miss lumiris 2022

La voix de la présentatrice résonnait dans l'audiance et dans ton esprit — ta fébrilité se ressentait au point où tu pouvais presque la toucher ; intangible mais perceptible, tu stressais. Tu avais suivi ton cœur en ignorant ton esprit — Miss Lumiris, Miss Lumiris. Ce titre vibrait en toi comme la mélodie chez son musicien. Comme les histoires chez son écrivain. Comme les fleurs l'avaient fait avec toi autrefois.
Une artiste. Voilà ce que tu étais. Une artiste dont l'âme s'était jadis égarée pour se retrouver ici — dans cette région qui t'avait ouvert ses bras ; elle t'avait enlacée, elle t'avait donné foyer. Cette région, elle était aujourd'hui ta maison. Tu l'aimais et tu voulais, derrière tes airs de Kalosienne nuancée, la représenter. Tu ne rêvais plus souvent, Abbie, mais depuis quelques semaines, tu laissais ton imagination vagabonder et ton esprit s'égarer — tu laissais ton conte de fées se recréer et lorsque, la nuit, tu rejoignais les bras de Morphée, tu voyais ce reflet de toi-même et il touchait le titre. Tu te sentais heureuse et légère — tu étais sur un nuage, un paradis éphémère où papillonnaient quelques pétales de fleurs. Jeune bourgeon d'un printemps qui se faisait déjà convoiter. Tu voulais recréer ce rêve, ces images magnifiques et un peu trop belles pour être réelles — cet idylle qui t'aidait à bien dormir la nuit, tu avais décidé de leur montrer.

En coulisses, tu avais entendu ton nom et tu avais tremblé. Tu étais la première dans la catégorie Miss. Celle qui devait briser la glace — celle qui allait devoir ouvrir le bal pour les éblouir. Tu avais répété, tu avais tellement pratiqué — ton Pokémon et toi, vous aviez réfléchi, vous aviez créé, vous aviez dansé. Cette fois devait être la meilleure — une prestation sans erreurs, un défilé qui vous laissera un sentiment de fierté.
Un...
Deux...
Trois.
Une inspiration. Puis deux. Puis des bruits de pas ; tu avançais sans te mettre à trop réfléchir comme tu avais l'habitude de le faire. Tu ne devais pas paniquer — tu devais briller.
Brille, brille, petite étoile.

Ils étaient tous là. Les anciens Mister et Miss Lumiris, la doyenne, les champions et les professeurs de la région. Les yeux rivés sur toi. Tu n'avais pas regardé les prestations des Mister, d'une part pour rester concentrée, d'une autre pour ne pas te laisser influencer. Tu ne voulais pas te comparer ; tu voulais présenter ce que tu avais mis trop de temps à préparer. Tu souriais — et avec ton unique pokéball entre tes mains, tu l'avais laissé s'échapper. La Méganium chromatique était apparue à tes côtés.
« Je m'appelle Abigaëlle Bellamy, et voici Calla. » Ton Pokémon saluait la foule et les juges, d'un petit cri flagrant d'enthousiasme. « Nous allons vous présenter un numéro qui s'intitule... les songes d'une fleur. »

Le piano qui composait la musique avait entamé sa mélodie. Cette musique te rappelait ton enfance — tu l'avais entendu à maintes reprises dans ce film dont tu connaissais chaque dialogue. Cette musique, elle t'avait marqué, elle te plongeait dans une nostalgie agréable. Allongée au sol, Calla avait laissée s'évaporer un doux parfum aux nuances rosées ; les rêves pouvaient commencer. Tu rêvais, et dans les rêves, tout ce qui paraissait impossible ne l'était plus. Cramponnée au dos de ton Pokémon, tu étais enveloppée de ses pétales. Des pétales qui s'ouvraient, laissant s'esquisser un bourgeon en fleur, toi. Tu te réveillais d'une longue sieste — une sieste quasi éternelle, et le monde s'ouvrait à toi. Le monde t'ouvrait ses bras. Tu t'étirais, et faisant face à la foule, tu avais glissé ; quittant ainsi le dos de ton Pokémon pour toucher le sol.
Puis les notes du violon s'entendaient ; un vent floral accompagnait la musique — danse-fleur qui avait permis à ton chapeau blanc de quitter ta tête pour s'envoler.
Tu essayais de le rattraper. À l'aide de petits pas de danse que tu avais soigneusement répété, tu pourchassais ton couvre-chef ; ta robe se laissait aller à la brise, elle dansait avec toi. Mais ton chapeau menaçait de prendre son envol pour toujours et il montait plus haut, et plus haut encore, puis vers les cieux.
Tu le pensais perdu, ce chapeau. Tu le pensais perdu pour toujours mais par chance, tu étais dans un rêve. Ce grand Méganium qui se tenait prêt de toi avait rattrapé l'objet convoité de ses canines délicates, avant de le reposer sur ta tête. Tu avais retenu ta leçon, et maintenant, tu le tenais avec tes mains. Il ne devait pas s'envoler à nouveau.
Mais toi, Abbie, allais-tu t'envoler à ton tour ? Les alizés étaient présages de tempête ; une tempête verte qui s'abattait dans ce monde imaginaire, faisant quitter tes pieds de la scène, légèrement. Une bourrasque assez puissante pour qu'un jeune bourgeon florissant comme toi ne s'abandonne à une envolée infinie. Mais tu n'avais pas dit ton dernier mot, tu ne pouvais pas partir ainsi — d'une main, tu empêchais ta coiffe de te quitter — de l'autre, tu agrippais cette ombrelle que Calla semblait vouloir te tendre. Tu l'avais prise et, elle s'était instantanément ouverte. Tu volais Abbie, et maintenant, tu étais une véritable fleur. Tu avais éclos. Tel un papillon qui sortait de sa chrysalide, le bourgeon que tu étais autrefois avait laissé place à quelque chose de plus beau. Quelque chose de florissant — la tempête s'estompait et tes pieds regagnaient la terre ferme.
Alors que le zénith illuminait la scène tel un projecteur lumineux, tu virevoltais avec ce Pokémon qui t'avait assisté ; vous étiez des fleurs prêtes à affronter le monde.
Parfois, les rêves pouvaient devenir réalité.

