Dusk Lumiris

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❝When the sun goes down ft. Eden Winter
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Callum ignorait beaucoup plus de choses qu’il n’en connaissait.
Parce que jamais il ne s’était intéressé, parce que jamais il n’avait tenter de transcender ses propres limites. Ses faiblesses, il les avait exacerbé jusqu’à en faire un prétexte, une excuse. Il se cachait derrière des capacités limitées, derrière un manque d’intérêt calqué… Alors que l’unique défaut que Callum possédait, c’était de ne pas avoir voulu essayer.
Motivé par l’orgueil autant que la honte, il s’était fermé à toute possibilité.
Il avait choisi son clan. Celui des perdants.

Et maintenant, parmi toutes les choses dont le Freylinger ne connaissait pas, on y retrouvait jusqu’à l’état de son compte bancaire.
Désintérêt total pour tout ce qui mène sa vie, pour tout ce qu’il doit considérer à chaque jour où il vit.
Callum faisait parti de ceux et celles dont le quotidien se résumait à taper sa carte bancaire contre le terminal et prier. Prier pour que ça passe, prier pour ne pas être refoulé à l’entrée.
C’est qu’il aimait vivre dangereusement l’albinos.
Il aimait la petite sensation d’adrénaline, la petite excitation qu’il tirait de l’inquiétude et du risque... Ou pas. La vérité était cent fois moins alléchante que tout les discours qu’il maintenant: Il ne savait simplement pas se gérer. Ce n’était pas nouveau ni particulièrement surprenant.
Depuis sa disparition, Callum avait cessé de prendre soin de lui-même. Il s’était jeté au second plan, avait relayer son existence au rang de simple dommage collatéral. Il s’amusait souvent à dire qu’il vivait parce qu’il le devait, pas parce qu’il le voulait. Il n’avait jamais eu d’idées sombres le soir au fond de son grenier – il ne possédait même pas de grenier – mais il s’était souvent fait la réflexion qu’il mourrait jeune.

Et ça lui convenait.
Son quotidien, le sens que prenait chacun des souffles qu’il expirait, ne lui plaisait pas outre mesure. Ce ciel était fade et insipide, dénué de tout intérêt à l’admirer plus longtemps.

« Ça va faire un total de 2413p$. »
« … Pardon? »
« 2413p$. »
« … Pour un café et un sandwich? »

Derrière la caisse, l’employé retient un soupir alors qu’elle roule imperceptiblement des yeux.
Elle voit déjà le tableau, les grandes lignes d’une situation déjà vécue par centaine de fois auparavant. Il n’est pas le premier, encore moins le dernier. Confrontant son regard à celui du client, elle acquiesce alors.
Comme si c’était sa faute à elle, comme si c’était elle qui décrétait les prix lorsqu’il était temps de statuer.

Mais Callum s’en fout.
Fronçant légèrement les sourcils, il se mordille la lèvre avec embarras et angoisse. Ce n’était pas le prix qu’il avait envisagé. Et pour celui qui n’a pas pu rendre visite à Cayden, c’est beaucoup demandé.
Malgré tout, l’albinos glisse son portefeuilles à l’extérieur de sa poche puis attrape sa carte bleue qu’il jauge un instant. Ça pourrait bien aller.
Il se fiche de savoir si son compte est à zéro, s’il n’a plus un sous à dépenser.
Il se fiche d’être dans le rouge, d’être sous plus de dettes que de liberté. Ce sont des détails auxquels Callum n’accorde aucun intérêt dans la mesure où il n’a rien à perdre. Il est au-dessus de tout ça, au-dessus des préoccupations de monsieur et madame tout le monde. Sa vie, il en a fait une cacophonie insupportable dont il ne connaît pas la sortie… Mais il s’en fout.

Retenant son souffle, il glisse enfin sa carte sur le terminal.
Pas de réaction. Comme si la machine mettait un temps monstre à réaliser ce qu’on est en train de lui présenter… Et lorsque le reçu est imprimé, c’est avec un regard ridiculement satisfait que la pauvre employée le fixe :

« C’est pas passé. »
« Doit y avoir eu une erreur, on a qu’à réessay- »
« C’est écrit « manque de fonds ». »

Et s’il y a certaines choses qu’il sait, il y en a d’autres dont il n’a absolument pas envie qu’on lui fasse mention. Redressant orgueilleusement le menton, il dévisage alors l’autre avec tout le mépris dont il est capable.
Il sent la colère monter, tente de la réprimer… Mais à quel point est-il compliqué de combattre ses plus bas instincts?

« Écoute, c’est pas à moi de payer parce que ta machine est brisée... »

L’argument n’a pas de sens, il le sait.

« Il y a sûrement un moyen de s’arranger, qu’est-ce que t’en pense? »

Il ne sait pas comment il fait pour ne pas éclater, comment il peut forcer un sourire crispé alors qu’il a tout juste envie de se mettre à hurler et tout ravager.
Callum est ridicule. Il le sait.
C’est le persona qu’il a adopté, les ridicules fondements d’une personnalité dont il aurait pu se passer.

« Je suis désolée, mais si vous ne pouvez pas payer, il faudra partir. J’ai une file de gens derrière vous qui attendent de pouvoir commander, vous les bloquez. »
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❝When the sun goes down ft. Eden Winter Edenw_10

When the sun goes down | Callum

    Lentement,
les rouages du temps s'acharnent à se mettre en place,
à construire une histoire et à le rendre réel, maintiennent l'illusion qu'on existe, qu'on avance ;
mais il suffit que l'un d'eux rouille et tout cesse,
et c'est comme si l'étrange sentiment d'être à l'arrêt était éternel.
Le temps est toujours le même.
Et caché derrière le voile qui bloque ses yeux, prisonnier du mensonge de sa mémoire, il l'oublie, le temps, Eden. Il sait plus vraiment comment il est, pour lui ça ressemble à rien. Il a pas conscience des heures qui s'écoulent ; pas conscience du jour qui change, de la nuit qui tombe. Il s'endort avec la fatigue et se réveille quand son corps le décide. C'est comme ça qu'il a décidé de vivre, de survivre sans rien pour le guider, sans rien pour l'aider. C'est ce qu'il a toujours voulu, se débrouiller sans ses yeux blessés, ignorer qu'il est jusqu'à se retrouver. Sa Lueur flottant à ses côtés, sa Brillance marchant tout près, il savait qu'il aurait toujours quelque chose pour le guider s'il s'égarait, que la raison venait à lui échapper.
    Vagabond au creux des rues sombres, Eden avance. Il le sent, souvent, le poids du regard des passants sur lui, sur son petit être fragile et sa démarche étrangement sûre. Il les devine, ces mots, ces interrogations,
« pourquoi est-ce que ce garçon a l'air si certain de lui, il ne voit rien. »
Mais Eden s'en fiche,
Eden il file au gré du vent, au rythme des sons qu'il entend, des bruits imperceptibles, des chuchotements qui servent sa cause. Un fantôme guidé par des lumières invisible qu'il n'a pas besoin de voir, parce que ce sont les seules choses qu'il ressent ; ces deux petits êtres qui se tiennent à ses côtés et qui le suivaient étaient les seules choses qui pouvaient le guider, mieux que quiconque.

