Citation :

Là, au milieu du chaos, Yukiya pouvait encore voir des gens se précipiter hors de la centrale. Certains étaient blessés, plus ou moins gravement. Le bâtiment fumait encore. Il pouvait aussi entendre les sirènes des voitures de police et des ambulances. Lui, il était resté là, immobile, le temps de reprendre son souffle. Puis, on était venu lui parler, s’assurer de son état. Le Pulsar avait répondu que ça allait.

On ne pouvait pas dire qu’il était ressortit indemne de ce cauchemar trop réel. Il se souvenait. Il voyait encore clairement cette scène horrible, dans cette cuisine. Cette otage. Celle qu’ils n’avaient pas pu sauver. Il pouvait encore sentir l’odeur du sang, de la mort. Ses souvenirs étaient parfaitement net et précis. Et ils resteraient encore longtemps. Peut-être même qu’ils ne s’effaceraient jamais. Alors oui, psychologiquement, Yukiya avait été marqué par tout ce qui venait de se passer.

Mais physiquement, il allait bien. Vraiment. Il était en vie. Il n’était même pas blessé. De ce côté-là, il faisait partit des plus chanceux. Cela dit, on lui avait quand même conseiller de se reposer.

Se reposer…

Il ne pouvait pas. Pas encore. Parce qu’il devait savoir. Il devait savoir si quelqu’un avait retrouvé Aria. Si elle allait bien. Après un moment, son regard se détourna de la centrale et il vit des gens au loin. Des gens retenus par des policiers. Probablement des familles attendant des nouvelles de leurs proches. Et son cœur se serra en songeant que parmi elles, il y avait peut-être celle de l’otage qui été malheureusement décédée dans la cuisine. Alors, le jeune homme détourna le regard à nouveau.

Mais si lui ne voulait pas se reposer, ses compagnons en avaient le droit. Alors, il proposa à Kibo et Yashiro d’entrer dans leur Poké Ball.

« Kibo, Yashiro, venez, vous avez bien mérité un peu de repos. »

Mais la réponse fut négative de la part des deux Pokémon. Et Yukiya ne voulait pas les rappeler de force. Alors, il les laissa rester auprès de lui.

Il commença à se mettre en mouvement. Ce n’était pas en restant planté là qu’il aurait des nouvelles d’Aria. Regardant tout autour de lui, il faisait bien attention à ne surtout pas gêner les médecins et infirmiers qui allaient et venaient entre les blessés.

Et alors qu’il avançait, il finit par apercevoir un homme accompagnait d’un Grahyèna et d’un autre Pokémon qu’il ne reconnut pas. Alors, le jeune Pulsar vint doucement dans sa direction, toujours soucieux de ne bousculer personne par mégarde. Pour le coup, ce ne fut pas par curiosité pour ce Pokémon. Ce n’était ni le moment, ni l’endroit.

« Excusez-moi ? Je cherche une jeune fille. Elle s’appelle Aria. Elle a de longs cheveux blonds et des yeux bleus. Et elle est accompagnée d’un Doudouvet. Est-ce que vous l’auriez aperçut, par hasard ? »

Sa voix était calme. Mais on pouvait y déceler de l’inquiétude.

Derrière lui, son Gallame chromatique s’inclina respectueusement devant le lieutenant Callaghan, tandis que l’Absol se contentait de rester sagement aux côtés de son dresseur.

Conclusion (précipitée) des événements pour le groupe de la Salle d’Opération.

La foudre et le chaos. Les ordres fusaient de toute part. Les membres du groupe d’opération étaient séparés par les pokémons ennemis. Les écrans pulsatiles affichaient le temps restant avant l’explosion. Le combat devait s’achever maintenant, où ils périraient tous.
Un cri strident retentit ! Magnézone s’effondrait finalement sous leurs assauts. Les flammes conjuguées de Caninos, Granbull et Malamandre l’avaient réduit à l’état d’une carcasse de métal fumante, trop harassée par la chaleur pour se déplacer à nouveau.

VS

C’était l’occasion ! Avant que Diomède ne choisisse un nouveau pokémon, il fallait frapper maintenant.
Chacun des pokémons de l’Admin Mistral était si puissant qu’il fallait littéralement leur opposer trois adversaires pour espérer en venir à bout.
Astelle serra les dents. Dans son dos, Mysdibule, Manternel et Nanméouïe tenaient encore tête au Téraclope du chercheur.

 VS

Pas le temps de réfléchir davantage, la petite postière s’élança. Ses chaussures cirées claquèrent sur le sol, puis sur la carcasse métallique et enfumée du Magnézone. Les vapeurs ardentes qui émanaient de son corps lui brûlèrent la peau.