Une révérence. Un salut et un sourire. C'est en envoyant valser une poignée de corolles, ta Méganium et toi, que vous tourniez le dos à la scène avant de regagner les coulisses. Une marque de votre passage.
Les rêves avaient laissé place à la réalité — mais ces délicates pétales au sol... elles exprimaient que même une fois éveillés, vous pouviez continuer de rêver.
Et ne jamais vous arrêter.

La tenue d'Abigaëlle : (www)

(c) Ellumya & TakeitEzy

Spoiler:

Qu’est-ce qu’il m’a pris de m’inscrire à ce concours de « Miss et Mister Lumiris » ? Je me pose encore la question. Et pourtant, je suis là, dans la loge qui nous a été attribuées, à me regarder dans la glace en brossant mes longues mèches bleues qui s’accordent si bien à la couleur d’Amanza qui m’imite, passant ses nageoires sur ses oreilles. Je la regarde en souriant, malgré un pincement au cœur. J’ai encore du mal à réaliser tout ce qu’elle a sacrifié pour me suivre et le fait qu’elle ne m’en veuille pas. C’est pour ça, que je suis là. Pour elle. Pour achever cette reconquête. Pour finir de nous retrouver. De fait, je décide de me faire deux couettes, à l’image de ses oreilles. Et si les miennes se terminent de violet, nous n’en sommes pas mois assorties. De même, je m’habille d’une robe à volants dans les mêmes teintes que sa peau. Cela peut sembler enfantin, même à moi. Mais la cicatrice à ma cuisse n’en reste pas moins visible, ce qui ôte toute légèreté à ma tenue. Des ballerines bleues complètent la tenue. Je me sens pour le moins ridicule. Je n’ai jamais porté ce genre de tenue par le passé, préférant les maillots de bain et les shorts en jean. Cela aurait très bien pu nous refléter. Mais trop de souvenirs seraient remontés dans ma tête si ç’avait été le cas. Finalement, ça, c’est aussi bien. Même si je sais que les souvenirs vont remonter, quand je serai sur scène. Oh bon sang. Je sens que je vais être ridicule. Mais bon. Nous savons très bien ce que nous allons faire, pour cette présentation. Même si me mettre en spectacle comme ça…. C’est tellement différent de mes compétitions de surf d’autrefois !

« Miss Redbird, c’est à votre tour ! »

Quelqu’un vient de toquer à la porte pour me rappeler l’heure. Je souffle une nouvelle fois avant de me lever, non sans un dernier regard pour ma compagne d’enfance. Elle hoche la tête à mon encontre et nous quittons l’abri procuré par la loge pour gagner la scène. Vivement la fin de tout ça.

« Bonjour. Je m’appelle Na’Hyri Redbird. Et voici Amanza, ma compagne de toujours. Nous allons vous raconter notre histoire. »

Une histoire vieille de vingt ans. Mais je ne compte pas raconter notre première rencontre, notre enfance. Alors que la musique (CLIC) se met en place, nous aussi. Amanza commence par lancer un Aquajet pour recouvrir la scène d’eau. Une attaque Vent glace lancée en douceur permet d’animer la mer. De mon côté, j’attrape, en tremblant, la planche qui m’est tendue pour figurer ma planche de surf. Je crois que ce qui m’aide à la prendre pour de vrai, c’est de savoir que ce n’est pas une vraie mer. Je ne croiserai pas de Sharpedo ici. Pas en vrai, en tout cas. Je pose la planche à un endroit, en bordure de l’espace aquatique et vais m’allonger sur une partie sèche, un faux téléphone en main. Je fais mine d’échanger des messages avec quelqu’un, comme ce soir là. Puis je me redresse, porte l’objet fictif à mon oreille.

« J’arrive. Ne bouge pas. »

Je me lève alors, passe par ce qui figure une fenêtre et jette un coup d’œil au décor de fonds sur lequel se trouve une barque. J’indique clairement que non, je ne la prendrai pas et que je lui préfère la planche de surf.

« Aucun risque de réveiller mes parents, ainsi. »

Barbotant dans l’eau, Amanza me surveille et s’approche.

« Reste ici, Amanza. Je rentre bientôt. »

A l’époque, elle était simple Otaquin. Mais c’est impossible de lui redonner cette apparence. Je tapote néanmoins sa tête comme ce jour-là. Je songe à cet instant que le combat avec le Sharpedo aurait pu la faire évoluer. Ce ne fut pourtant pas le cas. Je retiens l’envie de secouer la tête et elle lance un nouvel Aquajet pour faire monter le niveau de la mer sur scène pendant que je m’allonge sur la planche. Sur le décor mural, un Sharpedo apparaît alors tandis que l’on voit Amanza qui me suit. L’écran animé permet de voir la gueule pleine de dents acérées du poisson s’ouvrir et l’obscurité se fait autour de nous tandis que les dents du requin se referment sur ma jambe droite. L’Ecrase-face lancé dans l’ombre par Amanza donne l’impression que je suis aspirée sous la surface.