    Elles étaient souvent comme ça, ses journées.
Vides, dénuées de sens. Y'avait pas grand chose qui s'éveillait en lui depuis qu'il s'était éveillé. Une curiosité vague, souvent, qui disparaissait dans la minute ; et il se perdait sans vraiment savoir ce qu'il faisait là, pourquoi il avait bougé, pourquoi il avançait. C'était son quotidien d'oublier, de s'oublier sans cesse. Il n'était plus qu'une coquille vide sans volonté propre ;
du moins c'était comme ça qu'il se sentait.
Il fallait toujours que quelque chose le pousse à agir, que quelque chose guide ses actes. Comme s'il avait été habitué à ça depuis toujours, que cette espèce de servitude étrange et malsaine était restée ancrée en lui, au plus profond de sa conscience, de son inconscience. On demandait, il faisait. Il enchaînait les petits boulots sans rechigner, sans jamais se plaindre des tâches qu'on lui confiait, même les plus difficiles et on se demandait même parfois si ce garçon avait vraiment une âme pour être si peu expressif, pour ne jamais rien dire. Les gens n'osaient même pas profiter de sa naïveté apparente pour le surcharger, parce qu'Eden, il éveillait toujours cet instinct étrange qui disait aux autres que s'ils se moquaient de lui, ils pourraient le regretter.
     Aujourd'hui, c'était pareil, pas vraiment différent des autres jours. Fort-des-songes c'était comme un petit coin de paradis,
ou une ville damnée dans laquelle il était enfermé depuis trop longtemps, dont il était tout simplement incapable de se libérer. Il en connaissait chaque recoin, chaque commerce et chaque endroit moins recommandable que d'autres, et pour peu qu'on lui accorde l'usage de la vue, il pourrait même dire qu'il connaissait chacun de ses habitants ;
il les identifiait à leur voix, à leur démarche, savait distinguer les pas.
Et la précision de son esprit l'effrayait, parfois -enfin, ça l'effrayerait s'il était seulement capable de comprendre ce que c'était, que d'être terrorisé par quelque chose.

     Une goutte de pluie tombe à l'instant où Eden pousse la porte de verre d'un petit café dans lequel il a l'habitude de se rendre ;
il a effleuré les murs du bout de ses doigts, détaillé leur texture et écouté les sons qui se dégageaient des habitations, et reconnu le tintement de la clochette qui sonne chaque fois que la porte s'ouvre. Ici les gens le connaissent, les clients comme serveur savent qui il est et il s'y rendait souvent -il était peut-être insensible mais se laissait rarement mourir de faim. Il ne roulait pas sur l'or mais avait suffisamment de quoi se permettre quelques écarts de temps en temps ; et puis faire à manger n'était pas vraiment son fort -surtout que cuisiner à faible luminosité n'avait rien de très simple.
Alors il entre, ses pas sûr mais discrets ;
il n'y fait même plus vraiment attention, c'était naturel d'avoir une telle démarche chez lui.
Pourtant il y a quelque chose qui le dérange et l'agitation n'échappe pas vraiment à ses oreilles, trop aiguisées pour manquer le moindre détail. Il devine sans mal le décor au fil des voix qu'il entend ;

une foule de clients mécontents qui se bousculent pour commander,
une serveuse un peu trop chipoteuse,
un gêneur qui a des soucis d'argent.

     
    Sous son masque Eden lève les yeux au ciel ;
ça n'est pas vraiment inhabituel comme genre de situation, mais pas réellement normal pour autant. Et lui, il écoute, tout proche, sans se faire remarquer -il sait si bien faire ça, de toute manière les gens sont plus occupé à s'énerver après celui qui les fait tant attendre. Bras croisés, le garçon soupir d'un agacement naissant -probablement feint, quand on ne sait pas comment s'exprimer on imite mais on ne fait pas vraiment.
Mais...
sur ce tableau invisible, il y a quelque chose qui le dérange.
C'est comme une détresse, une colère sourde qu'il entend dans la voix de l'inconnu, qui fait tout pour garder son calme ; mais ça n'échappe pas à Eden, peut-être parce qu'à défaut de comprendre les sentiments des autres il devine quand quelque chose va pas.
Cette colère...
c'est comme si elle éveillait quelque chose chez lui.
Pour un fragment de secondes il sent que l'agacement est réel, se dit que cette femme derrière le comptoir pourrait bien tenter de l'aider, de faire preuve de générosité plutôt que de tenter de le repousser. Et c'est plus fort que lui ; son instinct le guide et le fait avancer, doublant la file. Son attitude est si étrange, si sûre et si froide que personne n'ose lui dire un mot. Guidé par sa voix, il lève son regard masqué sur elle, elle le reconnaît. Des pièces tombent sur le comptoir, et le visage d'Eden est indifférent, vide comme il l'est toujours. Sa voix sonne, résonne, éclat de glace au milieu de la chaleur des lieux.

-Je prendrais un thé à la menthe et le même Sandwich que d'habitude. Mettez ma commande avec la sienne.

    Il désigne du bout du pouce le « gêneur » à ses côtés ;
il est plus grand, plus imposant.
La femme semble acquiescer, comme si Eden était un client suffisamment régulier pour qu'il soit digne de confiance. Personne ne dit rien, soudainement. On ne va pas reprocher à quelqu'un d'apporter son aide, ce serait injuste... Et puis, il semble le connaître, au vu de son assurance -et Eden était doué pour faire semblant.
Ici on sait qui il est,
« l'étrange garçon au bandage noir. »
Il avait entendu nombre de personnes l'appeler comme ça -c'était peut-être affectueux, il ne savait pas vraiment. Mais on ne lui refusait jamais rien.
Bras croisés, il ne lève même pas la tête vers l'inconnu. Sa commande rejoint la sienne en quelques secondes et il soupire, simplement.

-...tu peux porter le plateau ? On devrait dégager le passage, les autres clients commencent à s'impatienter.

    Il fait toujours comme s'il savait qui il était ;
après tout, il essayait de le sortir du pétrin dans lequel il s'était lui-même englué.
Il fallait simplement espérer que l'homme comprenne...
C'était rare qu'il agisse comme ça, Eden.
Dans une situation aussi futile il aurait sans doute passé son chemin, attendu comme tout le monde. Mais en entendant sa voix... c'était comme si sa colère avait résonné avec la sienne, enfoui au plus profond de lui-même ;
elle avait brisé, réveillé quelque chose en lui qui l'avait poussé à agir, au delà de ses pensées.
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Il détestait être humilié.
Callum, il avait besoin de gratter un peu d’admiration et de respect dans le regard de gens dont lui même se foutait. C’était plus fort que lui, un besoin plus viscéral encore que pouvait l’être la simple action de respirer.
Cet éclat de reconnaissance, de respect à peine mérité, le manipulait depuis qu’il était en âge de réfléchir, de réaliser l’importance de la reconnaissance pour survivre en société… Et malheureusement, c’était également lui qui l’avait achevé. C’était en son nom qu’il avait étouffé toutes ses difficultés, qu’il avait préféré une vie minable à l’esquisse d’un tableau louable.
Parce que tant qu’à être au bas de l’échelle, autant que ce soit par choix plutôt que par obligation.
Pour lui, la solution s’était toujours imposée. À l’y entendre, il n’aurait rien gagné à essayer, à tenter de respirer dans un monde qui n’avait pour dévotion qu’un désir de l’étouffer. À ses yeux, il n’existait rien au-delà les barrages que lui même s’imposait.
À ses yeux, tout mourrait une fois les murs détruits.

