Pavel était arrêté depuis une dizaine de minute devant l'entrée de Nemerya, la gorge nouée, les doigts crispés. Autour de lui, ses Pokémons le regardaient, visiblement compatissants mais incapable de l'aider. Dahlia dans ses bras, Feather posée sur son épaule, Einstein à son côté et Fenrir à ses pieds. Le garçon était heureux d'être si bien entouré, mais cela ne changeait rien à la terrible épreuve qu'il allait devoir affronter. Seul. D'une certaine manière. Nemerya était la ville dans laquelle il avait vu le jour, seize ans en arrière, et lors de sa cinquième année, il en était parti, dans ces circonstances plus que tragiques. Depuis, de l'eau avait coulé sous les ponts, et le jeune homme avait pensé pouvoir y revenir sans être bouleversé par l'émotion. Il s'était trompé. Lourdement trompé.
La capitale, il n'en avait que bien peu de souvenirs. Il se rappelait la lourdeur des rues, la foule sur les trottoirs, sa petite école de quartier. Le papier peint vert et bleu de sa chambre, dans l'appartement du centre ville. Il ne parvenait plus à se souvenir du visage de son père, ce dernier s'était effacé de sa mémoire. Il ne se rappelait que de sa voix. Vivait-il encore ici ? Avait-il apprit pour la mort de sa mère ? Pensait-il à lui parfois ? Avait-il reconstruit sa vie, avec une autre femme, d'autres enfants ? Lorsqu'il avait dix ans, Pavel avait tenté de trouver réponses à ses questions, en vain. Il avait depuis laissé tomber et n'avait aujourd'hui plus l'espoir ou l'envie de revoir ce géniteur, qui n'était en rien un père.
Finalement, après une ultime hésitation, le garçon soupira, et fit un pas en avant. Ce geste fut pris par tout le groupe comme un signal. Feather s'envola pour planer au-dessus de sa tête, Dahlia poussa un petit cri joyeux plein d'entrée, Einstein hocha discrètement la tête et le suivit... Et Fenrir partit en courant. Pavel hoqueta de surprise, et tendit la main en hurlant.
- Fenrir non reviens !
Mais le canidé ne l'écouta pas, et, bien trop heureux de pouvoir enfin galoper, pénétra dans la ville sans la moindre réflexion. N'ayant pas d'autres choix que de le suivre, le jeune homme s'élança derrière lui. Il demanda à la Nirondelle de prendre de la hauteur, pour suivre le Caninos et éviter de le perdre dans le dédale des rues. Grâce à ses pouvoirs psychiques, le Kadabra pouvait également garder un contact avec lui, il ne pourrait donc pas se perdre. Cependant, la simple idée que tout cela ne suffise pas terroriser Pavel. Il ne voulait pas perdre un de ses compagnons, et surtout pas dans une ville aussi grande que Nemerya.
Il couru donc à en perdre halène, n'apercevant devant lui que le bout de la queue touffue du Pokémon, esquivant comme il le pouvait les gens qui marchaient tout autour de lui. Après plusieurs minutes de course poursuite à travers la capitale, Pavel rattrapa enfin le Caninos, qui s'était arrêté. Il était désormais sagement assis par terre, remuant la queue de plaisir, devant un grand type arborant un drôle de masque. L'inventeur en herbe se figea à son tour, totalement intimidé. Il serra un peu plus fort la Rozbouton contre lui, et fut reconnaissant à Einstein de lui envoyer quelques bonnes ondes par la pensée.
- Excusez-moi c'est m-mon Pokémon... Fenrir ne dérange pas le monsieur voyons !
Le chien de feu se tourna vers lui, et aboya avec entrain, comme pour faire les présentations entre les deux garçons. Pavel fixait ses chaussures, incapable d'ajouter un seul mot. Quelle entrée en manière pathétique...
On pourrait se dire que je faisais exprès de perdre du temps à chaque ville sur mon passage, comme si j'étais un touriste. Et dans le fond, c'est totalement vraie. J'avais envie de découvrir mon passé, mais je ne voulais pas perdre conscience du magnifique présent qui m'entourai. Alors, en arrivant à la capitale, je ne put m'empêcher de stopper mon van, prendre un peu d'argent et sortir m'acheter quelque broutille du coin.
Les grandes villes sont fascinante. Les gens ne font pas attention aux gens comme moi, déformé, lorsqu'il sont agité par leur boulots et leur besoin de citadin. J'ai rarement eu l’occasion de rester longtemps en ville à cause de mon job, donc je dois avouer que pour moi c'était fascinant. Mutius, marchant à mes côté, sortait un peu du lot. Il y avait peu de gens avec des pokémons et ceux qui en avait regarder "mon" "antiquité" comme s'il venait de rentrer dans un musée. C'est ironique, en général c'est un regard différent qu'on pose sur moi, surtout les enfant qui me voit comme un espèce de super héros à cause de mon masque... Ou un super villain, ça dépend des gamins. Mais bon, un changement ça fait pas de mal.