C’est à ce moment qu’elle entre vraiment en scène, pour mimer son combat face au Sharpedo. Moi, je remonte à la surface, m’accroche péniblement à la planche, me laissant dériver vers le bord. A grands renforts d’Ecrase-face, de Rugissement, de Pistolet à O l’Otarlette mime le combat qu’elle avait mené cette nuit là. D’où je suis, j’observe la scène et m’en veux de la lui faire revivre. Je vois avec quelle force elle s’est battue pour moi, ce soir-là, et je m’en veux plus encore de la réaction qui a suivi. Le rideau s’abaisse un instant le temps pour la scène de se vider de l’eau qui l’occupait, puis il se relève. Je suis allongée dans un lit. Par la fenêtre, je peux voir la mer, et l’Otarlette, figurant l’Otaquine qu’elle était alors, venir à ma fenêtre dès qu’elle le peut. Le cœur brisé en me remémorant ces instants, je me détourne d’elle. Les larmes me montent aux yeux, invisibles pour le public. Et puis je me lève, je réapprends à marcher avec des béquilles. Je vais à la rééducation, l’ignorant toujours, malgré les Regard Touchant et les Voix Enjôleuse qu’elle lance vers moi. Enfin, je sors de ce qui représente l’hôpital, pour la scène la plus difficile à jouer. Celle que je n’ai pas voulue répéter : celle du rejet. Le cœur serré, le ventre noué, je m’apprête à l’envoyer valser, comme cette fois-là.

« Va-t-en. Je ne veux plus te voir. Je n’ai plus besoin de toi. L’eau n’est plus mon élément. Je n’ai plus rien à t’apporter. »

Sur ces mots, je me détourne et ne la regarde plus. A la place, je me rapproche d’un verger et ramasse une pomme du décor mural. Au moment où je m’apprête à la mordre, la pomme bouge. La pomme, qui s’avère être un pokemon, remplacera Amanza pendant les dix années suivantes. Pourtant, ce n’est pas comme Amanza. Ca ne le sera jamais. Je traverse la scène. Je commence à boîter, ma jambe fatiguant. Amanza continue à me suivre, se cachant, de ci de là pour que je ne la vois pas. Sur le décor mural, l’inscription dix ans plus tard…. figure le temps qui est passé. J’ai hâte de jouer cette partie. Celle des retrouvailles.

Je flâne dans les rues. Elle me suit. Où que j’aille, je la vois. Je finis par m’arrêter, la confronter. La regarder. Pour que ce soit plus visible, Amanza utilise à nouveau Regard Touchant, et je tombe à genoux, lui demandant pardon, lui ouvrant les bras dans lesquels elle se blottit. Le rideau s’abaisse sur ces retrouvailles. Je suis en larmes. J’ai du mal à revenir au présent et à me relever. Son nez vient sécher mes larmes et je m’efforce de me relever, prenant appui sur la canne que l’un des techniciens vient m’apporter derrière le rideau. Je quitte la scène, accompagné de mon Otarlette

Officiellement dix-huit ans depuis peu, son propre studio à Artestia pour y suivre ses études de stylisme, la vie était belle, pour Katinka. Elle profitait à fond de sa jeunesse et de cette nouvelle indépendance. Une vraie, cette fois. Et la jeune fille en profitait pleinement. Il y avait toujours de la musique, chez elle. Elle dansait régulièrement, entrainement son équipe avec elle dans ses rondes folles. Elle n’avait aucune envie de voir le temps s’écouler trop vite, même si elle avait hâte de devenir connue dans le monde du stylisme et de la coordination. C’est pour cela qu’elle s’était inscrite au concours de Miss Lumiris. Parce qu’elle voulait cette reconnaissance. Certes, elle ne pouvait pas savoir d’avance si elle gagnerait. Mais si elle pouvait déjà passer la première étape avec succès, elle serait contente. Ce serait autant de visibilité qui lui serait accordée.

Elle savait que ses parents seraient contre sa participation à ce concours. Et encore plus contre le fait qu’elle fasse sa propre tenue.  Ce qu’ils pouvaient être chiants conventionnels, Heureusement, ils ne seraient pas là ce soir. Mais Katinka espérait qu’elle pourrait compter sur le soutien de sa meilleure amie, même si celle-ci participait aussi au concours. Si Maya gagnait, Katinka serait heureuse pour elle, et elle était persuadée qu’il en serait de même pour l’idole en cas de victoire de la jeunette. En attendant, il fallait qu’elle apporte les derniers réglages à sa tenue, elle l’avait elle-même dessinée et confectionnée, s’inspirant de ce à quoi ressemblerait Magic si elle devenait un jour Sorcilence. Pour l’instant, la petite Bibichut prenait son temps, pour évoluer, mais Katinka ne la presserait pas. Jamais. Après tout, Magic partageait sa vie depuis sa naissance, à savoir dix-huit ans maintenant. D’abord sous forme d’œuf, puis, sous sa forme de Bibichut lorsque l’œuf avait éclos. La seule chose qu’elle n’avait pas prévue pour sa tenue, c’était le chapeau. A quoi bon faire un chapeau quand on en possédait déjà un, qui serait le clou du spectacle ?

La blonde, habituée au poids de sa pokemon, posa la Bibichut sur sa tête, avant de placer ses longues mèches, dont certaines avaient été teintes de la couleur de la Bibichut pour matcher avec sa tenue, de façon à se parer de ses cheveux comme d’une cape. Elle était prête à monter sur scène. Quittant l’endroit où elle s’était préparée, elle rejoignit les coulisses avant qu’on ne lui fasse signe de se mettre en place derrière le rideau baissé. Les premières notes (CLIC) de la musique qu’elle avait choisie ne tardèrent pas à résonner alors que Magic lançait une attaque Vaste pouvoir sous les pieds de sa dresseuse pour qu’une estrade dont seules les lignes étaient visibles la soulève du sol. Un air d’opéra. Sans doute pas ce qu’elle était la plus habituée à chanter, mais avec l’aide de sa Bibichut elle s’en savait tout à fait capable. De fait, celle-ci vint bientôt en renfort avec une association Camaraderie et Voix enjôleuse afin que la jeune dresseuse puisse tenir et pousser les notes les plus hautes de son chant. Aromathérapie et Fontaine de vie furent bien vite ajoutées à l’ensemble pour faire pleuvoir autour de Katinka des parfums aussi envoûtants que la voix qui sort de sa bouche. Jusqu’à ce que la musique marque un arrêt avant de s’accélérer subitement. Cette fois, la douceur des attaques fut remplacée par un Feu ensorcelé, nouvellement appris par la petite pokemon, mais parfaitement maîtrisé qui vint encercler l'estrade formée par la première attaque de la pokemon. Les flammes semblaient danser au fur et à mesure que la voix de Katinka montait ou descendait, dans un jeu hypnotique avant de s'éteindre brusquement en même temps que la musique.

