La nuit était finalement tombée au cœur de Voltapolis. Tous les branchements électriques faisaient leur apparition, éclairant la magnifique ville lumière de milles feux industriels. Cependant, je ne trouvais pas ces lueurs belles, au contraire. Je les trouvais artificielles, vides de sens, les courants électriques circulant dans les ampoules n'avaient clairement pas la grâce des distorsions d'humidité et d'air que pouvaient provoquer de réelles foudres... et telle était la raison pour laquelle je me rendais actuellement dans la Centrale. Je me devais de trouver un Pokémon dont la puissance, qui se devait d'être modérée, puisse charger sans extrêmes les capteurs de la Thunderball, ce projet qui commençait à aboutir, dont la SYLPHE et moi-même étions les concepteurs.

Ainsi, je glissais une petite clef dans la serrure menant à une porte engouffrée dont l'accès était réservé aux membres de la SYLPHE pour éviter toute intrusion abusive de visiteur. Après tout, ceux-ci pouvaient vite être encombrants, j'en avais fait les frais quelques heures plus tôt en rencontrant ce curieux énergumène et son Colossinge, qui par ailleurs, semblaient vraiment intéressés à l'idée de découvrir cette centrale. Au moins, aucun risque d'être suivi à cette heure, la nuit voilait la ville et les lumières n'interrompait pas le sommeil des habitants.

À peine entré dans la centrale, je jetais un rapide coup d'œil sur les caméras de surveillance. Un panneau de douze différentes caméra, constamment en marche, avec un accès à une batterie de secours en cas de panne électrique; tout comme le moteur principal de la centrale. Qu'il soit volontaire ou non, un arrêt électrique de la centrale de Voltapolis pourrait engendrer une coupure de courant dans le continent entier. Cependant, un effet étrange attirait mon attention. La septième et la neuvième caméra, menant aux couloirs de l'étage supérieur, étaient éteintes. Un phénomène bien étrange puisque celles-ci étaient censées fonctionner constamment... Je m'approchais des caméras, tentant de voir si les branchements étaient corrects. Tout était bon. Tout devait fonctionner. Je me reculais un instant, conservant un œil captif sur les vidéosurveillances qui ne montraient rien d'anormal.

Jusqu'au moment où la septième caméra fonctionna, de nouveau. La neuvième était toujours éteinte. Je pouvais distinguer l'entrée du couloir, mais pas son prolongement, toujours camouflé par le noir total apparu sur la deuxième vidéosurveillance. Attentif, je réfléchis et me demandait quelle caméra prenait la vue sur la fin du couloir. C'était la quatrième, qui fonctionnait tout aussi bien; indiquant que s'il y avait un intrus, il serait coincé dans le couloir et je pourrai de toute façon le voir sortir, soit par le biais de la septième, soit de la quatrième caméra... jusqu'au moment où la quatrième caméra vint à s'éteindre, sans raisons.

Je m'empressai de saisir une lampe torche que j'allumai immédiatement, avant de me précipiter en direction de ce couloir. J'avais vécu dans cette centrale toute mon enfance, je la connaissais comme ma poche. Il ne me fallait emprunter qu'une ligne droite me menant aux escaliers de secours pour pouvoir déboucher sur la sortir du couloir supérieur. Allez. S'il devait y avoir un souci, les murs sont surchargés en courant électrique, une simple brèche pourrait provoquer une alerte et attirer la police de Voltapolis... Je te tiens !

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'Chromatique' :

Je me précipitais pour monter les escaliers. Je ne pouvais pas perdre de temps, sachant que je n'avais plus de visuel sur l'individu que j'estimai être un intrus dans la centrale; tout ce que je savais, c'est qu'il était suffisamment malin pour faire planter les caméras de surveillance avant de pénétrer dans leur champ de vision : il devait avoir expérimenté les lieux un grand nombre de fois avant ce jour. D'ailleurs, instinctivement et ce pendant ma course, je m'imaginais tomber nez à nez avec un membre de la centrale. Ce ne serait pas étonnant, qui mieux qu'un employé pourrait savoir où se trouvent les issues de secours, les points de vue des caméras et comment les interrompre ?