C’était pour se préserver, pour tenter de garder la tête haute quand rien n’allait dans sa vie qu’il avait choisi cette voie-là. Et même s’il était par mille fois incompris, Callum ne cessait jamais de s’enfoncer, arguant de ce fait du bien fondé de son entreprise et de la nécessité qu’il ressentait à être un enfoiré.

Face à la caissière, face à une situation qui ne saurait bien tourner, le martyr tente de contrôler le sifflement de sa respiration alors que sur lui se posent de nombreuses paires de yeux intransigeants.
Il détestait attirer l’attention lorsque ses actes ne le mettaient pas en lumière. Il détestait être un minable et le prouver. C’était une bassesse à laquelle il n’était pas encore prêt à se soumettre, une finalité inévitable qu’il n’avait pas encore envie d’apprivoiser.

« Je prendrais un thé à la menthe et le même Sandwich que d'habitude. Mettez ma commande avec la sienne. »

Les doigts qui se décrispent des cartes qu’ils tiennent avec force et conviction. Énervement qui laisse place à l’incompréhension alors que la voix d’un inconnu s’élève dans le silence du malaise provoqué par l’acharnement de l’indésirable.
Détournant son regard de l’employé, Callum ramène son attention vers… l’étrange garçon – est-ce seulement un garçon? – qui ose s’improviser sauveur du pauvre timbré fauché.
Le geste, loin d’attendrir le cœur gorgé de colère du Freylinger, a plutôt tendance à l’intriguer et lui évoqué une pitié dont il n’a pas besoin pour exister. Pour autant, s’il parle maintenant, s’il se dresse contre la « générosité » de son sauveur d’un jour, il sait qu’il ne pourra pas manger.
Et Callum, il a faim.
C’est sans doute ce qui alimente sa colère à défaut de son estomac.

« ... »

Callum n’a jamais su. Il n’a jamais su comment réagir lorsque quelqu’un nous tend la main, quand l’indifférence se meut sous le couvert d’un intérêt qu’on ne lui a jamais manifesté.
Il ne sait rien des motivations de cette personne, de l’étrange phénomène qui se tient juste sous ses yeux… Alors que lui ne se tient même pas sous les siens.
Parce qu’il porte un bandeau. Qui porte vraiment un bandeau comme ça de nos jours? A-t-il seulement conscience que l’invention des verres fumées est censé avoir simplifié la vie du commun des mortels? À moins qu’il ne soit aveugle?
Dans ce cas, pourquoi mettre l’emphase comme ça sur sa… particularité – pour ne pas dire défaut de fabrication?

Callum, il ne comprend pas.

Mais il s’en fout un peu à partir du moment où ils reçoivent leur commande respective sur un plateau et que l’autre s’empresse de l’inviter à le porter.
Normalement, il aurait refusé. Parce que l’impoli passe son temps à dire non, à refuser de céder au moindre service formulé… Mais pas cette fois. Parce que la petite voix dans sa tête s’empresse de lui rappeler, malgré l’envie qui lui brûle les lèvres, que – sans lui – il n’aurait rien à manger.
Et même si ça fait mal de l’admettre, encore plus mal de s’y soumettre, c’est ainsi que va la vie : il est la grande victime de cette histoire et c’est un fait contre lequel il ne peut se rebeller.

Prenant finalement le plateau, il s’éloigne en dévisageant une dernière fois la caissière.
Dans une autre vie, en d’autres circonstances, il lui aurait sans doute offert une dernière grimace immature. Un dernier « dans ta gueule » insupportable et hautement insatisfaisant.

« Si j’avais crû un jour que je me ferais inviter par un gamin creepy avec un bandeau sur les yeux... », soupire-t-il avec découragement et malignité dès qu’ils sont suffisamment éloignés de la file pour ne plus être entendus.

Il devait être désagréable, ne pouvait pas se contenter de remercier.
Il avait pour vocation de tenir les gens éloignés, de ne jamais inspirer un once de sympathie… Alors où avait-il échoué? Pourquoi était-on venu le sauver alors qu’il s’apprêtait à hurler justement sur une simple employée de café?
C’était quoi le problème profondément niché en cet adolescent?

Choisissant une table au hasard, trop préoccupé pour vraiment prendre une décision, le jeune adulte dépose le tabouret à sa surface puis prend place sur la banquette.
Pendant tout le processus, son regard ne quitte pas le phénomène de foire. Il cherche à comprendre.
Sauf que Callum comprend peu de choses par lui-même. Les questions, elles mettent cent ans à être élucidées…

« Tiens, ton… truc à la menthe. », dit-il en poussant le gobelet de thé vers le principal intéressé.

Il essaie de masquer son trouble, de faire comme si de rien n’était… Mais l’hésitation est perceptible autant dans sa voix que dans ses gestes.
Il essaie, mais Callum est mauvais acteur – il est incapable de feindre l’indifférence quand son cerveau menace d’exploser.
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When the sun goes down | Callum

Lentement il glissait à travers la foule, à tâtons dans l'obscurité ;
c'est comme ça qu'il a toujours appris à avancer.
Dans l'obscurité comme dans celle de ses souvenirs, Eden n'avait jamais su où il mettait les pieds. Et il ne savait même toujours pas si ça avait du sens, ce qu'il faisait.
L'écho d'une voix trop colérique brisant un mur de fierté avait fait écho à son cœur -il savait qu'il en possédait un, sans doute, discret et niché au creux de sa poitrine, sous l'immense couche de glace dictant le moindre de ses soupirs, le moindre de ses mœurs. Fissure ou résonance il ne savait pas encore de quoi il s'agissait, pitié ou compassion il ignorait ce qui l'avait touché ;
mais qui s'en souciait ?
Est-ce qu'à cet instant, c'était ça qui importait ?
Les gens ne s'étaient jamais vraiment préoccupé de savoir ce qu'il ressentait, pourquoi ressentir n'était pas une chose à laquelle il excellait.

Pourquoi est-ce que tu es froid, Eden ?
Pourquoi est-ce que ton visage ne ris pas ?
Est-ce que tu as déjà souris, au moins une fois dans ta vie ?

Il se fichait de ces questions.
Les autres étaient tous les mêmes ;
des imbéciles.
Des idiots qui jugeaient sans connaître et ressentaient de la pitié quand elle n'avait pas lieu d'être. Des hypocrites qui aidaient pour se faire bien voir et qui trahissaient leur fausse sincérité par des gestes trop intéressés. Des menteurs, des joueurs, des manipulateurs.
« Il ne faut faire confiance à personne. Seulement à toi, et à personne d'autre. »
C'étaient ces mots qui le dictaient.
Et dans ce monde d'ahuris incapables d'éprouver de la peine pour ceux qui ne savent pas, qui ne comprennent pas, il était le roi. Parce que lui avait oublié, lui se demandait parfois si tout ça lui reviendrait.
Lui aussi avait toujours tout fait par intérêt ;
en se demandant si aider les autres l'aiderait, il avait souvent tendu la main dans l'égoïste but d'essayer d'éveiller quelque chose en lui, de se rappeler, sûrement. Il avait agi parce qu'il fallait agir et non pas parce qu'il voulait agir, en automate qu'on aurait programmé pour répondre à toutes les attentes sans lui demandait son avis. C'était une étrange servitude qui dictait sa conscience, et il vivait chaque jour guidé par ces mots qui lui disaient de faire parce qu'il le devait, qu'il le veuille ou non.