Les bras de la jeune chanteuse, les excroissances en forme de cheveux de la Bibichut avaient bougé dans les airs, en rythme avec la mélodie tout le long de la prestation. Lorsqu’enfin la voix de Katinka se tut, la Bibichut sauta de la tête de sa dresseuse pour venir saluer le public. « Je vous remercie de votre attention. Mon nom est Katinka Solomon. Les effets techniques de cette prestation vous ont été présentés par Magic, la Bibichut qui m’accompagne. » Serait-ce suffisant ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Mais bon. Qui ne tentait rien n’arrivait à rien, de toute façon. Récupérant la petite pokemon sans ses bras, la blonde quitta la scène, sans chapeau.

Inspiration:

les costumes:

miss lumiris 2022

Les artistes ne servent à rien ;
Tu seras toujours pauvre.
Pauvre.
Et tu ne seras personne.
Pauvre fille.
P a u v r e
fille...
...

« Mademoiselle Bellamy ? »

Oh. Tu avais dissocié de la réalité à un moment pareil ?
Haha... haha. Reprends-toi, Abbie.

« C'est à votre tour de monter sur scène. Tout va bien ? »
« Oui ! Pardonnez-moi, je réfléchissais. J'y vais... »

Tu allais montrer à ta région ton talent, ta passion et ton métier. Tu allais leur montrer ton coeur, ton âme et ton esprit. Ta raison d'être.
Et s'ils n'aimaient pas ?
Tu secouais la tête. Tu étais terrifiée. Tout le monde avait un talent impressionnant, quelque chose qu'il était aisé de montrer à un public, quelque chose de beau — pour certains, c'était le chant, ou la danse. Pour d'autres, les tours de magie. Toi... tu n'avais que l'art floral. Ce n'était pas un talent que l'on montrait sous forme de performance, alors tu avais dû improviser. Tu n'avais jamais confectionné quoi que ce soit devant les autres, tu créais tes bouquets dans la solitude, et tu montrais le résultat ensuite. Ce serait une première pour toi, Abigaëlle.
Et s'ils trouvaient ton talent inutile ? Comme eux...
Non. Non. Non...
Tu étais talentueuse, Abbie. Ta création allait les éblouir.
Et si le résultat ne te convenait pas ?
Et si... ?

Tu inspirais, puis tu expirais. Tu avais ton petit chariot sur lequel reposait de nombreuses plantes, des fleurs de toutes les couleurs, tes outils et des pots. La nature était magnifique. La flore de Lumiris était d'une beauté démentielle — tu voulais lui rendre hommage, tu voulais qu'ils sachent ce que signifiait cette région pour toi. Cette région qui t'a accueilli à bras ouverts, au moment où tu en avais le plus besoin. Lumiris faisait partie de toi, aujourd'hui. Tu allais improviser ; tu allais laisser l'inspiration te guider. Tu allais laisser ton imagination et ta créativité mener la danse. Tu en étais plus que capable, Abigaëlle.

❝ can we speak in flowers ?
it will be easier for me to understand...

Le bruit de tes pas résonnait sur le sol des escaliers qui menaient à la scène. Tu souriais. Tout allait bien se passer. Ton talent n'était peut-être pas le plus spectaculaire visuellement ; tu ne ferais pas d'acrobaties, tu n'allais pas les émouvoir de ta voix, et tu n'allais pas jongler avec des pokéballs. Mais tu espérais du plus profond de ton coeur qu'ils allaient apprécier.
Ton Pokémon te suivait de près ; elle allait t'assister dans ta réalisation. Tu t'étais arrêtée tout près du bord de la scène, au milieu. Les grands écrans s'étaient allumés pour les jeunes gens assis dans le fond qui auraient du mal à te voir. Tu avais agité ta main — elle était tremblante. Faites que ça ne se remarque pas...
Au loin, dans la foule, une chevelure châtaine. Un sourire rayonnant. Il s'était levé pour t'encourager — il voulait que tu le vois. Elliot Bellamy, ton père — celui qui t'avait toujours supporté. Celui que tu voulais rendre fier. À ses côtés, une silhouette. Délicate, apaisante. Tu savais qu'elle n'était pas réelle ; parce qu'elle n'était plus de ce monde. Mais elle était là, avec toi. Elle était toujours dans ton coeur.
Maman...
J'ai commis des erreurs par le passé. Mais aujourd'hui, laisse-moi te rendre fière.
C'était grâce à elle que tu avais suivi la voie de l'artiste. C'était grâce à ses tableaux que tu avais développé cette passion pour les fleurs. Tu te devais de lui montrer. Dans ton bouquet, il y aurait un hommage à ta belle région qu'était Lumiris, mais aussi à tes parents, sans qui tu ne serais sans l'ombre d'un doute plus là aujourd'hui.