Cependant, dans mes songes, j'heurtais un obstacle métallique qui me fit tomber vers l'avant. En me retournant, éclairant les escaliers de ma lampe torche, je distinguais un Pokémon ressemblant à un aimant qui tentait de me retenir en usant de son attraction métallique pour m'empêcher de bouger. Les fermetures, pièces et autres objets métalliques présents dans mes vêtements étaient resserrés contre lui, me faisant perdre du temps. C'était sûrement le Pokémon de l'intrus qui était sorti de sa Pokéball pour me distraire. Alors, je glissai ma main dans la poche arrière de ma veste pour saisir Voltorbe, et le lancer en direction du Magnéti.

"Voltorbe, charge !" ordonnai-je en remarquant que je venais de lancer une réelle Pokéball plutôt que mon Pokémon. Merde ! Cependant, le laser incarcéra brièvement le Magnéti qui me permit de m'échapper de son étreinte. Un mal pour un bien. Laissant la Pokéball bouger, je ne me retournai même pas pour voir ce qui pourrait se passer. Après tout, je n'étais pas intéressé par ce Pokémon et le jugeai trop faible pour perdre mon temps à attendre devant cette ball.

Libre de mes mouvements, je me dirigeai dans le couloir et le pénétrai en remarquant face à moi... absolument rien. Aucune trace de qui que ce soit, pas de traces de pas, pas de vêtements ou de tissus, pas de bruits... cependant, les murs étaient surchargés en électricité statique, à tel point que le tissu de mes vêtements mais aussi ma pilosité se soulevaient légèrement. Quelque chose n'était pas normal... je pouvais prétendre à une fuite électrique, mais ça n'expliquerait pas les intermittences des caméras. Il me fallait en avoir le cœur net et pour ça, une solution. Descendre à l'étage inférieur de nouveau, surveiller à nouveau les caméras, quitte à attendre une nouvelle dysfonction, puis retourner dans le cœur de la centrale...

Je fis demi-tour. Afin de me déplacer plus vite, je prévoyais de prendre appui sur les murs pour me lancer vers l'avant à chaque grande enjambée; cependant, une simple apposition de ma main contre le mur vint à me délivrer une décharge électrique qui me fit trébucher. Je n'avais aucune idée de ce qui se passait mais tout ceci n'était pas normal. Le poste de commande, disponible sous les caméras de vidéosurveillance, me permettrait de savoir si le souci énergétique vient d'une machine ou d'un Pokémon. Dans mon mouvement, je percevais de plus en plus cette notion de Pokémon, d'ailleurs.

Ma course ne durait que quelques minutes mais semblait être une éternité, tant mes songes étaient profonds. Si au final, tout ceci n'était pas causé par un individu mais par un Pokémon ? Il n'était pas possible humainement d'avoir accès au poste de contrôle, aux caméras de vidéosurveillance, mais aussi surcharger les murs d'électricité... D'autant plus que ma théorie se confirmait lorsque je me remémorai ce moment où ma Pokéball heurta le Magnéti : s'il appartenait à un dresseur, la ball n'aurait même pas eu d'effet... d'ailleurs, quand on parle du loup, on en voit... la vis ?

Le même Magnéti se dressait devant moi; cette fois, en bas des escaliers, sous les lumières encore allumées de la salle principale. Je remarquais d'ailleurs ses couleurs, qui étaient ostensiblement différentes de son espèce traditionnelle : les parties aimantées, extrémités de son corps, étaient dotées de deux couleurs : or et gris sombre, remplaçant le traditionnel bleu et rouge. La base de son corps était aussi légèrement teintée de jaune et les parties métalliques supplémentaires, plus sombres que classiquement. Peut-être était-il, au final, une clef essentielle à l'intrigue qui se déroulait dans la centrale. Je n'avais qu'un moyen de le savoir.

