C'était une nuit calme de pleine lune, dans un quartier résidentiel plutôt aisé de Lavanville. La brise y était agréable et on pouvait entendre quelques bruissements de petit pokémons nocturne, caché dans la végétation environnante. Je m’aurais bien laissé tenté par un petit somme, sur cette large branche où je me trouvait si ce n'était cette mission qui m’avait été confié, personnellement, par mon commandant.

D’où j'étais posée, j’avais une vue privilégiée sur cette grande villa plutôt bien sécurisé. Tout était en ordre, mais par précaution - et parce que je m'emmerdait un peu - je vérifiais une dernière foi l’ensemble de la documentation préparé par les soins de la Team Rocket. L'heureux propriétaire était le Professeur Markov, expert scientifique dans le domaine de la génétique pokémon, et l’objet du larcin était le contenu d’un coffre-fort au fond de son bureau, au premier étage. La villa était équipée d’un système de détection d’intrusions, mais pas de caméra de surveillance. Par contre, un ponchien plutôt territorial était stationné dans le jardin. J’avais également le modèle du coffre, les habitudes du professeur et un plan de la villa. Une équipe avait collecté tout cet intel en amont, m'épargnant une bonne part de la besogne. Cependant c'était mon travail de découvrir comment entrer et commettre le larcin. Le système de sécurité de la villa était plutôt sophistiqué et franchement trop chiant à désactiver, et trop risqué. Par contre le système avait une faille. Pour que le ponchien puisse entrer et sortir librement de la maison, une des portes d’entrée était équipé d’une chatière qui ne s’ouvrait qu’à la présence de son collier. Ça allait être un jeu d’enfant!

Je finissais d’enfiler ma longue tignasse cramoisi dans mon bonnet pendant que j’observais le sujet, visible à travers sa fenêtre. En ce moment, il travaillait dans son bureau, mais bientôt il redescendra pour une pause thé d’environ quinze minutes, devant son émission favoris. Cette opportunité passé, il n’y aurait plus aucun moyen de rentrer dans la pièce sans déclencher l'alarme. Machinalement, je jetais un œil à ma montre, lançant un énième soupir. Encore dix minutes avant l’intervention. J’avais le temps d’engloutir un petit paquet de Dorayakis.

La petite sonistrelle revenait enfin de son tour de repérage. Elle avait bien repéré le ponchien et tout était en ordre, mais elle était revenue avec une mine plutôt contrariée. Cela me faisait beaucoup de peine de la voir dans cet état.

- Hum.. Tu me boude parce qu’on doit faire ces sales besognes pour la Team Rocket? - Effectivement, même si on n'en faisait pas partie, on n'était que de simples chiens de cet organisation, des salle cabots obéissant. - Moi aussi ça me donne le cafard, mais je n’ai pas vraiment le choix, j’ai cette maudite dette à payer… je suis désolé de t'entraîner dans ce bordel. - Confiais-je d’un ton sincèrement désolé et gênée, mes mains venant instinctivement toucher mes cheveux, mais ils étaient déjà cachés sous le bonnet gris foncé.

À peine j’avais prononcé mes mots que la petite chauve-souris s’agita aussitôt, secouant frénétiquement la tête d’un côté à l’autre comme pour dire “non, ce n’est pas ce que je voulais dire!”. C'était juste que notre situation était injuste... Le monde est injuste.

- Hey, t’inquiète! Plus nous travaillerons dur et plus vite je rembourserais cette saloperie de dette, et on sera enfin libre. On y arrivera Yuka, Promis! - M’exclamai-je pour la motiver.

Sa petite mine triste était redevenu rayonnante, mais moi même j’avais un petit pincement au cœur, car au fond je savais que ce ne serait pas aussi simple que ça. On se partagea les derniers Dorayakis pour nous réconforter et on s’attela à la besogne.

Le professeur se levait finalement pour sortir de la pièce, c'était le moment d’avancer. Je passait le flacon de poudre dodo à la sonistrelle et elle s’envola pour accomplir la première étape du plan. Je n’avais plus qu’à attendre son signal. Le plan était d’une simplicité qu’il se dessinait de lui même. Yuka n’avais qu’à verser la poudre dodo sur la truffe du pokemon chien pour le neutraliser et récupérer son collier. C'était comme toucher deux roucools d’une seule pierre! J’entendis le signal et entra à mon tour dans le jardin. Je retrouvais les yeux ambrés de mon partenaire, luisant dans la nuit, détacha le collier du cabot et on s’empressa vers la porte d'entrée.

