Sous le feu des projecteurs

Autour de lui, il ne voit que la brume, si bien qu’il peine à voir ses propres pieds. Tout est calme, il n’y a absolument aucun bruit, rien pour se repérer. Génial. Lance n’a absolument pas prévu de se perdre aujourd’hui, mais la vie en a visiblement décidé autrement, car sinon ce n’est pas drôle. La chance, c’est surfait.

Comment il s’est retrouvé ici, songe-t-il un instant ? Il n’en a même plus aucune idée en fait. Il était encore en train de rêvasser et voilà le résultat. Bon, il faut raisonner un instant : il ne doit pas être bien loin du campus ou du moins il doit être dans Bloombury, pas vrai ? Celle-là, il ne va certainement pas la raconter vu comment il se vante d’avoir un bon sens de l’orientation. C’est un coup à perdre toute crédibilité.

Bon, il n’a pas vraiment le temps de rêvasser, il n’a pas cours dans trente minutes ? S’il est en retard – ce qui arrive très souvent, son professeur va lui donner deux fois plus d’entraînements avant de pouvoir danser la nouvelle chorégraphie. Il doit trouver un moyen de se repérer, et vite. Il presse le pas, essaye de reconnaître les rues, d’y voir plus clair, mais rien ne semble fonctionner.

C’est désespérant, à ce stade. Cependant, après un soupire de sa part, il entend des bruits. Les premiers sons depuis un moment et ça le soulage grandement – en espérant que ce ne soit pas son imagination. Se fiant à son oreille, il se remet en marche. Plus il se rapproche, plus il reconnaît le son d’un appareil photo.

Quelqu’un arrive à en prendre malgré l’épaisse fumée ? Eh, si ça se trouve en fait, c’est un sorcier qui a lancé un sort pour. Ben c’est réussi, il y a pas à dire. Le Cubain aperçoit finalement les flash et devine alors plus ou moins la position du photographe. Peut-être que ce dernier va pouvoir l’aider ? Il faut tenter, en tout cas.

Il se racle la gorge avant de se lancer.

« Excusez-moi, vous savez où on se trouve ? »

Sous le feu des projecteurs

« Eh oh ? »

C’est limite si tu n’as pas l’impression d’entendre l’écho de ta voix dans cet endroit inconnu. Comment tu t’es retrouvé ici ? Aucune idée. Le plus inquiétant reste quand même l’épaisseur de la brume qui t’empêche de te repérer dans ce labyrinthe.

Un soupir t’échappe. L’agacement est là. Tu n’aimes pas spécialement ce genre de situation. En fait, tu n’aimes pas ne pas avoir un minimum de contrôle sur ce qui t’arrive.

Dans une prise de conscience, tu constates que tu as à ton épaule ta sacoche avec tout ton matériel de photographie. Serais tu sorti dans l’idée d’aller prendre quelques clichés ? Cela ferait sens… mais ne pas t’en souvenir entretien ce petit malaise qui te rend bougon.

« C’est quoi ce bordel… »

Tu avances, même si tu ne vois pas grand-chose. Tu ne sais pas combien de temps s’écoule exactement avant que tu ne t’arrêtes pour essayer de faire un point sur la situation. C’est comme si la brume était plus épaisse. Comme si tu étais pris au piège.

Est-ce que tu serais dans un de tes badtrip ? Si c’était ça, clairement, il faisait partie des plus violents.

« Va falloir arrêter toute cette merde » , que tu marmonnes, loin d’être vraiment convainquant.

Sortant ton appareil photo de ton sac, tu l’allumes et active le flash. Qui sait, cela te permettrait peut être de voir un peu où tu mets les pieds.
C’est à ce moment que tu vois une silhouette s’approcher de toi. Enfin. Quelqu’un. Tu n’étais peut être pas en train d’halluciner finalement. Quoi que… le fait qu’il ne sache pas plus que toi ou vous vous trouvez n’est pas rassurant.

« T’as pris quelque chose de chez Jimmy toi aussi ? P’tin si je le retrouve ce connard il va m’entendre. »

Puis, c’est comme si la brume s’éclaircissait pour vous dévoiler tout ses secrets. Une pièce, des éclairages, du parquet et des miroirs. A aucun moment tu ne soupçonnait te trouver à l’intérieur.