-Le « gamin creepy » t'as quand même payé ta commande et évité de te faire renvoyer du café, alors essaie de te montrer un peu plus reconnaissant si tu ne veux pas risquer de te faire virer d'un moment à un autre.

Sa langue claque d'un coup alors qu'il s'arrête, l'esprit guidé par les bruits de pas de l'homme qu'il suit. Il a trié, effacé les nuisances, uniquement concentré sur sa présence.
Il n'y avait pas de violence dans ses mots,
c'était sec mais tout aussi neutre que ça pouvait l'être, venant de lui.
...mais est-ce que ça l'était seulement ?
À cet instant c'était étrange, ce qui traversait ses pensées.
Est-ce qu'il s'était seulement un jour demandé ce que les autres ressentaient ? Pourquoi est-ce que tout d'un coup, il se souciait de la colère de ce type qui le suivait ? Pourquoi est-ce que ça suffisait à le faire tiquer ? Ça n'était pas grand chose normalement. Il n'aurait pas pris le temps d'y répondre, l'aurait ignoré. Il y aurait mis un peu moins de brutalité.

« Il ne t'es pas reconnaissant. C'est la moindre des choses. »

Encore cette voix qui venait se loger dans sa tête,
qui s'accrochait à lui.

« Ne te laisse pas faire. »

C'était comme un fantôme, un parasite ;
aussi faible que forte, elle était douce et lourde à la fois.

« Il avait besoin de toi. »

Oui...
Il avait besoin de lui.
Parce que sans son intervention il aurait sûrement été chassé, sans son intervention il se serait attiré des ennuis, et des problèmes il en aurait causé à tout le café.

« Laisse-moi tranquille. »

Mais cette voix elle le perturbe,
comme un semblant de conscience qui tentait de le secouer, de le faire se défaire de ses mauvaises habitudes qu'il arrivait à peine à comprendre tant elles étaient ancrées en lui, idée machinale d'écouter et d'exécuter qui faisait partie de lui.
Alors il la chasse comme il le fait si bien souvent, secouant la tête, soupirant désespérément.
Et il se retrouve de nouveau pris dans une spirale étrange, dans cet effet qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps ; comme si tout autour de lui le chamboulait, comme si la présence de cet inconnu le secouait,
il se retrouve à ne plus savoir où il est.
Il avait toujours gardé le contrôle pourtant, toujours su où ses mains allaient, ses sens savaient comment le guider. Mais alors que le type s’assoit et lui tend son gobelet -il le lui tendait, pas vrai ?-, le garçon entend l'hésitation dans sa voix, les tremblements d'une colère qu'il ne lui destinait pas. Et ça le trouble ; il ne sait même pas pourquoi. Mais menteur, cet homme ne l'était pas.
Alors Eden reste figé, debout encore quelques secondes, essayant de percevoir. Ses doigts glissent et attrape finalement le tabouret, sur lequel il se hisse avec appréhension, manquant même de tomber à la renverse alors qu'il se redresse, maladroitement.

« Tiens bon. »

Son visage se crispe et il grogne légèrement ;
lorsqu'il attrape son gobelet il y a une certaine violence dans son geste, une sorte d'irritation qu'il s'efforçait de cacher,
qu'il ne voyait même pas jusqu'à présent.

-Ce café est excellent mais les employés ne sont pas du genre à faire des compromis. Ils ne vont pas te faire une très bonne réputation... Mais au moins, tu seras tranquille.

Il marmonne presque pour lui-même,
pour se distraire, distraire l'ambiance,
même pas vraiment attentif à ce qu'il dit.
Il y a quelque chose qui le dérange, qui ne fait que maintenir cet étrange agacement dont il essaie pourtant de se débarrasser tandis que le thé brûlant glisse entre ses lèvres, sans même le faire réagir ;
continuellement ses pupilles meurtries se raccroche à la lumière qui filtre à peine sous son bandage, dont il voit des bribes se glisser dessous.
Il n'arrive pas à s'en défaire et ça le rend fou.
Alors il relève la tête, pas vraiment sûr de s'il regarde dans la bonne direction ; pas vraiment sûr que ses yeux croiseraient ceux de son interlocuteur s'ils pouvaient voir plus clairement.
Et dans sa voix,
dans son attitude,
une hésitation.

-Ça va te paraître étrange, mais... Comment est l'intensité de la lumière, là où on est ?

Pas de nom, pas de présentations ;
pas encore.
Eden n'en avait pas grand chose à faire de l'éthique.
Pour la première fois de sa vie son bandage lui était inconfortable,
et ça le préoccupait bien plus que tout.
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La reconnaissance, il ne connaissait pas.
Au mieux, il se montrait sympathique par simple appât du gain – son repas, quel gain –, au pire il envoyait balader quiconque osait lui demander l’impossible.
Or, Callum ne planifiait pas de changer. Ni aujourd’hui, ni demain.
Probablement pas plus dans un avenir rapproché ou éloigné. Il était mauvaise foi, idiotie; incapable de compprendre qu’on ne gagnait pas le respect et la reconnaissance en traitant aussi ouvertement les gens comme une vulgaire vermine.
Mais il n’avait jamais été le plus intelligent.
Il laissait les préoccupations nées d’un tel cadeau empoisonné à Cayden. Lui vivait plus simplement.

Nullement impressionné, l’énergumène se contente de hausser légèrement les épaules lorsque l’autre lui demande de surveiller ses mots.

« C’est la vérité qui te dérange comme ça? », répond-t-il simplement en se laissant tomber sur son banc.

Il n’avait pas peur que l’aveugle lui fausse compagnie et qu’il lui préfère la poudre d’escampette… Même s’il lui avait sauvé la face, Callum ne lui devait rien.
S’il partait, son absence lui serait salvatrice et il pourrait manger son sandwich sans se soucier des autres…. Que gagnait-il à le retenir, à s’embarrasser de sa présence?
Tout ça parce que c’était lui qui avait payé? Ce n’était pas le bois dont le Freylinger se chauffait.
La relation d’égal à égal, le donnant donnant et ce genre de conneries; ça lui passait deux mètres au-dessus de la tête. De toujours l’idiot se contentait de prendre sans jamais rendre.
Et les choses lui convenaient parfaitement ainsi.

Regardant l’autre se hisser sur son tabouret et frôler l’accident du bout des doigts, la nébuleuse arque un sourcil.
Un commentaire lui caresse le bout des lèvres, mais il se garde bien de le lui formuler.
Par pitié, par flemme? Lui-même ne sait pas. L’arrogance, ça a toujours été son truc et, pourtant, il n’a pas envie de balancer quelque parole creuse dont l’autre n’aura que faire.
Son truc sur les yeux n’a pas l’air très pratique, mais il doit sûrement avoir une bonne raison. Une raison plus profonde que la simple cécité, auquel cas des lunettes de soleil seraient largement suffisantes pour cacher les pupilles qui déconnent et le vide qui brille en son creux.