Je fit quelque petite emplette : un mug représentant la ville, un petit sticker pour l’intérieur de mon van et un coussin plus confortable que celui que j'avais depuis un moment. Puis, sur le chemin du retour, j'achetais un smoothie pour moi et quelques pokéblocs acides pour mon petit Mutius. Il les adore bien acide, donc je demande toujours de rajouté un zeste de baie Sitrus. Et ainsi nous marchions calmement, sirotant et grignotant, quand soudain, comme une furie, un caninos apparut dans mon champ de vision. Il courrait, joyeux, et, surement parce que Mutius et moi l'observions, il se dirigea vers nous. Il s'assit devant moi les yeux remplie de joie.
Alors petit, on c'est perdue ? Ou peut-être que tu me cherchais ? En tout cas tu dois faire la joie de ton propriétaire !
Ce fut Mutius le premier qui caressa le petit Caninos. Moi, je n’eus pas le temps, car je vit arriver son dresseur, essoufflé. En me voyant, je vit dans ses yeux qu'il était clairement intimidé par ma carrure. C'est vrai que mon masque fait pas mal flipper, mais en plus, je devait avoir un buste de plus que lui... Si mon masque ne me permettait pas de voir tout les angles possible que l'on a de base avec nos yeux, j'aurais dut baisser la tête. Et c'est ce qu'il fit, fixant ses chaussures. Je lui avait vraiment fait de l'effet. je me sentait presque mal de lui avoir fait si peur, mais j'y pouvais rien. Puis, le jeune garçon voulue s'excuser pour le comportement de son pokémon... C’était bizarre, vue qu'il ne m'avait pas fait de mal, mais bon.
Pas d'inquiétude petit, c'est pas une trogne aussi mignonne qui risque de m’embêter.
Me baissant pour atteindre le pokémon, je lui fit une petite caresse affectueuse puis m'adressai à nouveau au garçon.
Tu as l'air essoufflé ! Tient, il y a un petit bar là-bas, c'est en plein air et j'ai vue qu'il servait une spécialité de Sinnoh, du vieux gâteau. Et comme c'est en plein air, t'aurais pas à avoir peur que j'essaye de t'enlever ou je sais pas ! Allez, je te paye un verre !
Comme à mon habitude, je ne lui avait pas vraiment demandé son avis et avait totalement imposé cette chose. Mais bon, Mutius, bien plus doux que moi, prix la main de l'adolescent et la tapota doucement avec sa seconde main avant de le lâcher et de me suivre, tout en lançant des regard aux autre pokémons l'accompagnant. il avait fait se geste pour rassurer le pauvre gars, qui devait se sentir peu perdue à ce moment là.
Ah ! Oui ! Je m’appelle Travis ! Et toi, c'est quoi ton nom petit ?
Le grand type arborait un sourire, mais sans voir ses yeux, il était difficile de dire s'il était amical ou agacé par l’interruption du Caninos. Pavel ne pouvait de toute manière pas voir ses détails, son attention étant entièrement focalisé sur ses chaussures, qui était bien plus facile à contempler que l'étrange tête de l'inconnu. Pourtant portait-il un masque qui couvrait son regard ? Ne se rendait-il pas compte que c'était absolument terrifiant ?
- Pas d'inquiétude petit, c'est pas une trogne aussi mignonne qui risque de m’embêter.
La voix était sympathique, plutôt enjouée. Le garçon osa lever le menton, et constata avec surprise que l'homme s'était penché pour caresser Fenrir. Ce dernier répondit par un aboiement joyeux, apparemment ravi d'être le centre de l'attention du moment. Pavel avait l'impression d'avoir avalé sa langue, incapable de dire quoi que ce soit. Il était impressionné par la taille de son interlocuteur, et évidemment par le masque. Lorsque il se tourna vers lui, l'inventeur en herbe se figea, arrêtant même de respirer.
- Tu as l'air essoufflé ! Tient, il y a un petit bar là-bas, c'est en plein air et j'ai vue qu'il servait une spécialité de Sinnoh, du vieux gâteau. Et comme c'est en plein air, t'aurais pas à avoir peur que j'essaye de t'enlever ou je sais pas ! Allez, je te paye un verre !