« Ça te parle cet endroit ? »

Sous le feu des projecteurs

C’est qui ça encore, ce Jimmy ? Ah, un instant. “T’as pris quelque chose chez Jimmy”, il te faut comprendre toute la phrase, Lance. Il ne lui faut pas plus de temps pour comprendre qu’il a probablement face à lui une personne plus que perchée dans son monde. Eh bah, c’est pas maintenant qu’il va retrouver son chemin, hein.

Bon cela dit, il semble tout aussi paumé en plus de ne pas avoir les idées claires – clairement, le brouillard semble aussi dans sa tête. Lance ayant bien été élevé par ses parents, il ne va pas partir en laissant son interlocuteur se débrouiller. S’il arrive quelque chose, il risque fortement de culpabiliser.

“Je n’ai rien pris, je ne connais même pas de Jimmy. Et euh, pas du tout. En fait, je pensais justement te demander des informations ! Mais apparemment, on est dans le même cas. Tout ce que je sais, c’est qu’on est toujours dans Bloombury. Normalement.”

Après tout, ils sont sur une île et Lance ne s’est pas encore retrouvé dans l’eau à devoir nager d’un point A à un point B, ce qui est quand même une bonne nouvelle. Ils doivent être loin de l’océan d’ailleurs, car de toute façon, il n’y a pas le bruit des vagues.

“Dans ce genre de situation, on m’a souvent dit d’éviter de bouger. On risque juste de s’enfoncer un peu plus encore ! Même si je connais bien la ville, on sait jamais.”

Après quelques instants, il parvient à mieux apercevoir l’homme en face de lui. Ah. Oh. C’est quoi, ces cheveux-là ? Bon sang, encore un qui se dit que c’est surfait d’avoir une coupe correcte. C’est dommage, il est pas trop mal sinon. Par contre, il ne l’a jamais vu à Ilukaan.

“Tu es de passage ? J’espère tu n'es pas trop déçu du temps, pour tes photos... Ça va être compliqué.”

Autant faire la discussion. Et puis, Lance est vraiment intéressé. C’est incroyable ce qu’on peut capter au travers d’un flash, il va s’en dire qu’il rêve un jour d’être modèle dans des poses représentant sa passion.

Sous le feu des projecteurs

Tu ne sais pas si c’est lui qui est bizarre ou si c’est toi qui est totalement stone. Peut être un peu des deux. Sûrement même. Il ne connaît pas Jimmy. Bon. Passe encore. Mais quand il te parle de Bloombury, tu hausses un sourcil.

« Bloombury ? C’est quoi ça ? »

Si c’est une ville, tu ne connais pas. Est-ce que tu serais allé jusqu’à te déplacé après avoir fumé ton joint ? Non… il ne faut quand même pas abuser.

« On est plus à Lifelam ? Mais- … Comment on est arrivé là ? »

Le jeune homme ne semblait pas convaincu. Et il ne semblait pas te faire spécialement confiance non plus. Cela dit tu ne peux pas réellement lui en vouloir parce que tu n’es pas certain de te faire confiance à toi-même.
Alors tu regardes autour de toi pour essayer d’apercevoir quelque chose de connu autour de vous. Un café ou un bar peut être ? Si vous êtes dans la rue, ça doit pouvoir se trouver quand même… et ce serait plus pratique pour demander votre chemin…

Il te parle de tes photos et tu phases un moment sur l’appareil photo que tu as dans les mains. Puis, ça fait un petit bout de chemin dans ta tête. Si tu avais vraiment été chez Jimmy, tu n’aurais certainement jamais pris la peine de prendre ton appareil photo.

Pas que Jimmy ne soit pas photogénique mais…. Non. Il ne l’est pas.

« T’inquiètes … pour les photos, j’ai l’habitude des sorties inutiles alors… et puis s’il y avait un peu plus de luminosité et moins de brume j’aurai pu faire quelque chose mais… »

Mais tu n’as pas le temps de finir que la brume s’éclaircit un peu, comme si elle avait entendu ton souhait. Bizarre cette histoire. Vous ne vous trouvez pas à l’extérieur mais bien à l’intérieur, dans une pièce remplie de miroirs. Un poil angoissant tu dois bien l’avouer.