"Cette fois, je ne vais pas te rater" lui dis-je, comme s'il pouvait me comprendre. Observant le courant électrique intense qui circulait dans les murs, le tout en acceptant l'attirance métallique que provoquait le Magnéti (volontairement ?) contre mon corps vêtu d'accessoires tractés, j'attendais d'être suffisamment proche pour pouvoir saisir à mains nues l'un des aimants du Magnéti et le lancer violemment contre le mur.

Une puissante décharge électrique eut lieu, foudroyant le pauvre Pokémon qui me laissait l'opportunité de lui envoyer une Pokéball. Celle-ci le heurta une seconde fois, se mouva de gauche à droite à quelques reprises, avant de se fermer et se stabiliser. Digne, je me contentais de marcher jusqu'à mon nouveau sujet d'expérience, en ramasser la balle blanche et rouge, puis la déposer dans ma veste longue. Je n'avais pas le temps de fêter une simple capture, aussi futile qui plus est. Je me devais de me débarrasser de l'intrus de la centrale.

Cette fois, je pouvais circuler librement jusqu'au poste de contrôle depuis lequel je pouvais constater cette fois la moitié des caméras de surveillance éteintes. Le poste de commandes ne fonctionnait plus de même, mais toutes les machines de la centrale, notamment les réacteurs, fonctionnaient correctement. Les caméras clignotaient, fonctionnant de temps à autres, toujours en conservant cet unique lien :

Lorsqu'une caméra s'éteignait, les caméras indiquant une entrée ou une sortie à la zone vidéosurveillée ne restent allumées que quelques secondes avant de s'éteindre. Un lien étrange qui me faisaient comprendre que celui ou celle qui se cachait ne se montrerait pas. Soudain, je remarquais toutes les vidéos s'allumer d'un coup, d'un énorme flash blanc qui se répandait à une vitesse folle dans tous les couloirs. Je n'avais pas pu voir la source de cet éclair, mais il prenait toute la centrale et se dirigeait jusque...

AU POSTE DE CONTRÔLE ?

Puis, le Néant. Le noir total. Je n'avais plus aucune notion de l'heure. Aucune notion du temps. Je ne savais plus où j'étais. Ah oui, la centrale. J'étais dans le poste de contrôle... qui était dévasté. Toutes les caméras avaient été explosées par... par... je ne sais pas. Cet éclair. Ce magnifique éclair.

Je n'arrivais pas à me rendre compte que la zone autour de moi avait été réduite en cendres. Je gisais à terre et ne pouvait décemment pas bouger le petit doigt. Je venais de recevoir une décharge si violente que mes habits avaient été partiellement déchiquetés. Toutes les alertes de la Centrale avaient été déclenchées et... à en juger par les quelques différentes jauges qui apparaissaient sur le haut des panneaux de contrôle, l'alerte avait été donnée il y a... sept minutes.

Mes pensées sont floues. Troubles. Ma tête tourne à cause de ce choc que je venais de recevoir. Tout ce dont je me remémore, c'est de cet éclair qui avait fait saturer la luminosité des caméras; un éclair si beau et si vif que je n'avais même pas pu voir sa fréquence ou sa vitesse d'apparition. Ce qui avait foudroyé la centrale n'était pas une surcharge d'électricité due aux machines, non. Ce n'était pas non plus un orage extérieur, puisque tout avait été fait de l'intérieur.

Je tentais de me relever, en vain. Je n'arrivais définitivement plus à bouger, même plus à parler. Mes Pokémon sont hors-combat, l'impact de l'attaque avait fait tant de dégât sur mes Pokéballs que les répercussions ont même été ressenties de l'intérieur.

Si je ne mourrais pas aujourd'hui, j'aimerai te revoir. Toi, celui qui a créé cet éclair si pur que j'en ai oublié les foudres naturelles. Toi, dont je ne saurai dire le nom. Tout ce que je sais, c'est que tu es une espèce éteinte. Une espèce divine.

Un Pokémon Légendaire.