Men with a mission ft. Dismas R. Steele

L'été c'est de loin la saison préférée de Ryoma. Il aime les beaux jours, pouvoir observer les couleurs chaudes du crépuscule tout en se promenant dans les jardins de Madame, savourant le lourd parfum des fleurs. Il aime cette chaleur étouffante qui rend la bière partagée le soir avec les shatei plus fraîches et savoureuses. Il aime observer avec amusement les fils de l'Oyabun tandis qu'ils s'amusent joyeusement avec leurs pistolet à eux. Il aime voir comment les rayons chauds du soleil viennent sublimer la peau de satin de Kaori quand elle l'embarque avec elle en douce au lac pour un bain de minuit.

Même les nuits lui semblent bien plus plaisantes malgré l'air lourd et quasi irrespirable. Le chant des Ninjasks rempli les heures les plus sombres et calmes, offrant aux oreilles une symphonie des plus envoûtantes. C'est lors d'une nuit comme celle-ci que Ryoma fit la connaissance d'un bien étrange personnage.

Elle est encore jeune, cette nuit-là. Ryoma est dans la salle commune, il boit tranquillement un verre en compagnie de ses hommes qui, une énième fois, se paie la tête du nouveau venu.

- Et bien, Yuichi, elle ne t'as pas raté, notre Demoiselle.

L'interpellé bougonne, passe la langue sur sa lèvre fendue, l'air contraire.

- C'est pas une Demoiselle, c'est un fauve ! Une véritable furie !
- Attention, Yuichi, c'est de la fille de notre chef dont tu parles. De notre future cheffe.

La remarque est placide, désintéressée. Un simple rappel à l'ordre et au respect. Personne ne sait ce quel lien il y a réellement entre Kaori et Ryoma et les choses doivent rester ainsi.

- C'est pas une cheffe, c'est un tyran. AIE !

Un fin sourire étire les lèvres du Yakuza alors que son cadet se prend une claque derrière le crâne. Ah la jeunesse ! Ils n'apprendront donc jamais à se taire ?

- Moi je trouve que vous vous ressemblez. Vous avez nombre de points communs.
- Des points communs avec ce… avec la fille du chef !? Comment ça ? Demande Yuichi, presqu'indigné, ce qui fait sourire Ryoma de plus belle.

Mais le lieutenant ne répond pas à la question de son subalterne. Du coin se l'œil, il remarque la présence de Nakamura. D'un signe de tête, il l'incite à le suivre. Cela ne peut vouloir dire qu'une seule chose :

L'Oyabun souhaite le voir.

- Médite donc là-dessus, Yuichi. Lancé Ryoma tandis qu'il se redresse et ébouriffé la tignasse du gamin, tel un grand frère affectueux.

Ce que Yuichi et Kaori ont en commun ? Un grand potentiel et un tempérament de feu. L'un et l'autre sont talentueux dans leur domaine mais incapable de tenir leur langue ou de mettre leur orgueil de côté. Mais ce sont des défauts qui s'estomperont avec le temps. Avec l'âge vient la sagesse. Du moins, Ryoma l'espère.

Mais pour l'instant, il a d'autres Miaouss à fouetter.

- Oyabun. Vous désirez me voir ?

Ryoma est à présent dans le bureau de Hiro Imagawa. Nakamura patiente à l'extérieur. Ce n'est que lorsqu'il se redresse qu'il remarque qu'ils ne sont pas seuls. Un homme est installé à sur l'un des fauteuils du coin salon et fait face au chef Imagawa. Sur la table, deux verres de saké. C'est une rencontre amicale.

- Ah, Takahashi ! Viens. Laisse-moi te présenter un vieil ami. Le yakuza s'avance et s'incline légèrement face à l'homme un teint mat. Rook, je te présente Takahashi. L'un de mes hommes les plus fidèles. Takahashi, voici Rook, un très vieil ami. S'il est là aujourd'hui, c'est parce qu'il a besoin de notre aide et que nos intérêts convergent.

Fidèle à lui-même, Ryoma hoche docilement la tête. Quoique puisse ordonner son Oyabun il s'exécutera sans poser de questions. Visiblement l'ordre sera de seconder cet homme dont il n'avait encore jamais entendu parlé jusqu'alors. Quel genre de lien Hiro et ce Rook entretiennent-ils ? Depuis quand se connaissent-ils ? Ryoma a des centaines de questions mais il est gardé pour lui. Il n'est pas là pour poser des questions, tout cela ne le regarde pas. Il se contente d'attendre patiemment qu'on lui dise ce qu'on attend de lui.