Un adulte de trente ans passé qui invitait un garçon pas encore majeur à aller boire un verre ? C'était pas un peu bizarre comme situation ? Pavel n'y connaissait rien en kidnapping d'enfant, mais il avait drôle envie de partir en courant. Ses jambes étaient cependant incapable d'esquisser le moindre mouvement. Il voulu répondre, mais encore une fois sa bouche refusa d’obtempérer. Ce fut un petit Choc Mental d'Einstein qui le réveilla de sa paralysie, et le força à faire un pas en avant.
- Ah ! Oui ! Je m’appelle Travis ! Et toi, c'est quoi ton nom petit ?
Son nom ? Ah oui, effectivement faire les présentations n'était pas une mauvaise idée ! Comment s'était-il retrouvé dans cette situation déjà ? Il jeta un regard au Kadabra, qui fronça les sourcils et lui indiqua de prendre la parole. Il n'allait tout de même pas tout faire à sa place ! Dahlia poussa un petit cri d'encouragement, comprenant sans doute la détresse de son humain. Lorsque le Gringolem qui accompagnait l'homme lui prit la main, avec une douceur inattendue, le jeune homme sembla se ramener à la réalité.
- Pavel. Je m'appelle Pavel. Répondit-il enfin d'une petite voix.
C'était les premiers mots qu'il parvenait à sortir depuis que le fameux Travis l'avait abordé. La présence du Pokémon Spectre et Sol l'apaisait un peu, il avait l'air gentil. Bon, le type aussi, mais il avait un masque ! Pavel faisait peut-être une fixette là dessus, mais c'était bizarre non ? Il n'y avait que les personnes louches pour porter un masque. Vous connaissez quelqu'un de pas louche avec un masque ? Moi non.
Malgré l'improbabilité de cette situation, il suivit le groupe vers le bar indiqué précédemment, et s'assit, raide comme un piqué. Il n'osait toujours pas regarder son interlocuteur "dans les yeux" (dans le masque), se contentant de fixer la table.
- M-merci c'est gentil de m'inviter. Je... Je viens de débarquer dans la ville et je...
La discussion, ce n'était pas vraiment sa spécialité. Il devait passer pour un gros bébé, et c'était sans doute ce qu'il était, au fond. Il avait gagné un peu d'assurance depuis le début de son voyage, mais arrivée à Nemerya le perturbait un peu. Travis allait devoir s'armer de patience, apparemment.
C'est en partant pour le bar que j'appris le nom du gamin. Pavel. Prenant un place, je vis la gêne encore présente dans les yeux du gamin. Puis lorsqu'il voulut me remercier, je compris qu'il était toujours intimidé. Mutius continua d'être Mutius et il se rapprocha de lui pour le rassuré, prenant volontairement une démarche ridicule pour déstresser le jeune.
Désolé de t’avoir forcé la main petit, mais j'ai clairement vue que tu avais du mal avec ce lieu. La manière avec laquelle tu fixe les bâtiments, comme si tu y voyais les barreau d'une grande prison....
Remarquant enfin que mon masque lui faisait vraiment peur, je rit un peu, non pas par méchanceté mais parce que c’était ironique. Un truc qui lui fait peur "l'enlève" dans un lieu qui lui fait peur... Quelle ironie.
Tu as peur du masque c'est ça ? Ah... C'est normal au fond. Ne soit pas effrayer, ou n'ai pas de peine pour moi, mais je suis aveugle. Ce masque est l’outil m'ayant rendu la vue. Alors je sais que c'est compliqué de me regarder dans les yeux, vue que je n'en ai pas... Mais si tu veux me "fixer" c'est la ligne rouge du centre que tu dois regarder ! Je te promet, on s'y habitue.
C'est sur ces mots que le barman arriva.
Bonjour messieurs ! Qu'est ce que je vous sert !
Moi, je prendrais deux Ice Wall un avec une baie Sitrus. Et un de vos meilleurs Vieux gâteau !
...et un vieux gateau.... Et pour le champion, se sera quoi ?
Le serveur regarda Pavel avec un sourire se voulant plein d'entrain.
L'attention du garçon fut brièvement capté par le Gringolem, qui tentait visiblement de le faire rire en marchant d'une drôle de façon. Un petit sourire apparu enfin sur les lèvres de Pavel, mais rapidement sa timidité reprit le dessus lorsque Travis fut de nouveau dans son champ de vision. Si son Pokémon était amusant, l'humain lui était assez effrayant.
- Désolé de t’avoir forcé la main petit, mais j'ai clairement vue que tu avais du mal avec ce lieu. La manière avec laquelle tu fixe les bâtiments, comme si tu y voyais les barreau d'une grande prison....
L'inventeur en herbe baissa les yeux. Son interlocuteur avait mit le doigt sur le soucis. Nemerya était une belle et grande ville évidemment, mais quelque chose dans son air paralysait le garçon. Il n'avait pourtant que peu de souvenirs de son enfance ici, mais les rares et fugaces qui lui restaient le hantaient douloureusement.