De près, l’ouverture semblait un peu plus étroite, mais j'étais confiante car sur ce coup, ma petite taille allait s’avérer être une force. Si la tête passe, le reste passera aussi, pensai-je avec triomphe, mais plus les secondes passaient, plus je me demandait si c'était réellement une bonne chose…. Aussitôt dit, aussitôt fait, je me trouvais à présent à l'intérieure de la villa. Je laissait passé la sonistrelle, mais mon amour propre, lui était bien resté à l'extérieur. Deux divisions plus loin, on pouvait entendre une bouilloire siffler. Personne ne nous entendrait monter à l'étage. Encore dix minutes, on était dans les temps.

Le coffre-fort était bien à sa place au fond de la pièce, cependant, quelque chose d’autre attira mon attention. Entreposé sur une étagère se trouvaient plusieurs squelettes, coquillages et feuilles préservées dans la pierre, de magnifiques exemplaires d’organismes venu du passé.

- Yuka, tu pense que ça peut se vendre chère?

Plutôt ravi de ma trouvaille, je déposais machinalement mon sac sur le sol, et attrapa un premier fossile, celui en forme de volcaropod car je trouvais le motif plutôt cool. Je ne connaissais que dalle sur ces pokémons préhistorique donc j’y allais au feeling, mais je compris vite que je n’aurais pas de place pour un deuxième. Merde... J’aimerais bien rentabiliser cette expédition. N’y aurait t’il pas d’autres babioles intéressants à emporter?

La sonistrelle lui apporta sa petite trouvaille, un stylo à plume. C’était un Parker - Bien joué!

Il était temps de retourner vers le coffre-fort. Son ouverture se faisait en composant une combinaison mécanique en tournant un bouton gradué, chose simple avec les capacités lié aux ultrasons de Yuka. C’était plutôt ironique, en se débarrassant de ce pokémon, mon boss m’avait, sans le savoir, uni avec une talentueuse et précieuse partenaire. Maintenant, avec le cadran circulaire je n’avais qu’à aligner les disques pour déverrouiller ce coffre. Plus que 5 minutes, c'était un peu serré, mais je restais confiante. On y arrivera!




1 jour après

Céladopole, la ville la plus peuplée de Kanto et sans aucun doute celle où la vie nocturne était la plus mouvementé. En dehors, elle paraissait magnifique avec ses gratte-ciel élégants et épurés qui illuminent le ciel durant la nuit. Visuellement on se recevait une claque dans les yeux avec tous ces néons, ces lumières, son excentricité et toutes les activités que l’on pouvait y faire. Mais quand on commençait à y creuser un peu, c’était l’odeur du moisi qui en ressortait. Je m'étais déplacé à pied jusqu’au club à hôtesses où le commandant m’attendait. C’était le début de la soirée mais l’endroit était déjà assez rempli. Le local était loin d’être des plus luxueux, il y avait cette atmosphère feutré et une lumière tamisé typique des clubs, un brouhaha qui occultait la musique ambiante, une forte odeur de tabac, puis tous les clients étaient des hommes. Je détestait cet endroit qui me faisait rappeler que ma propre vie était un vrai bordel. Durant tout le trajet de retour, je n’avait cessé de réfléchir comment je pourrais bien sortir de ce merdier. C’était la déprime… Je me doutait que si je continuait, je deviendrais peut être trop importante pour l’organisation pour qu’ils considèrent me relâchent un jour. Peut-être que ils m'enverront de toute façon flotter avec les magikarps une foi la dette payé, vu que je savais trop de choses. Peut-être que ma seule chance de survie était de me rendre indispensable et irremplaçable et de rejoindre l’organisation… Je ne voyais vraiment pas comment je pourrais racheter ma liberté.

Je me décidait enfin de m'engouffrer dans la foule, direction l’arrière du club, vers une porte où on pouvait lire “privé” sur une plaque métallique. Comme d’habitude, je frappa trois coups à la porte et donna le mot de passe. Comme pour me réconforter, je jeta un dernier regard vers la pokéball de Yuka. Souhaite moi bonne chance.

Après avoir descendu quelques marches, on m’emmena dans une pièce où mon commandant, Mr. Koga, m’attendait déjà.

- Sherry, est-ce que tu nous a apporté les documents?

Je lui montrais alors la clé USB que j'avais trouvé dans le coffre-fort. Je pu vite comprendre l’importance de son contenu par la tête de satisfaction de mon boss, à la vue de cette dernière. Cela expliquait aussi pourquoi j’avais dû la lui remettre en personne.

Sans rompre mon silence, je déposais la clé USB sur la table, puis une enveloppe avec mon paiement hebdomadaire. Finalement je m'assis sur le sofa juste en face de cet homme intimidant, vêtu d’un smoking noir et portant une paire de lunettes teintées.

