensé me montrer comment être heureux ou plus… gentille. Cependant, les comportement parfois comiques et touchants des Pokémon… j’ai l’impression qu’il se fout de ma gueule.

Je le regarde, la tête sur le côté, sans vraiment comprendre ce qu’il a dit. Je fronce les sourcils quand il me pose la question de l’accompagner ou non. Je reste un moment, silencieuse avant de lui répondre.

Comment est-ce que tu fais ?

Je laisse un court moment de silence. Ma voix n’est pas douce et si elle est interrogative, elle est toujours froide et empreinte d’une certaine colère. Je ne laisse pas vraiment le temps à Leonard de répondre.

Comment tu fais pour passer si vite d’un sentiment à l’autre ? Pour redevenir aussi souriant aussi vite ?

Ça m’énerve. Son expression constamment heureuse. Hier c’était pareil, il est passé de la colère à la joie tellement vite. Je ne comprends pas comment c’est possible. Pourtant nous vivons dans le même monde. Serait-il possible que ce soit parce qu’il est un garçon ? Je sens l’énervement revenir devant mon ignorance, cette incapacité à comprendre les autres et à me comprendre moi-même. Je change aussi rapidement de sujet, avant qu’il ne puisse répondre.

Mon devoir n’est pas fini. Tu es encore une grosse patate pour te battre, et encore, une patate se cache sous terre pour ne pas se faire manger et tu en es bien incapable. Disons que j’ai commencé ma part du marché. Allons-y. Ma voix s’est fait autoritaire.

Je suis Leonard, la mine énervé et boudeuse, les bras croisés. Je suis encore très énervée contre lui et je lui en veux toujours. Mais je n’ai pas non plus envie de le laisser. C’est horrible comme sensation, entre la haine et le besoin de rester avec lui. De toute façon, qu’est-ce que ça peut me foutre qu’il lui arrive malheur à la fin. Plein de gens meurt de leur connerie tous les jours, alors pourquoi ce garçon qui me dit qu’il est mon ami mais qui n’arrête pas de me mentir serait différent. Peut-être parce que quand je regarde dans ses yeux pendant qu’il me dit qu’il est mon ami, je crois voir la vérité. Encore un mensonge. La vérité est que je suis trop conne oui.

En maugréant mes pensées sombres, je le suis jusqu’à ce qu’il s’arrête devant une haie. C’est quoi cette ruelle, il veut qu’on se fasse emmerder par des connards ? Il y a ici un groupe de casse-couilles et il veut que je les défonce pour qu’ils lui foutent la paix. Bah, si c’est le cas, il ne va pas être déçu du voyage. Je guette donc chaque recoin, chaque ombre, prête à réagir à la moindre anomalie. Le premier qui se montre va le regretter.

Je sursaute en me mettant en gardant lorsque Leonard s’exclame. Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est que qu’il a trouvé ? Je regarde les alentours avant de me tourner vers lui. Il regarde la haie. Bah oui, il a trouvé une haie. Félicitation l’aveugle. Moi je l’ai trouvé depuis le début de la rue, cette putain de haie.

Je le regarde d’un air sombre et sévère et l’écoute répondre enfin à la question que j’avais oublié. Il m’énerve ce crétin. Pourquoi est-ce qu’il ne peut pas être… Je ne sais pas. Ou alors c’est moi qui ai un problème ou c’est lui. En tout cas, je hausse les épaules en levant les yeux au ciel, d’un air exaspéré.

C’est tout ? C’est là, tout ce que tu veux me montrer ? Un buisson ? Si ça peut te rassurer, oui je le vois ton buisson. Et ses voisins aussi. Et tous les buissons de l’allée. Tu es rassuré maintenant ?

Finalement il me montre ce qu’il voulait me montrer. C’est juste un Pokémon sculpté. C’est tout. Est-ce que c’est vraiment ça qu’il voulait me montrer. Je le regarde perplexe et toujours de mauvaise humeur. Je préfère me taire sinon je pense que je serai désagréable mais mon regard en dit long sur ce que je pense. J’ai l’impression qu’on n’a définitivement pas la même conception des fleurs dans le monde.