« Bonjour à tous ! Je me suis déjà présenté, mais je me permets de vous rappeler mon nom. Je suis Abigaëlle Bellamy, et je suis originaire de Kalos. » Pour que ton talent et sa signification soient bien compris, tu te devais de leur expliquer qui tu étais ; d'où tu venais, et pourquoi cette passion. « Lumiris m'a ouvert ses bras, et aujourd'hui, j'aimerais lui rendre hommage. Vous rendre hommage. » Tu avais fait signe à Calla de pousser la petite table sur laquelle tu allais travailler. Elle bombait le torse, fière de pouvoir participer. Tu ne pouvais t'empêcher de sourire. Sa douceur était tel un baume sur le coeur. « Merci beaucoup Calla ! » Tu avais caressé la tête de ta Méganium avant de reposer tes iris rosés sur la foule. « Mon métier est tristement peu connu, alors je vais vous le faire découvrir aujourd'hui. Je suis décoratrice florale ! Les fleurs sont mon domaine d'expertise en tant qu'artiste, mais aussi ma passion. Voilà pourquoi je vais confectionner un arrangement artistique à l'image de Lumiris. »

La musique commençait tout en douceur. Elle était relaxante, réconfortante ; c'était une musique d'ambiance que tu aimais écouter depuis longtemps. Elle te rappelait ton enfance, elle te rendait nostalgique. Toi qui était terrorisée à l'idée de créer un arrangement là, tout de suite, tu te laisser bercer par le jazz, et tu laissais ton inspiration monter en toi.
Jeune bourgeon florissant, aux pétales couleur rose dragée — tes frêles mains blanches s'approchaient de ton plan de travail, et tu fermais les yeux — tu laissais les images se créer dans ton esprit, comme dans une chambre noire.
Tu voyais des couleurs — tu voyais de la variété — tu voyais une histoire, elle était belle, elle était colorée, mais elle avait ses blessures.
Malgré son passé, elle ne se laissait pas abattre. Elle continuait de prospérer.

« Lumiris est comme un soleil. Elle est grande, elle accueille les âmes perdues en quête d'un foyer. Malgré ses températures variée, elle nous enlace de sa chaleur. »

Le tournesol. Cette fleur était imposante, belle et géante. Elle reposerait sur le centre de ta création ; elle en serait le coeur.
Près de la fleur du soleil, de grandes feuilles vertes. Parce qu'un arrangement floral sans feuille, ce n'était pas aussi beau. Les feuilles ressemblaient à deux ailes que tu aurais donné au tournesol.

« Je sais que Lumiris est riche en histoire. Elle a ses ombres du passé, et elle a ses blessures. Mais malgré ses épines, elle reste belle, et elle ne cesse de fleurir. »

Les roses. Fleurs d'amour et de douleur. Un paradoxe magnifique et triste à la fois. La réalité n'en restait pas moindre ; Lumiris n'avait pas vécu que des beaux jours, mais elle s'était relevée — la région et ses habitants savaient se défendre, et toi, tu osais croire en eux. Tu avais cette prétention et tu en étais fière.

« Ce que j'aime de Lumiris, c'est qu'elle accepte la différence et la variété. Je vois des humains venant de partout, avec une histoire unique. J'aimerais rajouter des fleurs de plusieurs couleurs, des fleurs qui ne poussent pas dans les mêmes environnements. »

Les arums rouges, les marguerites et les broméliacées étaient les premières de ton chariot sur lesquelles tu avais posé les yeux. Elles étaient colorées, belles et se mariaient parfaitement avec les autres couleurs qu'il y avait déjà sur ta petite table. Ta création prenait forme, mais elle était trop simple. Un arrangement floral avait besoin de fioritures.

« On m'associe souvent aux fleurs de cerisiers. Sans doute parce que j'ai les cheveux roses ! Ces fleurs sont très importantes pour moi, parce qu'elles me rappellent ma mère. C'est grâce à elle que je fais ce métier aujourd'hui. »

Trois branches de cerisiers avaient rejoint ta conception. Tu avais utilisé un pot sur-levé pour que le poids de ta création ne soit pas un danger — il ne fallait pas qu'elle tombe. Et surtout, tu voulais ajouter des fleurs tombantes. Tu aimais l'effet qu'elles ajoutaient et tu n'avais que très rarement la chance d'en déposer sur tes bouquets.

« Connaissez-vous les coeurs saignants ? Ce nom est très... parlant. Ils me rappellent que Lumiris est un archipel d'êtres humains qui cohabitent tous en coeur. Il y a eu des événements tragiques par le passé, mais la région a su s'entraider et aujourd'hui, vos coeur battent à l'unisson. »

Tout comme les branches de cerisiers, tu avais ajouté trois branches de coeurs saignants ; ceux-ci reposaient sur le bas de ta confection florale. Il ne manquait plus qu'une touche finale ; quelque chose pour lier tous les éléments entre eux. Tu avais pris un ruban rose en satin, et tu l'avais délicatement attaché derrière le tournesol. Les deux extrémités du ruban se laissaient tomber avec grâce — Lumiris était ton cadeau, et tu lui avais offert un présent sur cette scène.
Tu t'étais ensuite levée, admirant le résultat de ton improvisation, de ton imagination et de ton fameux talent, celui que tu devais présenter.
La musique continuait, alors que tu demandais à Calla d'utiliser Doux Parfum pour créer une aura rosée autour de l'arrangement désormais nommé « Lumiris ».

Spoiler:

« Je vous présente le résultat final de ma création représentant la région de Lumiris. Merci de m'avoir tenu compagnie pendant la confection. »

Ta première fois devant public.
Était-ce suffisant ?
Même si le domaine de l'art floral demandait des connaissances et beaucoup de minuties, certains pensaient parfois que c'était chose aisée... Et pourtant, toi qui étais dans le métier, tu savais à quel point cela demandait de la technique. Réussir du premier coup une telle oeuvre sur base d'improvisation demandait un grand savoir faire.
La musique s'était arrêtée. Et à nouveau, tu étais terrifiée.

Mais tu souriais. Tu avais fais signe à ta Méganium qui, dans un cri de joie enfantin, avait secoué son cou dans lequel se cachait un nombre incalculable de pétales de fleurs de cerisier. C'était ton cadeau de départ.
Et pendant que les pétales pleuvaient dans la foule, et que les enfants tentaient de les attraper, toi, tu quittais la scène en saluant les spectateurs. Calla s'occupait de ramener la table sur laquelle reposait Lumiris — le doux parfum se dissipait, et les applaudissement retentissaient.

