Citation :

Elwing tourna sur elle-même avant de vérifier sa tenue. Elle portait une longue robe bleue saphir, sur laquelle était brodé des motifs en forme d’étoile argentées. Les manches du vêtement couvraient ses bras et s’élargissaient en partant des coudes jusqu’aux poignets. Autour de son cou était nouée une cape encore plus longue que la robe et d’une teinte légèrement plus sombre. Elle chaussait également des bottines qui montaient jusqu’à mi-mollets et avec de petits talons. Celles-ci étaient de la même couleur que la cape.

Et enfin, un chapeau pointu à bord large et au bout duquel était accroché une petite clochette argentée venait compléter la tenue. Cette tenue, Elwing la portait pour une occasion bien particulière. En effet. Toujours prête à apprendre de nouvelles choses, voilà que la petite demoiselle s’était mis en tête d’essayer la magie. D’une part par curiosité et puis parce que ça avait l’air amusant, la magie ! Et donc, pour faire de la magie, il lui fallait porter une tenue de magicienne, c’était logique !

Bien, elle était presque prête. Il manquait juste une chose. Mais cette chose était d’une importance capitale. Elwing regarda autour d’elle, mais elle ne vit pas ce qu’elle cherchait. Pas sur sont lit, ni sur son bureau, ni sur le sol non plus. Alors, tout en cherchant dans sa mémoire, elle commença à fouiller sa chambre.

« Mais où est-ce que je l’ai mise… Elle ne doit pas être très loin ! »

Pendant ce temps, sans qu’elle y fasse attention, Estel se faufila sous le lit de sa jeune dresseuse. Il en ressortit quelques secondes plus tard, en tirant quelque chose avec lui. L’agitation de son Pokémon fini par attirer l’attention d’Elwing, qui le remarqua enfin. Puis elle sourit, en reconnaissant ce qu’Estel venait de retirer de sous le lit.

« Ma baguette magique ! Estel, tu l’as trouvé, tu es le meilleur ! »

Elwing s’agenouilla près de son Pokémon adoré. Elle caressa doucement le dessus de sa tête pour le remercier, avant de récupérer délicatement sa baguette magique.

Il s’agissait d’une baguette magique autantique, ayant appartenu à une magicienne légendaire. Cette héroïne extraordinaire qui chevauchait un magnifique Galopa de Galar avait combattu une horrible sorcière qui possédait unTrioxydre comme destrier !

…

Non, c’est faux.

En fait, il s’agissait d’une simple branche qu’Elwing avait trouvé dans le jardin et qu’elle avait entouré avec un ruban blanc, mais chut. Elle aurait aussi bien pu aller acheter une baguette en plastique dans un magasin de jouet. Mais cela aurait été moins épique !

Bref. Equipée de sa baguette magique, la voilà fin prête !

« Bien ! Estel, tu vois le coussin posé sur le bureau ? »

La petite demoiselle pointa le fameux coussin avec sa baguette, tandis qu’Estel, qui était retourné s’asseoir sur le lit, hocha la tête positivement.

« Grâce aux pouvoirs contenus dans ma baguette, je vais pouvoir le faire léviter jusqu’à toi ! »

Dans le livre qu’elle avait lu, il était écrit que c’était pas très compliqué. Il fallait bien se concentrer et prononcer une formule magique.

« abracadabra ! »

Dans son bouquin, il disaient que c’était un mot auquel on attribuait des effets magiques. Pour Elwing, cela avait du sens, car c’était un mot qui combinait le nom d’une espèce de Pokémon de type Psy et de son évolution.

Mais en tout cas, cela n’avait aucun effet sur le coussin, qui ne bougeait pas du tout.

Alors, aux grands mots les grands remèdes ! Elwing allait donc essayer une autre formule qu’elle avait apprise, encore une fois grâce à son bouquin.

Elle prit une profonde respiration avant de se lancer.

« supercalifragilisticexpialidocious »

Ouf, elle était compliquée, celle-là ! Mais la petite demoiselle était parvenue à l’apprendre par cœur et à la réciter sans se tromper !

Mais il ne se passait toujours rien.

Elle abaissa sa baguette en soupirant. Il fallait croire qu’elle n’était pas encore prête. La magie, ce n’était pas aussi facile qu’ils le disaient dans son bouquin ! Ou alors, elle n’avait tout simplement aucun talent pour cet art.