Je le suis encore une fois en boudant. Il m’énerve. Il est vraiment trop bête et naïf. Ces pensées tournent en boucle dans mon esprit. Viens je vais te montrer les fleurs du monde. Tu vas voir, c’est joli le monde, puis plein de gentils. Ça sera super et on va sourire ensemble. Nanananana. Pourquoi est-ce que je l’ai cru ? Pourquoi est-ce que je l’écoute encore ? Et surtout pourquoi est-ce que je le suis ? Les fleurs du monde, tu parles ! C’est n’importe quoi.

Je regarde mes pieds puis relève la tête et m’arrête net.

Le chemin est maintenant couvert par une plante grimpante d’où pendent des fleurs violettes. L’odeur qui s’en dégage et délicieusement sucrée et embaume l’air d’une tendre humidité, comme si l’odeur prenait forme ici. Les rayons du soleil bercent ce toit végétal en raie irrégulière et disparate. Il se dégage de ce chemin comme une impression de sécurité et de sérénité.

Les bras ballants, la bouche béante, je m’avance lentement dans l’allée en regardant autour de moi. Je caresse un pétale de fleur, l’approche pour la sentir. C’est juste incroyable.

Le moment est suspendu comme ces fleurs violettes. Sur le coup, je crois n’avoir jamais rien vu d’aussi beau, mais c’est faux. Je n’ai rien vu d’aussi apaisant cependant. Cette impression d’être dehors tout en étant à l’abri comme dans une maison, la chaleur humide et odorante qui m’enveloppe.

Dans un réflexe, je prends Vulca dans les bras et m’approche des fleurs. Comme dans une chorégraphie, nous en reniflons une en même temps. L’odeur est sucrée comme du miel mais plus légère.

Je sursaute quand Leonard reprend la parole. Hein quoi ? Je ne m’attendais pas à ce qu’il me parle et pour être honnête, j’avais complètement oublié sa présence.

Me rendant compte qu’il est toujours présent, une petite touche de colère me prend le cœur. J’aurai préféré que ce moment ne reste qu’à moi et Vulca. Le jeune homme me parait être intrusif alors que c’est lui qui m’a montré le lieu. Pourtant pour une fois, j’aimerai qu’il ne soit pas là, pour une fois, j’aimerai sincèrement être seule avec Vulca, pas pour me protéger mais bien pour savourer un moment de solitude.

Il reprend la parole, mais je me sens finalement obligée de répondre malgré la sérénité qui m’habite.  Ma voix est calme mais toujours aussi fraîche, bien que peu agressive.

C’est vrai que c’est beau et que je ne connaissais pas cet endroit. Mais j’en ai vu aussi beaucoup, créés par la nature. C’est joli, c’est calme, reposant et je sais qu’il y en a partout. Ce n’est pas ça que j’attendais.

J’inspire profondément en fermant les yeux et pousse un profond soupir. C’est un soupir d’aise mais aussi d’agacement un peu. Leonard m’a parlé des fleurs du monde, je pensais qu’il allait me montrer comme il fait pour être tant lui, comme être… autrement. Mais il me semble qu’il soit resté trop premier degré et me mettre vraiment les fleurs.

J’aime bien les fleurs et le violet et ma couleur préférée. Mais ce n’est pas ce que je t’avais demandé.

Un bruit régulier se fait entendre. Un claquement sec qui s’approche et se fait entendre en frappant le sol dallé de l’allée. Je me crispe immédiatement sur mes gardes, méfiante et prête à agresser n’importe qui.

Mais c’est un vieil homme qui apparait, une canne à la main, le dos vouté par le poids des ans, et le visage ridé d’avoir trop vécu. Ses mains tremblent doucement, et semble entrainer le reste de son corps dans une danse improbable, c’est à se demander comment il fait pour ne pas renverser sa canne et s’écraser au sol. Il s’engage dans l’allée et son visage s’illumine d’un sourire, qui n’arrive pas à ouvrir ses yeux bridés, tellement ancien qu’on les croirait fermés.