Un petit rire venant de Travis le ramenant à la réalité. La situation était-elle cocasse ? Pavel n'en avait aucune idée, et ses efforts pour se détendre n'étaient pas vraiment couronné de succès.
- Tu as peur du masque c'est ça ? Ah... C'est normal au fond. Ne soit pas effrayer, ou n'ai pas de peine pour moi, mais je suis aveugle. Ce masque est l’outil m'ayant rendu la vue. Alors je sais que c'est compliqué de me regarder dans les yeux, vue que je n'en ai pas... Mais si tu veux me "fixer" c'est la ligne rouge du centre que tu dois regarder ! Je te promet, on s'y habitue.
La nouvelle le fit se figer de stupeur. Aveugle. Alors ça, il ne s'en serait jamais douté ! Alors comme ça ce masque lui avait redonné la vue ? Cela devait être un condencé de technologie très avancée. Tout ce qui fascinait Pavel. Il fut un instant tenté de lui demander s'il pouvait l'observer de plus près, oubliant totalement sa timidité, mais le serveur apparu à ce moment là pour prendre leur commande. Un peu pris au dépourvu, le jeune homme balbutia simplement :
- Euh un jus d'Oran pour moi s'il vous plait.
Il baissa les yeux pour contempler ses doigts, posés sur la table. Il ne voulait pas être malpoli en gardant le silence, alors que cet homme, qui semblait en vérité très gentil, essayait simplement de le mettre à l'aise. En effet, Pavel avait beau avoir 16 ans, physiquement il devait en paraître 12. Pas étonnant qu'on le prenne pour un enfant. C'était ce qu'il était.
- J-je suis désolé je... Vous avez raison. Nemerya me rappelle de mauvais souvenirs. Et je crains de n'être, de base, pas très courageux.
Il esquissa un pauvre sourire d'excuse. Il avait la fâcheuse habitude de se dénigrer, et ce n'était visiblement pas prêt de s'arranger. Le serveur revint bien vite avec leur commande, et Pavel s'empressa de plonger son nez dans la sienne, pour cacher sa gêne.
Quand je lui exposais les fonctionnalités de mon casque, je put voir dans ses yeux une flamme qui s'éteint à l'arrivé du barman. Il y avait une volonté en ce garçon, une volonté qu'il avait du mal à garder apparemment. Voilà pourquoi lorsqu'il s'excusa encore, je décidait de faire ressurgir cette volonté.
t'excuse pas trop, sinon je te devrais quelque chose en échange ! Tu sais quoi, juste parce que t'es sympa, je vais te donner un secret de vieux ! Tu sais, on te dit toujours que les héros sont des gens vertueux qui n'ont peur de rien ? Et bien sache que c'est un des plus gros mensonge qui existe. Les héros sont peut-être les gens les plus peureux qui existent. Et un vrai méchant n'a peur de rien. Mais qu'est ce qui rend les héros si fort alors ? Leur courage. Et le courage, c'est la capacité à surmonter ses peurs. Plus tu as peur, plus lorsque tu surmontera tes peur tu sera héroïque et courageux !
Bon, soyons sincère, c'était ultra cheesy. Vraiment, ça faisait un peu niant niant. Mais, après tout, c'était la vérité. Puis, je détournais encore le sujet, cette fois-ci sur mon masque.
Mais bon, les docteur qui m'ont posé ce masque sont mes héros eux aussi. Tu te rend compte ? Je ne voyais plus rien et, d'un coup, je redécouvre la vue. C'est fascinant non ? t'en pense quoi ?
Il y avait clairement un problème avec cette ville, donc si je voulais l'aider, je devais au mins le mettre à l'aise, pour ne pas l'effrayer ou le blesser avec mes questions.
Le pouvoir énergisant de la Baie Oran redonna un peu de pep's au jeune homme, qui liquida la moitié de son verre en une gorgée sans vraiment s'en rendre compte. Balayant ses excuses du revers de la main, Travis reprit la parole, d'un ton décontracté et bienveillant :
- T'excuse pas trop, sinon je te devrais quelque chose en échange ! Tu sais quoi, juste parce que t'es sympa, je vais te donner un secret de vieux ! Tu sais, on te dit toujours que les héros sont des gens vertueux qui n'ont peur de rien ? Et bien sache que c'est un des plus gros mensonge qui existe. Les héros sont peut-être les gens les plus peureux qui existent. Et un vrai méchant n'a peur de rien. Mais qu'est ce qui rend les héros si fort alors ? Leur courage. Et le courage, c'est la capacité à surmonter ses peurs. Plus tu as peur, plus lorsque tu surmontera tes peur tu sera héroïque et courageux !