Maman, papa, êtes-vous fiers de moi ?
Parce que moi... je crois que je le suis.

La création en plus grand : (www)

(c) Ellumya & TakeitEzy

Spoiler:

Inspiration:

Depuis les coulisses, je regarde le panneau de score, n'en revenant pas d'être première. Ce n'est pourtant pas mon délire, d'ordinaire, ce genre de chose. Je ne l'ai fait aujourd'hui que pour montrer à Amanza que je tiens vraiment à elle et que je ne recommencerai pas à l'abandonner. Que pour raconter notre histoire, montrer que tout n'est pas toujours rose avec les pokemon, mais qu'ils nous accordent souvent une deuxième chance que nous ne méritons pas réellement. Et pourtant, le résultat est là. Et il me faut maintenant me préparer pour la deuxième épreuve. Mon talent. Et c'est là que le bas blesse. A part le surf, je n'ai aucun talent. Et même le surf.... Je n'en ai plus fait depuis mes dix sept ans. Suis-je encore capable de me mettre debout sur une planche? Est-ce que ma jambe tiendra le coup? Je n'en a pas la moindre idée, mais je ne vois pas trop quoi d'autre essayer. Alors je vais me changer, passer un maillot de bain qui laisse ma cicatrice bien visible. Et, dans la loge, je m'adresse à Amanza.

« J'ai besoin de ton aide. Je ne suis plus remontée sur une vraie planche de surf depuis ce jour-là. »

Elle sait de quel jour je parle. Et elle opine du chef tandis que les autres passent devant nous. Je ne suis pas pressée, il y a tout un matériel à mettre en place. Parce qu'ils sont venus me demander il y a deux minutes ce que j'allais faire. De fait, il y aura un peu de temps d'attente, avant mon passage. Une piscine, même assistés de pokemon eau, ça ne s'installe pas vite. Au contraire. De ce que j'en sais, ils ont prévu aussi des pokemon air pour faire souffler le vent. Mais de toute façon, Amanza aidera pour les vagues. Enfin, ils viennent me dire que tout est prêt. Sur l'instant, je n'ai aucune envie de retourner sur cette scène, de faire mon effort. Et pourtant, mon coeur bat la chamade autant d'excitation que d'appréhension. Ce n'est pas anodin, cette montée sur scène. Si je n'ai jamais eu peur des piscines après l'attaque, la mer, l'océan, me paniquent littéralement. Je m'accroche donc au fait que là, ce n'est qu'une piscine et que je ne crains rien.

« Bonjour à nouveau. Je vais cette fois vous présenter mon talent. Lorsque j'étais jeune, jusqu'à l'accident que je vous ai narré juste avant, j'étais championne de surf à Alola. Je me voyais même le devenir à une renommée internationale. Mais l'accident qui a failli me coûter la jambe, comme vous pouvez le voir à cette cicatrice, m'a laissée avec une phobie de la mer et de l'océan. Je ne suis donc pas remontée sur une planche de surf jusqu'à ce soir. »

Je prends la planche de surf qui est appuyée à la piscine à vagues dans mes mains tremblantes. Le silence règne sur la scène. Je ne sais pas si, à un moment, de la musique retentira. Moi, en tout cas, je n'en ai pas prévu. Je prends une grande inspiration, souffle profondément en prenant tout mon temps, et je pose la planche dans la piscine avant de m'allonger dessus. La nage à contre courant est activée, de fait, j'ai beau avancer en poussant avec mes mains, je fais du sur place. Très bien. Ils ont compris le concept. Je sens tout à coup, sous moi, l'eau se mouvoir, se soulever. La formation des vagues. Un frisson parcourt mon échine, toujours ce mélange d'appréhension et d'excitation. Ma jambe tiendra-t-elle si je me mets debout? A l'instant même où j'essaye, une musique se lance. Je n'y prête pas attention. Pourtant, elle est de circonstance. Le geste est un peu approximatif, et pour cause. Si ma jambe gauche se plie normalement, la droite est plus raide. Néanmoins, je tiens debout pour affronter cette première vague. Pas réellement de figure, elle est trop petite pour ça. Je finis par plonger pour mieux ressortir après, assise sur la planche. Je jette un coup d'oeil à Amanza dans les coulisses et hoche la tête. La grosse vague va bientôt arriver. Pour l'heure, elle aide à en créer d'autres, de plus en plus grosses pour que je puisse m'échauffer, pour que je montre ce que je sais faire. Enfin, le rouleau arrive. Mon coeur manque un battement mais je le fais. Je me remets debout, je suis le mouvement de la vague jusqu'à entrer dans le rouleau. J'en ressors de l'autre côté, trempée, épuisée, en nage, avec une douleur énorme à la cuisse. Mais je l'ai fait. Je plonge dans l'eau tandis que tout se calme, s'apaise. Je gagne le bord de la piscine, en sors la planche, puis sors aussi. Je boîte. Forcément, j'en ai demandé beaucoup à ma jambe. Je m'incline vers le jury et quitte la scène en m'appuyant sur la planche pour ne pas trop montrer ma souffrance. J'ai pris sur moi à tous les points de vue. On me tend une serviette dans laquelle je m'enroule, et une chaise sur laquelle je m'assois le temps de calmer les battements de mon coeur et mes tremblements.