« C’est quoi ça encore… »

Cela dit, la pièce serait parfaite pour une séance photo improvisée.

Sous le feu des projecteurs

C’est comme si sa question sur l’endroit où ils sont est arrivé plus tard aux oreilles de Lance, comme si l’homme en face de lui avait vu la brume se dissiper avant. Il réalise enfin qu’autour de lui se trouve le fameux studio. Est-il en train de tomber malade qu’il est à ce point-là totalement à l’ouest ? Il n’a pas souvenir d’être entré dans une pièce, pas souvenir d’avoir traversé une quelconque porte. D’ailleurs, depuis quand il y a un endroit comme ça à Bloombury ?

« Bah c’est… la ville au Canada… ? »

Un immense doute prend le Cubain : c’est un moldu ? Un moldu est parvenu à entrer ici ? Peut-être c’est un système de défense mis en place par la communauté sorcière ? C’est original quand même, il n’en a jamais entendu parler. Ah mince, il fait quoi maintenant.

Il regarde un peu mieux la pièce, essayant de se détendre. Il ne doit pas parler de magie, il ne doit pas aller plus loin. Juste au cas où. Machinalement, il avance vers le centre, sous les lumières et se tourne vers le photographe. C’est donc ça, ce qu’on voit de ce point de vue ? Incroyable. Il peut totalement s’y faire. Maintenant qu’il se voit mieux, il remarque qu’il est dans une de ses tenues de danse, celle qu’il peut utiliser pour des représentations. Ah, c’est ce qu’il a mis ce matin ? Il n’en a pas souvenir. Au final, une partie reste bien flou dans son esprit.

« Visiblement, tu as finalement assez de lumière maintenant. C’est assez… inattendu. Ça ne ressemble pas à un possible endroit où tu viens prendre des photos ? Des mannequins ? Tout est agencé pour en tout cas. Même les miroirs ! »

Il faudrait sans doute sortir d’ici et comprendre où ils sont, sa ville ou… Lifelam, c’est ça ? Sûrement. Mais quelque chose le retient, ici. Quelque chose qui lui dit que pour le moment, il est au bon endroit en fait. Il est dans un lieu où il devait se trouver et se sentir bien. A sa place.

Sous le feu des projecteurs

Le Canada ? C’est quoi encore cette blague ? Tu n’as mis les pieds au Canada qu’une seule fois dans ta vie et c’était il y a plusieurs années maintenant. Vraiment, tu ne comprenais rien à ce qui était en train de se passer. Ton appareil photo dans les mains, le doute sur ta prise de substance, et maintenant cette histoire de Canada… Ca commence à faire beaucoup pour une seule personne. Ça t’inquiète, et ça se voit certainement sur ton visage.

Tu reprends contenance lorsqu’il se déplace vers le centre de la pièce. C’est vrai que c’était étrange, mais c’était aussi et surtout tout ce que tu pouvais espérer pour ta carrière professionnelle. Posséder un studio de ce genre, avec du matériel de qualité pour pouvoir faire tes photos et en vivre.

« Non je… je connais pas cet endroit. Je suis encore étudiant. C’est le rêve de pouvoir posséder ce genre d’endroit, clairement. »

Un rêve que tu ne pouvais pas encore atteindre malheureusement.

Mais tu suis du regard l’inconnu avant de faire tes premiers pas également vers le centre de la pièce. Avec curiosité, tu allumes les quelques éclairages. Peut être auriez vous dû essayer de trouver une sortie à cet endroit étrange, mais c’est pire que de la tentation. On pourrait presque croire que tu as des étoiles dans les yeux à reluquer tous les spots.

« Tu as déjà fait un shooting ? Pour le fun ou avec des potes ? »

Ce serait dommage de partir en laissant tout ça, sans essayer. Et en même temps, ce matériel doit bien appartenir à quelqu’un… mais à qui ? Personne ne se manifeste depuis plusieurs minutes.

« Je ne peux pas prendre de photo sans modèle alors… si ça te tente, d’être mon modèle pour quelques minutes ? »

Trop bizarre comme proposition, mais bon, on ne peut pas dire que ce n’était pas dans tes habitudes d’être bizarre.

« Enfin je comprendrais si tu refuses, mais c’est tellement classe ici… »

Sous le feu des projecteurs.