Bonjour jeunes gens. Je ne m’attendais pas à voir des gens ici. Ça vous plait ? Sa voix est comme du papier et semble parfois se déchirer certainement parce qu’elle tremble trop. Si vous aimez, vous devriez venir voir le jardin de ma femme. C’est par ici.

Il pointa de sa canne une direction qu’on ne pouvait voir etse mit en route en nous faisant signe de le suivre. Je n’en ai pas envie.

Oh non. Je le sens venir gros comme une maison. Pire encore, gros comme un bateau ou un avion. Je regarde Leonard en fronçant les sourcils après la proposition du vieux machin. Je hoche lentement et négativement la tête pour bien lui faire comprendre le message, bien que je sache que c’est inutile.

Nous arrivons !

Et merde, il le fait vraiment. Mais il n’est pas croyable. Pourquoi est-ce qu’on irait taper la discute avec un vieux machin dans le jardin de sa femme. Il n’a pas autre chose à faire ? Il doit me montrer ou m’expliquer des trucs et à la place on va aller se faire chier avec de vieilles histoires. Mais pourquoi ça arrive à moi ? Et pourquoi je ne m’enfuis pas très loin de ce crétin.

Et merci, je me doute bien que ton monde n’est pas magique. On vit dans le même pauvre abruti. J’ai vécu dans la rue plus souvent que je ne l’aurai voulu et je sais bien que tout n’est pas multicolore et que s’il y a de jolis parcs et de jolis jardins et maison, il y a surtout de la crasse partout et qu’un moment où l’autre, quelqu’un doit la nettoyer. Et ce quelqu’un c’est moi.

Je l’écoute mais je fronce les sourcils. Ce qu’il dit, c’est ce que je fais. Pour que des gens puissent vivre heureux, je fais des efforts pour le rendre meilleur. Mais ça ne le rend pas bon pour autant. En tout cas pas bon comme Leonard le voit. Je ne comprends vraiment pas.

Je ne comprend pas où tuuuuu… Je sers les dents car le garçon vient de me prendre la main pour me tirer à la suite du vieux monsieur. Personne ne me touche. J’ai envie d’arracher ma main de la sienne et la lui retourner dans la figure. On ne me touche pas.

Finalement, il s’arrête et me lâche. Etrangement, je ressens comme un petit pincement, comme du regret lorsque son contact cesse.

Qu’est-ce qu’il veut que je lui réponde ? C’est lui qui est censé être mon guide. Je n’ai pas envie d’aller voir ces vieux machins, encore moins de leur parler. De base, je n’aime pas parler aux gens et ce n’est pas parce que Leonard est une exception que ça va devenir une généralité.

Je me contente juste de hausser les épaules et de le suivre, Vulca toujours dans les bras. Je rumine dans ma tête tout genre de choses, comme la stupidité et la naïveté de Leonard, la bêtise que c’est de suivre ce vieux machin ainsi de suite.

Nous arrivons rapidement à une petite maison avec un petit jardin à l’avant, mais certainement un jardin derrière. Le vieux nous fait entrer et nous invite à traverser la bâtisse pour nous rendre sur une petite terrasse donnant sur un jardin fleuri où bourdonnent pleins de Pokémons Insecte. Une petite vieille taille un rosier avec douceur, ou lenteur, certainement à cause de son âge. Elle doit facilement avoir deux ou trois cents ans.

Paulette, je t’emmène des invités. Pour que tu leur montres les merveilles de ton jardin.

Tu aurais pu prévenir Raymond, je ne suis pas présentable. Et notre jardin n’est pas un musée. Je suis sûre qu’il y a bien plus beau dans les parcs. Tu devrais arrêter de prendre des gens dans la rue pour les emmener ici. Mais bon, maintenant qu’ils sont là, installe-les. Offre leur quelque chose à boire et à manger. Du thé par exemple et des gâteaux.