Les émotions qui résumaient la dernière place de Katinka était: la déception de cette position, et la colère du fait que le jury n'avait rien compris de l'élégance de ce qu'elle venait de faire. Sans doute était-elle trop en osmose avec sa pokemon. Sans doute auraient-ils voulu quelque chose de plus visuel. Mais c'était une Bibichut qui l'accompagnait. Pas un pokemon géant. Bref. Il ne fallait plus qu'elle y pense, mais qu'elle se concentre sur la suite. Elle n'écoutait même pas le passage des autres concurrentes. Pas même celui de son amie Maya. Elle s'en excuserait plus tard, mais pour l'heure, elle voulait juste être débarrassée vite fait de cette dernière place qui ne lui seyait pas. La dernière fois qu'elle avait participé à ce genre de concours, elle avait gagné. Il était hors de question que ce ne soit pas aussi le cas aujourd'hui. Et puis quoi, encore? Dernière? C'est pas pour moi songea-t-elle en serrant les poings dans les coulisses. Elle avait décidé de courir un risque, pour ce deuxième passage. Elle allait confectionner une tenue sous l'oeil même du jury.  Il lui fallait, pour cela, un peu de préparation avant, parce que ce n'était pas si simple que l'on voulait bien le croire. Heureusement, il y avait l'autre bouffonne là, qui avait besoin d'une piscine pour la démonstration de son talent. Et puis quoi, encore? Elle est première, alors elle s'arroge tous les droits? songea la jeune fille, amère, en rassemblant des étoffes de tissu, ainsi qu'un mannequin en support. Elle avait décidé qu'elle ferait appel à une personne dans le public, pour ne pas être influencée par ses propres goûts, mais bel et bien pour montrer l'ensemble de son talent. Sur le plateau roulant, elle rassembla les étoffes choisies, sa précieuse machine à coudre, des accessoires divers (rubans, boutons, fermetures éclair, cadre pour un sac à main...) Et monta sur une scène débarrassée de la piscine.

« Outre le chant, que vous avez entendu lors de mon précédent passage, l'un de mes talents est la danse. Mais je pense que vous avez déjà vu assez des danseuses pour l'instant. Je vais donc vous présenter mon plus grand talent, et ma passion, qui est également mon cursus d'études: le stylisme. J'aurais, pour cela, besoin de la participation d'une personne, dans le public pour choisir un vêtement, ou un accessoire à créer sous vos yeux. »

Une jeune femme leva la main et Katinka la fit venir pour qu'elle puisse lui dire ce qu'elle souhaitait la voir réaliser.

"Je souhaiterais vous voir réaliser une robe. Avec du tissu sur une seule épaule. Et un plissé. Et une traine légère."
« Une robe de mariée? »
"Oui, tout à fait!"

Katinka hocha la tête. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait en tête, mais c'était le jeu. La jeune femme retourna à sa place, laissant la blonde seule sur la scène tandis qu'un technicien installait une caméra.

« Je ne m'attendais pas à cette demande, mais ce n'est pas grave. J'ai tout ce qu'il faut. »

Cela prendrait sans doute plus de temps que ce dont Katinka disposait, mais elle devrait s'en contenter et faire de son mieux. Elle s'empara d'un tissu en satin de polyester, brillant, couleur ivoire. Elle savait ce qu'elle devait faire. Elle dessina un patron, sous l'oeil expert de la caméra, puis le coupa et le posa sur l'envers du tissus.

« Le patron, posé sur l'envers, va me permettre de dessiner ce que je dois couper. Appliqué sur l'envers, il n'abîmera pas le tissu de la robe. » expliqua-t-elle au public.

Elle découpa ensuite les cinq morceaux de tissu qui lui seraient nécessaires pour faire la robe.

« Je vais commencer par coudre la jupe en elle-même.  » indiqua-t-elle. Après tout, c'était le plus rapide. Elle commença par lisser la taille en elle-même, avec le ruban à l'intérieur qui servirait à froncer légèrement le haut de la jupe, puis elle referma la jupe sur la longueur. « J'ai fait un simple point droit pour la taille, puisqu'il sera renforcé ensuite lorsque j'ajouterai le bustier. Pour la couture de la jupe, ce sera un point en zig zag. »

Il lui fallut quelques minutes pour achever le jupon qu'elle posa ensuite sur son mannequin. Maintenant, elle allait s'attaquer au bustier.

« Pour le bustier, j'ai choisi de le couper en trois morceaux, puisque je vais intégrer un laçage à l'arrière. Il sera légèrement plissé à l'avant pour rappeler le plissé de l'épaule couverte. »

Elle leva la tête pour regarder le panneau du temps qui lui était imparti. Elle n'aurait pas le temps de tout faire. C'était sûr et certain. Néanmoins, elle pouvait au moins essayer d'en faire le plus possible. Elle entreprit donc de coudre, avec le même point en zig zag, les trois morceaux du bustier ensemble. Le décompte commençant à se faire, elle le plaça sur le mannequin, avant d'installer avec des aiguilles l'épaule couverte.

« Je n'ai malheureusement pas le temps de finir. Mais voici ce que devrait donner le résultat terminé. Le bustier et la jupe seraient cousus ensemble. Le bustier serait noué dans le dos et l'épaule serait placée comme ceci. Merci de votre attention. »

Dernière toujours à l'issue de la deuxième épreuve. L'idée que le jury était composé de personnes qui avaient subi une Bomb beurk lui effleura l'esprit. La seule chose qui la rassurait, c'était que cette fois, l'autre aux cheveux bleus avait fini derrière elle. Mais quand même. Katinka était mauvaise perdante, surtout lorsqu'elle estimait qu'elle faisait mieux que les autres. Et dès le départ, c'était le cas, par rapport à la bleutée, en tout cas. Bref. Il fallait qu'elle se rattrape et qu'elle leur montre qu'elle était la meilleure candidate pour le titre de Miss Lumiris, déjà parce qu'elle était née à Lumiris. Lorsqu'on avait dit cela, on avait tout dit, même si elle se garderait bien de se contenter de cette unique phrase comme réponse. Elle fut la première à être appelée pour répondre aux questions et ce fut la tête haute, dans une autre tenue qu'elle avait elle-même confectionnée, une robe au jupon froufrouteux asymétrique: très court devant, et presque trainant derrière, avec un décolleté carré qui mettait sa peau laiteuse en valeur qu'elle se présenta, les rubans tombant artistiquement le long de ses bras.