- Super! Qui aurait cru que la fille nous serait plus utile que son paternel. - Balança-t-il en rangeant la clé USB dans une poche interne de sa veste - Qui sait, peut-être que tu aurais du succès si tu voulais intégrer l’organisation.

Tss.. Mais qu’est ce que je le détestais ce type! Cependant je me gardais bien de jeter mon venin, pas sur lui. De plus, il ne faisait que confirmer mes craintes. Ils veulent vraiment me recruter... Mr. Koga s'alluma une cigarette, ignorant volontairement ma grimace, puis se mis à compter les billets qui n’étaient que des miette en comparaison avec ce que je leur devais. Pendant ce temps, je me perdis à nouveau dans mes pensées... Je pourrais accepter mon destin de criminel, intégrer l'organisation et me laisser engloutir par les ténèbres, c’était une option... cependant je ne m'identifiais pas du tout à eux, ni à leurs objectifs. Qu'importe si je continuerais les méfaits, après tout c’était la seule chose que je savais faire, je voulais juste me libérer de la Team Rocket et commencer une nouvelle vie. Mais cette saloperie de dette m'en empêchait, j'avais l'impression que jamais de mon vivant je pourrais la rembourser, même avec tous les boulots "payés" que je faisait pour eux... Et même si, par je ne sais quel miracle, j'y arriverais, c'était sûre qu'ils ne me laisseraient pas filer si facilement. Peut-être que je devrais devenir plus forte. Après tout, dans ce milieu mafieux, le seul langage qu’ils comprennent après l'argent, c’est la force. Peut-être que c'était ça la solution...

- Je veux devenir dresseur Pokémon et participer à des tournois! - Exclamai-je en me levant brusquement. Je n’avais aucune idée si c’était ce que je voulais, n’importe quelle excuse pour m'échapper était valide. C'était précipité mais il me semblait que j’avais là une bonne occasion pour lancer une telle requête - Je vous ais été très utile jusqu’à présent. Maintenant je voudrais poser mes conditions afin que l’on puisse continuer cette collaboration d’une forme fructueuse et agréable pour les deux parties. Je pense qu’il n’y as aucun mal à vouloir négocier cela. - Continuais-je avec un (faux) long sourire.

En vérité j’avais peur et je poussais peut-être le bouchon trop loin, mais j’en avais tellement marre de cette vie de chien que j’en avais plus rien à cirer. À ma grande surprise, après quelques secondes de stupéfaction, le commandant se mit à rigoler, pris par un fou rire plutôt effrayant. Je m’assis de nouveau, tentant tant bien que mal de maintenir mon sourie, pour me montrer confiante, puis il me regarda un peu plus sérieusement.

- Si je serais toi, je n’abuserais pas trop de ta chance, haha, non mais quel culot. Je ne suis pas sur que tu sois en position de faire des exigences... Alors, tu voudrais te lancer dans la course aux badges, c'est bien ça? - Puis il se calma, comme si il venait de se rappeler de quelque chose. - C’est peut être ton jours de chance, il se peut que j’aie quelque chose pour toi. - Puis il se releva et s'éloigna ver la porte qui donnait vers son bureau personnel. - Tu reste bien sage ici, le temps que je passe un coup de fil au Boss.

La porte se ferma derrière lui et je ne pu m’empêcher de pousser un immense soupire de soulagement, m'écroulant sur le dossier du canapé, tant la pression était grande. Merde, il allait vraiment en parler avec THE Boss? Il était sérieux? Ou est-ce qu’il bluffait et il allait m’envoyer nager avec les sharpedos? Après tout je n’avais jamais eu beaucoup de chance dans ma vie, cela ne m’étonnerais même pas. Quand j’y pense…

C’est vrai, la vie ne m'avait pas fait de cadeaux dès mon plus jeune âge. Sans m'en rendre compte, je repensais à mon père qui, de son vivant, était un député et ma mère qui nous avait abandonné peu après ma naissance et qui m’était complètement inconnu. J’avais toujours supposé qu’elle était partie après avoir découvert la supercherie qu'était mon père. Il se pavanait à exhiber une énorme richesse, par pur vanité et pour le statut, mais toute cette opulence n'était qu’une façade car pour y arriver, il croulait littéralement sous les dettes. Je me revoyais seule, avec un père totalement absent, de plus en plus accro aux jeux de casino, puis le jours où on m'annonça qu’il fut trouvé sans vie dans sa voiture, intoxiqué au monoxyde de carbone. Comme si mon malheur ne suffisait pas, j’ai vite appris que cet enfoiré avait contracté une énorme dette auprès de la Team Rocket et pour ces derniers, la dette était automatiquement transférée sur moi. On m’avait laissé choisir, soit je serais vendue je ne sais où pour payer cette dette, soit je travaillerais pour la Team Rocket et payerais de mon travail. En vrais, on ne m'avait pas vraiment laissé le choix.