Le vieux l’éloigna pendant que la vieille s’approcha. Excusez mon mari. Il aime avoir des invites, mais ne sait jamais ce qu’il faut en faire. Installez-vous à la table. Vous resterez bien un peu. Oh, ce n’est pas vraiment une question. Je vous retiens de mes maigres forces pour que vous pussiez goûter aux gâteaux de mon mari. Il en à beaucoup trop fait. Ils sont délicieux, c’est un ancien pâtissier, mais il ne sait pas gérer les quantités.

Je jette un regard à Leonard, un appel à l’aide silencieux pour qu’on s’enfuit le plus loin possible. Mais rien n’y fait. Je suis sûre qu’il se plait ici.

Lèche cul. Leonard est vraiment un lèche botte de première. Comme il faut pour parler avec sa langue coller au cul des gens en permanence. Bon, je suis injuste et méchante gratuitement. Il ne fait que preuve de politesse. Mais il m’énerve à être tout le temps gentil avec tout le monde.

Je le regarde parler avec la vieille. Je ne comprends rien à ce qu’il dit ? Les papillusions préfèrent les croissants et les prismillions les… Mais tu dis n’importe quoi. Ça mange pas de croissants les papillusions. Je laisse tomber ça avec un peu d’exaspération et de mépris mais je suis prise d’un doute. Je jette un regard à la vieille avec une voix perplexe. Ils en mangent pas, si ?

Je me sais complètement débile. J’ai avancé quelque chose mais je ne suis pas sûre d’avoir raison. J’ai certainement tort en plus. Leonard sait certainement mieux que moi les trucs sur les Pokémons Insectes. Ils ne servent à rien donc, il doit tout savoir sur eux.

De nouveaux babillages, inintéressants sur la vie de la vieille, sur comment c’était avant. Et qu’ils ont bien travaillé et qu’avant les enfants jouaient au ballon dans la balançoire sur la cabane. Je ne sais pas trop, je n’ai pas trop suivi parce que je m’en fous.

Je regarde au loin, vers les buissons, Vulca sur les genoux. Je ne touche pas à mon thé ni à mes gâteaux. Je ne suis pas stupide non plus. Ils sont peut-être vieux, mais rien ne dit qu’ils ne foutent pas de la merde dans ce qu’ils nous ont servis. Si Leonard est assez stupide pour boire et manger ce qu’on lui donne. Moi je ne suis pas stupide.

Un bourdonnement attire mon attention et je vois s’approcher de nous un drôle de Pokémon. Je crois que j’en ai déjà vu, mais je ne sais pas ce que c’est. En tout cas, il hésite un peu mais s’approche toujours plus de nous.

J’imagine que c’est un Bombydou, comme dit Leonard. Qu’est-ce qu’il nous veut ? Un gâteau ? Est-ce que ça mange des gâteaux les bombydous ? Si les Papillusions mangent des croissants, ce n’est pas impossible. Sans faire attention, et toujours en regardant avec méfiance le pokémon s’approcher, je demande à Leonard d’une voix blanche.

Et le violet, c’est quoi ? J’adore le violet. C’est comme mes yeux. C’est la même couleur que mes yeux. Et j’aime bien mes yeux.

Le Bombydou s’approche de moi et je le regarde avec méfiance. Il ne s’arrête pas. Je recule la tête mais il continue d’approcher. Qu’est-ce qu’il me veut ?

N’ayez pas peur mademoiselle. Il ne vous fera pas de mal.

J’ai pas peur. J’ai peur de rien, mais s’il s’approche encore il va s’en prendre une.

J’agite une main agacée devant moi pour chasser le Pokémon qui s’enfuit vers Leonard. Voilà c’est mieux comme ça. C’est lui le gentil dans l’histoire. Et ne revient pas m’emmerder.