« Re-bonjour. Je m'appelle Katinka Solomon et j'ai dix-huit ans. Je suis étudiante en stylisme ici, à Artestia. Je suis née et j'ai grandi à Lumiris. Lumris, c'est mon île, c'est mon chez moi. J'aime les concours de pokemon, et souhaite devenir une grand coordinatrice reconnue. J'ai déjà participé à quelques concours, d'ailleurs. Je suis née dans une famille de quatre enfants. Deux filles et deux garçons. Je suis très proche de mon frère ainé. » Quant à ses parents, mieux valait ne pas en parler. « Magic, ma Bibichut, est ma compagne de toujours. Déposée quand elle n'était encore qu'un oeuf dans mon berceau, elle est le prolongement de mon être et je ne pouvais pas imaginer ne pas être là avec elle aujourd'hui. »

Y avait-il autre chose à rajouter? Non. Elle ne voyait pas trop. Et visiblement, le jury non plus, puisque la première question lui fut posée à cet instant là.

Si vous deviez être un type Pokémon, ce serait lequel est pourquoi ?

« Bonjour Professeur. Je vous remercie pour cette question qui permet de mieux nous connaître. Si je devais être un type de pokemon, je dois dire que je serais bien en peine de faire un choix entre le type Fée et le type Psy. Les pokemon concernés par ces types sont souvent des pokemon que l'on sous-estime au premier abord. Souvent d'apparence frêle et innocente, ils possèdent une véritable force intérieure que je pense moi aussi posséder. Concernant le type Fée, j'aime éblouir, donner des étoiles dans les yeux des gens lorsque je fais un concours pokemon, ou lorsque je danse, ou chante, ou couds. Concernant le type Psy, j'ai ce même côté déterminé qu'eux. Je n'aime pas la force et préfère réfléchir avant d'agir. » Ce n'était pas toujours vrai, mais ça, ils n'avaient pas besoin de le savoir. « Toutefois, si je ne peux choisir qu'un seul de ces deux types... Ce sera le type fée. Car l'art est ce qui m'anime le plus. »

Elle esquissa une révérence à l'adresse du professeur avant de se tourner vers la deuxième personne qui prenait la parole: le professeur Sequoia, cette fois: Pourquoi souhaitez vous être Miss Lumiris ?

« Et bien... Je suis née à Lumiris. J'aime ma région, mon île. Elle fait partie de moi. J'ai grandi avec elle. Devenir l'égérie de Lumiris pour une année serait pour moi un grand honneur. J'ai envie d'apporter des étoiles dans les yeux des petites filles, comme j'ai moi-même eu des étoiles dans les yeux par le passé en regardant cette élection à laquelle je n'aurais jamais pensé pouvoir participer un jour. J'ai, d'ailleurs, envie de dire à tous les enfants qui nous regardent qu'il faut qu'ils suivent leurs rêves, peu importe les dictats que leur impose la société, leurs familles. »

Ce fut ensuite au tour de Meira de poser une question qui laissa un instant interdite l'adolescente qui venait d'avoir dix-huit ans. J'approfondirais en vous demandant, ce que vous voulez apporter à Lumiris. C'était, sans nul doute, la question la plus compliquée pour le moment. Que lui réservaient les deux autres questions?

« Je souhaite apporter à Lumiris l'envie de rêver. L'envie de se réconcilier les uns avec les autres. Je ne veux plus voir cette séparation entre les Lumiriens. Je souhaite la disparition des groupuscules, la fin de la terreur apportée par les terroristes. Je souhaite que si je suis élue, les tensions s'apaisent. Lumiris a besoin d'espoir et je souhaite être la porteuse de cet espoir. » Elle avait dû marquer une pause, à un moment de sa réponse. Elle avait souhaité mentionner Mistral et Hestia, avant de se souvenir que Meira était, justement, à la tête de Hestia. La mentionner serait sans doute malvenu, d'autant que: « Toutefois, je ne suis pas là pour faire de la politique. »

Le quatrième membre du jury, Even, un coordinateur de renommée qu'elle admirait beaucoup, prit la parole à son tour: Qu'est-ce que Lumiris vous a apporté, changé en en vous ?

« Pardonnez-moi. Je suis née à Lumiris, j'y ai grandi. Lumiris est ma référence. Je suis Lumirienne depuis toujours et je ne souhaite pas aller vivre ailleurs. Lumiris est ma maison. Je réponds sans doute à côté de votre question, je n'en doute pas et vous m'en voyez navrée. Tout ce que je peux répondre à votre question, c'est que Lumiris a fait de moi la personne que je suis et celle que je souhaite être. »

Après ses deux mauvaises prestations, cela agaçait fortement la blonde de ne pas pouvoir répondre comme il le fallait à cette question, qui plus était, posée par une de ses idoles. Mais déjà, la dernière question, posée par l'ancienne Miss Lumiris fut posée. Comment appréhendez-vous la vie mondaine ? Un sourire naquit sur le visage de la candidate.

« Je n'ai pas peur, de la vie mondaine. Je peux même dire que je la connais déjà. Mes parents m'y ont familiarisée depuis mon plus jeune âge. » Ce n'était pas totalement vrai, mais ils n'avaient pas à le savoir. « Je souhaite être styliste, à l'avenir, et championne de coordination. La vie mondaine sera mon lot quotidien. Devenir Miss Lumiris me permettra de mieux encore me préparer à ce qui m'attend à l'avenir. » ajouta-t-elle néanmoins pour ne pas trop sembler imbus d'elle-même. Mais sur ce point, peut-être était-ce déjà raté.

A part entre les deux premières questions où il y avait eu un temps de latence, les autres questions avaient fusé, lui laissant à peine le temps de reprendre son souffle et de sonder les interrogateurs pour savoir si elle avait bien répondu. Katinka salua l'ensemble du jury et du public par une nouvelle révérence et quitta la scène. Elle ne pouvait qu'espérer avoir fait mieux, cette fois.