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Mille questions taraudent l’esprit du Yakuza alors que son chef lui présente l’homme au teint mat comme un ami. C’est rare que ces mots soient utilisés dans le milieu du crime. Alliés, partenaires, associés sont des mots bien plus usuels. Mais l’amitié… Y a-t-il seulement de la place pour de tels liens dans la mafia ? Ryoma en a toujours un peu douté. Il est surtout question de devoir, de loyauté et de fraternité. Il possède des frères d’armes mais pas des amis. La nuance entre les deux ? Allez donc savoir, ça prendrait sans doute des heures à expliquer aussi faudra-t-il vous contenter de cela.

Si les liens entre l’Oyabun et l’étranger sont obscurs, les raisons de la venue de ce dernier dans le domaine Imagawa, elle, est très clairement énoncée.

Règlement de compte, protection de marchandise et échange de bon procédés. La routine, en somme.

- Si l’Oyabun veut que je vous seconde, je m’y attèlerai avec sérieux. Lance le Kantonnais une fois l’explication finie tout en s’inclinant respectueusement.

Il accepte vite et docilement, cela peut sembler déroutant mais c’est ainsi. Il n’a pas pour habitude de discuter les ordres, surtout lorsqu’ils viennent de Hiro Imagawa. Mais il ne manque pas de jugeote pour autant. Il n’est pas question de suivre bêtement cet homme étrange.

- Quelques unes oui. Savez-vous à qui on à faire exactement ? Leur nombre et leur puissance ? Où et quand se déroulera la mission et qu’en est-il de cette fameuse marchandise ?

Il ne sait pas à qui il a à faire. Mais si Ryoma sait une chose, c'est qu'on ne vient pas demander en personne l'aide de l'Oyabun pour du menu fretin. Il sait aussi que ce dernier '
ne l'aurait pas expressément choisi pour une mission de routine. Dans tous les cas, il lui faut bien glaner quelques informations s'il veut savoir qui emporter avec lui, qu'il s'agisse de ses hommes ou de ses pokémons...

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Silencieux, Ryoma écoute Rook tout en réfléchissant à la marche à suivre.

L’organisation qu’il décrit ne devrait effectivement pas réellement poser de problème, d’autant que la mission ne consiste pas en un affrontement direct. La marchandise en revanche est plus problématique. Avec les pokémons destinés aux combats clandestins, on ne sait jamais à quoi s’attendre.

- J’imagine qu’il faudra autant se méfier de la marchandise que de vos concurrents, si pas plus…

Question rhétorique, évidemment. Ryoma n’est pas né de la dernière pluie, ce milieu est le sien depuis des années. Des combats illégaux, il en a supervisé quelques-uns lorsqu'il était encore un Shatei. Il sait comment cela se passe. Il sait aussi que ce genre de marchandise vaut autant qu’une cargaison de drogue.

- Très bien. Répond le Yakuza alors que l’autre homme finit son exposé. La mission semble relativement simple mais il garde à l’esprit que des complications peuvent toujours arriver. On est jamais à l’abri de rien, n’est-ce pas ? Tenez-moi au courant de l’heure et du point de rendez-vous et j’y serai.
- Si tu n’as rien d’autre à préparer en amont, par d’ici Rook. Il y a bien longtemps que nous n'avons pas eu l’occasion de parler ainsi.

Les derniers détails réglés, Ryoma se retire, laissant l’Oyabun et l’étranger continuer à converser ensemble. De quoi peuvent-ils bien parler ? Du bon vieux temps ? De futurs projets ? Ryoma l'ignore et deux mains taquine qui viennent lui pincer les côtés le distraient de ces questions. Impassible, il se retourne pour croiser deux magnifiques onyx sombres et brillants de malice.

- Tssss. Tu n’as même pas sursauté, c’est à croire que tu es mort de l’intérieur, tronche de rattata.
- Tu as la délicatesse d’un Pachyradjah, ce n’est pas difficile de te voir venir. Lance l’homme alors qu’il se retourne sur la panthère qui s'est glissée à ses côtés et qui lui balance cette fois-ci un coup de poing dans le bras, espérant le faire réagir mais en vain.
- Alors comme ça, tu vas récupérer des pokémons pour les combats clandestins ? Et si tu m’en ramenais ? Demande Kaori, alors qu’elle se glisse contre Ryoma, se fichant visiblement assez bien de savoir que son père peut surgir à tout moment de l’autre côté de la porte.
- Demande à ton père de t’acheter un Evoli ou un Couafarel.