Le laissant attraper son gobelet sans le retenir, Callum ne relève même pas la violence de son geste. Lui qui est d’ordinaire si facile à provoquer préfère faire profil bas… Ne serait-ce qu’une fois dans sa vie.
À l’y voir, son preux chevalier semble avoir assez de problèmes à gérer pour ne pas que Callum y ajoute les siens. Pas aussi gratuitement… Pas tout de suite.

« Je m’en moque, je reviendrai jamais dans ce trou à rats… »
Un sandwich ou un autre, ça ne changeait rien pour lui. Il n’avait jamais eu des goûts très raffinés et il n’entendait qu’à remplir son estomac… Ni plus ni moins.
« Il y a trop de gens prétentieux ici pour que j’y perdre mon temps. », soupire-t-il en prenant une bouchée de son sandwich.
Ses gestes sont brusques, secs, impulsifs : Callum est énervé. Énervé juste d’y penser, juste de se dire qu’il a eu l’air d’un idiot simplement parce que sa carte bleue n’est pas passée.
Pour autant, est-il vraiment surpris? Non. Libérant son sandwich d’une main, il glisse alors ses doigts aux anneaux qui brillent le long de son pavillon d’oreille. Il n’était pas pauvre.
Certains jours étaient simplement plus faciles que d’autres. Il gérait aussi mal sa vie que son argent… Et il n’était pas vraiment étonné de faire parfois face à ce genre d’imprévu désagréable.

Se mordant la langue avec violence, il reprend alors une deuxième bouché. Il est affamé.
« Ça va te paraître étrange, mais... Comment est l'intensité de la lumière, là où on est ? »
« Est-ce que tu sais au moins ce que c’est la lumière? », demande-t-il avec arrogance, décrochant un sourire qu’il ne peut voir à son interlocuteur.
Il n’avait jamais rencontré de personne en situation de handicap – d’aveugles quoi, mais il trouvait que les questions qui découlaient de la différence étaient bien étranges. Après tout, que pouvait-on avoir à foutre de la lumière lorsqu’on ne la voyait pas?

Néanmoins, le blanc se risque à jeter un coup d’oeil aux fenêtres puis aux globes qui éclairent la scène… À ce temps-ci de l’année, après tout, il faisait noir très tôt.

« Ambiante… J’ai déjà vu des endroits moins tamisés. », il ne sait pas ce que sa réponse vaut, mais il s’en moque.
Si ça ne convient pas à l’autre weirdo, il n’aura qu’à aller harceler un autre client de l’établissement pourvu que celui-ci soit plus précis que lui.

Pour Callum, ça ne changera rien.
Ça ne le rendra pas plus triste ou plus heureux. Comme à son habitude, il s’en moquera.
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When the sun goes down | Callum

    Violence qui fait écho à une colère sourde ;
Eden n'aurait jamais pensé que des gens pouvaient réveiller ça.  
L'habitude de toujours tout garder, de ne jamais rien exprimer comme si c'était naturel, comme si ça avait toujours été ancré en lui ; en quelques secondes, l'habitude avait été mise à mal par un inconnu dont il ignorait tout et ne savait pas s'il devait essayer de le comprendre ou l'envoyer simplement valser.

« C'est qui ce type, putain ? »

    Un type désagréable,
un type qui ne ressent rien -ou qui essaie de montrer qu'il se fiche de tout.
C'était pas vraiment comme s'il se confrontait à un miroir ; plutôt à un reflet déformé. À l'inverse de ce qu'il était sans pour autant l'être complètement -c'était la première fois de sa vie qu'il ne savait tout simplement pas s'exprimer correctement. Les mots qui d'habitude filaient si simplement, dont il ne se préoccupait jamais, cette fois il semblait y réfléchir, ils semblaient si difficiles à prononcer.
Ce qu'il sait c'est qu'ils feignent tout les deux les émotions ;
mais au contraire d'Eden,
lui,
il les ressent.
Ce qui était faux chez lui c'était ce qu'il tentait de cacher, et tout ce qui était faux chez Eden c'est ce qu'il tentait d'éprouver.
Et tout les deux,
ils étaient aussi doués l'un que l'autre pour se trahir sans le vouloir, sans avoir besoin d'y faire un grand effort.
    Le garçon se demandait même pourquoi est-ce qu'il restait avec lui ;
après tout il l'avait aidé, il avait fait sa part du marché et rien ne le retenait. C'était... la première fois qu'il agissait sans vraiment savoir pourquoi il le faisait. Pour une fois il n'avait pas ce sentiment d'être obligé d'aider, pour une fois il n'avait pas cette impression qu'on lui en voudrait, cette sensation qu'il décevrait s'il s'éloignait.
C'était même probablement ce que ce type attendait.
Sans doute était-ce ça qui le poussait à rester.

C'était troublant de savoir qu'on attendait rien de lui ; qu'on ne lui imposait pas d'obligations et que sa manie mécanique d'aider pouvait même avoir l'effet d'un poison.

    La brutalité de l'homme le fait encore tiquer ;
il essaie de l'oublier, il essaie de pas vraiment y penser.
Pourtant il le comprends quand il formule ces quelques mots,
quand il exprime ces pensées si simplement.

« Il a raison, les gens d'ici sont chiants. Et l'endroit est oppressant... »

   Et avoir ce genre de constatation ça le surprend, comme si ça jaillissait de nulle-part, comme s'il le pensait sans même le savoir ou que c'était survenu d'un coup, qu'il ne voulait pas le penser vraiment. Alors Eden repose son gobelet un peu trop brûlant, pas réellement immobile alors que d'habitude il se tient, inflexible, même pas touché par le moindre coup de vent.
Et puis
des mots qui tranchent,
qu'ils sent moqueurs et le piquent à vif, et ça le perturbe et ça l'agace et ça domine son cœur trop froid et ça le tend.
Il voudrait répliquer -il devrait répliquer brusquement. Il y a quelque chose qui veut parler, qui essaie de le contrôler. Cette arrogance, est-ce qu'elle était vraie ? Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas faire preuve d'un peu de reconnaissance alors qu'il l'avait aidé ?

Peut-être qu'il n'était pas obligé.
Parce qu'après tout, il n'avait rien demandé.
Alors il ne répond rien, Eden, parce que les mots restent ancré en lui et son visage rivé sur la table, sur son verre, confrontant des pensées qui se bousculent et qui ne font pas vraiment sens -c'est déjà bien trop éprouvant, il ne veut pas vraiment comprendre ce que ça veut dire.
Et simplement, il soupire.
Sa réponse le calme -du moins elle l'empêche d'exploser. Il avait pris la peine de lui indiquer mais est-ce que ça l'excusait ? Il ne savait pas. La rancune n'était pas quelque chose qu'il connaissait et  c'était bien la première fois que ce genre de question le traversait. Il laisse planer le silence ; il n'a rien à dire, pas envie de meubler. Il se contente d'un hochement de tête  et finalement, porte ses mains à l'arrière de son crâne.
Ça devenait... de plus en plus lourd.
Il devait s'en débarrasser.
Et ses doigts attrapent le nœud grossier qui serre son bandeau, et lentement il le défait ; le morceau épais glisse sur la table, doucement, sans faire le moindre bruit alors que le garçon siffle, qu'il cligne des yeux pour s'habituer maladroitement à cette lumière un peu moins agressive. Lui ne ressent rien mais ses iris bleu pâles trahissent son désarroi alors qu'il les relève ; son visage qui se forçait à être adulte devient soudain un peu plus enfantin,
empli de confusion et de questionnements qui n'avaient pas encore de réponse,
et d'appréhension alors que ses pupilles fuyaient.

