La famille Salmhofer
Les plus anciennes traces écrites de la lignée Salmhofer remontent au saisissant récit d'un bûcher de sorcière ayant eu lieu sur Kalos dans les heures sombres du Moyen-Age. Sur ses flammes mortuaires, on raconta qu'elle aurait maudit de son dernier souffle la famille qui la mettait à mort; peu de temps après, la fille de la défunte épousait le bourreau de sa mère, et s'assurait ainsi une petite fortune grâce aux biens récupérés par son époux. Elle lui donna trois fils puis, quand il mourut - fort jeune, soi dit en passant, reprit le nom de sa mère comme seule appellation de sa lignée : les Salmhofer.

Pourtant, l'arbre généalogique perdit de nombreuses branches en se développant : les deux petits-fils de la sorcière moururent sans descendance et celle du frère survivant engendra pendant bien longtemps des étranges cas plus loin dans sa lignée. Au fil des siècles, le sang se dilua, mais il n'était encore à ce jour pas rare d'entendre parler d'un grand-oncle victime de combustion spontanée, d'une cousine germaine médium ou d'un enfant naissant avec une difformité plus ou moins prononcée. Si la famille peinait à s'étendre et se développer, la lignée ne disparaissait pourtant pas.

Aussi, la maladie d'Anastasia n'était pas une surprise pour ses parents; seulement un fardeau pour leur situation. Au cours des dernières années, la dernière branche de la famille Salmhofer s'était fait connaitre pour de brillants investissements dans des œuvres archéologiques et le financement de site de fouilles un peu partout dans les différentes régions. Mécènes appréciés, le couple Salmhofer avait acquis grâce à ces éblouissants coups de poker une fortune non négligeable qui leur permettait un train de vie luxueux et des investissements encore plus nombreux.

Or, le couple Salmhofer désira bientôt un héritier à la lignée, qui arriva l'année suivante de leur lubie. La jeune enfant qui vint au monde fut baptisée Anastasia, et une fois l'émerveillement passé ses parents comprirent rapidement le fardeau qu'un nourrisson, qui plus est de cette condition, était en réalité pour leur situation. Que ce fut l'héritage familial qui leur jouait des tours ou une quelconque malédiction attrapée en ouvrant le mauvais sarcophage, il était impossible de perdre du temps à s'occuper d'un enfant incapable de supporter le soleil, et bien compliqué de l'emporter dans les valises alors qu'ils passaient la plupart de leur temps entre les différentes contrées, à l’affût du prochain juteux profit que leur apporteraient les découvertes historiques. Le temps était de l'argent, et ils ne pouvaient se permettre d'en perdre autant. La petite fut confiée à une nourrice, et le couple Salmhofer s'empressa de sauter dans un avion pour leur prochaine destination.

Anastasia Salmhofer
C'est dans l'idée fantomatique de ses parents que grandit la petite Anastasia, élevée par une nourrice autant que par les différents employés de la demeure. Tous s'étaient donné par pitié ou affection le devoir d'atténuer la déception de l'absence aux yeux de la petite, mais il était bien difficile pour eux de palier à la triste vérité ; le couple Salmhofer ne rentrait généralement qu'une fois par mois, voire tous les deux mois quand l'envie leur prenait. Alors, deux jours durant, ils tâchaient de faire l'inventaire des biens qui leur avait été livrés et de s'assurer que tout vestige se trouvait en bon état. Puis, après avoir vaguement salué les autres habitants de la maisonnée, ils repartaient comme ils étaient venus, faisant voile vers d'autres horizons qui les rendraient plus riches encore. Le temps était de l'argent, et ils n'aimaient pas en perdre durant ces jours de corvée.

Plusieurs années durant, Anastasia ne connu pas d'autre compagnie que celle des rares qu'on autorisait dans la demeure, et tâcha au mieux de s'habituer aux allées et venues des recrutements. Désireuse de tromper sa solitude, l'enfant ne cherchait qu'à trouver de la compagnie dans ces journées qui lui semblaient bien vides.

C'est ainsi qu'elle fit un jour la rencontre de Charon, un scalpion qui s'était aventuré par hasard dans les jardins du domaine et qu'elle avait découvert lors de sa promenade journalière. L'homme qui l'accompagnait chassa bien vite la bête, mais le mal était fait : la jeune enfant n'avait plus qu'une seule idée en tête, retrouver cet étrange pokemon et s'y lier d'amitié. Plusieurs nuits d'affilée, se faufilant dans les jardins à la faveur de l'obscurité, Anastasia tenta d'approcher et de domestiquer le pokemon sauvage, dont la réaction fut sans appel. L'albinos eut bien du mal à justifier le lendemain matin les coupures qui striaient ses petites mains, mais ne tint jamais rigueur au scalpion qu'elle avait probablement effrayé. Elle continua ainsi pendant plusieurs nuits, jusqu'à parvenir petit à petit à se faire apprécier du pokemon ; et même une fois le pot-aux-roses découvert et l'interdiction de sortir renouvelée, la jeune enfant ne manqua jamais de laisser, en se promenant, un peu de nourriture pour lui.