La jeune femme s’écarte aussitôt du criminel, vexée. C’est ce que cherchait ce dernier. Elle va vouloir en savoir plus, s’en mêler, il le sait et préfère éviter ça. Il sait aussi qu’il n’aura pas la force de l’éloigner de lui, alors autant titiller son ego de sorte à ce qu’elle prenne la large elle-même. Cette vile démone n’est toutefois pas trop rancunière puisqu’elle promet à Ryoma de l’attendre, ce sourire qui en dit long accroché sur son visage malicieux.


Tel un fonctionnaire ponctuel, Ryoma est présent au point de rencontre un peu à l’avance. Juste de quoi se griller une clope. Appuyé contre la voiture, il savoure son poison en bâton et attend patiemment que Rook se présente, ce qui ne tarde pas à arriver.

- L’Oyabun a fourni quelques armes, elles sont dans le coffre. Précise le Yakuza après avoir salué son aîné en s’inclinant légèrement. Vous prenez le volant où je m’en charge ?

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Ryoma hausse un sourcil alors qu’il se dirige vers le coffre de la voiture et l’ouvre pour montrer le matériel à Rook. Il y a pas mal d'explosifs et de choses inflammables là-dedans, rien avec lequel Ryoma a l’habitude de travailler. Mais ce n’est pas grave, il a apporté ses propres armes, plus conventionnelles et moins voyantes. Une simple arme à feu, son sabre et ses pokéballs.

Le jeune homme hoche simplement de la tête alors que son compagnon de mission décide de lui laisser le volant. Il n’y voit aucun inconvénient, c’est souvent lui qui conduit, à vrai dire, et pendant ce temps-là, les autres font la discussion et se motivent pour la mission à venir. Mais aujourd’hui, il n’y a que Ryoma et cet étranger qui lui paraît quelque peu extravagant.

- On met le cap dans quelle direction ? Lance le Yakuza alors qu’il met le contact et démarre la berline noire.

Ils ont à peine fait quelques mètres que l’aîné prend la parole. Bizarrement, Ryoma s’y attendait. Rook ne lui donne pas l’impression d'être un homme qui aime les silences. Le conducteur, lui, n’est ni pour ni contre. Il n’a rien contre un peu de parlotte, c’est simplement qu’il n’est pas très loquace et engage rarement les conversations lui-même.

- Depuis combien de temps ? Il prend un moment pour réfléchir à la question. Il a un doute. Les Imagawa-gumi sont sa famille, son foyer. Il a l’impression qu’il les connaît depuis toujours, même si cela est loin d’être le cas. Je devais avoir treize ou quatorze ans, la première fois que j’ai rencontré l’Oyabun. Ça fait une dizaine d’années environ. Le silence plane un instant, la discussion semble s’arrêter là pour le Kantonnais, du moins jusqu’à ce qu’il reprenne la parole. Et vous ? Depuis combien de temps êtes-vous à Kanto ?

La logique aurait voulu que Ryoma lui retourne la question, d’autant que la relation entre cet homme et son chef l’intrigue au plus haut point. Mais Ryoma est un homme d’honneur, un homme qui sait qu’il n’a pas à se mêler des affaires de son Oyabun à moins que celui-ci l’y invite.

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- A chacun sa méthode, vieil homme. C’est de l’humour, évidemment.

Faut-il encore le savoir cependant ! Car avec son air sérieux, difficile de savoir si le Yakuza plaisante  ou non. Seul le surnom peut mettre sur la piste, car après tout Rook n’est pas si vieux que cela. Le regard du Kantonnais dérive vers les armes de l’étranger alors que celui-ci lui présente ses “jouets”.

Quel homme étrange, vraiment. Étrange mais pas désagréable.

- Je vois… Rétorques le plus jeune alors que son regard se concentre de nouveau sur la route. Je m’occupe donc de la finesse et vous du reste ? Encore une touche d’humour, pour qui sait le deviner. Ryoma comprend un peu pourquoi son chef est si lié à cet homme, il a quelque chose d’assez attachant étrangement. Il lui fait pensé à cet oncle un peu fou que l’on retrouve dans les animés dont raffolent tant les fils de l’Oyabun.

- C’est monnaie courante, ici. Répond Ryoma à l’exclamation de son associé du jour.