Elwing se figea soudain en entendant des pas dans le couloir et son cœur commença à battre plus vite. Si c’était son père et qu’il la voyait, elle allait recevoir un savon. Surtout s’il apprenait que ses deux tentatives pour essayer de faire léviter le coussin s’étaient solder par un échec. Bon, elle doutait que l’apprentissage de la magie ait une quelconque importance pour son père. Mais ce dont elle était certaine, c’était qu’il avait une sainte horreur de l’échec. Et elle avait échoué deux fois. Elle était donc certaine qu’il allait être déçu.

Finalement, les pas passèrent près de sa chambre avant de s’éloigner. Elwing poussa alors un grand soupire de soulagement. Et là, quelque chose qui était sortit de son esprit lui revint en mémoire. Cela n’aurait pas pu être son père, car celui-ci était partit en voyage d’affaire pendant quelques jours.

Son attention se porta à nouveau sur le coussin, mais elle ne pointa pas la baguette dans sa direction. Pourtant, il lui semblait que le coussin avait bougé. Il n’était pas dans la position dans laquelle elle l’avait posé sur le bureau. C’était étrange.

Elwing regarda sa baguette, le coussin, la baguette, puis à nouveau le coussin. Et cette fois, elle le vit. Le coussin bougeait ! Pour de vrai, alors qu’elle ne faisait rien ! On aurait même dit qu’il était entouré d’une sorte d’aura bleutée.

Le coussin glissa jusqu’au bord du bureau, avant que l’aura disparaisse et qu’il tombe d’un coup sur le sol. Il n’y resta pas bien longtemps, cependant. Cette mystérieuse aura revint l’entourer et voilà qu’il lévitait, de plus en plus haut et s’approchait d’Elwing, qui était restée immobile, toujours sous l’effet de la surprise. Mais lorsque le coussin fut à sa portée, elle tendit sa main libre pour s’en saisir. Et à présent qu’elle le tenait, l’aura disparut à nouveau.

La petite demoiselle ne comprenait toujours pas ce qui venait de se passé. Mais elle était certaine d’une chose : ce n’était pas elle qui avait fait ça.

Quelques jours plus tard, quand elle verrait Estel essayer de soulever une petite balle en mousse uniquement à l’aide de ses pouvoirs psychiques, elle ferait le lien avec ce qu’il s’était passé avec le coussin et comprendrait que c’était en fait son adorable petit Pokémon qui avait fait léviter celui-ci jusqu’à elle !

Citation :

Une pause. Un instant de détente et de tranquillité au bord de l’eau. Assit sur un rocher, Yukiya contemplait la cascade face à lui, profitant tout simplement du cadre enchanteur de ce joli petit coin de nature. Dans son dos, la chaleur du soleil était agréable. Il venait souvent ici. C’était si calme et reposant. Avec lui, il avait emmené quelques-uns de ses compagnons afin qu’ils puissent également profiter de ce moment.

Shigure et Azura n’étaient pas très loin. L’Aquali se laissait simplement porté, allongé sur la carapace de la Lokhlass de tout son long, somnolant à moitié, tandis que le Pokémon Transport nageait lentement en cercle. Et puis il y avait Minami, qui semblait vouloir atteindre l’arc-en-ciel qui s’était formé au pied des chutes d’eaux.

La mère du jeune homme lui avait dit un jour que pour elle, les arc-en-ciel étaient un symbole d’espoir. Ils étaient le calme après la tempête, la joie après la tristesse. Ils signifiaient l’optimisme et la positivité. Selon certaines croyances des habitants d’Hoenn, ils étaient également un pont reliant la terre au ciel.

Minami était revenue près d’Azura et Shigure, visiblement un peu déçu de ne pas être parvenue à atteindre l’arc-en-ciel. Un peu plus loin, sur la terre ferme, Yashiro jouait avec Rukia. Avec ses pouvoirs psychique, il faisait virevolter des feuilles colorées tout autour de la voltali, qui tentait de les attraper en sautillant et en leur courant après.

Un doux chant parvint alors aux oreilles de Yukiya. En levant les yeux au-dessus de la cascade, il vit un groupe d’une dizaine d’Altaria virevolter dans le ciel azur avec grâce et légèreté. La lumière du soleil faisait briller leurs ailes semblables à des nuages d’un blanc éclatant. Et leurs voix mélodieuses résonnaient en harmonie, comme les couleurs de l’arc-en-ciel. Un arc-en-ciel musical. La mélodie enchanteresse que produisaient les Pokémon était accompagnée par le chant de la cascade et d’une douce brise.