-Personne ne comprendrait.

Il les sent, les moqueries qui vont affluer ;
les propos acérés qui vont le poignarder.
C'est la première fois qu'il ressent comme le besoin d'expliquer, là où d'habitude les regards et les remarques n'arrivent pas à l'affecter.

-En général les gens se moquent ou posent des questions. Disent que j'ai l'air idiot avec mon bandeau sur les yeux alors que je pourrais porter des lunettes, ou me faire opérer. Que j'ai pas besoin de ça parce que je suis pas totalement aveugle et je cherche juste à attirer la pitié. Et toi non plus, tu comprendrais pas. Ce n'est pas parce que je m'empêche de voir que je ne comprends pas les choses, je n'ai jamais été si idiot que ça.

Pourquoi est-ce qu'il explique l'inutile ?
Ce type s'en fout.
Il n'a pas besoin de se perdre dans quelque chose d'insensé.

-Je sais ce que c'est, la lumière... Mais peu importe ce que je porte mes yeux n'arrivent pas à s'y habituer. Et parce que je ne suis pas totalement aveugle, ça les fatigue, trop d'obscurité.

Finalement Eden se laisse retomber sur son tabouret ;
la tête dans les mains, son visage de gamin à peine sorti de l'adolescence qui s'égare et ses yeux qui se teinte encore de perplexité.
Tout semblait plus doux, plus mélancolique chez lui quand il se démasquait.

-Je m'excuse de t'avoir imposé mon aide. T'avais pas l'air d'en avoir besoin... Je pensais que les gens qui avaient besoin d'aide l'accepteraient toujours volontiers, mais c'est différent à chaque fois, pas vrai ?

Il pouffe légèrement, sans joie ;
il sait pas vraiment où il veut en venir avec ces mots-là.

-Mais au moins pour une fois, j'avais vraiment envie d'aider quelqu'un je crois...

Murmure qui s'égare et dessine des vagues sur le thé,
son masque impassible s'était véritablement fracturé.
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Il n'attendait rien de lui parce que de l'attente découlait trop souvent la déception.
Et parce qu'il n'aimait pas dépendre des autres ou nourrir des expectatives qui ne trouveraient sans doute jamais pied dans la réalité.
À tout rejeter, Callum n'arrivait qu'à mieux se protéger, qu'à mieux redresser les murs qui l'abritaient du reste de l'humanité. Ça ne pouvait définitivement que lui convenir, que le réconforter.

La tristesse avait la particularité d’être rassurante, consolante.
C’était comme un mauvais jeu, de ceux que l’on lançait sans la moindre attente et qui, par définition, jamais ne nous décevait.  Au fond de lui, le Freylinger savait que ce n’était pas saint d’agir ainsi; que l’on avançait pas dans le confort d’un foyer malheureux, d’une tristesse apprivoisée.
Mais avait-il seulement déjà caressé le souhait de progresser, de franchir de nouvelles étapes de sa vie? Sans doute pas. D’aussi loin qu’il se souvenait, l’ambition n’avait jamais fait partie de ses qualités.
Il laissait ça à d’autres, à la meilleure partie de lui-même; à Cayden.
Lui n’était qu’un modèle à ne pas suivre, qu’un minable se plaisant dans la colère qu’on lui portait. À l’extérieur du cadre, plus rien ne savait lui importer.

Il avait répondu à la question de l’autre.
Il ne savait pas vraiment pourquoi il s’était donner cette peine, pourquoi il ne l’avait pas envoyé se faire paître. Après tout, s’il souhaitait prendre connaissance de la luminosité ambiante; il n’avait qu’à s’y risquer lui-même.
Retirer cet étrange bandeau, voir le monde tel qu’il était vraiment.
S’il n’était pas atteint de cécité, alors pourquoi? Était-ce un geste symbolique ou meut par d’obscures croyances...? Était-il en train de traîner avec un illuminé, quelqu’un qui, d’une minute à l’autre, allait se mettre à lui débiter tout un amas de conneries indigestes sur un dieu quelconque, prônant l’aveuglement volontaire à toute autre forme de conviction?
À cette idée, Callum se sent rembrunir.

Pourquoi devait-il toujours traîner avec des plus tarés que lui?
Ne pouvait-on pas lui foutre la paix? Et si l’autre, par fanatisme pur, le suivait jusqu’à chez lui et venait cogner à sa porte tous les dimanches matins pour lui débiter sa bonne parole? Callum n’avait jamais été un grand fan des témoins de Jéhovah.
Ça ne changerait pas pour une autre divinité – mais peut-être voyait-il  trop loin.
Après tout, l’autre n’avait encore rien répondu.

Le voyant porter ses mains au nœud resserrant son bandeau, il hausse alors doucement un sourcil.
Dans sa poitrine, son rythme cardiaque ralenti radicalement, comme dans l’attente de découvrir ce qui se cache derrière le morceau de tissu. Et s’il possédait des supers pouvoirs finalement?
Allait-il l’hypnotiser, le pulvériser sur place, le transformer en pantin, l’assouvir à ses désirs? Fronçant légèrement les sourcils, le Freylinger crispe doucement ses doigts sur son wrap.
Il ne savait pas pourquoi, mais il avait la certitude que quelque chose allait se passer.
Quelque chose de grand ou de grave.

Quelle déception l’envahit lorsque l’autre se contente de cligner des yeux, l’air plus confus que déterminé.
Pas de soumission ni de super pouvoir aujourd’hui, juste un idiot.

« Personne ne comprendrait. »

Déjà fatigué par ses propos, Callum roule doucement les yeux en soupirant.

Par pitié, épargne-moi tes discours de mec différent et incompris. Ça marche pas avec moi.

Rude? Peut-être.
Mais il n’en avait en vérité que faire. Il n’aimait pas l’apitoiement et les discours larmoyant…. Callum avait vu jour dans un monde où, pour être accepté, il fallait se montrer aussi fort qu’indestructible.
Et même s’il n’était pas le plus brillant des hommes, son instinct de survie lui suffisait à ne jamais montrer les failles qui recouvraient sa carapace.
Était-ce pour cette raison qu’il manquait si cruellement d’empathie? Sans doute.
Depuis la disparition de Celica, plus rien n’était pareil. Son petit quotidien bien rangé, son bonheur éphémère, n’existait plus dans un monde privé d’elle…

Malgré tout, en silence, Callum écoute.
Les yeux rivés sur son sandwich, il se surprend à tendre une oreille attentive vers le pauvre martyr qui l’accompagne. En bon idiot, il est quelqu’un de rarement silencieux.
Il préférait l’action à la contemplation et… pourtant, son silence devant les jérémiades de l’autre était complet. Pouvait-il comprendre? Non.
D’une part parce qu’il était particulièrement mauvais pour se mettre à la place des autres et, d’une autre, parce qu’il ne possédait aucune condition médicale quelconque. Sa vie, elle était comme le cours tranquille d’un fleuve sans histoire.
Ou d’un ruisseau… Improvisé à la fonte des neiges le long d’une autoroute particulièrement pollué?
Enfin, rien de trop beau ou de propre, mais de relativement calme.