Au début ce fut la misère, on me demandait de commettre des larcins car, comme j’était encore qu’une gamine, la police ne pouvait pas faire grand chose. On me donnait alors des missions de vol de plus en plus compliqué, exprès pour que je me loupe et on me mettait également la pression pour les paiement, tout en devant me démerder seule car, les premières années, j'étais dans la rue. Je réalisais à quel point, dès mes 14 ans, j’avais dû redoubler d’astuce et me surpasser pour survivre, C’était bien grâce à ma détermination que j’était devenue une voleuse aguerri...

Mais qu’est ce qui me prend? Je vois ma vie défiler devant mes yeux maintenant? Peut-être était-se le coup de la fatigue, pensais-je en me frottant le visage, pour me reprendre et effacer ces maudites mémoires. L’idée de déguerpir tant qu’il était encore temps me traversa encore l’esprit, mais la porte se rouvrit peu de temps après et Mr. Koga s'installa de nouveau en face, étalant plusieurs documents et une carte géographique devant moi.

- Est-est ce que tu connais cette région? - Me demandai-t-il d’un ton sérieux, pendant qu’il s’allumait une deuxième cigarette. J'hochais négativement la tête, ces îles ne m’étaient pas spécialement familières. - Lumiris. La Team Rocket a l’intention d’implanter une branche dans cette région, mais apparement une autre organisation y serait déjà implanté, la Team Mistral. Les informations que nous avons sur ce groupe sont limités mais il est probable que leur présence soit un problème pour nos plans d'expansion. Tu iras donc t’installer sur cet archipelle et tu pourra utiliser la couverture que tu voudra, libre a toi de te lancer dans le dressage de pokémons tant que cela ne compromet pas ton travail. Dans un premier temps, ta principale mission sera de dénicher des d’informations concernant leur fonctionnement interne, leurs domaines d'activité, leurs membres, des rumeur sur leurs sujets... Tout! Tout devra être reporté au Q.G., sans exception! - Il fit alors une pause pour prendre une longue bouffée de sa clope, me laissant un moment pour digérer toute cette information. - Si tu te montre utile et que cette opération s'avère être un succès, je pourrais te proposer une belle position au sein de la Team Rocket et je pourrais même m'arranger pour faire effacer cette dette que tu as hérité. Par contre, ne pense même pas à en profiter pour t’enfuir ou pour nous trahir. Je mettrais tous les moyens pour te retrouver... - Son regard s'était assombri un instant pour bien me faire comprendre le message, puis il repris aussitôt un large sourire comme si de rien n'était. - Cela me parait être un bon compromis, tu ne pense pas, Miss Komori? Est-ce que tu accepte ce travail?

Cet enfoiré me laissait sous-entendre que je pouvais choisir, comme si j’avais vraiment le choix...

- J’accepte et je ferais de mon mieux ! - Lançais-je, en lui rendent son faux sourire.

- Bien. Tu recevra demain un dossier plus détaillé et ton billets d’avion par la méthode habituelle. Tu partira d’ici trois jours. Je te souhaite un bon voyage. Ne me déçoit pas.

Je le remercia pour sa “gentillesse” et me hâta de quitter cette salle, puis l’établissement pour reprendre enfin de l’air frais. Je réalisais à peine ce qui venait de se passer, mais les documents et la carte dans mes mains étaient la preuve que je n’avais pas rêvé. Je m'empressais de cacher cette paperasse et alla m’installer sur un banc dans le parque le plus proche, pour me poser un peu et essayer de comprendre toutes les implications de ce changement. Petit à petit, je réalisais qu’en fin de compte, ils m’avaient donné plus de longueur à ma laisse. Je n'aurais pas pu espérer un meilleur résultat. J’allais pouvoir m’asseoir dans la pénombre, toujours avec un pied dans le monde l’ombre, mais pour une première fois, enfin, une partie de moi pourra goûter à la vie dans le monde du jour. J’allais prendre pour la première foi l’avion, quitter cette maudite ville et partir à l’autre bout du monde, dans une région que je ne connaissais que de nom. Et surtout, j'allais pouvoir m’entraîner, moi et ma future équipe de pokémons, afin de devenir plus fort pour un jour espérer pouvoir regagner ma liberté.

C’était effrayant et tellement excitant en même temps !