Pavel le regarda, les lèvres toujours accrochées à son verre, un peu perplexe. Il n'avait rien d'un héros, et n'avait jamais rêvé à en devenir un, pour être honnête. Il était plutôt le gars dans l'ombre lui, celui qui fabrique les gadjets pour le héros. Ce rôle lui aurait bien convenu en vérité ! Ne jamais avoir à affronter ses peurs, pouvoir rester enfermé dans son atelier jour et nuit, avec comme seule compagnie les Pokémons et ses inventions. Cette vie lui aurait bien plu. Mais il était là, dehors, à parcourir la région plus ou moins contre son gré, pour devenir plus brave.
- Mais bon, les docteur qui m'ont posé ce masque sont mes héros eux aussi. Tu te rend compte ? Je ne voyais plus rien et, d'un coup, je redécouvre la vue. C'est fascinant non ? t'en pense quoi ?
A l'évocation du masque, le garçon rouvrit de grands yeux intéressés, avide d'en apprendre plus. Il posa enfin son verre, quasiment vide déjà, et fixa son interlocuteur avec un air fasciné de petit enfant qui écoute une histoire. Quelle invention incroyable ! Un appareil capable de redonner la vue, c'était invraisemblable ! Et pourtant, bien réel. Oubliant sa timidité l'espace d'un instant, Pavel répondit :
- Oh oui, fascinant ! Comment est-ce que cela fonctionne ? Ca doit être un condensé de technologie très avancée ! Enfin je veux je... Si ça ne vous gêne pas d'en parler. C'est que je bricole un peu en fait...
Il baissa les yeux, craignant d'avoir été trop énergique. Dès qu'il était question d'invention, il était bien plus réactif. Il osa relever le menton et, avec un petit sourire rêveur, il ajouta :
- J'espère pouvoir fabriquer quelque chose d'aussi incroyable et utile, un jour.
Utile. C'était surtout cela qui comptait après tout. Pouvoir rendre service au monde, d'une manière ou d'une autre. Voilà ce qui était important.
C'est lorsque je ramenait le sujet à mon casque que je vit un éclair de vitalité dans son regard. Il semblait bien plus sûr de lui face à une situation qui concernait un savoir plus technique.
Fascinant, en effet ! T'inquiète pas, je vis depuis plus de quinze ans avec ce masque. Je vais pas être offenser parce qu'un petit gars curieux veux en savoir plus dessus !
Je passais son Icewall à Mutius, ainsi que la baie Sitrus, et je commençais à siroter le mien.
Tu sais, moi aussi je bricole un peu. Bon, je fais surtout de la rétro-ingénierie. Je serais incapable de créer quoique ce soit comme ça. Mais toi, vue comment tu en parles, je suis persuadé que tu peux faire des choses bien plus impressionnante que simplement reproduire un appareil en le démontant. D'ailleurs, si tu veux voir mon masque de plus près, y'a pas de soucis, je veux bien l'enlever pour que tu peuisses voir comment il marche, mais je te laisserais pas le démonter cependant. Je pense que tu peux comprendre que j'y tient comme... A la prunelle de mes yeux !
Je ris un coup et je me mis à sirotais à nouveau mon cocktail.
Et puis tu sais, c'est vrai que ce masque, mais il me donne un air monstrueux... Je veux dire, pas besoin de le cacher, je sais que tu as eu peur de moi quand je me suis approché. Mais imagine si à la place de ce masque, j'avais la même technologie mais en plus petit ? Style des yeux artificiels ! Je serais déjà plus sympathique que maintenant. Et puis, tu n'as pas à t’inquiéter. Jusqu'à maintenant, j'imagine que tu n'as jamais eu accès à du matériel pro, mais si jamais on te donnais les bon outils et les bon matériaux... T'as un regard qui en dit long sur ta façon de bricoler petit ! Moi je crois en toi !
Je levée doucement mon verre avant de prendre quelque gorgé de mon Icewall.
Après, te met jamais la pression. Si tu veux inventer un truc, fait le à ton rythme. Et n'oublie pas qu'un échec n'est que le premier pas vers la réussite !
Les questions du garçon ne semblait pas embarrassé Travis, qui paraissait plutôt à l'aise avec ce sujet. Après tout, c'était lui qui avait commencé à en parler, et de façon décontracté. Il lui dévoila que cela faisait quinze ans qu'il avait ce masque, ce qui impressionna d'autant plus Pavel. Quelqu'un avait inventé un objet aussi technologique il y a autant de temps ? Voilà qui était encore plus incroyable ! Enfin, les Pokeball existait depuis longtemps aussi après tout, et c'était aussi une technologie fascinante. L'inventeur en herbe pouvait à présent se vanter de pouvoir en fabriquer, ce qui n'était pas à la portée de tous le monde, mais ce n'était que le début de ses ambitions.