La magie existait, Yukiya en était convaincu. Comment pouvait-il en douter lorsqu’il avait la chance de pouvoir être le spectateur des spectacles enchanteurs qu’offrait la nature tel que celui-ci ?

Les flammes dansaient au bout de ses doigts.
Spirales d’orange au cœur bleuté, qui se rassemblèrent en une sphère incandescente.

La chaleur montait crescendo ; entre ses mains, un orbe de pouvoir. Sa concentration s’affûtait ; contenir cette énergie nécessitait toute sa prudence.
Une sueur moite baignait désormais le visage de la magicienne. La flamme éructa, pareille à un petit soleil pétri d’émotions brûlantes. Le moment était venu d’engager toutes ses forces dans le sortilège.
De lui insuffler la vie.

Paumes tendues vers le ciel, Astelle libéra l’orbe incandescent.

Comme animée d’une volonté propre, la boule de feu fusa librement en direction des hauteurs. Plus sauvage qu’un étalon des plaines arides, plus folâtre qu’une feuille captive de la brise, et plus solaire même que l’astre radieux qui présidait aux cieux. Crépitant d’un bonheur inédit, la flamme batifolait en se roulant et en rebondissant sur les nuages, qu’elle rassemblait petit à petit autour d’elle, pour s’en draper à la manière d’un grand voile molletonné. De l’avis de la magicienne, le feu-vivant zigzaguait dans l’azur avec un bruit qui n’était pas sans rappeler celui d’une baudruche crevée : pfffuiiiiiiiiit !

Remarquant la jeune fille au grand chapeau qui guettait ses virevoltes depuis le balcon de sa haute tour (levant si haut le nez qu’elle s’en faisait un torticolis), la flamme décida de rentrer au bercail. En pétaradant d’une façon qui évoquait un vieux scooter trafiqué (pouet-pouet-pouet), c’est un dérapage céleste plus tard que la créature magique s’immobilisait devant la petite magicienne.

A cet instant, l’orbe solaire brûla d’une joie vive et insouciante. Le ciel lui appartenait ! Son corps fait brasier lui conférait une fougue et une énergie pétulantes. Exaltée par cette dont vie dont on lui faisait cadeau, la flamme décida d’offrir son plus beau sourire de gratitude à sa petite maman.

— Waaah, cette tronche d’ahurie ! s’étonna aussitôt cette dernière, au grand dam de la créature magique venue lui témoigner sa reconnaissance.
Créature magique qui se mit à bouder aussitôt.
— Pardon, pardon ! s’excusa alors Astelle en ôtant son grand chapeau... mais le mal était fait.    

Mais le mal était fait:

*

Astelle se réveilla avec cette impression d’avoir comme un coussin chaud et mou collé sur la figure. A gestes tâtonnant, elle décolla le Morphéo-solaire qui avait choisi de se poser sur son nez et d’interrompre sa sieste. La jeune fille poussa un grognement ensommeillé.
Il était dix-heures passées. Sa maman était derrière les fourneaux, et une douce odeur de curry embaumait la petite véranda où elle s’était installée pour dormir. Encore un peu pataude, elle se redressa pour voir tomber le jour sur la campagne Kishikienne.

Quel drôle de rêve... se dit-elle en levant une main en direction du ciel, là où le soleil restait caché derrière un profond manteau de nuages.
…et quelle ne fut pas sa surprise de voir soudain une boule de feu jaillir d’entre ses doigts ! Un instant d’incrédulité plus tard, elle réalisait que son Pyrobut était dans le jardin, en train de jongler avec son ballon brûlant.

Son exaltation naissante se fana aussitôt, et c’est une petite moue de déception qui vint s’installer sur son visage. Un air morose qui ne la quitterait plus de la soirée. Comme quoi, on pouvait déjà vivre dans un fantastique monde pokémon, côtoyer des dizaines de créatures aux attributs fabuleux, et malgré tout… rêver soi-même de pouvoir faire de la magie.

La jeune fille se rallongea paresseusement.
Ce soir, Astelle s’endormirait avec pour livre de chevet un roman d’aventure aux pages farcies de merveilles, de magie et de dragons. Elle rêverait d’autres mondes... avec pour seule limite, son imagination.