Au début, Lance plisse les yeux quand les lumières supplémentaires sont ajoutées, mais il s’adapte plus rapidement qu’il ne le pense tandis qu’il écoute la réponse de son interlocuteur. Étudiant lui aussi, alors ? Il a envie d’en savoir un peu plus, sur cet homme. Cependant, il devrait alors lui aussi développer des sujets à son propos et le Cubain craint trop de dire des choses qu’il ne faut pas.

« Pour s’amuser, oui ! Rien de jamais sérieux, mais j’ai un ami qui est là-dedans, il s’en sort super bien. Ça donne envie, parfois. »

Cette lumière qui l’entoure, il pourrait s’y accommoder sans souci. Pas forcément en tant que protagoniste d’une représentation dans un ballet ou dans un musical, mais juste être là, dans une troupe sous le regard de spectateurs venu pour admirer diverses danses en tout genre, faire passer moment inoubliable à ces derniers. Rien que ça pourrait lui suffire, un peu de reconnaissance face à tant d’années d’efforts.

Il offre un sourire au photographe quand ce dernier lui fait sa proposition. Bien apparemment, il tient également à rester ici pour le moment. Ils pourront retrouver le chemin plus tard, non ? Au stade où ils en sont, rien ne presse maintenant.

« Avec plaisir ! Profitons, ce n’est pas tous les jours que nous serons ici. »

Comment refuser ? Comment ne pas accepter cette opportunité ? Lance ne le sait pas. C’est pourquoi il ne perd pas un instant et se place au centre. Ah, autant commencer par du classique comme pose, non ? Le jeune étudiant n’est pas habitué à poser, forcément, mais il sait comment être naturel dans ses mouvements, ceux qu’il connaît par cœur. Alors, doucement, il se met dans une première position. Doucement, son pied se met sur la pointe, tandis que son autre jambe bascule lentement en arrière, le temps de trouver le point qui le fait tenir. Un bras se tend en avant, l’autre en arrière. Et il tient. Et son visage change d’expression, comme déjà emporté dans ce qui va suivre. Il ne dit plus un mot.

Sous le feu des projecteurs

Un sourire s’arque sur tes lèvres lorsque tu entends que ton partenaire inconnu s’est déjà adonné à quelques shooting photos « pour le fun ». C’est déjà ça, et ça te fait sourire parce que tu trouves que la photo -la vraie, pas celle avec des filtres… se perd et c’est dommage.

« Ah ouais ? Franchement je le comprends. J’adore mes études aussi. J’ai hâte d’en finir quand même pour trouver un studio à louer et pouvoir commencer à en vivre. Et toi tu fais quoi ? »

Tu ne parles pas du désir de tes parents, qui eux aimeraient que tu restent en études pour faire autre chose, de plus gratifiant selon eux. Parce qu’à chaque fois que tu y penses tu deviens grognon. Et c’est pas le moment.

Alors tu le regardes alors s’approprier les lieux tandis que tu te donnes l’autorisation d’installer ton appareil photo sur les machines prévues à cet effet. Comme si tout avait été spécialement préparé pour votre venue. C’était quand même dingue.

Le sourire qu’il arbore lorsque tu lui proposes de faire un petit shooting avec lui, pour s’amuser, puisque vous ne saviez pas vraiment où vous étiez ni quand est ce que vous en sortirez réellement… si vous en sortez un jour. Alors quand il accepte tu te presse de regarder les réglages de ton appareil pour être certain du rendu de tes photos suite à ce petit shooting.

« On a même une imprimante pour développer les photos après, c’est trop bien. »

Vraiment, c’est le rêve éveillé.

Et le pire c’est qu’il prend bien la lumière, le bougre. Quand tu le vois prendre la première pose, tu ne tardes pas à prendre les premiers clichés. Les effets, avec les miroirs, les lumières et même sa tenue qui attrapait chaque rayon luminescent… c’était à se demander s’il n’avait pas fait exprès de se vêtir ainsi.

« En fait tu savais qu’on allait faire un shooting ? Je suis le seul a pas avoir été mis au courant ? »

Ça te fait marrer. Alors que c’est pas drôle. Mais bon c’est tout toi.

Sous le feu des projecteurs

“ Je suis dans un cursus de... sports. Spécialisé en danse.”