L'homme au masque lui parla ensuite de ses propres compétences. Pavel n'avait aucune idée de ce qu'était la rétro-ingénierie, mais il hocha la tête malgré tout, ne voulant pas passer pour un idiot. Il n'avait pas fait d'étude après tout, ce qu'il avait apprit, il l'avait apprit lui-même, en bricolant dans son coin. Travis lui proposa de regarder plus en détail son masque, mais sans le démonter, ce qui ne manqua pas de décevoir légèrement le garçon. Il aurait adoré décortiquer le fonctionnement précis de l'engin ! Il comprenait toutefois les réticences. La suite de la tirade de son interlocuteur interpella le jeune homme, qui se permit d'intervenir :
- Non non vous n'êtes pas monstrueux ! Enfin c'est sûr que le masque fait un peu... Un peu peur mais euh... Il donne un air cool aussi, non ? Il fait Super Héros, comme dans les comics.
Sourire un peu enfantin. Voilà la première phrase de toute la conversation que Pavel parvenait à sortir sans bafouiller péniblement comme un imbécile, et c'était pour parler de super héros. Pas vraiment brillant. Il reprit son verre et le termina, la gorge soudain très froide à cause de la boisson sucrée. Les paroles de Travis le touchait, sans doute bien davantage que ce que l'adulte imaginait. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui parle ainsi. Avec moins d'assurance, il ajouta :
- C'est gentil en tous cas. Ce que vous dites. J'espère que je serai à la hauteur.
Si Travis semblait capable de parler beaucoup, et longtemps, Pavel était bien l'inverse absolu. Il peinait toujours pour sortir quelques phrases, souvent maladroitement, et sans grande envergure.
Tout en retirant mon masque, je put, avant de le déconnecter, voir le regard déçut du jeune homme quand au fait qu'il ne pouvait pas l'analyser plus en détails. Me retournant pour sortir un bandeau et pour qu'il ne voit pas mes yeux, je serré le morceau de tissus sur mes globes oculaires, cachant par la même ma blessure.
Ne t'inquiète pas, je ne vis pas mal le fait que les gens ont du mal à s'identifier à moi d'un simple regard. C'est pas pour rien que je suis aussi avenant ! Mais bon, c'est vrai que ça fait un peu super-héros. Mais après t'inquiète pas petit. Tu seras à la hauteur ! A partir du moment que tu décide d'inventer un truc, tu es à la hauteur ! Ne laisse jamais personne ne te mettre la pression ! Tu dois créer à ton rythme !
Je posais mon masque sur la table pour que le jeune puisse voir comment il fonctionne. Puis montrant les point d'accroches aux extrémités de mon appareil, je dit :
Là, c'est un point d'attache, pour maintenir le masque en place. Il s’accroche ici !
Je soulevais un peu mes cheveux pour qu'il puisse voir la partie métallique greffé à ma tempe.
Et puis tu sais quoi ? Tu m'es sympathique ! Je te donne le droit de retirer ces partie là de mon masque !
Je lui montrer, tout en tâtonnant un peu, les partie qu'il pouvait démonter, n'étant pas compliqué à remettre en place.
Je suis sur que tu pourras faire un peu de rétro-ingénierie avec ce masque !
Je lui souris et je continuait à boire ma boisson.
Lorsque Travis retira son masque, Pavel détourna le regard avec pudeur, ne voulant pas gêner son interlocuteur. Il avait la sensation que ce qu'il y avait sous le masque ne le regardait pas - sans mauvais jeu de mot. Il ne voulait pas voir les blessures que l'homme avait pu recevoir, ou même deux yeux aveugles et blancs. Cette image était un peu trop cauchemardesque à son goût. Il le laissa donc se couvrir d'un bandeau, et prit délicatement l'objet entre ses mains, l'observant avec fascination. Des petits capteurs se trouvaient du côté qui touchaient le visage, et des émetteurs semblaient se positionner sur les tempes. Le casque scannait sans doute une image et l'envoyait directement au cerveau de Travis... Malin ! Et révolutionnaire. Avec ce genre de technologie, il était possible de redonner l'usage de ses bras ou de ses jambes à quelqu'un, et les sensations de toucher qui allaient avec.
Le grand gaillard continua ses paroles encourageantes, comme s'il connaissait Pavel depuis des années et qu'il savait son potentiel. Cela ne manqua pas de faire sourire le garçon, et rougir un peu également. Heureusement que Travis ne pouvait pas le voir !
- M-merci c'est vraiment... Vraiment très gentil. De croire en moi. Dit-il d'une petite voix.