Je pousse un soupir d’exaspération. Pourquoi il me répond toujours à côté de la plaque ce garçon. Je sais ce que c’est un Papillusion. Je ne suis pas débile, contrairement à lui. Et le voilà qui me fait un cours sur les Papillusion.

Si la poudre dodo pouvait te rendre moins bête, je ferai un élevage de Papillusion et je t’en ferais bouffer des tonnes tous les jours. le dis-je exaspérée et un peu énervée. Je ne te demandais pas ce qu’était le Pokémon violet. Je sais très bien reconnaitre un Papillusion, c’est pas ça qui manque à Kanto. Tu parles d’une histoire de couleurs pour les émotions. Le rouge pour la colère, le bleu pour euh… le froid ? Bref, je te demandais c’est quoi le violet.

Un crétin glisse sans bruit entre mes lèvres serrés.

Je chasse le Bombydou de la main et ce Pokémon débile se prend un coup. Il va se réfugier chez Leonard qui va pour le caresser mais le Pokémon s’enfuit. Tant mieux, peut-être qu’il arrêtera de nous casser les pied.

Je sais bien qu’il ne va pas me piquer. J’aime pas quand on squatte mon espace vital. C’est tout. Et il avait rien à faire autour de moi.

Ah non ! Il me reparle de ses Papillusions. Je plonge la tête dans une de mes mains pendant que de l’autre, je sers Vulca contre moi. J’aimerai être loin. Très loin de ce jardin, avec ces vieux trop gentils et Leonard toujours aussi naïf. Qu’est-ce qu’il va nous tomber dessus ?

Le vieux nous demande comment on trouve le jardin. Personnellement je m’en fous, mais ça ne va pas plaire à Leonard, qui va certainement me faire une leçon sur le protocole de réconciliation des Concoforts si je le dis à voix haute. Je me contente de sourire aux vieux. Comme d’habitude, ce n’est pas un beau sourire, ça je ne sais pas faire. On dirait plutôt que je me moque de lui. Ce doit être aussi éloquent qu’une phrase.

Vous faîtes un drôle de couple tous les deux. Les opposés s’attirent. Comment vous vous êtes rencontrés ? Commence Paulette.

De mon côté, je n’y prête pas vraiment attention. Une horde de Bombydou s’approche de moi, bien décider à faire je ne sais trop quoi, mais trop près de moi. Je me tends et les regarde méchamment, mais c’est sans effet. Ils commencent à tourbillonner autour de moi.

Leonard ? Qu’est-ce qu’ils me veulent ? Dis leur de partir sinon ça va barder. Ils sont trop près. Si la méthode Papillusion pouvait leur dire d’arrêter de m’emmerder ce serait parfait. Attire-le avec ce que tu veux, un croissant ou un pain au chocolat, je m’en fous. Mais je ne veux pas que ces Pokémons me touchent.

Oh… Ce ne sont pas eux qui me touchent. C’est un Papillusion, un de ceux dont on parle depuis tout à l’heure qui se pose sur ma tête. Je me tends et devient rouge de colère contenue pendant que mon regard se charge d’énervement. Je ne veux pas être ici, je ne veux pas parler avec ces gens et surtout, je ne veux pas de Pokémons Insecte sur moi.

Je vais bientôt faire la technique Capucine. Alors fait quelque chose vite. Et je n’ai pas peur. Lançais-je avec un regard assassin à la petite vieille.

C’est insupportable. Pourquoi il y en a autant autour de moi ? Je n’ai rien fait et rien demandé surtout. Pourquoi ils me tournent autour comme ça ? Et pourquoi est-ce qu’il y a ce putain de Papillusion sur ma tête ? S’ils ne se cassent pas rapidement, ça va mal finir. Ce sera bref mais violent, et peu importe ce qu’en pense Leonad.

En parlant du naïf, il se met en mouvement enfin, pour… Je ne sais pas trop en fait, mais manifestement, il veut faire la même chose que moi mais au ralenti, à savoir coller des tartes. Mais sa méthode ne semble pas plus efficace que mon approche.