Attendant que l’autre ait terminé, il hausse alors les épaules.

C’est pas parce qu’on a besoin d’aide qu’on a envie d’être aidé. Apprend à voir la différence, ça t’aidera dans la vie.

D’où se permettait-il de donner des conseils? Lui qui, d’ordinaire, n’écoutait ni son gros bon sens, ni celui des autres?
Dans tous les cas, il se serait bien passé d’un bon samaritain venu l’humilier.
Il le faisait déjà très bien lui-même.

Alors c’est quoi, t’es une sorte de chovsourir, de nosferapti? Tu vis dans l’obscurité quasi complète et t’essaies de pas trop te défoncer la rétine une fois le jour venu?

S’amuse-t-il avec un sourire.
Callum se fichait de la différence. Il traitait tous les gens sur un même pied d’égalité; sans l’ombre d’un respect à leur apporter.

Encore une connerie d’adolescent edgy se prenant pour un vampire… Je comprend mieux le look.

Et si ça pouvait faire mal ou même l’énerver, il n’en serait que plus heureux.
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When the sun goes down | Callum

    En une fraction de secondes, l'esprit d'Eden s'était fracturé d'une pensée.
Il détestait l'humanité.
Les hommes et leur égoïsme,
leurs ambitions trop grandes et leur prétention, leur envie de saisir des rêves qu'ils n'atteindront jamais ;
les hommes et leur fierté,
celle qui les pousse à toujours cacher la vérité, à ne jamais s'avouer faibles et se montrer plus mauvais qu'ils ne le sont déjà ;
et leur arrogance,
leur malhonnêteté,
leur indifférence,
leur violence,
tout ça,
Eden les détestait.
Quelle ironie, de chercher à tout prix à aider alors qu'il ne savait pas comment les apprécier... Comme s'il avait été programmé. Parfois, il entendait la voix dans sa tête le féliciter, lui dire que n'importe qui serait ravi d'avoir un garçon comme lui à ses côtés. Toujours à l'écoute, toujours serviable,
mais serviable contre sa propre volonté.
Les hommes usent mutuellement de leur faiblesse pour se manipuler. Ce n'est pas le plus fort qui remporte les combats, mais celui qui, cette faille, sait le mieux comment l'exploiter. Et ce type savait parfaitement où viser pour le désarmer.
Les faibles écrasent les autres pour se sentir plus puissant...
pour se donner un semblant de force,
une vérité factice qui les conforte.
   La main sur son gobelet se resserre doucement mais il tente de résister à la pression, préférant la laisser trembler plutôt que d'avoir à l'écraser. Les mots de l'inconnu tournaient dans sa tête, brisaient sa concentration, sa tranquillité ignorante. Il ne se souciait jamais de ce qui l'entourait parce qu'il ne se préoccupait pas de ressentir ; rien n'était assez puissant pour le réveiller. Il déferlait dans son corps et sa poitrine un tourbillon de haine et jamais il ne s'était senti aussi perdu, aussi vulnérable qu'à cet instant-ci.
Eden n'avait pas de sens.
Il essayait d'imiter les autres en espérant leur ressembler un peu plus, mais s'en éloignait chaque fois bien trop ;
parce qu'il ne savait pas, parce qu'il ne comprenait pas,
parce qu'une coquille vide ne se remplit pas de significations en un instant.
Et au travers de sa carapace d'insensibilité subsistaient toujours quelques failles, fines et imperceptibles, que pourtant son vis-à-vis parvenait à atteindre avec une justesse cruelle, dans chacun de ses mots comme dans chacun de ses gestes.

-Je ne te demande pas ta pitié.

   La voix du garçon sonna sèchement, le regard plus sûr qu'avant ;
différent et incompris il l'était peut-être, mais
ne se plaignait pas de l'être.

-Je ne me plains pas de la différence et de l'incompréhension, je ne les ressens même pas. Ça n'est qu'un constat.

Oui,
tout ça n'était rien de plus qu'un constat.
Face à ce qui ne leur ressemble pas les autres passent par le rejet, comme si l'acceptation n'était pas une option.
Eden ne devait pas céder.
Refermer les brèches qui commençaient à le lacérer.
Son gobelet cabossé regagne sa place sur la table et il lève les yeux au ciel à sa remarque, à peine touché. Il laisse son regard se montrer aussi froid, aussi vide qu'il en a l'habitude ; ça ne lui avait pourtant jamais demandé autant d'efforts. Quelque chose clochait, chez ce type, comme s'il était la matérialisation de tout ses démons de haine enfouis au plus profond de son cœur, ses démons qu'il ne connaissait pas et pourtant faisaient écho en lui.

    « C’est pas parce qu’on a besoin d’aide qu’on a envie d’être aidé ».
Ça n'était pourtant pas ce qu'on lui avait appris...
...mais que lui avait-on réellement appris ?
Désemparé, il secoue vaguement la tête et préfère ignorer ce qui le trouble, le balayer du revers de la main comme il l'avait toujours fait. Vivre sans ses souvenirs ne lui avait pas semblé difficile, auparavant...
Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire ?
C'était comme si, au moindre mot qu'il prononcerait, l'autre allait trouver un moyen de le faire se sentir pathétique.
Il voulait le faire craquer ;
l'entendre exploser de colère.
Ce n'était pas quelque chose qu'il aurait cerné d'ordinaire mais son esprit, à cet instant, n'avait plus rien de semblable à ce qu'il était auparavant,
il lisait dans son sourire qu'il n'attendait que de pouvoir le blesser.
Il ne devait pas...
il ne devait pas perdre la face.
Et lui qui avait toujours cherché à ressentir,
devait se forcer à ne rien exprimer.

-Quel intérêt j'aurais à faire ça si ça n'était pas nécessaire ? Je n'ai jamais cherché à attirer l'attention de qui que ce soit, pas même la tienne. Tout ça c'est le résultat d'un accident. Et je me fiche que tu y croies ou pas, moi j'y crois seulement parce que c'est ce qu'on m'a dit. Comment est-ce que je pourrais me lamenter d'une chose dont je ne me souviens même pas...

Feignant un air ennuyé, il s'était légèrement penché dans sa direction, le regard tourné autre part. Les mots perçaient comme ils le pouvaient au travers de sa carapace et, à défaut de pouvoir les balayer d'un revers demain, il n'avait d'autre choix que de les forcer à s'éloigner, à les décrocher de sa peau.
Rentrer dans son jeu et le laisser gagner ?
Il n'allait pas lui faire cette faveur, jamais.

-C'est quoi, ton problème ? Ça te mets tant en rogne que je t'aie permis de manger alors tu as besoin de passer tes nerfs sur moi ? Si ça n'est que ça, je peux arranger les choses. Quelques mots me suffiraient à inverser la situation.  