Il lui autorisa ensuite à décrocher certaines parties du masque, ce que le jeune homme fit sans se faire prier. Avec sa délicatesse habituelle, il ouvrit le boitier, et découvrit à l'intérieur de nombreux fils. Complexes tout ça ! Mais passionnant. Pavel poussa un soupir d'admiration, et se retint de mettre sa tête entièrement à l'intérieur. Il ne voulait pas prendre le risque d'abîmer l'engin, surtout pas ! Pas alors que Travis lui avait fait confiance pour le démonter partiellement.
Pavel posa le masque sur la table, et regarda enfin plus attentivement son interlocuteur, en silence. Il dégageait tant de gentillesse, de bienveillance et de décontraction... Il en avait sans doute bavé, pour s'être retrouvé dans cette situation. Un peu hésitant, l'inventeur en herbe finit par reprendre la parole, toujours aussi timidement :
- Comment vous euh... Comment c'est arrivé ? La perte de votre vue, je veux dire. Si ce n'est pas indiscret bien sûr !
Il espérait que cela ne ramènerait pas Travis à des souvenirs malheureux, mais sa curiosité avait prit le dessus.
Alors que la pénombre m'entourait, je ne put m'empêcher de sourire en entendant les bruits de ses mains contre le métal. Il aimait vraiment ça, analyser les choses. Puis, il remercia, cachant mal le fait qu'il avait été vraiment touché par mes paroles. Même sans mes yeux, je pouvait savoir qu'il devait être cramoisi vue son ton.
Pas besoin de me remercier, petit !
Et tandis qu'il ouvrit mon masque, je pensait que ça devait être bien plus simple pour lui d'en comprendre le fonctionnement, vue qu'il n'avait pas besoin d'avancer à tâtons dans les partie du masque pour savoir ce que tel fils faisait. Vraiment, il avait de la chance de le voir avec ses yeux !
Puis, je fut surpris par sa question. Non pas que je n'aime pas en parler, mais ça m'étonnait que lui me le demande. Il devait bien ce doutait que c'était une histoire assez tragique ? Enfin, je n'avait pas de problème à la conter, mais ne voulant pas le traumatiser, j’évitais certain détail.
Non, non, ça ne l'est pas ! Par contre, c'est pas une histoire très ragoutante, donc je vais te faire la version soft, je voudrais pas te traumatisé. Pour faire simple, mon père c'est fait tué devant moi il y a 20 ans, ici, à Lumiris. Et le mec qui l'a tué m'as privé de la vue d'un coup de couteau. Puis, j'ai été pris dans un tremblement de terre à Joliberges... Me demande pas comment je suis arrivé d'ici à là-bas, j'en ai aucune idée moi même. Et puis j'ai été recueillit par un ami à mon père et j'ai obtenue ce masque à l’hôpital. Ah oui, ma mère été morte depuis longtemps, et je n'avait pas vraiment de famille, vue que les parent de mes parent était tous mort et il n'avait pas eu d'autre gosse. Enfin, c'est le passé ça !
Je lui fit un sourire pour le rassurer, tandis que Mutius était dubitatif quand au fait que j’eus conter l'histoire. Mais ce fut à mon tour d'être curieux.
Et toi, pourquoi tu n'aime pas cette ville ? Pourquoi tu avais ce regard meurtri en venant ici ? Ça à l'air d'être une ville charmante, pour une capitale...
Effectivement, comme il aurait pu s'en douter, le récit de Travis ne débordait pas de joie. Il avait vu son père mourir, et avait ensuite été handicapé par son meurtrier. Quelle histoire tragique ! Pavel se demanda aussitôt ce qu'il était advenu du tueur. Avait-il été condamné pour son crime ? Quelle terrible injustice ! Enfant se retrouvant orphelin à cause de l'acte ignoble d'un fou... Il ne parvenait à l'imaginer. Pourtant sa propre histoire n'était pas rose, mais curieusement il avait réussi à s'émanciper de la tristesse. Sa mère avait cessé de lui manquer il y a longtemps, et il n'éprouvait aucun sentiment pour son père, ignorant s'il était encore en vie.
Travis semblait lui aussi assez décontracté, il n'avait pas narré son histoire avec dramatisme ou détresse. Il le disait lui même : c'était le passé. Comment parvenait-il à se montrer si détaché ? Pavel ne pouvait qu'éprouver de l'admiration et du respect face à cet homme que la vie n'avait pas gâté, mais qui lui offrait aujourd'hui un grand sourire, et beaucoup de bienveillance.
- Je suis désolé pour tout ce que vous avez vécu. Murmura-t-il d'une toute petite voix.