Non, il n’est pas le premier gamin ramassé dans les rues par les Yakuzas et ne sera certainement pas le dernier. Lui-même en a ramené quelques-uns depuis qu’il est officiellement membre des Imagawa-gumi. Il préfère les savoirs dans ses rangs que contre lui. Il préfère en faire des hommes dignes plutôt que de petites frappes sans foi ni loi. Certes, un criminel reste un criminel mais un Yakuza est mû par le devoir et l’honneur. Les jeunes tournent bien mieux en ralliant les rangs des mafias de Céladopoles plutôt qu’en se faisant enrôler dans cette Team qui marche sur leurs plates-bandes à tous.

Si Rook semble un peu farfelu aux yeux de Ryoma, le bougre n’est pas totalement idiot ou inconscient et ne répond que très évasivement à la question du criminel. C’est une réponse qui veut tout et rien dire à la fois mais l’homme aux cernes s’en contente largement. Par contre, il n’hésite pas à livrer un bout du passé qu’il a en commun avec l’Oyabun. L'œil sombre de Ryoma dérive un instant sur l’objet que lui montre le moustachu. Une.. médaille ?

Un objet qui fait écho à des histoire qu’il avait déjà entendu la bouche des plus vieux du clan, de la bouche de ceux qui étaient déjà là du temps où c'était le père de Hiro qui était à la tête de l’organisation. Hiro Imagawa avait un temps marché sur le chemin de la justice. Il avait combattu pour son pays, avant de se faire gentiment jeter sur le bas-côté avec les remerciements. Hiro ne parle jamais de cette époque et Ryoma respecte son silence. Ce n’est pas à lui de poser des questions de toute façon. Aussi ne cherche-t-il pas à en savoir plus au sujet de son chef. Rook en revanche…

- Vous êtes un ancien soldat ? Ca expliquerait son amour pour la pyrotechnie. Rare sont les criminels qui savent se servir d’un tel matériel. Passé de soldat à trafiquant, ça fait une sacrée reconversion. La revente de marchandises et de pokémon est votre seul domaine d’activité ?

Qu’il puisse être un espion n'effleure même pas l’esprit de Ryoma. Ça semble tellement improbable, le genre de truc qu’on ne voit que dans la fiction et les films. Et puis, un vétéran se lançant dans des affaires pas nettes pour régler les fins de moi lui semble tellement plus réaliste.

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Rook répond sans hésitation aux questions de Ryoma, comme s’il s’agissait d’une discussion entre deux vieux amis. L’homme à la peau mate a une proximité et un franc parlé qui plaît assez bien au yakuza.  S’il n’est guère loquace, il préfère les discussions franches et sans détours aux grandes palabres inutiles. Si on lui a appris que la valeur d’un homme se mesurait à ses actes et non pas à ses mots, Ryoma a appris avec l’expérience que la façon de parler de certains en dit parfois long.

Oui… Le Kantonais l’avait bien deviné que son partenaire de mission est loin d’être un simple ex-soldat. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir se servir de telles armes. A vrai dire, lui-même ignore comment les utiliser sans manquer de se blesser ou de se tuer.

- Je ne trouve pas ça bizarre. Je voulais juste dire que ça doit pas mal vous changer. Rétorques Ryoma avec un sourire en coin. L’armée est-elle réellement si différente de la mafia ? Peut-être pas au final. Il est question de hiérarchie, de respect, d’honneur, de liens fraternels. Détrompez-vous, je vois très bien de quoi vous parlez.

Car dans le milieu du crime, on voit de tout aussi. Des choses horribles, bien souvent, mais également des choses merveilleuses. Et alors que cette pensée traverse l’homme en costume, le visage d’une certaine jeune femme se forme dans son esprit. Car de toutes les choses magnifiques qu’il a pu voir depuis qu’il a rejoint le clan Imagawa, Kaori est sans doute la plus belle de toutes. Mais ses pensées se détourne bien vite de la fille Imagawa pour se diriger vers le père alors que Rook lui livre encore quelques bribes du passé qu’ils ont en commun. Ainsi l’Oyabun à collaborer avec un militaire en service ? Ça ne l’étonne qu’à moitié. Après tout, lui-même a déjà collaboré avec la police. Parfois, en de rares occasions, Crime et Justice marche main dans la main.

- Je crois voir, oui.

Ou pas du tout… Mais tout cela devra attendre. La voix artificielle du GPS vient interrompre la discussion des deux hommes, leur indiquant qu’ils sont arrivés à destination ?