A la fin de cette même année, l'enfant d’albâtre à la santé fragile tomba gravement malade.
On ne pouvait qu'attendre et espérer et les domestiques, craignant de la perdre de la pneumonie et cherchant à la réconforter, acceptèrent finalement la malheureuse demande qu'on fasse venir son ami à son chevet pour qu'elle puisse le voir. Le scalpion resta près d'elle durant toute sa convalescence et était encore à ses côtés quand celle-ci parvint à se rétablir. Il ne quitta plus jamais son ombre, toujours distant et pourtant toujours là, et devint officiellement son pokemon après ces événements... Ce qui n'enchanta pas forcément les domestiques qui veillaient sur elle.

Aussi, après avoir obtenu le droit de conserver la créature qu'elle avait domestiquée, et se remettant lentement de sa maladie, Anastasia se vit assigner par les domestiques inquiets un surveillant autant qu'un protecteur, un jeune homme de onze ans son aîné nommé Conall. Lui ne cherchait qu'à faire ses preuves et la jeune fille ne demandait qu'à être surveillée, aussi fut-il décidé que le lumirien serait le gardien d'Ana jusqu'au rétablissement de cette dernière.
Il devint rapidement évident que la jeune enfant l'avait transformé en camarade de jeu. Elle continua ainsi de le traîner partout durant trois ans, jusqu'à ce que, durant l'hiver de ses 11 ans, un accident ne survint alors. Anastasia qui avait désiré s'approcher de la rivière du domaine était parvenue à convaincre son ami de détourner la promenade journalière jusqu'aux rives du piège aquatique. Conall la surveillait comme à son habitude quand la glace se brisa, emportant Anastasia dans les eaux; l'albinos échappa de peu à la noyade et se retrouva à nouveau alitée pendant plusieurs jours. Conall quant à lui, rongé par les remords, fut mis à la porte, et la jeune fille ne le revit jamais.

De nouveau plongée dans la solitude et découvrant l'adolescence, Anastasia se chercha des amis et, plus important, se chercha elle. Les précepteurs qui lui faisaient cours n'étaient guère des confidents, notamment sa gouvernante dont la terrible Sorcilence l'avait rapidement encouragée à ne pas exprimer publiquement de sentiments. Alors, la jeune albinos se réfugia dans les vestiges apportés par ses parents, ceux qu'ils ne vendaient, n'avaient pas encore vendu. À travers les figures d'autres lieux et les grands noms de l'Histoire, la jeune fille découvrit des amis que le temps avait séparés d'elle, et se prit d'une véritable passion pour ces différentes époques qu'elle ne cesserait plus d'étudier.

À 20 ans, la jeune albinos était revenue au point qu'elle avait toujours connu : ses parents étaient loin et occupés ; ses précepteurs s'en étaient allés les un après les autres en jugeant son apprentissage terminé, et seuls restaient encore les domestiques du domaine qui l'avaient toujours élevée avec une affection profonde mais polie. Elle sortait parfois, figure fantomatique errant à travers Cromlac'h, toujours accompagnée, mais ses pas ne dépassaient jamais les bordures de la ville et, seule, la jeune femme n'allait guère plus loin que la rivière au bout de la propriété. Pourtant, la jeune femme savait, avait appris ; elle connaissait la géographie, l'histoire, les langues de plusieurs peuples et les écrits des dialectes disparus. Anastasia rêvait de voyages et d'escapades qui ne viendraient jamais, et petit à petit, elle se retourna vers ces amis qui n'étaient jamais partis, se replongeant dans les différents vestiges conservés et transitant chez ses parents, cherchant en devenant un puits de connaissances à être assez utile pour qu'ils veuillent bien d'une collègue à défaut d'une fille.
Cette idée ne fut qu'une désillusion de plus, et ses géniteurs lui rappelèrent bien vite le fardeau qu'elle serait pour eux, experts sur les terrains. Alors, la douce Anastasia continua d'étudier et de compiler ces informations, espérant à travers ce refuge palier à l'ennui et la solitude des années.