Pour la première fois depuis longtemps son visage se défigura d'un petit air espiègle, sourire feint mais feignant la malice avec une étrange sincérité ;
difficile de croire qu'en lui c'était une rage sourde qui bouillonnait.
Le gobelet se porte à nouveau au bord de ses lèvres et le thé qui coule dans sa gorge est froid, mais il s'en soucie à peine. Son regard dérive et ses yeux ancrent le moindre détail de ce qui les entoure ; à l'extérieur il prétend simplement l'insolence, à l'intérieur c'est la distraction qu'il cherche à tout prix. Faire ravaler sa fierté à d'autres personnes il l'avait déjà fait mais par automatisme, sans vraiment réaliser ce que ça signifiait.
Cette fois...
il voulait savourer la satisfaction que cela procurait.
Alors les saphirs trop clairs brillants dans ses yeux se tournent vers son compagnon d'infortunes, celui qui n'appréciait sa présence que parce qu'il pouvait se moquer de lui -c'était la première fois, d'ailleurs, que le visage d'Eden paraissait aussi expressif alors qu'il ne cherchait pas à l'être.
Il le regarde en face comme il ne l'avait pas fait auparavant et,
encore une fois,
il se fend d'un sourire.
Ce même sourire arrogant que l'homme lui servait,
voilà qu'il le lui rendait.

-Je m'appelle Eden. Mets plus de conviction dans ta prochaine insulte si tu veux espérer pouvoir me toucher.

Peu importe à quel point ce type essayait,
il ne le laisserait jamais le dominer.
Même désemparé, il n'avait pas le droit de succomber.
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Il n’avait pas envie d’être redevable, de se sentir soumis aux caprices d’une dette qu’il n’avait pas demandé.
Sa propre vie était déjà suffisamment asservie aux problèmes d’argent pour qu’il entende à préserver sa conscience du même traitement. Surtout quand lui-même n’avait rien demandé.
Il s’était un jour fait la promesse de demeurer indomptable, de ne jamais laisser l’égoïsme – le triste besoin de reconnaissance – des autres l’assujettir. Callum ne remerciait pas.
Il prenait sans redonner, pointait du doigt les conséquences d’une initiative qu’il n’avait jamais convoité.

Il n’y avait qu’à Cayden que le Freylignait osait demander… Mais, pour autant, éprouvait-il une réelle forme de reconnaissance à l’égard de ce frère qui lui donnait sans compter? Sans doute pas.
Ce n’était pas lui, il n’était pas comme ça.
L’égoïsme était une première forme de protection, une barrière efficace entre les sentiments... Sans l’ombre d’un remord, Callum profitait de la faiblesse de son aîné et tirait satisfaction à le voir tant essayer.
Ensemble, ils nourrissaient les chimères et caressaient les contours d’une utopie imaginaire.

Et s’il n’était pas fichu de faire témoin d’un peu de respect envers un jumeau, comment devait-il agir face à un inconnu?
Face à des sentiments qu’il n’effleurait pas?
Qui n’existaient peut-être même pas?

Son attention captivée par le sandwich quasi terminé entre ses doigts, Callum relève à peine les justifications du gamin face à lui.
« Je ne les ressens même pas » blah blah blah.
Plus il s’y attardait, plus il avait l’impression de revoir en son vis-à-vis les emos de sa jeunesse; ceux-là même qui prétendaient ne rien ressentir, qui abhorraient toute forme d’amour et qui préféraient le noir à un simple effort d’habillement.
Allait-il bientôt lui annoncer qu’il idolâtrait Giratina? Il n’avait pas besoin de connaître son vis-à-vis; il ne voyait en lui qu’un adolescent capricieux, qu’un enfant à qui on n’avait jamais eu le courage de dire non.

Et il se fichait bien de savoir  s’il était près de la vérité ou s’il s’en éloignait à chaque nouvelle présomption.

Merci, je trouvais justement qu’il manquait un passé tortueux et un accident malheureux à ton récit.. Continue comme ça, tu pourras peut-être m’arracher un petite larme lorsque tu me raconteras que ta maman n’a jamais voulu de toi et que ton papa ne t’a jamais donné la reconnaissance dont t’avais besoin...
Voix cassante aux intonations coupantes comme la lame d’un rasoir.
Callum était en colère et il ne savait même pas pourquoi. Les discours de son vis-à-vis l’agaçaient, étouffaient  les plaintes de son empathie sous les grondements de son irritation.
Pourquoi était-il comme ça? Pourquoi était-il aussi… Déterminé à se justifier, à se perdre en explications inintéressantes? Il ne savait pas.
Fidèle à ses habitudes, le Freylignait ignorait.
Il ignorait ce que les autres pouvaient ressentir, se dressait dans l’indifférence pour mieux oublier les blessures qui zébraient sa propre peau. L’homme existait dans le simple but de souffrir; l’humanité était faite de sang et de larmes et s’apitoyer sur le sors des étrangers était une perte de temps à laquelle il ne souhaitait pas s’abandonner.
Les histoires tragiques étaient la main courante qui soutenait les déboires de la société et aucune tentative pour y remédier ne parviendrait à les effacer… Alors à quoi bon? À quoi bon se perdre en monologues larmoyants, en quête d’empathie factice?

Les gens souffraient. Personne ne t’aiderait.

« Si çe n'est que ça, je peux arranger les choses. » 
Haussant un sourcil, Callum se redresse juste assez pour planter ses iris dans celle de son vis-à-vis. Esquissant un sourire en coin, il délaisse alors temporairement sa dégustation.
Qu’est-ce que tu vas faire? Me voler mon repas, comme on le fait dans les cours d’école?, demande-t-il en glissant la dernière bouchée de son sandwich dans sa bouche.
Prenant le temps de mâcher tout en longueur puis d’avaler, il accote lors son dos contre le dossier de sa chaise puis relève légèrement le menton.
À moins que t’aies l’intention de te plaindre aux employés? T’as tant besoin d’une figure d’autorité derrière laquelle te cacher?
Il l’ennuyait.
Alors, dis-moi : qu’est-ce que tu peux bien faire de plus?
Curiosité.
Curiosité parce que l’autre s’inventait sur lui un pouvoir qu’il ne possédait pas. Même s’il se levait et partait maintenant , Callum ne le regretterait pas.
Il resterait ici, savourerait son café quelques minutes de plus puis finirait par partir lorsqu’il en aurait marre de la vue et des gens.

On disait de lui qu’il provoquait rarement par gratuité, mais que ses mots étaient rarement agréable à entendre. Avant maintenant, il ne s’était jamais questionné sur la véracité des propos et des rumeurs… Mais la réaction de l’autre suffisait à l’intriguer.
Était-ce lui qui s’était emporté ou l’inconnu qui était susceptible à en crever?

« Je m'appelle Eden. Mets plus de conviction dans ta prochaine insulte si tu veux espérer pouvoir me toucher. » 
Sourire.
Il l’aimait bien. Il était fendant, désagréable.
C’était un adolescent qui se prenait pour un grand, un horrible gamin aux sombres habitudes. Ce n’était pas le genre de personne dont Callum raffolait, mais il saluait son sens de la répartie.
Callum., répond-t-il simplement en attrapant son café refroidi par les minutes perdues à insulter.
Calme-toi, tu t'es crû dans une diss track ?
Ton de simple conversation malgré un fond de moquerie, comme s’il s’était soudain décidé à lui parler de la température plutôt qu’à le rabaisser.

Lui pouvait bien parler. À ce niveau, il avait jamais été un modèle à respecter.
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