Le Papillusion bat des ailes je vois de la poussière me tomber dessus. Qu’est-ce que c’est que se bordel ? Je bondis sur mes pieds et m’éloigne vivement de la zone.

Leoanrd éternue et je me rends compte que par réflexe j’ai retenu ma respiration. Je regarde Leonard de façon sévère.

Qu’est-ce que tu as fait ? C’est quoi ce bordel ?

Puis Leonard s’endort. Je le regarde tomber mollement au sol et dormir comme un bébé. Il est stupide ou quoi ?

Il me faut un moment pour comprendre que la poudre du Papillusion et de la poudre dodo et que je vais certainement m’endormir. Je fusille du regard les vieux en me disant que je ne vais pas tarder à perdre connaissance mais rien ne se passe.

Les Pokémons insectes s’éloignent de nouveau apeuré par les mouvements brusques que je viens de faire. Même le Papillusion s’éloigne.

Pourquoi je dors pas ?

Peut-être parce que ça ne fait pas effet sur toi ? Ou tu ne t’es pas exposée assez ? C’est une attaque qui ne marche pas à tous les coups.

Comme le gaz de mon Ectoplasma. Il est toxique mais sur moi, ça ne fait rien.

Pourquoi est-ce que je leur parle en fait ? Si ça se trouve, c’est un coup fourré de leur part. Je lâche Vulca pour qu’elle veille sur moi pendant que je secoue Leonard.

Tu ne devrais pas secouer ton petit copain comme ça.

De quoi est-ce que je me mêle ? Leonard ! Réveille-toi. Je lui donne des petites tapes sur les joues puis lui mets un aller-retour énergique. Tu fais chier. Je veux qu’on se casse d’ici.

J’ai beau le secouer avec énergie, Leonard ne se réveille pas. Les petites tapes semblent sans effets non plus. Qu’est-ce que je dois faire, lui coller de grosses torgnoles ? Frapper de plus en plus fort ? L’idée est séduisante et je pense que ça pourrait fonctionner, cependant je ne suis pas sûre de sa réaction au réveil. Je me demande s’il sera toujours enjoué ou s’il va s’énerver. Dans le premier cas, ça me saoulera tellement que je pense lui en remettre une série dans la tête et dans le second cas, je n’ai pas envie de revoir la face sombre de Léonard.

Mais alors que faire ? Je n’ai pas envie de rester là avec les vieux débris. Mais Leonard ne semble pas décider à bouger. Bah s’il ne veut pas bouger je vais le bouger moi-même. Quoi que l’idée de l’abandonner ici à sa connerie est alléchante. Non, il ne faut pas. Sinon qu’est-ce que je dirais à ses parents ? Quand j’irai récupérer mes affaires, il faudra bien que je leur explique où est leur garçon.

Donc il faut que j’arrive à le ramener.

Je prends le garçon et le mets de travers sur mes épaules. Qu’est-ce qu’il est lourd ! Ce n’est pas possible. J’ai du mal à me redresser mais j’y arrive doucement.

Qu’est-ce que vous faîtes ? Vous avez besoin d’aide ?

Vous vous approchez pas de moi. On se casse. Et si vous essayez de m’arrêter, vous allez le regretter.

Tant bien que mal, je traverse la maison. J’ai rapidement mal au dos et aux jambes. Mais il est hors de question que je reste ici. Je n’ai pas une musculation faite en force. Mais j’arrive à la porte et après un instant de galère, j’arrive à l’ouvrir et à sortir.

Je porte Leonard encore un peu puis le pose sur un banc et je m’assois à côté de lui. Je pousse un soupir et recommence à le secouer. Je commence à avoir faim. Midi approche et je ne sais pas où nous sommes.

Enfin, il ouvre les yeux. Encore un peu et je me mettais à lui coller des baffes sportives pour tester la résistance de ses joues. Mais il a l’air encore plus naïf quand il se réveille le matin.