C'est presque par hasard qu'Anastasia fit la découverte de cette civilisation, dont les premiers vestiges qui lui parvinrent apportèrent rapidement un nouvel intérêt. Les formes et les écrits compilés sur cette première amphore lui étaient inconnus – mieux encore, le style graphique de la fresque qui arrivait ensuite ne correspondait à aucune civilisation qu'elle eut un jour examiné. À force d'étudier les différents peuples, voici qu'elle commença à recouper les informations ; et après plusieurs mois de laborieuses recherches et traductions, Anastasia fut enfin en mesure de mettre un nom sur cette civilisation qu'elle découvrait alors : les Asherah.
Tout portait à croire que celle-ci dominait alors les autres existantes sur de nombreux points, et pourtant elle continuait de vivre recluses au milieu des flots... Du moins, avant qu'un terrible événement ne rasa du jour au lendemain ce peuple si secret.

La jeune femme s'emballa, comprenant qu'elle arpentait désormais un chemin que nul autre n'avait suivi avant elle. Les traductions s'accélérèrent, les découvertes furent plus nombreuses, et pourtant le mystère entourant les Asherah et leur disparition continuait de s'épaissir et bientôt, Anastasia atteignit les limites de sa position : elle ne pouvait continuer ses recherches cloîtrée chez elle. Obstinée, possédée par ce désir de découverte, la dame de nacre comptait bien se rendre là où l'Histoire la menait; car ses dernières observations étaient formelles : c'est au large de Lumiris que devaient se trouver les ruines de la belle cité, et la réponse aux questions que ces fantômes ne cessaient de lui poser.

C'est un refus simple et définitif que lui offrirent ses parents quand, pour la première fois, Anastasia leur demanda de partir seule pour mener à bien ses recherches. Ils n'avaient pas le temps de s'occuper de cela et c'était bien trop compliqué pour elle, et puis, eux qui se trouvaient être si doués pour jauger du potentiel d'une affaire étaient formels: cela ne valait rien – en matière de bénéfice financier, certes, mais qu'était l'Histoire si ce n'est une source d'or attendant d'être minée ?
Quelques jours plus tard, le couple Salmhofer était reparti, et les domestiques s'efforcèrent en douceur de convaincre la jeune fille d'abandonner ses idées... En secret, Anastasia empaqueta quelques affaires, étudia le chemin et les différents ports, se prépara à l'interdit. Puis, un soir, après leur avoir adressé à tous une lettre de remerciement et se voulant rassurante quant à son état, Anastasia mit les voiles, accompagnée par son pokemon.

Oh, elle avait promis qu'elle reviendrait un jour et qu'elle donnerait de ses nouvelles – mais tout d'abord, direction Port Tempères, puis Lumiris et ses secrets.

Là-bas, où ils reposaient en silence. Ils l'attendaient depuis si longtemps.

La Civilisation Asherah
La Civilisation Asherah s'étendit sur plusieurs siècles, durant lesquels elle régna seule sur les flots autour d'une cité-état au large des côtes. Civilisation reclue, pour ne pas dire vivant en autarcie, son existence apparue tout d'abord comme représentée occasionnellement à travers d'autres civilisations signalant ces étranges voyageurs perdus si loin des mers, ce qui permis de l'identifier comme une toute nouvelle culture victime d'une bien étrange histoire.

Cité-état affiliée à la mer et construite sur celle-ci, elle semblait s'être également étendue dans ses profondeurs. L'emplacement exact de la cité reste encore à déterminer, mais l'origine de nombreux échantillons et les attestations gravées dans la roche des anciennes civilisations témoignent de la présence des Asherah sur Lumiris particulièrement. A travers les siècles qu'il traversait, ce peuple démontra une supériorité indéniable par rapport aux autres civilisations avoisinantes, avec lesquels il semblait n'avoir eu que peu de contacts, épaississant encore le mystère de leur présence sur les côtes. Le développement philosophique, militaire et culturel de la cité semblait supérieur à celui des autres peuples, et les Asherah apparaissent comme passés maître dans la maîtrise d'un minerai rare semblable à l'or que l'on trouvait dans les fonds marins.

La culture Asherah semblait avoir été bâtie autour de la vénération de trois entités principales ; l'Océan, la Lune et le « Souverain ». Les traces d'adoration et de respect de ces trois principes se retrouvent dans quasiment tout les vestiges étudiés à ce jour, à l'exception de ceux qui datent d'après « l'Événement » tel qu'il est nommé par la chercheuse...

Plus à découvrir dans le carnet de recherches de la jeune femme !