- Et maintenant ? Demande Ryoma alors qu’il observe les environs avec attention.

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Oui, la hiérarchie est de mise que ce soit dans l’armée ou au sein de la mafia, c’est une des similarités des deux milieux parmi tant d’autres. Mais ces deux milieux ont aussi leurs différences, comme l’a mentionnée Rook. Toutefois, le Yakuza n’est pas totalement d'accord avec les dires du vieux.

Certes les batailles d’une militaire et d’un Yakuza sont différentes. Ce ne sont pas les mêmes combats, les mêmes guerres, les mêmes champs de bataille. Mais les pertes sont les mêmes à son sens. Perdre un frère, qu’il porte un costume ou un uniforme, la peine reste la même. Une bataille perdue est une bataille perdue, quelle que soit l’échelle. Mais fidèle à lui-même, Ryoma garde ses pensées pour lui. Il serait déplacé de comparer ce qu’il a vécu à ce qu’a pu vivre le vétéran, après tout.

Les voilà arrivés à destination, de toute façon. Sous les directives de Rook, l’homme aux cernes va garer la voiture un peu plus loin, à l’abri des regards indiscrets. Le sien suit les lieux désignés par son aîné avant de se poser sur ce dernier, l’air interrogateur.

- C’est vous l’expert, non ? Demande Ryoma, peu certain d’avoir compris le sens de la question. Je n’y connais absolument rien, ce ne sont pas des armes qu’on a l’habitude d’utiliser chez nous. Mais j’apprends vite, paraît-il, et je suis plutôt bon pour le travail manuel. Donc si c’est un coup de main que vous voulez… Lance Ryoma avec un fond d’interrogation dans la voix.

A vrai dire, il est assez curieux. Bien que respectueux des traditions, Ryoma n’a rien contre l’innovation. Aussi est-il réellement curieux d’en apprendre plus. Laissant sortir Minako - sa Roucarnage de sa pokéball - Ryoma délaisse quelques instants Rook.

- Surveille les environs. Si quelqu’un arrive vers ce terrain vague, là-bas, viens me prévenir, d’accord ? Ordonne-t-il à son pokémon avant de se reconcentrer sur son partenaire de mission, attendant de savoir quelles vont être ses directives.

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Le corps de Ryoma agit avant que son cerveau puisse réellement analyser la situation et il se retrouve ainsi avec un paquet explosif dans les mains. Si une tierce personne accompaganit le duo, elle se demanderait certainement lequel des deux hommes est le plus inconscient. Celui qui balance les explosifs ou celui qui les rattrape sans se poser de question. Pour Ryoma, tout n’est qu’une question de confiance. S’il est loin d’être prêt à confier sa vie à l’ex-soldat, il lui fait assez confiance pour penser qu’il ne le fera pas sauter bêtement et délibérément. S’il Rook avait voulu tuer le yakuza, il s’y serait certainement pris autrement, de façon plus discrète.

Docile, comme toujours, l’homme aux cernes hoche la tête et s’en va exécuter les ordres de Rook. Mais après deux pas, il s’arrête et se retourne sur son aîne.

- Juste les poser ? Il ne faut pas les raccorder à quelque chose ? Demande-t-il, dubitatif.

C’est certainement un peu bête - et il garde bien cette pensée pour lui d’ailleurs - mais Ryoma imaginait qu'il fallait raccorder les pains de dynamite à de long fils connectés à des détonateurs, un peu comme ce que l’on voit dans les cartoons.

Oui… C’ets très idiot et c’est pour ça qu’il ne développe pas plus sa question !

Attendant les précisions et les directives de Rook, Ryoma finit par s’exécuter et revient vers son compagnon. Visiblement, il ne reste plus qu’à attendre. Planqué en compagnie de l’ex-militaire, le Yakuza attend donc, laissant son regard se balader dans l’azur à la recherche de sa Roucarnage. Il ne la voit évidemment pas ! Elle sait se faire discrète malgré sa taille et ils l’entendront avant de la voir. Machinalement, sa main se porte sur la pokéball d’Ashoka, son Arcanin. C’est sa meilleure arme pour ce genre de mission, sa rapidité faut n’importe quelle lame, n’importe quelle arme a feu. Du moins au yeux de Ryoma.

- Vous n’avez pas de pokémon avec vous ? Demande Ryoma, tant par curiosité que pour faire passer le temps en attendant les cibles.

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