Si ça fait longtemps que tu dors ? Si ça fait longtemps que tu dors ! Répète-je de plus en plus fort. Puis je me rends compte que c’est ridicule. Qu’est-ce que j’en sais ? Je n’ai pas surveillé l’heure. En tout cas, ce doit être l’heure de manger, j’ai faim.

Manifestement, il s’en fout.

Comment ça le Papillusion ? Qu’est-ce que tu… Ah… Bien sûr que c’est lui. Arrête de rire, ce n’est pas drôle. Tu m’as laissée toute seule avec ses vieux bizarres et mystérieux. Je t’ai porté pour nous sortir de là et toi tu rigoles. Arrête de rire tout de suite.

Rien à faire, il rigole de plus en plus fort. Je me lève pour me planter devant lui avant de me rendre compte que je ne peux rien faire sinon lui tarter la tronche et que ce n’est pas la meilleure technique. Je me rassois donc au bout du banc, en croisant les bras la mine boudeuse.

En plus, je ne sais même pas où on est. Tu imagines le poids que tu pèses ? Attends… Tu pleures ou tu ris là ? Je ne comprends vraiment pas ce garçon.

Je ne sais pas de quoi cela peut bien le libérer de rire pour rien et comme ça. Je suis sûre qu’il se moque de moi. Et je n’aime pas qu’on se moque de moi.

Je ne comprends toujours pas ce qu’il trouve de si amusant dans cette situation. Il m’a trainée de force chez des inconnus super étranges, puis on s’est fait agresser par un Papillusion. Lui il s’est endormi comme une patate et j’a du le tirer dehors. Et tout ce qu’il trouve à faire c’est rire. Il est vraiment trop stupide comme garçon.

Il se lève pour aller vérifier où nous sommes. Je le suis, toujours en boudant.

Je n’ai pas besoin de toi pour pouvoir me payer à manger. lui dis-je sèchement.

Ce n’est pas vrai, puisqu’en ce moment, je n’ai plus beaucoup d’argent. Certaines dépenses ont dû être faites, en particulier en vêtement, et j’ai eu du mal à trouver du boulot. Alors il est vrai que s’il pouvait me payer à manger, je ne dirai pas non. Mais ça, je ne l’avouerai jamais.

Je regarde Leonard avec un air perplexe.

J’ai rien compris. Il vient de parler d’un endroit tout petit où il n’y a pas de place mais où on a de la place et où on mange dans la cuisine et… Tu sais quoi ? Je vais arrêter d’essayer de te comprendre pour aujourd’hui. Entre tes fous rire et tes idées, j’abandonne. On va dire que oui ça me tente et que je te suis. Bien que je pense que je vais le regretter.

Je suis donc le garçon jusqu’au restaurant. En effet, c’est petit. Petit et ça sent la bouffe. Mon ventre gargouille à cette odeur. Mais elle n’a pas l’air propre cette boutique. La maison a des poutres en bois apparentes et les murs semblent être faits en plâtre. C’est bizarre. Pas moche, juste vieillot et bizarre. Il y a une petite fenêtre à côté de la porte mais les vitres sont en verre grossier, ce qui déforme l’intérieur et m’empêche de distinguer quoi que ce soit à l’intérieur.

Il y a une enseigne bien sûr, avec plein de trucs écrits, et un menu à l’extérieur. Tout ça, je ne le lis pas, parce que je n’y arriverai pas. J’entre tout de suite avec que Leonard ne me demande si ça me plait et que je sois obligée de lui mentir.

A l’intérieur, il y a une certaine pénombre, dissipée par des lampes et des bougies. Il n’y a que quatre tables et seulement une est occupée. On nous installe et à peine assise, je souffle la bougie. J’aimerai bien souffler toutes les autres. On n’a pas idée de faire des choses pareilles en intérieur.

Assise, ma jambe s’agite sous la table alors que je regarde autour de moi.