…mais surgissant ainsi de la fumée, Diomède ne la vit pas venir.
Pas avant qu’il ne soit trop tard.

Bondissant, un œil fermé pour mieux viser, elle cibla le torse de l’Admin Mistral.
La gueule du Minidraco – juché sur son poing – s’ouvrit sur l’éclair de lumière pourpre d’un tir de Draco-rage.
— Feu !

L’orbe d’énergie draconique explosa à l’impact, envoyant Diomède s’écraser contre le panneau de commandes. Insuffisant. La capacité Draco-Rage se libérait rapidement, mais sa force de frappe laissait à désirer. Réajustant sa visée, Astelle se prépara à tirer une seconde salve.
Son regard clair ne faisait montre d’aucune hésitation.
Cet individu devait être arrêté à tout prix.

Diomède intercepta le second tir d’un lancer de pokéball.
— Type : 0, Giga-Impact !
La Draco-Rage parut ricocher sur la forme sombre qui se libérait dans un éclair de lumière rouge.



La créature composite profita de son élan pour charger la petite postière.
Elle l’expédia négligemment au sol, lui arrachant un cri de douleur.
Et puis l’enfer se déchaîna.

Engourdie, désorientée, Astelle n’est pas bien sûr de ce qui arriva ensuite.
Les cris retentissaient tous-azimuts. D’humains et pokémons. De colère et de désespoir.
La jeune fille se tortilla à terre, essayant de se relever. De sa propre initiative, Minidraco avait encaissé la majeure partie de l’impact en réagissant avec Abri… mais la différence de force était telle que sa dresseuse avait été expulsée avec violence. Son dos avait… heurté une table, peut-être ? Il y avait eu un craquement de bois brisé. La douleur était comme une éruption dans sa colonne vertébrale.

Les yeux ouverts et noyés par les larmes, pourtant, elle cherchait du sens au spectacle de carnage qui se déroulait sous ses yeux.
Quel était ce pokémon ? Le feu, la foudre et la glace d’une Tripplataque rugirent. Comme doté d’un sixième sens, il contra la capacité avec laquelle on cherchait à le prendre à revers, et libéra un Rayon Signal sur l’assaillant. Trop fort. Trop rapide. Le regard sans aucune émotion.
Juste une machine sous l’emprise de Diomède. Une arme taillée à la mesure de ses ambitions.

L’Admin Mistral ne semblait tirer aucune satisfaction du massacre. Se redressant, il palpa sa veste de chercheur à gestes précipités, comme s’il cherchait quelque chose, et en extirpa une petite télécommande.

— Intacte… heureusement, souffla Diomède.
D’une pression sur un simple bouton, il désactiva les bombes, non sans un regard dédaigneux à l’égard d’Astelle.

— Tu as failli tous nous tuer, petite idiote.

Impossible de l’arrêter, ni lui, ni le pokémon casqué.  
Récupérant ses pokémons vaincus, Diomède se fraya tranquillement un passage en enjambant les corps inanimés de ses adversaires.

C’était terminé.
Nul ne pourrait empêcher sa fuite.
Astelle serra les poings de frustration.
Il ne pouvait pas gagner.
Ça ne pouvait pas se finir comme ça.
Il ne pouvait pas simplement fuir. Pas après tout ce qu’il avait fait. Tout le mal qu’il avait causé ici.

L’image de Manon, enchaînée au siège d’exécution, un révolver sur la tempe, fit remonter de ses entrailles un hurlement de frustration. Son dos lui faisait souffrir le martyre. Astelle ne sentait plus ni les ecchymoses, ni les brûlures sur ses bras et ses jambes.

Pourtant, la jeune fille se releva.
Auréolée d’une lumière radieuse, un dragon rose soutenait son corps meurtri.
Deux grandes ailes immaculées déployées.
L’énergie mystérieuse de l’évolution crépitait sur ses écailles.

— Senpai ! supplia Astelle.
— C’est inutile, prévint son adversaire.
Mais Astelle pensait sincèrement qu’on ne pouvait pas le savoir avant d’essayer.
Soutenue par le dragon, elle s’élança.

***

Quand Astelle reprit ses esprits…
...quand les sons, les couleurs et ses propres pensées reprirent un semblant de sens…
…elle pleurait à chaudes larmes contre l’épaule de Manon.

Lui agrippant les épaules.
Férocement. Désespérément.

— Il n’aurait pas dû gagner… il n’aurait jamais dû gagner.
Ses mots, entrecoupés de sanglots, tournaient en boucle dans son esprit.
Nichant son visage au creux du cou de son amie, terrassée par le regret, par la douleur.

…elle était vaincue.
...et porterait cette expérience comme une cicatrice sur le cœur.
Sa propre faiblesse lui deviendrait bientôt intolérable.