Il s'en voulait d'avoir posé ces questions à présent. Il ne s'était pas attendu à un tel récit, il devait bien le reconnaître ! Un éclat de verre dans les yeux par accident, une exposition trop forte au soleil, une maladie génétique... Il y avait bien d'autres raisons pour expliquer la cécité, mais celle de Travis était probablement la pire. Ce dernier le questionna alors sur son propre malaise, quant à cette ville. Pavel entortilla ses doigts entre eux, de nouveau hésitant. Comment raconter son histoire ? A côté de celle de son interlocuteur, il avait l'impression d'être un pleurnichard !
- O-oui c'est une très belle vie, évidemment... C'est juste que je... Je n'étais pas venu ici depuis longtemps et euh...
Le garçon baissa la tête, se sentant rougir de plus bel. Travis lui avait parlé avec sincérité, il lui avait offert son récit, sans honte, sans gêne, avec une honnêteté bouleversante. Pavel lui devait bien la même chose. Même si c'était dur, même s'il avait peur, même s'il avait passé une grande partie de sa vie à essayer d'oublier tout ça. Il devait le faire. Il prit une grande inspiration, et se décida à ouvrir la bouche.
- Je suis né ici. Mes parents... Enfin mon père est parti, quand j'étais tout petit. Et ma mère, elle était malade. Dépressive. Elle a été placé en hôpital psychiatrique, et on m'a confié à mon oncle et ma tante, à Kishika. Finalement ma mère est morte, quand j'avais 10 ans. Mon père habite peut-être encore ici, ça je ne le sais pas. Et peut-être qu'au fond j'ai peur de le savoir.
Pour une fois, il avait réussi à enchaîner plusieurs phrases sans bégayer, sans hésiter, mais sa voix s'était tout de même brisée sur sa dernière phrase. Une larme coulait désormais sur sa joue, et il retenait difficilement un hoquet. Il attrapa sa serviette et s'essuya rapidement, honteux.
- Je suis désolé. Vous avec tout ce que vous avez vécu vous... Excusez moi.
Lorsque le garçon dit qu'il était désolé pour mon passé je lui fit un grand sourire et lui ébouriffé un peu les cheveux.
T'inquiète pas, Pavel. Je n'ai jamais eu de mal à en parler et ce n'est pas de ta faute. Tu étais pas née à cette époque, ne te morfond pas pour ça !
Puis Il me raconta son histoire. Que dire ? Il était si jeune ! Et il avait vécue ça ? Et vue comment il le racontait, cela faisait depuis longtemps... Mutius vint vers le garçon lui tenant la main pour le réconforter, tandis que moi... J'avoue avoir lâché quelque larme... Oui, ok, je suis un grand émotif, surtout par rapport aux autres ! Mais que voulez-vous ! Mettez-vous à sa place ! En plus c'est ridicule, parce que comme mes glandes lacrymale sont un peu percé, quand je pleure parce que je suis triste, ça fait des grosses larmes de crocodiles...
Whoa... une seconde.
Je pris le revers de ma manche et je m'essuyait les yeux.
Heureusement que j'avais pas mon masque, sinon il serait noyé.
Dis-je tout en ayant un rire nerveux. Puis ayant essuyé mes yeux, je me mis une petite tape sur les joue et je sourit à nouveau.
Écoute moi Pavel : ne laisse jamais personne te dire que ta peine c'est rien comparé à la tienne. La douleur, c'est pas une compétition. Moi, quand j'ai découvert la vérité pour mon passé, j'avais un nouveau père aimant, des amies, un boulot et même quelques expériences amoureuses. J'avais eu une vie quoi. C'était tellement plus simple d'encaisser tout, même si je t'avoue qu'au début, j'étais pas sortable. Et puis regarde Mutius. Il est venue naturellement te rassuré, mais de nous trois, c'est celui qui à vécut le plus de chose horrible, croit moi sur parole. Et pourtant, regarde-le ! Mais toi... Tu es si jeune. Et tu as vécut tout ça ? C'est normal que tu soit en peine, elle est plus que légitime. Et même sans ça, c'est normal que tu en souffre. Et ce quoi qu'en dise qui que ce soit.
Tout en disant cela, je fit une tape amicale sur la tête de Pavel.
Et puis, tu veux savoir ? De nous deux, tu dois bien être le plus courageux ! Regard, j'ai attendu 20 piges pour revenir sur le lieu de la mort de mon père. Toi, tu y es une poignée d’année plus tard. Alors bon, je me sentirais pas légitime de te dire que ma peine est plus grande !
Je rit encore une fois, tout en commençant à dirigé mes mains vers mon masque.
Nous continuâmes à parler, puis, vint le moment ou nous dûmes nous séparé. Nous nous saluâmes tout deux et nous partîmes chacun de notre côté. Je risque pas d'oublier ce petit de si tôt !
Rejoins la famille !
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Nephilith pour EPICODE.