Il omet bien entendu que le vrai nom de ses études, c’est “Sports Magiques” et qu’il est possible de faire du Quidditch, du coup. Il vaut mieux éviter, hein.  

Sa nouvelle connaissance semble heureuse, en tout cas. Lui aussi. Le plaisir est partagé, qui l’aurait cru, vu les conditions ? Ce n’est certainement pas une chose sur laquelle Lance aurait un jour parié.

Pourtant, le temps passe et passe encore – enfin, c’est ce dont il a l’impression, car en vérité, il ne sait pas depuis quand ils sont ici. Ha, il est définitivement en retard en cours, maintenant. Il s’excusera, ce n’est pas bien grave, pour une fois.

“ Vous avez tout ce qu’il faut ! Une chambre noire, c’est ça le nom ? J’ai toujours voulu voir l’intérieur. Et non, je le promets, je n’avais rien prévu en avance ! Ce serait carrément bizarre sinon. Je suis aussi surpris que toi. Une blague qui tourne bien ?”

Il rit, et tout semble s’évaporer dans les airs. C’est alors que la brume revient doucement, sans explication. Quoi ? Pourquoi ? Le sorcier n’en a pas envie. Pas maintenant. Il se tourne alors, fait dos à son interlocuteur.

“ On dirait bien que la séance est terminée... Il va falloir trouver comment rentrer, euh, comment tu...”

Ses mots s’arrêtent, car lorsqu’il souhaite regarder l’autre homme, il découvre que ce dernier a disparu. Il n’y a de nouveau plus un seul bruit. Lui face au silence. Comment est-ce possible ? Tout cela est surréaliste, il ne comprend plus rien. Un peu comme dans un...

Oh.

Il ouvre les yeux. Dehors, c’est la nuit. Un rêve ? Ce n’était qu’un rêve ? Il sent alors sa baguette dans ses mains. Ah. Oui. Il a voulu tenter un sort pour l’aider à mieux s’endormir, mais on dirait bien qu’il s’est raté quelque part. S’est-il introduit dans l’esprit d’une personne sans le vouloir ? Tout semblait si... vrai. Impossible d’avoir inventé cet homme.

“Ah... J’aurais bien aimé savoir son nom.”  

En tout cas, il a retrouvé son chemin.

Sous le feu des projecteurs

Quand il t’annonce son cursus scolaire, tu ne sembles pas vraiment surpris. Et finalement, si on t’avait posé la question sans savoir, tu aurais certainement penché pour le sport.
Et le temps passe vite en si bonne compagnie. Qui l’aurait cru, au départ. Tu t’arrêtes seulement quand tu remarques que ton appareil n’a plus de place de stockage, ce qui t’étonne un peu d’ailleurs. Mais tu ne fais pas de commentaire à ce sujet.

« On peut se servir d’une chambre noire avec les anciens appareils photos… mais ça se fait de plus en plus rare maintenant avec le numérique. On imprime depuis l’ordinateur ou directement depuis l’appareil photo parfois. Comme avec ton téléphone en fait. »

Un sourire. C’est vrai que tu parles facilement de ce qui te passionne et encore, tu te mets un frein parce que tu vois votre environnement changer. Encore. Comme tout à l’heure quand le studio s’est découvert, le voilà qui disparaît. Ça te laisse un peu bête.

« Et oui tu as raison c’est plutôt une blague qui.. »

Tu le cherches du regard mais plus rien. Regardant rapidement autour de toi, tu constates que tu es de nouveau perdu dans la brume.

« Une belle blague oui… »

C’est le bruit strident du réveil de ton téléphone qui te tire de ta rêverie. Dans la brume, tu te redresses, le visage crispé, éblouit par ton écran d’ordinateur qui illumine ta chambre entière. Dans ton cendrier, un joint à moitié consommé à malheureusement été abandonné il y a une paire d’heure vu son état.

« Bordel… »

Tu as du mal à remettre tes idées dans l’ordre, mais ton premier réflexe est de regarder les dernières photos prises dans ton appareil. Rien. Pas de brume. Pas de studio. Pas d’inconnu.

« Je dois vraiment arrêter cette merde… »

Et tu fermes ton ordinateur pour simplement aller te coucher.